Il y a des pays oĂč l'on force les gens Ă utiliser une CBDC, et d'autres, comme la NorvĂšge, oĂč l'on oblige par la loi Ă accepter le cash.
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Au cours des 3 derniers mois, certaines cryptos se sont démarquées par leur performance remarquable. Découvrez lesquelles et les raisons potentielles de telles performances.
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Les utilisateurs ayant effectuĂ© des dĂ©pĂŽts sur le service dâanonymisation Tornado Cash depuis le 1er janvier sont invitĂ©s Ă la prudence. Des donnĂ©es relatives aux transactions pourraient en effet avoir Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es. Que sait-on pour lâinstantâ?
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Tornado Cash se trouve de nouveau au centre de l'attention suite à l'annulation par GoFundMe d'une campagne de financement visant à couvrir les frais juridiques d'Alexey Pertsev et Roman Storm, 2 membres clés de l'équipe du mixeur de cryptomonnaies. Cet incident met en lumiÚre les enjeux à la fois autour de la solidarité au sein de la communauté et les obstacles rencontrés par les développeurs d'applications open source dans l'univers des cryptomonnaies.
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Temps de lecture : 4 minutesLes casinos en ligne ont toujours Ă©tĂ© Ă la pointe de la technologie, cherchant constamment Ă exploiter les derniĂšres innovations pour offrir une meilleure expĂ©rience Ă leurs utilisateurs. Les cryptomonnaies, avec leur caractĂšre anonyme et sĂ©curisĂ©, semblent ĂȘtre une correspondance parfaite pour les plateformes de jeux en ligne. DĂ©couvrons comment ces monnaies virtuelles influencent le [âŠ]
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Temps de lecture : 4 minutesOptions de dĂ©pĂŽt avec les cryptomonnaies dans les casinos en ligne Les cryptomonnaies, ces monnaies numĂ©riques dĂ©centralisĂ©es, ont fait irruption sur la scĂšne financiĂšre mondiale ces derniĂšres annĂ©es. Avec leur popularitĂ© croissante, il nâest pas surprenant que de nombreux casinos en ligne aient commencĂ© Ă les accepter comme moyen de dĂ©pĂŽt. Dans cet article, nous [âŠ]
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Environ 6 mois aprÚs avoir été blacklisté par le Trésor Américain, le mixeur Tornado Cash est toujours fonctionnel et actif. Bien qu'il soit devenu plus difficile d'y accéder, voici une preuve qu'il est quasiment impossible de fermer une application décentralisée. Analysons la situation de Tornado Cash aujourd'hui.
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Lorsqu'il a conçu le prototype de Bitcoin en janvier 2009, Satoshi Nakamoto a dû construire un premier bloc à partir duquel la chaßne s'est allongée. Ce bloc il l'a appelé le bloc de genÚse (« genesis block » en anglais) en référence au premier livre de la Torah et de la Bible, qui raconte la création du monde par Dieu.
Par convention, on considÚre qu'il s'agit du bloc de hauteur 0 (ou « bloc 0 ») au-dessus duquel les autres blocs sont successivement empilés. Examinons plus en détail ce que contient cet élément fondateur de Bitcoin en procédant à une dissection minutieuse !
Â
Le bloc de genĂšse est une donnĂ©e essentielle du protocole Bitcoin car il constitue la base Ă partir de laquelle on peut dĂ©terminer la chaĂźne la plus longue (c'est-Ă -dire celle ayant le plus de preuve de travail accumulĂ©e) et par consĂ©quent la validitĂ© des transactions du registre. Il est thĂ©oriquement le seul bloc Ă devoir ĂȘtre inscrit en dur dans le protocole, mĂȘme si d'autres l'ont Ă©tĂ© par la suite.
Tel que l'Ă©crivait Satoshi Nakamoto :
« La chaßne de blocs est une structure en forme d'arbre qui a pour racine le bloc de genÚse, chaque bloc pouvant avoir plusieurs candidats à sa suite. »
Le code de novembre 2008 (fourni par Satoshi à Hal Finney, Ray Dillinger et James A. Donald notamment) contenait déjà une premiÚre version du bloc de genÚse, horodatée au 10 septembre 2008, 18:02:08 UTC. Néanmoins, un nouveau bloc a été construit en janvier 2009 spécialement pour le lancement du prototype.
Le bloc de genÚse que nous connaissons est ainsi présent dans la version 0.1 du logiciel de Bitcoin, publiée le 8 janvier 2009. Un commentaire au sein du code le décrit :
Genesis Block: GetHash() = 0x000000000019d6689c085ae165831e934ff763ae46a2a6c172b3f1b60a8ce26f hashMerkleRoot = 0x4a5e1e4baab89f3a32518a88c31bc87f618f76673e2cc77ab2127b7afdeda33b txNew.vin[0].scriptSig = 486604799 4 0x736B6E616220726F662074756F6C69616220646E6F63657320666F206B6E697262206E6F20726F6C6C65636E61684320393030322F6E614A2F33302073656D695420656854 txNew.vout[0].nValue = 5000000000 txNew.vout[0].scriptPubKey = 0x5F1DF16B2B704C8A578D0BBAF74D385CDE12C11EE50455F3C438EF4C3FBCF649B6DE611FEAE06279A60939E028A8D65C10B73071A6F16719274855FEB0FD8A6704 OP_CHECKSIG block.nVersion = 1 block.nTime = 1231006505 block.nBits = 0x1d00ffff block.nNonce = 2083236893 CBlock(hash=000000000019d6, ver=1, hashPrevBlock=00000000000000, hashMerkleRoot=4a5e1e, nTime=1231006505, nBits=1d00ffff, nNonce=2083236893, vtx=1) CTransaction(hash=4a5e1e, ver=1, vin.size=1, vout.size=1, nLockTime=0) CTxIn(COutPoint(000000, -1), coinbase 04ffff001d0104455468652054696d65732030332f4a616e2f32303039204368616e63656c6c6f72206f6e206272696e6b206f66207365636f6e64206261696c6f757420666f722062616e6b73) CTxOut(nValue=50.00000000, scriptPubKey=0x5F1DF16B2B704C8A578D0B) vMerkleTree: 4a5e1e
Ce bloc pÚse trÚs exactement 285 octets. Le voici représenté en hexadécimal brut :
0100000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000003ba3edfd7a7b12b27ac72c3e67768f617fc81bc3888a51323a9fb8aa4b1e5e4a29ab5f49ffff001d1dac2b7c0101000000010000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000ffffffff4d04ffff001d0104455468652054696d65732030332f4a616e2f32303039204368616e63656c6c6f72206f6e206272696e6b206f66207365636f6e64206261696c6f757420666f722062616e6b73ffffffff0100f2052a01000000434104678afdb0fe5548271967f1a67130b7105cd6a828e03909a67962e0ea1f61deb649f6bc3f4cef38c4f35504e51ec112de5c384df7ba0b8d578a4c702b6bf11d5fac00000000
Le bloc de genĂšse est composĂ© d'un entĂȘte de 80 octets et d'une unique transaction, la transaction de rĂ©compense. Son identifiant (le rĂ©sultat du hachage de l'entĂȘte par double SHA-256) est 000000000019d6689c085ae165831e934ff763ae46a2a6c172b3f1b60a8ce26f
. Les zéros qui débutent cet identifiant indiquent qu'une preuve de travail a été réalisée.
Notez que les différentes informations contenues dans le bloc sont souvent transmises avec un ordre des octets inverse (dit « little-endian » ou « petit-boutiste »). Nous donnerons ici les informations dans l'ordre ordinaire (qu'on appelle « big-endian » ou « gros-boutiste ») à l'aide du préfixe 0x
.
Â
Comme tous les blocs dans le protocole, le bloc de genĂšse possĂšde un entĂȘte donnant 6 informations diffĂ©rentes. Voici cet entĂȘte en dĂ©tail :
01000000 - version 0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 - identifiant du bloc précédent 3ba3edfd7a7b12b27ac72c3e67768f617fc81bc3888a51323a9fb8aa4b1e5e4a - racine de Merkle 29ab5f49 - horodatage ffff001d - valeur cible 1dac2b7c - nonce
Â
0x00000001
La version du bloc indique l'ensemble des rÚgles respectées par le bloc. Cette version 1 indiquait un respect des rÚgles du protocole originel défini par Satoshi. D'autres versions ont été introduites plus tard : la version 2 pour l'application du BIP-34 en mars 2013, la version 3 pour l'activation du BIP-66 en juillet 2015, et la version 4 pour celle du BIP-65 en décembre 2015. Le champ de version a par la suite été utilisé pour que les mineurs signalent leur intention d'appliquer un soft fork (conformément au BIP-9).
Â
0x0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
Puisqu'il s'agit du premier bloc de la chaßne, le champ utilisé pour donner l'identifiant du bloc précédent est fixé à zéro par convention.
Â
0x4a5e1e4baab89f3a32518a88c31bc87f618f76673e2cc77ab2127b7afdeda33b
La racine de Merkle correspond Ă l'empreinte finale de l'arbre de Merkle des transactions. Puisqu'il n'y a qu'une seule transaction dans le bloc de genĂšse, il s'agit simplement de l'identifiant de cette transaction.
Â
0x495fab29
L'horodatage indique la date et l'heure à laquelle le mineur a trouvé le bloc. Il est donné par le nombre de secondes depuis le 1er janvier 1970 00:00:00 UTC. Ici, le nombre correspond à 1 231 006 505 secondes : le bloc de genÚse est donc horodaté au 3 janvier 2009 à 18:15:05 UTC.
Toutefois, il ne faut pas croire que cet horodatage indique l'instant précis du lancement effectif du réseau. Ce dernier a en effet été réalisé un peu plus tardivement : le bloc 1 est ainsi horodaté au 9 janvier 2009 à 02:54:25 UTC, soit 5 jours, 8 heures, 39 minutes et 20 secondes plus tard.
Â
0x1d00ffff
La valeur cible est la valeur minimale que l'identifiant du bloc peut avoir pour que ce dernier constitue une solution au problÚme de preuve de travail de Bitcoin. Moins cette valeur cible est haute, plus il est facile de trouver une solution et de miner un bloc. Elle est donc inversement proportionnelle à la difficulté du réseau.
La valeur cible du bloc de genĂšse correspond Ă la plus grande valeur possible dans Bitcoin, ou la difficultĂ© la plus basse pour le dire autrement. Elle est encodĂ©e comme un nombre flottant oĂč le premier octet reprĂ©sente un exposant et oĂč la mantisse est dĂ©terminĂ©e par les 3 octets suivants. Ici, elle est Ă©gale Ă 0x00ffff Ă 256(0x1d - 3)
c'est-Ă -dire 0x00000000ffff0000000000000000000000000000000000000000000000000000
.
La preuve de travail du bloc est valide car l'identifiant est effectivement (largement) inférieur à cette valeur cible :
0x000000000019d6689c085ae165831e934ff763ae46a2a6c172b3f1b60a8ce26f †0x00000000ffff0000000000000000000000000000000000000000000000000000
On définit la difficulté du minage comme l'inverse de la valeur cible multipliée par la valeur cible de base :
difficulté = cible_de_base / cible
La difficulté du bloc de genÚse est donc de 1.
AprÚs le lancement du réseau, la difficulté a stagné à ce niveau pendant prÚs d'un an avant d'enfin commencer à augmenter le 30 décembre 2009.
Au sein du code, le champ de la valeur cible est appelé nBits
, car ce paramĂštre dĂ©signait (avant que Satoshi n'en modifie le sens) le nombre de bits de tĂȘte Ă mettre Ă zĂ©ro pour que la solution soit valide. Dans la version de novembre 2008, le champ Ă©tait en effet fixĂ© Ă 20, ce qui correspondait Ă 5 zĂ©ros de tĂȘte en reprĂ©sentation hexadĂ©cimale, soit une valeur cible de 0x00000fffff...
.
Â
0x7c2bac1d
Le nonce (mot qui provient de l'expression anglaise « for the nonce » signifiant « pour la circonstance, pour l'occasion ») désigne le nombre que le mineur fait varier pour calculer la preuve de travail. Il n'a aucune signification particuliÚre, étant déterminé au hasard.
Â
L'ensemble des transactions forme la seconde partie du bloc. Le voici en détail :
01 - nombre de transactions 01000000 - version 01 - nombre d'entrées 0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 - identifiant de transaction de la sortie précédente ffffffff - index de la sortie précédente 4d - taille du script de déverrouillage 04ffff001d0104455468652054696d65732030332f4a616e2f32303039204368616e63656c6c6f72206f6e206272696e6b206f66207365636f6e64206261696c6f757420666f722062616e6b73 - script de déverrouillage ffffffff - numéro de séquence 01 - nombre de sorties 00f2052a01000000 - montant 43 - taille du script de verrouillage 4104678afdb0fe5548271967f1a67130b7105cd6a828e03909a67962e0ea1f61deb649f6bc3f4cef38c4f35504e51ec112de5c384df7ba0b8d578a4c702b6bf11d5fac - script de verrouillage 00000000 - temps de verrouillage
Â
0x01
Le bloc contient une seule transaction : la transaction de rĂ©compense qui rĂ©munĂšre le mineur (ici Satoshi) pour la preuve de travail rĂ©alisĂ©e. Le bloc ne comporte ainsi aucune autre transaction, tout comme les blocs minĂ©s dans les premiers jours. Il a fallu attendre le 12 janvier et le bloc 170 pour voir la premiĂšre transaction effective du rĂ©seau ĂȘtre confirmĂ©e : celle entre Satoshi et Hal Finney.
Toutes les données restantes du bloc appartiennent à la transaction de récompense.
Â
0x00000001
La version de la transaction indique comment celle-ci doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e. Elle est fixĂ©e Ă 1 conformĂ©ment au protocole initial. Aujourd'hui, il existe Ă©galement une version 2 qui autorise l'usage des verrous temporels relatifs (voir BIP-68).
Â
0x01
La transaction contient une seule entrée : la base de piÚce, ou coinbase, qui permet de créer ex nihilo les nouveaux bitcoins et de recueillir les frais de transaction. Cette entrée est donc purement superflue, mais permet de conserver une certaine cohérence dans l'implémentation logicielle. Elle est constituée des champs identifiant la sortie précédente (théorique), d'un script de déverrouillage et d'un numéro de séquence.
Â
0x0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
Ce champ est utilisé dans les transactions pour dire à quel sortie transactionnelle correspond une entrée, en donnant l'identifiant de la transaction qui a créé la sortie. Puisqu'il s'agit d'une transaction de récompense qui ne fait pas référence à une sortie transactionnelle précédente, ce champ est fixé à 0 par convention.
Â
0xffffffff
Ce champ est utilisé dans les transactions pour dire à quel sortie transactionnelle correspond une entrée, en donnant la position de la sortie dans la transaction qui l'a créée. Puisqu'il s'agit d'une transaction de récompense qui ne fait pas référence à une sortie transactionnelle précédente, ce champ est fixé au maximum par convention.
Â
0x04ffff001d0104455468652054696d65732030332f4a616e2f32303039204368616e63656c6c6f72206f6e206272696e6b206f66207365636f6e64206261696c6f757420666f722062616e6b73
Dans Bitcoin, le script de déverouillage est combiné à un script de verrouillage précédent et détermine la validité d'une dépense. Il contient généralement les signatures nécessaires à la dépense d'une piÚce et est par conséquent souvent appelé scriptSig. Dans le cas d'une transaction de récompense, l'entrée ne fait référence à aucune sortie transactionnelle existante et ce script peut donc contenir des données arbitraires.
Ici, le script se présente de la maniÚre suivante :
<valeur cible> <nonce supplémentaire> <chaßne de caractÚres>
Ainsi, il est constitué de trois informations :
0xffff001d
0x04
), ou extra nonce, mis en place par Satoshi dans le code du logiciel. Le nonce supplémentaire du bloc de genÚse a pour valeur 4, et ceux des blocs suivants sont croissants : celui du bloc 1 est aussi égal à 4, celui du bloc 2 à 11, celui du bloc 3 à 14, etc. La variation de ce nonce supplémentaire au sein des blocs a permis de mettre en évidence un motif particulier, appelé le « Patoshi Pattern », qui détermine précisément les blocs minés par Satoshi et qui démontre que sa fortune s'élÚve à plus de 1 125 150 bitcoins.The Times 03/Jan/2009 Chancellor on brink of second bailout for banks
Cette courte phrase correspond à la une du Times du 3 janvier 2009, qui annonçait que le ministre des finances du Royaume-Uni était sur le point de renflouer les banques pour la deuxiÚme fois. Le Times étant un quotidien anglais, cela a mené à des spéculations quant à l'identité de Satoshi, qui écrivait également dans un anglais britannique.
Cette phrase présente dans le script de la transaction de récompense possÚde un rÎle double :
Ce script de la base de piĂšce est encore utilisĂ© de nos jours par les mineurs pour de multiples raisons. Ă l'instar de Satoshi, ils peuvent inclure des informations arbitraires dans le bloc et faire passer un message public au monde. Ă'a Ă©tĂ© le cas de la coopĂ©rative F2Pool qui, le 11 mai 2020, a Ă©voquĂ© l'injection de liquiditĂ© de la RĂ©serve FĂ©dĂ©rale en rĂ©action Ă la crise du covid-19 au sein du bloc 629 999 (le bloc prĂ©cĂ©dant le troisiĂšme halving) :
NYTimes 09/Apr/2020 With $2.3T Injection, Fed's Plan Far Exceeds 2008 Rescue
Les regroupements de mineurs peuvent Ă©galement s'identifier en indiquant leur nom, ce qui permet de juger de la dĂ©centralisation du rĂ©seau, mĂȘme si cette pratique reste purement dĂ©clarative.
Enfin, les mineurs se servent encore de ce champ pour faire varier un nonce supplĂ©mentaire, le nonce de l'entĂȘte ne permettant plus depuis 2012 d'essayer suffisamment de possibilitĂ©s par rapport Ă la difficultĂ© Ă©levĂ©e du rĂ©seau.
Â
0xffffffff
Le numéro de séquence de l'entrée est maximal, ce qui fait que la transaction est considérée comme finale.
à l'origine, le numéro de séquence dans les entrées avait pour objectif de permettre les échanges répétés au sein de contrats, tels que les canaux de paiement. Ce modÚle imaginé par Satoshi n'était pas suffisamment sécurisé et a par conséquent été abandonné. Cependant, la rÚgle de finalité, qui fait que la transaction est considérée comme finale (pas de temps de verrouillage) si les numéros de séquence de toutes les entrées sont maximaux (comme ici), a été conservée.
Aujourd'hui, ce numéro de séquence est utilisé pour déterminer le temps de verrouillage relatif d'une entrée et pour signaler Replace-by-Fee.
Â
0x01
La transaction contient une seule sortie, celle créditant Satoshi de son revenu de minage. Cette sortie est constituée d'un montant et d'un script de verrouillage.
Â
0x000000012a05f200
Le montant de la sortie est donné dans la plus petite unité du systÚme, unité qu'on a appelé le satoshi en hommage au créateur de Bitcoin. Ce montant correspond ici à 5 milliards de satoshis, soit 50 bitcoins. Il s'agit de la limite maximale du taux de création monétaire de l'époque (50 bitcoins par bloc).
Â
0x4104678afdb0fe5548271967f1a67130b7105cd6a828e03909a67962e0ea1f61deb649f6bc3f4cef38c4f35504e51ec112de5c384df7ba0b8d578a4c702b6bf11d5fac
Le scrpt de verrouillage est l'ensemble des conditions à fournir pour pouvoir dépenser la piÚce correspondante. Ici, il possÚde la forme :
<clé publique> CHECKSIG
oĂč la clĂ© publique est 04678afdb0fe5548271967f1a67130b7105cd6a828e03909a67962e0ea1f61deb649f6bc3f4cef38c4f35504e51ec112de5c384df7ba0b8d578a4c702b6bf11d5f
. Il s'agit donc d'une sortie transactionnelle de type Pay to Public Key (P2PK), un schéma utilisé dans les débuts de Bitcoin, qui demande une simple signature pour débloquer les fonds. Cela explique le nom donné couramment à ce script : scriptPubKey.
Bien souvent, cette sortie est rĂ©trospectivement attribuĂ©e Ă l'adresse 1A1zP1eP5QGefi2DMPTfTL5SLmv7DivfNa, obtenue en prenant l'empreinte de la clĂ© publique. Cela est nĂ©anmoins purement esthĂ©tique car c'est bien la clĂ© publique elle-mĂȘme qui a servi Ă recevoir les bitcoins, pas l'adresse.
Fait intĂ©ressant : cette sortie transactionnelle n'est pas considĂ©rĂ©e comme dĂ©pensable par le protocole en raison de la façon dont le bloc de genĂšse est exprimĂ© dans le code. Cette erreur de programmation pourrait ĂȘtre corrigĂ©e par un hard fork, mais cela ne serait ni utile (Satoshi n'a pas touchĂ© Ă ses bitcoins depuis qu'il a disparu), ni mĂȘme souhaitable (incompatibilitĂ© du protocole). Les 50 premiers bitcoins crĂ©Ă©s sont donc probablement brĂ»lĂ©s Ă tout jamais.
Â
0x00000000
Le temps de verrouillage (donnĂ©e globale appartenant Ă la transaction) dĂ©termine la date Ă partir de laquelle cette transaction pourra ĂȘtre confirmĂ©e. En Ă©tant fixĂ© Ă zĂ©ro, celui-ci est dĂ©sactivĂ©.
Â
Si le bloc de genĂšse constitue un fondement du protocole Bitcoin, il sert Ă©galement de base aux diffĂ©rentes branches minoritaires de Bitcoin qui possĂšdent le mĂȘme historique jusqu'Ă leurs scissions respectives : Bitcoin Cash, Bitcoin SV, Bitcoin Gold ou encore eCash/XEC. D'autres protocoles possĂšdent leur propre bloc de genĂšse et certains d'entre eux ont Ă©galement incorporĂ© la une d'un journal ou d'un magazine pour garantir que le lancement du rĂ©seau ne s'est pas rĂ©alisĂ© avant la date donnĂ©e. Ainsi, le bloc de genĂšse de Litecoin (datant du 7 octobre 2011) contient la phrase suivante :
NY Times 05/Oct/2011 Steve Jobs, Appleâs Visionary, Dies at 56
Celui de Dash (datant du 19 janvier 2014) inclut la une suivante :
Wired 09/Jan/2014 The Grand Experiment Goes Live: Overstock.com Is Now Accepting Bitcoins
Â
Bitcoin Wiki, Genesis block
On dĂ©finit souvent Bitcoin comme un protocole de transfert de valeur fonctionnant sans autoritĂ© centrale, qui rĂ©git lâĂ©mission et les Ă©changes dâune unitĂ© de compte numĂ©rique (appelĂ©e le bitcoin), protocole qui a Ă©tĂ© initialement dĂ©terminĂ© par Satoshi Nakamoto en janvier 2009 par le biais de son prototype et qui a permis de construire une chaĂźne Ă partir du bloc de genĂšse.
Néanmoins, cette définition, aussi informative soit-elle, n'est pas suffisamment précise. Elle fait de Bitcoin un protocole, c'est-à -dire un ensemble de rÚgles de consensus, mais elle ne spécifie pas les rÚgles en question (en dehors du bloc de genÚse) : celles-ci sont ne sont pas déterminées dans le temps et peuvent changer, chaque modification créant de facto un nouveau protocole.
Ce flou artistique a mené au cours des années à de nombreuses discussions enflammées à propos de ce qui constituerait le « vrai Bitcoin », notamment lors du débat sur la scalabilité, et a fini par créer au moins trois prétendants au titre, à savoir BTC (« Bitcoin »), BCH (« Bitcoin Cash ») et BSV (« Bitcoin SV »). Cette revendication, qui paraßt à premiÚre vue extraordinaire, cache en réalité une question philosophique profonde : comment définit-on correctement Bitcoin ?
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« Bitcoin » est un mot. Nom anglais issu de bit (« unité binaire ») et de coin (« piÚce de monnaie »), il évoque directement l'idée d'une monnaie numérique. Le terme est devenu trÚs populaire au fil des années, notamment grùce aux médias de masse, ce qui fait que de nombreuses personnes tentent de le récupérer ou de s'y associer d'une maniÚre ou d'une autre, à tort ou à raison.
De ce fait, le premier critÚre que nous pouvons examiner est le critÚre linguistique, qui détermine la définition d'un terme selon l'usage qui en est fait. En effet, en linguistique l'usage est roi : s'il peut exister des institutions ayant pour but d'orienter l'évolution d'une langue, cette évolution demeure libre et est soumise à ses locuteurs. Une langue est par essence un protocole de communication ayant pour but la compréhension mutuelle, et les termes qui la composent ont par conséquent tendance à acquérir un sens précis déterminé par la multitude, par effet de réseau. De cette maniÚre, si un grand nombre de locuteurs utilise un terme avec un sens particulier, celui-ci prédominera.
Selon ce critÚre, Bitcoin serait Bitcoin parce qu'une grande majorité de personnes l'appellent « Bitcoin » : il serait simplement défini par la masse, quelle que soit la chose qu'il désigne.
Bien évidemment, en tant que personnes attachées à l'idée de Bitcoin, cela ne nous satisfait pas.
Nous savons que le sens d'un terme peut dĂ©river jusqu'Ă ce que ce terme ne signifie plus la mĂȘme chose, voire dĂ©signe une chose fondamentalement opposĂ©e. C'est par exemple le cas du mot « liberalism » qui, en anglais amĂ©ricain, ne dĂ©signe plus principalement le libĂ©ralisme tel que nous l'entendons en français, mais un progressisme de gauche focalisĂ© sur les questions de justice sociale. Ainsi, dans le langage courant aux Ătats-Unis, les liberals sont des personnes favorables Ă l'intervention de l'Ătat dans le cadre de la redistribution de la richesse, la sĂ©curitĂ© sociale et l'Ă©ducation, tandis que les libertarians sont les libĂ©raux authentiques favorables au laissez-faire et Ă la rĂ©duction du rĂŽle de l'Ătat dans la vie des individus.
Ainsi, décrire Bitcoin de cette maniÚre crée une faille majeure dans tout ce qu'il représente. Si l'usage de la masse prime, alors on peut, si l'on a de l'influence, faire en sorte que Bitcoin change dans un sens qui ne le dépeint plus comme nous nous le représentons aujourd'hui. Il serait alors possible, par la propagande, de faire en sorte que le systÚme appelé Bitcoin n'utilise plus la preuve de travail (au nom de la lutte contre le changement climatique) ou qu'il soit privé de sa limite fixe d'unités (au nom de la protection du systÚme monétaire et financier).
De plus, dĂ©finir Bitcoin de cette maniĂšre ne tient pas compte du fait que la langue est Ă©lastique et tolĂšre de nombreuses incohĂ©rences : il peut exister de nombreuses polysĂ©mies pour un mĂȘme mot (c'est d'ailleurs le cas pour « Bitcoin »), et plusieurs utilisations de ce mot peuvent coexister, bien qu'elles soient opposĂ©es de maniĂšre inhĂ©rentes.
En fait, une langue est un champ de bataille permanent sur lequel s'affrontent les différents usages. Chaque locuteur fait à chaque instant un choix individuel pour soutenir des usages particuliers, sans forcément suivre le choix majoritaire, participant de ce fait à la construction de la langue. C'est précisément ce nous faisons dans cet article : un choix.
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Une deuxiÚme maniÚre de définir Bitcoin est de s'appuyer sur le logiciel Bitcoin Core. Bitcoin Core constitue en effet l'implémentation de référence du protocole dont le code sert de base pour les développeurs pour retrouver les rÚgles de consensus, et cela fait qu'il est aisé de confondre les deux. D'ailleurs pendant longtemps le logiciel était simplement appelé Bitcoin.
Le code du logiciel, écrit principalement en C++, est disponible en source ouverte sur internet, et sous licence libre, de sorte que quiconque peut copier et modifier le code à sa guise. Initialement hébergé sur SourceForge, il est aujourd'hui présent sur GitHub.
Le développement du logiciel se veut ouvert et « démocratique » : tout le monde peut proposer un modification du code, notamment par le biais des propositions d'amélioration de Bitcoin (BIP). Néanmoins, le dépÎt GitHub est soumis à l'autorité des mainteneurs, qui décident des changements qui sont apportés au logiciel, et en particulier à celle du mainteneur principal, qui peut nommer et révoquer les autres mainteneurs. Comme l'indique le guide de contribution de Bitcoin Core :
« Les mainteneurs prendront en considération un correctif s'il est en accord avec les principes généraux du projet ; s'il répond aux normes minimales d'inclusion ; et jugeront du consensus général des contributeurs. »
Définir Bitcoin comme le protocole lié à ce logiciel (ou bien à un autre) réintroduirait ainsi une autorité centrale, ce qui rentrerait en contradiction directe avec l'idée qu'on se fait de Bitcoin.
De plus, la pratique montre bien que le protocole n'est pas contrĂŽlĂ© par les mainteneurs de l'implĂ©mentation logicielle, mĂȘme s'il existe une certaine influence. Chacun est libre de copier le logiciel, de le modifier, et de le promouvoir aux nĆuds du rĂ©seau, qui se chargent d'appliquer les rĂšgles de consensus. Ainsi, le contrĂŽle du logiciel ne permet pas de modifier les rĂšgles arbitrairement : si par exemple Bitcoin Core intĂ©grait un changement controversĂ© (comme par exemple une violation de la politique monĂ©taire du bitcoin), alors une trĂšs grande majoritĂ© de nĆuds refuseraient probablement, en continuant de faire fonctionner une version antĂ©rieure de Core ou en se tournant vers une autre implĂ©mentation.
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Un troisiĂšme critĂšre pour dĂ©finir Bitcoin est la proximitĂ© avec le protocole originel, c'est-Ă -dire le protocole dĂ©terminĂ© par le biais du prototype publiĂ© par Satoshi Nakamoto le 8 janvier 2009. Le sous-entendu est que Bitcoin n'avait pas vocation Ă changer au-delĂ de la correction des failles prĂ©sentes Ă son lancement, et que par consĂ©quent il devrait ĂȘtre dĂ©fini comme l'itĂ©ration la plus proche de ce protocole.
Cette vision est notamment défendue par beaucoup de partisans de Bitcoin SV, qui se basent sur une citation (décontextualisée) de Satoshi Nakamoto datant du 17 juin 2010 :
« La nature de Bitcoin est telle que, dÚs la version 0.1 lancée, son fonctionnement de base était gravé dans le marbre pour le reste de son existence. »
D'aprĂšs eux, Bitcoin devrait ĂȘtre un protocole fixe, dont les mineurs seraient les dĂ©fenseurs.
Une variante de ce critÚre est l'argument de l'esprit originel de Bitcoin, parfois utilisé par les partisans de Bitcoin Cash comme Roger Ver, qui voudraient qu'un « systÚme d'argent liquide électronique » doive nécessairement offrir des transferts à bas coût et des temps de confirmations faibles. De ce point de vue, BTC ne représenterait pas Bitcoin.
Toutefois, mĂȘme si ces dĂ©finitions ont le mĂ©rite d'ĂȘtre plus prĂ©cises, elles sont purement arbitraires dans le critĂšre choisi. BTC constitue de toute Ă©vidence la principale version de Bitcoin, et on peut considĂ©rer qu'il est lui-mĂȘme proche du protocole originel sous un autre aspect : la compatibilitĂ©.
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Le quatriÚme critÚre de définition est celui de la compatibilité du protocole, critÚre défendu par de nombreux partisans de BTC, comme par exemple Michael Marquardt (alias theymos
) ou Francis Pouliot. Pour continuer Ă ĂȘtre Bitcoin, le protocole devrait ĂȘtre compatible avec les versions antĂ©rieures.
Cette vision repose sur l'exigence d'unanimité pour réaliser un changement, exigence qui a pour conséquence de conserver un seul et unique protocole et de préserver son effet de réseau.
Puisqu'une quasi-unanimitĂ© serait trĂšs difficile Ă atteindre dans le cas d'un hard fork (hors rĂ©solution d'un bogue ou changement vital), il est nĂ©cessaire de passer par des soft forks, Ă savoir des changement strictement restrictifs des rĂšgles de consensus. Ces soft forks ont la caractĂ©ristique de ne pas crĂ©er de scission de chaĂźne s'ils sont correctement appliquĂ©s. De ce fait, ils permettent une compatibilitĂ© ascendante du logiciel (parfois qualifiĂ©e de « rĂ©trocompatibilitĂ© ») qui fait que les nĆuds qui utilisent une ancienne version du logiciel continuent de considĂ©rer comme valides les blocs produits par la nouvelle version.
Cependant, cette conception cache un petit dĂ©tail, souvent omis : c'est que le soft fork doit ĂȘtre imposĂ© par la majoritĂ© de la puissance de calcul du rĂ©seau pour entraĂźner cette compatibilitĂ©. En effet, les nĆuds qui suivent les nouvelles rĂšgles de consensus peuvent ĂȘtre contraints de rejeter les blocs produits par les mineurs qui suivent les anciennes rĂšgles. Lorsque les nĆuds appliquant le soft fork ont la puissance de calcul majoritaire de leur cĂŽtĂ©, cela ne pose pas de problĂšme : les nĆuds suivant les anciennes rĂšgles sont contraints de suivre la chaĂźne la plus longue (c'est-Ă -dire celle ayant le plus de preuve de travail accumulĂ©e). Dans le cas contraire, la chaĂźne appliquant les nouvelles rĂšgles n'est pas la plus longue, ce qui peut mener Ă une scission permanente.
L'application d'un soft fork correspond donc Ă l'Ă©quivalent d'une attaque des 51 % ayant lieu sur le rĂ©seau, en interdisant aux nĆuds de refuser la modification du protocole sans avoir recours Ă un hard fork manuel. On ne saurait dĂ©finir Bitcoin comme cela, car cela voudrait dire qu'un attaquant pourrait imposer ses rĂšgles sur la chaĂźne, et cette conception est ainsi invalide.
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Le cinquiÚme critÚre permettant de définir est celui de la majorité économique. Selon cette conception, Bitcoin serait le protocole dont l'utilité monétaire est la plus grande. Cette majorité est parfois mesurée par certains par la capitalisation boursiÚre, c'est-à -dire le prix multiplié le nombre d'unités, bien que celle-ci ne soit pas forcément un bon indicateur de la santé économique du systÚme, notamment lorsque le volume d'échange (sur la chaßne et en dehors) est faible.
Un moyen plus efficace d'estimer la valeur d'une chaßne est la preuve de travail accumulée, qui est corrélée à moyen terme au revenu du minage, à savoir :
Ce critĂšre est ainsi bien plus Ă mĂȘme de nous fournir une idĂ©e de quel protocole est Ă©conomiquement majoritaire.
Cette vision a Ă©tĂ© dĂ©fendue par Gavin Andresen en fĂ©vrier 2017 dans un article oĂč il Ă©crivait :
« "Bitcoin" est le registre des transactions non précédemment dépensées, signées de maniÚre valide, contenues dans la chaßne de blocs qui commence par le bloc de genÚse (empreinte 000000000019d6689c085ae165831e934ff763ae46a2a6c172b3f1b60a8ce26f), suit le programme de création de 21 millions de piÚces, et possÚde la plus grande preuve de travail par double SHA-256 cumulée. »
La vision a perdurĂ© depuis, Ă©tant perpĂ©tuĂ©e par le concept de gouvernance, qui prĂ©suppose qu'il y a quelque chose Ă diriger. Cette conception a notamment jouĂ© dans la scission entre Ethereum (ETH) et Ethereum Classic (ETC) en juin 2016, oĂč le protocole modifiĂ©, majoritaire, a gardĂ© le nom et le sigle boursier initiaux, et oĂč le protocole originel, minoritaire, a dĂ» prendre un autre nom et un autre sigle. Cette attribution des noms et des sigles a Ă©galement eu lieu lors de la sĂ©paration entre Bitcoin Cash (BCH) et Bitcoin SV (BSV) en novembre 2018, puis lors de l'embranchement entre Bitcoin Cash (BCH) et Bitcoin ABC / eCash (XEC) en novembre 2020, alors que chacun se prĂ©tendait ĂȘtre le « vrai Bitcoin Cash ».
Dans le cas de BTC, le critĂšre de la majoritĂ© est souvent couplĂ© au critĂšre de compatibilitĂ© : le soft fork peut ainsi ĂȘtre imposĂ© par une majoritĂ© du taux de hachage, ce qui permet de conserver une seule et unique chaĂźne.
Cependant, cette vision pĂȘche elle-mĂȘme en ne requĂ©rant aucune caractĂ©ristique fondamentale et en offrant la possibilitĂ© d'une rĂ©cupĂ©ration du terme par le pouvoir en place.
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Cela nous amĂšne au point central de cet article : Bitcoin est un concept, pas un protocole. Bien que beaucoup de personnes fassent de Bitcoin un protocole, cette vision est impossible Ă soutenir correctement en raison du manque d'unicitĂ©. Il n'y a pas de « vrai protocole Bitcoin » dans le sens oĂč aucun protocole ne reprĂ©sente l'intĂ©gralitĂ© de ce qu'est Bitcoin1. Il ne s'agit pas d'une marque dĂ©posĂ©e dont certains individus auraient la propriĂ©tĂ© : personne ne possĂšde le brevet de Bitcoin et tout le monde peut l'implĂ©menter Ă sa convenance sans demander l'autorisation. Et en fait, cette libertĂ© conduit nĂ©cessairement Ă la mise en Ćuvre multiple de ce concept, sous la forme de scissions ou de « cryptomonnaies alternatives ». Qu'une version de Bitcoin soit dominante Ă©conomiquement ne change rien Ă cette considĂ©ration.
Avant de décrire un protocole, une chaßne, un réseau ou une monnaie, le mot « Bitcoin » a été utilisé pour désigner un concept. Ce concept a été défini dans le document fondateur écrit par Satoshi Nakamoto et auquel tout le monde se réfÚre à un moment ou à un autre : le livre blanc de Bitcoin, intitulé « Bitcoin : Un systÚme d'argent liquide électronique pair-à -pair », qui contient tous les éléments essentiels à sa constitution.
On peut dégager ainsi 5 caractéristiques fondamentales qui définissent Bitcoin :
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« Les nĆuds peuvent quitter et rejoindre le rĂ©seau Ă volontĂ©. »
Le systĂšme repose sur un rĂ©seau pair-Ă -pair ouvert dans lequel tous les nĆuds ont les mĂȘmes privilĂšges. Cette distribution du rĂ©seau permet de partager les risques d'accepter et de miner la monnaie.
Tous les systĂšmes dont les nĆuds sont soumis Ă une autorisation quelconque contreviennent directement Ă ce principe.
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« Les nĆuds considĂšrent toujours que la chaĂźne la plus longue est la chaĂźne correcte, et continuent Ă travailler pour la prolonger. »
L'ajout d'un bloc nĂ©cessite une dĂ©pense d'Ă©nergie mesurĂ©e de maniĂšre probabilistique par la rĂ©solution d'un problĂšme mathĂ©matique difficile. L'intĂ©gritĂ© de la chaĂźne repose sur l'algorithme de consensus de Nakamoto par preuve de travail, qui dit que la chaĂźne ayant le plus de preuve de travail accumulĂ©e doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la chaĂźne valide.
La preuve ne nĂ©cessite pas une fonction de hachage particuliĂšre, et le travail peut ĂȘtre obtenu d'une toute autre maniĂšre. En revanche, la sĂ©lection de la chaĂźne la plus lourde, les points de contrĂŽle ou l'intervention de masternodes dans le consensus sont des entorses plus ou moins importantes Ă ce principe. La preuve d'enjeu en constitue une violation entiĂšre.
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« Lâincitation peut Ă©galement ĂȘtre financĂ©e par les frais de transaction. Si la valeur de sortie dâune transaction est infĂ©rieure Ă sa valeur dâentrĂ©e, la diffĂ©rence correspond Ă une commission qui est ajoutĂ©e Ă la valeur dâincitation du bloc contenant la transaction. »
Le systÚme intÚgre un modÚle de frais de transaction qui sont reversés aux mineurs de maniÚre interne. Chaque transaction porte des frais pour inciter à sa confirmation. Ces frais forment la base de la résistance à la censure du systÚme.
Par exemple, l'ajout d'un mécanisme de brûlage des frais éloigne le protocole de sa nature de Bitcoin.
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« Une fois quâun nombre prĂ©dĂ©terminĂ© de piĂšces a Ă©tĂ© mis en circulation, lâincitation peut ĂȘtre entiĂšrement financĂ©e par les frais de transaction et ne plus requĂ©rir aucune inflation. »
Le but initial de la création monétaire est l'amorçage du systÚme : il s'agit du moyen de distribuer les unités de maniÚre juste. à terme, le systÚme doit se baser essentiellement sur les frais de transaction.
Cette offre limitée garantit le caractÚre déflationniste de la monnaie, et joue dans la sécurité économique du systÚme en incitant les commerçants à refuser tout changement inflationniste.
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« Nous dĂ©finissons une piĂšce de monnaie Ă©lectronique comme une chaĂźne de signatures numĂ©riques. [...] Pour permettre aux valeurs dâĂȘtre sĂ©parĂ©es et combinĂ©es, les transactions contiennent des entrĂ©es et des sorties multiples. »
Bitcoin utilise un modÚle de représentation par des piÚces pour gérer les unités échangées. Une piÚce est identifiée par un point de sortie de transaction, et est caractérisée par un montant en satoshis et un ensemble de conditions de dépense (typiquement l'exigence d'une signature numérique valide).
Ce modĂšle a pour avantages de prĂ©server la confidentialitĂ© (pas d'incitation Ă rĂ©utiliser la mĂȘme adresse), de faciliter l'implĂ©mentation logicielle et de permettre une meilleure scalabilitĂ© du systĂšme, contrairement au modĂšle de reprĂ©sentations par des comptes.
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Tout d'abord, cette dĂ©finition rĂ©sout le paradoxe du « vrai Bitcoin ». Bitcoin ne peut pas ĂȘtre un protocole fixe : modifier le protocole ne change pas sa nature fondamentale. Bitcoin ne peut pas non plus ĂȘtre un protocole changeant, car il n'existe pas de moyen satisfaisant de le dĂ©terminer comme on l'a montrĂ©.
Cette dĂ©finition a Ă©galement l'avantage d'apaiser les conflits. Bitcoin a connu des scissions et des copies par le passĂ©, ce qui a crĂ©Ă© une grande tension chez les partisans de tous les bords. Ainsi, BTC, BCH et BSV sont des mises en Ćuvre plus ou moins conformes de Bitcoin. De mĂȘme, Litecoin, Monero ou Zcash peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des Bitcoins plus ou moins authentiques : dans notre dĂ©finition, rien n'indique en effet que la chaĂźne doive commencer par un bloc de genĂšse particulier.
Bien Ă©videmment, les effets de rĂ©seau de ces cryptomonnaies diffĂšrent et il ne s'agit pas de les mettre au mĂȘme niveau, notamment en ce qui concerne la sĂ©curitĂ©. Aujourd'hui, BTC est le Bitcoin le plus populaire, le plus valorisĂ© et le plus sĂ©curisĂ©. On peut donc accepter la polysĂ©mie en continuant d'appeler ce Bitcoin « Bitcoin », tout en gardant en tĂȘte qu'il ne s'agit que de la version principale de ce concept.
Cette dĂ©finition permet enfin d'ĂȘtre Ă©galement mieux armĂ© contre les scissions futures. Il est possible que des Ătats tentent de s'approprier un protocole particulier, pour un jour le redĂ©finir grĂące Ă la contrainte lĂ©gale, peut-ĂȘtre trĂšs lĂ©gĂšrement au dĂ©but, dans le but de l'amener lentement vers la censure et le seigneuriage. Et alors il ne serait pas impossible que cette version Ă©tatique devienne majoritaire Ă©conomiquement.
Définir Bitcoin comme un concept permet ainsi d'éviter ce glissement en autorisant la concurrence saine entre les différentes versions de Bitcoin et en fixant des limites claire de ce qu'est Bitcoin et de ce qu'il n'est pas.
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1. â On peut se demander :
Si donc il n'y a pas de vrai christianisme, de vrai dollar, de vraie République de Chine ou de vraie langue française, comment pourrait-il y avoir un vrai protocole Bitcoin ?
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Eric Voskuil, Ătiquettes de Bitcoin, 2020.
Eric Voskuil, Usurpation de marque, 2020.
Eric Voskuil, Principes cryptodynamiques, 2020.
Eric Voskuil, Objectifs de Fedcoin, 2020.
Theymos, It's time for a break: About the recent mess & temporary new rules, 17 août 2015.
Gavin Andresen, A definition of "Bitcoin", 7 février 2017.
Gavin Andresen, Other definitions of Bitcoin, 8 février 2017.
Jameson Lopp, Who controls Bitcoin Core?, 15 décembre 2018.
Zcash, la plateforme crypto axĂ©e sur la confidentialitĂ©, vient de se faire pirater. La blockchain est victime dâune attaque de spam qui sature les blocs de transaction Ă une cadence folle. Alors que les investigations sont en cours pour identifier les commanditaires, la piste du sabotage pour ternir lâimage de Zcash prend de plus en [âŠ]
Lâarticle Zcash : LâidentitĂ© des commanditaires de lâattaque enfin connue ? est apparu en premier sur Cointribune.
Comme nous l'avons vu au sein d'un précédent article, la création de Bitcoin a invalidé le théorÚme de régression de Ludwig von Mises, en prouvant qu'une monnaie pouvait émerger du marché sans posséder de valeur d'usage antérieure à son utilisation comme intermédiaire d'échange. Lors de son amorçage, le bitcoin n'avait en effet aucune utilité individuelle, n'était adossé à aucun autre bien, et ne bénéficiait de la promesse de personne ni d'une quelconque mémoire d'une monnaie passée. La valeur du bitcoin semble avoir surgi de nulle part, remettant en cause les conceptions erronées qu'on pouvait avoir de la monnaie.
Bitcoin ne constitue pas la premiĂšre tentative de crĂ©er un « argent liquide numĂ©rique » et fait suite Ă de nombreuses expĂ©riences infructueuses, qui se sont notamment dĂ©roulĂ©es lors des annĂ©es 1990. Bitcoin a ainsi rĂ©ussi lĂ oĂč de nombreux autres projets avaient Ă©chouĂ© : persister dans le temps en tant que systĂšme de monnaie entiĂšrement numĂ©rique. AprĂšs plus de 12 ans d'existence, il est toujours lĂ et continuera probablement de fonctionner pendant des annĂ©es et des annĂ©es.
Dans cet article nous allons voir comment la prouesse de la premiÚre valorisation du bitcoin a été possible.
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Comme l'a montré l'école autrichienne d'économie, la valeur est subjective et dépend de ce fait du point de vue individuel. Cette conception s'oppose en particulier à la théorie de la valeur-travail qui postule que le travail donne sa valeur à un bien. Tel que l'écrivait Carl Menger dans ses Principes d'économie politique, « la valeur n'existe pas en dehors de la conscience des hommes ».
La monnaie ne fait pas exception à cette rÚgle : les gens valorisent un bien servant de monnaie selon l'évaluation subjective qu'ils font du bien, évaluation qui peut varier d'un individu à un autre. Néanmoins, il est possible de dégager quelques considérations qui s'appliquent spécifiquement à ce bien.
PremiĂšrement, il faut prĂ©ciser que la monnaie est un phĂ©nomĂšne intersubjectif : bien qu'elle puisse ĂȘtre acquise pour ses qualitĂ©s intrinsĂšques, elle est gĂ©nĂ©ralement valorisĂ©e sur la base sur sa capacitĂ© Ă acheter d'autres biens, donc sur ce que va penser autrui. Les gens vont accepter une monnaie dans le commerce s'ils pensent qu'ils peuvent la dĂ©penser ailleurs. Cela fait qu'on peut mettre en Ă©vidence une valeur d'Ă©change objective, le pouvoir d'achat basĂ© sur les taux des Ă©changes du marchĂ©, qui sert d'Ă©talon pour l'individu pour valoriser subjectivement le bien. Puisque la monnaie lui sert Ă se procurer d'autres biens, l'individu ne peut en effet l'Ă©valuer en tant que monnaie que par rapport aux prix pratiquĂ©s sur le marchĂ©.
DeuxiÚmement, comme on l'a déjà suggéré, il est possible de décomposer la valeur de la monnaie en deux parties mutuellement exclusives :
Pour les monnaies-marchandises, on peut ainsi distinguer la demande intrinsÚque de la demande monétaire : l'or ne tire pas sa valeur uniquement de sa demande esthétique (bijoux) et industrielle (microprocesseurs), mais aussi de sa demande en tant qu'intermédiaire d'échange, demande venant notamment des banques centrales.
TroisiĂšmement, une monnaie peut ĂȘtre exclusivement valorisĂ©e pour ses fonctions monĂ©taires, comme le montre l'existence des monnaies fiat. L'euro, par exemple, tire sa valeur de son adoption comme intermĂ©diaire d'Ă©change, et n'a pas d'utilitĂ© intrinsĂšque en dehors de celle des matĂ©riaux constituant les piĂšces et les billets. La valeur non monĂ©taire d'une monnaie peut donc ĂȘtre nĂ©gligeable voire nulle.
Pour que ceci soit possible, il faut juste obtenir un effet de réseau suffisant pour que les gens aient confiance dans son utilisation comme monnaie. Dans le cas de l'euro, l'usage comme argent repose sur le décret étatique qui contraint les commerçants à l'accepter (cours légal) et qui oblige les citoyens à payer l'impÎt et à rÚgler leurs dettes avec. Dans le cas du bitcoin, cet usage est volontaire et ne repose sur aucune contrainte de ce type : rien n'oblige personne à l'utiliser.
Il s'agit donc d'une question de coordination. Dans le cas des monnaies-marchandises, le fait que le bien utilisé ait valeur d'usage initiale aide énormément à l'amorçage : puisque les gens dégagent déjà une utilité du bien, ils auront moins de mal à l'accepter comme moyen d'échange. Mais dans le cas du bitcoin, cela est plus compliqué : comment des individus ont-ils pu se coordonner pour faire émerger la valeur de cette monnaie numérique ?
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Comme on l'a dit, Bitcoin fait suite Ă de nombreuses tentatives infructueuses de crĂ©er une monnaie entiĂšrement numĂ©rique, comme le Haxthorne Exchange, Magic Money ou encore eCash. Cette sĂ©rie d'Ă©checs a amenĂ© progressivement les membres de la communautĂ© cypherpunk Ă renoncer Ă ce rĂȘve. Tel que le disait Satoshi Nakamoto dans un courriel du 13 janvier 2009 adressĂ© Ă Dustin Trammell :
Vous savez, je pense qu'il y avait beaucoup plus de gens qui étaient intéressés [par la monnaie électronique] dans les années 90, mais aprÚs plus d'une décennie d'échecs de systÚmes basés sur des tiers de confiance (Digicash, etc.), ils voient cela comme une cause perdue. J'espÚre qu'ils sauront distinguer que c'est la premiÚre fois, à ma connaissance, que nous essayons un systÚme qui n'est pas fondé sur la confiance.
Bitcoin a donc innovĂ© par rapport Ă ces projets par son fonctionnement dĂ©centralisĂ© ne nĂ©cessitant pas d'autoritĂ© centrale, qui faisait qu'il ne pouvait pas ĂȘtre arrĂȘtĂ© par la fermeture d'un simple serveur. Et c'est sur cette base qu'il a pu acquĂ©rir la valeur qu'il a aujourd'hui.
Ross Ulbricht, le célÚbre opérateur de la place de marché Silk Road entre 2011 et 2013, expliquait dans un essai rédigé en 2019 :
C'est comme par magie que le bitcoin a pu en quelque sorte provenir de rien et, sans valeur prĂ©alable ni dĂ©cret autoritaire, devenir une monnaie. Mais Bitcoin n'a pas Ă©mergĂ© du vide. C'Ă©tait la solution d'un problĂšme sur lequel les cryptographes buttaient depuis de nombreuses annĂ©es : Comment crĂ©er une monnaie numĂ©rique sans autoritĂ© centrale qui ne puisse pas ĂȘtre contrefaite et qui soit digne de confiance.
Ce problĂšme a persistĂ© si longtemps que certains ont laissĂ© la solution Ă d'autres et ont rĂȘvĂ© Ă la place de ce que serait notre avenir si la monnaie numĂ©rique dĂ©centralisĂ©e devenait rĂ©alitĂ© d'une maniĂšre ou d'une autre. Ils rĂȘvaient d'un avenir oĂč le pouvoir Ă©conomique du monde est accessible Ă tous, oĂč la valeur peut ĂȘtre transfĂ©rĂ©e n'importe oĂč en appuyant sur un bouton. Ils rĂȘvaient de prospĂ©ritĂ© et de libertĂ©, qui ne dĂ©pendraient uniquement que des mathĂ©matiques du chiffrement fort.
C'est donc sur le rĂȘve d'une monnaie numĂ©rique libre que s'est fondĂ©e la valorisation initiale du bitcoin. L'objectif Ă©tait, dĂšs le dĂ©but, de crĂ©er une monnaie, et le bitcoin a Ă©tĂ© valorisĂ© pour sa propension Ă devenir un intermĂ©diaire d'Ă©change.
En novembre 2008, sur la liste de diffusion dĂ©diĂ©e Ă la cryptographie oĂč Satoshi Nakamoto a originellement publiĂ© le livre blanc, les participants Ă©taient loin d'ĂȘtre Ă©tonnĂ©s par l'idĂ©e de Bitcoin. En effet, la liste regroupaient des gens comme James A. Donald, Hal Finney, Perry Metzger et Zooko Wilcox-OâHearn, qui avaient assistĂ© aux expĂ©riences des cypherpunks et qui avaient constatĂ© qu'un systĂšme de monnaie numĂ©rique pouvait ĂȘtre effectivement amorcĂ© sans valeur intrinsĂšque. Leurs prĂ©occupations concernaient plutĂŽt la pĂ©rennitĂ© d'un tel systĂšme : Ă©tait-il fiable ? passait-il Ă l'Ă©chelle ?
Seul Dustin Trammell, alors ingénieur en sécurité informatique du Texas, semblait s'inquiéter de cette question de la premiÚre valorisation. Dans un courriel du 14 janvier 2009 adressé à Satoshi, il disait :
Le vrai truc sera d'amener les gens à valoriser réellement les BitCoins afin qu'ils deviennent une monnaie. Actuellement, ce ne sont que des collections de bits...
Satoshi, bien conscient que cela pouvait poser problÚme conceptuels pour certaines personnes, lui a répondu le 15 janvier en évoquant les cas d'usage que Bitcoin permettrait s'il acquérait une valeur :
MĂȘme s'il ne dĂ©colle pas tout de suite, il sera dĂ©sormais disponible pour le prochain gars qui imaginera un projet nĂ©cessitant une sorte de jeton ou de monnaie Ă©lectronique. Cela pourrait commencer comme un systĂšme fermĂ© ou comme une niche restreinte comme des points de rĂ©compense, des jetons de don, de la monnaie pour un jeu ou des micropaiements pour des sites pour adultes. Une fois le systĂšme amorcĂ©, il y a un certain nombre d'applications si vous pouvez facilement payer quelques centimes Ă un site web aussi facilement que vous dĂ©posez des piĂšces dans un distributeur automatique.
Ici, Satoshi ne parlait pas de l'usage (alors inexistant) de Bitcoin, mais des possibilités qu'il laissait entrevoir.
Ainsi, c'est le potentiel de Bitcoin qui a poussĂ© les gens Ă valoriser son unitĂ© de compte en premier lieu et qui leur a permis de se coordonner. Les individus intĂ©ressĂ©s par Bitcoin se regroupaient autour d'un idĂ©al de monnaie numĂ©rique Ă©chappant au contrĂŽle des banques et des Ătats, qui ne puisse pas ĂȘtre censurĂ©e ou contrĂŽlĂ©e, et c'est sur cela que le projet a pu connaĂźtre le succĂšs.
Tel que le disait un dénommé Tyler Gillies le 15 août 2009 dans la liste de diffusion officielle :
je viens de télécharger bitcoin, un logiciel épique. l'Úre de l'argent liquide numérique est arrivée
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Lors de son apparition, Bitcoin a ainsi ravivĂ© l'idĂ©e chĂšre aux cypherpunks d'une monnaie numĂ©rique fonctionnant de maniĂšre indĂ©pendante sur internet. Mais cela allait mĂȘme plus loin, et Bitcoin proposait quelque chose que personne n'avait vu jusqu'alors pour une unitĂ© de compte numĂ©rique : une raretĂ© que l'on ne puisse pas altĂ©rer. Bitcoin se passait en effet de tiers de confiance et pouvait par consĂ©quent maintenir une politique monĂ©taire fixe, sans qu'il soit possible pour une entreprise ou un Ătat d'arrĂȘter le systĂšme.
Lors de la sortie de la premiÚre version du logiciel le 8 janvier 2009, Satoshi Nakamoto décrivait l'émission monétaire du bitcoin comme suit :
La circulation totale sera de 21 000 000 de piĂšces. Elle sera distribuĂ© aux nĆuds du rĂ©seau lorsqu'ils crĂ©eront des blocs, le montant Ă©tant divisĂ© par deux tous les 4 ans.
les 4 premiÚres années: 10 500 000 piÚces
les 4 années suivantes : 5 250 000 piÚces
les 4 années suivantes : 2 625 000 piÚces
les 4 années suivantes : 1 312 500 piÚces
etc...Lorsque cela est épuisé, le systÚme peut prendre en charge des frais de transaction si nécessaire.
Le bitcoin devait donc tendre à devenir au fil du temps une monnaie à quantité fixe. Cette caractéristique unique a bouleversé l'imagination des gens : s'il y avait un nombre limité de bitcoins et que l'utilité monétaire du réseau augmentait, alors leur prix unitaire subirait une forte hausse.
Hal Finney a été le premier à évoquer cette idée, et a initié par là ce qui deviendrait par la suite un élément central (et vital) de Bitcoin, qui est la spéculation autour du prix. Dans un courriel du 11 janvier, il écrivait :
Il est intĂ©ressant de noter que le systĂšme peut ĂȘtre configurĂ© pour n'autoriser qu'un nombre maximum certain de piĂšces Ă gĂ©nĂ©rer. Je suppose que l'idĂ©e est que le travail nĂ©cessaire pour gĂ©nĂ©rer une nouvelle piĂšce deviendra plus difficile avec le temps.
Un des problĂšmes immĂ©diats avec nâimporte quelle nouvelle devise est de savoir comment la valoriser. MĂȘme en ignorant le problĂšme pratique liĂ© au fait que quasiment personne ne lâacceptera au dĂ©but, il est toujours difficile de trouver un argument raisonnable en faveur dâune valeur particuliĂšre non nulle pour les piĂšces.
Comme expĂ©rience de pensĂ©e amusante, imaginez que Bitcoin rĂ©ussisse et devienne le systĂšme de paiement dominant utilisĂ© dans le monde entier. Alors, la valeur totale de la devise devrait ĂȘtre Ă©gale Ă la valeur totale de toutes les richesses du monde. Les estimations actuelles que j'ai trouvĂ©es de la richesse totale des mĂ©nages dans le monde varient de 100 Ă 300 milliards de dollars. Avec 20 millions de piĂšces, cela donne Ă chaque piĂšce une valeur d'environ 10 millions.
Ainsi, la possibilitĂ© de gĂ©nĂ©rer des piĂšces aujourd'hui avec l'Ă©quivalent de quelques centimes de temps de calcul peut ĂȘtre un bon pari.
Le calcul était plus que constestable (la monnaie n'est pas censée représenter toute la richesse du monde), mais cette idée a joué un rÎle non négligeable dans l'adoption de bitcoin comme monnaie. Ainsi, dÚs le 15 janvier, la théorie de Finney est intervenue dans la correspondance entre Satoshi Nakamoto et Dustin Trammell, lorsque le créateur de Bitcoin a déclaré :
Hal a en quelque sorte fait allusion Ă la possibilitĂ© qu'il puisse ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un investissement Ă long terme. Je serais surpris que dans 10 ans nous n'utilisions pas la monnaie Ă©lectronique d'une maniĂšre ou d'une autre, maintenant que nous connaissons un moyen de faire qui ne sera pas inĂ©vitablement nivelĂ© par le bas lorsque le [tiers de confiance] se dĂ©gonflera.
Suite à cela, Dustin Trammell a répondu :
Oui, j'ai vu ce message et c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai dĂ©marrĂ© un nĆud si rapidement. Mes systĂšmes ne font pas grand-chose d'autre lorsqu'ils sont inactifs, alors pourquoi ne pas crĂ©er des BitCoins ? Et s'ils valent quelque chose un jour ... ? Ce sera un bonus !
Cela ne s'est pas arrĂȘtĂ© lĂ . Le lendemain, Satoshi a publiĂ© une version arrangĂ©e de son courriel Ă Dustin Trammell, approuvant ainsi publiquement cette façon de voir les choses :
Il pourrait ĂȘtre judicieux dâen avoir au cas oĂč cela prendrait. Si suffisamment de gens pensent la mĂȘme chose, cela devient une prophĂ©tie auto-rĂ©alisatrice.
Et, un mois plus tard, sur le forum de la P2P Foundation, il a réitéré cette conception dans un commentaire sous sa présentation de Bitcoin :
à mesure que le nombre d'utilisateurs augmente, la valeur par piÚce augmente. Cela a le potentiel de devenir une boucle de rétroaction positive ; à mesure que les utilisateurs augmentent en nombre, la valeur augmente, ce qui pourrait attirer davantage d'utilisateurs désireux de profiter de la valeur croissante.
Enfin, cet élément narratif est apparu sur l'une des premiÚres version de la page Sourceforge (bitcoin.sourceforge.net
), dans une présentation écrite par Martti Malmi, un jeune développeur finlandais qui aidait Satoshi depuis mai :
La valeur du bitcoin est susceptible d'augmenter Ă mesure que la croissance de l'Ă©conomie utilisant Bitcoin dĂ©passe le taux d'inflation [monĂ©taire] - considĂ©rez le bitcoin comme un investissement et commencez Ă faire tourner un nĆud dĂšs aujourd'hui !
Le bitcoin était donc vendu dÚs ses débuts comme un moyen opportuniste de gagner de l'argent, ce qui a contribué à sa premiÚre valorisation mais aussi à son succÚs comme on le sait. Cela préfigurait les bulles spéculatives qui se produiraient des années plus tard, attireraient les foules mais aussi les individus authentiquement intéressés par Bitcoin.
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Tous ces Ă©lĂ©ments (le caractĂšre subjectif de la valeur, le rĂȘve d'une monnaie numĂ©rique indĂ©pendante, la raretĂ© infalsifiable) ont fait que le bitcoin a pu Ă©merger du marchĂ© en tant que monnaie, et en vertu de sa fonction de monnaie. Ses utilisateurs se sont coordonnĂ©s par le biais de courriels, de listes de diffusions, de forums et de messages directs, dans le but de construire la monnaie numĂ©rique qu'on connaĂźt aujourd'hui. Il n'Ă©taient pas trĂšs nombreux mais formaient un cercle restreint autour duquel pouvaient par la suite se greffer les nouveaux arrivants. L'important c'Ă©tait qu'ils contribuaient Ă faire de Bitcoin une rĂ©alitĂ©.
Hal Finney a jouĂ© un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans l'Ă©mergence de Bitcoin. En effet, celui-ci occupait une place centrale dans l'histoire des monnaies numĂ©riques, ce qui faisait qu'il disposait de l'expĂ©rience nĂ©cessaire pour lancer le systĂšme. Comme on l'a vu, il avait participĂ© Ă la plupart des expĂ©riences des monnaies numĂ©riques des annĂ©es 1990. Par la suite, il s'Ă©tait intĂ©ressĂ© aux idĂ©es de b-money et de bit gold dĂ©veloppĂ©es respectivement par Wei Dai et Nick Szabo. Et en 2004, il avait mĂȘme tentĂ© de crĂ©er son propre modĂšle d'unitĂ© monĂ©taire numĂ©rique : le systĂšme preuves de travail rĂ©utilisables (RPOW).
En 2008, il Ă©tait donc tout Ă fait en mesure de reconnaĂźtre l'innovation qu'apportait Bitcoin lorsque Satoshi Nakamoto a publiĂ© le livre blanc sur la Cryptography Mailing List de metzdowd.com. Tou d'abord, Hal Finney, qui Ă©tait actif sur cette liste de diffusion, a Ă©tĂ© l'un des premiers Ă rĂ©pondre Ă Satoshi. Puis, il a Ă©tĂ© Ă l'origine de la thĂ©orie spĂ©culative qui permettrait Ă la valeur du bitcoin d'Ă©merger. Ensuite, il l'a aidĂ© Ă amĂ©liorer le code de Bitcoin avant et aprĂšs son lancement. Et enfin, il a Ă©tĂ© l'un des premiers Ă faire fonctionner un nĆud, a minĂ© le bloc 78 le 11 janvier 2009 et a reçu 10 bitcoins de la part de Satoshi Nakamoto au sein de la premiĂšre transaction effective du rĂ©seau le 12 janvier.
Malgré son omniprésence, Hal Finney n'a heureusement pas été le seul à participer à cet amorçage. On peut par exemple noter l'engagement de Dustin Trammell, qui a également miné des blocs trÚs tÎt, et qui a, lui aussi, reçu une transaction de la part de Satoshi Nakamoto le 14 janvier.
Pendant 9 mois, le bitcoin n'a été échangé contre rien, et n'avait par conséquent aucun prix. Cependant, en octobre 2009, un utilisateur désireux de monter un service d'échange, se faisant appeler NewLibertyStandard
, a eu l'idĂ©e d'estimer la valeur des bitcoins selon le coĂ»t Ă©nergĂ©tique nĂ©cessaire pour en obtenir. Ă l'Ă©poque la difficultĂ© Ă©tait de 1, ce qui imposait Ă tous les nĆuds du rĂ©seau de rĂ©aliser environ 4,3 millions de calculs pour miner un bloc, ce qui n'Ă©tait pas rien pour un processeur. Ainsi, sur son site personnel, il publiait ses taux dĂ©pendant du coĂ»t de l'Ă©lectricitĂ© Ă son emplacement ainsi que de la frĂ©quence de sa production personnelle. Il proposait d'acheter et de vendre du bitcoin Ă ces taux via PayPal, moyennant des frais d'Ă©change.
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C'est Martti Malmi qui, le 12 octobre 2009, a scellé le premier échange réalisé avec le bitcoin en vendant 5050 bitcoins à NewLibertyStandard
pour 5,02 $ virĂ©s sur son compte PayPal. Cela Ă©tablissait le premier prix Ă environ 0,1 centime de dollar. Les Ă©changes se sont par la suite intensifiĂ©s avec la crĂ©ation du service d'Ă©change Bitcoin Market en mars 2010 et surtout de Mt. Gox en juillet de la mĂȘme annĂ©e.
Le premier échange de bitcoins contre une marchandise physique a eu lieu en mai 2010. Le 18 mai, Laszlo Hanecz, un développeur américain d'origine hongroise de 28 ans, a publié un message sur le forum annonçant qu'il souhaitait se procurer de la pizza avec du bitcoin :
Je paierai 10 000 bitcoins pour deux ou trois pizzas... genre peut-ĂȘtre 2 grandes pour qu'il m'en reste le lendemain. J'aime avoir des restes de pizza Ă grignoter pour plus tard. Vous pouvez faire la pizza vous-mĂȘme et l'amener jusqu'Ă chez moi ou la commander pour moi dans un service de livraison, mais mon objectif c'est de me faire livrer de la nourriture en l'Ă©change de bitcoins que je n'ai pas Ă commander ou Ă prĂ©parer moi-mĂȘme.
AprÚs quelques jours sans réponse, il a réitéré sa demande et, le 22 mai, Jeremy Sturdivant (jercos
sur IRC) a accepté son offre et lui a fait livrer 2 pizzas à son domicile contre 10 000 bitcoins (représentant environ 41 $ au moment de l'échange).
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Le soir mĂȘme, Martti Malmi a rĂ©agi Ă cet Ă©change fructueux par un commentaire enthousiaste :
FĂ©licitations Laszlo, une grande Ă©tape atteinte đ
C'était en effet une étape cruciale dans l'amorçage et cet échange commercial montrait qu'il était possible de se procurer des biens dans le monde réel grùce à cette unité numérique.
Ainsi, la valeur du bitcoin provient d'une prophétie auto-réalisatrice : des individus ont décidé que le bitcoin serait une monnaie et en ont fait une monnaie par leurs pensées, par leurs paroles et par leurs actes. Sans ces individus, le bitcoin n'aurait jamais pu acquérir une valeur pérenne.
Le 27 août 2010, Satoshi Nakamoto décrivait ce qui était déjà en train de se produire avec le bitcoin :
Peut-ĂȘtre qu'il pourrait obtenir une valeur initiale circulaire [...], par le biais de personnes prĂ©voyant son utilitĂ© potentielle pour l'Ă©change. (J'en voudrais certainement) Peut-ĂȘtre que les collectionneurs, ou n'importe quelle raison arbitraire, pourraient le lancer.
La suite est connue. Bitcoin a réellement décollé en 2011, avec la mise en ligne de la plateforme Silk Road en janvier (qui montrait au monde pourquoi Bitcoin était unique) et la parité avec le dollar atteinte par le prix en février (qui témoignait d'un attrait spéculatif). à ce moment-là , il était impossible de revenir en arriÚre. La machine était lancée.
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Nathaniel Popper, Digital Gold: Bitcoin and the Inside Story of the Misfits and Millionaires Trying to Reinvent Money, 2016.
William J. Luther, Getting Off the Ground: The Case of Bitcoin, 8 août 2017.
Ross Ulbricht, Bitcoin Equals Freedom, 25 septembre 2019.
Le concept de Bitcoin a fait son apparition dans le monde le 31 octobre 2008. Dans un court document technique de 9 pages, le livre blanc, le mystérieux Satoshi Nakamoto décrivait les principes de base de ce qui deviendrait par la suite un phénomÚne économique d'envergure mondiale. Le titre de ce livre blanc ? « Bitcoin : un systÚme d'argent liquide électronique pair-à -pair ». Ce projet s'inscrivait donc dans une lignée bien définie : celle des tentatives de créer une monnaie numérique fonctionnant de maniÚre indépendante sur internet.
L'idĂ©e de monnaie numĂ©rique n'est pas une idĂ©e particuliĂšrement nouvelle. Celle-ci remonte en effet au dĂ©veloppement des moyens de communication modernes et est Ă©voquĂ©e dans de nombreuses Ćuvres de science-fiction, notamment sous la forme de « crĂ©dits ». Avec l'Ă©mergence d'internet dans les annĂ©es 1980, cette idĂ©e devenait rĂ©alisable. De mĂȘme qu'il existait un courrier Ă©lectronique (e-mail), il pouvait y avoir une monnaie Ă©lectronique (e-money). NĂ©anmoins, une interrogation subsistait : la question de savoir s'il Ă©tait possible de transposer les propriĂ©tĂ©s de l'argent liquide au cyberespace. Pouvait-on construire une monnaie entiĂšrement numĂ©rique qui pouvait se transmettre facilement, de personne Ă personne et de maniĂšre anonyme ? Ou devait-on se rĂ©signer Ă simplement Ă©tendre le fonctionnement du systĂšme bancaire Ă internet ?
Le concept d'argent liquide numérique a été formalisé pour la premiÚre fois en 1982 par le cryptographe américain David Chaum dans son papier académique intitulé « Blind signatures for untraceable payments ». Dans ce papier il décrivait un procédé de signatures aveugles qui permettait théoriquement d'envoyer des paiements de maniÚre anonyme. David Chaum a par la suite étoffé cette idée et a travaillé à l'implémenter par le biais de sa société DigiCash, créée en 1989 pour l'occasion.
L'idée a ensuite été reprise par le mouvement cypherpunk, formé en 1992, dont le but était d'établir une forme d'anarchie dans le cyberespace grùce à la cryptographie et à la technologie. Pour réaliser leur objectif, un argent liquide numérique constituait un élément central, car c'était lui qui pouvait permettre le développement de marchés indépendants en ligne. Eric Hughes, l'un des fondateurs du mouvement, écrivait par exemple dans son Manifeste d'un cypherpunk en mars 1993 :
Nous, les cypherpunks, nous consacrons à construire des systÚmes anonymes. Nous défendons notre confidentialité avec la cryptographie, avec les systÚmes anonymes de transfert de courriels, avec les signatures numériques, et avec la monnaie électronique.
Cependant, pour qu'une telle monnaie soit vraiment indĂ©pendante, il fallait qu'elle possĂšde une valeur sans ĂȘtre adossĂ©e Ă un autre bien. En effet, adosser sa monnaie Ă des rĂ©serves prĂ©sentes Ă un endroit donnĂ© revenait Ă jouer le rĂŽle d'une banque, ce qui Ă©tait trĂšs peu compatible avec l'idĂ©al des cypherpunks. C'est dans ce contexte qu'ont eu lieu les premiĂšres tentatives d'amorçage de systĂšmes d'argent liquide numĂ©rique.
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La premiÚre expérience que l'on peut citer n'est pas un systÚme de monnaie numérique à proprement parler puisque son rÎle initial n'était pas l'échange commercial. Il s'agit du Hawthorne Exchange, un systÚme de jetons de réputation utilisé pour la liste de diffusion extropienne.
Les extropiens Ă©taient des futuristes transhumanistes optimistes qui envisageaient l'Ă©volution technologique comme un moyen de libĂ©ration de l'individu. Ils avaient avait donc des centres intĂ©rĂȘts en commun avec les cypherpunks (le mouvement extropien avait Ă©tĂ© fondĂ© 4 ans aurapavant), et beaucoup de personnes faisaient partie des deux mouvements comme Timothy C. May, Nick Szabo ou encore Hal Finney. La liste de diffusion extropienne Ă©tait une liste de distribution de courrier Ă©lectronique privĂ©e, par laquelle les extropiens communiquaient sur internet et pouvaient discuter de nombreux sujets.
Le Hawthorne Exchange (couramment abrégé en HEx
) a Ă©tĂ© lancĂ© le 24 mars 1993 par un individu du nom de Brian Holt Hawthorne comme un marchĂ© de rĂ©putation pour les membres de la liste de diffusion. Le systĂšme se basait sur un serveur qui gĂ©rait les courriels de maniĂšre automatique. Chaque membre de la liste de diffusion pouvait s'incrire pour acquĂ©rir des parts liĂ©es Ă son identitĂ©, ainsi que des parts de la plateforme possĂ©dant le sigle boursier HEX. Chaque part pouvait ensuite ĂȘtre Ă©changĂ©e sur le marchĂ© selon l'offre et la demande, ce qui permettait thĂ©oriquement d'Ă©valuer la rĂ©putation des membres de la liste. Le principe de base Ă©tait que si un membre considĂ©rait que quelqu'un avait contribuĂ© positivement Ă la liste de diffusion, il achetait des parts de cette personne, et que dans le cas inverse il revendait ces parts.
L'unité native pour effectuer ces échanges était le Thorne, et avait pour symbole ð
ou p
. La quantité monétaire émise au tout début était d'un million de Thornes et était détenue par le serveur. La distribution initiale se faisait lors de l'inscription : au moment de leur entrée dans le systÚme, les participants recevait, en plus de leurs parts représentant leur réputation, 100 HEX chacun (les parts du systÚme d'échange) qu'ils pouvaient vendre au serveur pour un prix de 100 Thornes piÚce, et donc obtenir au moins 10 000 Thornes chacun.
Le systĂšme Ă©tait trĂšs expĂ©rimental et beaucoup de membres de la liste de diffusion Ă©taient sceptiques (Ă raison) sur sa pĂ©rennitĂ©. NĂ©anmoins, certains se sont tout de mĂȘme inscrits comme Hal Finney (il Ă©tait l'un des premiers Ă s'inscrire et possĂ©dait la part HFINN
), Perry E. Metzger (P
) ou Nick Szabo (N
) qui disait essayer pour « le plaisir du jeu » malgré ses réticences.
AprÚs une période de développement plus longue que prévue, les échanges ont pu débuter le 28 juin 1993. Les opérations étaient rares mais elles avaient lieu. Voici à quoi ressemblaient le cours des différentes parts dans le rapport du 22 juillet :
Plusieurs problĂšmes ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s dĂšs le dĂ©but. Le premier Ă©tait le manque de liquiditĂ© du marchĂ©. Un groupe restreint de personnes possĂ©dait la majeure partie des Thornes et ne les faisaient pas bouger, ce qui n'aidait pas les autres Ă s'en procurer. Des propositions ont Ă©tĂ© faites pour amĂ©liorer les choses. Ainsi, le 6 juillet, un membre de la liste nommĂ© Derek Zahn proposait d'augmenter drastiquement la quantitĂ© de Thrones en circulation. Suite Ă cette proposition, Perry Metzger rĂ©torquait que les gens oubliaient que « la taille de la masse monĂ©taire [n'avait] pas d'importance » et que « les valeurs [pouvaient] augmenter indĂ©finiment mĂȘme avec une masse monĂ©taire fixe ». NĂ©anmoins, il fallait pour cela que l'unitĂ© soit rendu divisible, chose qu'a faite Brian Hawthorne le 16 juillet en ajoutant deux chiffres aprĂšs la virgule dans la reprĂ©sentation des Thornes.
Le deuxiÚme problÚme était la valorisation du Thorne et des jetons de réputation. Certaines personnes montraient en effet un certain scepticisme à propos de la mise en route du systÚme, à l'instar de Hal Finney qui déclarait le 27 juillet :
De nombreuses personnes ont observĂ© que les parts Hex ont peu ou pas de valeur intrinsĂšque. Cela remet en question toute la prĂ©misse de la place de marchĂ©, Ă savoir que les valeurs des parts sont censĂ©es reprĂ©senter d'une maniĂšre ou d'une autre la rĂ©putation des gens. Mais il n'y a aucune raison pour que la valeur des parts corresponde de quelque maniĂšre que ce soit Ă la rĂ©putation des gens, si ce n'est le fait qu'on se dit qu'il devrait en ĂȘtre ainsi. Il s'agit d'une tentative de crĂ©er une prophĂ©tie auto-rĂ©alisatrice, oĂč si tout le monde croit X, alors tout le monde agit comme si X Ă©tait vrai, et cela rend X vrai. [...] Il est important de comprendre que les Thornes ne sont pas comme les dollars. Ă moins que les parts HeX ne puissent recevoir une base autre que le caprice de leurs propriĂ©taires, le marchĂ© s'effondrera sĂ»rement, car il n'y a rien pour le soutenir.
Plusieurs personnes ont réagi à cette conception. Ainsi, Dave Krieger a répondu à Hal Finney que les dollars fonctionnaient déjà comme cela. Perry Metzger, lui, a été plus loin en invoquant la conception subjective de la valeur :
L'une des grandes avancĂ©es de la thĂ©orie Ă©conomique autrichienne est la notion que toute valeur est complĂštement subjective - c'est tout simplement ce que les gens sont prĂȘts Ă payer pour la chose valorisĂ©e. [...] Toute monnaie est psychologique.
HEx n'a jamais rĂ©ellement fonctionnĂ© en tant que systĂšme de rĂ©putation car il n'y avait pas de sens Ă Ă©valuer la rĂ©putation comme cela, et l'activitĂ© Ă©tait de toute maniĂšre trop timide. NĂ©anmoins, le Thorne lui a commencĂ© Ă ĂȘtre utilisĂ© comme monnaie d'Ă©change. Par consĂ©quent, bien que Brian Hawthorne lui-mĂȘme avait dĂ©clarĂ© que HEx n'Ă©tait pas « un systĂšme d'argent liquide numĂ©rique » et n'avait « aucune prĂ©tention Ă l'ĂȘtre », les personnes prĂ©sentes sur la liste se sont mises naturellement Ă effectuer des Ă©changes contre du Thorne.
Le premier achat d'un service a eu lieu le 31 août 1993 lorsque Dave Krieger a proposé à John McPherson de lui donner 1000 Thornes s'il recopiait et publiait une présentation de Vernor Vinge réalisée par The San Diego Union-Tribune. John McPherson a accepté dans la soirée, heure de Californie, concluant ainsi l'échange.
Nick Szabo vendait quelques services contre du Thorne, et avait été jusqu'à mettre au point son propre catalogue de textes en tous genres, appelé « Nick's Catalog ».
Quelques paris étaient réalisés sur la liste de diffusion. De son cÎté, Tim May mettait à disposition des dossiers d'informations contre des Thornes, dans le cadre de son projet de BlackNet.
Au cours du temps, le Thorne a aussi acquis un prix en dollars. Brian Hawthorne vendait du Thorne à un prix de 0,01 $ piÚce. Cependant, la demande pour le Thorne était moins forte que cela et la plupart des gens acceptaient d'acheter du Thorne un prix de 0,001 $. Tim May en particulier cherchait à se procurer plus de Thornes : il a par exemple acheté 10 000 Thornes à Edgar W. Swank pour 10 $ en liquide. Le but de Tim May était d'« accumuler plus de Thornes » dans l'espoir que le systÚme persiste et que Brian Hawthorne n'ait pas « l'intention de dévaloriser le Thorne en imprimant plus », chose que ce dernier confirmera :
Je vais répéter ce que j'ai déclaré publiquement auparavant. Il y a exactement un million de Thornes en circulation. Je n'en imprimerai pas plus.
Cet amorçage du Thorne a étonné certains membres de la liste, et ce d'autant plus que cette utilisation n'était pas la vocation initiale du systÚme. Ainsi, David Murray expliquait le 28 septembre :
Quand HEX a débuté, je ne pensais pas que le thorn[e] pouvait spontanément acquérir de la valeur. Je n'en suis plus si sûr maintenant. Les thorn[e]s offrent un avantage distinct par rapport aux dollars ici sur la toile : ils sont électroniques et échangeables électroniquement. Cette marge d'efficacité peut suffire à leur permettre d'acquérir de la valeur, avec un peu d'aide (spontanée).
Cela a Ă©galement inquiĂ©tĂ© Brian Hawthorne, qui voyait son systĂšme ĂȘtre utilisĂ© comme monnaie, et qui ne voulait pas subir les poursuites Ă©tatiques que subissait Ă l'Ă©poque le crĂ©ateur de PGP, Philip Zimmermann :
Avertissement officiel, de sorte Ă ce que je ne me retrouve pas dans la mĂȘme situation que Phil Zimmermann : Le Hawthorne Exchange est un marchĂ© de rĂ©putation, pas un marchĂ© d'actions, de matiĂšres premiĂšres, de devises ou d'obligations. Le Thorne est un jeton avec lequel Ă©changer des rĂ©putations. Le Hawthorne Exchange dĂ©cline toute responsabilitĂ© quant Ă l'utilisation de Thornes comme monnaie rĂ©elle par ses clients.
Toutefois, cette expérience est lentement tombée dans l'oubli et l'activité a commencé à décliner vers la fin de l'année 1993. Le 21 janvier 1994, Brian Hawthorne a mis le Hawthorne Exchange en vente, n'ayant plus le temps de s'en occuper. Il avait en effet lancé la chose de maniÚre plus ou moins ironique et ne s'attendait pas à ce que les gens la prennent autant au sérieux. La plateforme a été rachetée par Bill Garland, qui a déclaré par la suite que « HEx [avait été mis] en sommeil et qu'il le resterait encore un peu » (HEx is now dormant and will be for a little while yet). Le Hawthorne Exchange n'a jamais réapparu et par conséquent le Thorne a fini par perdre sa valeur.
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à l'instar de la liste extropienne, la mailing list cypherpunk a également connu son expérience d'argent liquide numérique. Il s'agissait du protocole Magic Money qui permettait à chacun de créer sa propre devise numérique. Celui-ci a été présenté sur la liste de diffusion cypherpunk le 4 février 1994, par un anonyme qui utilisait PGP pour s'identifier. Le créateur de Magic Money, Pr0duct Cypher
, décrivait son systÚme comme suit :
Magic Money est un systĂšme d'argent liquide numĂ©rique conçu pour ĂȘtre utilisĂ© par courrier Ă©lectronique. Le systĂšme est en ligne et intraçable. « En ligne » signifie que chaque transaction implique un Ă©change avec un serveur, pour Ă©viter les doubles dĂ©penses. « Intraçable » signifie qu'il est impossible pour quiconque de retracer les transactions, de faire correspondre un retrait avec un dĂ©pĂŽt, ou de faire correspondre deux piĂšces de quelque maniĂšre que ce soit.
Tout comme le Hawthorne Exchange, Magic Money nĂ©cessitait par un serveur qui analysait des courriels pour faire fonctionner la chose. Magic Money Ă©tait un protocole et par consĂ©quent nĂ©cessitait que la personne qui dĂ©sirait crĂ©er une nouvelle devise numĂ©rique fasse fonctionner son propre serveur. Pour ĂȘtre intraçable, le systĂšme se fondait sur les signatures aveugles de David Chaum, une technologie brevetĂ©e, ce qui faisait que Magic Money Ă©tait avant tout un prototype expĂ©rimental.
à la fin de sa présentation initiale, Pr0duct Cypher
ajoutait la remarque suivante à propos de la valorisation des jetons créés avec son systÚme :
Maintenant, si vous ĂȘtes toujours rĂ©veillĂ©, vient la partie amusante : comment introduire une valeur rĂ©elle dans votre systĂšme digicash ? Comment, d'ailleurs, faites-vous mĂȘme en sorte que les gens jouent avec ?
Qu'est-ce qui rend l'or précieux ? Il a quelques propriétés utiles : c'est un bon conducteur, il résiste à la corrosion et aux produits chimiques, etc. Mais celles-ci ne sont devenus importantes que récemment. Pourquoi l'or a-t-il été précieux pendant des milliers d'années ? C'est joli, c'est brillant et surtout, c'est rare.
Digicash est joli et brillant. Les gens en parlent depuis des années, mais peu l'ont utilisé. Vous pouvez rendre votre cash plus intéressant en donnant à votre serveur un nom provocateur. Le faire passer par un service de repostage pourrait lui donner une touche « underground » qui attirerait les gens.
Votre digicash devrait ĂȘtre rare. Ne le donnez pas en grande quantitĂ©. Demandez Ă certaines personnes de jouer avec votre serveur, en vous faisant passer des piĂšces. Organisez un concours - la premiĂšre personne qui casse ce code, rĂ©pond Ă cette question, etc. gagne de l'argent numĂ©rique. Une fois que les gens commenceront Ă s'y intĂ©resser, votre monnaie numĂ©rique sera demandĂ©e. Assurez-vous que la demande dĂ©passe toujours l'offre.
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Suite à cette présentation, les réactions ont été enthousiastes. Hal Finney a répondu dans la foulée : « Wow ! Génial ! ». Francis Barrett, lui, affirmait que c'était « la chose la plus géniale [qu'il avait] lue depuis longtemps ».
Le premier serveur a été mis en place par Mike Duvos le 25 février 1994. Ses piÚces étaient appelés les « Tacky Tokens », ou « jetons poisseux », et elles étaient émises en dénominations de 1, 2, 5, 10, 20, 50, et 100 unités. En guise d'incitation à essayer le systÚme, il distribuait 100 Tacky Tokens aux 10 premiÚres personnes qui envoyaient un courriel au serveur.
Quelques tentatives d'utiliser les Tacky Tokens comme monnaie d'échange sont apparues comme la proposition de vente d'un GIF de qualité contre 5 Tacky Tokens, mais cependant cela n'a pas pris comme les cypherpunks l'imaginaient. Cet échec a fait réfléchir certains d'entre eux sur le problÚme de l'amorçage.
Dans son essai Why Digital Cash is Not Being Used, Tim May relevait diffĂ©rentes raisons pour lesquelles Magic Money / Tacky Tokens ne gagnait pas en traction, dont les trois principales Ă©taient qu'il n'y avait quasiment rien Ă acheter, que l'utilisation Ă©tait difficile techniquement et que le systĂšme n'offrait aucun intĂ©rĂȘt particulier. May recommandait donc une liste de marchĂ©s qui pourraient ĂȘtre avantageux pour les systĂšme d'argent liquide numĂ©rique comme les cartes de tĂ©lĂ©phone, les routes Ă pĂ©age, les marchĂ©s illĂ©gaux, les marchĂ©s de paris et les services numĂ©riques de repostage.
Pr0duct Cypher
, dans un texte intitulé Giving Value to Digital Cash, écrivait :
Quelqu'un m'a rĂ©cemment rappelĂ© mes mots de l'intro de Magic Money, dans laquelle j'ai prĂ©dit que l'argent liquide numĂ©rique pouvait prendre de la valeur par lui-mĂȘme. Je savais quand j'ai Ă©crit le programme que donner la valeur au systĂšme serait la partie la plus difficile. [...] La plupart des grandes Ă©conomies utilisent aujourd'hui une monnaie fiduciaire, il est donc clair que la monnaie fiduciaire fonctionnera. Mais vous ne pouvez pas crĂ©er une nouvelle Ă©conomie avec de la monnaie fiduciaire. La monnaie doit commencer par avoir une valeur et une convertibilitĂ© dans le monde rĂ©el. AprĂšs avoir Ă©tĂ© en circulation pendant un certain temps, elle peut ĂȘtre « dĂ©couplĂ©e » des Ă©talons extĂ©rieurs.
Il y a trois problĂšmes qui interviennent.
1> Faire en sorte que les gens s'y mettent, de l'ignorance totale à la présence d'un client Magic Money opérationnel sur leurs systÚmes.
2> Distribuer vos piÚces numériques.
3> Ăchanger vos piĂšces numĂ©riques contre quelque chose ayant de la valeur.
On note qu'il revenait alors sur sa position initiale, pour rejoindre la conclusion du théorÚme de régression de Mises : la valeur de la monnaie devait remonter à une valeur d'usage non monétaire, si besoin par le biais d'adossements successifs.
à la suite de ces discussions, d'autres implémentations de Magic Money ont vu le jour : les GhostMarks ou « marks fantÎmes » ; les DigiFrancs ou « francs numériques », prétendument adossés à 10 caisses de Cola-Cola Light conservés dans un coffre ; ou encore les NexusBucks ou « dollars de liaison », créés par un dénommé Sameer qui souhaitait rémunérer du travail de développement informatique grùce à ces jetons.
Cependant, toutes ces unités numériques à l'utilité trÚs limitée ont disparu progressivement. à la mi-août 1994, Mike Duvos, l'opérateur du serveur gérant les Tacky Tokens, déclarait :
Je n'ai pas vu de Tacky Token depuis des mois, bien qu'il y avait pas mal d'activité lorsque j'ai rendu mon serveur disponible au début.
La cause de cette désertion était l'apparition d'un autre systÚme d'argent liquide numérique : eCash et ses cyberbucks.
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Comme on l'a dit en introduction, David Chaum est l'un des fondateurs de l'argent liquide numérique. C'est donc tout naturellement qu'il a essayé de mettre en application son idée, par l'intermédiaire de eCash. AprÚs avoir fondé sa société (DigiCash) en 1989, et avoir travaillé sur le sujet pendant plusieurs années, il a fini par mettre au point un prototype et à le présenter au monde le 27 mai 1994 lors de la premiÚre conférence internationale sur le World Wide Web au CERN à GenÚve.
eCash a par la suite mis en route, sous la forme d'un essai réalisé avec la participation de volontaires. Cet essai a été annoncé en juillet et a débuté le 19 octobre. Les unités émises pour l'occasion étaient appelés les cyberbucks, ou « dollars d'internet », et avaient pour symbole cb$
, c$
ou e$
selon les individus. Puisqu'il s'agissait d'un test, les cyberbucks ne bénéficiaient d'aucun adossement au dollar et possédait donc un prix flottant.
L'avantage que possédait eCash est que le systÚme était développé par une entreprise reconnue, qui savait communiquer et qui savait comment démarrer un nouveau projet. La distribution initiale a ainsi été mise à profit pour encourager l'utilisation du systÚme : 100 cyberbucks étaient en effet distribués à chaque nouvel utilisateur. Cela fait que l'expérience des cyberbucks s'est retrouvé avec des centaines d'utilisateurs et des dizaines de commerçants dÚs ses débuts.
En janvier 1995, l'essai jusqu'alors rĂ©servĂ© aux Ătats-Unis s'Ă©tendait au monde entier.
Le premier échange en cyberbucks aurait eu lieu dÚs octobre : ils s'agissait de l'achat d'une carte postale par Marcel van der Peijl, un employé de DigiCash, auprÚs de la société Global-X-Change.
eCash connaissait Ă©galement un certain succĂšs dans la communautĂ© cypherpunk, et Ă©tait souvent Ă©voquĂ© sur la liste de diffusion. Certains cypherpunks ont mĂȘme fini par travailler pour DigiCash, comme Nick Szabo.
Le cyberbuck a lui aussi acquis un prix. Il existait une liste de diffusion spĂ©cialisĂ©e qui servait Ă rĂ©aliser des Ă©changes : appelĂ©e ECM (pour Electronic Cash Market), celle-ci avait Ă©tĂ© dĂ©marrĂ©e le 24 juin 1995 par Rich Lethin. Il y avait Ă©galement d'autres endroits oĂč Ă©changer des dollars contre des cyberbucks et inversement, comme l'Eshop de FireCloud Solutions (voir l'image ci-dessous). En 1995, le prix du cyberbuck Ă©tait de quelques centimes de dollar.
Bien que rare, l'utilisation des cyberbucks Ă©tait bien rĂ©elle. Hal Finney offrait un prix en cyberbucks pour son concours de programmation (problĂšme rĂ©solu par Damien Doligez). Adam Back proposait Ă la vente des t-shirts sur lesquels Ă©tait imprimĂ© du code d'un algorithme de chiffrement (algorithmes alors considĂ©rĂ©s comme des munitions par l'Ătat fĂ©dĂ©ral des Ătats-Unis), dont un exemplaire a Ă©tĂ© achetĂ© par Mark Grant le 17 aoĂ»t 1995. Bryce Wilcox (devenu aujourd'hui Zooko Wilcox-O'Hearn) proposait de vendre son logiciel facilitant l'utilisation de PGP pour 10 cyberbucks.
Jim Crawley résumait l'état des lieux le 11 juillet 1995, dans une courte chronique pour la revue en ligne The Computists' Weekly :
Pouvez-vous crĂ©er de la valeur rĂ©elle sur la toile simplement en Ă©mettant une monnaie Ă©trange ? Apparemment oui. Digicash a distribuĂ© 1 M d'ecash, 100 e$ par utilisateur. Quelques marchands ont acceptĂ© les cyberbucks pour des partagiciels ou des produits d'information, et Adam Back en Grande-Bretagne vous vendra un T-shirt cryptographique "export-interdit" pour 250 e$ (ou 8 ÂŁ, qui met en place un taux de change diffĂ©rent). Le premier Ă©change connu vers la devise amĂ©ricaine a eu lieu lorsque Lucky Green a acceptĂ© le mois dernier de vendre ses 100 e$ pour 5 $. Cela Ă©tablit un prix de vente de 50 000 $ pour l'Ă©mission de Digicash, bien qu'il soit possible que l'Ă©dition limitĂ©e ait une valeur beaucoup plus Ă©levĂ©e en tant qu'article de collection. Selon l'analyste du commerce en ligne, Robert Hettinga, « le prix dont nous parlons ici est la valeur marginale du concept d'e$ lui-mĂȘme : anonymat, fluiditĂ© de transfert, commoditĂ©, ce que vous voulez. »
Cependant, tout n'était pas parfait pour les utilisateurs de cyberbucks et certains se posaient des question sur la pérennité du systÚme, à l'instar de Nathan Loofbourrow qui évoquait dans un courriel du 23 août la dépendance du systÚme vis-à -vis de DigiCash :
Je n'ai pas encore vu de date, mais Digicash déclare à plusieurs reprises dans ses communiqués de presse que les Cyberbucks ne sont qu'une monnaie d'essai et qu'à un moment donné dans le futur, l'essai prendra fin. Est-ce que cela signera le fin du marché pour les c$ à ce moment-là ? Sans Digicash pour authentifier la monnaie, il semblerait impossible d'échanger les piÚces de c$. [...] Afin de préserver la valeur de la nouvelle monnaie électronique, [...] nous avons besoin de l'assurance que la masse monétaire ne connaßtra pas une croissance déraisonnable. L'essai de ecash bénéficie de la promesse de Digicash d'un plafond de 1 million de c$ ; cette confiance a-t-elle un poids suffisant pour que le Cyberbuck ou son successeur garde une quelconque valeur pour l'utilisateur ?
Malheureusement, sa prĂ©diction est rapidement devenue rĂ©alitĂ©. En octobre 1995, la Mark Twain Bank lançait sa propre version de eCash en partenariat avec DigiCash, et, contrairement Ă l'essai prĂ©cĂ©dant, l'unitĂ© Ă©changĂ©e Ă©tait adossĂ©e au dollar Ă©tasunien. Bien que l'expĂ©rience des cyberbucks ne se soit pas arrĂȘtĂ©e lĂ , leur valeur s'est effondrĂ©e Ă cause de cette nouvelle. Le sort des cyberbucks a finalement Ă©tĂ© scellĂ© lorsque Digicash a fait faillite en septembre 1998.
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Ainsi, que ce soit avec le Hawthorne Exchange, Magic Money ou eCash, on a pu voir des unitĂ©s numĂ©riques ĂȘtre valorisĂ©es sans ĂȘtre adossĂ©e Ă une monnaie existante. Pourquoi ? Parce que leur fonction -- transfĂ©rer de la valeur sur internet -- Ă©tait trĂšs demandĂ©e, notamment par les cypherpunks dans le but de rĂ©aliser leur idĂ©al. NĂ©anmoins, toutes ces expĂ©riences reposaient sur un tiers de confiance, et se sont dĂ©finitivement arrĂȘtĂ©es lorsque le tiers en question a cessĂ© ses activitĂ©s. Le Thorne, le Tacky Token et le cyberbuck n'Ă©taient ni durables ni rares, et ne pouvaient donc pas devenir des monnaies plus largement acceptĂ©es.
Satoshi Nakamoto le reconnaissait lui-mĂȘme. Dans un courriel adressĂ© Ă la liste de diffusion p2p-research
, il réagissait à la comparaison entre Bitcoin et eCash en disant :
Bien sûr, la plus grande différence est l'absence de serveur central. C'était le talon d'Achille des systÚmes chaumiens ; lorsque l'entreprise centrale fermait ses portes, la monnaie disparaissait.
Ă la suite des expĂ©riences des annĂ©es 1990, l'idĂ©e de crĂ©er un argent liquide numĂ©rique sans valeur intrinsĂšque s'est faite plus rare, pour laisser la place Ă des systĂšmes oĂč les unitĂ©s Ă©taient indexĂ©es sur l'or (e-gold) ou le dollar (Liberty Reserve). Quelques cypherpunks ont bien tentĂ© d'imaginer des systĂšmes dĂ©centralisĂ©s, comme b-money, bit gold ou RPOW, mais ceux-ci ont Ă©tĂ© immĂ©diatement jugĂ©s trop peu robustes. Ce n'est qu'avec l'apparition de Bitcoin en 2008 que la malĂ©diction a Ă©tĂ© levĂ©e et qu'un vrai argent liquide numĂ©rique a pu voir le jour.
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John Paul Koning, The bootstrapping of Thorne, Magic Money, and Cyberbucks: three pre-Bitcoin monetary experiments, 6 novembre 2017.
Extropians (mailing list), 1993 - 1994.
Cyperpunks (mailing list), 1992 - 1998.
Bitcoin est un systÚme décentralisé qui gÚre l'émission et les transferts d'une unité de compte numérique, appelée le bitcoin. Cette unité s'échange librement sur Internet et possÚde donc un prix, qui fluctue selon l'offre et la demande et qui a connu au cours de la derniÚre décennie une hausse fulgurante. En effet, celui-ci est passé de 0,001 $ en octobre 2009 à 1 $ en 2011, puis 1000 $ en 2013 et enfin plus de 50 000 $ aujourd'hui.
Le prix du bitcoin est une composante est trÚs connue du grand public puisqu'elle est discutée dans les différents médias à chaque fois qu'un fort mouvement spéculatif a lieu. C'est lui qui pousse les gens à s'intéresser plus en profondeur à Bitcoin, constituant ainsi une force de recrutement non négligeable. Mais surtout, il remet au goût du jour la question cruciale de l'origine de la valeur, impactant au passage une position de l'école autrichienne d'économie : le théorÚme de régression.
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Le bitcoin n'a pas vraiment de valeur intrinsĂšque, dans le sens oĂč il n'est pas valorisĂ© pour des propriĂ©tĂ©s objectives, comme le sel peut l'ĂȘtre pour ses caractĂ©ristiques d'assaisonnement et de conservation des aliments, ou l'or pour sa rĂ©sistance Ă la corrosion et Ă l'oxydation. De plus, il n'est indexĂ© sur aucun autre bien et n'a jamais reprĂ©sentĂ© autre chose que lui-mĂȘme. La valeur du bitcoin est donc extrinsĂšque et ne provient que de son utilisation en tant que monnaie : les gens le valorisent uniquement parce qu'ils savent que d'autres l'accepteront en l'Ă©change de quelque chose d'autre.
Cependant, ceci pose un problÚme philosophique : comment a-t-il été valorisé en premier lieu, lorsqu'il n'y avait aucun utilisateur ? En d'autres termes : comment Bitcoin a-t-il été amorcé ?
Le problĂšme de l'amorçage a Ă©tĂ© Ă©noncĂ© dĂšs les dĂ©but de Bitcoin par Hal Finney, l'une des premiĂšres personnes Ă avoir fait fonctionner un nĆud aprĂšs Satoshi Nakamoto. Le 11 janvier 2009, dans un courriel rĂ©pondant Ă l'annonce de la premiĂšre version du logiciel, il dĂ©clarait :
Un des problĂšmes immĂ©diats avec n'importe quelle nouvelle devise est de savoir comment la valoriser. MĂȘme en ignorant le problĂšme pratique liĂ© au fait que quasiment personne ne l'acceptera au dĂ©but, il est toujours difficile de trouver un argument raisonnable en faveur d'une valeur particuliĂšre non nulle pour les piĂšces.
La question Ă l'Ă©poque Ă©tait donc de savoir s'il Ă©tait possible de lancer avec succĂšs une nouvelle monnaie numĂ©rique sans qu'elle n'ait de valeur prĂ©dĂ©finie, et surtout de savoir si cela pouvait ĂȘtre pĂ©renne.
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La premiĂšre valorisation de la monnaie est loin d'ĂȘtre quelque chose d'Ă©vident. Il va de soi que dans un contexte antagoniste, les ĂȘtres humains ne pouvaient pas choisir n'importe quoi pour servir d'instrument d'Ă©change entre tribus par exemple. Ainsi, toutes les proto-monnaies prĂ©cĂ©dant le dĂ©veloppement de l'Ătat se sont basĂ©es en premier lieu sur des biens ayant une valeur d'usage non monĂ©taire : des coquillages pour leur attrait esthĂ©tique, du sel pour son usage alimentaire, du bĂ©tail ou du blĂ© pour leur valeur nutritive, ou des mĂ©taux prĂ©cieux pour leur beautĂ©. Comme l'expliquait l'Ă©conomiste autrichien Carl Menger dans son essai de 1892 sur l'origine de la monnaie, ces biens ont ensuite Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s selon leur cessibilitĂ©, câest-Ă -dire la facilitĂ© avec laquelle ils pouvaient ĂȘtre Ă©changĂ©s sur le marchĂ©, que cette cessibilitĂ© s'applique dans l'espace (portabilitĂ©), dans le temps (durabilitĂ©, raretĂ©) ou Ă l'Ă©chelle (divisibilitĂ©, fongibilitĂ©). C'est pourquoi, de tous les biens qui se concurrençaient, ce sont les mĂ©taux prĂ©cieux qui ont Ă©tĂ© finalement utilisĂ©s comme monnaie : parce qu'ils avaient la plus grande cessibilitĂ©.
De cette observation sur l'origine de la monnaie, Ludwig von Mises en a tiré un théorÚme, le théorÚme de régression, qui affirme que toute monnaie généralement acceptée par la population a dû avoir en premier lieu une valeur d'usage non monétaire. Tel qu'il l'écrivait dans sa Théorie de la monnaie et du crédit publiée en 1912 :
Si la valeur d'Ă©change objective de la monnaie doit toujours ĂȘtre reliĂ©e Ă un rapport d'Ă©change du marchĂ© prĂ©existant entre la monnaie et les autres biens Ă©conomiques (car, sinon, les individus ne pourraient estimer la valeur de la monnaie), il s'ensuit qu'un objet ne peut ĂȘtre utilisĂ© comme monnaie s'il ne possĂšde pas dĂ©jĂ , au moment oĂč il commence Ă ĂȘtre utilisĂ© comme monnaie, une valeur d'Ă©change objective basĂ©e sur un autre usage. Ceci fournit Ă la fois une rĂ©futation des thĂ©ories qui font dĂ©couler l'origine de la monnaie d'un accord gĂ©nĂ©ral qui aurait attribuĂ© des valeurs fictives Ă des choses intrinsĂšquement sans valeur, et une confirmation des hypothĂšses de Menger sur l'origine de l'utilisation de la monnaie.
Il poursuivait en disant qu'il Ă©tait de cette maniĂšre possible de faire remonter la valeur de la monnaie Ă une valeur intrinsĂšque originelle :
La thĂ©orie de la valeur de la monnaie en tant que telle peut faire remonter la valeur d'Ă©change objective seulement jusqu'au point oĂč elle cesse d'ĂȘtre la valeur de la monnaie et devient uniquement la valeur d'une marchandise. [...] Si de cette façon nous retournons de façon continuelle en arriĂšre, nous devons arriver Ă un point oĂč nous ne trouvons plus aucune composante dans la valeur d'Ă©change objective qui provienne des Ă©valuations basĂ©es sur la fonction de la monnaie comme moyen d'Ă©change commun ; un point oĂč la valeur de la monnaie n'est rien d'autre que la valeur de l'objet qui est utile d'une autre façon que comme monnaie.
Ainsi, on peut retracer l'histoire de la monnaie actuellement utilisĂ©e en Occident Ă l'or. Autrefois l'or et l'argent Ă©taient utilisĂ©s comme moyen d'Ă©change de main Ă main. Puis avec l'Ă©volution bancaire, les gens ont commencĂ© Ă utiliser des billets Ă©changeables en or pour leur facilitĂ© d'usage : l'or Ă©tait conservĂ© dans un coffre et les billets jouaient le rĂŽle de monnaie reprĂ©sentative. Ensuite, au cours du XIXĂšme siĂšcle, les Ătats ont commencĂ© Ă imposer des restrictions plus strictes et ont imposĂ© un Ă©talon-or contrĂŽlĂ© par leurs banques nationales respectives. Enfin, comme on le sait tous, cette convertibilitĂ© a Ă©tĂ© suspendue Ă de multiples reprises dans diffĂ©rents pays (cours forcĂ©), avant d'ĂȘtre dĂ©finitivement suspendue par les Ătats-Unis en 1971 avec la fin des accords de Bretton Woods.
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Depuis 1971, les monnaies Ă©tatiques n'ont donc plus de valeur d'usage (en dehors de l'utilitĂ© nĂ©gligeable du papier des billets) et leur valeur repose sur le fait que les Ătats imposent leur cours lĂ©gal sur leurs territoires. Cependant, la croyance que la monnaie est toujours garantie par l'or persiste au sein de la population, ce qui tĂ©moigne de cette Ă©volution historique. Selon Mises, les gens n'auraient jamais acceptĂ© la monnaie actuelle si elle n'avait pas Ă©tĂ© en premier lieu indexĂ©e sur l'or.
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Le théorÚme de régression est bien un théorÚme, pas une simple observation historique - une presciption et non une description, conformément à l'école autrichienne. Comme Ludwig von Mises le précisait dans L'action humaine en 1949 :
Nul bien ne peut ĂȘtre employĂ© comme instrument d'Ă©change si, au moment oĂč l'on a commencĂ© Ă s'en servir comme tel, il n'avait pas une valeur d'Ă©change en raison d'autres emplois. Et toutes ces affirmations impliquĂ©es dans le thĂ©orĂšme de rĂ©gression sont Ă©noncĂ©es apodictiquement conformĂ©ment Ă la nature aprioriste de la praxĂ©ologie. Cela doit se produire ainsi. Personne ne peut ni ne pourra parvenir Ă construire un cas hypothĂ©tique dans lequel les choses se produiraient diffĂ©remment.
C'est pourquoi il a embĂȘtĂ© intellectuellement beaucoup de gens qui s'intĂ©ressaient Ă Bitcoin. Ceux-ci pouvaient avoir lu Mises et se demandaient par consĂ©quent d'oĂč pouvait provenir la valeur intrinsĂšque originelle de l'unitĂ© de compte. Mais, de toute Ă©vidence, le bitcoin n'avait pas de valeur d'usage prĂ©cĂ©dant l'Ă©mergence de sa valeur monĂ©taire.
Certains ont suggéré que Bitcoin avait une valeur d'usage en tant que « systÚme de paiement », parce qu'il offrait un moyen d'envoyer des fonds à l'étranger sans requérir de permission particuliÚre. D'autres ont avancé que la valeur originelle de Bitcoin provenait de sa capacité d'horodater des données et de garantir leur authenticité.
NĂ©anmoins, sans valeur initiale ces usages n'ont aucune raison d'exister : Bitcoin est en effet un systĂšme Ă©conomique par essence et il faut que son unitĂ© de compte ait une valeur avant que le systĂšme puisse avoir une utilitĂ©. On ne peut pas s'en servir comme service d'horodatage de donnĂ©es si sa sĂ©curitĂ© est nulle (cet usage Ă©tait d'ailleurs inexistant avant que le bitcoin acquiĂšre un prix). De mĂȘme, on ne peut pas utiliser Bitcoin comme un moyen de transfert de valeur si l'unitĂ© n'est valorisĂ©e par personne.
Satoshi Nakamoto a lui-mĂȘme reconnu cette importance de la premiĂšre valorisation du bitcoin. Dans un message d'aoĂ»t 2010 sur le thĂ©orĂšme de rĂ©gression, il expliquait qu'il fallait lui donner une valeur « pour une raison ou pour une autre » pour que le systĂšme soit utile pour l'envoi de fonds Ă l'Ă©tranger :
Comme expérience de pensée, imaginez qu'il existe un métal de base aussi rare que l'or, mais avec les propriétés suivantes :
- de couleur grise et terne ;
- pas de bonne conductivité électrique ;
- pas particuliÚrement solide, mais pas non plus ductile ou facilement malléable ;
- inutile pour un but pratique ou ornemental ;et avec une propriété magique et spéciale :
- peut ĂȘtre transportĂ© par un canal de communication.Si, d'une maniĂšre ou d'une autre, il acquĂ©rait une quelconque valeur pour une raison ou pour une autre, alors n'importe qui dĂ©sirant transfĂ©rer de la richesse sur une longue distance pourrait en acheter, le transmettre, et faire en sorte que le destinataire le vende.
à l'époque, Satoshi décrivait ce qui s'était déjà passé : le bitcoin avait acquis une valeur. Il était échangé contre des monnaies traditionnelles et servait déjà à acheter des biens physiques. à partir de là , son usage s'est développé jusqu'à la situation qu'on connaßt aujourd'hui.
Par son amorçage, Bitcoin a prouvé qu'une unité numérique pouvait acquérir de la valeur sans posséder de valeur d'usage non monétaire originelle. Néanmoins, ce n'était pas la premiÚre fois qu'une telle tentative avait lieu, et c'est ce dont nous parlerons dans un prochain article...
Absence dâautoritĂ© centrale, pas de tiers de confiance, rĂ©sistance Ă la censure, aucune permission requise : voici des mots qui surgissent souvent lorsquâon parle de Bitcoin. Il sâagit en effet dâun concept de monnaie numĂ©rique indĂ©pendante des banques et des Ătats, et câest cette indĂ©pendance qui explique sa rĂ©silience et son succĂšs.
Dans le livre blanc fondateur, Bitcoin est dĂ©crit comme un « systĂšme dâargent liquide Ă©lectronique pair-Ă -pair » permettant aux paiements en ligne dâĂȘtre « envoyĂ©s directement dâune partie Ă lâautre sans passer par une institution financiĂšre ». En janvier 2010, le site web contrĂŽlĂ© par Satoshi Nakamoto prĂ©sentait Bitcoin comme une « devise numĂ©rique anonyme basĂ©e sur un rĂ©seau pair-Ă -pair ». Lâun des buts de Bitcoin est donc dâimporter les propriĂ©tĂ©s de lâargent liquide dans le cyberespace : possession souveraine, transactions de personne Ă personne et relatif anonymat.
Outre cela, le bitcoin est rare, Ă lâinstar dâun mĂ©tal prĂ©cieux : il ne peut ĂȘtre crĂ©Ă© que selon un plan dâĂ©mission prĂ©dĂ©fini qui limite la quantitĂ© dâunitĂ©s Ă 21 millions. Cette propriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă lâinflation (comme on lâappelle) est Ă©galement essentielle, et est en symbiose totale avec la propriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă la censure. En effet, le bitcoin nâest rare que parce quâil ne dĂ©pend pas dâune autoritĂ© centrale chargĂ©e de valider les transactions, et il nâest rĂ©sistant Ă la censure que parce que des spĂ©culateurs acceptent de lui donner de la valeur. Retirez lâune des deux propriĂ©tĂ©s et vous dĂ©truisez le tout.
Bitcoin est donc lâincarnation de la monnaie libre et souveraine. Cependant, si le caractĂšre incontrĂŽlable de Bitcoin passionne les amoureux de la libertĂ©, câest loin dâĂȘtre le cas des partisans de lâautoritĂ©. Les personnes dont le mĂ©tier consiste Ă renforcer le contrĂŽle sur la population (lĂ©gislateurs, administrateurs et politiciens en tous genres) ressentent ainsi toujours un certain malaise, voire un dĂ©goĂ»t profond, lorsquâils Ă©voquent Bitcoin, et se demandent comment ce dernier pourrait ĂȘtre intĂ©grĂ© au cadre lĂ©gal existant. Et ceci explique lâapparition des multiples rĂ©glementations ayant pour but de limiter la libertĂ© dâaction et la confidentialitĂ© des utilisateurs. Gouverner lâingouvernable : voilĂ lâobjectif que nos dirigeants se sont fixĂ©s.
Aujourdâhui, la tendance est claire : les restrictions autour des cryptomonnaies prolifĂšrent, que ce soit en France, en Europe, aux Ătats-Unis et dans le reste du monde. MalgrĂ© les avertissements des acteurs de lâĂ©cosystĂšme, les dĂ©cideurs politiques ne reculent pas, et il semble donc que nous nous dirigions vers une vĂ©ritable guerre rĂ©glementaire contre Bitcoin qui pourrait durer des annĂ©es, voire des dĂ©cennies.
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Lorsque jâai dĂ©couvert Bitcoin en 2013, je nâai pas Ă©tĂ© saisi par lâenthousiasme immĂ©diatement. Bien quâintĂ©ressĂ© par cette monnaie numĂ©rique innovante, je peinais Ă comprendre comment le systĂšme fonctionnait rĂ©ellement et en quoi cette chose pouvait ĂȘtre rĂ©volutionnaire. AprĂšs lâavoir essayĂ© rĂ©ellement en 2015, jâai lĂąchĂ© lâaffaire, me disant plus ou moins inconsciemment que ça ne marcherait jamais et que lâĂtat pourrait facilement intervenir de toute maniĂšre.
Puis est arrivĂ©e lâannĂ©e 2017 durant laquelle jâai pu consacrer plus de temps Ă cette chose Ă©trange quâon appelle la cryptomonnaie : câest alors que jâai compris que Bitcoin Ă©tait inarrĂȘtable par conception, quâil pouvait fonctionner hors de la lĂ©galitĂ© et quâil existait indĂ©pendamment des dĂ©cisions Ă©tatiques Ă son Ă©gard. NĂ©anmoins, Ă cette Ă©poque, jâĂ©tais naĂŻvement persuadĂ© que les Ătats renonceraient Ă mener un guerre contre Bitcoin et je nĂ©gligeais tout le mal quâils pouvaient rĂ©ellement lui faire. Il a fallu attendre plusieurs annĂ©es pour que je me rende Ă lâĂ©vidence : les Ătats ne laisseront jamais se dĂ©velopper une telle monnaie sans rien faire.
Il y a une raison pour laquelle toutes les monnaies privĂ©es et toutes les monnaies numĂ©riques prĂ©cĂ©dentes ont Ă©chouĂ© : câest que lâĂtat, lâautoritĂ© qui sâexerce sur un territoire dĂ©terminĂ© et sur un peuple quâelle prĂ©tend reprĂ©senter, nâaime pas la concurrence. LâĂtat impose en effet un monopole monĂ©taire, monopole qui lui permet de tirer son revenu. Par le contrĂŽle des capitaux et la surveillance financiĂšre offerts par sa monnaie, il sâassure de prĂ©lever lâimpĂŽt de maniĂšre efficace. Par le seigneuriage et lâendettement, il sâassure profiter de la crĂ©ation monĂ©taire. LâidĂ©e dâune monnaie qui Ă©chappe Ă son contrĂŽle est donc intolĂ©rable pour un Ătat, dont la tendance naturelle est de grossir le plus possible.
Lâhistoire des Ătats-Unis est peut-ĂȘtre lâillustration la plus parfaite de cette tendance que possĂšdent les Ătats Ă contrĂŽler la monnaie qui sâĂ©change sur leur territoire. Alors mĂȘme que la libertĂ© Ă©tait le concept central de la fondation de la nation1, lâĂtat fĂ©dĂ©ral Ă©tasunien nâa pas su rester un Ătat limitĂ© et a fini par consolider le contrĂŽle sur le dollar avec lâabandon du systĂšme des banques libres en 1863 et la fin de lâĂ©talon-or en 1971.
Cela sâest traduit par une intolĂ©rance envers les monnaies alternatives. La dĂ©tention dâor physique, longtemps utilisĂ© comme monnaie, a Ă©tĂ© tout simplement interdite pour les particuliers entre 1933 et 1974 par lâExecutive Order 6102. Le Liberty Dollar, une monnaie privĂ©e basĂ©e sur lâor et lâargent crĂ©Ă©e en 1998, a Ă©tĂ© bloquĂ©e en 2009 par la poursuite pĂ©nale de son crĂ©ateur, Bernard von NotHaus, condamnĂ© en 2011 pour frappe illicite de piĂšces de monnaie et pour faux-monnayage. Du cĂŽtĂ© dâInternet, les systĂšmes de monnaie numĂ©rique e-gold (1996-2008) et Liberty Reserve (2006-2013) ont tous les deux Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par le dĂ©partement de la Justice Ă©tasunien.
Câest pourquoi il est peu probable que les Ătats occidentaux laissent prospĂ©rer Bitcoin : il sâagit dâun systĂšme qui se propose de leur retirer leur contrĂŽle sur la monnaie et il serait antinaturel pour eux de lâaccueillir Ă bras ouverts. En rĂ©alitĂ©, ils ont dĂ©jĂ commencĂ© Ă lutter activement contre lui, et ceci par le biais de ce quâon appelle la rĂ©glementation.
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La rĂ©glementation, parfois dĂ©signĂ©e par lâanglicisme « rĂ©gulation », est lâacte dâassujettir une activitĂ© sociale Ă un rĂšglement, une prescription ou une loi. Cette rĂ©glementation est gĂ©nĂ©ralement le fruit dâune contrainte lĂ©gale appliquĂ©e par lâĂtat. La rĂ©glementation intervient dans de nombreux domaines, mais le domaine financier est probablement le plus concernĂ© que ce soit en France, aux Ătats-Unis ou dans dâautres pays.
Bitcoin nâĂ©chappe pas Ă la rĂšgle : tant quâil y aura des Ătats dĂ©sireux dâimposer un monopole monĂ©taire, ceux-ci tenteront de rĂ©glementer lâusage de Bitcoin et cette rĂ©glementation sera dâautant plus drastique que Bitcoin leur retirera leur possibilitĂ© de se financer, ce qui pourra dĂ©boucher sur une interdiction pure et simple. Peu importe lâeffort rĂ©alisĂ© pour nĂ©gocier des conditions plus libĂ©rales, lâĂtat cherchera naturellement Ă se protĂ©ger, sans hĂ©siter Ă invoquer au passage des prĂ©textes plus ou moins valides comme le blanchiment dâargent, le trafic de stupĂ©fiants, le financement du terrorisme, la consommation dâĂ©nergie, la spirale dĂ©flationniste ou la protection des Ă©pargnants.
Dans lâhistoire de Bitcoin, on constate dĂ©jĂ une tendance continue Ă la rĂ©glementation. Au dĂ©part, Bitcoin Ă©tait un projet de niche et ne faisait pas de bruit, mais Ă partir de 2010, il a commencĂ© Ă attirer lâattention des gens. Les agences gouvernementales sây sont probablement intĂ©ressĂ©es en 2011, soit Ă cause de lâintention de WikiLeaks dâaccepter les donations en bitcoin2, soit en rĂ©action au dĂ©veloppement de la place de marchĂ© Silk Road Ă partir de fĂ©vrier. Le 27 avril 2011, le dĂ©veloppeur principal Gavin Andresen a ainsi annoncĂ© avoir Ă©tĂ© invitĂ© par la CIA pour parler de Bitcoin, rĂ©union qui sâest dĂ©roulĂ©e le 15 juin de la mĂȘme annĂ©e.
Cet intĂ©rĂȘt des agences gouvernementales a coĂŻncidĂ© avec la disparition de Satoshi Nakamoto, un dĂ©part soudain quâon peut expliquer (au moins partiellement) par son avant-dernier message public, dans lequel il disait :
Il aurait Ă©tĂ© bon dâattirer cette attention dans un tout autre contexte. WikiLeaks a donnĂ© un coup de pied dans le nid de frelons, et lâessaim se dirige vers nous.
Deux annĂ©es plus tard, en 2013, le regain dâattrait de Bitcoin et lâexplosion de son prix a poussĂ© les autoritĂ©s rĂ©gulatrices Ă sây intĂ©resser plus en profondeur. Le 18 mars le FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network) a ainsi publiĂ© un document clarifiant sa position sur les monnaies numĂ©riques. Au sein de ce document, il Ă©tait spĂ©cifiĂ© que les plateformes dâĂ©change Ă©taient des entreprises de services financiers et devaient par consĂ©quent obtenir une licence et se soumettre aux rĂ©glementations correspondantes pour exercer aux Ătats-Unis.
Ce premier pas a permis lâintroduction de nombreuses rĂ©glementations autour des plateformes dâĂ©change. La plus connue de ces rĂ©glementations est la procĂ©dure de connaissance du client (appelĂ©e en anglais Know Your Customer ou KYC) qui impose aux plateformes supportant une monnaie traditionnelle de vĂ©rifier lâidentitĂ© de leurs clients pour quâils puissent accĂ©der Ă leurs services. En quelques annĂ©es, toutes les plateformes concernĂ©es se sont adaptĂ©es, Ă tel point quâil est devenu Ă ce jour trĂšs difficile de se procurer du bitcoin de maniĂšre anonyme. Cette obligation de connaissance du client crĂ©e une situation particuliĂšrement alarmante dans laquelle une majoritĂ© dâutilisateurs sont dĂ©sormais fichĂ©s et oĂč leurs bitcoins sont probablement liĂ©s Ă leur identitĂ© grĂące Ă lâanalyse de chaĂźne.
Une autre rĂ©glementation entravant aujourdâhui le fonctionnement de Bitcoin est la lĂ©gislation autour des plus-values. En France par exemple, lâutilisateur est lĂ©galement contraint de dĂ©clarer ses plus-values rĂ©alisĂ©es lors des « cessions Ă titre onĂ©reux dâactifs numĂ©riques » et de payer un impĂŽt de 30 % sur celles-ci, si le total reprĂ©sente plus de 305 ⏠sur lâannĂ©e. Ceci revient plus ou moins Ă une interdiction lĂ©gale de lâutilisation rĂ©guliĂšre du bitcoin en tant que monnaie dâĂ©change, puisque la volatilitĂ© (Ă la hausse) du cours ferait que beaucoup de personnes se retrouverait Ă devoir dĂ©clarer leurs plus-values (et leurs moins-values) lors de chaque achat rĂ©alisĂ© dans le commerce.
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LâenvolĂ©e du cours du bitcoin Ă la fin de lâannĂ©e 2020 a poussĂ© les autoritĂ©s Ă sâintĂ©resser de nouveau aux cryptomonnaies et Ă leur statut lĂ©gal, si bien quâelles parlent aujourdâhui de durcir la rĂ©glementation existante. Comme on lâa dit, plus Bitcoin prend dâimportance et nuit au financement public, plus lâintervention Ă©tatique se justifie, et le fait que les particuliers y investissent leurs Ă©conomies nâest pas bien vu par tout le monde.
Une bonne illustration de lâactuelle agitation des rĂ©gulateurs est la dĂ©claration du 13 janvier 2021 de Christine Lagarde, actuellement prĂ©sidente de la Banque centrale europĂ©enne (BCE) et ancienne directrice gĂ©nĂ©rale du Fonds monĂ©taire international (FMI). Dans une entrevue avec Reuters, elle a en effet appelĂ© de ses vĆux une rĂ©glementation mondiale de Bitcoin et des cryptomonnaies :
Il doit y avoir une rĂ©glementation. Elle doit ĂȘtre appliquĂ©e et convenue. Il sâagit dâun sujet sur lequel nous devons nous mettre dâaccord au niveau mondial, car sâil y a une Ă©chappatoire, cette Ă©chappatoire sera utilisĂ©e. [âŠ] Si cela montre quoi que ce soit, câest que la coopĂ©ration mondiale (lâaction multilatĂ©rale) est absolument nĂ©cessaire. Que celle-ci soit initiĂ©e par le G7, intĂ©grĂ©e par le G20 et Ă©largie par la suite, mais câest quelque chose qui doit ĂȘtre rĂ©solu.
La volontĂ© de restriction est claire et se retrouve dans les discours et les actes de tous les dirigeants politiques. En France par exemple, le ministre de lâĂconomie Bruno Le Maire a proposĂ©, le 9 dĂ©cembre dernier, une ordonnance visant à « renforcer la lutte contre lâanonymat des transactions en crypto-actifs » sous prĂ©texte dâassĂ©cher les circuits de financement du terrorisme. Il semble donc que la rĂ©glementation est inĂ©luctable et quâune raison justificative (valide ou non) pourra toujours ĂȘtre trouvĂ©e pour mystifier le grand public.
Ceci nous amĂšne donc Ă la question qui nous intĂ©resse : Quelles rĂ©glementations pourraient ĂȘtre mises en place par les Ătats dans les annĂ©es Ă venir ? La tĂąche prĂ©dictive nâest pas aisĂ©e, mais on peut nĂ©anmoins dresser une liste de ces potentielles mesures en regardant comment se sont comportĂ©s les Ătats au cours des annĂ©es passĂ©es. Notez que cette liste nâest pas exhaustive, car elle ne peut pas reflĂ©ter pleinement le gĂ©nie impĂ©nĂ©trable des lĂ©gislateurs quand il sâagit de mettre des bĂątons dans les roues de leurs compatriotes.
Tout dâabord, la connaissance du client (KYC) et les normes dâanti-blanchiment (AML) des plateformes dâĂ©change pourraient ĂȘtre renforcĂ©es. Une maniĂšre de faire serait dâappliquer la « rĂšgle du voyage » (« travel rule ») Ă la dĂ©tention de cryptomonnaie en imposant aux plateformes de vĂ©rifier lâadresse de retrait de leurs clients. PortĂ©e par le Groupe dâaction financiĂšre (GAFI), cette rĂšgle a dĂ©jĂ Ă©tĂ© reprise depuis quelques temps par la FINMA en Suisse. Fin 2020, elle a Ă©tĂ© poussĂ©e aux Ătats-Unis par le FiNCEN et par lâadministration Trump, ce qui a provoquĂ© lâindignation de la communautĂ©, et notamment de Brian Armstrong.
Puis, une taxe Ă taux fixe sur la cession de bitcoin pourrait ĂȘtre mise en place, dans le but dâannihiler sa propension Ă servir de monnaie dâĂ©change. Câest par exemple aujourdâhui le cas de lâor physique en France, qui est taxĂ© Ă 11,5 % Ă chaque revente. Ă cĂŽtĂ© de cette flat tax des Ă©changes, on pourrait Ă©galement voir dâautres prĂ©lĂšvement apparaĂźtre, comme un impĂŽt direct sur la fortune possĂ©dĂ©e en bitcoin.
Ensuite, une rĂ©glementation des diffĂ©rents services utilisant Bitcoin, y compris les commerçants, pourrait se faire. Les mĂȘmes conditions de conformitĂ© (compliance), comme la connaissance du client, seraient demandĂ©es Ă chaque processeur de paiement, Ă chaque plateforme de jeu en ligne, Ă chaque boutique physique, etc. Câest dâailleurs dĂ©jĂ le cas de BitPay qui, depuis le dĂ©but de lâannĂ©e 2021, demande Ă ses clients europĂ©ens de sâincrire et de vĂ©rifier leur identitĂ© avant de pouvoir effectuer un achat. On peut aussi le service BottlePay qui refuse de traiter les bitcoins « anonymisĂ©s » issus de mĂ©langes avec dâautres utilisateurs.
Enfin, la rĂ©glementation du minage pourrait ĂȘtre considĂ©rablement resserrĂ©e. Aujourdâhui, les mineurs sont assez libres et peuvent traiter toutes les transactions. NĂ©anmoins, Ă lâavenir, ils pourraient recevoir une liste noire de transactions Ă ne pas miner, comme les transactions qui bougent les bitcoins dits « sales », provenant dâactivitĂ©s illicites assimilĂ©es. Cette interdiction de miner certaines transactions pourrait par la suite se transformer en une interdiction dâaccepter les blocs contenant ces transactions, ce qui serait alors une censure active. On voit dĂ©jĂ les prĂ©misses dâune telle rĂ©glementation Ă©merger avec le « minage de blocs propres » proposĂ© par une association des mineurs nords-amĂ©ricains. Dans certains pays, cela va mĂȘme plus loin : le Venezuela a par exemple interdit le minage se faisant hors de sa coopĂ©rative nationale.
Ă terme cela pourrait mener les Ătats et les institutions internationales Ă mener une guerre directe contre Bitcoin. La dĂ©tention, lâutilisation ou le minage pourraient tout simplement ĂȘtre rendus hors-la-loi, tel que cela a dĂ©jĂ Ă©tĂ© fait dans plusieurs pays, dont lâĂgypte, le NĂ©pal ou la Bolivie.
Cette interdiction pourrait sâĂ©tendre Ă la plupart des pays dĂ©veloppĂ©s. Ces Ătats coopĂ©reraient par lâintermĂ©diaire du FMI, dont le but est dâassurer la stabilitĂ© du systĂšme monĂ©taire mondial, ou bien du GAFI, qui lutte contre le blanchiment dâargent et le financement du terrorisme. Les Ătats refusant dâappliquer les mesures pourraient devenir des « Ătats voyous » qui subiraient des sanctions Ă©conomiques de la part des premiers. Une telle coopĂ©ration sâest dĂ©jĂ vue, comme par exemple contre lâIran aujourdâhui : le 21 fĂ©vrier 2021, le GAFI a appelĂ© ses 39 Ătats-membres à « appliquer des contre-mesures » contre ce pays qui refuse dâappliquer les normes de lutte contre le terrorisme, ce qui a renforcĂ© au passage les sanctions dĂ©jĂ appliquĂ©es des Ătats-Unis.
En parallĂšle, une version « acceptable » du protocole pourrait voir le jour. Dâabord, cela se ferait de maniĂšre discrĂšte : lâĂtat pourrait par exemple prohiber les transactions de mĂ©lange (dites « CoinJoin ») au nom de la lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme. Puis, il lui viendrait peut-ĂȘtre lâidĂ©e de prĂ©lever lâimpĂŽt directement au niveau du protocole en imposant une taxe fixe sur toutes les transactions (sorte de TVA) et une taxe sur les montants ne bougeant pas (demeurage). Ă ce stade, ceux qui resteraient se diraient « pragmatiques » en se racontant quâau moins la politique monĂ©taire du bitcoin aurait tenu. NĂ©anmoins, jouissant dâune emprise totale, lâĂtat nâhĂ©siterait pas alors Ă transformer « Bitcoin » dĂ©finitivement en imposant que toute transaction nĂ©cessite sa signature (censure) et en sâautorisant Ă crĂ©er de nouveaux bitcoins (seigneuriage), brisant ainsi la rĂšgle des 21 millions et privant Bitcoin de sa substantifique moelle.
Ce scĂ©nario pessimiste est hypothĂ©tique, mais dĂ©coule des actions quâont rĂ©alisĂ© les Ătats par le passĂ©. Si lâon imagine parfois que certains Ătats ne tomberont pas dans la « rĂ©glementation punitive » et profiteront de cette « innovation technologique », on nâa pas conscience de ce que ceci implique : un Ătat faisant ceci perdrait non seulement sa capacitĂ© Ă se financer convenablement, mais aussi son aptitude Ă faire du commerce autour du monde, subissant alors les sanctions du conglomĂ©rat Ă©tatique opposĂ©.
Toutefois, cela ne veut pas dire que Bitcoin nâa aucune chance, au contraire. Bitcoin est spĂ©cifiquement conçu pour rĂ©sister Ă lâintervention des Ătats et constitue une tentative de construire une alternative robuste au systĂšme monĂ©taire actuel. Il faudra donc quâil se frotte Ă la rĂ©glementation lente et pernicieuse qui tentera de lâimmobiliser, et quâil sorte gagnant de la bataille qui se dĂ©roule aujourdâhui.
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Bitcoin est un concept qui permet de transfĂ©rer de la valeur « sans passer par une institution financiĂšre ». Il sâoppose donc par nature Ă la rĂ©glementation, qui nâest que lâintroduction de tiers de confiance dans le processus. La rĂ©glementation est lâantithĂšse de ce quâest Bitcoin et, en tant que telle, ne peut que lui nuire Ă long terme.
Il y a un jeu du chat et de la souris qui se dĂ©roule et ne sâarrĂȘtera probablement jamais. Les reprĂ©sentants de lâautoritĂ© Ă©tatique ne seront jamais satisfaits de la rĂ©glementation et en demanderont toujours plus ; et les partisans les plus zĂ©lĂ©s de la libertĂ© sâopposeront toujours aux restrictions et chercheront Ă les contourner par diffĂ©rentes mĂ©thodes. Puisque lâĂtat est une Ă©norme machine dotĂ©e dâune grande inertie, ses opposants auront toujours une longueur dâavance. NĂ©anmoins, lâĂtat peut frapper trĂšs fort et toute rĂ©sistance doit ĂȘtre dâautant plus ferme si elle veut triompher.
Bitcoin est un outil permettant aux individus de sâopposer Ă la tendance au contrĂŽle de la monnaie. Par des actions individuelles bien prĂ©cises, il est possible de faire en sorte que le systĂšme survive Ă toute tentative de rĂ©glementation : Bitcoin est conçu de telle sorte que les individus peuvent accepter et miner du bitcoin de maniĂšre anonyme. Le problĂšme est de faire comprendre la situation Ă ces individus et de les mobiliser : plus dâindividus participent, moins le risque de participer est grand.
Aujourdâhui, nous assistons malheureusement Ă un dĂ©litement de la communautĂ© dans la complaisance. Alors que le prix du bitcoin monte, son Ă©thos originel sâaffaiblit. Les mĂšmes sur la montĂ©e du prix pullulent (« to the moon », « number go up », « have fun staying poor »), tandis que ceux qui valorisent la rĂ©volution monĂ©taire de Bitcoin pĂ©riclitent, nâĂ©tant pas compris par la masse.
La rĂ©glementation a bonne presse et beaucoup y voient une maniĂšre de lĂ©gitimiser Bitcoin, dâamĂ©liorer son image auprĂšs du grand public. Michael Saylor, qui a achetĂ© prĂšs de 100 000 bitcoins par le biais de son entreprise, est prĂ©sentĂ© comme un hĂ©ros et est devenu en quelques mois un meneur idĂ©ologique trĂšs Ă©coutĂ© dans la communautĂ©, alors mĂȘme quâil sâoppose ouvertement Ă la rĂ©sistance Ă la censure et Ă lâanonymat3. De mĂȘme, il y a un enthousiasme autour des institutionnels qui achĂštent du bitcoin (millionnaires, fonds dâinvestissement, banques, Ătats), alors que ceux-ci mĂ©prisent en partie la proposition de valeur de Bitcoin, y voyant seulement un « actif financier non corrĂ©lĂ© », une « valeur refuge contre la dĂ©valuation de la monnaie » ou un « or numĂ©rique » devant rester dans des coffres sĂ©curisĂ©s.
Il ne sâagit pas dâune chose nouvelle : le tendance remonte au moins Ă 2012, annĂ©e durant laquelle les frĂšres Winklevoss ont investi Ă©normĂ©ment. Si elle pose souci aujourdâhui, câest Ă cause de son importance.
Il sâagit en effet dâune question dâĂ©quilibre. Tant quâune majoritĂ© de la communautĂ© reste fidĂšle aux principes de base de Bitcoin, il nây a pas de problĂšme Ă voir des gens investir des millions : au contraire, cela a apportĂ© de la richesse Ă ceux qui ont Ă©tĂ© assez fous pour se procurer du bitcoin Ă ses dĂ©buts. NĂ©anmoins, un dĂ©sĂ©quilibre trop grand pourrait mener Ă des perturbations majeures, ce qui nuirait Ă Bitcoin de maniĂšre considĂ©rable.
On peut ainsi tout Ă fait imaginer quâen cas de conflit les millionnaires et les fonds dâinvetsissement se rangeraient derriĂšre la lĂ©gislation, ceux-ci nâayant pas les mĂȘmes valeurs que les bitcoineurs authentiques. Dans le cas dâune scission entre un « Bitcoin » lĂ©gal (mais altĂ©rĂ©) et dâun Bitcoin illĂ©gal (mais prĂ©servĂ©), alors tous ces investisseurs institutionnels nâhĂ©siteraient pas Ă vendre leurs bitcoins illĂ©gaux durant la transition, rendant majoritaire la version lĂ©gale de « Bitcoin » au niveau du prix et du taux de hachage, qui pourrait alors devenir le « Bitcoin » valide aux yeux du grand public.
Si lâon veut que Bitcoin rĂ©siste Ă la rĂ©glementation, il faut cultiver la rĂ©silience des marchands et des mineurs et Ă©duquer la communautĂ© sur la question. Câest pour cela quâil est recommandĂ© aux utilisateurs de dĂ©tenir leur propre cryptomonnaie (« not your keys, not your coins »), de faire attention Ă leur vie privĂ©e, et si possible de faire tourner leur propre nĆud (« donât trust, verify »). Câest aussi pour cela que lâaccent est tant mis sur la dĂ©centralisation et la souverainetĂ©, et quâil existe tant de suspicion Ă lâencontre des plateformes dâĂ©change et des coopĂ©ratives de minage, qui forment des points dâagrĂ©gation trĂšs sensible aux directives imposĂ©es par les Ătats. Si lâon veut que Bitcoin reste dominant, les nouveaux arrivants doivent ĂȘtre convertis Ă lâesprit du projet originel.
Il est enfin nĂ©cessaire de bien dĂ©finir Bitcoin, au cas oĂč la corruption deviendrait trop importante. Il nâest en effet pas impossible que le Bitcoin que vous dĂ©fendez aujourdâhui soit un jour minoritaire du point de vue du prix. Le dĂ©finir Ă partir du protocole actuel (BTC) nâest pas une bonne solution : si une amĂ©lioration de Bitcoin est implĂ©mentĂ©e (Ă lâinstar de Taproot par exemple), ne reste-t-il pas Bitcoin ? Tout comme le bateau de ThĂ©sĂ©e reste lui-mĂȘme alors que toutes ses parties ont Ă©tĂ© remplacĂ©es, Bitcoin reste lui-mĂȘme par la prĂ©servation de ses propriĂ©tĂ©s principales, pas des dĂ©tails de son protocole.
Câest pourquoi Bitcoin gagnerait Ă ĂȘtre dĂ©crit comme un concept (ou un ensemble de principes) dĂ©fini dans le livre blanc, qui fait autoritĂ© dans le milieu et qui contient toutes les propriĂ©tĂ©s fondamentales comme la preuve de travail ou la quantitĂ© fixe dâunitĂ©s4. Une telle dĂ©finition attĂ©nuerait en effet toute capture du protocole par un Ătat, en donnant au grand public une dĂ©finition claire de Bitcoin pour quâil soit moins influencĂ© par la propagande Ă lâavenir.
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Ainsi, la tendance actuelle Ă la rĂ©glementation constitue un risque pour Bitcoin et il ne faut pas le nĂ©gliger. Si les Ătats nâont pas trop rĂ©agi pour le moment, câest que leur financement via lâimpĂŽt et lâinflation, nâa pas encore Ă©tĂ© assez menacĂ©. Câest pour cela que nous devrions nous prĂ©parer Ă la guerre rĂ©glementaire contre Bitcoin qui sâannonce.
Quoi quâil en soit, nous ne sommes pas aujourdâhui au point de non-retour et je reste persuadĂ© que Bitcoin peut sortir victorieux de cette guerre. MĂȘme si la tendance Ă tolĂ©rer la rĂ©glementation au sein de la communautĂ© est forte, il y a encore beaucoup dâindividus rĂ©silients prĂȘts Ă faire les efforts nĂ©cessaires pour que Bitcoin ne sombre pas dans lâapathie. Le rĂȘve de libertĂ© monĂ©taire, lui, ne mourra jamais.
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1. â Dans la DĂ©claration unanime des treize Ătats unis dâAmĂ©rique, il est Ă©crit :
Nous tenons pour Ă©videntes pour elles-mĂȘmes les vĂ©ritĂ©s suivantes : tous les hommes sont crĂ©Ă©s Ă©gaux ; ils sont douĂ©s par leur CrĂ©ateur de certains droits inaliĂ©nables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la libertĂ© et la recherche du bonheur.
La Constitution des Ătats-Unis dâAmĂ©rique, elle, a pour prĂ©ambule la phrase suivante :
Nous, Peuple des Ătats-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, dâĂ©tablir la justice, de faire rĂ©gner la paix intĂ©rieure, de pourvoir Ă la dĂ©fense commune, de dĂ©velopper le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral et dâassurer les bienfaits de la libertĂ© Ă nous-mĂȘmes et Ă notre postĂ©ritĂ©, nous dĂ©crĂ©tons et Ă©tablissons cette Constitution pour les Ătats-Unis dâAmĂ©rique.
2. â Ă partir de juillet 2010, les documents confidentiels rĂ©vĂ©lĂ©s de WikiLeaks ont commencĂ© Ă ĂȘtre relayĂ©s par les grands mĂ©dias et Ă impacter lâopinion publique. Suite Ă cela, lâorganisation a rencontrĂ© des problĂšmes avec PayPal et dâautres services financiers, problĂšmes qui ont conduit en dĂ©cembre 2010 Ă un blocus financier de la part de Bank of America, Visa, Mastercard, PayPal et Western Union. Il lui a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© dâaccepter le bitcoin pour les donations, ce quâelle a fait le 15 juin 2011, aprĂšs mĂ»re rĂ©flexion.
3. â Michael Saylor, le PDG de Microstrategy, a en effet exprimĂ© Ă de multiples reprises son mĂ©pris pour la rĂ©sistance Ă la censure et la confidentialitĂ©, notamment en dĂ©clarant que « câĂ©taient des mauvaises idĂ©es ». Il considĂšre ainsi le bitcoin comme une rĂ©serve de valeur et non comme une devise ou un moyen de paiement quâil faut rĂ©glementer.
Il nâest pas le seul investisseur dans ce cas, et Raoul Pal, PDG de Real Vision Group et Global Macro Investor, a par exemple tenu des propos similaires :
Si vous pensez que le secret vis-Ă -vis des Ătats et lâabsence de KYC est lâavenir des bitcoins, vous ne comprenez pas Ă quoi ressemble lâadoption. Ils le rĂ©glementeront. Vous allez le dĂ©clarer. Vous devrez procĂ©der Ă un KYC et câest trĂšs bien. Cela ne retire pas sa [fonction de] rĂ©serve de valeur, mais ne fait que lâintĂ©grer.
4. â Selon cette dĂ©finition, les protocoles alternatifs comme Litecoin, Monero, Bitcoin Cash ou mĂȘme Bitcoin SV sont des implĂ©mentations plus ou moins fidĂšles de Bitcoin. BTC reste bien entendu la version dominante du concept et peut donc ĂȘtre appelĂ©e Bitcoin sans quâil nây ait dâambigĂŒitĂ©.
Dustin Dreifuerst, The Coming Bitcoin War, 22 septembre 2020.
Eric Voskuil, Cryptoeconomics, 2021.
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Je suis rĂ©cemment intervenu dans le podcast de Contrepoints pour parler de Bitcoin et de cryptomonnaie avec Pierre Schweitzer. Au-delĂ de lâĂ©volution du prix du bitcoin (prix qui se situait autour des 51 000 $ / 42 000 ⏠au moment de lâenregistrement), il y a en effet beaucoup Ă dire sur le sujet.
Les thÚmes suivants y sont abordés :
Voici lâĂ©pisode du podcast :