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Before yesterdayCrypto FR

La SEC envisagerait d'abandonner les charges contre DEBT Box – Aveu d’échec pour le régulateur américain ?

January 31st 2024 at 16:00

Au cœur des discussions sur la réglementation des cryptomonnaies, la Securities and Exchange Commission (SEC) a déposé un document annonçant son intention de suspendre toutes les charges contre DEBT Box. La question se pose désormais de savoir si cette annonce pourrait influencer d'autres affaires en cours de la SEC, notamment celles impliquant Coinbase et Binance.

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Ancien ministre des Finances, ancien ministre de la Défense... Coinbase recrute des personnalités politiques aux États-Unis et au Royaume-Uni

January 31st 2024 at 15:00

Coinbase soigne son image et ses relations. La plateforme d’échange des États-Unis continue de recruter d’anciennes personnalités politiques haut placées pour son Conseil. C’est un signal de plus envoyé aux régulateurs, dans des économies qui sont devenues plus hostiles aux cryptomonnaies ces dernières années.

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Après un rejet hier sur une résistance importante, le Bitcoin de retour à la baisse ? Analyse du BTC du 31 janvier 2024

January 31st 2024 at 13:00
By: Tagado

Hier, le Bitcoin n'est pas parvenu à regagner une résistance importante en support. Est-ce le signe que cette hausse n'était qu'un rebond avant de repartir plus bas ? Le point dans cette analyse BTC du mercredi 31 janvier 2024.

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Dédollarisation : les Émirats arabes unis effectuent leur premier paiement en dirham numérique vers la Chine

January 31st 2024 at 11:30

Un acte symbolique, annonciateur d’une transformation profonde. Les Émirats arabes unis viennent de faire leur premier transfert transfrontalier en dirham numérique, en direction de la Chine. Le pays compte ainsi initier un processus de dédollarisation, et renforcer ses liens avec Pékin et le groupe BRICS+.

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Des ETF Ethereum disponibles dès le 23 mai prochain ? Standard Chartered prévoit un ETH à 4 000 dollars

January 31st 2024 at 10:30

Les ETF Ethereum spot seront-ils aussi attendus que les ETF Bitcoin spot ? C’est ce qu’estime la banque Standard Chartered, qui envisage une forte appréciation du cours de l’ETH avant une approbation éventuelle en mai prochain. Quelles sont ses prévisions ?

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RWA : le stablecoin USDC débarque nativement sur la blockchain Celo

January 31st 2024 at 09:30

Avec son arrivée sur la blockchain Celo de façon native, l’USDC de Circle ajoute ainsi un nouveau réseau à son actif. Grâce à ce nouveau partenariat, les équipes de cLabs ont mis en avant les cas d’usage relatifs à la tokenisation RWA que pourra permettre le stablecoin.

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Bitcoin, la vague technique « 4 » est-elle terminée ? L'analyse de Vincent Ganne

January 31st 2024 at 07:00

Comment le Bitcoin se comporte-t-il face aux dernières mises à jour économiques aux États-Unis ? Vincent Ganne vous livre son analyse hebdomadaire sur le marché des cryptomonnaies.

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Vitalik Buterin expose 4 manières dont l'IA pourrait fonctionner en synergie avec la blockchain

January 30th 2024 at 19:00

Dans un article de blog visant à explorer les liens entre l'intelligence artificielle (IA) et la blockchain, Vitalik Buterin propose 4 exemples d'applications liant les 2 technologies. Il explique comment la décentralisation de la blockchain peut contrer l'opacité de l'IA et comment ces 2 domaines peuvent collaborer efficacement.

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Le top 5 des token unlocks à connaître en février 2024

January 30th 2024 at 18:00

Les tokens unlock sont un mécanisme de libération de tokens jusqu'alors verrouillés, qui sont ainsi ajoutés à la quantité totale en circulation. Inévitablement, c'est un phénomène qui peut impacter le cours de la cryptomonnaie concernée. Voici le top 5 des tokens unlock à surveiller en février 2024.

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Bitcoin (BTC) à 170 000 dollars après le halving ? – Le PDG de Skybridge Capital optimiste

January 30th 2024 at 17:30

Si l’approbation des ETF Bitcoin spot a pour l’instant eu un effet mesuré sur le cours du Bitcoin (BTC), un autre événement d’ampleur pointe à l’horizon : le halving. Selon le fondateur de Skybridge Capital, Anthony Scaramucci, il pourrait propulser le cours du BTC jusqu’aux 170 000 dollars.

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Deux mois après le départ de Changpeng Zhao, Binance en route vers une nouvelle hégémonie ?

January 30th 2024 at 16:30

Les déboires judiciaires de Binance n’ont semble-t-il pas fait flancher le géant. L’entreprise est en effet en route pour retrouver sa domination historique sur le marché des cryptomonnaies. Zoom sur ce retour en force.

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2,17 milliards de dollars de Bitcoin (BTC) saisis en Allemagne – Que s'est-il passé ?

January 30th 2024 at 16:00

La police allemande a annoncé la saisie de 50 000 Bitcoins, d'une valeur dépassant les 2,17 milliards de dollars au cours actuel. Cette opération, qualifiée de plus importante saisie de l'histoire en Allemagne, résulte d'une collaboration entre les autorités locales, le Bundeskriminalamt allemand et le FBI américain. Que s'est-il passé ?

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Le 78ème Repas du Coin, à Auxerre le 25 janvier 2024

January 27th 2024 at 19:34

Retour à Auxerre, presqu’un an après la première expérience, pour couple le Repas du Coin à l’événement Crypto XR dont le Cercle du Coin était l’un des sponsors.

Nombreux étaient d’ailleurs les membres du Cercle (8 sur 43 convives) à avoir fait le voyage, bravant les incertitudes inhérentes aux déplacements ferroviaires contemporains et l’aléa que faisaient régner les agriculteurs sur l’état des routes. En définitive, seuls deux convives ont fait défaut, coincés entre Metz et Auxerre par une vulgaire panne automobile !

Les convives étaient donc venus de Paris, Bruxelles, Luxembourg, Lyon, Beaune, Neuchâtel, Chartres, Clermont-Ferrant et … Oman ! Ils se sont réunis au Bourgogne dont le menu a été jugé comme l’un des plus réussis du point de vue gastronomique dans l’histoire des Repas.

 

Les conversations ont porté sur l’événement auxerrois lui-même, dont le succès s’annonçait déjà exceptionnel (les prévisions n’ont pas été démenties), sur l’adoption, sur les actifs tokenisés, sur le rapport de la Cour des Comptes, sur les NFT (bien sûr!) et le chemin accompli depuis les premiers colored coins, sur l’évolution de la communauté (Les OG sont fatigués ?) et malgré les foudres brandies en début de repas (menaces de prélever 5% de commission) sur le business des uns et des autres : l’utilisation de fiducies pour la gestion de la propriété immobilière, ou en core une solution qui s’apparente à un paper wallet en version carte à puce (la clé privée ne sort jamais) qui permet donc de transmettre off-chain des BTC.

Comme d’habitude l’événement avait lieu in and out (ou comme au théâtre, sur deux plateaux), permettant aux compulsifs de fumer ou de téléphoner (certaines addictions semblent se concentrer).

Ensuite, pour attendre la soirée VIP de l’événement Crypto XR à laquelle tous les convives étaient gracieusement invités, on s’est éparpillé dans la ville de Cadet Rouselle, décidément pleine de charme.

La nuit tombée, chacun a passé le pont sur l’Yonne pour aller reprendre, verre en main, et avec de nouvelles rencontres, les joies de la parlotte !

Il est clair que nous reviendrons  dans l’Yonne ! 

 

Cet article Le 78ème Repas du Coin, à Auxerre le 25 janvier 2024 est issue du site Le Coin Coin.

Volume d’échange de crypto-monnaies : qu’est-ce que c’est et comment l’utiliser?

January 25th 2024 at 17:25
By: Daniel
L’évaluation du marché basée sur le volume des transactions est, à première vue, simple. Si les volumes d’échanges augmentent, alors le marché est fort. Si les volumes diminuent, le marché s’affaiblit. Bien qu’il s’agisse de concepts simples et raisonnables, l’IMF et d’autres indicateurs ou concepts tels que le dérapage leur sont liés. Découvrez les concepts […]

Les ETF indexés sur le bitcoin et la menace du BlackFork

January 24th 2024 at 10:00

L'année 2024 a commencé en trombe dans le monde de Bitcoin et des cryptomonnaies : le mercredi 10 janvier, 11 ETF indexés sur le bitcoin (BTC) ont été approuvés par la SEC, le gendarme financier américain, au terme d'une procédure qui avait cours depuis plusieurs années. Cette décision a provoqué la réjouissance d'une partie la communauté, en raison de l'éventuelle hausse du prix qu'elle va pouvoir amener. Mais a elle aussi suscité l'inquiétude, notamment en ce qui concerne l'altération des caractéristiques fondamentales de Bitcoin.

Des ETF pour Bitcoin

Un ETF, pour exchange-traded fund ou fonds négocié en bourse en français, est un fonds de placement en valeurs mobilières dont les parts peuvent être échangées en bourse. Ce produit a pour objectif de répliquer les performances d'un actif ou d'un panier d'actifs déterminé, de sorte à rendre accessible l'investissement pour le particulier. Les ETF sont typiquement utilisés pour les indices boursiers, comme le S&P500 aux États-Unis ou le CAC40 en France.

Un ETF est constitué de parts qui sont échangées sur les marchés financiers. La valeur de ces parts peut être garantie de deux manières principales : la réplication physique, où l'actif sous-jacent est détenu par le fonds, et la réplication synthétique, où la performance est reproduite grâce à des paniers d’actions liquides achetés auprès d’une banque d’investissement (via des swaps). Les ETF peuvent aussi concerner deux sortes d'actifs : soit l'actif lui-même auquel cas on parle d'ETF au comptant (ou spot), soit un contrat à terme, auquel cas on parle d'ETF futures.

Les ETF (spot et futures) sont aussi présents sur le marché des matières premières (commodities). Ainsi, des ETF physiques adossés à l'or ont émergé dans les années 2000, dont notamment SPDR Gold Trust (GLD) ou l'iShares Gold Trust (IAU) — l'ETF de BlackRock. Cette démocratisation de la spéculation sur le cours de l'or, grâce à la liquidité apportée, a accompagné la hausse formidable du cours de l'once d'or, qui est passé de 300 à 1800 $ entre 2002 et 2011.

Il est naturel que les personnes qui considèrent le bitcoin comme de l'or numérique et comme une réserve de valeur demandent la mise en place d'un ETF indexé sur le bitcoin, voyant notamment le potentiel de hausse fulgurant que celui permettrait. À partir de 2012, ces personnes ont ainsi soutenu l'émergence d'un tel fonds pour la cryptomonnaie. La première proposition d'un ETF indexé sur le bitcoin remonte à l'année 2013, a été la demande faite par les frères Winklevoss en juillet 2013. Puis, en décembre 2017, des contrats à terme basés sur le BTC sont apparus à la bourse de Chicago (CBOE et CME). En février 2021, le premier ETF physique, distribué par Purpose Investments, a été validé au Canada. En octobre 2021, le premier ETF synthétique, géré par ProShares, a été proposé à la vente, au New York Stock Exchange (NYSE). Mais il a fallu attendre le mois de janvier 2024 pour voir arriver des ETF physiques aux États-Unis et notamment à Wall Street, le principal centre financier du monde.

Le 10 janvier, le gendarme financier étasunien, la Security and Exchange Commission (SEC), a approuvé 11 demandes d'ETF physiques devant être échangés à la bourse du Nasdaq, au NYSE et Chicago Board Options Exchange (CBOE). Ces ETF ont commencé à être négociés en bourse à partir du lendemain.

SigleSponsorDépositaireBourse
GBTCGrayscaleCoinbaseNYSE
IBITBlackRockCoinbaseNasdaq
FBTCFidelityFidelityCBOE
ARKBArk / 21 SharesCoinbaseNYSE
BITBBitwiseCoinbaseNYSE
EZBCFranklin TempletonCoinbaseCBOE
BTCOInvescoCoinbaseCBOE
HODLVanEckGeminiNYSE
BRRRValkyrieCoinbaseNasdaq
BTCWWisdomTreeCoinbaseCBOE
DEFIHashdexBitGoCBOE

Ces ETF sont divers. Nous pouvons citer le cas de GrayScale, filiale du Digital Currency Group, qui propose depuis 2013 une fiducie basée sur le bitcoin, appelée le GBTC, qu'elle a converti en ETF pour l'occasion. On peut aussi citer le cas de VanEck qui a choisi pour dépositaire la plateforme Gemini, gérée par les frères Winklevoss, ces derniers ayant obtenu gain de cause plus de 10 ans après leur première demande. Mais le principal acteur dans cette histoire est BlackRock, le plus gros gestionnaire d'actifs du monde, de sorte qu'on a tendance à réduire le sujet à cette multinationale iconique.

Ces ETF sont des ETF physiques. La SEC a tranché en faveur d'un mécanisme indirect, où la soumission et le rachat des parts se font par un règlement en monnaie classique (« cash creates ») plutôt qu'en bitcoin, mais l'ETF doit se procurer les bitcoins sur le marché. Cela suppose donc la conservation des bitcoins en réserve, et c'est ce qui enthousiasme beaucoup les spéculateurs.

Toutefois, cette détention n'est généralement pas directe : sauf dans le cas de Fidelity, elle se fait par le biais d'un dépositaire. Et le dépositaire largement dominant aujourd'hui est Coinbase Custody, ce qui constitue une grande centralisation de la détention et de l'activité économique.

La capture de Bitcoin

L'entrée en scène des ETF physiques indexés sur le bitcoin s'inscrit dans la financiarisation de Bitcoin qui a commencé en 2012–2013 avec l'arrivée des premiers acteurs financiers classiques dans l'écosystème. Cette évolution s'est accompagnée d'une réglementation de plus en plus drastique des services du secteur, comme les plateformes d'échange, les dépositaires et les processeurs de paiement. Cela se traduit peu à peu par une lente prise de contrôle de la part des autorités en place (dont l'État fédéral américain) qui influencent de plus en plus l'économie de Bitcoin.

La capture d'un protocole ouvert n'est pas une idée absurde. En effet, une telle chose s'est déjà produite par le passé, notamment pour SMTP (un des protocoles derrière le courrier électronique) et pour XMPP (un protocole de messagerie instantanée). Ces protocoles ont été récupérés grâce à une stratégie similaire à la stratégie de Microsoft appelée « embrace, extend, and extinguish » (littéralement « adopter, étendre, et étouffer »), qui consiste à entrer sur un marché en appliquant des normes largement utilisées, étendre ces normes en leur ajoutant des caractéristiques propriétaires (ou privatrices), puis se servir de ces différences afin de défavoriser les concurrents. Cette stratégie était prévue par Microsoft dans le but de récupérer le protocole HTML aux détriment des navigateurs web classiques comme Netscape, ce qui n'a heureusement pas eu lieu.

Dans le cas de Bitcoin, l'idée serait d'adopter BTC comme protocole de base hébergeant une activité financière, attirer l'essentiel de l'activité économique, puis lui ajouter des caractéristiques de censure ou de fiscalité et repousser les quelques dissidents qui resteraient. Dans ce cas, les incitations ne sont pas les mêmes, car elles ne viennent pas uniquement du marché, mais sont distribuées entre plusieurs acteurs : BlackRock et le monde financier qui cherchent le rendement dans un objet spéculatif soutenu par un récit unique, et l'État qui cherche à contrôler Bitcoin le plus possible pour éviter que ses citoyens disposent de trop de liberté. L'ETF constitue un leurre, une imposture, un divertissement qui permet de détourner les individus de ce qui fait réellement la valeur de Bitcoin : la propriété souveraine de son argent obtenue par le biais de la conservation de ses clés privées et par l'échange décentralisé et confidentiel.

Cette inquiétude à propos de la capture de Bitcoin a été soulevée par de nombreuses personnalités dont Arthur Hayes, Chris Blec ou encore Edward Snowden. En France, elle a été exposée par Richard Détente de la chaîne Grand Angle, dans une vidéo intitulée « Comment Blackrock compte tuer Bitcoin ? ». Malheureusement, cette intuition (parfois mal articulée) a subi les foudres des commentateurs qui s'empressaient de se concentrer sur les détails plutôt que de prolonger la réflexion de fond, ce que nous nous proposons de faire ici.

Le « BlackFork »

L'altération du protocole Bitcoin, c'est-à-dire la modification des règles qui garantissent la résistance à la censure et à l'inflation du système, correspond à ce qu'on appelle communément un fork. Elle peut être faite par le biais d'un hard fork, qui est un changement incompatible des règles de consensus, ou bien par l'intermédiaire d'un soft fork, qui est une restriction des règles de consensus pouvant créer une certaine rétrocompatibilité. Dans les deux cas, ces modifications peuvent mener à une scission de chaîne (ce qu'on appelle parfois aussi un hard fork) où deux branches permanentes émergent d'une seule et même chaîne et sont entretenues par des réseaux de nœuds appliquant des règles différentes. Deux systèmes concurrents gérant leur propres unités de compte sont alors créés et coexistent.

Les sponsors des ETF ont dû déterminer, pour les besoins de clarté du contrat, quel type de branche ils prendraient en charge dans l'éventualité d'une scission. Le cas qui a fait parler de lui est celui de BlackRock en juin 2023. Voici ce qui est écrit dans sa demande d'ETF déposée auprès de la SEC :

« Dans le cas d'un hard fork du réseau Bitcoin, le Sponsor, comme le permettent les termes de l'Accord de Fiducie, utilisera sa seule discrétion pour déterminer, en toute bonne foi, quel réseau pair à pair, parmi un groupe de forks incompatibles du réseau Bitcoin, est généralement accepté comme le réseau Bitcoin et devrait donc être considéré comme le réseau approprié pour les besoins de la Fiducie. [...] Il n'y a aucune garantie que le Sponsor choisira l'actif numérique qui aura finalement le plus de valeur, et la décision du Sponsor peut avoir un effet négatif sur la valeur des actions. Le Sponsor peut également être en désaccord avec les Détenteurs de Parts, le Dépositaire des Bitcoins, d'autres prestataires de services, l'Administrateur de l'Indice, les plateformes d'échange de cryptomonnaies ou d'autres acteurs du marché sur ce qui est généralement accepté comme Bitcoin et devrait donc être considéré comme "Bitcoin" pour les besoins de la Fiducie, ce qui peut également avoir un effet négatif sur la valeur des Parts en conséquence. »

D'une part, on note que BlackRock n'envisage pas ici le fait de prendre en charge les deux branches, d'une façon ou d'une autre, par exemple en offrant l'opportunité de retirer les coins de la branche minoritaire. Ainsi, le client, qui prend déjà un risque de garde auprès de BlackRock, ne serait pas crédité des unités correspondantes, causant une perte évidente, si la branche minoritaire avait une certaine importance.

D'autre part, BlackRock se réserve le droit de déterminer la chaîne de son choix, et non suivre la décision des autres acteurs du marché ou la chaîne conservant les règles initiales. Il s'agit là d'une avancée inquiétante, car elle laisse entrevoir la possibilité pour BlackRock de créer sa propre version de Bitcoin, un « BlackFork » tel que nous l'appelons ici. Bien entendu, cette version ne serait pas celle émanant directement du gestionnaire d'actifs mais de la réglementation financière.

En raison de sa position dans le monde financier, il est évident que BlackRock fait partie intégrante du pouvoir en place, le gestionnaire suivant les réglementations qu'il participe également à influencer. C'est pourquoi le protocole promu par BlackRock risque d'être une version altérée de Bitcoin qui implémenterait une mesure de censure des transactions sous prétexte de lutter contre le blanchiment et le terrorisme (LCB-FT). Il s'agirait essentiellement d'un soft fork, c'est-à-dire d'une restriction des règles de consensus, permettant aux blocs produits d'être compatibles avec le protocole initial. C'est pourquoi, dans le cas où la branche de BlackRock serait majoritaire économiquement, le Bitcoin initial serait obligé de procéder à un hard fork pour continuer d'exister. Dans tous les cas, deux systèmes monétaires entreraient en concurrence.

Scénario hypothétique : soft fork de censure de BlackRock et hard fork d'échappatoire des dissidents. Le soft fork exclut les transactions identifiées comme « sales », de sorte que tout bloc en contenant est rendu orphelin. Le hard fork d'échappatoire impose au premier bloc de la scission de contenir une transaction identifiée comme « sale » pour garantir l'incompatibilité.

Majorité économique et proposition de valeur

Il est commun de dire qu'un système qui modifie le protocole sans consensus approximatif de la communauté n'est pas Bitcoin. Et ce sera toujours le discours d'un certain nombre de bitcoineurs qui jugeront que le « vrai Bitcoin » ne peut pas être le résultat de cette scission controversée, celle-ci ne bénéficiant ni de l'accord des développeurs de Bitcoin Core, ni de celui de la communauté des utilisateurs historiques, et n'étant certainement pas conforme aux principes fondamentaux du concept originel proposé par Satoshi Nakamoto. Cependant, même si ce discours peut se comprendre, il a pour défaut de cacher la réalité économique du processus.

Comme nous avons pu le répéter ici et , Bitcoin est un système essentiellement économique, dont les règles de consensus sont elles aussi déterminées de manière économique. De surcroît, il s'agit d'une monnaie, à savoir un mécanisme servant d'intermédiaire dans les échanges, dont l'utilité dépend de la quantité de biens et de services qu'il permet d'acheter dans le commerce. Cette utilité a tendance à évoluer de manière superlinéaire par rapport à la quantité disponible de biens et de services, en raison du cercle vertueux lié à la liquidité, phénomène qu'on nomme usuellement effet de réseau par analogie aux réseaux sociaux.

Chaque ensemble de règles existant est ainsi soutenu par une économie donnée. De ce fait, chaque système appliquant ces règles possède une importance propre, fonction de l'activité commerciale qu'il véhicule. Le protocole est déterminé par l'application des règles réalisée par les commerçants, les acteurs qui vendent des biens et des services contre du bitcoin, y compris de la monnaie classique (celui qui « achète du bitcoin » est un commerçant). Leur importance dans la prise de décision dépend, grosso modo, de leur activité économique vérifiée par l'intermédiaire de leurs nœuds.

Les autres « utilisateurs », les clients et les détenteurs (si nous pouvons faire une telle distinction, car chacun a généralement été un commerçant), sont aussi importants, dans le sens où ils influencent les commerçants, mais ce n'est pas à eux que revient le dernier mot. Les mineurs n'ont pas non plus de pouvoir direct1, sauf en tant que commerçants recevant des frais pour le service de confirmation des transactions.

Dans le cas d'un ETF, le commerçant réel est le dépositaire (ici Coinbase) qui reçoit les bitcoins des personnes qui souhaitent les changer en monnaie classique. Ce dépositaire est lié par contrat au Sponsor et à la Bourse, de sorte que les trois forment un ensemble. L'activité économique est l'ensemble des règlements nécessaires au maintien du prix de l'ETF, ce qui peut représenter un volume conséquent suivant la volatilité du cours. Ainsi, l'importance économique de l'ETF de BlackRock, des autres ETF et des places de marché réglementées peut très bien surpasser l'importance économique de l'économie dissidente. C'est pourquoi il est probable que le BlackFork dispose, dans un premier temps, de la majorité économique.

Bien entendu, un autre facteur joue : le fait que la proposition de valeur de ce « Bitcoin » serait grandement altérée. Il y aurait ainsi un effet de substitution immédiat qui jouerait en faveur du Bitcoin initial, malgré sa moindre utilité à l'instant de la scission. Par conséquent, il peut nous semble absurde que des personnes puissent adopter le BlackFork.

Cependant, c'est négliger le niveau de propagande et de confusion qui peut émaner du système médiatique (à la télévision ou sur Internet), ainsi que le degré de cupidité à court terme des gens. De plus en plus de personnes n'ont en effet jamais entendu parler des racines cypherpunks de Bitcoin et sont là pour profiter du bitcoin comme une supposée « réserve de valeur ». La proposition de valeur serait le fait que le nombre monte, reposant sur le mythe des 21 millions et la supposée « résistance à l'inflation » qui pourrait exister sans résistance à la censure et sans confidentialité. C'est le « Bitcoin » promu par Michael Saylor depuis 2021. On voit déjà cette narration se développer avec la publicité de VanEck promouvant son ETF, qui dit : « Bitcoin peut vous aider à vous prémunir contre la dévaluation de votre argent par l'État. »

Et l'illusion pourrait tout à fait s'installer. En dépit de son absurdité à long terme, cela pourrait tenir, bénéficiant de la lancée culturelle accumulée par Bitcoin depuis des années. Toute personne qui voudrait miser sur le contraire se retrouverait à combattre des forces extraordinaires et ne pourrait pas s'en sortir. Ne dit-on pas que les marchés peuvent rester irrationnels plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable ?

L'illusion serait brisée lorsque, quelques temps plus tard, un soft fork taxatoire ou bien un hard fork d'inflation serait mis en place, détruisant la maigre proposition de valeur du Bitcoin soutenu par BlackRock. Le BTC deviendrait alors un jeton mémétique sans intérêt objectif, si ce n'est l'histoire qu'il porterait.

La question est de savoir quelle taille l'économie libre peut atteindre avant qu'un tel BlackFork ne survienne. Parce qu'à mon avis un tel jour arrivera, même si cela prendra des années. Le loup est déjà dans la bergerie ; les moutons voudront-ils se préparer à une attaque certaine ?


Notes

1. Contrairement à une idée persistante, ce ne sont pas les mineurs qui donnent à la monnaie sa valeur, le bitcoin n'étant aucunement « adossé » à l'énergie comme on peut le lire trop souvent. Cela ne veut pas dire que les mineurs ne peuvent pas avoir une influence (par l'intermédiaire de leur capacité à attaquer une chaîne en la censurant), mais il s'agit là d'une influence qui est subsidiaire au pouvoir des commerçants. Ainsi, si la centralisation du minage et sa réglementation sont des problèmes évidents, ils ne sauraient entrer dans l'équation ici.

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Bitcoin en 2023 : Ordinals, BRC-20, frais et censure

December 31st 2023 at 09:30

L'année 2023 dans Bitcoin a été marquée par l'émergence et le succès des métaprotocoles Ordinals et BRC-20. Ce ne sont en effet pas les demandes d'ETF qui ont animé le plus les discussions au cours de cette année, mais la création et l'échange de jetons fongibles et non fongibles (NFT) par l'intermédiaire de ces standards. Cela s'explique par la vague spéculative ayant eu lieu à propos de ces jetons, et par l'encombrement de l'espace de bloc qu'elle a entraîné, menant à une hausse des frais de transaction considérable. Une certaine tension s'est installée et fait ressurgir des questions comme celle de l'utilisation légitime du protocole ou celle de la censure. C'est ce dont nous parlerons ici, en guise de rétrospective.

Ordinals, le protocole d'inscription et de transfert de NFT

Le protocole Ordinals a été conçu par Casey Rodarmor, développeur reconnu dans la communauté de Bitcoin. Ce protocole permet l'émission et le transfert de jetons non fongibles, aussi appelés NFT pour non-fungible tokens. La particularité de ces « artéfacts numériques » est que toutes leurs données sont inscrites sur la chaîne de blocs et qu'ils sont suivis et transférés via une numérotation des satoshis par nombres ordinaux, d'où le nom du protocole. Créer des NFT sur la chaîne de BTC était déjà possible depuis 2014 par le biais du métaprotocole Counterparty, mais le contenu lié n'était pas conservé sur la chaîne.

Cette possibilité d'inscription, même si elle existait antérieurement sous une forme plus indirecte, a été largement facilitée par la mise à niveau Schnorr-Taproot qui s'est produite le 14 novembre 2021. En effet, les inscriptions Ordinals sont réalisées au sein d'un script de déverouillage placé dans le témoin de la transaction et écrit à l'aide de Tapscript. Les inscriptions sont identifiées à l'aide de la structure particulière du script et en particulier par l'indicateur ord.

Elles bénéficient du calcul des frais lié à SegWit qui pondère les données du témoin de façon quatre fois moins importante que les autres données de la transaction. Cette caractéristique donne a cette méthode un avantage par rapport au schéma d'inscription de données NULLDATA, qui utilise l'opérateur OP_RETURN pour stocker des données dans des sorties « classiques » indépensables. De plus, le fait de passer par Tapscript permettent à ces inscriptions de ne pas être limitées en taille par les restrictions des scripts classiques : celle des 3,6 ko standards, dont le respect est nécessaire à la bonne diffusion de la transaction sur le réseau (règle de mempool), et celle des 10 ko obligatoires, qui doit être respectée pour l'inclusion dans un bloc (règle de consensus). La taille d'une inscription Ordinals est donc plafonnée uniquement par la taille limite des blocs.

Le protocole Ordinals a été lancé officiellement le 20 janvier 2023 (UTC). Il a provoqué immédiatement le débat, comme en témoigne l'article de Pourtreaux publié le 25. Le 2 février, une image de près de 4 Mo a été incluse dans le bloc 774 628, suscitant l'émoi dans la communauté. Il s'agissait d'une image des « Taproot Wizards », détournement du mème de la Magic Internet Money contenant notamment les lunettes de soleil usuellement arborées par Udi Wertheimer, l'un des instigateurs de cette tendance. Le bloc était le plus gros bloc jamais miné sur BTC et l'est toujours aujourd'hui.

Ordinals a connu un succès fulgurant. Présenté comme une nouveauté, ce modèle a tout de suite plu aux artistes et aux spéculateurs en tous genres. Son succès a été tel que le sujet a été abordé par la presse généraliste, particulièrement friande de ce genre de phénomène. Mais il a vite été remplacé par un protocole autrement plus viral : la norme BRC-20.

BRC-20 : des jetons fongibles basés sur les inscriptions Ordinals

Le succès d'Ordinals a donné des idées aux gens. Ç'a été le cas du développeur et analyste domo qui a dévoilé le standard BRC-20 le 9 mars 2023 (UTC). Les jetons BRC-20, appelés comme tels en référence à la norme ERC-20 présente sur Ethereum, sont des jetons fongibles, c'est-à-dire que chaque unité du jeton est interchangeable avec une autre.

Le principe du standard BRC-20 est d'inscrire des fichiers JSON sur la chaîne afin d'effectuer des opérations sur les unités de compte. Trois fonctions existent : deploy, qui permet de créer un nouveau jeton sur le réseau, mint, qui permet de forger de nouvelles unités, et transfer, qui permet de transférer les unités en notre possession. Chaque jeton a son sigle boursier, son plafond d'unités en circulation et sa limite d'émission par transaction. À titre d'illustration, voici le fichier de déploiement du jeton ordi (le premier jeton créé par domo lui-même et leader actuel du marché des BRC-20) inscrit le 8 mars dans le bloc 779 832 :

{ 
  "p": "brc-20",
  "op": "deploy",
  "tick": "ordi",
  "max": "21000000",
  "lim": "1000"
}

Là encore, les jetons fongibles sur Bitcoin ne forment pas quelque chose d'entièrement nouveau. En 2013-2014, on pouvait déjà émettre et utiliser des pièces colorées, qui ont d'ailleurs eu leur petit succès à l'époque, à l'instar des Open Assets de Coinprism, des CoinSpark assets de Coin Sciences, et des Colored Coins de Colu. Les BRC-20 nous rappellent aussi les user currencies qu'il était possible de créer sur le protocole Mastercoin (aujourd'hui appelé Omni), dont faisait partie notamment le stablecoin Tether USD (émis initialement sous le nom de Realcoin en 2014).

L'avantage de la norme BRC-20 est qu'elle est très simple et qu'elle se fonde sur un protocole existant très à la mode. Cependant, elle constitue aussi une piètre implémentation de jetons, non optimisée. Par exemple, les transferts nécessitent deux transactions : l'une pour autoriser le transfert par le biais d'un nouveau fichier JSON et l'autre pour effectuer le déplacement des satoshis à l'adresse souhaitée. Il est donc nécessaire de réécrire à chaque fois toutes les données liées au jeton (l'indicateur ord, le format du fichier, et le fichier lui-même) sur la chaîne. De plus, des clients d'indexation doivent être déployés pour suivre la distribution des jetons, ce qui est une charge non négligeable.

Dès le début, domo lui-même expliquait dans un avertissement précédant la description technique de son protocole :

« Il s'agit uniquement d'une norme expérimentale amusante démontrant qu'il est possible de créer des états de solde en dehors de la chaîne à l'aide d'inscriptions. Elle ne doit en aucun cas être considérée comme LA norme pour la fongibilité sur Bitcoin avec Ordinals, car je pense qu'il est très certainement possible de faire des meilleurs choix de conception et des optimisations. Par conséquent, il s'agit d'une expérience extrêmement évolutive, et je déconseille fortement de prendre des décisions financières à partir de ce modèle. »

domo, brc-20 experiment, 10 mars 2023

La réelle particularité des BRC-20 est leur procédé d'émission. En effet, les jetons sont forgés par des transactions Bitcoin, contenant l'inscription liée à l'instruction mint. Une limite d'émission par transaction est déterminée dès le début (pour l'ordi il s'agit de 1000 unités) ainsi qu'un plafond total (21 millions pour l'ordi). N'importe qui peut donc participer à la création initiale des jetons. Une fois qu'ils ont tous été forgés, il n'est plus possible d'en créer de nouveaux, à moins de modifier la norme BRC-20 elle-même.

Cette particularité donne une certaine rareté aux unités et c'est ce qui semble plaire. À ma connaissance, aucun BRC-20 n'a de cas d'utilisation revendiqué. Il s'agit essentiellement de memecoins servant de support à la spéculation.

L'envolée des frais de transaction

Comme on le sait, la taille des blocs de BTC est limitée par un paramètre appelé la limite de poids. Le poids d'une transaction est défini comme étant la moyenne pondérée de la taille des données de base et de la taille du témoin contenant les signatures, cette dernière impactant quatre fois moins la métrique. Le poids d'un bloc est la somme du poids des transactions qu'il contient. Le total est limité à 4 millions d'unités, ce qui correspond à environ 1,8 Mo pour un bloc contenant des transactions « normales » et qui peut aller jusqu'à 4 Mo pour un bloc incluant des transactions « atypiques ». Même si cette limite est complexe à appréhender, elle rend l'espace de bloc rare, ce qui peut soumettre les utilisateurs à une rude concurrence pour la confirmation de leurs transactions et conduire à une hausse significative des frais.

Le succès des Ordinals, et a fortiori des BRC-20, a eu pour effet de remplir l'espace de bloc disponible. Dès février, les inscriptions ont abreuvé les mempools des nœuds et ont commencé à prendre la place des transactions financières dans les blocs de la chaîne. Puis les jetons BRC-20 ont progressivement supplanté les artéfacts numériques au sein des blocs, faisant monter les frais en flèche au début du mois de mai.

Cette tendance s'explique par le fonctionnement particulier de ces jetons, décrit ci-dessus. Ces derniers sont forgés par les utilisateurs qui publient des transactions : quand leur prix monte sur le marché, il est rentable de publier de nouvelles transactions pour s'en procurer, ce qui mène in fine à un encombrement de l'espace de bloc.

Ainsi, c'est la spéculation autour de ces jetons qui est responsable de la montée record des frais qui a suivi. Cette spéculation a été nourrie par le déploiement de places de marché. Dès avril, des services d'échange ont commencé à émerger, comme Ordswap OTC ou UniSat Marketplace. RelayX, un service de swap fonctionnant sur Bitcoin SV, s'est vite adapté pour prendre en charge les principaux BRC-20. Puis des plateformes de change reconnues sont rentrées dans la dance : Gate.io a commencer à intégrer les BRC-20 à son offre avec l'ordi le 8 mai, BitMart l'a fait le 9 mai, OKX le 20 mai et KuCoin le 1er juin. À l'automne, après quelques mois d'accalmie, la tendance est revenue. C'est alors que Binance a listé l'ordi le 7 novembre 2023, ce qui a lancé une nouvelle vague spéculative. Le cours du jeton ordi est passé de 0,10 $ en avril à près de 20 $ en mai, puis est redescendu et est remonté pour atteindre 75 $ le 26 décembre.

Les frais de transaction sont montés en conséquence. Ils ont connu un premier pic en mai, mois durant lequel les frais médians ont pu atteindre 20 $ par transaction au maximum. Puis une nouvelle hausse à eu lieu durant l'automne, bien plus importante et durable que la précédente, et les frais médians ont ainsi effleuré les 25 $ le 16 décembre !

Évolution des frais médias sur BTC en 2023 (cliquer pour agrandir). Source : BitInfoCharts.

Ces épisodes de hausse de frais ont posé des problèmes fondamentaux, non pas en raison de leur niveau mais de leur volatilité. Après tout, les frais médians gravitaient autour des 50 centimes pendant toute l'année, et personne ne s'attendait à ce qu'ils descendent. C'est leur variation brutale qui vient perturber le bon fonctionnement du système : du jour au lendemain, certains cas d'usage sont anéantis et certaines pièces (UTXO) deviennent « indépensables ».

Ces périodes de congestion du réseau ont également montré les limites des solutions de seconde couche ayant pour but de résoudre le problème du passage à l'échelle. En effet, les hausses des frais ont perturbé l'usage du réseau Lightning, en décuplant parfois le coût d'ouverture et de fermeture des canaux. Les soldes trop petits et les canaux à la capacité trop faible perdaient leur caractéristique de minimisation de la confiance, ceux-ci étant à la merci d'une fermeture non coopérative par un tiers.

La tentation de la censure

Le succès des NFT Ordinals et des jetons BRC-20 a déclenché un fort rejet, qui a été exprimé sous sa forme la plus extrême par le développeur luke-jr, contributeur de longue date à Bitcoin Core et mainteneur de l'implémentation alternative Bitcoin Knots. En effet, en limitant l'espace de blocs et en faisant augmenter les frais, ces épisodes ont réduit l'utilité de Bitcoin en tant que monnaie, ce qui n'a pas manqué d'attiser les tensions. En raison de leur caractère principalement spéculatif, ces jetons ont été qualifiés de « spam », de « déni de service » ou d'« attaque ». La possibilité d'inscription a été elle appelée un « bug » et une « vulnérabilité ».

Ce rejet a fait naître la tentation de procéder à des actions concrètes pour limiter voire supprimer cette activité jugée indésirable. Ces actions préconisées ont été communément appelées de la censure, même si chacune d'entre elles s'appliquait à un niveau différent.

La première action proposée était le non-relai des transactions contenant des inscriptions Ordinals dans les mempools des nœuds. Cette proposition s'est matérialisée par un « correctif » appelé Ordirespector, publié par luke-jr le 1er février pour Bitcoin Core et adapté pour Umbrel et Citadel deux semaines plus tard. Néanmoins, la mesure s'arrêtait au relai de ces transactions : il s'agissait d'une règle de gestion pratique, un filtrage au niveau de la mempool du nœud, et les blocs contenant des inscriptions Ordinals continuaient à être acceptés. Une utilisation généralisée de ce « correctif » aurait permis de gêner la diffusion des inscriptions jusqu'aux mineurs, sans pour autant l'empêcher totalement : on peut parfaitement imaginer que les mineurs, ayant intérêt à miner ces transactions en raison de leurs frais, auraient pu mettre en place un nœud public spécial pour les recevoir.

La deuxième action préconisée et appliquée a été le déploiement de ce rejet au sein d'une coopérative minière, menant à la production de blocs ne contenant pas d'inscription Ordinals. Le déploiement a été réalisé au sein de la coopérative Ocean, lancée le 28 novembre 2023 par luke-jr et Jack Dorsey (ancien PDG de Twitter), qui se voulait être l'héritière de l'ancienne coopérative Eligius, gérée par le même luke-jr entre 2011 et 2017. Ocean se basait initialement sur Bitcoin Knots, qui rejetait les inscriptions Ordinals : cela fait que les quelques blocs qu'elle a produit en 2023 ne contenaient pas ces inscriptions mais uniquement des « transactions financières réelles » (ce qui impliquait tout de même les transferts de NFT). De plus, l'implémentation limitait aussi les sorties NULLDATA à 40 octets de données utiles, de sorte qu'elle ignorait aussi d'autres transactions comme les transactions de répartition (« tx0 ») du service de mélange Whirlpool de Samourai Wallet. Il s'agit ici d'une censure passive, qui consiste à confirmer des transactions selon une logique non strictement économique. Depuis le 21 décembre cependant, Ocean est revenu sur cette mesure et les hacheurs de la coopérative peuvent désormais choisir la politique qu'ils appliquent à leurs blocs entre trois possibilités (Knots, Core + Ordisrespector, Core par défaut).

Enfin, la troisième proposition d'action a été celle de procéder à un soft fork pour remédier au problème d'Ordinals, partiellement ou totalement. Ce soft fork aurait été appliqué par les mineurs (vraisemblablement) suite à la demande d'une partie de l'économie. Il s'agissait ni plus ni moins de réaliser une censure active des transactions contenant des inscriptions, en invalidant les blocs incluant de telles transactions. Ce soft fork aurait pu conduire à une scission dans le cas où il n'aurait pas été appliqué par la puissance de calcul majoritaire.

Heureusement, un tel soft fork n'a pas eu lieu et il est peu probable qu'on en arrive là. Cependant, si cette solution peut paraître drastique et contraire aux principes de Bitcoin, elle n'est pas impossible et il est toujours enrichissant de voir comment elle peut émerger, y compris au sein de la communauté de Bitcoin elle-même. Les gens trouvent toujours des raisons pour vouloir censurer l'autre. À titre d'illustration, en janvier 2012, luke-jr avait réalisé une attaque de censure complète avec sa coopérative Eligius contre le système Coiledcoin, qui était miné en combinaison avec Bitcoin ; il n'est pas exclus qu'il recommence un jour si le besoin s'en fait ressentir.

Désapprouver et décourager, mais ne pas rejeter

Les protocoles Ordinals et BRC-20 ont donc marqué l'année 2023. Ils ont fait augmenter les frais de manière drastique et fait surgir des discussions qui ne manqueront pas de réapparaître dans les années à venir. La censure a probablement été le sujet central, celle-ci trouvant des partisans plus ou moins zélés au sein de la communauté.

Rappelons que l'essence de Bitcoin est la résistance à la censure. Se proposer de juger quelles transactions sont légitimes ou pas en commençant à appliquer des mesures, c'est s'engager sur une pente savonneuse. Même si l'entrave de la diffusion sur le réseau et le filtrage des transactions au sein des blocs ne forment un problème grave, ces actions préparent le terrain pour une forme de censure autrement plus menaçante : la censure active imposée par le régulateur financier aux différentes coopératives conformistes.

Cela étant dit, ne pas prôner la censure des inscriptions ne veut pas dire qu'elles ne doivent pas être critiquées. Les jetons BRC-20 par exemple sont des objets spéculatifs illustrant la dégénérescence du monde de la cryptomonnaie, dégénérescence qui a pour effet de perturber l'adoption durable et pérenne des commerçants. Ne pas les empêcher ne signifie pas les approuver : tout ce qu'un bitcoineur peut faire (si tant est qu'il doive faire quelque chose), c'est décourager cette tendance, en l'ignorant en premier lieu, puis en expliquant calmement à quel point elle est superficielle et sans fondement, et qu'elle a vocation à tomber dans l'oubli comme tous les autres engouements futiles avant elle. Bitcoin, de son côté, survivra.

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