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Une société néerlandaise soutenue par Tether va lancer 2 stablecoins coformes à la réglementation MiCA

November 18th 2024 at 19:00

À quelques semaines seulement de la mise en application totale du rĂšglement MiCA, une sociĂ©tĂ© nĂ©erlandaise financĂ©e par Tether et Kraken va lancer 2 stablecoins sur le sol europĂ©en : l'un adossĂ© au cours du dollar amĂ©ricain et l'autre Ă  celui de l'euro.

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Le CongrĂšs des États-Unis passe sous majoritĂ© rĂ©publicaine – Une bonne nouvelle pour l'industrie crypto ?

November 14th 2024 at 12:00

AprĂšs l'annonce de la victoire de Donald Trump aux Ă©lections prĂ©sidentielles amĂ©ricaines, puis celle du parti rĂ©publicain aux Ă©lections sĂ©natoriales, il ne manquait que de connaĂźtre les rĂ©sultats des Ă©lections de la Chambre des reprĂ©sentants pour savoir si le CongrĂšs des États-Unis serait Ă  majoritĂ© rĂ©publicaine.

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L'avenir des plateformes crypto se prĂ©cise Ă  Hong Kong — De nouvelles licences octroyĂ©es d'ici la fin de l'annĂ©e ?

October 28th 2024 at 15:00

Sur le moyen terme, Hong Kong se rĂȘve en Eldorado des cryptomonnaies. Mais avant de devenir l'une des places fortes du marchĂ©, la rĂ©gion administrative spĂ©ciale sait qu'elle doit passer par la case rĂ©gulation. Ainsi, d'ici la fin de l'annĂ©e, les autoritĂ©s hongkongaises ont promis qu'elles dĂ©livraient des licences Ă  plusieurs plateformes crypto.

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Crypto : L’UE lĂ©gifĂšre dans le brouillard sur les risques de blanchiment

April 27th 2024 at 07:00
Discussion de l UE sur la crypto

Le Parlement européen a adopté mercredi un nouveau paquet de lois renforçant les exigences de lutte contre le blanchiment d'argent pour la crypto. Mais ces rÚgles semblent reposer sur des hypothÚses contestables plus que sur des faits avérés.

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Kraken commence Ă  demander des informations sur les portefeuilles non custodial de ses clients britanniques

February 16th 2024 at 12:00

Les portefeuilles auto-hĂ©bergĂ©s dans la ligne de mire de Kraken. La plateforme se conforme aux rĂ©glementations du Royaume-Uni, et demande dĂ©sormais Ă  ses utilisateurs de dĂ©tailler des informations personnelles sur les portefeuilles « non custodial ». Qu’est-ce que cela change ?

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Ancien ministre des Finances, ancien ministre de la DĂ©fense... Coinbase recrute des personnalitĂ©s politiques aux États-Unis et au Royaume-Uni

January 31st 2024 at 15:00

Coinbase soigne son image et ses relations. La plateforme d’échange des États-Unis continue de recruter d’anciennes personnalitĂ©s politiques haut placĂ©es pour son Conseil. C’est un signal de plus envoyĂ© aux rĂ©gulateurs, dans des Ă©conomies qui sont devenues plus hostiles aux cryptomonnaies ces derniĂšres annĂ©es.

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L’étalon-fiat, le systĂšme de servitude dont Bitcoin vient nous libĂ©rer

February 27th 2022 at 10:00

L'Ă©conomiste Saifedean Ammous a trĂšs rĂ©cemment publiĂ© un ouvrage intitulĂ© L'Étalon-fiat (The Fiat Standard), la suite directe de L'Étalon-bitcoin, paru en 2018, ouvrage qui constitue aujourd'hui une rĂ©fĂ©rence dans la communautĂ© de Bitcoin. Dans cette suite, l'auteur revient sur le fonctionnement du systĂšme monĂ©taire actuel, sur son apparition durant le XXĂšme siĂšcle et sur les consĂ©quences dĂ©sastreuses qu'il a amenĂ©es. Il nous dĂ©crit Ă©galement comment le bitcoin pourrait nous aider Ă  sortir de ce modĂšle de servitude.

Toutes les citations prĂ©sentes dans cet article sont traduites librement par moi-mĂȘme.

 

La monnaie fiat : l'esclavage par la dette

Saifedean Ammous commence son livre en nous racontant comment le systĂšme monĂ©taire mondial est passĂ© d'un Ă©talon-or classique, basĂ© sur des piĂšces d'or et des billets directement convertibles en or, Ă  un systĂšme de monnaies fiat, dont la valeur provient essentiellement du cours lĂ©gal imposĂ© par les États sur leur territoire. En se concentrant sur les exemples du Royaume-Uni et des États-Unis, il nous dĂ©crit les Ă©tapes de la transition entre 1914 et 1971. Tout d'abord, la convertibilitĂ© en or de la livre sterling a Ă©tĂ© suspendue temporairement en 1915 pour soutenir l'effort de guerre, suite Ă  quoi le Royaume-Uni est revenu Ă  un Ă©talon-or en 1922. Les accords de GĂȘnes signĂ©s cette annĂ©e-lĂ  ont instituĂ© un Ă©talon de change-or donnant Ă  la livre sterling et au dollar Ă©tasunien un statut de devise de rĂ©serve aux cĂŽtĂ©s de l'or. Puis la convertibilitĂ© a Ă©tĂ© de nouveau suspendue en 1931 pour faire face aux effets de la Grande DĂ©pression et la livre a Ă©tĂ© dĂ©valuĂ©e de 25 %. Ensuite est venue la Seconde Guerre mondiale qui a rebattu les cartes au profit des États-Unis : les accords de Bretton Woods signĂ©s en 1944 ont donnĂ© naissance Ă  un nouvel Ă©talon de change-or strict basĂ© uniquement sur le dollar, oĂč le dollar Ă©tait (thĂ©oriquement) adossĂ© Ă  l'or et les autres monnaies au dollar. Enfin, le systĂšme d'Ă©talon a dĂ©finitivement disparu en 1971 Ă  la suite du choc Nixon.

AprĂšs avoir rappelĂ© les Ă©lĂ©ments historiques de l'apparition des monnaies fiat, Saifedean Ammous dĂ©crit comment le systĂšme fiat fonctionne en se basant sur le vocabulaire et les concepts propres Ă  Bitcoin comme le minage, les nƓuds, etc. Il dĂ©finit ainsi la monnaie fiat (du latin fiat, « qu’il soit fait ») comme une « implĂ©mentation obligatoire de la technologie du registre centralisĂ©, basĂ©e sur la dette, qui monopolise les services financiers et monĂ©taires du monde entier » (p. 29). Dans sa dĂ©finition, il inclut non seulement l'argent liquide et les rĂ©serves des banques commerciales dĂ©tenues auprĂšs de la banque centrale, mais aussi le crĂ©dit Ă©mis par le systĂšme bancaire sous la forme de dĂ©pĂŽts, insistant sur la monĂ©tisation du crĂ©dit :

« NĂ© du dĂ©faut de l'État, la caractĂ©ristique essentielle de l'Ă©talon-fiat est qu'il utilise un dĂ©cret gouvernemental comme symbole de valeur sur son rĂ©seau monĂ©taire et financier. Puisque l'État peut dĂ©crĂ©ter une valeur sur le rĂ©seau, il fait de son propre crĂ©dit effectivement une monnaie. Comme l'État soutient l'ensemble du systĂšme bancaire, tout le crĂ©dit Ă©mis par les banques devient effectivement du crĂ©dit Ă©tatique, et fait donc partie de la masse monĂ©taire. » (p. 30)

Pour Saifedean Ammous, le systĂšme fiat est un rĂ©seau composĂ© des banques centrales des 190 États-membres du FMI, ainsi que des dizaines de milliers de banques privĂ©es. Il se base sur plusieurs couches de compensations et de rĂšglements qui ont lieu Ă  plusieurs Ă©chelles, dont l'Ă©lĂ©ment principal est le systĂšme central qui s'occupe du paiement international : SWIFT. Celui-ci est dominĂ© poltiquement par les États-Unis., ce qui fait qu'on peut considĂ©rer que, dans ce systĂšme de rĂšglement, l'unitĂ© de compte est le dollar, la monnaie de rĂ©serve mondiale.

Le minage, Ă  savoir la crĂ©ation de nouvelles unitĂ©s, se fait par le prĂȘt, selon un taux nominal dĂ©cidĂ© par les banques centrales :

« La nouvelle monnaie n'est pas créée lorsque des billets de banque sont imprimés, mais plutÎt lorsque de nouvelles dettes sont émises. » (p. 44)

La banque centrale prĂȘte aux banques commerciales ainsi qu'aux États (en rachetant leurs obligations), et les banques commerciales prĂȘtent Ă  leurs clients. Plus l'emprunteur est proche de la source de la crĂ©ation monĂ©taire (c'est-Ă -dire la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale), moins le taux appliquĂ© est Ă©levĂ©.

Ce systĂšme d'argent-dette fait que tout le monde est encouragĂ© Ă  emprunter, devenant dĂ©pendant du crĂ©dit qu'il doit rembourser, « la rĂ©ussite [consistant] Ă  pouvoir s'endetter de plus en plus au fur et Ă  mesure que l'on franchit les Ă©tapes de la vie » (p. 62). Avec la crĂ©ation de monnaie et les effets inflationnistes de cette crĂ©ation, plus personne ne peut Ă©pargner en passant simplement par la monnaie et doit trouver d'autres moyens de prĂ©server sa valeur, ce qui provoque une demande accrue pour des actifs comme les actions, les biens immobiliers, les Ɠuvres d'art, etc., dans le but de « battre l'inflation ». L'Ă©talon-fiat nous rend ainsi totalement dĂ©pendant du systĂšme financier Ă  l'opposĂ© de l'Ă©talon-or.

Dans la deuxiÚme partie de son livre, Saifedean Ammous va plus loin en décrivant en détails les effets de l'étalon-fiat sur notre monde. Il explique comment ce systÚme permet à une minorité privilégiée de profiter de la création monétaire et de créer des distorsions sur divers domaines de la vie humaine, comme la famille, la nourriture, l'éducation, la science, l'énergie ou la géopolitique. Dans son réquisitoire, il dresse ainsi le portrait d'un monde largement sclérosé par sa base monétaire, et appelle donc à l'adoption de Bitcoin pour corriger cela.

 

Pourquoi Bitcoin corrige-t-il cela ?

Dans la troisiÚme partie de son livre, Saifedean Ammous décrit comment Bitcoin pourrait assainir le systÚme financier mondial.

Par conception, Bitcoin est un systĂšme d'argent liquide numĂ©rique, dans le sens oĂč il permet d'avoir une propriĂ©tĂ© rĂ©elle et souveraine de ses fonds. Tel que l'explique l'auteur :

« Le bitcoin est une forme d'argent liquide car seul le porteur est en mesure de s'en séparer, et il peut le faire sans avoir besoin de l'accord ou de l'autorisation d'un intermédiaire tiers. » (p. 245)

NĂ©anmoins, Bitcoin ne passe pas bien Ă  l'Ă©chelle et possĂšde une capacitĂ© transactionnelle limitĂ©e. De ce fait, Saifedean Ammous considĂšre que Bitcoin doit ĂȘtre consacrĂ© aux transferts de sommes Ă©levĂ©es, c'est-Ă -dire pas aux paiements classiques mais aux rĂšglements (settlements) :

« Ceux qui s'attendent à ce que le bitcoin se développe en remplaçant les paiements intermédiaires se sont complÚtement mépris sur sa nature fondamentale. Si le bitcoin doit continuer à croßtre, il le fera principalement par une augmentation de la valeur des paiements liquides ou des rÚglements finaux qu'il effectue. » (p. 245)

Et le rĂšglement international est en effet la grande force de Bitcoin par rapport Ă  l'or et Ă  la monnaie fiat : il possĂšde en effet un coĂ»t relatif beaucoup plus faible que l'or et il offre une finalitĂ© incontestable contrairement au rĂšglement en monnaie crĂ©dit qui est toujours dĂ©pendant d'un tiers de confiance (les États-Unis pour SWIFT). Les rĂšglements se font en moins d'une heure pour des frais nĂ©gligeables par rapport au montant dĂ©placĂ© (de l'ordre de 1 $ aujourd'hui sur le rĂ©seau BTC), ce qui reprĂ©sente un avantage compĂ©titif Ă©norme.

Pour Saifedean Ammous, la cessibilitĂ© spatiale, c'est-Ă -dire la facilitĂ© avec laquelle une monnaie peut ĂȘtre Ă©changĂ©e dans l'espace avec le moins de perte de temps et de valeur possible pour son dĂ©tenteur, est la raison principale derriĂšre la transition vers les monnaies fiat. L'or, malgrĂ© une cessibilitĂ© spatiale correcte, Ă©tait trop coĂ»teux pour rĂ©gler les dettes sur de longues distances (0,05 Ă  0,5 % de la valeur transportĂ©e) et a fini par ĂȘtre remplacĂ© par un systĂšme de confiance.

Cela explique la vision de l'auteur vis-Ă -vis du passage Ă  l'Ă©chelle. Pour lui, la chaĂźne doit, en raison de la limitation de la capacitĂ© transactionnelle, ĂȘtre de plus en plus rĂ©servĂ©e aux rĂšglements internationaux au dĂ©triment de tous les autres types de paiement :

« Bitcoin commence à peine à acquérir la taille et les liquidités qui lui permettront d'effectuer de tels paiements en toute confiance et en toute sécurité. Mais à mesure qu'il grandira, il est probable qu'il attirera davantage de transactions de ce type, qui évinceront de nombreux autres cas d'utilisation et les pousseront hors de la chaßne. » (p. 248)

Dans ce modĂšle, l'essentiel des transactions devra se faire en dehors de la chaĂźne, par l'intermĂ©diaire plus ou moins direct de banques. Des procĂ©dĂ©s rĂ©duisant la confiance comme de solutions de garde basĂ©es sur la multisignature ou le rĂ©seau Lightning peuvent ĂȘtre mis en place, mais ils ne feront jamais disparaĂźtre complĂštement les intermĂ©diaires. À propos du rĂ©seau Lightning, l'auteur considĂšre en effet que sa conception mĂšnera inĂ©vitablement Ă  la centralisation du rĂ©seau autour de fournisseurs de liquiditĂ©s et reprĂ©sentera toujours un compromis pour l'utilisateur par rapport Ă  la chaĂźne :

« La possibilitĂ© de tirer profit de l'apport d'une liquiditĂ© et d'un routage fiables aux utilisateurs laisse penser que si le rĂ©seau Lightning devait poursuivre sa croissance, la fourniture de liquiditĂ© deviendrait rapidement une activitĂ© rentable et trĂšs sophistiquĂ©e. L'efficacitĂ© Ă©conomique suggĂšre que le rĂ©seau serait beaucoup plus robuste si la liquiditĂ© devenait un service professionnel fourni par des entreprises aux consommateurs. Dans un tel scĂ©nario, on pourrait s'attendre Ă  un agencement en Ă©toile oĂč un rĂ©seau mondial de nƓuds spĂ©cialisĂ©s disposant de grandes liquiditĂ©s ouvrirait des canaux les uns avec les autres, tandis que les utilisateurs moyens n'auraient que quelques canaux ouverts avec ces nƓuds Ă  grande liquiditĂ©. » (p. 254)

Cela mĂšnera le bitcoin Ă  devenir pleinement une monnaie de rĂ©serve, utilisĂ©e par les banques, les corporations et les États, thĂšse dĂ©jĂ  soutenue par Saifedean Ammous dans l'Étalon-bitcoin et confirmĂ©e par l'Ă©volution des plateformes d'Ă©change, et par les exemples de MicroStrategy (qui possĂšde aujourd'hui plus de 125 000 BTC) et de l'État du Salvador.

Cette adoption permettrait d'améliorer la situation financiÚre mondiale notamment en apportant les bénéfices suivants :

  • Le retour d'une dĂ©limitation claire entre la monnaie (de base) et le crĂ©dit ;
  • L'assainissement du mĂ©canisme d'Ă©pargne ;
  • Le retour Ă  une monnaie de rĂ©serve mondiale neutre, contrairement au dollar fiduciaire qui avantage les États-Unis ;
  • Une utilisation optimisĂ©e des Ă©nergies de surplus grĂące au minage.

Ainsi, la transition d'un Ă©talon-fiat Ă  un Ă©talon-bitcoin constituerait, sur le papier, un avantage net pour le monde.

 

La thĂšse discutable de Saifedean Ammous

La vision de Saifedean Ammous rencontre depuis 2018 un trÚs grand succÚs au sein de la communauté de Bitcoin. TrÚs claire, elle met en avant un certain nombre d'arguments économiques qui rendent inéluctables l'adoption généralisée du bitcoin par les insitutions financiÚres et la hausse de son prix qu'elle provoquerait. Néanmoins, cette thÚse reste discutable.

Dans les deux premiĂšres parties du livre, Saifedean Ammous dresse un portrait passionnant du systĂšme fiat et des retombĂ©es qu'il a chaque jour sur notre monde. En particulier, il raconte Ă  la perfection comment l'Ă©talon-or a Ă©tĂ© graduellement abandonnĂ© par le Royaume-Uni et par les États-Unis, et s'efforce tout au long de l'ouvrage de nous montrer les consĂ©quences dĂ©sastreuses provoquĂ©es par la monopolisation de la crĂ©ation monĂ©taire. Sa description du systĂšme fiat utilisant des termes relatifs Ă  Bitcoin est amusante, mĂȘme si elle manque parfois de pertinence et de prĂ©cision.

La troisiÚme partie du livre est consacrée à Bitcoin et à la façon dont il pourrait se substituer au systÚme de rÚglement de l'étalon-fiat, partie qui est également trÚs intéressante par les sujets qu'elle aborde (scalabilité, banque, énergie), mais qui souffre, à mon avis, d'un défaut conceptuel majeur.

Le principal problĂšme de la thĂšse de Saifedean Ammous est qu'elle prĂ©suppose que Bitcoin constitue un protocole immuable qu'il serait impossible de changer, et ignore que celui-ci est dĂ©terminĂ© par les personnes qui l'utilisent et que seuls les nƓuds du rĂ©seau ayant une activitĂ© Ă©conomique non nĂ©gligeable ont un rĂ©el pouvoir sur lui. Une adoption rĂ©alisĂ©e par l'intermĂ©diaire de banques rĂ©glementĂ©es (c'est-Ă -dire dĂ©jĂ  entiĂšrement soumises aux États) conduirait, in fine, Ă  ce que nous avons aujourd'hui : un accord dĂ©terminĂ© de maniĂšre gĂ©opolitique, c'est-Ă -dire issu du rapport de force entre les États. Dans un contexte gĂ©opolitique spĂ©cifique crĂ©ant une relative dĂ©centralisation du pouvoir, il est possible que Bitcoin puisse ĂȘtre utilisĂ© comme protocole de rĂšglement pendant un temps, mais nous savons bien que les États s'influencent et coopĂšrent pour protĂ©ger leurs monnaies.

Bitcoin est un accord et, comme tout accord, il peut ĂȘtre modifiĂ© ou abrogĂ© par ses signataires. Dans le cas oĂč les intermĂ©diaires principaux (les banques) se soumettent corps et Ăąme aux rĂ©glementations, Bitcoin reste sensible Ă  la menace des dĂ©crets Ă©tatiques. Ainsi, Ă  l'instar des accords de GĂȘnes ou des accords de Bretton Woods, la mise en place d'un Ă©talon-bitcoin ne pourrait pas ĂȘtre viable Ă  long terme.

Bitcoin est un outil dont la sĂ©curitĂ© repose sur un ensemble distribuĂ© de participants indĂ©pendants qui prennent des risques et qui sont prĂȘts Ă  dĂ©sobĂ©ir. Sa raison d'ĂȘtre est prĂ©cisĂ©ment de contourner le politique par l'Ă©conomique, pas de revenir Ă  ce qui n'a pas fonctionnĂ© en premier lieu. Bitcoin n'est pas que la proposition d'un modĂšle de sociĂ©tĂ© : c'est la rĂ©alisation ici et maintenant de ce modĂšle de sociĂ©tĂ©, malgrĂ© l'antagonisme des États ; c'est la possibilitĂ© de refuser le modĂšle qu'on nous impose par l'action, plutĂŽt que la nĂ©gociation diplomatique.

Saifedean Ammous pressent lui-mĂȘme les faiblesses de sa thĂšse dans le dernier chapitre de son ouvrage, oĂč il se livre Ă  une auto-critique en examinant les menaces qui pĂšsent sur Bitcoin. Il admet par exemple que « les pays comme la Chine, la Russie, l'Iran, la CorĂ©e du Nord et d'autres peuvent dĂ©tester le systĂšme financier mondial basĂ© sur le dollar Ă©tasunien » mais « aiment disposer de leurs monnaies fiat bien plus qu'ils ne dĂ©testent le dollar » (p. 323) et que c'est pour cette raison que ces États n'ont pas adoptĂ© l'Ă©talon-or.

De plus, de maniĂšre trĂšs intĂ©ressante, il conclue son livre par une section consacrĂ©e aux monnaies numĂ©riques de banque centrale (MNBC) dont le dĂ©veloppement s'est accĂ©lĂ©rĂ© en 2020, section oĂč il effleure alors la vĂ©ritable proposition de valeur de Bitcoin. Il Ă©crit :

« Vous pouvez imaginer que deux Ă©conomies mondiales Ă©mergent dans le monde. D'une part, il y aura l'Ă©conomie planifiĂ©e centralisĂ©e utilisant la monnaie facile, vantĂ©e par le gouvernement, les mĂ©dias et le monde universitaire de sorte Ă  ce que vous en fassiez partie. Elle offrira des emplois confortables Ă  l'abri de la concurrence et un contrĂŽle des prix afin de garantir que chacun reçoive les rations faites de soja, d'insectes et de glucose-fructose recommandĂ©es par le gouvernement, que chacun vive dans une petite maison, consomme peu d'Ă©nergie et ait peu ou pas d'enfants pour Ă©viter d'accabler la planĂšte d'une pression inflationniste gĂȘnante. D'un autre cĂŽtĂ©, il y aura une Ă©conomie en pleine croissance, innovante et apolitique qui attirera les personnes les plus ambitieuses, crĂ©atives et productives du monde pour qu'elles travaillent dur Ă  fournir des biens de valeur aux autres.

Puisque le processus de minage de la monnaie fiat sera de plus en plus centralisé et monopolisé par les gouvernements centraux, le pouvoir économique et politique suivra. Ceux qui seront bien placés par rapport à l'imprimante numérique seront probablement les seuls à pouvoir s'offrir les biens hautement désirables dont les prix augmentent le plus rapidement, tandis que la grande majorité verra son pouvoir d'achat, ses salaires et ses investissements ne pas suivre l'inflation. L'inflation centralisée créera un systÚme de castes monétaires similaire à celui qui existe dans les sociétés socialistes : une classe dominante disposant d'une abondance de biens désirables, et une majorité survivant grùce au marché noir.

Dans ce monde dystopique, le marché noir c'est Bitcoin. » (pp. 336-337)

Dans le contexte dĂ©crit (le marchĂ© noir), ses analyses trouvent toute leur pertinence. Bitcoin est notre canot de sauvetage face Ă  la centralisation Ă  l'extrĂȘme du pouvoir, nous permettant d'Ă©chapper au contrĂŽle panoptique et Ă  l'inflation certaine des MNBC.

Ainsi, tout comme L'Étalon-bitcoin, L'Étalon-fiat est un ouvrage qui vaut la peine d'ĂȘtre lu, malgrĂ© les quelques dĂ©fauts que je peux lui trouver, ne serait-ce que pour ĂȘtre confrontĂ© aux idĂ©es de son auteur qui rencontrent un franc succĂšs dans la communautĂ© de Bitcoin.


Si vous souhaitez vous procurer le livre, vous pouvez l'acheter (en BTC ou en fiat) sur le site de Saifedean Ammous ou précommander (en BTC) la traduction française sur le site de Konsensus.network (je suis partenaire donc vous pouvez obtenir une réduction de 10 % grùce au code promo lugaxker).

 

Étalon-fiat livre konsensus network

 


Sources

Saifedean Ammous, The Fiat Standard: The Debt Slavery Alternative to Human Civilization, 2021
Traduction française : L’Étalon-fiat : l'esclavage par la dette comme alternative à la civilisation humaine, 2022

Le Sri Lanka annonce la crĂ©ation d’un comitĂ© chargĂ© d’étudier les actifs digitaux

October 11th 2021 at 16:31

Le comité examinera les cadres réglementaires d'autres pays avant de soumettre une proposition sur le cadre le plus efficace pour le Sri Lanka.

Le gouvernement du Sri Lanka a annoncĂ© vendredi via un communiquĂ© de presse qu'il avait approuvĂ© la crĂ©ation d'un comitĂ© de huit personnes chargĂ© d'examiner les rĂ©glementations autour des actifs digitaux dans d'autres pays. Le DĂ©partement de l'information du gouvernement (DGI) a spĂ©cifiquement mis en avant l'Union europĂ©enne, DubaĂŻ, la Malaisie et les Philippines comme quelques-uns des cas types qui seront Ă©tudiĂ©s pour comprendre comment la technologie blockchain peut ĂȘtre gĂ©rĂ©e.

Le lancement du comité s'inscrit dans le cadre de la politique nationale du Sri Lanka, qui insiste sur l'importance de modeler une communauté basée sur la technologie. Le pays a l'intention d'utiliser les résultats de l'étude pour combler le fossé entre le pays d'Asie du Sud et certains de ses partenaires.

« La nĂ©cessitĂ© de dĂ©velopper un systĂšme intĂ©grĂ© de banque digitale, de blockchain et de technologie de minage de crypto-monnaie a Ă©tĂ© identifiĂ©e pour suivre le mĂȘme rythme que les partenaires mondiaux de la rĂ©gion tout en dĂ©veloppant le trading sur les marchĂ©s internationaux », peut-on lire dans le communiquĂ© de presse.

En plus d'identifier comment suivre le rythme du reste de ses partenaires en matiÚre de crypto, d'actifs digitaux et de minage, le comité devra également étudier les aspects de la protection des clients contre les activités criminelles. Il s'agit notamment des procédures de connaissance du client (KYC), de la lutte contre le blanchiment d'argent (AML), du financement du terrorisme et de la criminalité autour des actifs digitaux.

Le comité est composé de huit personnes qui représentent diverses perspectives car elles occupent des postes importants dans différentes organisations. Le directeur de Mastercard au Sri Lanka et aux Maldives, Sandun Hapugoda, et Sujeewa Mudalige, associé directeur de PricewaterhouseCoopers Sri Lanka, sont quelques noms remarquables du comité.

La position du Sri Lanka sur la technologie blockchain n'a pas été entiÚrement définie jusqu'à présent. Avec la création d'un comité destiné à cette fin, le pays pourrait facilement attirer des investisseurs dans son secteur des crypto-monnaies. En outre, la nécessité d'adopter la crypto est de plus en plus forte, car de nombreuses populations s'intéressent désormais aux actifs digitaux.

Un rĂ©cent rapport de Chainalysis a montrĂ© que les rĂ©gions d'Asie du Sud, d'Asie centrale et d'OcĂ©anie connaissaient un nombre important d'adoptions de crypto-monnaies. Le rapport de Chainalysis fait Ă©tat d'une augmentation de 706 % dans la rĂ©gion, ajoutant que les pays asiatiques sont en tĂȘte de l'adoption des crypto-monnaies, alors que l'Europe est en tĂȘte pour la valeur des transactions.

Le gouvernement du Sri Lanka est loin d'ĂȘtre favorable aux crypto-monnaies. La banque centrale du pays a publiĂ© une mise en garde contre les investissements en crypto-monnaies en avril, citant l'absence de rĂ©glementation claire, la volatilitĂ© associĂ©e aux crypto-monnaies et le rĂŽle des crypto-monnaies dans des activitĂ©s criminelles allant du terrorisme aux crimes financiers.

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La guerre réglementaire contre Bitcoin

March 17th 2021 at 11:57

Absence d’autoritĂ© centrale, pas de tiers de confiance, rĂ©sistance Ă  la censure, aucune permission requise : voici des mots qui surgissent souvent lorsqu’on parle de Bitcoin. Il s’agit en effet d’un concept de monnaie numĂ©rique indĂ©pendante des banques et des États, et c’est cette indĂ©pendance qui explique sa rĂ©silience et son succĂšs.

Dans le livre blanc fondateur, Bitcoin est dĂ©crit comme un « systĂšme d’argent liquide Ă©lectronique pair-Ă -pair » permettant aux paiements en ligne d’ĂȘtre « envoyĂ©s directement d’une partie Ă  l’autre sans passer par une institution financiĂšre ». En janvier 2010, le site web contrĂŽlĂ© par Satoshi Nakamoto prĂ©sentait Bitcoin comme une « devise numĂ©rique anonyme basĂ©e sur un rĂ©seau pair-Ă -pair ». L’un des buts de Bitcoin est donc d’importer les propriĂ©tĂ©s de l’argent liquide dans le cyberespace : possession souveraine, transactions de personne Ă  personne et relatif anonymat.

Outre cela, le bitcoin est rare, Ă  l’instar d’un mĂ©tal prĂ©cieux : il ne peut ĂȘtre crĂ©Ă© que selon un plan d’émission prĂ©dĂ©fini qui limite la quantitĂ© d’unitĂ©s Ă  21 millions. Cette propriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă  l’inflation (comme on l’appelle) est Ă©galement essentielle, et est en symbiose totale avec la propriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă  la censure. En effet, le bitcoin n’est rare que parce qu’il ne dĂ©pend pas d’une autoritĂ© centrale chargĂ©e de valider les transactions, et il n’est rĂ©sistant Ă  la censure que parce que des spĂ©culateurs acceptent de lui donner de la valeur. Retirez l’une des deux propriĂ©tĂ©s et vous dĂ©truisez le tout.

Bitcoin est donc l’incarnation de la monnaie libre et souveraine. Cependant, si le caractĂšre incontrĂŽlable de Bitcoin passionne les amoureux de la libertĂ©, c’est loin d’ĂȘtre le cas des partisans de l’autoritĂ©. Les personnes dont le mĂ©tier consiste Ă  renforcer le contrĂŽle sur la population (lĂ©gislateurs, administrateurs et politiciens en tous genres) ressentent ainsi toujours un certain malaise, voire un dĂ©goĂ»t profond, lorsqu’ils Ă©voquent Bitcoin, et se demandent comment ce dernier pourrait ĂȘtre intĂ©grĂ© au cadre lĂ©gal existant. Et ceci explique l’apparition des multiples rĂ©glementations ayant pour but de limiter la libertĂ© d’action et la confidentialitĂ© des utilisateurs. Gouverner l’ingouvernable : voilĂ  l’objectif que nos dirigeants se sont fixĂ©s.

Aujourd’hui, la tendance est claire : les restrictions autour des cryptomonnaies prolifĂšrent, que ce soit en France, en Europe, aux États-Unis et dans le reste du monde. MalgrĂ© les avertissements des acteurs de l’écosystĂšme, les dĂ©cideurs politiques ne reculent pas, et il semble donc que nous nous dirigions vers une vĂ©ritable guerre rĂ©glementaire contre Bitcoin qui pourrait durer des annĂ©es, voire des dĂ©cennies.

 

Pourquoi les États ne laisseront pas faire

Lorsque j’ai dĂ©couvert Bitcoin en 2013, je n’ai pas Ă©tĂ© saisi par l’enthousiasme immĂ©diatement. Bien qu’intĂ©ressĂ© par cette monnaie numĂ©rique innovante, je peinais Ă  comprendre comment le systĂšme fonctionnait rĂ©ellement et en quoi cette chose pouvait ĂȘtre rĂ©volutionnaire. AprĂšs l’avoir essayĂ© rĂ©ellement en 2015, j’ai lĂąchĂ© l’affaire, me disant plus ou moins inconsciemment que ça ne marcherait jamais et que l’État pourrait facilement intervenir de toute maniĂšre.

Puis est arrivĂ©e l’annĂ©e 2017 durant laquelle j’ai pu consacrer plus de temps Ă  cette chose Ă©trange qu’on appelle la cryptomonnaie : c’est alors que j’ai compris que Bitcoin Ă©tait inarrĂȘtable par conception, qu’il pouvait fonctionner hors de la lĂ©galitĂ© et qu’il existait indĂ©pendamment des dĂ©cisions Ă©tatiques Ă  son Ă©gard. NĂ©anmoins, Ă  cette Ă©poque, j’étais naĂŻvement persuadĂ© que les États renonceraient Ă  mener un guerre contre Bitcoin et je nĂ©gligeais tout le mal qu’ils pouvaient rĂ©ellement lui faire. Il a fallu attendre plusieurs annĂ©es pour que je me rende Ă  l’évidence : les États ne laisseront jamais se dĂ©velopper une telle monnaie sans rien faire.

Lowwit midwit topwit interdiction bitcoin

Il y a une raison pour laquelle toutes les monnaies privĂ©es et toutes les monnaies numĂ©riques prĂ©cĂ©dentes ont Ă©chouĂ© : c’est que l’État, l’autoritĂ© qui s’exerce sur un territoire dĂ©terminĂ© et sur un peuple qu’elle prĂ©tend reprĂ©senter, n’aime pas la concurrence. L’État impose en effet un monopole monĂ©taire, monopole qui lui permet de tirer son revenu. Par le contrĂŽle des capitaux et la surveillance financiĂšre offerts par sa monnaie, il s’assure de prĂ©lever l’impĂŽt de maniĂšre efficace. Par le seigneuriage et l’endettement, il s’assure profiter de la crĂ©ation monĂ©taire. L’idĂ©e d’une monnaie qui Ă©chappe Ă  son contrĂŽle est donc intolĂ©rable pour un État, dont la tendance naturelle est de grossir le plus possible.

L’histoire des États-Unis est peut-ĂȘtre l’illustration la plus parfaite de cette tendance que possĂšdent les États Ă  contrĂŽler la monnaie qui s’échange sur leur territoire. Alors mĂȘme que la libertĂ© Ă©tait le concept central de la fondation de la nation1, l’État fĂ©dĂ©ral Ă©tasunien n’a pas su rester un État limitĂ© et a fini par consolider le contrĂŽle sur le dollar avec l’abandon du systĂšme des banques libres en 1863 et la fin de l’étalon-or en 1971.

Cela s’est traduit par une intolĂ©rance envers les monnaies alternatives. La dĂ©tention d’or physique, longtemps utilisĂ© comme monnaie, a Ă©tĂ© tout simplement interdite pour les particuliers entre 1933 et 1974 par l’Executive Order 6102. Le Liberty Dollar, une monnaie privĂ©e basĂ©e sur l’or et l’argent crĂ©Ă©e en 1998, a Ă©tĂ© bloquĂ©e en 2009 par la poursuite pĂ©nale de son crĂ©ateur, Bernard von NotHaus, condamnĂ© en 2011 pour frappe illicite de piĂšces de monnaie et pour faux-monnayage. Du cĂŽtĂ© d’Internet, les systĂšmes de monnaie numĂ©rique e-gold (1996-2008) et Liberty Reserve (2006-2013) ont tous les deux Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par le dĂ©partement de la Justice Ă©tasunien.

C’est pourquoi il est peu probable que les États occidentaux laissent prospĂ©rer Bitcoin : il s’agit d’un systĂšme qui se propose de leur retirer leur contrĂŽle sur la monnaie et il serait antinaturel pour eux de l’accueillir Ă  bras ouverts. En rĂ©alitĂ©, ils ont dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  lutter activement contre lui, et ceci par le biais de ce qu’on appelle la rĂ©glementation.

 

La réglementation contre Bitcoin

La rĂ©glementation, parfois dĂ©signĂ©e par l’anglicisme « rĂ©gulation », est l’acte d’assujettir une activitĂ© sociale Ă  un rĂšglement, une prescription ou une loi. Cette rĂ©glementation est gĂ©nĂ©ralement le fruit d’une contrainte lĂ©gale appliquĂ©e par l’État. La rĂ©glementation intervient dans de nombreux domaines, mais le domaine financier est probablement le plus concernĂ© que ce soit en France, aux États-Unis ou dans d’autres pays.

Bitcoin n’échappe pas Ă  la rĂšgle : tant qu’il y aura des États dĂ©sireux d’imposer un monopole monĂ©taire, ceux-ci tenteront de rĂ©glementer l’usage de Bitcoin et cette rĂ©glementation sera d’autant plus drastique que Bitcoin leur retirera leur possibilitĂ© de se financer, ce qui pourra dĂ©boucher sur une interdiction pure et simple. Peu importe l’effort rĂ©alisĂ© pour nĂ©gocier des conditions plus libĂ©rales, l’État cherchera naturellement Ă  se protĂ©ger, sans hĂ©siter Ă  invoquer au passage des prĂ©textes plus ou moins valides comme le blanchiment d’argent, le trafic de stupĂ©fiants, le financement du terrorisme, la consommation d’énergie, la spirale dĂ©flationniste ou la protection des Ă©pargnants.

Dans l’histoire de Bitcoin, on constate dĂ©jĂ  une tendance continue Ă  la rĂ©glementation. Au dĂ©part, Bitcoin Ă©tait un projet de niche et ne faisait pas de bruit, mais Ă  partir de 2010, il a commencĂ© Ă  attirer l’attention des gens. Les agences gouvernementales s’y sont probablement intĂ©ressĂ©es en 2011, soit Ă  cause de l’intention de WikiLeaks d’accepter les donations en bitcoin2, soit en rĂ©action au dĂ©veloppement de la place de marchĂ© Silk Road Ă  partir de fĂ©vrier. Le 27 avril 2011, le dĂ©veloppeur principal Gavin Andresen a ainsi annoncĂ© avoir Ă©tĂ© invitĂ© par la CIA pour parler de Bitcoin, rĂ©union qui s’est dĂ©roulĂ©e le 15 juin de la mĂȘme annĂ©e.

Cet intĂ©rĂȘt des agences gouvernementales a coĂŻncidĂ© avec la disparition de Satoshi Nakamoto, un dĂ©part soudain qu’on peut expliquer (au moins partiellement) par son avant-dernier message public, dans lequel il disait :

Il aurait Ă©tĂ© bon d’attirer cette attention dans un tout autre contexte. WikiLeaks a donnĂ© un coup de pied dans le nid de frelons, et l’essaim se dirige vers nous.

Deux annĂ©es plus tard, en 2013, le regain d’attrait de Bitcoin et l’explosion de son prix a poussĂ© les autoritĂ©s rĂ©gulatrices Ă  s’y intĂ©resser plus en profondeur. Le 18 mars le FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network) a ainsi publiĂ© un document clarifiant sa position sur les monnaies numĂ©riques. Au sein de ce document, il Ă©tait spĂ©cifiĂ© que les plateformes d’échange Ă©taient des entreprises de services financiers et devaient par consĂ©quent obtenir une licence et se soumettre aux rĂ©glementations correspondantes pour exercer aux États-Unis.

Ce premier pas a permis l’introduction de nombreuses rĂ©glementations autour des plateformes d’échange. La plus connue de ces rĂ©glementations est la procĂ©dure de connaissance du client (appelĂ©e en anglais Know Your Customer ou KYC) qui impose aux plateformes supportant une monnaie traditionnelle de vĂ©rifier l’identitĂ© de leurs clients pour qu’ils puissent accĂ©der Ă  leurs services. En quelques annĂ©es, toutes les plateformes concernĂ©es se sont adaptĂ©es, Ă  tel point qu’il est devenu Ă  ce jour trĂšs difficile de se procurer du bitcoin de maniĂšre anonyme. Cette obligation de connaissance du client crĂ©e une situation particuliĂšrement alarmante dans laquelle une majoritĂ© d’utilisateurs sont dĂ©sormais fichĂ©s et oĂč leurs bitcoins sont probablement liĂ©s Ă  leur identitĂ© grĂące Ă  l’analyse de chaĂźne.

PNJ KYC

Une autre rĂ©glementation entravant aujourd’hui le fonctionnement de Bitcoin est la lĂ©gislation autour des plus-values. En France par exemple, l’utilisateur est lĂ©galement contraint de dĂ©clarer ses plus-values rĂ©alisĂ©es lors des « cessions Ă  titre onĂ©reux d’actifs numĂ©riques » et de payer un impĂŽt de 30 % sur celles-ci, si le total reprĂ©sente plus de 305 € sur l’annĂ©e. Ceci revient plus ou moins Ă  une interdiction lĂ©gale de l’utilisation rĂ©guliĂšre du bitcoin en tant que monnaie d’échange, puisque la volatilitĂ© (Ă  la hausse) du cours ferait que beaucoup de personnes se retrouverait Ă  devoir dĂ©clarer leurs plus-values (et leurs moins-values) lors de chaque achat rĂ©alisĂ© dans le commerce.

 

Quel avenir réglementaire ?

L’envolĂ©e du cours du bitcoin Ă  la fin de l’annĂ©e 2020 a poussĂ© les autoritĂ©s Ă  s’intĂ©resser de nouveau aux cryptomonnaies et Ă  leur statut lĂ©gal, si bien qu’elles parlent aujourd’hui de durcir la rĂ©glementation existante. Comme on l’a dit, plus Bitcoin prend d’importance et nuit au financement public, plus l’intervention Ă©tatique se justifie, et le fait que les particuliers y investissent leurs Ă©conomies n’est pas bien vu par tout le monde.

Une bonne illustration de l’actuelle agitation des rĂ©gulateurs est la dĂ©claration du 13 janvier 2021 de Christine Lagarde, actuellement prĂ©sidente de la Banque centrale europĂ©enne (BCE) et ancienne directrice gĂ©nĂ©rale du Fonds monĂ©taire international (FMI). Dans une entrevue avec Reuters, elle a en effet appelĂ© de ses vƓux une rĂ©glementation mondiale de Bitcoin et des cryptomonnaies :

Il doit y avoir une rĂ©glementation. Elle doit ĂȘtre appliquĂ©e et convenue. Il s’agit d’un sujet sur lequel nous devons nous mettre d’accord au niveau mondial, car s’il y a une Ă©chappatoire, cette Ă©chappatoire sera utilisĂ©e. [
] Si cela montre quoi que ce soit, c’est que la coopĂ©ration mondiale (l’action multilatĂ©rale) est absolument nĂ©cessaire. Que celle-ci soit initiĂ©e par le G7, intĂ©grĂ©e par le G20 et Ă©largie par la suite, mais c’est quelque chose qui doit ĂȘtre rĂ©solu.

La volontĂ© de restriction est claire et se retrouve dans les discours et les actes de tous les dirigeants politiques. En France par exemple, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a proposĂ©, le 9 dĂ©cembre dernier, une ordonnance visant Ă  « renforcer la lutte contre l’anonymat des transactions en crypto-actifs » sous prĂ©texte d’assĂ©cher les circuits de financement du terrorisme. Il semble donc que la rĂ©glementation est inĂ©luctable et qu’une raison justificative (valide ou non) pourra toujours ĂȘtre trouvĂ©e pour mystifier le grand public.

Bienvenue en enfer avec Bruno Le Maire

Ceci nous amĂšne donc Ă  la question qui nous intĂ©resse : Quelles rĂ©glementations pourraient ĂȘtre mises en place par les États dans les annĂ©es Ă  venir ? La tĂąche prĂ©dictive n’est pas aisĂ©e, mais on peut nĂ©anmoins dresser une liste de ces potentielles mesures en regardant comment se sont comportĂ©s les États au cours des annĂ©es passĂ©es. Notez que cette liste n’est pas exhaustive, car elle ne peut pas reflĂ©ter pleinement le gĂ©nie impĂ©nĂ©trable des lĂ©gislateurs quand il s’agit de mettre des bĂątons dans les roues de leurs compatriotes.

Tout d’abord, la connaissance du client (KYC) et les normes d’anti-blanchiment (AML) des plateformes d’échange pourraient ĂȘtre renforcĂ©es. Une maniĂšre de faire serait d’appliquer la « rĂšgle du voyage » (« travel rule ») Ă  la dĂ©tention de cryptomonnaie en imposant aux plateformes de vĂ©rifier l’adresse de retrait de leurs clients. PortĂ©e par le Groupe d’action financiĂšre (GAFI), cette rĂšgle a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© reprise depuis quelques temps par la FINMA en Suisse. Fin 2020, elle a Ă©tĂ© poussĂ©e aux États-Unis par le FiNCEN et par l’administration Trump, ce qui a provoquĂ© l’indignation de la communautĂ©, et notamment de Brian Armstrong.

Puis, une taxe Ă  taux fixe sur la cession de bitcoin pourrait ĂȘtre mise en place, dans le but d’annihiler sa propension Ă  servir de monnaie d’échange. C’est par exemple aujourd’hui le cas de l’or physique en France, qui est taxĂ© Ă  11,5 % Ă  chaque revente. À cĂŽtĂ© de cette flat tax des Ă©changes, on pourrait Ă©galement voir d’autres prĂ©lĂšvement apparaĂźtre, comme un impĂŽt direct sur la fortune possĂ©dĂ©e en bitcoin.

Ensuite, une rĂ©glementation des diffĂ©rents services utilisant Bitcoin, y compris les commerçants, pourrait se faire. Les mĂȘmes conditions de conformitĂ© (compliance), comme la connaissance du client, seraient demandĂ©es Ă  chaque processeur de paiement, Ă  chaque plateforme de jeu en ligne, Ă  chaque boutique physique, etc. C’est d’ailleurs dĂ©jĂ  le cas de BitPay qui, depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2021, demande Ă  ses clients europĂ©ens de s’incrire et de vĂ©rifier leur identitĂ© avant de pouvoir effectuer un achat. On peut aussi le service BottlePay qui refuse de traiter les bitcoins « anonymisĂ©s » issus de mĂ©langes avec d’autres utilisateurs.

Enfin, la rĂ©glementation du minage pourrait ĂȘtre considĂ©rablement resserrĂ©e. Aujourd’hui, les mineurs sont assez libres et peuvent traiter toutes les transactions. NĂ©anmoins, Ă  l’avenir, ils pourraient recevoir une liste noire de transactions Ă  ne pas miner, comme les transactions qui bougent les bitcoins dits « sales », provenant d’activitĂ©s illicites assimilĂ©es. Cette interdiction de miner certaines transactions pourrait par la suite se transformer en une interdiction d’accepter les blocs contenant ces transactions, ce qui serait alors une censure active. On voit dĂ©jĂ  les prĂ©misses d’une telle rĂ©glementation Ă©merger avec le « minage de blocs propres » proposĂ© par une association des mineurs nords-amĂ©ricains. Dans certains pays, cela va mĂȘme plus loin : le Venezuela a par exemple interdit le minage se faisant hors de sa coopĂ©rative nationale.

À terme cela pourrait mener les États et les institutions internationales Ă  mener une guerre directe contre Bitcoin. La dĂ©tention, l’utilisation ou le minage pourraient tout simplement ĂȘtre rendus hors-la-loi, tel que cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fait dans plusieurs pays, dont l’Égypte, le NĂ©pal ou la Bolivie.

Cette interdiction pourrait s’étendre Ă  la plupart des pays dĂ©veloppĂ©s. Ces États coopĂ©reraient par l’intermĂ©diaire du FMI, dont le but est d’assurer la stabilitĂ© du systĂšme monĂ©taire mondial, ou bien du GAFI, qui lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Les États refusant d’appliquer les mesures pourraient devenir des « États voyous » qui subiraient des sanctions Ă©conomiques de la part des premiers. Une telle coopĂ©ration s’est dĂ©jĂ  vue, comme par exemple contre l’Iran aujourd’hui : le 21 fĂ©vrier 2021, le GAFI a appelĂ© ses 39 États-membres Ă  « appliquer des contre-mesures » contre ce pays qui refuse d’appliquer les normes de lutte contre le terrorisme, ce qui a renforcĂ© au passage les sanctions dĂ©jĂ  appliquĂ©es des États-Unis.

En parallĂšle, une version « acceptable » du protocole pourrait voir le jour. D’abord, cela se ferait de maniĂšre discrĂšte : l’État pourrait par exemple prohiber les transactions de mĂ©lange (dites « CoinJoin ») au nom de la lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme. Puis, il lui viendrait peut-ĂȘtre l’idĂ©e de prĂ©lever l’impĂŽt directement au niveau du protocole en imposant une taxe fixe sur toutes les transactions (sorte de TVA) et une taxe sur les montants ne bougeant pas (demeurage). À ce stade, ceux qui resteraient se diraient « pragmatiques » en se racontant qu’au moins la politique monĂ©taire du bitcoin aurait tenu. NĂ©anmoins, jouissant d’une emprise totale, l’État n’hĂ©siterait pas alors Ă  transformer « Bitcoin » dĂ©finitivement en imposant que toute transaction nĂ©cessite sa signature (censure) et en s’autorisant Ă  crĂ©er de nouveaux bitcoins (seigneuriage), brisant ainsi la rĂšgle des 21 millions et privant Bitcoin de sa substantifique moelle.

Ce scĂ©nario pessimiste est hypothĂ©tique, mais dĂ©coule des actions qu’ont rĂ©alisĂ© les États par le passĂ©. Si l’on imagine parfois que certains États ne tomberont pas dans la « rĂ©glementation punitive » et profiteront de cette « innovation technologique », on n’a pas conscience de ce que ceci implique : un État faisant ceci perdrait non seulement sa capacitĂ© Ă  se financer convenablement, mais aussi son aptitude Ă  faire du commerce autour du monde, subissant alors les sanctions du conglomĂ©rat Ă©tatique opposĂ©.

Toutefois, cela ne veut pas dire que Bitcoin n’a aucune chance, au contraire. Bitcoin est spĂ©cifiquement conçu pour rĂ©sister Ă  l’intervention des États et constitue une tentative de construire une alternative robuste au systĂšme monĂ©taire actuel. Il faudra donc qu’il se frotte Ă  la rĂ©glementation lente et pernicieuse qui tentera de l’immobiliser, et qu’il sorte gagnant de la bataille qui se dĂ©roule aujourd’hui.

 

Bitcoin peut-il résister ?

Bitcoin est un concept qui permet de transfĂ©rer de la valeur « sans passer par une institution financiĂšre ». Il s’oppose donc par nature Ă  la rĂ©glementation, qui n’est que l’introduction de tiers de confiance dans le processus. La rĂ©glementation est l’antithĂšse de ce qu’est Bitcoin et, en tant que telle, ne peut que lui nuire Ă  long terme.

Il y a un jeu du chat et de la souris qui se dĂ©roule et ne s’arrĂȘtera probablement jamais. Les reprĂ©sentants de l’autoritĂ© Ă©tatique ne seront jamais satisfaits de la rĂ©glementation et en demanderont toujours plus ; et les partisans les plus zĂ©lĂ©s de la libertĂ© s’opposeront toujours aux restrictions et chercheront Ă  les contourner par diffĂ©rentes mĂ©thodes. Puisque l’État est une Ă©norme machine dotĂ©e d’une grande inertie, ses opposants auront toujours une longueur d’avance. NĂ©anmoins, l’État peut frapper trĂšs fort et toute rĂ©sistance doit ĂȘtre d’autant plus ferme si elle veut triompher.

Bitcoin est un outil permettant aux individus de s’opposer Ă  la tendance au contrĂŽle de la monnaie. Par des actions individuelles bien prĂ©cises, il est possible de faire en sorte que le systĂšme survive Ă  toute tentative de rĂ©glementation : Bitcoin est conçu de telle sorte que les individus peuvent accepter et miner du bitcoin de maniĂšre anonyme. Le problĂšme est de faire comprendre la situation Ă  ces individus et de les mobiliser : plus d’individus participent, moins le risque de participer est grand.

Aujourd’hui, nous assistons malheureusement Ă  un dĂ©litement de la communautĂ© dans la complaisance. Alors que le prix du bitcoin monte, son Ă©thos originel s’affaiblit. Les mĂšmes sur la montĂ©e du prix pullulent (« to the moon », « number go up », « have fun staying poor »), tandis que ceux qui valorisent la rĂ©volution monĂ©taire de Bitcoin pĂ©riclitent, n’étant pas compris par la masse.

Morpheus Neo Bitcoin millions

La rĂ©glementation a bonne presse et beaucoup y voient une maniĂšre de lĂ©gitimiser Bitcoin, d’amĂ©liorer son image auprĂšs du grand public. Michael Saylor, qui a achetĂ© prĂšs de 100 000 bitcoins par le biais de son entreprise, est prĂ©sentĂ© comme un hĂ©ros et est devenu en quelques mois un meneur idĂ©ologique trĂšs Ă©coutĂ© dans la communautĂ©, alors mĂȘme qu’il s’oppose ouvertement Ă  la rĂ©sistance Ă  la censure et Ă  l’anonymat3. De mĂȘme, il y a un enthousiasme autour des institutionnels qui achĂštent du bitcoin (millionnaires, fonds d’investissement, banques, États), alors que ceux-ci mĂ©prisent en partie la proposition de valeur de Bitcoin, y voyant seulement un « actif financier non corrĂ©lĂ© », une « valeur refuge contre la dĂ©valuation de la monnaie » ou un « or numĂ©rique » devant rester dans des coffres sĂ©curisĂ©s.

Il ne s’agit pas d’une chose nouvelle : le tendance remonte au moins Ă  2012, annĂ©e durant laquelle les frĂšres Winklevoss ont investi Ă©normĂ©ment. Si elle pose souci aujourd’hui, c’est Ă  cause de son importance.

Il s’agit en effet d’une question d’équilibre. Tant qu’une majoritĂ© de la communautĂ© reste fidĂšle aux principes de base de Bitcoin, il n’y a pas de problĂšme Ă  voir des gens investir des millions : au contraire, cela a apportĂ© de la richesse Ă  ceux qui ont Ă©tĂ© assez fous pour se procurer du bitcoin Ă  ses dĂ©buts. NĂ©anmoins, un dĂ©sĂ©quilibre trop grand pourrait mener Ă  des perturbations majeures, ce qui nuirait Ă  Bitcoin de maniĂšre considĂ©rable.

On peut ainsi tout Ă  fait imaginer qu’en cas de conflit les millionnaires et les fonds d’invetsissement se rangeraient derriĂšre la lĂ©gislation, ceux-ci n’ayant pas les mĂȘmes valeurs que les bitcoineurs authentiques. Dans le cas d’une scission entre un « Bitcoin » lĂ©gal (mais altĂ©rĂ©) et d’un Bitcoin illĂ©gal (mais prĂ©servĂ©), alors tous ces investisseurs institutionnels n’hĂ©siteraient pas Ă  vendre leurs bitcoins illĂ©gaux durant la transition, rendant majoritaire la version lĂ©gale de « Bitcoin » au niveau du prix et du taux de hachage, qui pourrait alors devenir le « Bitcoin » valide aux yeux du grand public.

Si l’on veut que Bitcoin rĂ©siste Ă  la rĂ©glementation, il faut cultiver la rĂ©silience des marchands et des mineurs et Ă©duquer la communautĂ© sur la question. C’est pour cela qu’il est recommandĂ© aux utilisateurs de dĂ©tenir leur propre cryptomonnaie (« not your keys, not your coins »), de faire attention Ă  leur vie privĂ©e, et si possible de faire tourner leur propre nƓud (« don’t trust, verify »). C’est aussi pour cela que l’accent est tant mis sur la dĂ©centralisation et la souverainetĂ©, et qu’il existe tant de suspicion Ă  l’encontre des plateformes d’échange et des coopĂ©ratives de minage, qui forment des points d’agrĂ©gation trĂšs sensible aux directives imposĂ©es par les États. Si l’on veut que Bitcoin reste dominant, les nouveaux arrivants doivent ĂȘtre convertis Ă  l’esprit du projet originel.

Il est enfin nĂ©cessaire de bien dĂ©finir Bitcoin, au cas oĂč la corruption deviendrait trop importante. Il n’est en effet pas impossible que le Bitcoin que vous dĂ©fendez aujourd’hui soit un jour minoritaire du point de vue du prix. Le dĂ©finir Ă  partir du protocole actuel (BTC) n’est pas une bonne solution : si une amĂ©lioration de Bitcoin est implĂ©mentĂ©e (Ă  l’instar de Taproot par exemple), ne reste-t-il pas Bitcoin ? Tout comme le bateau de ThĂ©sĂ©e reste lui-mĂȘme alors que toutes ses parties ont Ă©tĂ© remplacĂ©es, Bitcoin reste lui-mĂȘme par la prĂ©servation de ses propriĂ©tĂ©s principales, pas des dĂ©tails de son protocole.

C’est pourquoi Bitcoin gagnerait Ă  ĂȘtre dĂ©crit comme un concept (ou un ensemble de principes) dĂ©fini dans le livre blanc, qui fait autoritĂ© dans le milieu et qui contient toutes les propriĂ©tĂ©s fondamentales comme la preuve de travail ou la quantitĂ© fixe d’unitĂ©s4. Une telle dĂ©finition attĂ©nuerait en effet toute capture du protocole par un État, en donnant au grand public une dĂ©finition claire de Bitcoin pour qu’il soit moins influencĂ© par la propagande Ă  l’avenir.

 

Conclusion

Ainsi, la tendance actuelle Ă  la rĂ©glementation constitue un risque pour Bitcoin et il ne faut pas le nĂ©gliger. Si les États n’ont pas trop rĂ©agi pour le moment, c’est que leur financement via l’impĂŽt et l’inflation, n’a pas encore Ă©tĂ© assez menacĂ©. C’est pour cela que nous devrions nous prĂ©parer Ă  la guerre rĂ©glementaire contre Bitcoin qui s’annonce.

Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas aujourd’hui au point de non-retour et je reste persuadĂ© que Bitcoin peut sortir victorieux de cette guerre. MĂȘme si la tendance Ă  tolĂ©rer la rĂ©glementation au sein de la communautĂ© est forte, il y a encore beaucoup d’individus rĂ©silients prĂȘts Ă  faire les efforts nĂ©cessaires pour que Bitcoin ne sombre pas dans l’apathie. Le rĂȘve de libertĂ© monĂ©taire, lui, ne mourra jamais.

 


Notes

1. ↑ Dans la DĂ©claration unanime des treize États unis d’AmĂ©rique, il est Ă©crit :

Nous tenons pour Ă©videntes pour elles-mĂȘmes les vĂ©ritĂ©s suivantes : tous les hommes sont crĂ©Ă©s Ă©gaux ; ils sont douĂ©s par leur CrĂ©ateur de certains droits inaliĂ©nables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la libertĂ© et la recherche du bonheur.

La Constitution des États-Unis d’AmĂ©rique, elle, a pour prĂ©ambule la phrase suivante :

Nous, Peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d’établir la justice, de faire rĂ©gner la paix intĂ©rieure, de pourvoir Ă  la dĂ©fense commune, de dĂ©velopper le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral et d’assurer les bienfaits de la libertĂ© Ă  nous-mĂȘmes et Ă  notre postĂ©ritĂ©, nous dĂ©crĂ©tons et Ă©tablissons cette Constitution pour les États-Unis d’AmĂ©rique.

2. ↑ À partir de juillet 2010, les documents confidentiels rĂ©vĂ©lĂ©s de WikiLeaks ont commencĂ© Ă  ĂȘtre relayĂ©s par les grands mĂ©dias et Ă  impacter l’opinion publique. Suite Ă  cela, l’organisation a rencontrĂ© des problĂšmes avec PayPal et d’autres services financiers, problĂšmes qui ont conduit en dĂ©cembre 2010 Ă  un blocus financier de la part de Bank of America, Visa, Mastercard, PayPal et Western Union. Il lui a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© d’accepter le bitcoin pour les donations, ce qu’elle a fait le 15 juin 2011, aprĂšs mĂ»re rĂ©flexion.

3. ↑ Michael Saylor, le PDG de Microstrategy, a en effet exprimĂ© Ă  de multiples reprises son mĂ©pris pour la rĂ©sistance Ă  la censure et la confidentialitĂ©, notamment en dĂ©clarant que « c’étaient des mauvaises idĂ©es ». Il considĂšre ainsi le bitcoin comme une rĂ©serve de valeur et non comme une devise ou un moyen de paiement qu’il faut rĂ©glementer.

Il n’est pas le seul investisseur dans ce cas, et Raoul Pal, PDG de Real Vision Group et Global Macro Investor, a par exemple tenu des propos similaires :

Si vous pensez que le secret vis-Ă -vis des États et l’absence de KYC est l’avenir des bitcoins, vous ne comprenez pas Ă  quoi ressemble l’adoption. Ils le rĂ©glementeront. Vous allez le dĂ©clarer. Vous devrez procĂ©der Ă  un KYC et c’est trĂšs bien. Cela ne retire pas sa [fonction de] rĂ©serve de valeur, mais ne fait que l’intĂ©grer.

4. ↑ Selon cette dĂ©finition, les protocoles alternatifs comme Litecoin, Monero, Bitcoin Cash ou mĂȘme Bitcoin SV sont des implĂ©mentations plus ou moins fidĂšles de Bitcoin. BTC reste bien entendu la version dominante du concept et peut donc ĂȘtre appelĂ©e Bitcoin sans qu’il n’y ait d’ambigĂŒitĂ©.


Sources

Dustin Dreifuerst, The Coming Bitcoin War, 22 septembre 2020.
Eric Voskuil, Cryptoeconomics, 2021.

Le commissaire de la SEC remporte son second mandat et a des projets de crypto dans le cadre de Covid

August 19th 2020 at 16:57

« Crypto mom » a obtenu cinq ans de plus comme commissaire de la SEC et continuera à faire pression pour une réglementation raisonnable du crypto

La commissaire de la SEC, Hester Peirce, a prĂȘtĂ© serment pour son deuxiĂšme mandat et, lors d’une rĂ©cente interview, elle a fait part de ses projets futurs de rĂ©glementation des ventes de tokens aux États-Unis et de l’industrie actuelle du crypto dans le cadre de Covid-19.

AprĂšs avoir Ă©tĂ© nommĂ©e au dĂ©but de 2018, Mme Peirce a toujours accueilli favorablement l’opinion des dĂ©cideurs non politiques et des professionnels du secteur. Ces idĂ©es lui offrent des perspectives qui ne viendraient pas du seul travail avec des avocats spĂ©cialisĂ©s dans les valeurs mobiliĂšres.

Peirce a dĂ©clarĂ© dans l’interview :

« Je crois vraiment qu’en tant que rĂ©gulateurs, nous devons faire appel Ă  la sagesse de personnes extĂ©rieures Ă  la communautĂ© rĂ©glementaire. Et c’est, encore une fois, une partie de ce que j’aime vraiment dans ce domaine, c’est-Ă -dire que les gens viennent et regardent nos lois sur les valeurs mobiliĂšres d’un point de vue totalement nouveau ».

Cela pourrait inciter les politiques de crypto à créer un environnement beaucoup plus hospitalier entre les décideurs politiques et les investisseurs.

En outre, elle comprend Ă©galement le sentiment de nombreux investisseurs de crypto sur les ventes de tokens et leurs classifications.

Elle a déclaré :

« Je pense que nous avons rendu trĂšs difficile pour les gens de faire des offres de tokens conformes Ă  la loi aux États-Unis ».

La SEC, Peirce et Telegram

Peirce est un dĂ©fenseur du crypto « refuge » et a Ă©tĂ© nommĂ©e « Crypto Mom », au cours de son dernier mandat, dans un sens non officiel. Le 21 juillet, Peirce s’est prononcĂ©e contre la dĂ©cision de la SEC de poursuivre Telegram aprĂšs que la SEC ait gagnĂ© le procĂšs contre la requĂȘte.

Peirce a exprimĂ© son sentiment sur l’état actuel de la rĂ©glementation de la SEC :

« Les mesures d’application peuvent ĂȘtre instructives pour d’autres personnes que le fautif, mais ne constituent pas un mĂ©canisme appropriĂ© pour crĂ©er une nouvelle loi. Notre intĂ©gritĂ© rĂ©glementaire exige que les mesures d’application soient fondĂ©es sur la violation d’une loi ou d’une rĂšgle clairement dĂ©finie ».

Comment l’industrie crypto gùre Covid-19

Selon une enquĂȘte de KPMG, une majoritĂ© de cadres ont confirmĂ© que la pandĂ©mie a freinĂ© la croissance des entreprises de blockchain et de crypto. L’annĂ©e 2020 a fait passer les prioritĂ©s de l’industrie de la rĂ©duction des coĂ»ts Ă  la survie.

La SEC avait pris l’initiative de faciliter le financement des entreprises sans avoir besoin de documents qui sont limitĂ©s pendant la pandĂ©mie. Le rĂ©sultat de cette campagne n’a pas encore portĂ© ses fruits mais pourrait se concrĂ©tiser Ă  l’avenir.

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Des crypto traders cherchent à obtenir la double nationalité à Saint-Christophe-et-Nevis

August 18th 2020 at 16:27

La double citoyennetĂ© avec la nation insulaire des CaraĂŻbes offrirait une sĂ©rie d’avantages juridiques et politiques aux traders qui cherchent Ă  Ă©viter les restrictions rĂ©glementaires

RĂ©cemment, un petit pays insulaire des Antilles a connu un afflux important d’investisseurs et de sociĂ©tĂ©s crypto qui ont tentĂ© d’obtenir un statut juridique dans le pays. Bitcoin.com a contactĂ© JH Marlin, un cabinet d’avocats situĂ© Ă  St. Christophe et Nevis, pour obtenir des informations sur la situation actuelle.

Jennifer Harding, de JH Marlin, a commenté la situation :

« Le cabinet d’avocats fonctionne depuis trois ans et nous avons obtenu un nombre croissant de demandes de citoyennetĂ© de la part de demandeurs d’investissement qui sont vraiment trĂšs friands de crypto-monnaies ».

Jennifer Harding a partagĂ© que les principales raisons pour lesquelles les investisseurs en crypto cherchent Ă  acquĂ©rir un second passeport sont l’incertitude sociale, la dĂ©tresse Ă©conomique et les tensions politiques mondiales qui semblent ĂȘtre en augmentation.

De plus, avec certains pays comme le Kazakhstan qui proposent de taxer les revenus du crypto jusqu’à 15 %, les paradis fiscaux comme Saint-Christophe-et-Nevis sont sĂ©duisants.

Harding a poursuivi en disant que :

« À Saint-Christophe-et-Nevis, l’impĂŽt sur le revenu des personnes physiques n’existe pas
 Il existe Ă©galement des avantages fiscaux en fonction du pays d’origine de la personne. Par exemple, je suis Canadien et je suis un Canadien non-rĂ©sident, je n’ai pas Ă  payer d’impĂŽts au Canada – je dois payer des impĂŽts lĂ  oĂč je rĂ©side ».

Le coĂ»t et les mĂ©thodes d’obtention de la citoyennetĂ© sur l’üle nation deviennent moins chers et plus faciles. Le pays gĂšre les citoyennetĂ©s par le biais de programmes d’investissement et le prix actuel pour une famille varie entre 150 000 et 195 000 dollars.

Un signal d’alarme ?

Le cabinet d’avocats a rĂ©vĂ©lĂ© que la majoritĂ© des personnes profitant de la double nationalitĂ© sont originaires des États-Unis et de Hong Kong. Cette situation s’explique par le fait que les États-Unis recherchent de toute urgence des moyens de rĂ©glementer et de surveiller les crypto-monnaies et la technologie blockchain, ainsi que par le fait que la Chine continentale empiĂšte de plus en plus sur l’autonomie de Hong Kong.

En juillet dernier, le SĂ©nat amĂ©ricain a prĂ©sentĂ© un projet de loi appelĂ© Lawful Access to Encrypted Data Act of 2020 (LAED), qui oblige les entreprises qui produisent des dispositifs crypto ou des services digitaux cryptĂ©s Ă  crĂ©er une porte d’entrĂ©e pour permettre l’accĂšs aux forces de l’ordre afin d’aider aux enquĂȘtes judiciaires.

Le projet de loi pourrait potentiellement interdire l’utilisation de Bitcoin et d’autres tokens dĂ©centralisĂ©s, car il n’existe aucune entitĂ© juridique pour le rĂ©gir ou le rĂ©glementer ou pour crĂ©er une « porte d’entrĂ©e ».

Les institutions fĂ©dĂ©rales du monde entier, telles que la Russie, les États-Unis et d’autres, dĂ©veloppent de nouvelles mĂ©thodes de surveillance, de suivi et d’espionnage des transactions crypto, ce qui pourrait rendre les investisseurs de plus en plus inquiets.

Des pays tels que Saint-Christophe-et-Nevis sont les options les plus rapides si les investisseurs veulent sauter le pas.

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Les régulateurs mÚnent un combat acharné contre les crypto-monnaies, selon Cardano

June 21st 2020 at 09:12
By: Antoine

Les rĂ©gulateurs semblent peu enclins Ă  lĂ©galiser la crypto-industrie, qu’ils considĂšrent comme une menace pour la souverainetĂ© monĂ©taire de leur pays. Selon le fondateur de Cardano, la crypto-industrie devrait se prĂ©parer Ă  une vague de pressions rĂ©glementaires visant Ă  Ă©touffer les avancĂ©es du secteur de la Blockchain. Une guerre politique Cardano a prĂ©vu de changer

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