Actu-crypto

🔒
❌ About FreshRSS
There are new articles available, click to refresh the page.
Before yesterdayCrypto FR

Et si vous vous amusiez en ligne ?

November 12th 2020 at 12:15
By: Daniel
Dans le contexte actuel, il est prĂ©fĂ©rable de rester chez soi. C’est non seulement recommandĂ© par les autoritĂ©s, mais c’est Ă©galement prĂ©fĂ©rable pour votre santĂ©, et pour celles des autres. Cependant, est-ce pour autant que vous devez vous ennuyer Ă  votre domicile ? Devez-vous rester assis sur votre canapĂ© sans rien faire ? Bien sĂ»r [
]

Le lancement d’Ethereum 2.0 pourrait ĂȘtre retardĂ©

November 11th 2020 at 09:01
By: Joachim
Le lancement d’Ethereum 2.0, le nouveau concept PoS qui doit enfin permettre Ă  la chaĂźne de blocs de Vitalik Buterin de dĂ©cupler ses capacitĂ©s, pourrait ĂȘtre retardĂ©. La phase zĂ©ro Ă©tait prĂ©vue pour le 1er dĂ©cembre 2020. Mais malheureusement, on est encore loin du nombre d’Ethers requis du cĂŽtĂ© du staking pour permettre le coup [
]

Élections contestĂ©es : la chaĂźne de blocs est une solution

November 9th 2020 at 10:42
By: Joachim
Des fraudes avĂ©rĂ©es. Des rĂ©sultats contestĂ©s. C’est devenu une ritournelle lorsque des Ă©lections sont tenues aux États-Unis. Il y a pourtant une technologie qui permettrait, lorsqu’elle est bien exploitĂ©e, de garantir des Ă©lections justes et transparentes. Il s’agit bien sĂ»r de la chaĂźne de blocs. Les Ă©lections, l’une des applications les plus intĂ©ressantes de la [
]

103 - Un virus « souverain »

November 9th 2020 at 09:00

A ceux qui, comme moi-mĂȘme, pensent que Bitcoin est fondamentalement une « monnaie souveraine » la lecture du petit livre de Donatella Di Cesare apportera, malgrĂ© tout ce qu'il contient de lueurs de fin du monde de nature Ă  rendre chagrin ses lecteurs, quelques pistes pour stimuler la rĂ©flexion.

Je n'entends pas tordre le propos de cette philosophe italienne qui, en se penchant sur les questions politiques et Ă©thiques Ă  l’ùre de la mondialisation, interroge des phĂ©nomĂšnes actuels comme celui de la terreur, face cachĂ©e de la guerre civile mondiale qu'elle perçoit, ou comme la souverainetĂ©, qu'elle examine Ă  la lumiĂšre de Spinoza. Mais il se trouve que bien des choses qu'elle dit de ce virus qui se rit des frontiĂšres et des vieilles souverainetĂ©s construites Ă  leur abri s'appliquent de façon trop troublante aux grandes cryptomonnaies pour que cela ne puisse pas ĂȘtre relevĂ©.

Donatella di Cesare note d'abord tout ce que le virus a dĂ©jĂ  provoquĂ© : instauration d'une « dĂ©mocratie immunitaire » rĂ©gie par la mesure des distances physiques et par le contrĂŽle Ă©lectronique des corps, d'un gouvernement d'experts hors contrĂŽle, d'Ă©tats d'urgence qui ne sont plus des Ă©tats d’exception. Pour elle, le virus et les choix faits pour le combattre ont mis en Ă©vidence non seulement l'autoritarisme (partout dĂ©noncĂ©, et me semble-t-il, Ă  juste titre) mais surtout ce qu'elle dĂ©crit comme l'intrinsĂšque cruautĂ© du capitalisme.

Contre la doxa qui, comme pour la précédente crise en 2008, assure sans vergogne qu'on ne pouvait rien prévoir, la philosophe assure que ce virus « était dans l'air depuis un moment » et elle en cite des preuves.

Elle rappelle qu'un Ă©vĂ©nement « n'est jamais une absolue singularitĂ©, ne serait-ce que parce qu'il s'inscrit dans la trame de l'histoire ». Cette derniĂšre rĂ©flexion je l'appliquerais volontiers Ă  la publication du 1er novembre 2008, tandis que Donatella di Cesare met les crises financiĂšres et sanitaires dans une mĂȘme perspective, celle d'une aube du troisiĂšme millĂ©naire qui « se caractĂ©rise par une difficultĂ© Ă©norme pour imaginer le futur ».

ça c'est paris.jpg, nov. 2020

Quand mĂȘme, ce n'est pas solliciter le texte que d'y voir des Ă©chos Ă  nos propres prĂ©occupations : « le temps semble dĂ©jĂ  consommĂ© avant mĂȘme qu'il ne soit accordĂ©. Nous sommes sur des escaliers roulants qui montent toujours plus vite ». DerriĂšre la proposition d'une monnaie non fondĂ©e sur de la dette, ne trouvons-nous pas la mise en cause de ce qu'elle critique : une « croissance devenue une excroissance incontrĂŽlable, sans mesure ni fin » et ce qu'elle appelle « l'extension du principe de l'endettement » ?

Si ce virus couronné est « souverain dÚs le nom », les souverainistes, eux, en prennent pour leur grade :

« Rien ne nous a protĂ©gĂ©s, pas mĂȘme les murs patriotiques, ni les frontiĂšres rogues et violentes des souverainistes ». Le virus « dĂ©masque partout les limites d'une gouvernance politique rĂ©duite Ă  l'administration technique ». Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, ajoute-t-elle, si les États se dĂ©lĂ©gitiment les uns les autres.


Sommes-nous en guerre?

Beaucoup de gens ont trouvĂ© le terme impropre, destinĂ© Ă  justifier des mesures odieuses dans une rhĂ©torique typiquement française d'exaltation de la puissance armĂ©e. Il est vrai aussi que la prise systĂ©matique des dĂ©cisions en « Conseil de DĂ©fense » offre un havre juridique aux dirigeants demi-courageux. Mais s'il faut le prendre au sĂ©rieux ce terme de guerre, c'est soit que le virus est souverain (la guerre est thĂ©oriquement un privilĂšge de souverain) soit qu'il Ɠuvre comme les terroristes avec lesquels nous sommes aussi « en guerre » et qui, eux, font allĂ©geance Ă  un État souverain fantasmĂ©. Dans les deux cas, qu'il me soit permis de penser que ladite guerre est mal engagĂ©e.

Clemenceau, si facilement invoquĂ© de nos jours, eĂ»t peut-ĂȘtre bougonnĂ© que la guerre au virus est chose trop sĂ©rieuse pour ĂȘtre pilotĂ©e par de supposĂ©s « savants », apparaissant et disparaissant, Ɠuvrant ou tranchant hors tout contrĂŽle dĂ©mocratique, mais pas forcĂ©ment hors des enjeux de carriĂšre et d'intĂ©rĂȘt. Bref ce qu'on a vu Ă©merger depuis des dĂ©cennies en matiĂšre de gestion des monnaies dites « souveraines ». Si au moins, a-t-on envie de persifler, cela s'avĂ©rait efficace !

Pourquoi faut-il indĂ©finiment rĂ©itĂ©rer nos erreurs stratĂ©giques ? Citons ici un autre philosophe, Jean-Loup Bonnamy : « le confinement n’est pas trĂšs efficace pour sauver des vies et dĂ©sengorger le hĂŽpitaux. C’est un remĂšde passĂ©iste et archaĂŻque, une sorte de ligne Maginot. Au dĂ©but du 19Ăšme siĂšcle, le grand Ă©crivain Pouchkine dĂ©crivait dĂ©jĂ  le confinement imposĂ© par les autoritĂ©s russes pour lutter (sans succĂšs) contre l’épidĂ©mie de cholĂ©ra. Je suis assez surpris qu’en 2020, Ă  l’époque d’Internet, dans un pays moderne qui se trouve ĂȘtre la sixiĂšme puissance mondiale, on utilise un remĂšde qui fait davantage penser au dĂ©but du 19Ăšme siĂšcle qu’à l’ùre du big data  ».

Pour moi, l'erreur est moins celle de Maginot avec sa « ligne » que celle de NapolĂ©on avec son  « blocus » : on peut ĂȘtre en guerre.. et se tromper de terrain, surtout si le combat se livre sur un terrain de nature diffĂ©rente.

Qui va la perdre, cette guerre ?

La philosophe ne prĂ©dit pas l'avenir avec certitude : « peut-ĂȘtre le virus souverain finira-t-il par dĂ©stabiliser la souverainetĂ© de l'État ». J'avais Ă©mis cette hypothĂšse, mais seulement Ă  titre d'hypothĂšse, dans un podcast publiĂ© par la Tribune en mai dernier et que l'on peut (rĂ©Ă©couter ici).

La souverainetĂ© europĂ©enne ne devrait, elle non plus, pas sortir magnifiĂ©e de l'Ă©preuve. Le cadre qui nous a Ă©tĂ© donnĂ© depuis des dĂ©cennies comme espace politique et rempart stratĂ©gique s'est rĂ©vĂ©lĂ© inconsistant, inopĂ©rant, inexistant : « une assemblĂ©e de copropriĂ©taires tumultueuse, un amas de nations qui se disputent l'espace Ă  coups de compromis chancelants pour dĂ©fendre leurs propres intĂ©rĂȘts. Aucun sens du commun, aucune pensĂ©e de la communautĂ© » dit Donatella Di Cesare. Et c'est sur ce mot creux (et sur un pacte militaire avec les USA et la Turquie) que repose, en derniĂšre analyse, la soliditĂ© de notre monnaie lĂ©gale... Notons en passant que, du point de vue des cryptomonnaies, cette cacophonie est une apprĂ©ciable aubaine !

Bien sĂ»r l'hypothĂšse inverse, celle d'une extension Ă  l'infini des « pleins pouvoirs » que s'arrogent les wartime presidents est Ă©galement possible. Selon l'auteur, cela tient Ă  ce que le pouvoir « ne sait plus parler Ă  une communautĂ© dĂ©sagrĂ©gĂ©e qu'en faisant appel Ă  la peur ». La rapiditĂ© un peu gĂȘnante avec laquelle, par exemple, un ministre français se saisit d'un attentat terrorisant pour demander une mesure de rĂ©gulation des cryptomonnaies (mesure dĂ©jĂ  prĂ©vue et que l'Ă©vĂ©nement permet juste de faire passer) est assez emblĂ©matique de la convergence de la gouvernance par la peur et de la gouvernance par la dette. Mais ça, ce n'est pas absolument nouveau...

Ce que le virus nous apprend du cyberespace comme terrain de guerre

Donatella Di Cesare ne s'en rĂ©jouit pas, mais elle perçoit un changement dans « le McMonde, l'espace Ă©norme du rĂ©seau, oĂč chacun a dĂ©sormais acquis une citoyennetĂ© supplĂ©mentaire », mĂȘme si pour elle (et je pense qu'elle se trompe pour partie) « ce n'est pas sur le scĂ©nario rĂ©ticulaire que se fonde le nous de la communautĂ© politique ». Seulement, si ce n'est pas lĂ , la lecture de son ouvrage ne laisse pas entrevoir de refuge ni de scĂ©nario alternatif.

Bien sûr, il y a toujours eu, moins avouable que le goût de la liberté ou que l'enthousiasme mathématico-technologique, un fond de noir pessimisme dans l'idéologie qui sert d'humus à Bitcoin. Et il faut bien dire que la lecture de ce petit ouvrage n'est pas de nature à dissiper nos humeurs sombres. Quand on a parcouru son chapitre sur ce qu'elle appelle le « lockdown des victimes », avec ses morgues et ses corps traités comme de purs déchets, il est bien difficile d'avaler la soupe servie à tous les repas par nos derniers hommes politiques, le potage de « valeurs républicaines ». Et ce ne sont pas les dessins tristes et sales du néoCharlie, instaurés en icÎnes de la Déesse Raison, qui nous rendront le sourire ou le courage.

Que le scénario soit seulement et techniquement « réticulaire », qu'il soit empreint d'une dose de survivalisme ou d'une pointe de millénarisme il s'y passe bien des choses. Que ce qui advient ne soit pas une « communauté politique » au sens moderne du terme est possible, mais quoi ? L'émergence de Bitcoin est selon moi la preuve que ce qui y germe n'est pas dépourvu de « souveraineté », puisque jusqu'à preuve du contraire, nulle puissance de ce monde n'a pu stopper Bitcoin, quoi que l'envie n'ait pas dû manquer.

Ce que le virus nous a appris, c'est d'abord que le cyberespace est un terrain particuliÚrement propre à la résilience, j'entends la résistance à ce type de choc. Et pas seulement parce que le virus (à la différence, par exemple, d'un bombardement) affecte peu les infrastructures matérielles du Cloud ou des entrepÎts robotisés. Mais parce que le cyberespace est mondial, ce qui s'y déroule n'est pas, ou est peu, suspendu aux inévitables contradictions locales, aux débats byzantins sur ce qui est essentiel ou pas (l'huile oui, les huiles essentielles non), interdit à Strasbourg ou permis à Kehl, aux atermoiements ou aux arbitrages du cher dirigeant bien-aimé. Bien sur il y a des problÚmes « à la sortie », au point de contact avec the real life. Mais la nature du cyberespace permet à ses champions de développer deux avantages en apparence contradictoires : la puissance du mastodonte et le caractÚre furtif de l'oiseau, caractéristiques auxquelles Andreas Antonopoulos ajoute, dans le cas de Bitcoin, la résistance immunitaire d'une horde de rats d'égout !

Amazon livre tout, peut-ĂȘtre ce qui est interdit, en tout cas mĂȘme ce qui n'est pas jugĂ© essentiel. Il le fait comme l'Ă©picier roulant de jadis, mais il le fait dĂšs le lendemain, parce qu'Ă  l'heure oĂč la FNAC n'a plus de livres en rayon, Amazon a mĂȘme une grammaire grecque ancienne en stock, et qu'il est aussi le seul Ă  avoir en stock la gamme de tous les cordons de connexion possibles. Personne ne songe vraiment Ă  l'empĂȘcher de livrer, avec sa flotte ou avec celle de ses innombrables et furtifs auto-entrepreneurs. Too big...

En regard, les États (qui semblent parfois mieux anticiper les achats de lacrymogĂšnes que ceux de masques ou de tests) ne sont pas puissants (ce dont attestent la litanie de ce qu'ils n'ont pas en stock disponibles avant de longues semaines mais aussi la petitesse et l'obsolescence de leurs infrastructures ) mais ils ne sont pas non plus furtifs. On l'a bien vu avec le navrant Ă©pisode StopCovid, oĂč l'on a attendu des semaines au pied de la montagne sainte l'inĂ©vitable souris, inutile, mal conçue, non compatible avec les applications de nos voisins, et finalement pas mĂȘme indĂ©pendante des GAFAM.

Aujourd'hui, une chose me frappe : tout le bien qui est dit de #TousAntiCovid est dit par des autoritĂ©s centrales, tout le mal qui en est dit, toutes les critiques sont sur les rĂ©seaux. C'est dire : fondamentalement l'État ne comprend pas la « viralitĂ© ». Dans le vocabulaire officiel « viral » reste un mot grossier, la rĂ©putation ne peut ne fonder que sur des cocardes tricolores (sur Twitter, elles ont quelque chose d'incongru) et ce que l'État ne perçoit pas, ne comprend pas, ne sait pas, est accusĂ© de « passer sous les radars », mĂ©taphore guerriĂšre et tout de mĂȘme un peu datĂ©e !

Et le souverain Bitcoin ?

Pourquoi monte-t-elle cette monnaie qui « passe sous les radars », ne suscite de communication bleu-blanc-rouge que pour dire « méfiez vous, n'en achetez pas » et n'est évoquée par les économistes stipendiés que comme « une folie complÚte » ?

Je ne répondrai pas ici à la question. Le virus en est-il responsable ? Je n'en sais rien et je n'y crois guÚre.

Mais d'une certaine façon si la presse mainstream qui avait si bien enterrĂ© Bitcoin n'hĂ©site pas Ă  attribuer sa remontada au virus, n'est-ce pas implicitement qu'aux yeux des noobs sidĂ©rĂ©s, seul le souverain virus peut ainsi donner valeur Ă  l'incomprĂ©hensible monnaie qui monte insolemment face aux monnaies de ces États qu'il tient en Ă©chec ? Bref cela nous en apprend plus sur eux que sur Bitcoin...

Post scriptum qui n'a rien Ă  voir (comme disait Delfeil de Ton, qui fut des fondateurs du vrai Charlie, et pour marquer un anniversaire qui n'est pas sans rapport)

Bitcoin, souverain, pourrait bien s'exprimer comme notre dernier grand monarque, du moins dans les mots que lui prĂȘtait un humoriste du temps ...

Bitcoin a dépassé briÚvement les 16.000 $

November 6th 2020 at 08:43
By: Joachim
Serait-on Ă  nouveau en 2017 ? Bitcoin, aprĂšs avoir touchĂ© les 5.000 $ durant l’épisode de la liquidation financiĂšre de la mi-mars, est inarrĂȘtable depuis . Il y a quelques heures, la crypto monnaie a mĂȘme dĂ©passĂ© briĂšvement les 16.000 $. Un nouveau record historique d’ici la fin de l’annĂ©e ? La grande question que l’on [
]

102 - L'incroyable prix de la Monnaie des Assassins

November 5th 2020 at 17:05

Un prix incroyable !

Et non, ce titre racoleur ne va pas me conduire, en ce 5 novembre, Ă  ne parler que de Bitcoin !

Je veux parler d'une piĂšce d'or vieille de plus de 2000 ans et dont le prix a atteint 2.700.000 ÂŁ pour 8 grammes d'or. Une piĂšce d'or assez Ă©tonnante, tant par son extrĂȘme raretĂ© que par son motif : la cĂ©lĂ©bration de l'un des plus cĂ©lĂšbres assassinats politiques de tous les temps.

Il s'agit du lot 463 de la vente menée le 29 octobre dernier par la maison ROMA NUMISMATICS, 20 Fitzroy Square, Londres (métro Warren Street). CÎté face le visage de l'assassin Brutus, cÎté pile son poignard et celui de son complice Cassius entourant le bonnet phrygien, antique symbole républicain, au-dessus de la légende EID MAR (Eidibus Martiis : AUX IDES DE MARS).

L'attention des non-numismates avait été attirée sur ce magnifique objet par le blog de Pierre Jovanovic avec une présentation spectaculaire, mais un peu expéditive.

« C'est totalement fascinant qu'une telle piÚce existe, qu'elle soit parvenue jusqu'à nous et qu'il existe dans le monde des passionnés capables d'y mettre des millions » s'extasiait P. Jovanovic. Sur le fait que des piÚces antiques parviennent jusqu'à nous, on a envie de dire que ce n'est pas la seule ! Le catalogue de la vente est bluffant, et il y a des centaines de ventes numismatiques chaque année dans le monde.

Les reliques du passĂ© sont non seulement en elles-mĂȘmes prĂ©cieuses, mais les rĂ©flexions qu'elles inspirent sont Ă©clairantes et peuvent susciter la mĂ©ditations des bitcoineurs : la valeur des piĂšces de monnaies antiques, comme des statues, des peintures et des autres oeuvres d'art est liĂ©e de façon inextricable Ă  leur valeur intrinsĂšque (souvent faible), Ă  leur raretĂ©, Ă  leur histoire et Ă  la longue « tradition » qui est la leur.

Ceux qui iront lire en dĂ©tail la rubrique 463 du catalogue de vente en ligne verront que cet exemplaire (qui n'est pas unique) a une histoire assez bien documentĂ©e depuis pas loin de 2 siĂšcles ; et surtout que l'examen minutieux de l'Ă©tat de la piĂšce permet de la situer dans une sĂ©rie qui est elle-mĂȘme ici plus que restreinte : on pense qu'il reste peut-ĂȘtre une centaine en argent (des denarii ou deniers) et sans doute pas plus de 3 exemplaires en or (des aurei). Il va sans dire qu'aprĂšs des siĂšcles de passion numismatique et d'ardeur archĂ©ologique, la dĂ©couverte de nouveaux exemplaires dans un tel Ă©tat de conservation reste assez faible pour conforter la raretĂ© de la chose !

Ce qui va fasciner, cependant, c'est l'idée d'une émission commémorative de l'assassinat de l'homme qui voulut, le premier à Rome depuis des siÚcles, se faire roi.

La monnaie, prérogative régalienne nous dit-on, pourrait célébrer ce genre d'acte séditieux ?

CĂ©sar est dictateur dans des formes ou plutĂŽt dans des apparences de formes lĂ©gales subsistant aprĂšs plusieurs guerres civiles. Ce n'est pas nous, grĂȘlĂ©s d'Ă©tats d'urgence et de lois d'exception pour bien moins que cela qui allons chipoter les entorses romaines. Ce qui semble Ă©tabli, en revanche, c'est qu'il jouit, lui, d'un solide appui des classes populaires. Et que les conjurĂ©s, de leur cĂŽtĂ©, sont des sĂ©nateurs, des privilĂ©giĂ©s. Ce qui n'interdit pas de leur supposer des intentions diverses, voire le goĂ»t de la libertĂ© antique.

Ceci posĂ©, la raretĂ© mĂȘme de la piĂšce amĂšne sans doute Ă  ne pas « trop » solliciter sa signification : Rome n'a pas cĂ©lĂ©brĂ© les assassins de CĂ©sar et cette piĂšce n'a pas Ă©tĂ© frappĂ©e dans les ateliers monĂ©taires du Capitole, dans le temple de Junon Moneta car lors de sa frappe (en -43 ou -42) la Ville Ă©ternelle est au pouvoir des hĂ©ritiers de CĂ©sar. Brutus et ses partisans ont pu se servir d'un atelier monĂ©taire militaire « de campagne », comme cela existait assez couramment, ou bien transporter avec eux les « coins » et faire main-basse sur un trĂ©sor de temple dans l'une des villes de GrĂšce ou d'Asie oĂč ils regroupĂšrent un temps leurs partisans.

Les vrais paradoxes de cette monnaie sont assez différents d'une simple apologie du tyrannicide.

Longtemps trĂšs strictement encadrĂ©es, les reprĂ©sentations figurĂ©es sur les piĂšces romaines s'Ă©taient considĂ©rablement enrichies dans les derniĂšres dĂ©cennies de la RĂ©publique, multipliant les allusions, ycompris pour cĂ©lĂ©brer tel haut fait ou telle famille. Mais un tabou demeurait : celui du portrait d'une personnalitĂ© vivante. Pour des raisons religieuses (dans l'antiquitĂ© la monnaie est « garantie » symboliquement par les divinitĂ©s de la citĂ©) mais aussi, Ă©videmment, politiques, car l'effigie d'un vivant ne pouvait ĂȘtre que celle d'un despote, comme cela Ă©tait patent en Orient, et contrevenait donc Ă  la vieille Ă©thique rĂ©publicaine.

Le tabou fut brisé par... le divin Jules, descendant direct de Vénus, comme chacun sait et que cette éthique-là n'étouffait pas trop. Il fut figuré couronné comme un roi et voilé, non par humilité mais à l'image de la déesse Vesta.

Le paradoxe est donc que sur la piĂšce cĂ©lĂ©brant clairement le geste du 15 mars -44 (les ides de mars) le tabou ait Ă©tĂ© pareillement brisĂ© par celui qui avait dĂ©pĂȘchĂ© le tyran ad patres. Tout au plus notera-t-on que ce bon rĂ©publicain est figurĂ© tĂȘte nue alors que celle de CĂ©sar s'ornait d'une couronne.

Les piĂšces en or, on le sait circulaient (beaucoup) moins que celles d'argent, ce qui nous prive d'un facteur assez prĂ©cieux d'Ă©valuation : leur usure. En revanche, les deniers d'argent frappĂ©s avec les mĂȘmes motifs semblent avoir beaucoup circulĂ©. Ce qui implique qu'ils aient inspirĂ© une certaine confiance (bon aloi) et qu'ils aient Ă©tĂ© assez nombreux pour ne pas intriguer. On a dit qu'il en restait peut-ĂȘtre une centaine. Mais un historien qui a Ă©tudiĂ© de prĂšs cette Ă©mission d'argent estime Ă  une trentaine le nombre de paires de « coins », diffĂ©rents. En comptant 15.000 piĂšces pour chaque paire, cela ferait 450.000 deniers, ou 1735 kilogrammes d'argent. Cela fait beaucoup de piĂšces, et, vu l'usure de celles que l'on a retrouvĂ©es, beaucoup de piĂšces qui ont rĂ©ellement circulĂ©. Mais en mĂȘme temps cela n'en fait pas tant que cela : en kilogrammes, c'est le trĂ©sor d'un temple, guĂšre plus.

Sic semper Tyrannis ?

La phrase attribuĂ©e Ă  Brutus, et traduite de maniĂšre elliptique par « mort aux tyrans » court de maniĂšre plus ou moins souterraine dans l'histoire, et pas seulement comme devise de l'État de Virginie. RĂ©gicides, tyrannicides, attentats... certains changĂšrent l'histoire, d'autres confortĂšrent la tyrannie. AprĂšs Brutus, Auguste. Et, comme chez nous, les sĂ©quences du genre Caligula, Claude, NĂ©ron...

Sur les monnaies, les effigies se succĂšdent. Aujourd'hui, certes elles ont disparu. Nul n'a besoin de connaĂźtre le visage de Big Brother ou celui des petits hommes gris.

D'autres alternatives existent. Bitcoin n'a pas pour rien été baptisée par de sulfureux auteurs « la Monnaie acéphale ».






NOTES

Euro numĂ©rique : l’Europe va-t-elle dans le mur ?

October 14th 2020 at 11:31

L’Europe commence Ă  s’activer sur son projet d’euro numĂ©rique, or celle-ci pourrait se faire supplanter par les États-Unis ou Chine Ă  cause des freins Ă  l’innovation dont souffre l’écosystĂšme des crypto-actifs.

➀ Dans Capital (10/2020)

Cette tribune a été initialement publiée dans 21 Millions, la newsletter crypto de Capital spécialisée dans les cryptomonnaies.

Par Claire Balva, CEO de Blockchain Partner.

Les stablecoins sont depuis longtemps un outil connu des traders français de crypto-actifs, leur permettant de se protĂ©ger de la volatilitĂ© des cours rapidement et sans crĂ©er d’évĂ©nements fiscaux. Mais la nĂ©cessitĂ© de ces actifs mimant le cours d’une monnaie traditionnelle dĂ©passe aujourd’hui largement le simple cadre de la fiscalitĂ©. 

En effet, si le cours des stablecoins est thĂ©oriquement stable, l’offre de stablecoins, elle, connaĂźt depuis maintenant 3 mois une croissance fulgurante. Le 3 septembre, le fondateur de Coin Metrics, Nic Carter, indiquait ainsi que l’offre des stablecoins avait augmentĂ© de prĂšs de 100 millions de dollars par jour en juillet et aoĂ»t 2020. L’essor de la finance dĂ©centralisĂ©e (DeFi), qui explique en partie cette hausse, en a fait des instruments financiers essentiels au fonctionnement de nouveaux produits financiers crypto. Sans stablecoin, des projets comme Curve, Aave ou Yearn n’auraient pas le mĂȘme succĂšs.

En pratique, il est devenu facile de lancer un stablecoin : il “suffit” par exemple de bloquer sur un compte bancaire le montant que l’on souhaite Ă©mettre, et de crĂ©er des jetons sur Ethereum, en programmant les fonctionnalitĂ©s souhaitĂ©es (Ă©tablissement d’une liste blanche des comptes autorisĂ©s, rĂ©duction ou augmentation de l’offre monĂ©taire, etc.). Les banques commerciales ou les grandes entreprises privĂ©es ont donc tout Ă  fait la capacitĂ© technique et financiĂšre d’émettre des stablecoins. Mais derriĂšre cette apparente facilitĂ© se cache en rĂ©alitĂ© un problĂšme politique.

La quasi-totalitĂ© des stablecoins est aujourd’hui indexĂ©e sur la valeur du dollar amĂ©ricain : ainsi la capitalisation du stablecoin le plus utilisĂ©, l’USDT (Tether) dĂ©passe les 15 milliards de dollars. Il n’est pas surprenant que ceux-ci connaissent donc un essor particuliĂšrement important aux Etats-Unis, qui ont compris que ces instruments pouvaient devenir une extension du domaine de la lutte monĂ©taire. On assiste Ă  un vĂ©ritable tournant outre-atlantique : les banques commerciales amĂ©ricaines sont dĂ©sormais en capacitĂ© juridique d’émettre des stablecoins. 

Ainsi, ces instruments sont devenus une porte d’entrĂ©e pour les acteurs financiers traditionnels, les conduisant naturellement vers le monde des crypto-actifs. Certaines banques amĂ©ricaines ont depuis quelques mois complĂštement changĂ© de discours sur le secteur crypto, comme JP Morgan qui, trois ans aprĂšs le discours accusateur de son PDG sur Bitcoin, Ă©tend dĂ©sormais ses services Ă  cette mĂȘme cryptomonnaie. D’autres banques comme Goldman Sachs semblent Ă©galement s’engager dans cette voie.

L’Europe, de son cĂŽtĂ©, paraĂźt significativement moins avancĂ©e sur le sujet. Il n’existe pas de stablecoin euro actuellement Ă  mĂȘme de concurrencer ceux indexĂ©s sur le dollar. Les Ă©bauches actuelles de rĂ©glementation concernant les stablecoins sont peu enclines Ă  stimuler l’écosystĂšme autour de la crĂ©ation d’un stablecoin euro, que celui-ci soit centralisĂ© et Ă©mis par un acteur privĂ©, ou dĂ©centralisĂ© (l’on pourrait imaginer un Ă©quivalent du DAI indexĂ© sur l’Euro comme avec Stablecredit d’AndrĂ© Cronje). En outre, malgrĂ© de nombreux points intĂ©ressants, le projet de rĂ©glementation publiĂ© il y a quelques jours par la commission europĂ©enne propose Ă©galement un encadrement trĂšs strict – trop strict ? – des Ă©missions de stablecoins, imposant l’obtention d’agrĂ©ments nationaux, encore Ă  dĂ©finir, pour obtenir le droit d’en Ă©mettre. 

Cet encadrement frileux, dont les objectifs sont certes louables, risque de freiner l’émergence de projets de stablecoins innovants dans la zone euro. 

Les options sont pourtant multiples pour faire Ă©merger un ou plusieurs stablecoins euro. La piste qui semble privilĂ©giĂ©e par les instances europĂ©ennes Ă  l’heure actuelle consiste Ă  faire collaborer les banques centrales de la zone euro, dans le but de crĂ©er un euro numĂ©rique et programmable sur blockchain privĂ©e et DLT (voir quelques signaux allant dans ce sens). Cette option prĂ©sente nĂ©anmoins de nombreux risques : 

  • celui de tout miser sur une seule initiative qui peut Ă©chouer 
  • celui de faire le choix de rĂ©inventer la roue en crĂ©ant un rĂ©seau fermĂ© face Ă  des rĂ©seaux publics dĂ©jĂ  existants
  • celui de ne pas ĂȘtre assez rapide (une collaboration entre banques centrales prend naturellement plus de temps qu’une Ă©mission par un acteur privĂ©) face aux stablecoins amĂ©ricains qui agrĂšgent dĂ©jĂ  des utilisateurs.

D’autres solutions existent. PremiĂšrement, de maniĂšre Ă©vidente, Ă  l’instar de ce qui est fait aux Etats-Unis, il serait possible de permettre aux banques commerciales europĂ©ennes d’émettre simplement un stablecoin dans la zone euro, en utilisant une blockchain publique existante. DeuxiĂšmement, il  pourrait ĂȘtre intĂ©ressant d’opter pour la crĂ©ation d’un bac Ă  sable limitĂ© dans le temps (2 ans ?), possibilitĂ© que l’Europe a d’ailleurs rĂ©cemment ouverte pour les STO (introductions en bourse via des crypto-actifs). Ce bac Ă  sable permettrait de faire Ă©merger des stablecoins indexĂ©s sur l’euro et ainsi de multiplier les chances d’avoir un outil largement utilisĂ© et adoptĂ© d’ici quelques annĂ©es mais aussi d’avoir une approche rĂ©glementaire Ă©quilibrĂ©e forte de ce test grandeur nature

L’urgence est bel et bien Ă  l’innovation. Si l’UE ne se positionne pas sur ce sujet rapidement, elle en paiera le prix dans quelques annĂ©es, probablement en perdant du terrain face aux Etats-Unis en termes de souverainetĂ© monĂ©taire. Nous risquons en effet d’ĂȘtre – encore une fois – soumis aux politiques d’extraterritorialitĂ© juridique amĂ©ricaines. Si les plus grands stablecoins sont ceux indexĂ©s sur le dollar, cela augmente l’utilisation de cette monnaie hors du territoire amĂ©ricain, soumettant ainsi des acteurs europĂ©en Ă  la rĂ©glementation amĂ©ricaine, Ă  leur politique monĂ©taire, et au risque de change entre dollar et euro.

Bourse - Le méga boom des énergies renouvelables

Bourse, investissement responsable et rentable . Avez vous profitez du mégaboom des énergies renouvelables ?    Depuis la crise du covid chaque semaine lors des mes revues de marché ichimoku consacrées au marché des actions j'alerte sur les opportunités d'investissement dans des actions liées au secteur des énergies renouvelables. Voir la playlist de mes revues de ...

Du choix des meilleures opportunitĂ©s blockchain pour l’assurance – par Laurent Benichou

September 14th 2020 at 16:38

Merci Ă  Laurent Benichou, qui a initialement Ă©crit cet article en langue anglaise. Pour voir la version originale de l’article, c’est par ici.

RĂ©unir le monde de l’assurance et celui de la blockchain a jusqu’à prĂ©sent Ă©tĂ© la mission la plus difficile de ma carriĂšre. D’un cĂŽtĂ©, ces deux concepts devraient bien fonctionner ensemble : l’assurance et la blockchain appartiennent toutes les deux Ă  la famille des services financiers ; dans les deux cas, il s’agit de flux monĂ©taires, et les deux peuvent compenser vos pertes si un malheur arrive Ă  vos actifs.

Pourtant, de grands obstacles se dressent entre ces deux mondes : les technologies blockchain, les cryptomonnaies et la finance décentralisée sont des innovations trÚs récentes, tandis que le travail actuarial implique de pouvoir bénéficier de longues séries historiques pour prendre un risque.
Les crypto-ventures sont promptes Ă  prendre des risques, tandis que les compagnies d’assurances cĂšdent la majoritĂ© du risque qu’elles prennent. Les dĂ©veloppeurs blockchain commencent sur une architecture neuve alors que l’assurance a beaucoup de dette technique. Les entreprises blockchain inventent des modĂšles non rĂ©gulĂ©s tandis que les assureurs doivent ĂȘtre particuliĂšrement attentifs Ă  leur conformitĂ© rĂ©glementaire. Enfin, les assureurs se basent sur la confiance du consommateur (qu’il sera indemnisĂ© en cas de perte) tandis que la devise de l’écosystĂšme blockchain est “don’t trust, verify” (ne faites pas confiance, vĂ©rifiez)

La blockchain est pleine de potentiel pour les assureurs, mais sĂ©lectionner les meilleures opportunitĂ©s et savoir comment s’y atteler est une tĂąche difficile pour les dĂ©cideurs du secteur. Les meilleurs opportunitĂ©s sont en effet la plupart du temps les plus risquĂ©es, les moins rĂ©gulĂ©es et/ou les plus difficiles Ă  mettre en place. Avant de s’attarder sur ces opportunitĂ©s, je souhaite commencer par Ă©voquer quelques erreurs que j’ai observĂ©es en voyant le dĂ©veloppement, l’accĂ©lĂ©ration ou l’arrĂȘt de “projets blockchain” dans l’assurance.

Erreurs que le secteur assurantiel devrait Ă©viter concernant la blockchain

Erreur #1 : “Oui” à la blockchain, “Non” aux tokens

Bitcoin a Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour Ă©changer de la valeur sans tiers centralisateur. L’objectif mĂȘme de Bitcoin Ă©tait de crĂ©er un actif numĂ©rique pour permettre son Ă©change incensurable. On peut donc par principe douter que la “technologie blockchain” soit la meilleure rĂ©ponse Ă  des objectifs trop Ă©loignĂ©s du principe d’échange dĂ©centralisĂ© de valeur numĂ©rique. Lorsqu’on est face Ă  un projet blockchain sans token, la valeur ajoutĂ©e de la blockchain s’avĂšre la plupart du temps au minimum sujette Ă  dĂ©bat, et se conclut souvent par un examen technique des diffĂ©rences entre une blockchain privĂ©e et une base de donnĂ©es partagĂ©e. En d’autres termes, on dĂ©marre avec la volontĂ© de sauter d’un grand pas dans la modernitĂ© avec la blockchain, et on termine par une discussion technique sur les moyens d’amĂ©liorer lĂ©gĂšrement son SI.

Utilisons une blockchain mais pas le token qui va avec

Erreur #2 : Ajouter de la blockchain mais ne pas changer le reste

Le caractĂšre nouveau de la blockchain la rend incompatible ou difficilement connectable Ă  d’anciens systĂšmes. On peut mĂȘme ajouter que la philosophie de blockchain dans son premier avatar, le bitcoin, est plutĂŽt de se substituer Ă  d’anciens systĂšmes. Et il faut beaucoup d’efforts de gens talentueux (propriĂ©taires de plateformes d’échange, fournisseurs de services, rĂ©gulateurs) pour relier le “monde cypher” avec l’ancien monde et apporter une valeur ajoutĂ©e Ă  ce dernier, parfois sous la critique des dĂ©fenseurs les plus intransigeants et les plus radicaux de la sphĂšre crypto.

Si vous voulez extraire de la valeur de la blockchain, vous devez vous y adapter. C’est pourquoi penser qu’un assureur peut siffler la blockchain Ă  l’aide et voir soudainement apparaĂźtre un magicien amĂ©liorant les processus de l’assurance n’est qu’une chimĂšre. Vous ne pouvez pas tirer de la valeur de la blockchain si vous voulez conserver tous vos anciens systĂšmes, tous vos processus, toute la complexitĂ© dont vous devriez vous dĂ©barrasser.


Erreur #3 : ignorer les opportunités les plus évidentes

Le secteur de l’Assurance comprendra bientĂŽt que les opportunitĂ©s les plus immĂ©diates ne sont pas liĂ©es Ă  la maniĂšre dont la Crypto peut soutenir l’Assurance, mais Ă  la maniĂšre dont l’Assurance peut soutenir la Crypto. Le secteur des cryptomonnaies est dĂ©sormais bien rĂ©el, avec des milliards de dollars Ă©changĂ©s chaque jour. Ce secteur a besoin d’assurances pour les portefeuilles et les dĂ©positaires et a vu des produits Ă©merger Ă  des prix Ă©levĂ©s. L’assurance finira certainement par faire son travail habituel (Ă©valuation et couverture des risques) sur cette nouvelle surface (Bitcoin et toutes les autres cryptomonnaies). Certains courtiers (Marsh, AON) et assureurs (Arch Insurance) se sont engagĂ©s dans cette premiĂšre Ă©tape, et pourront ainsi rapidement lancer une activitĂ© autour de l’assurance Blockchain. Plus ces acteurs acquerront de connaissances, plus il sera difficile pour les suivants de les rattraper.


Erreur n°4 : Refuser aux cryptomonnaies leur statut d’actifs financiers

Les assureurs investissent le produit des primes d’assurance sur les marchĂ©s financiers. Ils le font avec prudence et investissent dans des actifs Ă  faible risque, gĂ©nĂ©ralement des obligations souveraines ou des actions dĂ©fensives [NDLR: action qui fournissant un dividende rĂ©gulier et des bĂ©nĂ©fices stables quel que soit l’état du marchĂ© boursier global], afin de pouvoir indemniser les crĂ©ances d’assurance (le respect de la rĂ©glementation SolvabilitĂ© II les contraint Ă©galement dans cette direction). La thĂ©orie moderne du portefeuille de Markowitz enseignant de ne jamais “mettre tous ses Ɠufs dans le mĂȘme panier” afin de rĂ©duire le risque pour une mĂȘme attente de rendement, les gestionnaires de trĂ©sorerie des compagnies d’assurance optent pour la diversification entre les obligations souveraines de diffĂ©rents pays, les obligations Ă  long et Ă  court terme, et ajoutent les obligations d’entreprises et d’autres classes d’actifs.

Mon avis personnel est qu’il serait Ă©galement judicieux d’investir une toute petite part de leurs fonds dans un “nouvel” actif, appelĂ© bitcoin, aujourd’hui :
– Investir une petite partie des primes d’assurance dans le bitcoin permet de se couvrir contre l’hyperinflation fiat en cas de dĂ©faut de crĂ©dit souverain ou de faillite bancaire (n’oubliez pas que les assureurs n’indemnisent pas seulement en espĂšces, mais parfois avec des services qui peuvent aussi ĂȘtre soumis Ă  une forte augmentation des prix en cas d’hyperinflation)
– L’engagement d’une partie de leurs rĂ©serves en bitcoin comme rĂ©serve de valeur, comme Microstrategy a dĂ©cidĂ© de le faire il y a quelques semaines, est une couverture contre les turbulences des monnaies souveraines

Michael J. Saylor, PDG, MicroStrategy Incorporated : “Cet investissement reflĂšte notre conviction que Bitcoin, en tant que cryptomonnaie la plus largement adoptĂ©e dans le monde, est une rĂ©serve de valeur fiable et un actif d’investissement attrayant avec un potentiel d’apprĂ©ciation Ă  long terme plus important que la dĂ©tention de liquiditĂ©s”.


Erreur n°5 : Supposer que vous pouvez rattraper le retard plus tard

Une chose est certaine Ă  propos de la Blockchain, c’est la vitesse de changement de l’industrie. Forks, ICOs, stablecoins, DeFi, flash loans: chaque trimestre apporte un nouveau sujet et il est de plus en plus difficile de rattraper les connaissances non acquises. De plus, les blockchains donnent naissance Ă  des projets qui ne cadrent pas bien avec l’idĂ©e que “les assureurs investiront plus tard, lorsque le secteur sera stabilisĂ©â€. Il ne sera pas possible pour les assureurs d’“acheter la Blockchain gagnante” car elle sera beaucoup trop chĂšre ; il ne sera pas possible pour les assureurs d’éliminer les pools de liquiditĂ© car ils sont dĂ©centralisĂ©s ; il ne sera pas possible pour les assureurs d’assurer le secteur de la crypto quand des smart contrats alimentĂ©s par des capitaux dĂ©centralisĂ©s le feront de maniĂšre autonome. Le risque pour l’assurance n’est pas seulement celui d’opportunitĂ©s perdues, mais aussi celui de menaces pour les activitĂ©s actuelles.

OpportunitĂ©s de la blockchain dans le secteur de l’assurance

1. Nouvelles opportunitĂ©s d’assurance : assurer le monde Crypto

Portefeuilles, contrats intelligents, ICO, dĂ©positaires, solutions de sĂ©curitĂ©, actifs tokenisĂ©s
 La beautĂ© de l’assurance est que tout nouveau secteur ou activitĂ© crĂ©Ă© dans le monde reprĂ©sente souvent une nouvelle surface d’application d’assurance. Le besoin d’assurance est d’autant plus fort pour les cryptomonnaies que le vol digital ne peut par construction pas ĂȘtre “annulĂ©â€ par un pouvoir central administrant le systĂšme. La bonne nouvelle pour l’assurance est qu’elle suppose une premiĂšre Ă©tape d’évaluation des risques crypto, qui elle-mĂȘme fournit dĂ©jĂ  beaucoup de “connaissances sur la blockchain” Ă  une compagnie d’assurance. Ensuite vient l’assurance elle-mĂȘme, et la perte liĂ©e aux premiers piratages couverts permet aux assureurs
1. D’affiner leur Ă©valuation des risques et d’adapter les couvertures
2. D’identifier les points faibles du secteur de la crypto qui pourraient constituer de nouvelles opportunitĂ©s commerciales pour les assureurs.


2. Nouvelle opportunitĂ© d’investissement : se prĂ©munir contre la chute des monnaies fiat

Alors que les primes d’assurance investies sur les marchĂ©s financiers reprĂ©sentaient autrefois une grande partie des bĂ©nĂ©fices des assureurs, ce n’est plus le cas dans un contexte de taux d’intĂ©rĂȘt faibles voire nĂ©gatifs. De plus, la rĂ©cession Ă©conomique attendue aprĂšs la crise, combinĂ©e Ă  de fortes mesures d’assouplissement quantitatif, pourrait conduire Ă  des Ă©pisodes d’hyperinflation, potentiellement favorisĂ©s par la dĂ©fiance des investisseurs Ă  l’égard de la dette souveraine et des entreprises. Il s’agit d’un risque que les assureurs pourraient couvrir en investissant dans de la « hard monnaie »: ils peuvent suivre Berkshire Hathaway et investir dans l’or, ou suivre des Ă©conomistes autrichiens comme Saifedean Ammous et investir dans Bitcoin.

MĂȘme s’il n’y a pas d’effondrement complet des systĂšmes de devises souveraines, la structure de Bitcoin (Ă©mission programmĂ©e, rĂ©duction de l’émission au fil du temps, offre maximale fixe) rassurera les investisseurs en leur montrant qu’il s’agit d’un actif qui a le pouvoir de dĂ©tenir plus de valeur Ă  moyen et long terme que les actifs Ă  taux fixe, et qui constitue donc une couverture claire contre la chute des valeurs des devises souveraines. Et ce, quoi qu’en disent les critiques sur la “volatilitĂ© des bitcoins”.

La logique qui sous-tend un investissement dans Bitcoin est triple :
1. Augmenter la diversification (et donc réduire le risque pour un objectif de rendement des capitaux propres)
2. Repenser le risque d’allocation dans un monde oĂč les risques de dĂ©faut souverain amĂ©ricain, allemand ou suisse ne peuvent plus ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme les risques les plus faibles
3. Pouvoir survivre dans un monde oĂč les monnaies souveraines s’effondrent

Dans un scénario apocalyptique pour les monnaies fiduciaires, comment les assureurs protégeraient- ils leurs fonds ?

3. Remodeler l’assurance
 et la finance

L’idĂ©e que l’assurance ne peut ĂȘtre fournie que par les assureurs est de plus en plus contestĂ©e par les nouvelles technologies et les nouveaux acteurs du numĂ©rique. Les barriĂšres traditionnelles Ă  l’entrĂ©e du secteur de l’assurance s’effondrent : l’expertise actuarielle est contestĂ©e par de nouvelles armĂ©es de ‘data scientists’ ; la gestion des sinistres devient inutile avec l’assurance paramĂ©trique et l’internet des objets ; les ‘smart contracts’ publics Ă©liminent la nĂ©cessitĂ© de faire confiance Ă  une grande marque financiĂšre sur la promesse d’un paiement futur ; le capital peut ĂȘtre accumulĂ© par le biais de pools de liquiditĂ© et la rĂ©glementation devient inutile et impuissante pour rĂ©guler les protocoles dĂ©centralisĂ©s et les flux monĂ©taires. Dans ce nouveau contexte, le secteur de l’assurance doit se rĂ©inventer, se renouveler avant d’ĂȘtre dĂ©pasĂ© et trouver de nouveaux domaines oĂč il peut apporter de la valeur.

Si nous regardons en arriĂšre, voici quelles sont les opportunitĂ©s que les assureurs ont dĂ©jĂ  laissĂ©es Ă  d’autres : ĂȘtre un oracle (Chainlink), ĂȘtre un dĂ©positaire de cryptomonnaie (BitGo), assurer des places de marchĂ© de cryptomonnaies (SAFU de Binance), inventer des protocoles d’assurance distribuĂ©e (Etherisc), crĂ©er des pools de liquiditĂ© dĂ©centralisĂ©s (Uniswap), assurer la finance dĂ©centralisĂ©e / offrir de la couverture de prix en finance dĂ©centralisĂ©e (Nexus Mutual, Opyn)
 On peut bien sĂ»r dĂ©battre de la proximitĂ© de ces opportunitĂ©s avec le secteur de l’assurance aujourd’hui, mais elles pourraient constituer les Ă©lĂ©ments de base de la prochaine gĂ©nĂ©ration d’assurance.

Il en va de mĂȘme pour la finance. La capacitĂ© des assureurs Ă  saisir les opportunitĂ©s de la finance dĂ©centralisĂ©e ne dĂ©pend pas du fait que les banques ou autres institutions financiĂšres les laissent faire (notez que la liste ci-dessus n’est composĂ©e que de nouveaux acteurs) mais de la capacitĂ© des assureurs Ă  fournir les services dĂ©centralisĂ©s que les amateurs de crypto recherchent. Tout est possible pour les assureurs, pour autant qu’ils respectent les “principes de la crypto” (open source, dĂ©centralisation, confiance prouvĂ©e, transparence et respect de la vie privĂ©e dans une certaine mesure). Il ne s’agit pas tant de savoir si les compagnies d’assurance ont les ressources nĂ©cessaires pour contribuer, mais si leur culture leur permettra ou non de contribuer, et de le faire de la bonne maniĂšre.

4. OpportunitĂ©s pour les process : Plus d’horodatage dans les processus d’assurance

La modernisation des processus d’assurance implique l’ajout de dĂ©cisions simples mais difficiles Ă  mettre en Ɠuvre : passage des processus de courriers et d’appels tĂ©lĂ©phoniques Ă  des logiciels, numĂ©risation et suivi. Dans le domaine du suivi, qu’il s’agisse de l’engagement de l’assureur/rĂ©assureur, de la relation entre le ‘fronter’ et le porteur de risque, des conditions contractuelles de l’entreprise ou du contrĂŽle du fret, la Blockchain peut apporter une certaine valeur grĂące Ă  l’horodatage des actions et au rapprochement automatisĂ© des Ă©vĂ©nements. Ce n’est certainement pas la maniĂšre la plus rĂ©volutionnaire de tirer parti de la Blockchain pour les assureurs, mais c’est une maniĂšre opportune car les assureurs d’une pĂ©riode post-COVID devront Ă©liminer les frictions, les litiges coĂ»teux et le temps perdu dans le rapprochement manuel.
C’est, j’en conviens, une exception Ă  l’erreur n° 1 dĂ©crite ci-dessus.

Le proof-of-process de Stratumn

Blockchain, résilience et souveraineté : tribune dans Investir

July 16th 2020 at 18:14

Alexandre Stachtchenko, associĂ© cofondateur de Blockchain Partner, a Ă©tĂ© interrogĂ© parmi 57 dirigeants et personnalitĂ©s par le magazine Investir Ă  l’occasion d’un numĂ©ro spĂ©cial, sorti le 11 juillet. Nous publions ci-dessous la version texte de ses propos, articulĂ©s autour d’une idĂ©e : la blockchain et Bitcoin pour renouer avec la rĂ©silience et la souverainetĂ©.

« La pandĂ©mie de Covid 19 a eu le mĂ©rite de remettre certains sujets sur le devant de la scĂšne, et en particulier celui de rĂ©silience. Il est en effet apparu clairement ces derniers mois que la tendance Ă  la recherche permanente d’efficience a menĂ© Ă  une complexification des systĂšmes Ă©conomiques, au point de mener Ă  de sĂ©rieuses pannes, voire des arrĂȘts, lorsque l’un des maillons est dĂ©faillant.

Efficience et rĂ©silience sont deux modĂšles gĂ©nĂ©ralement opposĂ©s, le premier Ă©tant celui privilĂ©giĂ© par dĂ©faut depuis des dĂ©cennies. Ils forment souvent un dilemme au moment d’effectuer le choix de l’architecture d’un systĂšme. Plus l’on privilĂ©gie l’efficience d’une chose, moins l’on privilĂ©gie sa rĂ©silience, c’est-Ă -dire sa capacitĂ© Ă  rĂ©sister aux modifications et chocs de son environnement.

Ce choix clef se retrouve notamment dans les architectures informatiques. Si, par exemple, vous choisissez un modĂšle centralisĂ© (un seul serveur faisant fonctionner tout un service), il sera gĂ©nĂ©ralement efficient : il atteindra son but en consommant le moins de ressources possibles. Mais coupez l’accĂšs Ă  Internet Ă  ce serveur, et c’est l’ensemble du service qui ne fonctionne plus.

La blockchain par essence est Ă  qualifier de systĂšme plutĂŽt rĂ©silient qu’efficient. L’exemple phare en est sa capacitĂ© de transaction : lĂ  oĂč Bitcoin, la blockchain la plus connue et sĂ©curisĂ©e, est capable de gĂ©rer sept transactions par seconde maximum, le nombre monte Ă  plus de 20 000 pour Visa. Mais si un nƓud (serveur) tombe, aucun problĂšme sĂ©rieux ne se pose pour le rĂ©seau. La base de donnĂ©es est en effet rĂ©pliquĂ©e en des dizaines de milliers d’endroits. C’est l’incarnation d’un systĂšme dĂ©centralisĂ©.

Ces derniĂšres annĂ©es, les technologies blockchain se sont heurtĂ©es Ă  ce modĂšle de pensĂ©e dominant favorisant l’efficience. Le premier rĂ©flexe des professionnels dĂ©couvrant ces technologies a Ă©tĂ© de chercher Ă  faire rentrer un carrĂ© dans un rond : « d’accord pour la blockchain, mais si possible dans mon propre serveur, en plus rapide, et moins Ă©nergivore ». Peu comprenaient alors que ce qu’ils interprĂ©taient comme des dĂ©savantages Ă©taient en rĂ©alitĂ© des caractĂ©ristiques essentielles de ces systĂšmes : c’est ce qui leur permet d’ĂȘtre plus rĂ©silients. Aujourd’hui, avec le retour en grĂące du concept de rĂ©silience, les mentalitĂ©s Ă©voluent peu Ă  peu, fort heureusement.

Réduire la dépendance au dollar américain

Car ĂȘtre plus rĂ©silient c’est aussi souvent renforcer sa souverainetĂ©. Bitcoin a ici des arguments Ă  faire valoir. Loin des politiques monĂ©taires de la FED et de la BCE, qui ont mis sous perfusion les marchĂ©s financiers dans une sorte de fuite en avant gĂ©ante et inhĂ©rente Ă  ces politiques, Bitcoin constitue la monnaie de la raretĂ©. En s’appuyant sur une politique monĂ©taire dĂ©flationniste, transparente, et trĂšs difficilement altĂ©rable, Bitcoin se comporte comme l’étalon-or de l’espace numĂ©rique. Un or amĂ©liorĂ© : facilement stockable, transmissible, et divisible, l’utilisation du bitcoin ne connaĂźt pas de frontiĂšres. Une potentielle monnaie qui permettrait de s’émanciper de la domination amĂ©ricaine du dollar. En effet, pour les amĂ©ricains, « il est facile de s’endetter dans une monnaie qu’il ne tient qu’à soi d’émettre » prophĂ©tisait De Gaulle peu avant la fin des accords de Bretton-Woods. Avec une monnaie devenue le standard des Ă©changes internationaux, et dĂ©tenue par de multiples pays comme rĂ©serve de valeur (dont en particulier la Chine), les Etats-Unis peuvent sans limite crĂ©er de la monnaie pour leurs propres marchĂ©s financiers, au dĂ©triment des autres pays, qui s’appauvrissent par l’inflation.

Bitcoin est cependant une maniĂšre Ă  la fois de renforcer l’indĂ©pendance des Etats et de l’amoindrir. De la mĂȘme façon que l’or, qui dans un certain sens nuisait Ă  la souverainetĂ© des banques centrales en limitant leur pouvoir d’action, un Ă©talon-bitcoin produirait les mĂȘmes effets. Mais n’est-ce pas un prix honnĂȘte Ă  payer pour rĂ©duire le dĂ©sĂ©quilibre massif de puissance entre les banques centrales, et faire valoir ainsi leur indĂ©pendance ? En douze ans, les Etats-Unis ont multipliĂ© par six leur base monĂ©taire, alors que leur PIB n’a Ă©voluĂ© « que » d’environ 20%. Cette illusion collective n’a que trop durĂ©.

RĂ©silience, monnaie, souveraineté  Autant de concepts, sous le feu nouveau des projecteurs, qui portent les technologies blockchain et du web dĂ©centralisĂ©. Les entreprises ne s’y trompent pas : pensons ces derniers mois aux annonces de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale (actions reprĂ©sentĂ©es sur blockchain), de Samsung (portefeuilles numĂ©riques intĂ©grĂ©s aux smartphones, ainsi qu’accĂšs direct Ă  des bourses en ligne de cryptomonnaies), ou encore plus rĂ©cemment d’Ubisoft (items numĂ©riques collectionnables uniques sur blockchain). Les projets blockchains deviennent plus concrets, crĂ©dibles, ambitieux. Gageons qu’il ne s’agit lĂ  que d’un dĂ©but. »

– Alexandre Stachtchenko

Les enseignements des monnaies numériques de Facebook et Telegram

June 19th 2020 at 09:25

Un an aprĂšs le dĂ©voilement de Libra par Facebook, quels enseignements peut-on tirer ? DĂ©couvrez ci-dessous l’analyse de ClĂ©ment Jeanneau et Alexandre Stachtchenko publiĂ©e aujourd’hui dans L’Express :

« C’était il y a un an : Facebook annonçait en grande pompe le lancement Ă  venir de Libra, son projet de monnaie numĂ©rique fondĂ©e sur un panier de devises traditionnelles. L’ambition Ă©tait immense : imposer Libra comme la monnaie de rĂ©fĂ©rence dans l’espace numĂ©rique – autrement dit dans ce qui constitue l’économie de demain et de plus en plus d’aujourd’hui.

Douze mois plus tard, la tonalitĂ© est toute autre. Mark Zuckerberg, parfois prĂ©sentĂ© comme le dirigeant d’un proto-Etat en puissance, a dĂ» revoir sa copie : avant de viser la rĂ©volution monĂ©taire, il s’attellera d’abord plus modestement Ă  faire naĂźtre diffĂ©rentes monnaies numĂ©riques fondĂ©es sur leurs Ă©quivalents physiques : e-euro, e-dollar, etc.

Plusieurs leçons peuvent dĂ©jĂ  ĂȘtre tirĂ©es.

La premiĂšre tient Ă  l’écart spectaculaire entre l’annonce tonitruante du dĂ©part et la confrontation Ă  la rĂ©alitĂ©. Beaucoup voyaient dans Libra le parachĂšvement de la domination des GAFA sur les Etats. Ici, les Etats, les vrais, ont gagnĂ© la bataille – et probablement avant tout les Etats-Unis.

La mĂȘme remarque vaut pour Telegram. En 2017, l’application de messagerie aux 400 millions d’utilisateurs avait fait, elle aussi, une entrĂ©e fracassante dans l’univers des cryptomonnaies, qu’elle voulait rĂ©volutionner de fond en comble. Telegram projetait de crĂ©er un systĂšme de paiement alternatif Ă  Visa et Mastercard et une multitude d’applications dĂ©centralisĂ©es vouĂ©es Ă  devenir leaders dans leur domaine.

Trois ans et une levĂ©e de fonds de 1,7 milliards de dollars (!) plus tard, l’ampleur de la chute est Ă  la hauteur de l’ambition du projet : celui-ci ne verra en rĂ©alitĂ© jamais le jour, en raison d’un imbroglio juridique qui aura traĂźnĂ© en longueur jusqu’au couperet final. C’est le plus grand Ă©chec de l’histoire – jeune mais dĂ©jĂ  mouvementĂ©e – des cryptomonnaies.

Les exemples de Facebook et de Telegram sont emblĂ©matiques. LĂ  oĂč les deux gĂ©ants avaient fait de la technologie le moteur de leur initiative, la rĂ©alitĂ© est venue rappeler qu’en matiĂšre monĂ©taire, le dĂ©fi est avant tout rĂ©glementaire et politique. En venant s’attaquer Ă  la souverainetĂ© des Etats, Facebook a franchi une ligne rouge. PlutĂŽt que le passage en force, Mark Zuckerberg a prĂ©fĂ©rĂ© reculer.

Pour un groupe valorisĂ© 236 milliards de dollars, qui n’est plus depuis longtemps une startup prĂȘte Ă  prendre tous les risques, ce choix Ă©tait logique. Mais en creux, cet Ă©chec et celui de Telegram viennent valoriser ce qui constitue encore aujourd’hui la seule monnaie numĂ©rique mondiale de rĂ©fĂ©rence : le bitcoin, lancĂ© en 2009 par un anonyme sans demande d’autorisation prĂ©alable.

MalgrĂ© ses limites, suffisamment dĂ©crites par ailleurs, cet ovni monĂ©taire poursuit ses avancĂ©es depuis plus d’une dĂ©cennie sans discontinuer, comme un pied de nez aux multiples Ă©conomistes qui n’ont cessĂ© d’annoncer sa mort imminente et qui n’ont, en vĂ©ritĂ©, jamais acceptĂ© de prendre au sĂ©rieux les cryptomonnaies
jusqu’à aujourd’hui.

C’est lĂ  l’ironie de la situation actuelle : il aura fallu la menace du Libra pour que le sujet des cryptomonnaies, sur la table depuis des annĂ©es, soient enfin pris au sĂ©rieux par les plus grands experts et les institutions les plus prestigieuses, Ă  commencer par les banques centrales. A posteriori, l’impact le plus fort du Libra tiendra peut-ĂȘtre Ă  ce rĂŽle d’accĂ©lĂ©rateur des mentalitĂ©s.

Depuis un an, les rapports s’enchaĂźnent sur ce qui est pudiquement dĂ©signĂ© comme « actifs numĂ©riques ». Une notion en particulier suscite les dĂ©bats : les « stablecoins », ces cryptomonnaies indexĂ©es le plus souvent Ă  des monnaies traditionnelles. Les stablecoins apparaissent, pour les acteurs traditionnels, comme une façon de mettre un pied dans ce monde mystĂ©rieux des actifs numĂ©riques tout en restant arrimĂ©s Ă  leur champ de connaissances – une sorte d’« en mĂȘme temps » adaptĂ© Ă  ce nouvel univers.

Ce faisant, les cryptomonnaies, si peu considĂ©rĂ©es jusqu’ici, ont gagnĂ© en lĂ©gitimitĂ©. Bien sĂ»r, elles restent regardĂ©es avec mĂ©fiance. Mais l’évolution est notable. Il est tout sauf anodin, entre autres exemples, que JP Morgan, dont le PDG dĂ©signait bitcoin comme une « fraude » en 2017, ait dĂ©cidĂ© cette annĂ©e d’étendre ses services bancaires aux plateformes d’échanges de cryptomonnaies. D’innovations Ă  Ă©touffer, celles-ci reprĂ©sentent maintenant la nouvelle donne Ă  laquelle il faut s’adapter.

A quoi s’attendre pour la suite ? Suite au recul de Facebook, les Etats auraient tort de croire que la guerre est gagnĂ©e. En rĂ©alitĂ©, il ne s’agissait que du premier acte. L’erreur serait de se centrer uniquement sur la numĂ©risation des processus monĂ©taires existants sans percevoir qu’il ne s’agit lĂ  que d’innovation incrĂ©mentale, insuffisante face l’innovation de rupture qui frappe Ă  notre porte.

Par innovation de rupture, il faut notamment comprendre cette capacitĂ© inĂ©dite Ă  rendre les actifs financiers programmables, interopĂ©rables, et ouverts Ă  tous. C’est la proposition de valeur d’une plateforme comme Ethereum, dont l’attractivitĂ© ne cesse de grandir. Un brevet pour un dollar digital utilisant Ethereum a du reste Ă©tĂ© dĂ©posĂ© rĂ©cemment par
Visa.

Le parallĂšle entre les Ă©checs de Libra et de Telegram d’une part, et l’attractivitĂ© de Bitcoin et d’Ethereum d’autre part, devraient inciter les acteurs existants Ă  plus d’humilitĂ© face Ă  la crypto-Ă©conomie. Facebook semble l’avoir compris. Si l’entreprise a reculĂ©, c’est pour mieux revenir demain. Elle vient de placer Ă  la tĂȘte de Libra un expert de la rĂ©glementation, ex-directeur juridique de HSBC passĂ© par le TrĂ©sor amĂ©ricain. Quant au cofondateur de Libra, David Marcus, il ne cesse d’insister dans ses interviews sur l’argent programmable.

Une immense vague d’innovations est en prĂ©paration. Elle pourrait demain bousculer un monde financier et monĂ©taire qui n’a pas encore connu de transformation numĂ©rique de rupture. Les banques centrales, qui ont ici l’opportunitĂ© de retisser un lien avec le citoyen qu’elles avaient en partie perdu au profit des banques commerciales, seraient mal avisĂ©es de faire la sourde oreille. Et Ă  l’heure oĂč l’on reparle de souverainetĂ©, en toile de fond se profile une question fondamentale, qui devrait importer Ă  tout citoyen : celle de savoir si l’euro programmable de demain sera pilotĂ© par un acteur public
ou par un gĂ©ant privĂ©. »

IdentitĂ©s numĂ©riques : le CNNum soutient l’usage des ZKP

June 16th 2020 at 16:15

Le Conseil National du NumĂ©rique a publiĂ© lundi la synthĂšse de ses travaux sur les « identitĂ©s numĂ©riques » comme « clĂ©s de voĂ»te de la citoyennetĂ© numĂ©rique ». Le groupe de travail, composĂ© de Karine Dognin-Sauze, Mohammed Boumediane, Jean-Michel Mis, Gilles Babinet, Olivier Clatz et GaĂ«l Duval, a conduit ses travaux de janvier 2019 Ă  mars 2020 et a prĂ©sentĂ© son rapport Ă  CĂ©dric O, SecrĂ©taire d’Etat chargĂ© du numĂ©rique.

Nous relevons avec intĂ©rĂȘt que le CNNum plaide pour « offrir des moyens de vĂ©rification d’informations sans diffusion des donnĂ©es d’identitĂ© des citoyens Ă  travers des solutions s’appuyant sur le zero knowledge proof » (ZKP).

Les ZKP sont effectivement trĂšs prometteuses dans le cadre de l’identitĂ© numĂ©rique : c’est le sens de nos travaux de R&D sur le sujet, entamĂ©s l’an dernier et prĂ©sentĂ©s dans notre synthĂšse intitulĂ©e « Vers une identitĂ© numĂ©rique private by design ».

Le sujet est particuliĂšrement d’actualitĂ© avec le dĂ©bat autour du contrĂŽle de l’ñge concernant les sites pour adultes, qui a Ă©tĂ© approuvĂ© par l’AssemblĂ©e nationale et le SĂ©nat. La question de la mĂ©thode de vĂ©rification de l’ñge peut se prĂȘter Ă  l’exploration des ZKP.

L’exemple britannique a montrĂ© que cette volontĂ© de contrĂŽler l’ñge des visiteurs des sites pornographiques est condamnĂ©e Ă  rester un vƓu pieux tant qu’elle n’est pas accompagnĂ©e d’une solution technique crĂ©dible pour prĂ©server la confidentialitĂ© des internautes. Les ZKP, couplĂ©es aux technologies blockchain, pourraient rĂ©pondre Ă  ce problĂšme : Ă  tout le moins, elles mĂ©riteraient d’ĂȘtre Ă©tudiĂ©es et testĂ©es comme solution potentielle.

Nous sommes donc heureux de constater que les rĂ©flexions autour de l’usage des ZKP pour l’identitĂ© essaiment, et espĂ©rons pouvoir approfondir et mettre en pratique ces travaux au cours des prochains mois, comme nous avons commencĂ© Ă  le faire avec certains acteurs publics. Nous sommes Ă  disposition pour avancer sur le sujet.

***

Ci-dessous, retrouvez le passage entier du rapport du CNNum sur l’usage des ZKP pour l’identitĂ© numĂ©rique (page 89 du document) :

« Afin que l’identitĂ© numĂ©rique rĂ©ponde aux besoins des citoyens en termes de protection de la vie privĂ©e, et pour qu’elle puisse faire Ă©merger des nouveaux usages respectueux, celle-ci doit pouvoir offrir des moyens de vĂ©rification d’information sans une diffusion complĂšte des donnĂ©es d’identitĂ© des citoyens Ă  travers des solutions s’appuyant sur le zero knowledge proof (ZKP, en français : preuve Ă  divulgation nulle de connaissance). Il s’agit d’un prĂ©requis pour rĂ©pondre au principe de proportionnalitĂ© et Ă  l’idĂ©e de frugalitĂ© des donnĂ©es.

En effet, le choix d’inclure ce type de technologies dans l’identitĂ© numĂ©rique permettrait d’amĂ©liorer le rapport de confiance qu’ont les individus Ă  l’identitĂ© numĂ©rique, rĂ©pondant aux craintes de surveillance et au nĂ©cessaire besoin d’espace de vie privĂ©e. CombinĂ© Ă  une CNIe, l’utilisation du ZKP permettrait aux usagers d’accĂ©der Ă  certains services sans avoir Ă  donner l’ensemble de leur identitĂ©, qui est une information non pertinente pour l’usage visĂ©. Par exemple, obtenir des tarif d’accĂšs prĂ©fĂ©rentiels aux Ă©quipements sportifs pour les habitants d’une collectivitĂ© locale sans avoir Ă  rĂ©vĂ©ler l’ensemble de leurs donnĂ©es d’identitĂ©. »

Vidéo : à la découverte de la DeFi

June 14th 2020 at 16:20

A la découverte de la « decentralized finance », dite DeFi : découvrez la vidéo de notre consultant Albert Dessaint réalisée avec Cryptoast :

Pour approfondir ces enjeux, retrouvez aussi notre site dédié à la DeFi et notre étude Open Finance.

VidĂ©o : comprendre l’Internet de la valeur en 10mn

May 4th 2020 at 14:28

Albert Dessaint, analyste et consultant chez Blockchain Partner, a rĂ©alisĂ© une vidĂ©o pĂ©dagogique de 10mn sur l’Internet de la valeur, en partenariat avec le site Cryptoast.

Retrouvez cette vidéo ci-dessous :

[Blockchain Business Cases] Une application en production pour l’énergie verte

April 28th 2020 at 15:09

Suite de notre série de Business Cases autour des blockchains et cryptoactifs : nous présentons une succession de projets réalisés par notre équipe pour des organisations de différents secteurs.

1er volet (9 octobre) : AR24 – La blockchain Tezos au service du KYC

2e volet (7 novembre) : Unchain Immo – La blockchain utilisĂ©e en pratique dans l’immobilier

3e volet (10 dĂ©cembre) : RCI Bank and Services (Groupe Renault) – Les ZKP pour anonymiser et exploiter les donnĂ©es de vĂ©hicules

4e volet (13 janvier) : Scenso.TV – La blockchain au service du spectacle vivant en VOD

5e volet (4e fĂ©vrier) : MarchĂ© du Film du Festival de Cannes – Plus de transparence dans l’industrie du cinĂ©ma

6e volet (aujourd’hui) : La blockchain au service de la traçabilitĂ© de l’énergie verte et locale

Le contexte

Qui ?

Sun’R est un acteur historique de la production d’électricitĂ© renouvelable photovoltaĂŻque en France.

En 2019, Sun’R a lancĂ© une nouvelle filiale, intitulĂ©e Volterres, en s’associant Ă  d’autres producteurs indĂ©pendants. Volterres est un fournisseur d’électricitĂ© qui propose une « offre de fourniture rĂ©ellement verte, dont le systĂšme de traçabilitĂ© va au-delĂ  des garanties d’origine » (standard visant Ă  labelliser la production d’électricitĂ© afin de montrer au client final qu’une quantitĂ© dĂ©terminĂ©e d’électricitĂ© est d’origine renouvelable).

Pourquoi ?

L’entreprise explique dans une courte vidĂ©o pĂ©dagogique les limites des offres vertes actuelles :

« Les offres vertes actuelles ne considĂšrent pas les Ă©quilibres production-consommation en temps rĂ©el. Elles assurent seulement que le fournisseur a injectĂ© ou injectera dans la mĂȘme annĂ©e sur le rĂ©seau europĂ©en une quantitĂ© d’électricitĂ© d’origine renouvelable Ă©quivalente Ă  la consommation de ses clients. Un client peut donc consommer de l’électricitĂ© non-renouvelable en ayant souscrit Ă  ces offres vertes. Par consĂ©quent les offres vertes actuelles procurent une vision opaque et irrĂ©aliste ».

Quelle proposition de valeur ?

La promesse de Volterres est de proposer une traçabilitĂ© de l’énergie consommĂ©e nettement plus fine qu’avec les garanties d’origine, prenant en compte les variations de production des Ă©nergies renouvelables et vĂ©rifiable par chacun.

Pour ce faire, Volterres a créé un systÚme innovant appelé R.E.D.S (Renewable Energy Digit System).
R.E.D.S permet de garantir la provenance gĂ©ographique et le type d’électricitĂ© rĂ©ellement consommĂ©e, demi-heure par demi-heure.

Le consommateur peut ainsi notamment choisir de quelles centrales renouvelables proviendra prioritairement l’électricitĂ© qu’il consomme.



Le besoin

Le systùme innovant de Volterres repose sur un algorithme d’affectation.

L’un des enjeux de Volterres Ă©tait de pouvoir garantir au maximum l’honnĂȘtetĂ© de l’algorithme, sans avoir Ă  rĂ©vĂ©ler l’algorithme lui-mĂȘme (qui fait partie de la propriĂ©tĂ© intellectuelle de Volterres), afin de prouver in fine la rĂ©alitĂ© des affectations (consommations/productions).

Deux façons d’auditer l’algorithme Ă©taient possibles : de façon centralisĂ©e, en faisant appel Ă  un tiers de confiance, ou de façon dĂ©centralisĂ©e en s’appuyant sur la communautĂ© des producteurs et consommateurs. Cette seconde option a Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©e : elle permet d’assurer la validitĂ© de la solution publiĂ©e plutĂŽt que celle de l’algorithme. Cela Ă©vite de faire un audit complet du systĂšme et de le refaire Ă  chaque Ă©volution du SI. Elle est Ă©galement plus en phase avec les valeurs portĂ©es par Volterres autour de la dĂ©centralisation et du local, et permet aux utilisateurs de vĂ©rifier eux-mĂȘmes, directement, l’exĂ©cution correcte de l’algorithme, sans dĂ©lĂ©guer ce pouvoir Ă  un auditeur externe.

Volterres a fait appel Ă  Blockchain Partner pour permettre aux producteurs et consommateurs d’auditer les rĂ©sultats de l’algorithme, sans devoir rĂ©vĂ©ler l’algorithme lui-mĂȘme, tout en respectant plusieurs conditions essentielles :
-Une capacité de fonctionner à grande échelle dÚs le départ ;
-Le respect de la confidentialité des données de production et de consommation ;
-Une empreinte énergétique trÚs réduite par rapport au volume certifié, tout en garantissant une forte sécurité du systÚme.

Notre travail

Nous avons d’abord rĂ©alisĂ© une phase de conception, en partenariat avec le cabinet ISlean consulting et en Ă©troite collaboration avec les ingĂ©nieurs de Sun’R, pour identifier une solution capable de rĂ©pondre Ă  l’ensemble de ces besoins.

La solution que nous avons identifiĂ©e et construite, et qui a ensuite fait l’objet d’un dĂ©pĂŽt de brevet par Volterres, repose d’abord sur la mise en place d’un fichier d’affectation : tous les jours, Volterres constitue un fichier contenant l’ensemble des affectations d’énergie de ses clients producteurs vers ses clients consommateurs. Ce fichier contient les productions de tous les producteurs du rĂ©seau et les consommations de tous les consommateurs du rĂ©seau.

Ce fichier est mis Ă  disposition des clients de Volterres pour qu’ils puissent vĂ©rifier de maniĂšre indĂ©pendante que les informations affichĂ©es sur leur portail client sont vĂ©ridiques.

En outre, pour assurer la confidentialitĂ© des informations, nous avons chiffrĂ© ce fichier (double chiffrement). Chaque producteur et chaque consommateur dispose de sa propre clef pour dĂ©verrouiller sa propre ligne ou colonne (en pratique, il leur suffit de saisir un mot de passe). Ainsi, les informations transmises par Volterres peuvent ĂȘtre contrĂŽlĂ©es Ă  tout moment par ses clients.

Enfin, afin de s’assurer que l’ensemble des acteurs utilisent le mĂȘme fichier, nous avons choisi d’utiliser la blockchain Ethereum (publique) en tant que registre, en construisant un module de certification. ConcrĂštement, Volterres inscrit Ă  intervalle rĂ©gulier l’empreinte du fichier d’affectation sur Ethereum, afin de garantir notamment son unicitĂ© et son origine.

Ainsi, les clients peuvent comparer les informations affichĂ©es sur leur portail client avec le fichier d’affectation en ayant la certitude que Volterres n’en a pas crĂ©Ă© un « sur mesure » pour eux et que les donnĂ©es ne sont donc pas falsifiĂ©es. Ce systĂšme permet par exemple de vĂ©rifier que Volterres ne vend pas la mĂȘme Ă©lectricitĂ© verte Ă  deux clients diffĂ©rents.
Remarques conclusives :

–Ce systĂšme est fonctionnel et utilisĂ© depuis 2019.

-Pour rĂ©sumer notre travail, aprĂšs la phase de conception, nous avons construit : le module de gĂ©nĂ©ration des fichiers d’affectation ; l’interface qui permet aux producteurs et consommateurs de vĂ©rifier que les informations du fichier correspondent Ă  celles de leur portail client ; le module qui permet de gĂ©nĂ©rer et distribuer les clefs de chiffrement aux consommateurs et producteurs, et d’effectuer le double chiffrement et le dĂ©chiffrement ; et le module de certification sur Ethereum.

-Comme on le voit, la blockchain est ici une brique d’un dispositif plus global, ce qui correspond bien Ă  notre vision de cette technologie qui n’est pas une « baguette magique » mais une rĂ©ponse pouvant ĂȘtre pertinente dans certains cas spĂ©cifiques, dans le cadre de projets plus globaux.

-Voir Ă©galement la vidĂ©o de prĂ©sentation de la solution sur le site d’ISlean Consulting avec qui nous avons travaillĂ© main dans la main sur ce projet

____

Cliquez ici pour ĂȘtre alertĂ©(e) par mail des prochains Blockchain Business Cases :

Une entreprise américaine lance le premier plan de retraite Bitcoin (BTC)

November 24th 2020 at 15:30

La sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Digital Asset Investment Management (DAiM) a annoncĂ© le lancement d’un plan de retraite Bitcoin (BTC) sponsorisĂ© par les employeurs aux États-Unis.

L’article Une entreprise amĂ©ricaine lance le premier plan de retraite Bitcoin (BTC) est apparu en premier sur Cryptoast.

Ethereum 2.0 valide avec succÚs la mise en place de son réseau Proof of Stake

November 24th 2020 at 13:00
By: Hugh B.
Ethereum 2.0 valide son lancement

Les choses vont trĂšs vite dans le domaine des cryptomonnaies. Une rĂ©alitĂ© qui se vĂ©rifie sans cesse et qui vient une nouvelle fois d’ĂȘtre confirmĂ©e. Cela dans le cadre de la mise en place du rĂ©seau Proof of Stake (PoS) d’Ethereum 2.0. La premiĂšre Ă©tape de son lancement en forme de test Ă  l’attention de [
]

L’article Ethereum 2.0 valide avec succĂšs la mise en place de son rĂ©seau Proof of Stake est apparu en premier sur CryptoActu.

Ethereum 2.0 - Lancement confirmé le 1er décembre aprÚs une augmentation rapide des dépÎts

November 24th 2020 at 11:53

Comme prévu initialement, le lancement de la beacon chain d'Ethereum 2.0 a été confirmé pour le 1er décembre. Conséquence d'une rapide hausse de l'engagement dans le staking d'ETH, tous les prérequis ont été remplis et la participation de la crypto-communauté continue.

L’article Ethereum 2.0 - Lancement confirmĂ© le 1er dĂ©cembre aprĂšs une augmentation rapide des dĂ©pĂŽts est apparu en premier sur Cryptoast.

Le Bitcoin (BTC) s'invite sur la Une du Wall Street Journal

November 24th 2020 at 10:00

La presse grand public s’était montrĂ©e peu intĂ©ressĂ©e par le nouveau bull run du Bitcoin (BTC), qui a frĂŽlĂ© son record historique ces derniers jours. Mais cela serait-il en train de changer ? Le Wall Street Journal s’est en effet distinguĂ© en affichant la cryptomonnaie sur sa Une d’hier.

L’article Le Bitcoin (BTC) s'invite sur la Une du Wall Street Journal est apparu en premier sur Cryptoast.

❌