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Investir dans l'ETF AWAT analyse ichimoku

Investir dans l'ETF Awat. Analyse ichimoku. Dans un portefeuille de moyen long terme il est possible d'investir en ETF . Certaines personnes n'investissent que dans l'ETF WORLD par exemple. D'autres personnes créent leur propre exposition mondiale en investissant dans des ETF SP00, Russell, Japon (TOPIX), stoxx 600 et un peu d'émergents. Il est aussi possible d'y ajouter quelques ETF thématiques ...

Les vidéos ichimoku en direct "a l'arrache"

Mes vidéos d'analyse ichimoku "a l'arrache"  Depuis que j'ai découvert que je pouvais faire des vidéos en direct depuis ma chaßne YouTube ichimoku cela me laisse plusieurs possibilités. - Les revues de marché traditionnelles que je prévois plusieurs jours à l'avance et qui me laissent le temps de vous prévenir bien en amont de la date heure et ...

Comprendre ichimoku revue de marché actions

Dans ce nouvel article sur mon blog consacrĂ© Ă  l'ichimoku kinko hyo et aux chandeliers japonais je vous propose de suivre mes derniĂšres vidĂ©os d'analyses techniques ichimoku. Ces vidĂ©os d'analyses vous permettront Ă  la fois de mieux comprendre ichimoku et de peut ĂȘtre dĂ©celer des plans de trading ou d'investissement sur le marchĂ© des actions, mais aussi du Forex, ...

Comment le Bitcoin a BouleversĂ© le SystĂšme Financier : Un Aperçu des Implications Économiques et Technologiques

June 6th 2023 at 17:37
By: Daniel
Le Bitcoin est une technologie rĂ©volutionnaire qui a bouleversĂ© le systĂšme financier. Cette monnaie virtuelle a rĂ©volutionnĂ© le monde de la finance et a ouvert la voie Ă  une nouvelle Ăšre de transactions numĂ©riques sĂ©curisĂ©es et dĂ©centralisĂ©es. Depuis son lancement en 2009, le Bitcoin a connu une croissance exponentielle et a suscitĂ© un intĂ©rĂȘt sans [
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Trading ichimoku en temps réel

Ces derniers mois, qu'il s'agisse de day trading, de trading de trÚs court terme, de swing trading ou d'investissement  j'annonçais la plupart de mes prises de positions en temps réel soit sur twitter, soit lors de mes revues de marché en live, soit sur facebook. Suite à plusieurs demandes j'ai réactivé mon journal de trading sur notre forum ichimoku. J'y annonce ...

Le CAC 40 éclairé par l'ichimoku

Analyse technique du CAC 40 avec Ichimoku Kinko Hyo  Cette analyse n'engage que moi et n'est pas un conseil en quoi que se soit  Ce matin en balayant mes graphiques à la recherche de plans de trading intraday je tombe sur le graphique H1 du CAC 40 . La configuration attire immédiatement mon attention . Je m'interroge: Cette belle pénétrante accompagnée de forts volumes se formant juste ...

140 - Sur le Software de David Golumbia

May 28th 2023 at 16:40

La sortie du livre No Crypto de Nastasia Hadjadji (dont j'ai rendu compte ici) a remis en selle, dans les controverses entre bitcoineurs, le livre de David Golumbia The Politics of Bitcoin : Software As Right-Wing Extremism.

M'Ă©tant d'abord contentĂ© de rapporter les comptes-rendus expĂ©ditifs qui m'en avaient Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s, j'ai pensĂ© qu'Ă  dĂ©faut de m'infliger la lecture et le compte-rendu d'un nouvel ouvrage assimilant la crypto Ă  l'extrĂȘme-droite, je pourrais prĂ©senter ici un compte-rendu rĂ©digĂ© Ă  l'Ă©poque de sa publication, soit en 2017, par un Ă©conomiste qui a produit de nombreux articles sur Bitcoin.

L'analyse qu'en avait fait William Luther, Associate Professor of Economics Ă  la Florida Atlantic University et Director, Sound Money Project Ă  l’American Institute for Economic Research m'a paru intĂ©ressante Ă  plus d'un titre, et devrait ĂȘtre mĂ©ditĂ©e tant sur l'aile gauche de la bataille – oĂč l'on pousse des cris d'orfraie bien mal inspirĂ©s – que sur l'aille droite oĂč l'on en voit qui semblent vouloir tout faire pour donner raison Ă  leurs dĂ©tracteurs.

L'original est en ligne, on trouvera ci-dessous sa traduction.

. . . . . . . . . .

Beaucoup de gens considÚrent le bitcoin comme un bout de code intelligent, un mécanisme de paiement alternatif ou une preuve de concept pour la technologie blockchain sous-jacente.

David Golumbia, lui, y voit de l'extrĂ©misme d'extrĂȘme-droite. Dans son nouveau livre, The Politics of Bitcoin, Golumbia affirme que Bitcoin a Ă©tĂ© conçu pour « satisfaire des besoins qui n'ont de sens que dans le contexte de la politique de droite » (p. 12) ; que « les enthousiastes de Bitcoin reprennent presque mot pour mot des textes d'Ă©crivains (d'extrĂȘme droite) » (p. 21) ; et qu'en tant que tel, « Bitcoin sert (...) Ă  rĂ©pandre et Ă  enraciner solidement » l'idĂ©ologie d'extrĂȘme droite (p. 25).

En tant qu'Ă©conomiste monĂ©taire, je suis d'accord avec une grande partie de ce qu'Ă©crit Golumbia. Il dĂ©nonce Ă  juste titre « le populisme raciste et l'opposition conspiratrice envers la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale » (p.19). MalgrĂ© les origines sur l'Ăźle au nom inquiĂ©tant de Jekyll de la Fed, il ne s'agit pas d'un groupe occulte qui profiterait aux juifs et aux familles de banquiers anglais au dĂ©triment de tous les autres. Golumbia a raison de dĂ©crire la frĂ©quente Ă©vocation de la perte de pouvoir d'achat du dollar depuis l'origine de la Fed comme un rĂ©cit « extrĂȘmement trompeur, car ne tenant pas compte de facteurs essentiels tels que les taux de salaire, le taux d'intĂ©rĂȘt sur l'Ă©pargne et le taux de change, ainsi que de la possibilitĂ© d'investir ce dollar sur les marchĂ©s financiers ou dans l'industrie » (p. 16). Dans la mesure oĂč les enthousiastes de Bitcoin perpĂ©tuent ces points de vue, ce sont des imbĂ©ciles. Mais l'idĂ©e gĂ©nĂ©rale avancĂ©e par Golumbia, Ă  savoir que Bitcoin est un produit d'extrĂȘme-droite, s'effondre dĂšs que l'on en gratte un peu la surface.

Tout d'abord, l'idĂ©e qu'il existe une idĂ©ologie de droite uniforme est presque certainement erronĂ©e. La gauche et la droite amĂ©ricaines modernes sont des coalitions. Toutes deux se composent de nombreuses Ă©coles de pensĂ©e politique distinctes, mĂȘme si elles chevauchent. Et, bien que les membres d'une mĂȘme coalition partagent des penseurs historiques communs, il n'est pas rare que certains membres de la gauche partagent Ă©galement des penseurs historiques avec certains membres de la droite. En d'autres termes, il n'existe pas d'idĂ©ologie uniforme de droite ou de gauche et les ensembles d'idĂ©ologies de droite et de gauche se chevauchent.

L'une des principales factions de la gauche amĂ©ricaine moderne, par exemple, peut avoir des racines qui vont jusqu’aux progressistes de la fin du 19Ăšme et du dĂ©but du 20Ăšme siĂšcle et jusqu’à des penseurs libĂ©raux tels que John Stuart Mill. Mais Mill n'en a pas moins exercĂ© une influence intellectuelle sur les libĂ©raux classiques du dĂ©but au milieu du 20Ăšme siĂšcle et sur les libertariens du milieu du 20Ăšme siĂšcle et du dĂ©but du 21Ăšme siĂšcle. Il est donc Ă©trange de se rĂ©fĂ©rer aux « principaux penseurs de droite tels que Friedrich August von Hayek », comme le fait Golumbia (p. 7). En effet, s'il est vrai que de nombreux membres de la droite amĂ©ricaine moderne citent Hayek en termes favorables, la philosophie politique de Hayek est fondamentalement en dĂ©saccord avec plusieurs idĂ©es de la droite.

En effet, Hayek se considĂ©rait comme un libĂ©ral, travaillant dans la tradition de Mill et d'autres. Il s'est prononcĂ© contre les lois criminalisant l'homosexualitĂ©, en faveur d'un revenu de base universel et, au cas oĂč il y aurait des doutes sur ses apprĂ©hensions Ă  l'Ă©gard de la droite, en faveur de l'Ă©galitĂ© des chances. Il a Ă©crit un essai intitulĂ© « Pourquoi je ne suis pas un conservateur ».

La simplification Ă  outrance construisant une idĂ©ologie unique de la droite conduit Ă  d'autres confusions, tant en ce qui concerne l'idĂ©ologie qu’en ce qui touche Ă  la qualitĂ© des arguments proposĂ©s par les diffĂ©rents penseurs. Voyez comment l’analyse de Golumbia sur Milton Friedman (pp. 17-19), un Ă©conomiste libĂ©ral classique trĂšs respectĂ©, laurĂ©at du prix Nobel de l'Ă©conomie, se trouve immĂ©diatement suivie d'une analyse d’Eustace Mullins (pp. 19-21), un nĂ©gationniste antisĂ©mite qui a popularisĂ© des thĂ©ories complotistes sur la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale. Cette juxtaposition suggĂšre que les deux points de vue seraient intimement liĂ©s. En rĂ©alitĂ©, Friedman a largement soutenu la banque centrale. Il comptait parmi les critiques les plus virulents de l'Ă©talon-or, citant son coĂ»t Ă©levĂ© en ressources naturelles et ses longues pĂ©riodes d'ajustement, et pensait qu'une banque centrale pourrait mieux attĂ©nuer les fluctuations macro-Ă©conomiques indĂ©sirables. Quoi que l'on pense des positions de Friedman, c'est faire preuve d'une grande ignorance ou ĂȘtre intentionnellement injuste que de suggĂ©rer qu'il Ă©tait un complice de Mullins. Friedman Ă©tait un Ă©conomiste sophistiquĂ©. Mullins Ă©tait un charlatan.

Ironiquement, c'est Golumbia - et non Friedman - dont la position se rapproche le plus de celle de Mullins. Il perpétue le mythe de la Fed en tant qu'institution privée et semble totalement ignorer son rÎle de régulateur :

 AprÚs tout, la Réserve fédérale, comme les extrémistes de droite ne se lassent pas de le rappeler, ne fait pas partie du gouvernement ; l'OSHA, l'EPA, la SEC et d'autres agences en font partie. La Fed n'a pas de pouvoir d'exécution direct, alors que les agences de régulation en ont généralement  (p. 37).

Or en vĂ©ritĂ©, la Fed est une institution publique. Les sept membres de son Conseil des Gouverneurs - dont le prĂ©sident et le vice-prĂ©sident - sont nommĂ©s par le PrĂ©sident des États-Unis et confirmĂ©s par le SĂ©nat. Le prĂ©sident est tenu, par la loi, de faire rapport au CongrĂšs deux fois par an sur les objectifs de la politique monĂ©taire de la Fed. La Fed remet la quasi-totalitĂ© de ses bĂ©nĂ©fices, ou seigneuriage, au TrĂ©sor. Et sa division de la supervision et de la rĂ©glementation bancaires supervise les holdings bancaires amĂ©ricaines, les organisations bancaires Ă©trangĂšres opĂ©rant aux Etats-Unis et les banques membres du SystĂšme de RĂ©serve FĂ©dĂ©rale. En effet, son rĂŽle de rĂ©gulateur s'est considĂ©rablement Ă©largi ces derniĂšres annĂ©es avec l'adoption de la loi Dodd-Frank qui l'a dĂ©signĂ©e comme l'autoritĂ© de rĂ©gulation responsable de la mise en Ɠuvre et de l'exĂ©cution des tests de rĂ©sistance prudentielle pour les banques. La Fed est peut-ĂȘtre une institution souhaitable. C’est peut-ĂȘtre une institution indĂ©sirable. Mais la Fed est, sans aucun doute, une institution publique.

La classification faite par Golumbia du monĂ©tarisme de Friedman comme Ă©tant d'extrĂȘme-droite est Ă©galement mal inspirĂ©e (p. 18). Le monĂ©tarisme n'est pas - et n'Ă©tait pas - une position d'extrĂȘme-droite. Il s'agissait, Ă  l'origine, des idĂ©es d'un Ă©conomiste progressiste de gauche nommĂ© Irving Fisher. À la suite de Fisher, Friedman a soutenu que (1) le taux d'intĂ©rĂȘt nominal Ă©tait la somme du taux d'intĂ©rĂȘt rĂ©el, tel qu'il est observĂ© sur le marchĂ© des fonds prĂ©tables, et du taux d'inflation attendu - une idĂ©e que Golumbia cite favorablement ailleurs dans le livre (p. 16) - et que (2) un taux de croissance de la monnaie plus Ă©levĂ©, ceteris paribus, entraĂźne un taux d'inflation plus Ă©levĂ©. Les (anciens) opposants keynĂ©siens Ă  Friedman soutenaient, Ă  l'Ă©poque, que les taux d'intĂ©rĂȘt nominaux Ă©taient dĂ©terminĂ©s par la prĂ©fĂ©rence pour la liquiditĂ© et que la banque centrale pouvait choisir n'importe quel taux d'inflation Ă  partir d'un choix de politiques pour atteindre le taux de chĂŽmage souhaitĂ©, tel que dĂ©crit par une courbe de Phillips Ă  long terme. Aujourd'hui, le point de vue standard des nĂ©o-keynĂ©siens - un point de vue partagĂ© par la plupart des Ă©conomistes de gauche et de droite - commence par reconnaĂźtre la validitĂ© approximative de la position de Fisher-Friedman Ă  long terme.

PlutĂŽt que de reconnaĂźtre le consensus qui s’est Ă©tabli autour de cette position de Fisher-Friedman, Golumbia attribue « aux prix Ă  la consommation, aux prix des matiĂšres premiĂšres et des actifs, Ă  la productivitĂ© et Ă  d'autres aspects du travail » le mĂ©rite d'ĂȘtre des causes plus « conventionnelles » de l'inflation (p. 22). Il est absurde de suggĂ©rer que les prix Ă  la consommation, ceux des marchandises et des actifs soient Ă  l'origine de l'inflation. L'inflation est dĂ©finie comme une augmentation de l'indice des prix. Elle ne peut donc pas ĂȘtre causĂ©e par une augmentation des prix. Une autre cause doit ĂȘtre Ă  l'origine de la hausse des prix observĂ©e (c'est-Ă -dire de l'inflation).

La confusion qui entoure l'explication de Golumbia sur le lien entre la croissance de la monnaie et l'inflation provient de la non-reconnaissance de la clause ceteris paribus mentionnĂ©e plus haut. Friedman comprenait certainement que les changements dans le taux de productivitĂ© et, par consĂ©quent, dans la croissance de la production, se traduiraient par une trajectoire plus ou moins Ă©levĂ©e des prix. Mais de tels changements, selon Friedman, auraient tendance Ă  ĂȘtre temporaires, c'est-Ă -dire qu'ils modifieraient le niveau des prix mais pas leur taux de croissance Ă  long terme (c'est-Ă -dire l'inflation). De la mĂȘme maniĂšre, Friedman savait que les changements dans la demande de dĂ©tention de monnaie auraient pour effet d'augmenter le taux d'inflation. Mais, comme il prenait en considĂ©ration des monnaies nationales bien Ă©tablies, avec de larges bases d'utilisateurs, il pensait que les changements dans la demande de monnaie seraient relativement faibles, en particulier si les autoritĂ©s monĂ©taires gĂ©raient l'offre de la maniĂšre la plus responsable possible.

Les erreurs prĂ©cĂ©demment mentionnĂ©es sont aggravĂ©es lorsque Golumbia se tourne vers Bitcoin. En dĂ©crivant le mĂ©canisme d'offre au cƓur de Bitcoin, il dĂ©clare que « les dĂ©veloppeurs pensent que le nombre total de piĂšces en circulation a un impact sur la valeur de la monnaie » (p. 29). Il a certainement raison de dire que ce point de vue « est un argument Ă©conomique plutĂŽt qu'informatique ». Mais il ne pourrait pas se tromper davantage qu’en la dĂ©crivant comme une position « avec laquelle peu d'Ă©conomistes sont d'accord ». Au contraire, c'est une position avec laquelle peu d'Ă©conomistes seraient en dĂ©saccord ! Certes, les Ă©conomistes reconnaissent aujourd'hui que des facteurs autres que l'offre affectent le pouvoir d'achat d'un bien. Et pour les crypto-monnaies naissantes comme le bitcoin, qui – contrairement aux monnaies nationales Ă©tablies considĂ©rĂ©es par Friedman – disposent d'un nombre d'utilisateurs relativement faible, les changements dans la demande de dĂ©tention et les changements correspondants dans le pouvoir d'achat peuvent ĂȘtre trĂšs importants. Mais reconnaĂźtre d'autres facteurs n'implique pas que l'offre de monnaie n'a pas d'importance. Elle l'est trĂšs certainement.

Golumbia dĂ©crit Ă  juste titre la volatilitĂ© de la valeur d'Ă©change du bitcoin comme son « obstacle fondamental et le plus intĂ©ressant » Ă  une large acceptation (p. 52). Et il a raison de rejeter les affirmations des dĂ©fenseurs de Bitcoin selon lesquelles la crypto-monnaie est « à l'abri de l'inflation » (p. 30). Mais il va trop loin en affirmant que cette volatilitĂ© empĂȘche le bitcoin d'ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une monnaie. Sa conclusion ne tient que si l'on confond la dĂ©finition de la monnaie (c'est-Ă -dire un moyen d'Ă©change communĂ©ment acceptĂ©) avec les fonctions courantes d'une monnaie (c'est-Ă -dire le moyen d'Ă©change, la rĂ©serve de valeur et l'unitĂ© de compte). De plus, cette dĂ©finition n'est pas le rĂ©sultat d'une redĂ©finition du terme monnaie par les dĂ©fenseurs du bitcoin qui feraient en sorte que seul le rĂŽle de moyen d'Ă©change compte, comme l'affirme Golumbia (p. 51). Il s'agit de la dĂ©finition standard proposĂ©e par les Ă©conomistes. ConsidĂ©rons, par exemple, la revue Money de la Federal Reserve Bank of Dallas (Everyday Economics, septembre 2013, p. 1), qui est utilisĂ©e pour enseigner aux Ă©lĂšves du secondaire, et qui est aussi un outil de travail pour les Ă©conomistes et qui commence par dĂ©finir l'argent comme « tout ce qui est largement acceptĂ© comme forme de paiement pour l’achat des biens et des services ou pour le remboursement des dettes », c'est-Ă -dire un moyen d'Ă©change communĂ©ment acceptĂ©. Ou encore, la Banque fĂ©dĂ©rale de rĂ©serve de Philadelphie, qui a publiĂ© un document intitulĂ© Functions and Characteristics of Money : A Lesson to Accompany The Federal Reserve and You (2013, p. 1), laquelle demande aux enseignants de collĂšge et de lycĂ©e de « 1) dĂ©finir l'argent comme tout ce qui est largement acceptĂ© comme paiement final pour les biens et les services. 2) expliquer comment la monnaie agit en tant que moyen d'Ă©change, unitĂ© de compte et rĂ©serve de valeur ». Distinguer la dĂ©finition de la monnaie de ses fonctions courantes n'est pas un complot infĂąme des crypto-anarchistes. C'est le point de vue conventionnel des Ă©conomistes monĂ©taires, repris par les institutions monĂ©taires nationales.

Dans la mesure oĂč il existe un complot infĂąme visant Ă  redĂ©finir la monnaie, il s'agit d'un complot fomentĂ© par Golumbia. Il affirme que « la majoritĂ© des experts en thĂ©orie Ă©conomique dĂ©finissent simplement l'argent comme une monnaie Ă©mise par un gouvernement souverain » (p. 54).

Ce point de vue, connu sous le nom de ThĂ©orie MonĂ©taire Moderne, n'est moderne ni dans le sens oĂč elle serait nouvelle, ni dans le sens oĂč elle serait largement partagĂ©e par les Ă©conomistes monĂ©taires aujourd'hui. La doctrine du chartalisme remonte Ă  Georg Friedrich Knapp, dont la ThĂ©orie de l'État de la monnaie a Ă©tĂ© publiĂ©e en allemand en 1905 et traduite en anglais en 1924.

Les partisans contemporains de la Théorie Monétaire dite moderne sont principalement regroupés dans quelques départements d'économie hétérodoxe (par exemple, l'Université du Missouri-Kansas City, dans le Bard College). On peut bien affirmer que la Théorie Monétaire Moderne est supérieure à l'approche standard, comme le font certains économistes hétérodoxes, mais ce n'est certainement pas l'approche standard, comme le suggÚre Golumbia.

Bitcoin est une technologie innovante qui permet aux utilisateurs de transfĂ©rer des crĂ©ances de valeur rapidement et en toute sĂ©curitĂ© sur internet, sans dĂ©pendre d'un tiers de confiance. Dans la mesure oĂč les gens de droite trouvent cette technologie souhaitable, elle peut bien ĂȘtre soutenue par une rhĂ©torique de droite ou utilisĂ©e pour promouvoir des objectifs de droite.

Mais pas exclusivement. Les gens de gauche peuvent soutenir Bitcoin avec leur propre rhĂ©torique et peuvent utiliser le bitcoin pour promouvoir leurs propres objectifs. L'affirmation de Golumbia, selon laquelle bitcoin est un logiciel d'extrĂȘme droite, ne tient pas la route. Elle dĂ©coule d'une comprĂ©hension superficielle de l'histoire des idĂ©es et de l'Ă©conomie moderne. Il reste Ă  voir si le bitcoin sera largement acceptĂ©. Il est presque certain que le point de vue de Golumbia ne le sera pas.

William Luther
CollĂšge Kenyon

139 - No crypto, dit-elle.

May 25th 2023 at 10:00

Le livre de Nastasia Hadjadji, annoncé sur les réseaux sociaux plusieurs jours avant sa sortie, y a immédiatement suscité des réactions pas toutes courtoises de la part des crypto bros. Il est vrai que l'autrice avait commis selon moi une maladresse : diffuser un mois à l'avance, pour teaser, des assertions sommaires de type top 5 des arguments . Ceci mÚne presque infailliblement à ouvrir les inutiles altercations avant l'utile lecture.

Inversement les premiĂšres rĂ©actions positives, comme celle de Pablo Rauzy, qui m'a Ă©lĂ©gamment bloquĂ© sur Twitter depuis, m'ont semblĂ© n'avoir goĂ»tĂ© de cet ouvrage que ses exagĂ©rations dangereusement simplificatrices. On trouvera en fin d'articles des liens vers quelques comptes-rendus du mĂȘme livre.

Je remercie Nastasia Hadjadji de m'avoir, sur ma demande, communiqué son texte pour me permettre de rédiger un compte-rendu critique que je voudrais raisonnable de son livre, dont j'ai repris tels quels les titres des chapitres. Les illustrations sont de mon fait et n'engagent évidemment que moi.

Il Ă©tait clair pour elle que je ne pourrais qu'avoir un oeil critique sur la plupart de ses thĂšses. Pour l'inciter Ă  parcourir mon prĂ©cĂ©dent billet, oĂč je disais refuser la transformation des Ă©vangiles autrichiens en  petit livre orange  de la Bitcoinie, je lui ai rappelĂ© ce que je reprochais Ă  ceux-ci :  Toute rĂ©serve voire toute critique n'est pas une erreur ou une ignorance, cela peut ĂȘtre un choix politique ou sociĂ©tal . Elle a notĂ© qu'il Ă©tait utile de le rappeler, cela vaut donc pour tout le monde et dans les deux sens.

L'introduction présente le pitch de Bitcoin sans rien cacher d'un contexte qui en 2008 lui donnait bien des attraits, mais réduit vite l'innovation technique à la  technologie baptisée blockchain .

On ne saurait reprocher ce raccourci Ă  une no-coiner quand tant de consultants prĂ©tendument spĂ©cialisĂ©s l'ont empruntĂ©... Comme tant d'autres, l'autrice voit bien la dĂ©centralisation des donnĂ©es, mais elle Ă©lude celle du consensus. On verra mĂȘme plus loin l'Ă©trange assertion selon laquelle le principe de confiance est  dilué  entre les acteurs du rĂ©seau. La technique n'occupe qu'une part modeste dans son livre : aprĂšs tout un objecteur de conscience n'a pas besoin de savoir dĂ©monter une mitraillette... Ceci posĂ©, l'ironie de l'autrice sur le fait que  n'importe quelle idĂ©e ou projet farfelu peut ĂȘtre financiarisĂ© sous forme de token  n'est pas faite pour me dĂ©plaire et la description du FOMO n'est que trop vraie.

TrÚs rapidement le vocabulaire et les références montrent cependant que l'information a été pour une part notable puisée chez les banquiers centraux. La suite de la lecture le confirmera.

Je ne compte pas me livrer au petit jeu consistant Ă  relever des imprĂ©cisions ( l’accumulation des nƓuds sur la blockchain ) ou des erreurs factuelles. Il y en a dans tous les livres (les miens compris). Je note simplement que beaucoup de choses sont Ă©crites ex-post :

  • En janvier 2009, le genesis block n'a pas portĂ© l'excitation des cypherpunks (ni de quiconque)  à son comble  ;
  • En dĂ©cembre 2010, quand Satoshi tire sa rĂ©vĂ©rence, son million de bitcoin ne vaut certainement pas 50 milliards d'euros ;
  • Les frĂšres Winklevoss n'ont pas investi trĂšs tĂŽt  mais en 2013 : aprĂšs certains membres du Cercle du Coin !
  • Les capital-risqueurs n'ont certes pas Ă©tĂ© parmi les premiers croyants. Une lecture rapide de l'AcĂ©phale aurait donnĂ© Ă  l'autrice une connaissance plus fine du mĂ©canisme d'adhĂ©sion des uns et des autres ;
  • Quant aux maximalistes, la mode des laser-eyes ne date pas non plus des origines.

Ces petites erreurs de datation n'ont guĂšre d'importance et pourraient ĂȘtre oubliĂ©es si elles n'instillaient l'idĂ©e d'un complot de early adopters pour s'en mettre plein les poches. Mais comme ce n'est pas le cƓur du propos de l'autrice, on peut passer outre.

On ne va pas contredire Nastasia Hadjadji quand elle soutient que les cryptomonnaies sont des objets politiques. Mais je ne dirais pas comme elle  avant d'ĂȘtre des objets techniques  : elles le sont en mĂȘme temps . Elle prĂ©vient que son analyse politique va ĂȘtre conduite en s'appuyant sur la Critical Internet Theory, une discipline des sciences sociales qui met en lumiĂšre les structures de pouvoir. Est-ce cela qui lui permet de dĂ©crire le secteur de la crypto comme s'abritant derriĂšre  un Ă©pais rideau de fumĂ©e  ? La fumĂ©e me semble moins dense ici que du cĂŽtĂ© des banques centrales, qui sont bien placĂ©es dans les structures de pouvoir... Quant Ă  affirmer que ce qui est obscurci c'est un  hĂ©ritage idĂ©ologique rĂ©trograde  cela consiste Ă  glisser la conclusion dĂšs l'introduction, ce qui n'est pas de la meilleure mĂ©thode. Disons que cela sent le pamphlet plus que l'enquĂȘte, et prĂȘte le flanc Ă  l'accusation de militantisme qui agace (inutilement d'ailleurs) l'autrice.

LE CULTE DE BITCOIN

Le premier chapitre se focalise sur la secte Bitcoin : des envoûtés ridicules au début, dangereux à la fin. Sur le réseau Twitter, Nastasia Hadjadji exploite assez lourdement ce filon religieux qui à mon sens mériterait mieux.

Que certains bitcoineurs américains usent d'un style ridiculement évangélique me semble surtout traduire le fait qu'ils sont... américains. Faire énoncer les travers des banques centrales ou de la monnaie fiat en reprenant leurs formulations les plus exaltées est un moyen biaisé de décrédibiliser la critique.

Une remise en cause des thĂšses Ă©cologiques qui se limiterait Ă  ridiculiser le culte de GaĂŻa et Ă  incriminer certains douteux traitements du cancer Ă  base d'herbes ne manquerait pas d'agacer l'autrice et ses amis.

Une critique des thĂšses communistes qui ressasserait des rĂ©fĂ©rences au Petit PĂšre des Peuples et Ă  l'avenir paradisiaque qui attendait l'humanitĂ© sous la dictature du prolĂ©tariat aurait la mĂȘme pertinence !

Quelque soit l'outrance religieuse (qui je le rĂ©pĂšte est typiquement amĂ©ricaine et ne me parait pas affecter particuliĂšrement les communautĂ©s francophones) il est absolument faux d'Ă©crire que  dans le culte de la crypto, l’accumulation de la richesse n’est pas le fruit du travail individuel ou collectif, mais bien le produit de l’adhĂ©sion Ă  un systĂšme de croyance censĂ© rĂ©tribuer les plus mĂ©ritants en leur offrant une rĂ©demption future dans un monde purgĂ© de ses vices . C'est faire peu de cas du travail des codeurs, pour ne citer qu'eux, et du dĂ©veloppement organique de l'Ă©cosystĂšme.

DYOR, dont l'autrice semble se moquer, s'inscrit bien dans une école dont le vrai mantra, au-delà des to the moon (souvent employés au second degré) reste dont trust, verify. Hodl n'est pas plus ridicule dans sa forme que la lutte finale et exprime sur le fonds une stratégie financiÚre bien plus raisonnable que mystique. Enfin il ne m'a jamais semblé que mes amis cryptos étaient plus isolés de  leurs systÚmes de solidarité primaires  que mes amis militants politiques.

La vĂ©ritĂ© est que, pour l'autrice, le fait religieux est sans doute perçu aussi nĂ©gativement que superficiellement. Car fondamentalement le Bitcoin peut bien ĂȘtre perçu et/ou dĂ©fini comme une religion. De nombreux bitcoineurs connaissent et admettent cette comparaison, sans se livrer pour autant Ă  des folklores sectaires. Moi-mĂȘme je considĂšre qu'il entre des facteurs religieux dans Bitcoin. Je considĂšre aussi, Ă  certains Ă©gards, le socialisme comme un avatar du messianisme judĂ©o-chrĂ©tien.

Et alors ? Ce sont (comme en ce qui concerne l'IA, par exemple) des grilles d'analyse, des spĂ©culations intellectuelles, nullement des arguments invalidant l'intĂ©rĂȘt de la chose Ă©tudiĂ©e. Pour ceux que cela intĂ©resse, je les renvoie Ă  ce que j'ai dit en 2021 dans le podcast Parlons Bitcoin, tant sur les apparences religieuses que sur la nature religieuse de Bitcoin.

Avec un ton parfois inutilement déplaisant, l'autrice avoue cependant que la crypto-sphÚre n'est pas toute-une, que l'on y rencontre aussi  des traders en costume trois-piÚces, des renégats de la finance traditionnelle mais aussi des hauts fonctionnaires qui se présentent comme les descendants des économistes autrichiens  mais aussi  des militants radicaux de la gauche alternative  et enfin des LGBTQI+ ou ... des pÚres et mÚres de famille, tous unis par l'idée de changer le monde et remettant en question un systÚme jugé à bout de souffle. On a envie de dire qu'une religion qui réunirait tant de gens différents aurait déjà gagné la partie !

La mise en cause de Pierre Person, dont le rapport (Ă  mon humble avis) Ă©tait loin d'ĂȘtre un chĂšque en blanc Ă  la crypto mais dont la mission d'information a permis d'initier des Ă©changes dans les deux sens, me parait bien dĂ©placĂ©e. Qu'un membre du Parlement possĂšde des cryptos, s'y intĂ©resse et le fasse savoir ne pĂšse pas lourd face aux dizaines de dĂ©putĂ©s anciens et futurs banquiers, au poids Ă©crasant de l'Ă©lite financiĂšre dans toute la technostructure de l'État (organismes rĂ©gulateurs compris) et au rĂŽle jugĂ©  naturel  des banquiers comme auteurs des divers rapports censĂ©s rĂ©former leur industrie opaque, prĂ©datrice et dangereuse.

La mise en cause de  crypto-enthousiastes Ă©voluant parfois au sein mĂȘme des administrations publiques  pour n'ĂȘtre pas nominative mĂ©rite donc la mĂȘme rĂ©serve : lesdites administrations sont d'une telle porositĂ© Ă  la banque que la prĂ©sence de deux ou trois bitcoineurs ne me paraĂźt pas dĂ©sĂ©quilibrer dangereusement le systĂšme.

À la fin du premier chapitre, on a toujours du mal Ă  comprendre comment tant de gens diffĂ©rents, que l'autrice baptise opportunistes, dĂ©fricheurs, idĂ©ologues fĂ©rus d'Ayn Rand, idĂ©alistes rĂȘvant de justice sociale, rĂ©voltĂ©s, mystiques peuvent se retrouver dans le mĂȘme panier, accusĂ©s du mĂȘme  culte des cryptos .

LES RACINES D'UNE E-DÉOLOGIE

AprÚs avoir laissé penser que les critiques contre le systÚme bancaire, quoique partiellement justifiées, relÚveraient d'un conspirationnisme animé par une haine sectaire du bien commun, l'autrice donne dans ce second chapitre l'impression que les soucis de privacy et la défense des libertés individuelles ne sont en regard que des caprices de geeks enclins à cacher leurs saletés. Ainsi le Patriot Act n'aurait inquiété qu'eux et le mot liberticide n'a pas été jugé nécessaire pour le présenter.

De la mĂȘme façon, on peut juger que les 22 lignes prĂ©sentant la crise de 2008 relĂšvent d'une forme d'euphĂ©misation voire de complaisance. On s'Ă©tonne mĂȘme de voir Occupy Wall Street et le mouvement des 99% expĂ©diĂ©s en 10 courtes lignes.

Ceci dit, la prĂ©sentation de l'Ă©mergence de Bitcoin Ă  partir des idĂ©es des cypherpunks est correcte et Ă©crite de façon plutĂŽt alerte. Et mĂȘme si le tableau du mariage entre la Big Finance et le Big Crypto n'est pas trop bien intentionnĂ©, j'aurais tendance Ă  y souscrire si les torts n'Ă©taient pas entiĂšrement attribuĂ©s aux magnats de la crypto. Il faut aussi rappeler qu'une corruption (FTX par exemple) est un dĂ©lit Ă  deux : une chose qu'il vaut mieux oublier quand on entend se faire le chantre de l'État comme garant du bien commun.

L'AGE D'OR DE L'ARNAQUE

L'autrice tire profit autant qu'elle le peut des arnaques montĂ©es avec des cryptos (arnaques qui sont parfois bien peu tech!) mais pour ce qui est vraiment  crypto  — comme Terra/LUNA et ce qui en dĂ©coule par effet domino – la rĂ©flexion qui attribue la faille Ă  un  choc de confiance dans un marchĂ© baissier  me parait un peu courte de son propre point de vue car cela ne diffĂ©rerait alors en rien de toutes les autres catastrophes financiĂšres

Il pourrait, selon moi, ĂȘtre notĂ© qu'une partie de la dangerositĂ© de l'Ă©cosystĂšme vient de sa porositĂ© Ă  la Big Finance (la dette, le levier, la recherche de rendements fous et un comportement de mouton de Panurge auquel les cryptos naĂŻfs tant raillĂ©s n'ont rien Ă  envier) et qu'une autre vient de l'agitation maladroite de rĂ©gulateurs qui ont le chic pour envoyer les investisseurs les moins formĂ©s vers les plateformes les moins rĂ©gulĂ©s (donc les plus cool Ă  l'entrĂ©e). Cette seconde critique est effleurĂ©e lorsqu'est Ă©voquĂ©e la complaisance des autoritĂ©s françaises pour Binance, mais, lĂ  encore, l'autrice ne peut enfoncer le clou car mettre en cause les rĂ©gulateurs nuirait Ă  son projet. On ne lui en voudra pas d'ignorer le psychodrame Recover chez Ledger, car il est survenu postĂ©rieurement : ça n'en est pas moins instructif : Ă©coutez Alexis Roussel sur le Live n°12 de Faune Radio !

Et c'est lĂ , aprĂšs moult rĂ©cits consacrĂ©s aux arnaques, que surgit la question de la valeur mĂȘme de Bitcoin : Ponzi, Greater Fool Theory et  Finance Casino , ce dernier poncif n'Ă©tant cependant pas mis Ă  profit pour aller voir ce qu'il en est des dĂ©penses de jeu des Français et de la tonte lĂ©gale opĂ©rĂ©e par ce vertueux systĂšme qui tire clairement sa rentabilitĂ© des joueurs compulsifs.

Poser la grande question de la valeur de Bitcoin ici, Ă  ce moment forcĂ©ment sordide du livre, c'est dĂ©jĂ  y rĂ©pondre de façon peu honnĂȘte. Toute la critique, cependant, est loin d'ĂȘtre vaine, mais elle me parait toucher plus durement les promesses du venture-capital que celles des cypherpunks. Et l'encadrement des influenceurs est loin de ne cibler que les crimes de la crypto...

A la longue, toutes les diatribes s'emmĂȘlent et ressemblent un peu Ă  ces sermons contre le pĂ©chĂ© qui finissent par questionner aussi sur le curĂ© et donner de mauvaises idĂ©es aux plus naĂŻfs.


LE DÉSASTRE ÉCOLOGIQUE

On ne s'attend pas vraiment ici Ă  une surprise dans la dĂ©nonciation du Proof of Waste qui commence par six pages de narration sur la petite ville de Navarro au Texas, oĂč s'organise une rĂ©sistance au minage. L'autrice cite ensuite, plus rapidement, les termes bien connus de la controverse, les arguments et contre-arguments et mĂȘme les imprĂ©cisions et les limites de la possibilitĂ© de chiffrer certaines choses comme le mix Ă©nergĂ©tique. Le lecteur crypto n'aura guĂšre de commotion Ă  trouver ici le  chercheur  de Digiconomist ou les comparaisons exprimĂ©es en transactions, mais il constatera une certaine modĂ©ration de l'autrice.

Il regrettera qu'elle n'ait pas trop songé à regarder ce qu'il en est de la consommation du systÚme bancaire mondial, récemment investiguée par Valuechain avec ses tonnes de paperasses, de béton, ses millions de bureaux, son trading et ses inefficiences diverses.

Sa description d'une industrie de type  parasitique  ne l'empĂȘche pas de confesser que l'aventure de SĂ©bastien Gouspillou au Congo est  sĂ©duisante , tout en accompagnant cette concession de rĂ©serves plus ou moins circonspectes.

CRYPTO-COLONIALISME ET INCLUSION PRÉDATRICE

C'est évidemment ici du Salvador qu'il s'agit. Si quelques mots malveillants émaillent le récit, le caractÚre autoritaire de la décision (dont il faut bien avouer que nombre de bitcoineurs se sont trop aisément accommodés) est assorti d'une accusation de colonialisme. Il entre ici (pardon pour la parabole religieuse) un petit cÎté paille-et-poutre : la gestion démocratique de notre propre systÚme et sa vassalité aux maßtres américains devraient inciter à plus de circonspection, surtout s'il faut concéder in fine que le président Bukele est toujours populaire.

On sait que le bilan de l'expĂ©rience, si tant est qu'il soit dĂ©jĂ  temps de l'Ă©tablir, est mitigĂ©. Chacun peut en conclure ce qui lui plait. Il est probable que l'autrice n'a fait que recopier des articles hostiles, qu'elle n'a pas mis les pieds dans ce pays lointain oĂč nombre de bitcoineurs français ont au contraire Ă©tĂ© prendre le pouls de l'opinion, des commerçants et des clients. Leurs propos (je pense Ă  ceux de Yorick de Mombynes ou Ă  ceux plus rĂ©cents de Rogzy et de Lionel Jeannerat) sont nuancĂ©s, critiques parfois, mais pas dĂ©faitistes ; ils auraient gagnĂ© Ă  ĂȘtre repris honnĂȘtement. Un  sondage  rĂ©alisĂ© par Bitcoin.fr sur Twitter en novembre 2021 au sujet du projet de  Bitcoin City  rĂ©vĂ©lait, sur un peu plus de 500 votants, de l'enthousiasme (48%) mais aussi un taux de scepticisme (30%) qui n'est pas le propre d'une secte de fanatiques. Un autre, plus rĂ©cent, montre aussi une dispersion plus grande que ce que l'autrice suppose

L'autrice se lance ensuite dans une description, inspirĂ©e des travaux du chercheur nĂ©o-zĂ©landais Olivier Jutel, des mĂ©faits de l'impĂ©rialisme des investisseurs cryptos (loups dĂ©guisĂ©s en agneaux prĂŽnant l'inclusion financiĂšre) dans divers pays perdus ou Ăźlots inconnus mais aussi auprĂšs de communautĂ©s historiquement subordonnĂ©es : femmes, minoritĂ©s de genre, populations racisĂ©es et travailleurs pauvres. À l'inclusion financiĂšre espĂ©rĂ©e, elle oppose la rĂ©alitĂ© d'une « inclusion prĂ©datrice » dĂ©crite par des chercheurs comme Tonantzin Carmona. Elle se garde au passage de trop situer celle-ci, qui Ɠuvre au sein du think tank Brookings, l'un des plus prestigieux de Washington : il compte d'ailleurs Ben Bernanke et Janet Yellen parmi ses membres... Deux pages plus loin, les arguments pour expliquer les raisons de la faible adoption de la crypto-monnaie sont puisĂ©s ... Ă  la BRI.

Nastasia Hadjadji reprend aussi les arguments de Molly White contre la prĂ©dation affinitaire qu'exercerait l'Ă©cosystĂšme Bitcoin pour nourrir son systĂšme pyramidal, parlant d'une fraude affinitaire , ce qui fait un peu sourire (quand on pense au pathos sur l'euro dont l'usage est censĂ© manifester notre adhĂ©sion aux valeurs de l'Union ) mais ce qui est finalement un sophisme : les systĂšmes pyramidaux qu'elle dĂ©busque sont certes affinitaires (tous les Ponzi et d'une certaine façon toutes les arnaques le sont plus ou moins) mais ils visent Ă  l'enrichissement d'escrocs, pas Ă  la prospĂ©ritĂ© de Bitcoin. Et nul bitcoineur sĂ©rieux ne soutiendrait que les escrocs ne doivent pas ĂȘtre poursuivis.

POLITIQUE DU BITCOIN

J'ai regretté à titre personnel l'association en 2022 de M. Zemmour à l'image de la licorne Ledger. Mais se servir de cela alors que l'entreprise avait invité tous les candidats (et que le candidat vainqueur de l'élection précédente avait été photographié en 2017 avec un prototype de cette entreprise entre les mains) est un procédé de scénarisation journalistique.

Que les autres candidats (et notamment le technophile M. Melenchon) n'aient pas profitĂ© de cette occasion est tout aussi significatif que l'aubaine saisie par un candidat d'extrĂȘme-droite en quĂȘte de diffĂ©rentiation.

Bitcoin serait donc un  cheval de Troie introduisant chez des utilisateurs insuffisamment conscientisĂ©s  des idĂ©es aux relents antidĂ©mocratiques forgĂ©es dans le terreau de la pensĂ©e cyberlibertarienne . L'autrice s'inspire ici du livre The Politics of Bitcoin de David Golumbia, qui lui parait ĂȘtre une dĂ©monstration mĂ©thodique, quand une lectrice française (pourtant personne fort sage) m'a confiĂ© au contraire ĂȘtre  assez choquĂ©e du niveau de bĂȘtises qu’on peut y lire . Avec des mots moins Ă©lĂ©gants, plusieurs anonymes sur Twitter ont Ă©crit la mĂȘme chose, rĂ©cusant les thĂšses brandies par M. Golumbia et les Ă -peu-prĂšs de StĂ©phane Foucart. Soit ils ont virĂ© Ă  l'alt-right sans s'en rendre compte, soit la thĂšse ne s'applique pas Ă  eux.

Bitcoin donc instillerait l'idĂ©e d'une sociĂ©tĂ© fondĂ©e sur la dĂ©fiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e . La thĂšse prĂȘte Ă  rire quand on vient de lire que Bitcoin Ă©tait affinitaire, mais elle rĂ©vĂšle surtout une coupable confusion. D'abord les geeks qui soldent leurs Ă©changes en bitcoin se mĂ©fient bien moins les uns des autres (et c'est vrai que souvent ils se connaissent) que des banques et de l'État. Ensuite se mĂ©fier de l'État n'est pas faire montre d'une dĂ©fiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Enfin la dĂ©fiance est une confiance nĂ©gative. Je fais confiance Ă  X pour se comporter honnĂȘtement et Ă  Y pour se comporter en crapule : dans les deux cas (surtout dans le premier, hĂ©las) je peux me tromper. Bitcoin contourne dĂ©fiance et confiance et Ă©tablit une certitude non humaine et surtout non centralisĂ©e, donc sans voyeur clandestin, parasite ou officiel, sans tout ce que Nastasia Hadjadji prĂ©sente comme  toute forme de contrĂŽle ou de supervision , des notions dont je ne sache pas qu'elles seraient d'essence dĂ©mocratique. À ce sujet, puisqu'elle affectionne l'image du cheval de Troie, l'autrice aurait pu glisser un mot des MNBC ailleurs que dans une unique note en fin de livre.

Est-ce ĂȘtre  de la droite radicale conservatrice  que de payer comme le faisait mon paisible bisaĂŻeul et de chercher Ă  recrĂ©er une marge de manƓuvre face aux dĂ©rives autoritaires des États ? N'est-ce pas l'autrice, ici, qui cĂšde Ă  une idĂ©ologie invasive ? Car que propose-t-elle pour que la colĂšre liĂ©e Ă  l'effondrement du systĂšme classique (oĂč elle va chercher ses arguments...) se transforme  en un agir politique «de gauche», tournĂ© vers la remise en question des hiĂ©rarchies sociales et politiques  ? A part toujours plus d'impĂŽt, de rĂ©gulation et par tant de surveillance, nourrissant encore et encore la technostructure actuelle ?

Reprenant mot pour mot le rĂ©cit d'une filiation strictement autrichienne de Bitcoin (rĂ©cit souvent intempestif et contre lequel je me suis exprimĂ© rĂ©cemment) elle le retourne et fait de l'idĂ©ologie crypto une forme de conspirationnisme contre des banques centrales qu'elle se garde bien par ailleurs de dĂ©fendre positivement. Quitte Ă  s'emmĂȘler un peu, parlant de  rĂ©habilitation de l'Ă©talon or  dĂšs le XIXĂšme siĂšcle et omettant de citer le GĂ©nĂ©ral De Gaulle (peu suspect d'anarchisme) parmi ses thurifĂ©raires.

 L’exigence de transparence et d’autonomie d’une partie de la population qui affirme son manque de confiance envers les institutions bancaires traditionnelles est aujourd’hui instrumentalisĂ©e Ă  des fins politiques . Et donc ? On devrait transformer cette exigence en quoi ? On attend le prochain rapport (commandĂ© par Bercy Ă  un copain banquier) pour voir si la transparence est suffisante, comme on attend le prochain grand dĂ©bat pour voir si le rĂ©enchantement opĂšre sur ceux  pour qui les gouvernements sont totalitaires et tyranniques par essence  ?

Quand bien mĂȘme la vision technophile des bitcoineurs serait  une vision du monde trĂšs Ă©loignĂ©e des principes de dĂ©libĂ©ration et d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral associĂ©s aux dĂ©mocraties reprĂ©sentatives  ; quand bien mĂȘme ces principes seraient sĂ©rieusement mis en Ɠuvre, autrement que par l'autoritarisme croissant des pouvoirs prĂ©tendument libĂ©raux, les directives europĂ©ennes et l'arrogante parlotte des apparatchiks ; quand bien mĂȘme tout anarchisme serait forcĂ©ment de droite... en quoi serait-il interdit d'adhĂ©rer Ă  cette vision technophile ? En quoi serait-il lĂ©gitime de focaliser Ă  ce point sur le politique en survolant les enjeux techniques ? Les pouvoirs actuels, ivres de video-surveillance, de drones et de gadgets ne sont pas moins technophiles que les bitcoineurs : Ă  chacun de choisir sa tech, je reste libre de prĂ©fĂ©rer la sousveillance et le pseudonymat Ă  la surveillance et au fichage.

D'autre part, qu'elle n'adhĂšre pas elle-mĂȘme au monĂ©tarisme de Friedman est bien son droit ; que de nombreux bitcoineurs n'adhĂšrent pas au keynĂ©sianisme est le leur. Les condamnations et les arguments d'autoritĂ© n'y changeront rien. L'assertion selon laquelle  le plus souvent, la nature profondĂ©ment idĂ©ologique de ces positions est passĂ©e sous silence vaut Ă  mes yeux pour tout le monde.

La fin du livre revient Ă  son point de dĂ©part. Les petits investisseurs qui ont cĂ©dĂ© au promesses du PĂšre NoĂ«l (et sur ce point, sans citer Plan B et les modĂšles S2F, l'autrice vise assez juste) et au FOMO du miracle technologique finiront, prophĂ©tise-t-elle, ruinĂ©s par leur  fausse monnaie, vraie fĂ©tiche , amers et mĂ»rs pour le fascisme. On peut craindre qu'il n'y ait une poignĂ©e de facteurs autrement plus graves Ă  l'Ɠuvre dans la dĂ©rive de nos sociĂ©tĂ©s.

CONCLUSION

L'autrice a Ă©crit huit fois en moins de 180 pages que la colĂšre Ă©tait lĂ©gitime, sans aller bien loin au-delĂ  de sa conviction (respectable et cohĂ©rente avec les rĂ©fĂ©rences Ă  la Crtical Theory, Ă  Ellul, Ă  Fred Turner, Ă  Dominique Cardon etc.) que les cryptos n'y changeront rien. Son texte semble n'ĂȘtre qu'un effort pour stigmatiser Bitcoin,  en questionner les racines, les imaginaires et leurs implications dans le rĂ©el  sans forcĂ©ment questionner sa propre position, sa posture, ses convictions.

Elle assure que  critiquer les cryptos ne revient pourtant pas à faire allégeance à la FED, à la BCE ou à BlackRock, SoftBank et McKinsey et on lui fait naturellement crédit que telle n'est pas, en effet, son intention.

Mais on peut penser que ses critiques du systÚme légal restent superficielles et que son apologie de la délibération démocratique se heurte tellement à la réalité objective de la politique contemporaine (dans presque toutes les démocraties et particuliÚrement en France) qu'on en a presque mal pour elle.

Et c'est à ce point que soudain, comme une résolution dialectique de ce conflit longtemps muet, éclot tel un lotus sorti de l'eau boueuse l'idée de faire advenir un monde de cryptos de gauche.

Puisqu'une partie de la conclusion Ă©tait affichĂ©e en introduction, que n'y a-t-elle aussi placĂ© de quoi donner espoir Ă  ceux qui n'Ă©taient pas d'avance acquis Ă  sa critique, pour qu'ils acceptent de lire les 164 pages prĂ©cĂ©dentes ! Il aurait fallu, je crois, annoncer bien plus tĂŽt l'idĂ©e que  la gĂ©nĂ©alogie cyberlibertarienne de Bitcoin a le mĂ©rite de poser au centre de la table un rĂ©pertoire de rĂ©flexions sur les notions de rĂ©sistance Ă  la censure et aux dispositifs de surveillance, comme composantes d’une sociĂ©tĂ© libre et Ă©mancipĂ©e des formes de coercitions propres aux marchĂ©s mais aussi aux États  puisque  ces pistes de rĂ©flexion rejoignent, en certains points, celles d’une partie de la gauche radicale .

J'avais, en avril 2018, accepté de participer à un échange avec la section du 5Úme arrondissement de La France insoumise. La vidéo de cette rencontre, qui est d'ailleurs la plus visionnée de toutes celles que l'on trouve de moi, rend mal compte de la qualité des échanges (les assentiments font moins de bruit que les critiques, et la prise de son avait été un peu artisanale). Mais je me souviens d'un net clivage, entre des questions techno plutÎt bienveillantes et curieuses et des critiques politiques assez tranchées.

Je n'en parlerais pas ici si (vers la 59Ăšme minute) n'avait eu lieu un Ă©change fort curieux avec un assistant un peu cassant et qui m'avait frappĂ© par le fait qu'il se disait en mĂȘme temps reprĂ©sentant en ce lieu de LFI et de... l'ACPR. Il ne prĂ©sentait pas la chose comme contingente (dans le genre faut bien vivre) : il parlait expressĂ©ment Ă  ces deux titres. Je m'Ă©tais dit que c'Ă©tait lĂ  une forme d'insoumission Ă  laquelle je ne m'attendais pas. C'est un sentiment qui j'ai retrouvĂ© parfois Ă  la lecture du livre de Nastasia Hadjadji.

Ce que je regrette, pour finir, c'est que l'autrice, ayant pris le temps de rencontrer mais surtout de lire de trÚs nombreux crypto-sceptiques (et cette recension est intéressante), se soit contenté d'un survol de la  littérature crypto la plus grossiÚre (notamment sur Twitter) et n'ait pas pris la peine de rencontrer aussi des cryptos qui, pour une part, partagent certaines de ses idées.

Elle aurait ainsi pu échanger sans déplaisir avec le philosophe Mark Alizart, auteur de Cryptocommunisme, aller voir les doctorants de l'EHESS et parler avec le chercheur Maël Rolland.

Elle aurait pu aller jusqu'à Neuchùtel voir Julien Guitton (lien vers sa critique dans les commentaires ci-dessous) ou Alexis Roussel, bitcoineur fondateur de la plateforme Bity, mais aussi COO de l'entreprise Nym Tech qui développe une infrastructure réseau décentralisée et centrée sur la protection des données privées des utilisateurs. Longtemps président du Parti Pirate suisse, il est l'auteur d'un petit livre sur l'intégrité numérique.

Une telle rencontre, comme celle des communautĂ©s crypto suisses (dans un pays oĂč l'on dĂ©libĂšre beaucoup et oĂč l'on s'inquiĂšte un peu de notre santĂ©) l'aurait sans doute inspirĂ©e. Du moins si elle acceptait enfin d'entendre tous ceux qui lui disent leur intĂ©rĂȘt pour un instrument inclusif et une culture technique libre, comme lors de cette Ă©mission dont elle ne semble pas avoir retenu les rĂ©actions et questions reçues.

Enfin, sans fausse modestie, elle aurait pu intĂ©grer les apports d'auteurs pour le moins non marquĂ©s alt-right comme Adli Takkal Bataille et moi-mĂȘme, mais aussi Claire Balva ou Alexandre Stachtchenko ou parmi les amĂ©ricains, Andreas Antonopoulos, traduit en français et curieusement absent de son ouvrage.

Ses propos auraient Ă©tĂ© plus nuancĂ©s, mieux balancĂ©s entre technique et politique, moins imprĂ©gnĂ©s de certaines rĂ©alitĂ©s d'un pays oĂč nul sans doute ne la lira, et auraient permis Ă  son livre non de cliver (au risque de renforcer les influences qu'elle entend dĂ©noncer) mais de bĂątir un espace de rencontre autour de l'idĂ©e de  rĂ©sistance Ă  la censure et aux dispositifs de surveillance, comme composantes d’une sociĂ©tĂ© libre et Ă©mancipĂ©e des formes de coercitions . Ce qui n'est pas une mince affaire et ne devrait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme sectaire par aucune personne sensĂ©e.


Quelques autres comptes-rendus :

  • Celui de Pablo Rauzy, dĂ©jĂ  mentionnĂ© et qui estime que sa lecture vaut  largement la peine tant les thĂšses prĂ©sentĂ©es et les raisonnements dĂ©veloppĂ©s le sont avec rigueur ce qui est exactement ce qu'ont niĂ© les lecteurs cryptos. In fine il confesse tout de mĂȘme un lĂ©ger malaise :  si je devais avoir un reproche Ă  faire Ă  l'ouvrage ce serait de bien trop laisser les mots « anarchie », « anarchisme », « anarchiste », et mĂȘme « libertaire » au camp de ceux qui n'y voient que l'anti-Ă©tatisme et la libertĂ© individuelle absolue, sans aucune des notions de socialisation, de libertĂ©s collectives, et d'autogestion que ces termes devraient pourtant porter avec force . Pour lui les choses sont simples. Le bon anarchiste est de gauche, le mauvais est libertarien et de droite. Il aurait  aimĂ© par exemple que lorsque l'autrice cite Tim May, a minima une note de bas de page remette en question cette appropriation malpropre de l'anarchisme par un libertarien, pour ne parler que d'une des premiĂšres fois oĂč ce souci apparaĂźt dans l'ouvrage. J'avoue avoir ri en lisant qu'il aurait  apprĂ©ciĂ© que la logique du raisonnement soit poussĂ©e plus loin, jusqu'Ă  affirmer qu'une Ă©mancipation rĂ©elle ne sera pas permise sans se dĂ©faire pour de bon de toutes formes d'autoritĂ©s imposĂ©s, que ce soit donc par un Ă©tat ou par une puissance privĂ©e Ă  travers un marchĂ©.  : j'ai moi-mĂȘme fini par penser que Nastasia Hadjadji recopiait parfois des sources bancaires et butait ainsi sur la contradiction fatale de tout adepte de la rĂ©gulation : ne pas imaginer d'autre rĂ©gulateur que l'État mĂȘme que par ailleurs on prĂ©tend combattre aussi.
  • Celui de Ludovic Lars qui commence par s'interroger (un peu longuement) sur ce que sont aujourd'hui et pour les geeks la droite, la gauche et leurs extrĂȘmes respectifs, essentiellement en suivant le modĂšle de Fabry puis en situant dans ce paysage marquĂ© par ce qui est aujourd'hui un extrĂȘme-centre' (Macron , Lagarde...) une innovation comme Bitcoin, dĂ©fini comme « un nouveau territoire de libertĂ© » ou comme un « commun numĂ©rique sans frontiĂšre ».
  • Celui de Julien Guitton qui rappelle que  le manifeste crypto-anarchiste commence par : “Un spectre hante le monde moderne, le spectre du crypto-anarchisme.”  et constate que  a gauche est devenue autoritaire, elle pratique la censure, et lĂ , la mise Ă  l’index. Et pourtant, la gauche anarchiste libertaire des squats de survivants est toujours là .
  •  Pourquoi il faut dĂ©politiser Bitcoin  un compte-rendu critique et fort intĂ©ressant de Ines Assaini dansZone Bitcoin.

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138 - Le « Petit Livre orange » ?

May 10th 2023 at 10:30

Une initiative récente et bien intentionnée, visant à donner la célÚbre pilule orange aux parlementaires européens que l'on suppose (non sans quelques indices) plus prompts à réglementer ou à condamner Bitcoin qu'à le comprendre, a mis en ligne une levée de fonds de 40 millions de satoshis pour offrir à chacun un exemplaire d'un livre réputé capable de les déniaiser, les éclairer et les séduire.

En l'occurence le choix des promoteurs de cette initiative s'est portĂ© sur L'Ă©talon Bitcoin, ouvrage de M. Saifedean Ammous dont j'ai dĂ©jĂ  rendu compte ici et qui offre, Ă  leurs yeux, le double avantage d'avoir Ă©tĂ© traduit dans 18 des 24 langues de l'UE et d'ĂȘtre  considĂ©rĂ© comme la rĂ©fĂ©rence .

L'argumentation m'a provoquĂ© et je me suis risquĂ© Ă  avouer mes rĂ©serves par un message sur Twitter :  Je vais ĂȘtre honnĂȘte. Si je n'avais pas Ă©voluĂ© moi-mĂȘme antĂ©rieurement (lectures, rencontres, expĂ©riences diverses et rĂ©flexion personnelle) et que j'avais dĂ©couvert Bitcoin par le livre de S. Ammous, il m'en aurait Ă©loignĂ©. Vraiment .

Comme cela arrive fatalement sur les réseaux sociaux, le débat a rapidement tourné au vinaigre.

Un ami, Sébastien Gouspillou, patron du groupe de mining BBGS, tout en comprenant le choix du livre de S. Ammous, a eu la gentillesse de suggérer que celui qu'Adli Takkal Bataille et moi avions commis (La monnaie acéphale) aurait été un choix plus approprié.

Ceci m'oblige Ă  rĂ©pondre : je pense qu'offrir l'AcĂ©phale (mais aussi le livre de Claire Balva et Alexandre Stachtchenko, par exemple) aurait peut-ĂȘtre Ă©tĂ© moins mauvais mais qu'il conviendra de s'interroger sur la dĂ©marche, indĂ©pendamment du choix du livre offert. L'ouvrage L'Ă©talon Bitcoin tend Ă  acquĂ©rir un statut spĂ©cifique, celui d'un livre canonique sinon saint aux yeux de beaucoup. Je pressentais qu'il devenait difficile de le critiquer et, tout en dĂ©couvrant que j'Ă©tais loin d'ĂȘtre le seul sur la rĂ©serve, je n'ai pas Ă©tĂ© dĂ©trompĂ©.

Pourtant, sans dire (comme cela a été écrit sur Twitter) que ce livre est chiant je pense qu'il critique bien davantage le systÚme de la monnaie fiat qu'il ne présente Bitcoin, qu'il flatte ceux des bitcoineurs qui ont besoin de réassurance et hérisse les autres au lieu de susciter réellement la curiosité.

J'ai écrit que ce livre (qui a ses ardents défenseurs!) a évidemment de réelles qualités, que je suis assez séduit par son modÚle  stock sur flux  (en lui reprochant principalement de ne pas l'appliquer avec rigueur et notamment de ne souffler un seul mot de l'arrivée d'or et d'argent des Amériques) et que je suis d'accord avec plusieurs de ses thÚses.

Mais j'ai critiqué aussi, dans mon CR comme dans La Monnaie à Pétales (ch 7, que les moins courageux peuvent écouter ici) :

  • l'usage dĂ©sinvolte que cet Ă©conomiste (tout comme ceux du camp d'en face, d'ailleurs !) fait de l'histoire,
  • bien des traits forcĂ©s et un esprit de systĂšme poussĂ© jusqu'au ridicule,
  • une psychologie sous-jacente dĂ©crite comme pratiquement universelle alors que je ne m'y reconnais point et ne dois pas ĂȘtre le seul,
  • un ton (et parfois un argumentaire) complotistes,
  • et enfin, malheureusement, des procĂ©dĂ©s d'attaque ad hominem indignes.

Les rĂ©actions que j'ai suscitĂ©es sur Twitter laisseraient croire que ceux qui n’aiment pas ce livre prouvent seulement qu'ils ne savent pas lire ou, pire encore, qu'ils ne sont pas assez autrichiens.

Comme le notait S. Gouspillou  on dirait des proustiens face à un non fan de La Recherche .

Quelqu'un qui refusait de comprendre  comment on peut trouver ça chiant  , ce qui je le rĂ©pĂšte n'Ă©tait pas mon mot, soulignait que cette apprĂ©ciation nĂ©gative  semble surtout ĂȘtre le grief de gauchos romantiques aimant Bitcoin mais ne supportant pas la perspective autrichienne . Et un autre s'interrogeait sur la position de SĂ©bastien ou de moi-mĂȘme vis-Ă -vis de ladite Ă©cole :  j’imagine bien les deux bien Ă  gauche Ă©tant jeunes et se rendant compte sur le tard via Bitcoin et les autrichiens qu’il ont eu tort toute leur vie et mal le vivre un peu, et le discours ultra direct voire cru d’Ammous peut dĂ©ranger les Ăąmes sensibles .

Tout cela m'a valu ainsi quelques critiques (certaines pertinentes, Ă©videmment) et un sentiment de grande lassitude. En gros, donc, si je ne suis pas autrichien, c'est soit parce que je suis de mauvaise foi, soit parce que je ne comprends pas cette Ă©cole (dont la premiĂšre chose Ă  dire c'est qu'elle n'est guĂšre unie, d'ailleurs) et si je ne comprends pas c'est que je n'ai pas lu ce livre, et puis celui-ci, et puis encore...

Donc quand mon ami Yorick de Mombynes ou d'autres me demandent publiquement ce que j'ai lu (en travers ? sur Wikipedia ? en v.o. ? avec les notes de bas de pages dans les ƒuvres complĂštes ?) de leurs Ă©vangiles, je ne m'estime pas tenu de rĂ©pondre parce que :

  • reprochant aux Ă©conomistes de jouer aux historiens, mon intention n'est Ă©videmment pas de jouer Ă  l'Ă©conomiste (d'autant plus que lire des livres ne remplace pas Ă  mes yeux un cursus cohĂ©rent) ;
  • je reconnais un faible niveau de considĂ©ration (toutes Ă©coles confondues) pour l'Ă©conomie, qui me paraĂźt souvent une sorte de demi-science molle toujours proche de glisser vers la religion ;
  • je serais deux fois plus intĂ©ressĂ© par les autrichiens s'ils Ă©taient deux fois moins convaincus : je peux me tromper... mais eux aussi. Toute rĂ©serve voire toute critique n'est pas une erreur ou une ignorance, cela peut ĂȘtre un choix politique ou sociĂ©tal qui (faut-il le rappeler Ă  des libĂ©raux ?) relĂšve de ma libertĂ© de penser ;
  • ainsi donc, si je confesse mon accord avec les autrichiens sur certains points (comme  le temps est rare ce qui d'ailleurs peut expliquer certains trous dans ma culture) je revendique aussi de mettre certaines prĂ©occupations (notamment environnementales) au-dessus ou hors des lois du marchĂ© ;
  • j'assume mon allergie aux ronchonneries rĂ©actionnaires contre la musique des jeunes (mĂȘme si moi-aussi je prĂ©fĂšre Bach, mais cela n'a rien Ă  voir) ou l'insignifiance de l'art abstrait et je dis mon effroi Ă  voir que tout ceci est censĂ© faire partie de la dĂ©monstration de M. Ammous en faveur de Bitcoin,
  • enfin je ne peux admettre Ă  titre d'arguments des calomnies recuites (qui ont dĂ©jĂ  conduit l'historien Niall Ferguson a publier des excuses).

Mais surtout et plus que tout : je ne suis pas venu lĂ  pour Ă©tudier l'Ă©cole autrichienne ; je suis venu lĂ  parce que Bitcoin m'a paru intĂ©ressant par lui-mĂȘme.

S'il faut (comme certains le font) scruter les efforts intellectuels consentis par les uns ou par les autres, je crois que la premiĂšre voie aurait Ă©tĂ© moins dure. Mais disons-le tout net : ce que j'ai lu chez les Ă©vangĂ©listes autrichiens n'a pas suscitĂ© en moi la mĂȘme Ă©motion ou la mĂȘme excitation que le white paper de Satoshi (ou que certaines pages de la litterature cypherpunk, ou que le « Cyberpunk Manifesto » si vous voulez tout savoir...)

Ceci mis de cĂŽtĂ©, ce que je reproche en l'occurrence Ă  ces auteurs et plus encore Ă  leurs thurifĂ©raires, ce n'est certainement pas leurs convictions, mĂȘme celles que je ne partage pas, c'est l'envahissement parfois parasitaire de l'espace d'Ă©tudes et d'informations dĂ©volu Ă  Bitcoin par leurs idĂ©es, leurs questionnements, leurs grilles d'analyses. Cela me paraĂźt inefficace (parce que cela aplatit Bitcoin sur une seule dimension qui est politiquement et donc inutilement clivante) et indu.

Aucun Ă©conomiste, autrichien ou non d'ailleurs et mĂȘme en remontant Ă  Oresme, n'a pour moi inventĂ© Bitcoin. Au mieux ils ont dĂ©crit des problĂšmes que Bitcoin peut (plus ou moins) rĂ©soudre et ils ont espĂ©rĂ© que surgirait quelque chose comme ça. Que les cypherpunks se soient Ă  certains Ă©gards inscrits dans la perspective hayekienne d'ordre spontanĂ© ne fait pas d'eux (tous) des disciples du maĂźtre de Chicago. Quant Ă  la cĂ©lĂšbre prophĂ©tie du monĂ©tariste Friedman, elle annonçait quelque chose de beaucoup plus anonyme que ne l'est rĂ©ellement Bitcoin. C'est peut-ĂȘtre un dĂ©tail pour vous, mais...

Et donc il serait à mes yeux plus fructueux de voir ce que Bitcoin apporte à leurs théories (pour les conforter, les modifier ou en invalider certains points) que de s'étendre interminablement sur que ce que ces théories religieusement brandies permettraient de comprendre à Bitcoin, ce qui est la voie de Saifedean Ammous. Je crois que s'il est trÚs difficile de le contester, tant il est devenu une idole pour tant de bitcoineurs, c'est parce qu'il leur a dit exactement ce qu'ils voulaient entendre et leur a donné des certitudes à opposer à l'arrogant discours du systÚme officiel.

AprĂšs tout, pourquoi pas ? Chacun peut bien lire ce qu'il veut : il en reste toujours un bĂ©nĂ©fice. Mais chacun doit-il pour autant considĂ©rer que son livre de chevet est le livre de rĂ©fĂ©rence, qui par une sorte de vertu intrinsĂšque ferait le mĂȘme effet Ă  tout lecteur ?

On a ici le type mĂȘme de l'illusion des religieux fanatiques :

Elle consiste à penser qu'il y a, dans le livre sacré (Petit Livre rouge compris) une efficience surnaturelle (sur-rationnelle ?) qui va provoquer la foi par la seule lecture. Comme de ceux qui viennent inlassablement proposer leur littérature, sur un coin du marché ou par du porte-à-porte, un sourire désarmant aux lÚvres et la certitude chevillée au corps, il est parfois bien difficile de s'en débarrasser en demeurant courtois.

Je conclus quant au livre de S. Ammous

Que ce soit pour des raisons de forme ou de fonds, son livre n'emporte pas d'adhĂ©sion universelle mĂȘme au sein des bitcoineurs et le choix de ce livre comme instrument de propagande n'emporte pas non plus l'adhĂ©sion universelle, mĂȘme parmi ceux qui le considĂšrent comme le meilleur livre !

Il est peu probable que ces réserves ne se manifestent pas parmi ceux que nous entendons convertir. Comme l'a confié David St-Onge :  mon pÚre, ouvert sur le sujet avec un diplÎme universitaire en administration, en a abandonné la lecture. Jamais ma mÚre, pourtant avide lectrice, n'en fera la lecture. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai écrit mon livre .

En revanche il est presque certain que le propos  ultra direct voire cru  de S. Ammous permettra à nos adversaires de faire des gorges chaudes en citant (j'imagine bien quelques vedettes parlementaires européennes dans le rÎle) les pires pages de la  Bible de la secte  que lui aura envoyée  le lobby . Que le livre ait été traduit dans 36 langues peut s'interpréter de bien des façons ; la visite du site saifedean.com ne dissipe pas forcément le malaise.

Venons-en alors Ă  l'idĂ©e mĂȘme d'offrir un livre

Nous devrions regarder les choses de façon pragmatique : nous n'aurons jamais d'autre Petit Livre orange que le Livre blanc de Satoshi Nakamoto. Il faut partir de Satoshi, pas d'Aristote ou des Ă©conomistes, pour en arriver Ă  l'idĂ©e que Satoshi a bien compris ceci ou cela. Mais - tout le monde en conviendra - c'est un Ă©crit Ă©sotĂ©rique, derriĂšre son apparente simplicitĂ©. Comme nous l'Ă©crivions dans l'AcĂ©phale (p.18) Bitcoin exige un effort conceptuel, une capacitĂ© rĂ©elle d’abstraction mais aussi et surtout de remise en cause.

Pourquoi, ayant moi-mĂȘme commis seul ou Ă  plusieurs quelques petits pavĂ©s qui n'ont pas reçu de trop mauvais accueil, mais qui ont Ă©galement pu susciter des critiques (voir ici pour la plus rĂ©cente) puis-je dire qu'envoyer un livre par la poste n'est pas forcĂ©ment la bonne idĂ©e ?

Parce que, indĂ©pendamment du choix critiquable d'un ouvrage (choix discutable comme tout autre choix et comme le serait le choix de l'un de mes propres ouvrages) on ne peut tout au plus espĂ©rer que l'opĂ©ration projetĂ©e soit efficace en termes de com’, avec peut-ĂȘtre un minibuzz.

La fameuse pilule orange, dit Sébastien Gouspillou,  doit se prendre sans douleur, par inadvertance presque, et celle-ci est beaucoup trop grosse et indigeste .

Or Sébastien a une expérience non négligeable du travail de persuasion, qui n'est pas seulement pédagogique (si tant est que fourguer un livre par la poste soit pédagogique) mais aussi psychologique.

Quand il Ă©crit que  les dĂ©putĂ©s ne liront pas ce pavé  chaque mot compte. Les dĂ©putĂ©s ne liraient sans doute rien qui dĂ©passe le rĂ©sumĂ© des Ă©tudes produites par leurs propres commissions. Donc la cible est peut-ĂȘtre aussi mal choisie que le vecteur !

Il me semble aussi que, à placer autoritairement (et il entre toujours un peu d'autoritarisme dans la démarche) un livre entre les mains de quelqu'un qu'on ne connait pas et qui ne s'est pas expressément enquis de nos conseils, on oublie l'une des dimensions essentielles de Bitcoin.

Si j'ai Ă©crit sur Tintin, si je me sers encore de lui ici, ce n'est pas par manie (encore que...) ou par coquetterie. Le petit reporter lit peu de gros ouvrages et sa bibliothĂšque semble un peu dĂ©corative. Lui et son chien prennent plutĂŽt les livres sur la tĂȘte !

Mais cet infatigable enquĂȘteur m'offre une belle figure de l'historien dont j'ai Ă©crit, citant Carlo Ginzburg, que sa connaissance est indirecte, indiciaire et conjecturale.

Une remarque que j'ai maintes fois entendues chez des bitcoineurs pratiques, c'est que lorsqu'on croit avoir compris quelque chose, on découvre un détail qui montre que c'est plus complexe, plus profond, plus rusé. Et c'est à partir de là (dans ce que mon ami Adli assimile au  creux de l'humilité  décrit par Dunning et Kruger) que la lecture peut devenir excitante, indépendamment du fait de savoir si ce que vous lisez conforte ou non votre attachement à la propriété privée ou votre allergie à l'impÎt.

Je crois que la Voie du Bitcoin est une voie de rencontres plus que d'exclusives, d'échanges plus que d'invectives, d'expérimentations plus que de théorisations, d'inquiétudes plus que de certitudes. Avec des surprises pour... tout le monde !

Nous avons bien raison de nous moquer des rĂ©gulateurs qui veulent astreindre l'automobile aux rĂšgles du temps des diligences ; mais les premiers constructeurs d'automobile ont-ils jadis perdu autant de temps que nous Ă  refaire l'histoire, Ă  critiquer le systĂšme antĂ©rieur, voire Ă  disserter sur les mƓurs et la sexualitĂ© des maĂźtres de poste ? N'ont-ils pas surtout amĂ©liorĂ© moteurs, freins, directions, pneus et carrosseries jusqu'Ă  ce que l'expĂ©rience de l'utilisateur cesse d'ĂȘtre un exploit sportif dangereux pour devenir un moment de plaisir et de distinction ?

Aucun livre ne fera jamais autant de bien qu'une amĂ©lioration mĂȘme infime de l'expĂ©rience des utilisateurs (clients mais aussi commerçants!) et de la scalabilitĂ© on-chain ou par des solutions de layer2, que l'utilisation des centres de minage au bĂ©nĂ©fice tangible d'implantations d'alternatives Ă©nergĂ©tiques, que la mise en place d'enseignements dĂ©diĂ©s, et Ă  mon humble avis que la mise en place d'actions concrĂštes de solidaritĂ©.

10 ans de mon site c'est plein de cadeaux

10 ans d'ichimoku et chandeliers japonais c'est plein de cadeaux ! Je me suis rendu compte il y a peu de temps que mon site avait dix ans. En rĂ©alitĂ© c'est 11 ans. Mais il n'est pas trop tard pour fĂȘter ces 10 annĂ©es. C'est fou ce que le temps passe vite. Plus de 10 ans dĂ©jĂ  Ă  partager ma passion pour l'analyse technique ichimoku et chandeliers japonais. Je vous ...

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137 - Monnaie, effigie et « légitimité »

March 27th 2023 at 10:00

Parmi les arguments pré-cuits contre Bitcoin, la critique institutionnelle fournit une large gamme autour d'une idée simple : la monnaie étant une institution (sociale ou politique, tous les glissements sont permis) sa gestion revient naturellement, et finalement exclusivement, aux institutions.

Et ceci est supposĂ© d'autant plus convaincant que ces institutions sont dites  lĂ©gitimes  c'est Ă  dire bĂ©nies jadis par Dieu et aujourd'hui par un scrutin, ce qui fait qu'on les prĂ©sente comme naturellement Ă  mĂȘme de transfĂ©rer Ă  la monnaie ce caractĂšre de lĂ©gitimitĂ© rĂ©elle ou supposĂ©e.

Or nous vivons actuellement une crise qui questionne assez frontalement ladite  légitimité . Les sophismes émis presqu'au rythme de la planche à billets ne témoignent plus guÚre que de l'inconfort des dirigeants. Quelle conséquence cela peut-il avoir pour la monnaie ?

De Youl à Pascal Boyart, les artistes proches de la communauté Bitcoin ont, comme beaucoup d'autres, déjà réinterprété le drapeau brandi deux siÚcles plus tÎt par la Liberté de Delacroix, lors d'un épisode insurrectionnel ayant opéré un déplacement (minime d'ailleurs) de légitimité et un changement d'effigie sur les piÚces de monnaie.

La fresque de Boyart (rapidement effacĂ©e) frappait par son horizontalitĂ©. En y ajoutant des feux d'Ă©meutes, il assumait ce que les gouvernants dĂ©noncent toujours avec la mĂȘme indignation feinte et les mĂȘmes mots usĂ©s : l'inĂ©vitable violence des spasmes rĂ©volutionnaires.

Parlons-en, avant de revenir à Bitcoin, révolution pacifique.

Qu'en fut-il lors de l'Ă©pisode historique qu'illustra Delacroix ?

La soulÚvement de 1830 me semble, dans le riche vivier de références que fournit l'Histoire de France, le plus comparable à celui du  passage en force  auquel le gouvernement s'est livré en mars 2023 : il fut dû aux  Ordonnances  prises le 25 juillet 1830 par le roi Charles X sur la base de l'article 14 de la Charte de 1814 et qui provoquÚrent les  Trois glorieuses  journées des 27, 28 et 29 juillet, la fuite du roi et son remplacement par son cousin Louis-Philippe au terme d'une révolution quelque peu confisquée par la bourgeoisie.

Petit rappel pour ceux de mes amis qui ont fait plus de math ou de code que d'histoire :

  • Ă  la chute de NapolĂ©on, le 6 avril 1814, le SĂ©nat  appelle librement au trĂŽne de France Louis-Stanislas-Xavier de France, frĂšre du dernier Roi : en toute logique il devrait donc ĂȘtre Louis XVII  roi des Français selon la constitution de 1790 ;
  • mais l'heureux Ă©lu brandit une autre lĂ©gitimitĂ© et s'installe (avec l'aide des envahisseurs) dans le fauteuil et le lit de l'empereur tout en s'intitulant  Louis XVIII par la grĂące de Dieu roi de France  et en octroyant une Charte de son cru ;
  • cette entorse mise Ă  part, le roi s'avĂšre, durant les 10 ans que la Providence et sa santĂ© lui accordent, plutĂŽt prudent ; les historiens sont bien obligĂ©s de lui reconnaĂźtre le mĂ©rite d'une premiĂšre vraie expĂ©rience parlementaire en France.

Bref : comme notre propre Constitution dont les origines furent douteuses (menace de putsch ou coup d'État du 13 mai 58 ; loi constitutionnelle dĂ©rogatoire du 3 juin ; rĂ©daction par des instances informelles plutĂŽt occultes) et dont l'esprit est franchement autoritaire, la mise en oeuvre et la pratique de la Charte octroyĂ©e de 1814 finirent par Ă©tablir une forme de consensus. Ce qui aprĂšs tout est l'essentiel pour pouvoir dire qu'un texte qui est toujours, fatalement, un texte de circonstances reprĂ©sente  nos institutions  et ceci malgrĂ© le passage du temps.

  • 1824. Arrive le nouveau rĂšgne. Charles X frĂšre du prĂ©cĂ©dent est un rĂ©actionnaire bornĂ© qui fait montre d'un catholicisme outrancier, encourage une loi contre les sacrilĂšges, fait des processions etc.

Dans un pays et dans une Ă©poque oĂč la contestation populaire cherche ses voies via les chansonniers ou les graffitis sur les murs, l'effigie du roi, qui est dans toutes les bourses, offre une cible facile et presque inĂ©vitable : ce  portrait officiel  est souvent le seul dont on dispose. En 1791, ce serait - selon ce qui a toute chance d'ĂȘtre une lĂ©gende forgĂ©e peu de jours aprĂšs - grĂące Ă  son effigie que le frĂšre aĂźnĂ©, Louis XVI, aurait Ă©tĂ© reconnu et arrĂȘtĂ© lors de sa fuite.

DĂšs le commencement de son rĂšgne, la figure de Charles X va ĂȘtre sapĂ©e par un raccourci : il est le  roi-jĂ©suite , comme deux siĂšcles plus tard M. Macron sera le  prĂ©sident des riches . Cela s'exprime sur de trĂšs nombreuses piĂšces de monnaie. Notez que si certaines sont des vraies (en argent, donc avec une valeur intrinsĂšque et quelques petits coups de stylet pour graver la calotte) d'autres sont d'authentiques faux, si l'on peut dire, rĂ©alisĂ©s en mĂ©tal vil mais avec un vĂ©ritable travail d'artiste.

Ce roi qui a tĂŽt perdu la bataille de l'opinion ne rĂ©siste cependant pas Ă  la tentation d'un passage en force en s'appuyant sur une interprĂ©tation trĂšs hasardeuse de la Charte. Charles X estime qu'il applique le principe de « sĂ»retĂ© de l'État » (article 14) pour diminuer la libertĂ© de la presse. Les opposants brandissent l'article 8 qui Ă©nonce clairement que : « les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions, en se conformant aux lois qui doivent rĂ©primer les abus de cette liberté ». Trois jours d'Ă©meute tranchent le diffĂ©rend.

Le nouveau roi, cousin du précédent, est présenté comme un  roi citoyen . En réalité c'est une combine à lui tout seul. Il n'est pas légitime pour les royalistes, il n'est pas légitime pour les démocrates : il est seulement commode pour les bourgeois comme Thiers (qui sera président 40 ans plus tard, un malin reste un malin). La forme de son visage, sans grande noblesse (ce que d'aucuns suggÚrent aussi de son tempérament) lui vaut le sobriquet de poire, et les monnaies du temps en portent aussi les stigmates.

Ainsi, drapeau blanc ou tricolore (aprÚs 1830), roi de France ou des Français, toutes ces subtilités juridiques, toutes ces  valeurs  comme diraient nos dirigeants actuels, ne modifient guÚre le scepticisme goguenard ou la rage frondeuse qui, selon les circonstances, forment le fond de l'humeur populaire en France et notamment à Paris.

Qu'en dire aujourd'hui ?

La RĂ©publique est une chose ambigĂŒe car celle qu'invoque le gouvernement n'est gĂ©nĂ©ralement pas celle Ă  laquelle pense l'homme de la rue.

Les premiers ne se gĂȘnent d'ailleurs pas pour parler, dans un dĂ©cor largement inchangĂ© depuis l'Ancien RĂ©gime, de choses  rĂ©galiennes  — comme la monnaie par exemple — sans bien comprendre que, dans les yeux de beaucoup, ils sont simplement les occupants du jour, posĂ©s sur un fauteuil qui reste un trĂŽne.

En quatre décennies, les progrÚs du traitement de l'image n'ont pas apporté grand chose au thÚme du président-roi.

Il est clair cependant que l'invocation de la révolution a dépassé la mise en cause du faste (dit républicain par ses bénéficiaires) et de la morgue présidentielle pour en revenir à ce qui, dans l'esprit des gens, reste le coeur du déchirement républicain : l'insurrection et, au bout du chemin, la guillotine pour les tyrans.

Bien loin d'avoir la  nostalgie du roi  ils auraient plutĂŽt contre cette figure couronnĂ©e une rancune jadis incomplĂštement satisfaite. D'oĂč le slogan  on peut recommencer  qui soulĂšve le haut-le coeur de ceux qui estiment que, depuis qu'ils sont en place, tout est Ă  sa place.

La toile de Delacroix, rĂ©sumant Ă  elle seule cette Ă©quivoque sur ce que RĂ©publique veut dire, peut se retrouver sur un billet de banque (le cĂ©lĂšbre 100 francs de 1979) et derechef sur une piĂšce de 100 F en argent (en 1993, pour le bicentenaire de l'artiste, non pour commĂ©morer l'Ă©vĂ©nement...) tandis que la mĂȘme gueuse Ă  sein nu, quoiqu'ayant fait le tour de la presse internationale, se verra prestement effacĂ©e dĂšs qu'elle sort de son rĂŽle d'Ă©vocation aseptisĂ©e d'une histoire sagement figĂ©e au bĂ©nĂ©fice de l'ordre Ă©tabli.

Revenons Ă  nos gros sous

Comme la LibertĂ© de Delacroix, la figure rhĂ©torique de la RĂ©publique n'a simplement pas le mĂȘme sens pour les uns et pour les autres et la fragile lĂ©gitimitĂ© qu'elle prĂ©tend transfĂ©rer aux institutions qui gĂšrent la monnaie (Banques Centrales, instances de rĂ©gulation, bureaux les plus divers) avec leurs rhĂ©toriques grandioses ( notre Ă©tat de droit ) et leurs prĂ©tentions d'Ɠuvrer au bien commun repose sur une base aussi fragile et aussi Ă©quivoque. Qui pense vraiment que les Banques Centrales sont indĂ©pendantes de tout le monde ? Des  200 familles  qui rĂ©gentaient la Banque de France Ă  la grossiĂšre ploutocratie bancaire qui instrumentalise tout aujourd'hui, le spectacle n'a guĂšre besoin d'ĂȘtre dĂ©cryptĂ© comme diraient les journalistes.

 Contre nous de la tyrannie  ?

Il est certain que (pas davantage qu'aucun de ses prédécesseurs) M. Macron n'accepterait que l'on évoque son image en chantant ces mots. Il n'est pourtant écrit nulle part que les tyrans soient forcément et exclusivement des rois, ni qu'un processus plus ou moins encadré d'élection permette d'éviter la tyrannie, ni que l'existence d'un texte constitutionnel n'en prémunisse.

En tout cas ce n'est certainement pas ce que pensent le commun des mortels quand les événements attirent son attention sur ces graves problÚmes. Pour moi, j'incite ceux qui ont le temps à écouter ce qu'en dit Clément Viktorovitch, je ne saurais mieux dire.

Revenons en 1848, autre année de révolution confisquée et autre source de désillusion. La médaille satirique ci-dessous montre une amusante série de coups de pieds dans le cul. D'abord l'ex-roi Louis-Philippe avec un chapeau abßmé, magot à la main. Vient ensuite l'homme de février 48, le poÚte Lamartine reconnaissable à sa lyre puis le général Cavaignac qui a commandé la répression dÚs juin. La marche est close par Louis-Napoléon Bonaparte, qui bat le précédent à la présidentielle de décembre : il est représenté avec les attributs de son oncle. Le tout est hélas souligné d'une malheureuse prophétie : celui que l'on avait pris pour  un crétin  allait rester là 22 ans avec son effigie sur d'innombrables piÚces d'or, d'argent et de billon...

Le revers de la médaille est tout cru et peut, en revanche, toujours servir d'avertissement.

La forme rĂ©publicaine du rĂ©gime actuel n'a jamais empĂȘchĂ©, en effet, les opĂ©rations  Îte-toi de là  orchestrĂ©es par des officines et des coteries (comme le remplacement du roi de 1830 par son cousin) : trois prĂ©sidents auront sans trop de mal imposĂ© leur image de rĂ©formateur, et le rĂ©cit Ă©pique de leur arrivĂ©e aux affaires comme un changement voire une rupture avec les prĂ©cĂ©dents qui n'avaient rien fait : or qu'il s'agisse de ValĂ©ry Giscard d'Estaing en 1974, de Nicolas Sarkozy en 2007 ou de Emmanuel Macron en 2017, l'intĂ©ressĂ© Ă©tait ministre la veille ou l'avant-veille et avait exercĂ© une influence sensible et durable sur les affaires.

Bref, comme le disait dĂ©jĂ  un observateur en 1849, « plus ça change, plus c’est la mĂȘme chose ».

Et la violence ?

Avec la dramaturgie de la violence au 19Ăšme siĂšcle, comme avec celle du scrutin de nos jours, le changement n'est jamais que, latĂ©ral, marginal, et le plus souvent dans le sens qui conforte la classe dominante. Mais, mĂȘme avec violence, le changement semble indiffĂ©rent Ă  la monnaie, Ă  sa nature, aux conditions de son Ă©mission, de sa conservation. Karl Marx ironisait ainsi sur les communards allant poliment demander une avance Ă  la Banque de France au lieu de la rĂ©quisitionner. Sur cet Ă©pisode de 1871 il y a beaucoup Ă  dire.

On peut penser que la majoritĂ© des membres de la Commune avaient la mĂȘme perception et la mĂȘme approche du problĂšme de la Banque de France, et qu'ils Ă©taient victimes de deux mythes toujours fort communs :

  1. Premier mythe : que la banque – et plus gĂ©nĂ©ralement la finance – appartient au domaine du sacrĂ©.
  2. Second mythe, qui en dĂ©coule : que les mĂ©canismes financiers sont trop compliquĂ©s pour ĂȘtre compris par les simples citoyens, voire par les responsables politiques, et qu’ils doivent de ce fait ĂȘtre rĂ©servĂ©s Ă  des spĂ©cialistes ou mĂȘme Ă  des experts.

En Ă©crivant Bitcoin, la monnaie acĂ©phale Adli Takkal Bataille et moi Ă©crivions d'abord que  l’irruption d’une nouveautĂ© radicale permet un examen critique non moins radical de ce qui, sans solution alternative adĂ©quate, passait aisĂ©ment pour naturel . Nous ne dissimulions pas non plus que c'Ă©tait bien  du dĂ©but Ă  la fin du livre, d’enlever l’effigie des puissances tutĂ©laires et les majestueux profils des autoritĂ©s sur toutes sortes de mĂ©dailles qu’il a Ă©tĂ© question, en commençant par la monnaie acĂ©phale ! 

(La Liberté de Youl) relire mon billet à son sujet

Certes Bitcoin est une révolution non violente. Mais la hargne constante que lui témoignent les dirigeants, les politiques et leurs thuriféraires comme leur volonté peu dissimulée de l'interdire, tranchent avec le constat désabusé que portait il y a plusieurs décennies maintenant l'humoriste préféré des Français et dont les événements actuels permettent de mesurer la pertinence.

Comment utiliser la kijun sen ichimoku

A quelques jours seulement de la clÎture trimestrielle, je recherche des opportunités d'investissement en actions européennes et américaines ou ETF. Déjà au mois de septembre en clÎture trimestrielle nous avions eu de magnifiques opportunités que j'avais partagé avec vous. Il est assez rare d'avoir des actions, ETF ou indices en tendance haussiÚre qui offrent ...

L'analyse technique plus importante que l'analyse fondamentale ?

Pour investir en bourse qu'il s'agisse d'investissement de long terme ou d'investissement en swing trading peut on considĂ©rer que l'analyse technique est plus importante que l'analyse fondamentale ? A moins que se soit le contraire ? Peut ĂȘtre sont elles complĂ©mentaires et qu'un investisseur ne devrait jamais se fier Ă  l'une sans tenir compte de l'autre ?  Personnellement ...

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