(Pour Gilles et quelques autres...)
Le mot  reliqueÂ
traverse le ciel de l'Ă©conomie tel une mĂ©tĂ©ore, sous la plume souvent trĂšs littĂ©raire de JM Keynes. Sa premiĂšre mention est je crois dans le Tract on Monetary Reform publiĂ© en 1923. La formule (lui) plut et 21 ans plus tard, Lord Keynes la citait avec une fausse modestie remarquable devant la Chambre des Lords. L'expression barbarous relic avait d'abord visĂ© l'Ă©talon-or ; en 1944 il semble que c'Ă©tait l'or lui-mĂȘme qui Ă©tait renvoyĂ© vers un passĂ© volontairement imprĂ©cis.
Quelque complexes qu'aient été les rapports de Keynes avec la religion (et sans s'appesantir non plus sur la morgue du britannique évoquant les barbares) il sourd dans cet usage péjoratif de la relique comme un mépris dont on ne sait s'il faut l'attribuer au protestant ou à l'intellectuel.
Dans le monde du Bitcoin, on rabĂąche un peu la vieille histoire de Luther qui a libĂ©rĂ© les consciences de l'emprise de Rome, moderne Babylone oĂč le pape vendait des remises de peines dans l'autre monde. En dĂ©nonçant ce trafic centralisĂ© (Ă Rome) il aurait mis en place un schĂ©ma que l'on compare ensuite Ă celui de Satoshi.
Mais si les  IndulgencesÂ
firent scandales, c'est largement parce qu'elles étaient mal enracinées. La vraie religion populaire, durant des siÚcles, ce fut bien plutÎt celle des reliques. Et cette histoire là n'est pas moins intéressante que l'autre.
Sur les indulgences, je crois que tout a été dit.
Je ne vais pas traiter ici le sujet dĂ©jĂ trĂšs fouillĂ© de l'analogie entre la proposition de Satoshi le 31 octobre 2008 et celles qui s'inaugurĂšrent sur la porte de l'Ă©glise de la Toussaint de Wittemberg, le mĂȘme jour de l'annĂ©e, 491 ans plus tĂŽt. On relira Ă ce sujet la traduction française du rapport dâAdamant Research, de Tuur Demeester, accessible ici dans sa version originale. Je ne souscris pas Ă toutes ses assertions !
On lira aussi les deux études publiées fin 2022 par Thomas Mang sur le site bitcoin.fr et là non plus je ne souscris pas forcément à tout :
Mon sentiment est que les reliques ont peut-ĂȘtre plus Ă nous apprendre que les cĂ©lĂšbres Indulgences.
Il convient de commencer par rappeler que le protecteur de Luther (sans lequel cet impertinent petit moine augustin aurait vu sa carriĂšre raccourcie) FrĂ©dĂ©ric III de Saxe dit le Sage Ă©tait, lui, grand collectionneur de reliques des saints les plus divers. Et que s'il avait quelque chose Ă reprocher au pape, c'Ă©tait moins de trafiquer avec l'autre monde que de dĂ©tourner vers Rome des sommes que les pĂšlerins en quĂȘte de salut auraient plus utilement (Ă ses yeux) dĂ©pensĂ©s en Saxe en venant y demander des faveurs au Ciel devant ses plus de 19.000 reliques Ă lui, dont il monnayait Ă©videmment l'accĂšs...
Ce qui m'intéresse dans les reliques, c'est ce qu'elles nous apprennent de la valeur.
Je m'inspire de plusieurs recherches sur ce sujet, dont celles du philosophe Thierry Lenain et celles de la sociologue Nathalie Heinich. Je ne fais guĂšre ici que les mentionner, et y renvoyer mon lecteur courageux, qui en tirera le plus grand profit !
En 2004, Ă l'occasion d'un colloque organisĂ© au Louvre et dont les Actes ont Ă©tĂ© publiĂ©s sous le titre De main de maĂźtre ; l'artiste et le faux Thierry Lenain plaçait la genĂšse de la critique d'authenticitĂ© en art, non dans l'art antique (aussi indiffĂ©rent Ă cet enjeu que l'art contemporain y est hyper-sensible) mais dans le culte mĂ©diĂ©val des reliques. AprĂšs avoir rappelĂ© les lourds enjeux Ă©conomiques et financiers de ce  culteÂ
et la proximitĂ© entre le monde qui crĂ©ait des piĂšces d'orfĂšvrerie et celui qui fabriquait les prĂ©cieux reliquaires, il notait que  c'est peut-ĂȘtre en tant que choses falsifiables que les reliques chrĂ©tiennes s'apparentent de la façon la pus troublante Ă l'Ćuvre d'art telle que nous la connaissons depuis la Renaissance italienne, et surtout, depuis le dĂ©veloppement de la critique d'attribution au XIX° siĂšcleÂ
.
Les reliques sont  les tout premiers objets précieux dont la valeur intrinsÚque ait dépendu de leur authenticité
. Certes ladite authenticitĂ© provient-elle souvent d'un document officiel d'une autoritĂ© (pape, Ă©vĂȘque) mais elle peut aussi provenir d'une tradition entretenue localement. Ce n'est pas l'essentiel en ce qui nous concerne. Plus important est que  cette valeur d'authenticitĂ© ne s'attache plus Ă la seule substance de l'objet mais bien Ă son statut de chose individuelle relatif Ă son origineÂ
. Tout le monde me voit venir, j'espĂšre !
Avec humour, on notera que l'expertise nĂ©cessaire Ă l'authentification et Ă l'attribution correcte des reliques se voyait constamment confrontĂ©e aux ruses de falsificateurs trĂšs au fait des mĂ©thodes et critĂšres en usage parmi les experts : de fausses reliques ont Ă©tĂ© fabriquĂ©es Ă base d'amiante ... pour rĂ©sister Ă l'ordalie par le feu ! Si nombre de faussaires Ă©taient simplement mus par l'appĂąt du gain, on trouvait aussi des exemples de faux rĂ©alisĂ©s par ou pour les lĂ©gitimes dĂ©tenteurs de l'original (pour le prĂȘter, ou pour tromper les voleurs, etc). Avec un humour plus grinçant encore on Ă©voquera les cas nombreux oĂč deux sanctuaires se disputaient le privilĂšge de dĂ©tenir l'original d'une relique unique.
TrĂ©sor ou emblĂšme ? Durant trois siĂšcles la monnaie de Besançon fut ornĂ©e de la main bĂ©nissante de saint Ătienne
AprĂšs Erasme dans son PĂšlerinage (dialogue datant de 1500) Calvin s'illustra en 1543 ici dans la satire d'un systĂšme qui ne pouvait Ă©videmment que faillir, sinon par  double dĂ©penseÂ
du moins par une sorte de double Ă©criture de la lĂ©gende, ou si l'on veut de fork de certaines reliques et par une effrayante production de reliques improbables ou absurdes, vĂ©ritables shitcoins sacrĂ©s. Railleries fort convenues, au demeurant. LĂ aussi, on rappelle moins souvent que des prĂ©dicateurs catholiques cĂ©lĂšbres, comme Bernardin de Sienne au 15Ăšme siĂšcle ou mĂȘme Guilbert de Nogent dĂšs le 12Ăšme avaient aussi copieusement ironisĂ© tant sur la croyance populaire que sur les sacrĂ©s scams qui l'entretenaient et l'exploitaient.
Pour un esprit cultivĂ© du Moyen-Ăge, la faussetĂ© d'une relique ne pouvait avoir aucune consĂ©quence thĂ©ologique et la seule authenticitĂ© qui comptait Ă©tait bien sĂ»r celle de la priĂšre.
Quant aux juges, ils refusaient de connaĂźtre les litiges entre les dĂ©tenteurs de deux crĂąnes d'un mĂȘme saint, pour Ă©viter le scandale officiellement, et sans doute en l'absence de toute vĂ©ritable preuve. Au fond, ce qui comptait c'Ă©tait la confiance que l'on mettait dans un objet sacrĂ©, indĂ©pendamment de sa valeur intrinsĂšque. Un schĂ©ma fragile...
La relique, le fĂ©tiche et l'Ćuvre d'art.
Nathalie Heinich en 1993 distinguait certains objets de la masse des choses fongibles, utilitaires et pĂ©rissables par leurs rĂ©gimes particuliers : prĂ©cisĂ©ment les reliques, les fĂ©tiches et les Ćuvres dâart. Elle en dĂ©duisait ceci : « il existe des gradations sur lâĂ©chelle des Ă©tats, de sorte que les ĂȘtres peuvent ĂȘtre âplus ou moinsâ des personnes, selon leur nature et selon les circonstances. Câest ainsi que les humains sont plutĂŽt plus des personnes que des choses et, parmi celles-ci, les tableaux de maĂźtres le sont plutĂŽt plus que les chaises, sauf basculements toujours possibles ».
Je laisse mon lecteur extrapoler et rĂ©flĂ©chir au dĂ©bat sur la  valeur intrinsĂšqueÂ
d'un bout de Bitcoin (ou d'un shitcoin).
Si la  valeurÂ
des reliques pouvait difficilement rĂ©sister au progrĂšs des lumiĂšres et traverser les siĂšcles (sauf en ce qui concerne les prĂ©cieux reliquaires eux-mĂȘmes) celle des chefs d'Ćuvre de l'art y rĂ©ussit. La valeur d'un chef d'Ćuvre (indĂ©pendamment de critĂšres strictement esthĂ©tiques) intĂšgre toujours une part tenant Ă son authenticitĂ©, c'est Ă dire Ă l'exactitude de son attribution, laquelle s'appuie sur ce que j'ai dĂ©crit autrefois comme l'un des ancĂȘtres de la blockchain, Ă savoir la chaĂźne ininterrompue d'actes de ventes, de catalogues de ventes et d'inventaire de musĂ©es qui permettent de tracer une Ćuvre parfois sur des siĂšcles. J'incite mon lecteur Ă relire tout ce que j'ai Ă©crit pour rĂ©pondre Ă cette question que je crois fondamentale :  l'Art est-il dans la nature de Bitcoin ?Â
Dans la perspective tracée ici, Bitcoin serait donc une sorte de fétiche, comme nous l'avons écrit avec Philippe Ratte dans Objective Thune. Mais il est surtout une relique. Et pas n'importe laquelle.
Loin d'ĂȘtre une  relique barbareÂ
, Bitcoin serait la perfection de la relique : un morceau de la vraie blockchain enchùssé dans le précieux (car coûteux) travail d'orfÚvrerie des mineurs et ainsi conservé dans le temps.
(Un fragment du Vrai Bitcoin serait conservĂ© par des moines maximalistes bretons qui vendent mĂȘme des preuves de pĂšlerinage inscrites par eux dans la blockchain ; cette pratique, quoique canoniquement valide, est considĂ©rĂ©e comme archaĂŻque par d'autres monastĂšres cryptos)
Pour aller plus loin :
Au moment oĂč des hauts-fonctionnaires enfants et petits enfants spirituels de GĂ©rard ThĂ©ry (1933- 2021) veulent enterrer Bitcoin (au besoin aprĂšs l'avoir Ă©touffĂ© eux-mĂȘmes) pour se donner la satisfaction de conforter leur conception obsolĂšte du monde mais aussi pour le profit des banquiers et la vanitĂ© de politiciens sans vision, il m'a paru important de donner sur mon blog la traduction d' un article qui permet de replacer les bourrasques dans la perspective d'un voyage au long cours.
Cet article a été publié par Aleksandar Svetski, fondateur du Bitcoin Times, auteur de The UnCommunist Manifesto et de la série virale (et controversée) Remnant, par ailleurs responsable de la croissance et de la stratégie chez Lucent Labs.
Sa  thĂ©orie des trois gĂ©nĂ©rationsÂ
ne pouvait que tirer l'oeil d'un historien... et je remercie mon ami et co-auteur Adli Takkal Bataille, prĂ©sident de notre  Cercle du CoinÂ
de m'en avoir signalé l'importance.
L'illustration est issue de la publication originale que l'on trouve sur le site de Bitcoin Magazine et sur celui de Zerohedge
Voici la traduction de l'article. Mes commentaires sont placés en dessous, comme il sied à des commentaires.
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Les bitcoiners sont connus pour leur capacitĂ© Ă surestimer la vitesse avec laquelle Bitcoin va  envahir le mondeÂ
et devenir  une monnaie largement acceptĂ©eÂ
.
J'ai longtemps appartenu Ă ce camp, mais j'en suis venu Ă penser diffĂ©remment ces derniers temps. Avant de m'accuser d'avoir dĂ©sertĂ© ou de me traiter de fainĂ©ant, je vous demande de lire la suite et de rĂ©server votre opinion jusqu'Ă la fin. J'aime Ă penser que je mĂ»ris dans ma façon de considĂ©rer Bitcoin. Voyez-y de la tempĂ©rance, de la patience ou une dose d'humilitĂ©, mais j'essaie d'ajouter un peu de rĂ©alisme, ou une  prĂ©fĂ©rence pour le temps longÂ
à la perception souvent surexcitée de Bitcoin parmi certains d'entre nous.
Mais, comme vous le remarquerez, je pense qu'Ă long terme, aucun d'entre nous n'est  assez haussierÂ
(chapeau bas devant CK).
Allons-y...
BITCOIN EST UNE TRANSFORMATION TECHNIQUE, SOCIALE ET ĂCONOMIQUE
Bien des gens sont trÚs prompts à projeter les courbes d'adoption de technologies antérieures sur les perspectives de Bitcoin. Mais le problÚme est que Bitcoin n'est pas une simple technologie.
Il ne s'agit pas seulement d'un smartphone, d'un ordinateur, d'un réseau social, d'une nouvelle action ou d'un nouveau titre, d'une nouvelle méthode de paiement, d'un moteur de recherche, d'une plateforme de messagerie ou de tout autre nouveau produit, application ou service.
Bitcoin est une transformation complĂšte, technique, sociale et Ă©conomique. Il s'agit d'une rĂ©invention de l'argent depuis ses fondements mĂȘmes, incompatible avec toute primitive antĂ©rieure.
Il s'agit donc non seulement d'un changement d'une ampleur considérable, mais aussi d'un changement complÚtement différent sur le plan paradigmatique. Il y a à cela des avantages comme des obstacles, tous considérables.
Des avantages parce que :
 l'unitĂ© de valeurÂla plus liquide et la plus prĂ©cieuse de la planĂšte.
 concurrencerÂl'ancienne garde, mais il la remplacera complĂštement. Il ne s'agit pas du
 dĂ©coupage d'un nouveau marchĂ©Â, mais d'une transformation de type
 gagnant-gagnantÂet, fondamentalement, d'une transformation de type
 changement de la nature du jeuÂ. C'est beaucoup plus important.
Des obstacles parce que :
 l'adoption de masseÂ. De plus, les gens n'aiment pas avoir tort, en particulier les gens qui sont en place, de sorte qu'outre le facteur temps, il faut compter avec les rĂ©actions nĂ©gatives et les moqueries de tout le monde.
Il s'agit lĂ d'obstacles rĂ©els qu'il est nĂ©cessaire de reconnaĂźtre. Vous ne pouvez pas simplement fermer les yeux et les oreilles, tweeter que  Bitcoin rĂšgle le problĂšmeÂ
et prĂ©tendre que tout va bien se passer parce que  Number go UpÂ
. Non.
Nous devons comprendre que nous jouons  le plus grand jeuÂ
, comme dirait Jeff Booth, c'est à dire que nous jouons avec les plus grands enjeux, pour les plus grands gains, contre les plus grands ennemis - à la fois externes et internes. Nous nous battons à la fois contre l'establishment et contre les cultures dans lesquelles nous avons été élevés.
Il y a plus de changements à opérer qu'aucun d'entre nous ne peut l'imaginer.
Je ne dis pas cela pour vous dĂ©courager de Bitcoin ou pour vous donner l'impression que  bon sang - je vais mourir avant de voir le bon cĂŽtĂ© des chosesÂ
, mais pour :
a) vous suggérer que c'est probablement plus important que vous ne le pensiez, et
b) pour vous inciter à un peu de réalisme afin que vous puissiez vous préparer mentalement et cesser de jouer à des jeux à court terme. Vous devez vous préparer.
Le bitcoin est un marathon, pas un sprint.
LA THĂORIE DES TROIS GĂNĂRATIONS
Les changements socio-économiques à grande échelle prennent des générations pour s'installer et se normaliser. La vieille garde doit mourir, pour ainsi dire, afin que ceux qui sont nés dans le nouveau paradigme puissent prendre les commandes.
Or chaque génération représente un changement de paradigme en soi, et chaque changement successif apportera avec lui une compréhension et une relation totalement nouvelles avec Bitcoin.
Explorons tout cela...
PREMIĂRE GĂNĂRATION : LA PHASE D'INFECTION
Nous sommes dans la premiĂšre gĂ©nĂ©ration de Bitcoin. Appelons cela le premier chapitre, ou la premiĂšre  ÚreÂ
. Cette Ăšre ou cette gĂ©nĂ©ration s'Ă©tendra sur 20 ans et constituera la  phase d'infectionÂ
de Bitcoin.
Je l'appelle ainsi parce qu'à ce stade, Bitcoin infecte le systÚme. Il s'agit d'une sorte de virus qui s'accroche à des hÎtes qui agissent alors de maniÚre à ce qu'il se propage davantage. Son but est d'infecter les infrastructures clés, les esprits clés, les leviers clés et les systÚmes clés du paradigme actuel. Il doit d'abord s'infiltrer le plus discrÚtement possible, puis former une sorte de symbiose avec l'hÎte au fur et à mesure qu'il se développe, de sorte qu'il en résulte des avantages mutuels pour l'ensemble toujours plus grand d'hÎtes et aussi pour le virus Bitcoin.
Nous avons vu cela se produire.
Ă ce stade, Bitcoin devait prouver que quelqu'un l'Ă©changerait contre de l'argent (ou contre une pizza). Il devait prĂ©senter une  preuve de conceptÂ
commerciale significative, ce qu'il a fait avec la Silk Road. Il a dû franchir une premiÚre étape de monétisation (Mt. Gox) et inspirer toute une industrie d'imitateurs parce que ce qu'il faisait était tellement transformateur - ce que nous avons vu avec les shitcoins.
Cette évolution s'accompagne d'un grand nombre de spéculations, jusqu'à ce que nous atteignions finalement une part suffisamment importante de la capitalisation totale du marché ou de la liquidité pour que puisse s'effectuer une transition vers le nouveau paradigme.
Nous sommes en plein milieu de la mini-Úre de spéculation de cette premiÚre génération, ou de la phase d'infection des débuts de Bitcoin.
Alors que certains d'entre nous, les radicaux, considĂšrent et utilisent le bitcoin comme de l'argent et comme notre unitĂ© de compte, le reste du monde le considĂšre gĂ©nĂ©ralement comme un actif spĂ©culatif, ou quelque chose avec laquelle on  tradeÂ
pour obtenir encore davantage de dollars. Ce n'est pas pour rien que Bitcoin est corrĂ©lĂ© aux marchĂ©s, et mĂȘme s'il y a des signes de dĂ©couplage, il est encore tĂŽt et les gens continueront Ă court terme Ă le considĂ©rer comme un actif  à risqueÂ
.
Certains qualifient cette situation de  mauvaiseÂ
et affirment qu'elle trahit la promesse initiale de Bitcoin, mais je pense qu'ils passent à cÎté de l'essentiel. L'argent fait tourner le monde, et jamais plus que dans le monde moderne et matériel dans lequel nous vivons.
Par consĂ©quent, pour avoir le plus grand impact et assurer la symbiose la plus efficace, Bitcoin doit ĂȘtre un animal Ă©conomique et financier. Pour rĂ©parer la dĂ©bauche financiĂšre, Bitcoin doit englober la dĂ©bauche et ensuite, lentement, comme un virus (mĂȘme si dans le cas de Bitcoin, il s'agit plutĂŽt d'un anti-virus), infecter les hĂŽtes et commencer Ă les changer.
L'allongement de la prĂ©fĂ©rence temporelle et derriĂšre, l'adaptation et la maturation du comportement des gens sont un exemple frĂ©quent de cet effet. Pour en savoir plus, consultez l'article de Saifedean Ammous dans l'Ă©dition autrichienne du Bitcoin Times :  Making Time Preference Low AgainÂ
.
Voilà , c'est ça : nous sommes dans la premiÚre génération, sur une période de 20 ans. Nous en sommes à 15 ans et nous sommes sur la bonne voie. Il nous reste encore cinq ans avant d'entrer dans la prochaine génération, et au cours de ces cinq années, nous assisterons à deux nouveaux halvings, à une énorme activité de spéculation et à une véritable accélération vers l'état de liquidité ou de saturation de la capitalisation du marché que j'ai mentionné plus tÎt.
Dans le mĂȘme temps, en coulisses, des choses se seront construites pour prĂ©parer le terrain Ă la prochaine gĂ©nĂ©ration. Ce qui nous amĂšne bien sĂ»r Ă cette...
DEUXIĂME GĂNĂRATION : L'ĂTAPE DE L'INFRASTRUCTURE
Imaginez que vous ĂȘtes nĂ© en 2009, la mĂȘme annĂ©e que Bitcoin.
Vous grandissez et devenez adulte dans un monde oĂč Bitcoin a toujours existĂ©. Pour vous, en tant qu'enfant, il va de soi que l'argent est une chose numĂ©rique, et l'idĂ©e compliquĂ©e d'ouvrir un compte en banque ou de se promener avec des billets imprimĂ©s et des cartes en plastique vous est Ă©trangĂšre ou vous semble Ă©trange.
En 2029, vous allez avoir 20 ans et peut-ĂȘtre que la spĂ©culation ne vous a pas encore vraiment effleurĂ© l'esprit. Peut-ĂȘtre voyez-vous plutĂŽt un problĂšme Ă rĂ©soudre et considĂ©rez-vous simplement Bitcoin comme un outil pour vous aider Ă le rĂ©soudre.
Gardez Ă l'esprit qu'Ă ce stade, le prix du bitcoin serait nettement plus Ă©levĂ© et sa volatilitĂ© plus faible. Des Ă©lĂ©ments comme le Lightning Network seront plus avancĂ©s, ainsi que d'autres protocoles en surcouche ancrĂ©s sur Bitcoin. En tant que tel, vous considĂ©rez toute cette infrastructure Ă©mergente comme une boĂźte Ă outils et non comme un actif spĂ©culatif. En fait, vous pouvez considĂ©rer d'autres choses de la mĂȘme maniĂšre et choisir de jouer avec elles, mais parce que a) le bitcoin a mĂ»ri et que la volatilitĂ© s'est un peu attĂ©nuĂ©e, et b) de nombreux services proposent dĂ©sormais le bitcoin comme option de financement, vous dĂ©cidez que c'est la norme par rapport Ă laquelle vous mesurerez vos gains. Ce n'est plus l'actif spĂ©culatif qui prime.
Il est mĂȘme possible que vos parents aient Ă©tĂ© des bitcoiners de la premiĂšre gĂ©nĂ©ration et qu'ils vous aient enseignĂ© les principes ou transmis Bitcoin et que vous ayez grandi immergĂ© dedans. Ainsi, non seulement Bitcoin est quelque chose qui a toujours existĂ©Â
pour vous mais c'est aussi quelque chose que vous comprenez profondément.
Il ne s'agit pas non plus d'idées farfelues, compte tenu de l'époque dans laquelle vous avez grandi. Imaginez comment vous et ceux de votre génération verront Bitcoin et comment vous l'utiliserez. ComplÚtement différemment, oui.
C'est pourquoi je considĂšre la prochaine Ă©tape comme celle de l'outillage ou de l'infrastructure. Ă cette Ă©poque, le bitcoin quittera enfin les spĂ©culateurs pour entrer dans le cĆur, l'esprit et les mains des bĂątisseurs.
Les jeunes de 20 ans qui lĂšveront des capitaux et crĂ©eront des entreprises Ă cette Ă©poque utiliseront Bitcoin, Lightning et d'autres couches comme des outils qui leur donneront un tel avantage dans le monde que nous verrons toute une gamme de produits et de services qui intĂšgreront l'argent dans leurs opĂ©rations, de la mĂȘme maniĂšre que la communication a Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e dans tout ce que nous utilisons aujourd'hui.
Les incitations Ă©volueront de telle sorte que le fait d'avoir Bitcoin et ses surcouches dans votre boĂźte Ă outils vous donnera des super-pouvoirs.
Mais... gardez Ă l'esprit que pendant une grande partie de cette Ăšre, la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente tiendra encore les cordons de la bourse. Il y aura toujours un Ă©lĂ©ment culturel et normatif qui considĂ©rera Bitcoin comme Ă©tranger ou spĂ©culatif et qui, malgrĂ©  tout ce qui se passeÂ
, se battra encore pour s'accrocher au passé.
Cette époque sera celle du choc entre les nouveaux bùtisseurs et les bitcoiners de la premiÚre génération, d'un cÎté, et l'élite résiduelle de l'ancien monde qui possÚde encore une grande partie de la richesse fiduciaire (actions, obligations, propriétés, entreprises, shitcoins, etc.) Les bitcoiners de la premiÚre et de la deuxiÚme génération, en particulier au début de cette Úre, seront encore en infériorité numérique. Mais bien sûr, aucun grand homme n'a jamais renoncé à se battre, quelles que soient les circonstances.
Si l'on prolonge cette période de 20 ans, jusqu'en 2049, je ne pense pas qu'aucun d'entre nous puisse imaginer le type d'infrastructure, de produits et de services qui en résulteront, ni l'ampleur du changement qui s'ensuivra. Ce qui m'amÚne bien sûr à la...
TROISIĂME GĂNĂRATION : LE STADE DE L'ADOPTION MASSIVE
C'est la gĂ©nĂ©ration de l'adoption massive. C'est lĂ que les enfants de nos enfants atteindront l'Ăąge adulte. Ils n'auront vraiment pas connu un monde dans lequel Bitcoin n'existait pas et pourraient mĂȘme entrer dans l'Ăąge adulte sans savoir ce qu'Ă©tait la monnaie fiduciaire.
à la fin de cette Úre, les derniers vestiges de notre génération commenceront à s'éteindre et le ruban adhésif qui maintenait l'ancienne infrastructure en place cédera. La cité de la monnaie fiduciaire sera abandonnée. Nous entrerons dans la phase d'adoption par le grand public.
Vous vous dites peut-ĂȘtre : Â Mais non ! Ăa se passera bien plus vite parce que... regardez toutes les technologies qui seront construites d'ici lĂ Â
.
Ă quoi je vous rĂ©pondrais :  Bien sĂ»r, beaucoup de technologies seront construites Ă ce moment-lĂ , mais je suis presque certain qu'un nombre important de personnes hĂ©siteront encore Ă vendre leur maison, leur voiture, leurs produits ou leurs services pour de l'argent magique sur InternetÂ
.
Ce nombre aura considérablement diminué, mais si vous pensez que les gouvernements, les grandes entreprises et les personnes qui ont réussi dans la vie grùce à un seul mode de fonctionnement vont tout miser et faire confiance à une monnaie vieille de 40 ans plutÎt qu'à des choses comme la forme de propriété qui existe depuis des milliers d'années, alors vous vous faites des illusions.
Bitcoin est la voie Ă suivre, mais la richesse doit d'abord changer de mains et cela prendra du temps. C'est pourquoi je pense que c'est Ă la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration qu'adviendra la phase d'adoption massive. Elle arrivera Ă l'Ăąge adulte dans un monde oĂč nous disposerons d'une technologie financiĂšre supĂ©rieure et d'une infrastructure Ă©conomique qui permettra aux gens d'utiliser Bitcoin comme capital. Il s'agit de la forme de capital la plus liquide, la plus largement accessible, la plus significative et la plus fiable qui soit.
Si l'on se place en 2069, le monde sera complĂštement diffĂ©rent. C'est Ă ce moment-lĂ que Bitcoin arrivera vraiment Ă maturitĂ©. C'est le moment oĂč la monnaie fiat sera supprimĂ©e, mourra ou deviendra une relique du passĂ©, tandis que Bitcoin deviendra Ă la fois une infrastructure de rĂšglement mondiale et la monnaie mondiale.
C'est le moment oĂč Bitcoin ou un protocole en surcouche ancrĂ© dans Bitcoin fera partie intĂ©grante de presque toutes les applications technologiques utilisĂ©es par des personnes du monde entier.
Ă ce stade, Bitcoin ne sera plus le virus ; il se sera uni Ă un nouvel hĂŽte et mĂȘme l'aura crĂ©Ă©.
Je ne sais pas ce qui se passera ensuite. Mais il est passionnant d'y penser. Nous serons alors dans un tout nouveau paradigme.
POUR LES ENFANTS DE NOS ENFANTS
Vous remarquerez que mes certitudes sur ce qui se passera à chaque étape diminuent au fur et à mesure que l'on s'éloigne dans le temps. Je suis assez sûr de ce que nous réservent les cinq prochaines années, et j'ai un certain niveau de confiance pour au moins la premiÚre moitié de la deuxiÚme Úre, mais au-delà , je ne peux que supposer et donner les grandes lignes de ce qui est probable.
C'est parce que je suis un humain et que les humains sous-estiment toujours les effets composĂ©s, alors que Bitcoin est sujet Ă plus d'effets composĂ©s que pratiquement tout ce que nous connaissons (au moins en tant qu'actif, si ce n'est mĂȘme pour d'autres choses). Ă chaque jour qui passe, Ă chaque nouveau satoshi dĂ©tenu par chaque nouvel utilisateur, Ă chaque nouveau mineur qui se branche, Ă chaque nouveau commerçant qui accepte Bitcoin, Ă chaque nouveau nĆud qui fonctionne et Ă chaque nouveau canal Lightning qui s'ouvre, Bitcoin se compose et se dĂ©veloppe.
Aucun d'entre nous n'est prĂȘt Ă affronter ce que cela signifie pour trois gĂ©nĂ©rations entiĂšres et, malheureusement, beaucoup d'entre nous ne vivront pas assez longtemps pour le voir. Mais c'est le sort qui nous est Ă©chu !
Notre génération a reçu le cadeau de pouvoir compter parmi les pÚres fondateurs d'un monde nouveau, mais aussi la malédiction d'endurer un monde de clowns pour prix de ce privilÚge. Bien que nous ne puissions pas vraiment profiter des fruits de ce travail, nous aurons été la génération qui restera dans les livres d'histoire comme celle qui a tout changé.
Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais c'est un marchĂ© qui vaut la peine d'ĂȘtre conclu.
Les bitcoiners de la premiÚre génération sont comme ceux qui ont posé les fondations et les premiÚres pierres des cathédrales de l'Antiquité et de l'époque féodale. Ils ne vivront jamais assez longtemps pour voir ces structures achevées, mais ils resteront à jamais dans les mémoires en tant que fondateurs.
Et qui sait ? Peut-ĂȘtre regarderons-nous depuis l'autre monde et admirerons-nous ce que nous avons fait, comme ces grands qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s l'ont fait pour leurs crĂ©ations.
Je n'en sais rien.
Ce qui compte, et je vous laisse sur ce point, c'est de reconnaßtre que Bitcoin est un phénomÚne pluri-générationnel. Ce n'est pas Google, Apple, Facebook, Twitter, un smartphone, PayPal, Visa, une action ou une simple marchandise. Il est bien plus important que tous ces éléments réunis et, en raison de son importance fondamentale, il faudra du temps pour que les gens l'adoptent.
Il faudra quelques gĂ©nĂ©rations pour que cela se normalise. Il faudra que nous mourions pour qu'il atteigne son potentiel - non pas que nous devions ĂȘtre fusillĂ©s, mais notre gĂ©nĂ©ration doit cĂ©der la place Ă la suivante et Ă la suivante pour que le nouveau paradigme s'installe vraiment. Une fois que nous aurons disparu, Bitcoin s'Ă©panouira vraiment.
J'espĂšre que vous garderez cela Ă l'esprit lorsque vous penserez Ă Bitcoin.
Nous devons faire attention Ă ne pas projeter sur lui des courbes d'adoption de la technologie et, en cas de dĂ©ception, tenter de le bricoler. Ce qui n'est pas cassĂ© n'a pas toujours besoin d'ĂȘtre rĂ©parĂ© ou mis Ă jour et, en fait, la principale caractĂ©ristique de Bitcoin est peut-ĂȘtre le fait qu'il ne changera pas, ou trĂšs peu, sur les Ă©chelles de temps que j'ai Ă©voquĂ©es dans cet essai.
Si les rÚgles de consensus de Bitcoin sont restées inchangées et qu'il reste tick-tock, next block'd pendant trois, quatre, cinq décennies, alors les gens auront naturellement développé ce qui compte le plus pour une nouvelle norme et un nouveau paradigme socio-économiques : la confiance.
Et mĂȘme si les bitcoiners dĂ©testent ce mot, la confiance est importante - la vĂ©ritĂ© est que l'on fait le plus confiance Ă ce que l'on peut vĂ©rifier. C'est pourquoi Bitcoin sera en fin de compte la couche monĂ©taire, Ă©conomique et de communication la plus fiable de la planĂšte, aprĂšs quelques gĂ©nĂ©rations.
TrÚs réguliÚrement je montre mes prises de positions ichimoku en temps réel sur twitter (et parfois facebook) . En particulier mes prises de positions intraday ou trading de trÚs court terme. Ce matin j'ai détecté un signal d'achat sur la paire EURUSD pour du trading de trÚs court terme. Vous pourrez voir l'annonce de ma premiÚre prise de position sur mon twitter ici ...
Fort rebond du Bitcoin ce dimanche aprÚs l'intervention des autorités américaines garantissant aux clients des banques en faillite l'accÚs à leurs dépÎts. En ce lundi matin, doit on pour autant se ruer à l'achat de la reine des cryptos ? Si vous observez le graphique daily ci-dessous habillé de l'ichimoku vous constaterez que les prix n'ont pas ...
Pour investir en bourse qu'il s'agisse d'investissement de long terme ou d'investissement en swing trading peut on considĂ©rer que l'analyse technique est plus importante que l'analyse fondamentale ? A moins que se soit le contraire ? Peut ĂȘtre sont elles complĂ©mentaires et qu'un investisseur ne devrait jamais se fier Ă l'une sans tenir compte de l'autre ? Personnellement ...
A quelques jours seulement de la clÎture trimestrielle, je recherche des opportunités d'investissement en actions européennes et américaines ou ETF. Déjà au mois de septembre en clÎture trimestrielle nous avions eu de magnifiques opportunités que j'avais partagé avec vous. Il est assez rare d'avoir des actions, ETF ou indices en tendance haussiÚre qui offrent ...
Parmi les arguments pré-cuits contre Bitcoin, la critique institutionnelle fournit une large gamme autour d'une idée simple : la monnaie étant une institution (sociale ou politique, tous les glissements sont permis) sa gestion revient naturellement, et finalement exclusivement, aux institutions.
Et ceci est supposĂ© d'autant plus convaincant que ces institutions sont dites  lĂ©gitimesÂ
c'est Ă dire bĂ©nies jadis par Dieu et aujourd'hui par un scrutin, ce qui fait qu'on les prĂ©sente comme naturellement Ă mĂȘme de transfĂ©rer Ă la monnaie ce caractĂšre de lĂ©gitimitĂ© rĂ©elle ou supposĂ©e.
Or nous vivons actuellement une crise qui questionne assez frontalement ladite  lĂ©gitimitĂ©Â
. Les sophismes émis presqu'au rythme de la planche à billets ne témoignent plus guÚre que de l'inconfort des dirigeants. Quelle conséquence cela peut-il avoir pour la monnaie ?
De Youl à Pascal Boyart, les artistes proches de la communauté Bitcoin ont, comme beaucoup d'autres, déjà réinterprété le drapeau brandi deux siÚcles plus tÎt par la Liberté de Delacroix, lors d'un épisode insurrectionnel ayant opéré un déplacement (minime d'ailleurs) de légitimité et un changement d'effigie sur les piÚces de monnaie.
La fresque de Boyart (rapidement effacĂ©e) frappait par son horizontalitĂ©. En y ajoutant des feux d'Ă©meutes, il assumait ce que les gouvernants dĂ©noncent toujours avec la mĂȘme indignation feinte et les mĂȘmes mots usĂ©s : l'inĂ©vitable violence des spasmes rĂ©volutionnaires.
Parlons-en, avant de revenir à Bitcoin, révolution pacifique.
Qu'en fut-il lors de l'Ă©pisode historique qu'illustra Delacroix ?
La soulĂšvement de 1830 me semble, dans le riche vivier de rĂ©fĂ©rences que fournit l'Histoire de France, le plus comparable Ă celui du  passage en forceÂ
auquel le gouvernement s'est livrĂ© en mars 2023 : il fut dĂ» aux  OrdonnancesÂ
prises le 25 juillet 1830 par le roi Charles X sur la base de l'article 14 de la Charte de 1814 et qui provoquĂšrent les  Trois glorieusesÂ
journées des 27, 28 et 29 juillet, la fuite du roi et son remplacement par son cousin Louis-Philippe au terme d'une révolution quelque peu confisquée par la bourgeoisie.
Petit rappel pour ceux de mes amis qui ont fait plus de math ou de code que d'histoire :
 appelle librement au trĂŽne de France Louis-Stanislas-Xavier de France, frĂšre du dernier Roi: en toute logique il devrait donc ĂȘtre Louis XVII
 roi des Françaisselon la constitution de 1790 ;
 Louis XVIII par la grĂące de Dieu roi de FranceÂet en octroyant une Charte de son cru ;
Bref : comme notre propre Constitution dont les origines furent douteuses (menace de putsch ou coup d'Ătat du 13 mai 58 ; loi constitutionnelle dĂ©rogatoire du 3 juin ; rĂ©daction par des instances informelles plutĂŽt occultes) et dont l'esprit est franchement autoritaire, la mise en oeuvre et la pratique de la Charte octroyĂ©e de 1814 finirent par Ă©tablir une forme de consensus. Ce qui aprĂšs tout est l'essentiel pour pouvoir dire qu'un texte qui est toujours, fatalement, un texte de circonstances reprĂ©sente  nos institutionsÂ
et ceci malgré le passage du temps.
Dans un pays et dans une Ă©poque oĂč la contestation populaire cherche ses voies via les chansonniers ou les graffitis sur les murs, l'effigie du roi, qui est dans toutes les bourses, offre une cible facile et presque inĂ©vitable : ce  portrait officielÂ
est souvent le seul dont on dispose. En 1791, ce serait - selon ce qui a toute chance d'ĂȘtre une lĂ©gende forgĂ©e peu de jours aprĂšs - grĂące Ă son effigie que le frĂšre aĂźnĂ©, Louis XVI, aurait Ă©tĂ© reconnu et arrĂȘtĂ© lors de sa fuite.
DĂšs le commencement de son rĂšgne, la figure de Charles X va ĂȘtre sapĂ©e par un raccourci : il est le  roi-jĂ©suiteÂ
, comme deux siĂšcles plus tard M. Macron sera le  prĂ©sident des richesÂ
. Cela s'exprime sur de trÚs nombreuses piÚces de monnaie. Notez que si certaines sont des vraies (en argent, donc avec une valeur intrinsÚque et quelques petits coups de stylet pour graver la calotte) d'autres sont d'authentiques faux, si l'on peut dire, réalisés en métal vil mais avec un véritable travail d'artiste.
Ce roi qui a tĂŽt perdu la bataille de l'opinion ne rĂ©siste cependant pas Ă la tentation d'un passage en force en s'appuyant sur une interprĂ©tation trĂšs hasardeuse de la Charte. Charles X estime qu'il applique le principe de « sĂ»retĂ© de l'Ătat » (article 14) pour diminuer la libertĂ© de la presse. Les opposants brandissent l'article 8 qui Ă©nonce clairement que : « les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions, en se conformant aux lois qui doivent rĂ©primer les abus de cette liberté ». Trois jours d'Ă©meute tranchent le diffĂ©rend.
Le nouveau roi, cousin du prĂ©cĂ©dent, est prĂ©sentĂ© comme un  roi citoyenÂ
. En réalité c'est une combine à lui tout seul. Il n'est pas légitime pour les royalistes, il n'est pas légitime pour les démocrates : il est seulement commode pour les bourgeois comme Thiers (qui sera président 40 ans plus tard, un malin reste un malin). La forme de son visage, sans grande noblesse (ce que d'aucuns suggÚrent aussi de son tempérament) lui vaut le sobriquet de poire, et les monnaies du temps en portent aussi les stigmates.
Ainsi, drapeau blanc ou tricolore (aprĂšs 1830), roi de France ou des Français, toutes ces subtilitĂ©s juridiques, toutes ces  valeursÂ
comme diraient nos dirigeants actuels, ne modifient guĂšre le scepticisme goguenard ou la rage frondeuse qui, selon les circonstances, forment le fond de l'humeur populaire en France et notamment Ă Paris.
Qu'en dire aujourd'hui ?
La RĂ©publique est une chose ambigĂŒe car celle qu'invoque le gouvernement n'est gĂ©nĂ©ralement pas celle Ă laquelle pense l'homme de la rue.
Les premiers ne se gĂȘnent d'ailleurs pas pour parler, dans un dĂ©cor largement inchangĂ© depuis l'Ancien RĂ©gime, de choses  rĂ©galiennesÂ
â comme la monnaie par exemple â sans bien comprendre que, dans les yeux de beaucoup, ils sont simplement les occupants du jour, posĂ©s sur un fauteuil qui reste un trĂŽne.
En quatre décennies, les progrÚs du traitement de l'image n'ont pas apporté grand chose au thÚme du président-roi.
Il est clair cependant que l'invocation de la révolution a dépassé la mise en cause du faste (dit républicain par ses bénéficiaires) et de la morgue présidentielle pour en revenir à ce qui, dans l'esprit des gens, reste le coeur du déchirement républicain : l'insurrection et, au bout du chemin, la guillotine pour les tyrans.
Bien loin d'avoir la  nostalgie du roiÂ
ils auraient plutĂŽt contre cette figure couronnĂ©e une rancune jadis incomplĂštement satisfaite. D'oĂč le slogan  on peut recommencerÂ
qui soulĂšve le haut-le coeur de ceux qui estiment que, depuis qu'ils sont en place, tout est Ă sa place.
La toile de Delacroix, rĂ©sumant Ă elle seule cette Ă©quivoque sur ce que RĂ©publique veut dire, peut se retrouver sur un billet de banque (le cĂ©lĂšbre 100 francs de 1979) et derechef sur une piĂšce de 100 F en argent (en 1993, pour le bicentenaire de l'artiste, non pour commĂ©morer l'Ă©vĂ©nement...) tandis que la mĂȘme gueuse Ă sein nu, quoiqu'ayant fait le tour de la presse internationale, se verra prestement effacĂ©e dĂšs qu'elle sort de son rĂŽle d'Ă©vocation aseptisĂ©e d'une histoire sagement figĂ©e au bĂ©nĂ©fice de l'ordre Ă©tabli.
Revenons Ă nos gros sous
Comme la LibertĂ© de Delacroix, la figure rhĂ©torique de la RĂ©publique n'a simplement pas le mĂȘme sens pour les uns et pour les autres et la fragile lĂ©gitimitĂ© qu'elle prĂ©tend transfĂ©rer aux institutions qui gĂšrent la monnaie (Banques Centrales, instances de rĂ©gulation, bureaux les plus divers) avec leurs rhĂ©toriques grandioses ( notre Ă©tat de droitÂ
) et leurs prĂ©tentions d'Ćuvrer au bien commun repose sur une base aussi fragile et aussi Ă©quivoque. Qui pense vraiment que les Banques Centrales sont indĂ©pendantes de tout le monde ? Des  200 famillesÂ
qui rĂ©gentaient la Banque de France Ă la grossiĂšre ploutocratie bancaire qui instrumentalise tout aujourd'hui, le spectacle n'a guĂšre besoin d'ĂȘtre dĂ©cryptĂ© comme diraient les journalistes.
 Contre nous de la tyrannieÂ
?
Il est certain que (pas davantage qu'aucun de ses prédécesseurs) M. Macron n'accepterait que l'on évoque son image en chantant ces mots. Il n'est pourtant écrit nulle part que les tyrans soient forcément et exclusivement des rois, ni qu'un processus plus ou moins encadré d'élection permette d'éviter la tyrannie, ni que l'existence d'un texte constitutionnel n'en prémunisse.
En tout cas ce n'est certainement pas ce que pensent le commun des mortels quand les événements attirent son attention sur ces graves problÚmes. Pour moi, j'incite ceux qui ont le temps à écouter ce qu'en dit Clément Viktorovitch, je ne saurais mieux dire.
Revenons en 1848, autre année de révolution confisquée et autre source de désillusion.
La mĂ©daille satirique ci-dessous montre une amusante sĂ©rie de coups de pieds dans le cul. D'abord l'ex-roi Louis-Philippe avec un chapeau abĂźmĂ©, magot Ă la main. Vient ensuite l'homme de fĂ©vrier 48, le poĂšte Lamartine reconnaissable Ă sa lyre puis le gĂ©nĂ©ral Cavaignac qui a commandĂ© la rĂ©pression dĂšs juin. La marche est close par Louis-NapolĂ©on Bonaparte, qui bat le prĂ©cĂ©dent Ă la prĂ©sidentielle de dĂ©cembre : il est reprĂ©sentĂ© avec les attributs de son oncle. Le tout est hĂ©las soulignĂ© d'une malheureuse prophĂ©tie : celui que l'on avait pris pour  un crĂ©tinÂ
allait rester lĂ 22 ans avec son effigie sur d'innombrables piĂšces d'or, d'argent et de billon...
Le revers de la médaille est tout cru et peut, en revanche, toujours servir d'avertissement.
La forme rĂ©publicaine du rĂ©gime actuel n'a jamais empĂȘchĂ©, en effet, les opĂ©rations  Îte-toi de lĂ Â
orchestrées par des officines et des coteries (comme le remplacement du roi de 1830 par son cousin) : trois présidents auront sans trop de mal imposé leur image de réformateur, et le récit épique de leur arrivée aux affaires comme un changement voire une rupture avec les précédents qui n'avaient rien fait : or qu'il s'agisse de Valéry Giscard d'Estaing en 1974, de Nicolas Sarkozy en 2007 ou de Emmanuel Macron en 2017, l'intéressé était ministre la veille ou l'avant-veille et avait exercé une influence sensible et durable sur les affaires.
Bref, comme le disait dĂ©jĂ un observateur en 1849, « plus ça change, plus câest la mĂȘme chose ».
Et la violence ?
Avec la dramaturgie de la violence au 19Ăšme siĂšcle, comme avec celle du scrutin de nos jours, le changement n'est jamais que, latĂ©ral, marginal, et le plus souvent dans le sens qui conforte la classe dominante. Mais, mĂȘme avec violence, le changement semble indiffĂ©rent Ă la monnaie, Ă sa nature, aux conditions de son Ă©mission, de sa conservation. Karl Marx ironisait ainsi sur les communards allant poliment demander une avance Ă la Banque de France au lieu de la rĂ©quisitionner. Sur cet Ă©pisode de 1871 il y a beaucoup Ă dire.
On peut penser que la majoritĂ© des membres de la Commune avaient la mĂȘme perception et la mĂȘme approche du problĂšme de la Banque de France, et qu'ils Ă©taient victimes de deux mythes toujours fort communs :
En Ă©crivant Bitcoin, la monnaie acĂ©phale Adli Takkal Bataille et moi Ă©crivions d'abord que  lâirruption dâune nouveautĂ© radicale permet un examen critique non moins radical de ce qui, sans solution alternative adĂ©quate, passait aisĂ©ment pour naturelÂ
. Nous ne dissimulions pas non plus que c'Ă©tait bien  du dĂ©but Ă la fin du livre, dâenlever lâeffigie des puissances tutĂ©laires et les majestueux profils des autoritĂ©s sur toutes sortes de mĂ©dailles quâil a Ă©tĂ© question, en commençant par la monnaie acĂ©phale !Â
(La Liberté de Youl) relire mon billet à son sujet
Certes Bitcoin est une révolution non violente. Mais la hargne constante que lui témoignent les dirigeants, les politiques et leurs thuriféraires comme leur volonté peu dissimulée de l'interdire, tranchent avec le constat désabusé que portait il y a plusieurs décennies maintenant l'humoriste préféré des Français et dont les événements actuels permettent de mesurer la pertinence.
A seulement 4 journées de la clÎture trimestrielle, ce graphique du Nasdaq future me plait beaucoup. Magnifique étoile du matin sur la kijun sen ichimoku avec avalement haussier (le bas du chandelier bleu de ce trimestre n'englobe pas entiÚrement la bougie précédente, mais en matiÚre de chandeliers japonais, comme je l'enseigne dans ma formation aux chandeliers japonais, il convient de ne pas ...
En ce début d'aprÚs midi comme je le fais trÚs souvent j'ai spontanément publié sur twitter (Suivez moi sur twitter ici Mon compte twitter ichimoku) un graphique du Nasdaq future en M15 J'ai tracé les niveaux en indiquant que c'était pour prépaprer mon trading de trÚs court terme La suite en image. La puissance des seuils ichimoku est vraiment incroyable !&nb ...
Comment bien utiliser ichimoku pour vos analyses techniques et pour construire vos plans de trading Voici les derniÚres vidéos que j'ai publié sur ma chaine YouTube consacrée à l'ichimoku kinko hyo. Vous pouvez aussi me suivre sur twitter ou je publie chaque jour plusieurs analyses et plans de trading avec leur suivi. Je répond aussi à toutes vos questions via ce réseau ...
Je ne ne donne pas de conseils en investissements et je ne diffuse pas de signaux de trading, nĂ©anmoins j'annonce rĂ©guliĂšrement sur twitter mes prises de positions via diffĂ©rents messages et j'en assure le suivi. Je fais de mĂȘme lors de me vidĂ©os de revues de marchĂ© actions pour mes investissements de long terme Je ne souhaite pas donner de conseils en investissement ni partager de signaux ...
Investir en bourse avec ichimoku Suite à la vidéo d'analyse technique que j'ai publié mardi 25 avril (voir la vidéo en bas de page), j'expliquais sur twitter que j'aime filtrer les conseils boursiers délivrés par les journaux spécialisés du genre le revenu ou investir par l'analyse technique. C'est une excellente méthodologie pour la pratique du ...