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Before yesterdayCrypto FR

La crypto décryptée

March 5th 2024 at 00:55
By: Joan

Table ronde avec Jacques Favier, Fauno et Daniel Villa Monteiro. OĂč ? – Dans les locaux de Cometh, 61 rue de Belles Feuilles Ă  Paris (mĂ©tro Victor Hugo) Quand ? – Mardi 5 mars de 19h00 Ă  21h00 En savoir plus : https://www.eventbrite.fr/e/billets-la-crypto-decryptee-comment-bien-apprehender-cette-classe-dactifs-821687087197

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Le bitcoin bat un nouveau record en euros

March 4th 2024 at 09:43

Le 10 novembre 2021 le bitcoin avait atteint les 59 600 €. Il dĂ©passe dĂ©sormais les 60 000  €. La nouveautĂ© de ce cycle c’est que Bitcoin, poussĂ© par les ETF, n’a pas attendu le halving pour se lancer dans une course folle. Le bitcoin aura atteint son ATH* en dollars lorsqu’il aura dĂ©passĂ© les 68 950 $. * ATH [
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Le 80Úme Repas , à Hoenheim le 28 février 2024

March 4th 2024 at 09:39

Retour aprĂšs deux ans au Cheval Noir, le magnifique Ă©tablissement que tient, dans un relais de poste de plus de 200 ans, notre ami bitcoineur Mathieu.

L’établissement, qui a dĂ©jĂ  bien du charme, offre la possibilitĂ© de payer en bitcoin, et en utilisant Ă©ventuellement le lightning network ce qu’ont fait plusieurs convives.

Avec une belle délégation « parisienne » du Cercle (en y comptant Adli pour faire masse) et une membre belge venue de Luxembourg, les convives étaient essentiellement de Strasbourg et alentours.

C’est Adrian Sauzade, nouveau prĂ©sident du Cercle du Coin  succĂ©dant Ă  Adli Takkal Bataille qui a prononcĂ© les mots de bienvenue et rappelĂ© les rĂšgles du Repas, prĂ©cisant, quant Ă  la 3Ăšme, qu’on ne se dispute pas non plus au sujet des Ordinals.

Tous ont apprécié le crémant, le Baeckeoffe ou la choucroute aux 3 poissons, le Munster Marikel, le vacherin glacé, le tout arrosé de vins du cru.

Les regards allaient toutefois souvent vers les tĂ©lĂ©phones (ou les montres connectĂ©es) pour surveiller le rallye du cours de Bitcoin, qui atteignait son ATH dans plusieurs devises. Le fait que cela intervienne avant le halving a donnĂ© lieu Ă  d’intĂ©ressantes comparaisons avec les bourgeons qui se dĂ©veloppent avant le printemps. Selon l’ami Jean-Luc de Bitcoin.fr « on n’est pas Ă  l’abri d’un coup de gel » !

Si donc, fort normalement, le cours de Bitcoin occupait pour une fois une part sensible des conversations (encore que tout le monde soit encore « là pour la tech ») on a aussi abordé de nombreux sujets tant cryptos que politiques. Ainsi les discussions ont abordé les protocoles de communication de maniÚre plus large et comment Bitcoin a boulversé la logique des protocoles informatiques.

L’évĂ©nement CryptoXR  d’Auxerre, le mois prĂ©cĂ©dent, a fait l’unanimité quant à  la qualité des confĂ©rences et au fait qu’elle soit accessible. On a abordĂ© le nouveau courant maximaliste (les anciens Ă©tant jugĂ©s plus modĂ©rĂ©s) ou les prochains objectifs du Cercle, notamment en ce qui viserait Ă  des propositions politiques acceptables.
Les anciens ont a aussi plongé le regard sur toutes les années passées :
Jean-Luc a fait l’historique de la crĂ©ation de Bitcoin.fr et Jacques celui de sa Voie du Bitcoin (bientĂŽt dix ans).
Les bruits de bottes ne rencontrent vraiment pas, chez les bitcoineurs, un trĂšs grand enthousiasme, mais l’on a parlĂ© guerre et politique, Russie et Tolstoi, vins d’Alsace et de Moldavie. Le vol des clĂ©s USB contenant les donnĂ©es de sĂ©curisation des Jeux Olympiques laissait gĂ©nĂ©ralement pantois.
Nombreux ont Ă©tĂ© ceux qui n’ont pu rĂ©sister Ă  la tentation des rhums arrangĂ©s par Mathieu, Ă  la mirabelle ou aux griottes et Ă  la cannelle.

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GAC : Portrait d’Andreas Antonopoulos

March 3rd 2024 at 23:25

RĂ©alisation : Guillaume Goualard pour Grand Angle Crypto

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Bitcoin Atlantis – Le live

March 3rd 2024 at 10:02
By: Joan

OrganisĂ©e par l’association FREE Madeira, la confĂ©rence Bitcoin Atlantis a dĂ©butĂ© le 1er mars. L’évĂšnement rĂ©unit jusqu’au 3 mars, au stade Barreiros de Funchal Ă  MadĂšre, des personnalitĂ©s bien connues des bitcoiners comme Michael Saylor, Jack Dorsey, Adam Back, Jack Mallers, Samson Mow, Alex Gladstein, Giacomo Zucco, Peter McCormack ou encore John Carvalho, pour discuter [
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Café Sapiens : Bitcoin a 15 ans

March 1st 2024 at 00:01

Webinaire organisĂ© par L’Institut Sapiens. Avec :– Olivier Babeau, PrĂ©sident de l’Institut, – Nathalie Janson, professeur associĂ© d’économie Ă  la NEOMA Business School, – Yorick de Mombynes, Conseiller rĂ©fĂ©rendaire Ă  la cour des comptes et expert en Bitcoin.

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L’ÉlĂ©gance de Bitcoin : un ouvrage singulier

February 21st 2024 at 10:00

En mars 2022 j'ai dĂ©cidĂ© d'Ă©crire un livre sur Bitcoin. Cela faisait quelques temps que l'idĂ©e me trottait dans la tĂȘte, ayant accumulĂ© un certain nombre de connaissances sur le sujet et voulant exposer clairement ce que j'avais compris. Vingt-et-un mois plus tard, non sans difficultĂ©, celui-ci Ă©tait terminĂ©. Il est sorti officiellement le 31 janvier 2024 et connaĂźt depuis un lancement encourageant !

Cet article est une présentation de cet ouvrage. Il en retrace sa longue conception, en expose le contenu général et dévoile quelques-uns des sujets abordés. J'espÚre ici convaincre les quelques personnes qui hésiteraient à se le procurer.

Un projet de longue haleine

L'idée de ce projet de livre m'est venue progressivement, mais elle s'est imposée dans mon esprit au cours de l'hiver 2021. La France était alors en proie à la dure restriction du passe vaccinal, ce qui m'avait un peu ouvert les yeux sur les possibilités d'évolution de notre société. Bitcoin représentait pour moi une sorte d'espoir, un outil de liberté sur lequel focaliser mon attention, et je voulais partager cette vision de maniÚre claire et complÚte. Ayant écrit plus d'une centaine d'articles sur le sujet et ayant traduit l'ouvrage Cryptoeconomics d'Eric Voskuil, j'estimais avoir la légitimité pour écrire ce livre. J'ai annoncé ma décision début mars, quelques semaines à peine aprÚs l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'application de sanctions économiques drastiques contre les résidents russes.

J'ai mis au point une campagne de financement participatif en bitcoins qui permettrait de payer pour le lancement du livre et de me rĂ©munĂ©rer pour quelques mois d'Ă©criture. Celle-ci a Ă©tĂ© mise en place sur mon propre nƓud grĂące Ă  Umbrel et BTCPay Server, et relayĂ©e via un VPS louĂ© (en BTC) chez BitLaunch. La campagne a Ă©tĂ© financĂ©e principalement en BTC, mais quelques contributions ont Ă©tĂ© aussi faites en XMR et en BCH, cryptomonnaies que j'acceptais manuellement. Diverses contreparties ont Ă©tĂ© promises aux contributeurs et ont depuis Ă  peu prĂšs toutes Ă©tĂ© honorĂ©es.

Le plan de l'ouvrage Ă©tait dĂ©jĂ  cohĂ©rent et il ne changerait pas significativement tout au long de la rĂ©daction. L'idĂ©e Ă©tait de dĂ©crire l'origine avant la destination, le pourquoi avant le comment, le gĂ©nĂ©ral avant le particulier, pour former un ensemble clair et complet. Le contenu n'Ă©tait pas destinĂ© aux nouveaux venus, mais devait tout de mĂȘme rester comprĂ©hensible pour le lecteur intĂ©ressĂ©. Le propos devait se diffĂ©rencier du contenu produit par les « influenceurs » qui, en gĂ©nĂ©ral, reste souvent Ă  la surface et se limite parfois au prix et Ă  l'investissement... Il Ă©tait ainsi nĂ©cessaire que les sujets soient traitĂ©s en profondeur, y compris d'un point de vue technique.

J'ai mis toute mon Ăąme dans ce livre. J'y ai placĂ© tout ce qui avait de l'importance pour moi, tout ce qui m'avait fascinĂ© dans Bitcoin, mĂȘme si certains sujets pouvaient ĂȘtre controversĂ©s ou complexes. J'ai essayĂ© d'ĂȘtre le plus sincĂšre dans ma dĂ©marche, en indiquant d'oĂč venait ce que j'avançais : l'ouvrage contient ainsi une multitude de rĂ©fĂ©rences dissĂ©minĂ©es au sein de centaines de notes (Ă  tel point que des notes supplĂ©mentaires ont dĂ» ĂȘtre extraites et ĂȘtre hĂ©bergĂ©es en ligne). Cet ouvrage est aussi un tĂ©moignage de ma relation avec Bitcoin, notamment dans la conclusion (chapitre 15) oĂč je donne un avis plus personnel et oĂč j'Ă©mets quelques prospectives sur Bitcoin.

Au cours de la rĂ©daction, le contenu a pu ĂȘtre amĂ©liorĂ© grĂące aux diverses relectures bĂ©nĂ©voles. Je remercie grandement ceux qui ont acceptĂ© de relire un chapitre ou deux pour me signaler ce qui n'allait pas, au niveau de la forme ou du fond. Ils sont citĂ©s au dĂ©but du livre. Cet aspect m'a fait prendre conscience que l'Ă©criture d'un livre n'Ă©tait pas une tĂąche strictement individuelle : c'est un travail menĂ© par une personne unique, certes ; mais celui-ci dĂ©pend du retour et du soutien d'autres personnes. Je n'aurais jamais pu Ă©crire ce livre seul.

Assez rapidement, j'ai eu quelques contacts avec des Ă©diteurs. J'ai finalement choisi la maison d'Ă©dition spĂ©cialisĂ©e Konsensus Network pour m'aider Ă  publier l'ouvrage. Elle Ă©tait constituĂ©e de bitcoineurs passionnĂ©s et proposait le paiement en bitcoins directement dans sa boutique, deux choses essentielles de mon point de vue. J'ai notamment Ă©tĂ© en communication avec Édouard Gallego qui m'a grandement aidĂ© dans le processus (et que je remercie infiniment).

Enfin, il m'a Ă©tĂ© conseillĂ© de trouver quelqu'un qui pourrait Ă©crire une prĂ©face, car (on ne va pas se mentir) cet Ă©lĂ©ment peut faciliter les ventes. La prĂ©face sert en effet de caution intellectuelle, garantissant une certaine qualitĂ© du propos auprĂšs du public, une sorte de validation par un pair utile au discernement individuel. J'ai ainsi dĂ» chercher un prĂ©facier. C'Ă©tait une chose dĂ©licate car, de mon point de vue, la personne devait Ă  la fois m'avoir appris quelque chose (je devais lui ĂȘtre redevable) et apprĂ©cier le livre, au moins partiellement. Mon choix s'est portĂ© vers Jacques Favier, historien et co-fondateur du Cercle du Coin, que j'avais dĂ©couvert en 2017 par l'intermĂ©diaire d'une vidĂ©o de Raj de la chaĂźne Autodisciple, et dont j'avais lu l'ouvrage La Monnaie acĂ©phale co-Ă©crit avec Adli Takkal-Bataille. Jacques est quelqu'un que j'estime et dont j'apprĂ©cie les interventions orales comme Ă©crites, ainsi que les multiples livres. Il a une culture historique que je n'aurais probablement jamais et est d'une finesse remarquable quand il s'agit de parler de Bitcoin.

En octobre 2023, je lui ai formulĂ© ma demande, escomptant qu'il serait ouvert Ă  la chose, et il a acceptĂ© de relire mon manuscrit. Je savais qu'il n'apprĂ©cierait pas tout le contenu du livre, et notamment ses penchants les plus « libĂ©raux » et « autrichiens », mais j'espĂ©rais qu'il y trouverait des points qui lui plairaient. Il a finalement acceptĂ©. Il a rĂ©digĂ© une superbe prĂ©face, avec le talent d'Ă©criture que ses lecteurs lui connaissent. Le fait que nous ayons des points de vue diffĂ©rents n'est Ă  mon avis pas un dĂ©faut, d'autant plus que j'ai voulu m'adresser Ă  tout le monde. MĂȘme s'il existe Ă©videmment des opinions erronĂ©es au sujet de Bitcoin, la diversitĂ© des points de vue est une richesse qu'il convient de cultiver. Tout comme dans la cĂ©lĂšbre fable indienne oĂč des aveugles touchent chacun une partie diffĂ©rente d'un Ă©lĂ©phant et dĂ©crivent l'animal d'une façon diffĂ©rente, nous avons tous notre perspective de Bitcoin qui peut ĂȘtre valable et complĂ©mentaire par rapport aux autres, Ă  condition d'ĂȘtre de bonne foi.

Un contenu riche

Le livre a pour objectif de donner une vue d'ensemble de Bitcoin, à la fois sous des perspectives technique, historique, économique et politique. Tout d'abord, j'aborde l'histoire de Bitcoin de ses origines en 2008 à aujourd'hui (chapitres 1 et 2). Puis, j'évoque ses racines proprement dites en explorant ses fondements monétaires, politiques et techniques et en retraçant comment il s'inscrit dans une évolution déterminée (chapitres 3, 4, 5 et 6). Ensuite, je présente son modÚle de fonctionnement général, qui est plutÎt simple quand on y pense mais terriblement efficace, en décrivant tour à tour la signature numérique, le minage et la détermination du protocole (chapitres 7, 8, 9, 10, 11). Enfin, je rentre dans les détails plus techniques en m'attardant sur les rouages de Bitcoin et en abordant des thÚmes tels que la confidentialité, la programmabilité et la scalabilité (chapitres 12, 13, 14).

Table des matiÚres élégance de Bitcoin
Table des matiĂšres (cliquer pour agrandir)

Le contenu est donc trĂšs riche et saura contenter les plus curieux. Les sujets abordĂ©s dans le livre sont des sujets rĂ©els, profonds, et parfois complexes, qui sont rarement abordĂ©s dans les mĂ©dias gĂ©nĂ©ralistes. On alterne entre les idĂ©ologies politiques, les solutions techniques, l'utilitĂ© du systĂšme, la censure des transactions, l'altĂ©ration des rĂšgles de consensus ou les frais de transaction. Il ne s'agit pas de convaincre le lecteur d'« investir » dans le bitcoin, mais de lui faire prendre conscience des enjeux qui s'incarnent au sein mĂȘme de Bitcoin et de la bataille de la monnaie numĂ©rique qui se joue aujourd'hui mĂȘme.

Le titre de l'ouvrage – qui Ă©tait Ă  l'origine provisoire, mais qui s'est imposĂ© comme dĂ©finitif avec le temps – reflĂšte l'Ă©lĂ©gance rare qui caractĂ©rise la conception de base de Bitcoin. Dans le propos, cette Ă©lĂ©gance est en filigrane : vous ne trouverez pas de grand discours philosophique sur la beautĂ© ou de rĂ©cit grandiloquent Ă  propos d'une expĂ©rience mystique, mais vous pourrez ressentir cette Ă©lĂ©gance Ă  travers la façon dont Bitcoin est agencĂ©. Bitcoin tire sa force de cet aspect. Sa simplicitĂ© est Ă  la base de sa robustesse : comme l'Ă©crivait Satoshi Nakamoto dans le livre blanc, « le rĂ©seau est robuste du fait de sa simplicitĂ© non structurĂ©e ».

L'image de couverture (conçue par le talentueux ImTechnicolor) reprĂ©sente Bitcoin en tant qu'arbre dont les branches sont des pistes de circuit imprimĂ© et dont les feuilles sont des pastilles. Elle combine ainsi la nature informatique du systĂšme, qu'on retrouve dans le rĂ©seau qui le supporte, et son aspect organique, liĂ© aux ĂȘtres humains et Ă  leurs interactions Ă©conomiques et culturelles. De plus, cette illustration rĂ©sumĂ© particuliĂšrement bien les diffĂ©rents thĂšmes abordĂ©s dans l'ouvrage : les racines techno-idĂ©ologiques de Bitcoin retraçant ce qui a pu mener Ă  sa dĂ©couverte ; son caractĂšre essentiellement pluriel, qui se transcrit dans les diffĂ©rentes scissions et les versions alternatives du protocole ; sa chaĂźne de blocs, que Satoshi dĂ©crivait comme « une structure en forme d’arbre qui a pour racine le bloc de genĂšse, chaque bloc pouvant avoir plusieurs candidats Ă  sa suite » ; et enfin les arbres de Merkle, qui interviennent dans les blocs pour agencer les transactions. J'en suis particuliĂšrement satisfait.

Une perspective différente

Beaucoup de contenu sur Bitcoin se concentre sur les choses qui plaisent au grand public. Le nerf de la guerre numérique étant l'attention, il faut aborder les sujets de maniÚre péremptoire et simpliste, qui parle au plus grand nombre sans trop le bousculer. Il convient ainsi bien souvent d'évoquer le pouvoir d'achat de nos monnaies qui s'érode et le prix du bitcoin qui monte en conséquence, dans une vision schématique du phénomÚne. En général, on ne cherche pas trop à revenir sur les racines cypherpunks de Bitcoin, ni à mettre en avant qu'il permet de contrevenir à la loi positive ou de s'adonner à certains vices. On évite également de parler de ses faiblesses et de ses limites, voulant convaincre autrui d'en acheter un peu.

Étant anticonformiste, je m'oppose Ă  cette vision des choses, qui a ses mĂ©rites (je le concĂšde) mais qui ne cadre pas avec ce que Bitcoin vĂ©hicule. Je pense qu'il est profitable de dire ce qui nous semble ĂȘtre la vĂ©ritĂ© de maniĂšre crue et directe, quitte Ă  dĂ©plaire aux plus modĂ©rĂ©s. Cet ouvrage a Ă©tĂ© Ă©crit dans cette optique et de multiples sujets polĂ©miques sont abordĂ©s. En voici quelques-uns.

Bitcoin possĂšde des racines idĂ©ologiques profondes. Bitcoin n'est pas un assemblage technique neutre, mais possĂšde des valeurs qui sont inscrites dans le code du logiciel, qui peuvent ĂȘtre identifiĂ©es dans les Ă©crits de son fondateur et qui se retrouvent au sein de sa communautĂ©. La valeur principale est bien entendu la libertĂ©, le but de Bitcoin Ă©tant, comme l'Ă©crivait Satoshi, de « conquĂ©rir un nouveau territoire de libertĂ© pour plusieurs annĂ©es ». Parmi les mouvements qui ont influencĂ© la dĂ©couverte de Bitcoin, on peut citer le libertarianisme amĂ©ricain moderne initiĂ© par Murray Rothbard dans les annĂ©es 60, l'agorisme de Samuel Konkin III, le mouvement libriste dĂ©butĂ© par Richard Stallman dans les annĂ©es 80, l'extropianisme transhumaniste de Max More, et le mouvement cypherpunk des annĂ©es 90 reprĂ©sentĂ© par Tim May. Les expĂ©riences de monnaies numĂ©riques forment aussi une indication de la longue quĂȘte qui a menĂ© Ă  la cryptomonnaie. Je ne suis Ă©videmment pas le premier Ă  parler de cette « prĂ©histoire » de Bitcoin : des livres ont Ă©tĂ© Ă©crits Ă  ce sujet – dont notamment Digital Cash de Finn Brunton et The Genesis Book d'Aaron van Wirdum, sorti trĂšs rĂ©cemment – et des Ă©pisodes de podcast y ont Ă©tĂ© consacrĂ©s – et en particulier les premiers Ă©pisodes de celui d'Urbantech.

L'argent liquide physique va disparaßtre. Tout comme la monnaie a transitionné de la monnaie métallique au papier-monnaie, celle-ci subit une transformation similaire en devenant peu à peu une monnaie entiÚrement numérique. Cette évolution est aujourd'hui en cours en Occident et devrait se finaliser dans les décennies à venir, sauf dans le cas d'une prise de conscience massive. Nous nous retrouverons dans un monde utilisant principalement de la monnaie numérique de banque centrale et ses dérivés privés, dans lequel le rÎle de l'argent liquide papier aura été rendu obsolÚte et négligeable. La surveillance et la censure financiÚres pourront se déployer comme jamais auparavant. Dans ce monde aux aspects dystopiques, Bitcoin formera une alternative cruciale pour la liberté.

Bitcoin est une monnaie de dĂ©sobĂ©issance. Bitcoin n'a d'utilitĂ© propre par rapport au dollar et Ă  l'euro que dans la mesure oĂč il existe en dehors des lois et de l'intervention des banques. Par sa rĂ©sistance Ă  la censure (aspect largement mis en valeur dans le livre), cet outil est fait pour dĂ©sobĂ©ir aux autoritĂ©s en charge, chose qui peut ĂȘtre jugĂ©e lĂ©gitime ou non. Il garantit la libertĂ© de transaction pour des activitĂ©s sensibles comme la libertĂ© d'expression, l'opposition politique dans les pays, l'envoi de fonds Ă  l'Ă©tranger, et plus gĂ©nĂ©ralement l'Ă©conomie parallĂšle.

L'adoption de masse n'aura pas lieu. L'adoption de masse du bitcoin est dĂ©sirable dans la mesure oĂč elle permettrait Ă  tous de disposer d'une monnaie libre, et empĂȘcherait les diverses manipulations monĂ©taires rĂ©alisĂ©es par les États et par les banques. C'est pour cela qu'elle est souvent prĂ©sentĂ©e comme un objectif Ă  atteindre, comme si les monnaies fiat pouvaient disparaĂźtre dans une hyperbitcoinisation fulgurante. Cependant, il est illusoire de croire qu'une telle adoption pourrait survenir du jour au lendemain, et tous ceux qui ont travaillĂ© sur le terrain peuvent en tĂ©moigner. L'utilisation de Bitcoin suppose des contraintes variĂ©es (comme la volatilitĂ© du pouvoir d'achat, les frais de transaction, le manque de scalabilitĂ© et la rĂ©glementation dissuasive), ce qui crĂ©e une barriĂšre Ă  l'entrĂ©e que tout le monde n'est pas prĂȘt Ă  franchir. La sobriĂ©tĂ© du discours pourrait ainsi ĂȘtre bĂ©nĂ©fique.

Le passage Ă  l'Ă©chelle se fera (aussi) par le recours aux mises en Ɠuvre alternatives de Bitcoin. Comme tout le monde le sait, Bitcoin ne passe pas Ă  l'Ă©chelle en tant que systĂšme unique : le nombre de transactions pouvant ĂȘtre incluses dans un bloc est restreint par une limite de poids de blocs, et les solutions de seconde couche censĂ©es amĂ©liorer cette capacitĂ© de traitement, comme le Lightning Network, sont par essence imparfaites, puisque reposant sur le rĂšglement des litiges sur la chaĂźne. Toutefois, il existe une troisiĂšme voie pour accroĂźtre le nombre de transferts : c'est l'utilisation de monnaies de substitution, c'est-Ă -dire de cryptomonnaies alternatives libres et dĂ©centralisĂ©es possĂ©dant des caractĂ©ristiques proches de BTC (propriĂ©tĂ© entiĂšre, rĂ©sistance Ă  la censure, rĂ©sistance Ă  l'inflation) mais n'offrant pas la mĂȘme sĂ©curitĂ©. Cet effet peut dĂ©jĂ  ĂȘtre observĂ© lors de la hausse de frais sur le rĂ©seau lorsque les utilisateurs ont recours Ă  d'autres cryptomonnaies (2023 en a Ă©tĂ© un bel exemple avec Ordinals). En parallĂšle, certaines boutiques en ligne focalisĂ©es sur Bitcoin ont compris le phĂ©nomĂšne Ă  l'instar de Bitrefill, qui accepte le litecoin (LTC) et d'autres cryptomonnaies, et de ShopInBit, qui accepte le monero (XMR). De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, cette solution pourrait s'imposer Ă  long terme de la mĂȘme maniĂšre que l'argent a pu ĂȘtre le complĂ©ment de l'or pendant des siĂšcles avant d'ĂȘtre dĂ©monĂ©tisĂ© en 1873, Ă  condition bien sĂ»r que la demande pour Bitcoin ne soit pas trop faible et qu'une solution de scalabilitĂ© rĂ©volutionnaire ne soit pas dĂ©couverte entretemps.

OĂč se procurer l'ouvrage

Vous retrouverez ainsi, dans cet ouvrage qui présente une vision profonde et cohérente de Bitcoin, du contenu qui n'a pas forcément été abordé dans la langue de MoliÚre. Ce sera, je l'espÚre, une lecture qui saura se démarquer des autres.

Vous pouvez vous procurer l'ouvrage sur la boutique de Konsensus Network, oĂč il est possible de payer en BTC et en euros. Il est aussi disponible Ă  la vente sur Amazon Ă  un prix plus Ă©levĂ© et dans un format lĂ©gĂšrement diffĂ©rent : l'objet est plus grand et plus lourd, et le papier un peu plus blanc. Les Ă©valuations positives sont bien Ă©videmment les bienvenues si vous avez effectuĂ© un achat sur la plateforme rĂ©cemment ; cela aidera Ă  amĂ©liorer la visibilitĂ© du livre. Le livre peut Ă©galement ĂȘtre retrouvĂ© sur le site de la FNAC. Un format numĂ©rique (epub) devrait ĂȘtre proposĂ© prochainement, sur toutes les plateformes.

Enfin, prĂ©cisons que vingt-et-un jetons non fongibles (NFT) liĂ©s au livre ont Ă©tĂ© forgĂ©s via le protocole Ordinals, dont la liste des identifiants a Ă©tĂ© incluse dans le livre. Ils sont en voie d'ĂȘtre distribuĂ©s aux contributeurs et aux relecteurs.

Le 79Ăšme Repas du Coin, Ă  Paris le 31 janvier 2024

February 7th 2024 at 16:24

Deux repas en huit jours, ce n’est pas le rythme habituel mais l’effet de la conjonction du CryptoXR le 24 janvier et de l’AG du Cercle du Coin qui doit impĂ©rativement se tenir avant la fin du mois.

Ainsi donc aprĂšs ladite assemblĂ©e, longue et studieuse, se sont installĂ©s pour un Repas du Coin « entre soi » autour des tables du Clair de Lune 40 membres du Cercle et 2 non membres liĂ©s par un affect jugĂ© suffisamment fort pour ĂȘtre admis au mĂ©choui et aux pĂątisseries servies en grande abondance : un barbu anarchiste et pilier du lieu et un autre barbu agrĂ©gĂ© d’histoire et lecteur de l’AcĂ©phale.

On eut ainsi la joie de voir des membres de la communautĂ© de Paris, mais aussi d’Amiens, de NeuchĂątel, de Luxembourg, de Bordeaux, de Toulouse, de Lille et de Grenoble.

Ceux qui sachent assurent que certaines conversations se sont poursuivies (ou ont sombrĂ©) jusque vers 3 heures du matin au SiĂšge de l’Association rue Saint Sauveur !

Cet article Le 79Ăšme Repas du Coin, Ă  Paris le 31 janvier 2024 est issue du site Le Coin Coin.

Bitcoin (BTC) Ă  200 000 dollars Ă  l’étĂ© 2025 : l’analyste Peter Brandt y croit

February 27th 2024 at 14:00

Le Bitcoin (BTC) est Ă  la fĂȘte cette semaine avec un bond inattendu. L’analyste Peter Brandt a donc revu ses estimations Ă  la hausse : il envisage un prix de 200 000 dollars l’annĂ©e prochaine. À quoi peut-on s’attendre ?

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Au plus haut depuis 2021, le Bitcoin va-t-il regagner les 60 000 $ dans les prochains jours ? - Analyse du BTC du 27 février 2024

February 27th 2024 at 13:00
By: Tagado

De retour sur des niveaux qu'il n'avait plus revisités depuis novembre 2021, le Bitcoin va-t-il parvenir à regagner les 60 000 $ dans les prochains jours ? Le point dans cette analyse BTC du mardi 27 février 2024.

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Les tokens des layers 2 de Bitcoin explosent dans le sillage du BTC

February 27th 2024 at 11:00

Alors que le Bitcoin (BTC) a enregistré une hausse nette hier, les cryptomonnaies qui lui sont liées profitent elle aussi du contexte favorable. Les layers 2 (L2) basés sur Bitcoin sont en effet en forte hausse cette semaine.

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69 000 dollars en vue ? Le Bitcoin (BTC) n’est plus qu'à 20 % de son ATH

February 27th 2024 at 09:00

GrĂące Ă  ses bonnes performances depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, le Bitcoin (BTC) est maintenant Ă  moins de 20 % de son dernier plus haut historique (ATH). La hausse va-t-elle continuer ? ÉlĂ©ments de rĂ©ponse.

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MicroStrategy acquiert 3 000 Bitcoins : l'entreprise détient désormais plus de 10 milliards de dollars de BTC

February 26th 2024 at 19:00

MicroStrategy, sous la direction de Michael Saylor, continue d'élargir sa position dominante dans le monde du Bitcoin en acquérant 3 000 BTC supplémentaires. Avec ce nouvel investissement, l'entreprise dépasse désormais les 10 milliards de dollars de BTC en réserve, confirmant sa position leader dans l'écosystÚme des entreprises ayant acheté du Bitcoin.

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Emails inĂ©dits de Satoshi Nakamoto – 5 rĂ©vĂ©lations sur le crĂ©ateur de Bitcoin (BTC)

February 26th 2024 at 11:00

Une correspondance de Satoshi Nakamoto, jusque lĂ  cachĂ©e, vient d’émerger. Qu’apprend-on dans les 120 pages d’emails, et quels indices cela nous donne-t-il sur la personnalitĂ© du crĂ©ateur du rĂ©seau Bitcoin (BTC) ?

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Donald Trump tient des propos favorables au Bitcoin (BTC) lors de sa campagne prĂ©sidentielle — Que dit-il ?

February 24th 2024 at 11:00

Lors d’une interview accordĂ©e Ă  Fox News, Donald Trump s’est montrĂ© favorable au Bitcoin, allant mĂȘme jusqu’à dire qu’il pouvait « vivre avec d’une maniĂšre ou d’une autre ». L’ancien prĂ©sident des États-Unis est-il rĂ©ellement devenu favorable aux cryptomonnaies ? Nous faisons le point sur ses propos.

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74 - Blockchain, un passé monumental

January 21st 2018 at 19:27

Pour Laurent

Il en a été le premier émerveillé, le chercheur qui un soir de ce début d'année a posté sur la messagerie privée de notre Cercle du Coin les mots suivants « Je ne m'attendais pas vraiment à ça, mais là je ne vois pas d'autre moyen que de dédier à Jacques Favier la dataviz que je suis en train de faire sur le PoW de Bitcoin ».

Guizeh, ce paysage qui m'est évidemment si cher, surgissant ainsi dans une nuit d'études sur la preuve de travail et la cryptographie. Une merveille du monde numérique !

gizeh

le mining shield original en Ă©chelle linĂ©aireIl y a Ă©videmment un effet artistique dans cette prĂ©sentation Ă©gyptienne. Le graphique original est carrĂ©. On lui a fait faire une rotation de 45°. L'axe des abscisses commençant en janvier 2009 et s'achevant en dĂ©cembre 2017 est donc sur la pente gauche, l'axe des ordonnĂ©es remontant le temps entre ces mĂȘmes bornes se retrouve sur la pente droite.

temps en secondes pour miner un bloc passé

La couleur indique le temps en secondes correspondant pour miner l'ancien bloc. Plus la couleur est chaude plus cela prend de temps: ainsi le jaune correspond aux 10 minutes traditionnelles de bitcoin.

Je cite les explications de Laurent Salat : « Cette visualisation essaie de répondre à la question : combien de temps cela prendrait-il à un mineur possédant 100% du hashrate à une date donnée (identifiée sur le cÎté gauche) pour reminer un block créé dans le passé (identifié sur le cÎté droit) ? » Question toute orwellienne, en somme...

Le chercheur nous fait visiter son graphe comme un vrai guide touristique : les petites pyramides vertes, qui Ă©voquent si bien les pyramides des reines, correspondent dit-il « Ă  des pĂ©riodes oĂč la croissance du hasrate a stagnĂ© avant de brutalement augmenter. Le point rouge n'est pas la chambre mortuaire cachĂ©e de Pharaon mais une rare pĂ©riode oĂč le hashrate a diminuĂ© (les blocks passĂ©s avaient reçus plus de PoW que les blocks plus rĂ©cents). On voit aussi sur la gauche un point oĂč le bleu nuit atteint quasiment la base. Cela correspond Ă  un autre Ă©vĂšnement de l'histoire de Bitcoin, Ă  savoir la publication le 11 juillet 2010 d'un article qui a entrainĂ© un influx massif de nouveaux utilisateurs, multipliant le hashrate par 4 et augmentant le nombre de blocks minĂ©s durant quelques jours, et c'est cette augmentation brutale du hashrate qui explique la baisse soudaine du niveau de sĂ©curitĂ© des blocks prĂ©cĂ©dents ».

Evidemment, l'effet pyramide provient aussi d'une seconde option graphique : la forme triangulaire elle-mĂȘme tient Ă  ce que la question de dĂ©part portait sur la sĂ©curitĂ© de la blockchain, sur l'impossibilitĂ© de rĂ©Ă©crire les blocks passĂ©s. Cela Ă©tant, note le chercheur, il pourrait ĂȘtre amusant de faire le calcul inverse et de chercher Ă  connaĂźtre le temps nĂ©cessaire pour rĂ©Ă©crire des blocs dans le futur.

« En gros, ce que dit ce graphe, c'est que dans un mode de croissance continue du hashrate, la sécurité de bitcoin repose principalement sur la Preuve de Travail des blocks les plus récents. Une fois cette couche percée, les blocks plus anciens offrent peu de résistance».

Tout en remerciant le chercheur de la dĂ©dicace qu'il me faisait de son Ă©trange paysage, je l'interrogeai pour savoir si ma comprĂ©hension Ă©tait exacte : la plupart du temps, en effet, on prĂ©sente la connaissance du passĂ© comme utile pour comprendre le prĂ©sent et prĂ©parer le futur. Avec citation de Churchill Ă  l'appui. Or il prĂ©sentait ici, me semblait-il, un modĂšle oĂč c'est le prĂ©sent qui dĂ©fend l'intĂ©gritĂ© du passĂ©.

Et c'était exactement cela. Dans un mode de croissance ininterrompu du hashrate, la preuve de travail du présent sert de bouclier aux blocks du passé. Un bloc miné en 2009 présenterait individuellement peu de résistance à un ASIC de 2017. Rien de vraiment nouveau dans cette constatation, si ce n'est que l'image en donne une illustration concrÚte.

Tandis que je commençais de rĂȘver aprĂšs ce test de Rorschach imprĂ©vu, d'autres membres du Cercle prĂ©sents Ă  ce moment sur la messagerie notaient que si la conclusion suggĂ©rait des fondations « fragiles », la reprĂ©sentation en pyramide donnait l’impression d’une base solide ; que l'image montrait aussi clairement que la prĂ©sence de nombreux full nodes Ă©tait effectivement la seule protection contre une rĂ©ecriture profonde de l’histoire ; et aussi que, malgrĂ© tout, Ă  terme, le passĂ© finirait bien par devenir plus fort que le prĂ©sent, parce que sans doute il y aurait un jour le moment historique oĂč pĂąlirait la loi de Moore avec les 20% de hashrate supplĂ©mentaires par mois... ce qui faisait Ă©videmment polĂ©mique.

Ce que Laurent Salat avait fait surgir par accident, Pierre Noizat l'avait dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© explicitement : l'idĂ©e que les grands monuments du passĂ© avaient pu constituer en leur temps des formes de preuve de travail : « Le rĂ©seau Bitcoin hĂ©berge une preuve de travail monumentale dont la fonction de salle des coffres numĂ©rique justifie le coĂ»t de construction. Avant elle, beaucoup d’institutions politiques ou religieuses ont utilisĂ© des preuves de travail physiques, parfois inutiles, souvent majestueuses, comme les pyramides des Pharaons ou les cathĂ©drales, pour tĂ©moigner de leur capacitĂ© phĂ©nomĂ©nale Ă  mobiliser les Ă©nergies des sujets et des croyants ». La comparaison a d'ailleurs Ă©tĂ© reprise par Andreas Antonopouos : « Les pyramides se dressent aujourd’hui comme un tĂ©moignage de la preuve de travail de la civilisation Ă©gyptienne. Bitcoin est le premier monument digital de preuve de travail de dimension planĂ©taire ».

La Blockchain est trop souvent présentée comme une sorte de grand livre de comptes ou d'enregistrement. Cette présentation un peu plate est particuliÚrement en usage chez ceux qui ne veulent ni de bitcoin ni d'aucun jeton précieux, et doivent donc s'épargner la coûteuse dépense du hash. Mais en vérité rapporter la dépense énergétique aux transactions, comme cela est fait de façon polémique, est un non-sens. En vérité la Blockchain n'est ni une technologie, ni un registre. C'est un monument.

La Blockchain est un monument numérique, non matériel. J'avais montré, à partir d'une promenade dans la cathédrale d'Amiens, comment un labyrinthe tracé au sol pouvait aussi avoir fonctionné, jadis, comme preuve de travail spirituel autant que physique et comment, ironie du sort, c'était aujourd'hui un monument virtuel (le labyrinthe de Reims) qui fournissait le logo de tous les monuments historiques de France.

La Blockchain est un monument que l'on visite, en dataviz, en imagerie 3D, et mĂȘme en imagerie musicale. Un monument, c'est quoi ?

virtuel

En latin monumentum vient de monere. On trouve cela dans les dictionnaires étymologiques qui précisent aussitÎt que le verbe monere signifie d'abord remémorer. Le monument par excellent c'est le tombeau, la pyramide de Guizeh, le mausolée d'Halicarnasse... mais aussi le monument aux morts d'un village, aussi humble soit-il. Le monument est tourné vers le passé.

MonetaCe qu'il y a d'amusant c'est que le mĂȘme verbe monere signifie aussi (c'est son second sens dans l'ordre donnĂ© par Felix Gaffiot) avertir. Sens qui donne le nom de Moneta, la dĂ©esse qui a pour symbole l'oie et dont le temple abritait les volailles qui sauvĂšrent Rome en caquetant pour prĂ©venir de l'approche du danger. C'est dans ce temple que furent frappĂ©es les premiĂšres piĂšces qui en prirent le nom de monnaie. La Monnaie, par ce passĂ© enfoui, est tournĂ©e vers le prĂ©sent immĂ©diat, celui du danger qui rode. Lien Ă©trange : le trĂ©sor du prĂ©sent est toujours conservĂ© enfoui sous un monument : temple de Moneta Ă  Rome, HĂŽtel de Toulouse (Banque de France) Ă  Paris. Et quand on veut reprĂ©senter la force de la Blockchain, surgit soudain une pyramide !

Ce monument est à la fois historique (du passé) et dynamique (du présent).

Deux chercheurs du Laboratoire d'HumanitĂ©s numĂ©riques de l'EPFL, FrĂ©dĂ©ric Kaplan et Isabella di Lenardo, viennent de publier un article sur le nĂ©goce des ancĂȘtres. La passion gĂ©nĂ©alogique est aussi vieille que l'histoire. Mais la mise en rĂ©seau des rameaux que chaque gĂ©nĂ©alogiste peut reconstituer a fait surgir une forĂȘt. Dans les Archives, gĂ©nĂ©ralement publiques et pratiquement gratuites, certains minent bĂ©nĂ©volement, par passion de l'histoire familiale, ou par passion religieuse comme le font les Mormons. Mais des entreprises ont vite saisi l'Ă©mergence d'une nouvelle forme de capital, que les deux chercheurs dĂ©signent comme capital gĂ©nĂ©alogique et dont ils expliquent que sa spĂ©cificitĂ© vient de ce que « la valeur de chaque arbre est d'autant plus grande qu'il peut ĂȘtre mis en relation avec d'autres arbres ». Ainsi le groupe MyHeritage, en rachetant des entreprises qui possĂ©daient chacune des petites bases de donnĂ©es en a construit une dont la valeur excĂšde de beaucoup le total des bases achetĂ©es. Jolie illustration de la loi de Metcalfe ! Le « grand arbre de l'humanitĂ© » se retrouve appropriĂ© par quelques entreprises, qui peuvent tout aussi bien l'exploiter auprĂšs des gĂ©nĂ©alogistes... que de le revendre (cela s'est vu) Ă  des laboratoires pharmaceutiques.

Gideon Kiefer. – « Reconstructing a Memory » (Reconstruire un souvenir), 2014

Voici qui recoupe bien des rĂ©alitĂ©s que nous connaissons, mais aussi bien des interrogations que nous avons. Notez que cette Ɠuvre illustrant l'article de Kaplan et Lenardo aurait pu servir Ă  illustrer un article sur « la technologie Blockchain » ! Bien sĂ»r il s'agit ici de centraliser une information dissĂ©minĂ©e, mais on y voit aussi le travail prĂ©sent augmenter la valeur du patrimoine passĂ©. À partir de bouts d'informations Ă©parses dans des centaines de milliers de registres (rien que pour la France) on a construit un monument, « l'arbre de l'humanitĂ© ». Comment aurait-on su en un instant, sans cet Ă©norme travail du temps prĂ©sent protĂ©geant le passĂ©, que Jean d'Ormesson et Jean-Philippe Smet descendaient tous deux de Jean de La Malaize et de son Ă©pouse Marie Smaele de Broesberghe, qui vivaient quelque part vers Namur au 15Ăšme siĂšcle ? Voici nos ancĂȘtres infiniment traçables dĂ©sormais dans ce grand livre de l'humanitĂ©. Naturellement, ils sont faux, et quelques tests ADN amĂšneraient Ă  relativiser la chose, mais juridiquement ils sont parfaits. De toute façon, quelle valeur auraient ces pauvres morts sans notre vivant dĂ©sir ? LĂ  aussi le prĂ©sent dĂ©fend le passĂ©.

C'est peut-ĂȘtre la raison qui a provoquĂ© un rĂ©cent et quelque peu dĂ©risoire scandale en Allemagne. La radio a rĂ©pĂ©tĂ© en boucle durant 2 jours qu'une Ă©glise romane venait d'ĂȘtre dĂ©truite Ă  pour permettre Ă  RWE, propriĂ©taire du plus gros parc de centrales Ă  charbon d'Europe, d'extraire plus de lignite et Ă  Madame Merkle de continuer Ă  crever ses quotas en maintenant l'emploi d'un bassin minier oĂč sont ses Ă©lecteurs. Un drame du minage, en somme ! On pense bien que la chose m'a inquiĂ©tĂ©...

Erkelenz-Immerath

Or l'église d' Erkelenz-Immerath était un monument sans grande valeur, datant du 19Úme siÚcle et déconsacré selon les formes requises par l'église catholique. Que, dans un temps aussi laïque que le nÎtre, la destruction d'une banale église de village suscite des commentaires horrifiés jusque hors des frontiÚres, que des jounraux français, anglais, italiens aient rivalisé d'erreurs de style, passant du néo-roman au roman, évocant une église historic pour un journal anglais, voire antica dans Il Messagero, et confondent finalement le 19Úme siÚcle avec le 12Úme (soit la reine Victoria et Richard Coeur de Lion, pour faire simple...) me suggÚre que c'est moins la destruction d'un lieu saint que celle d'un monument chargé de sens, quelqu'il soit, qui suscite la réprobation.

Il y a en réalité une relation milénaire entre les monuments, le sacré et l'argent.
Les premiers trĂ©sors sont logĂ©s dans les temples des dieux (dont celui de Moneta) et les temples sont une garantie monumentale. Est-ce pour cela que le subtil mais pessimiste Bilal a fait Ă©voluer ses propres Immortels dans une pyramide oĂč, se laissant corrompre par le goĂ»t tout humain du jeu, ils se livrent Ă  de sordides transactions ?

la Pyramide des Immortels de Bilal

73 - Genre Venus

January 15th 2018 at 08:21

L'épisode suscité par la célÚbre Nabilla Benattia met en perspective divers enjeux qui sont apparus, avec un air de plaisanterie, dans une lumiÚre finalement assez déplaisante.

Au départ, un petit film, que tout le monde a vu et dont je transcris quelques phrases.

Danae par Chantron 1891« Les chĂ©ris, je sais pas si vous avez entendu parler du bitcoin, genre cette sorte de nouvelle monnaie virtuelle
 Et en fait je connais l'une des filles qui travaillent avec un trader qui sont Ă  fond dans le bitcoin. C'est un peu la nouvelle monnaie, genre la monnaie du futur. Et donc en fait je trouve que c'est assez bien. Et comme en ce moment genre c'est grave en train de se dĂ©velopper, ils ont crĂ©Ă© un site (..) ça vous permet d'apprendre Ă  utiliser le bitcoin. VoilĂ , je crois que c'est le bon moment, ça commence Ă  peine Ă  se dĂ©velopper, et je pense que c'est le moment de s'y intĂ©resser un petit peu. En fait, mĂȘme si vous y connaissez rien ça vous permet de gagner de l'argent, sans y investir beaucoup, genre vous y investissez des petites sommes, genre moi j'ai dĂ» mettre Ă  peu prĂšs 1000 euros j'ai dĂ©jĂ  gagnĂ© 800 euros, mais vous pouvez faire beaucoup moins ».

Y avait-il vraiment de quoi faire entrer en ébullition la cryptosphÚre, l'Internet, puis l'AMF, maladroitement relayée par Libération, le journal des jeunes de 77 ans?
On a un peu envie de remarquer qu'elle dit plutĂŽt moins de sottises que bien des journalistes spĂ©cialisĂ©s, et que son incitation Ă  un investissement pĂ©dagogique est assez prudent. Comme l'a courageusement notĂ© le directeur de l’hebdomadaire du Point, jeudi sur France Inter, cela signifie que le phĂ©nomĂšne commence Ă  toucher le grand public et qu'on doit se rĂ©jouir que quelq'un porte enfin la chose sur la place publique. « En revanche, vous entendez souvent des politiques en parler, du bitcoin ? Jamais, ou presque. Est-ce qu'ils comprennent ? Ă  mon avis, pas souvent (...) Eh bien celle qui porte le sujet sur la place publique, c’est Nabilla Benattia. Puissent les politiques l’écouter, et se saisir enfin, de ce phĂ©nomĂšne tout sauf anecdotique ».

Alors d'oĂč vient le scandale ?

Parlons d'abord de la forme : une publicité à peine déguisée sur une cible douteuse?

Certes Nabilla Benattia s'exprime ici sur un rĂ©seau social ouvert aux tout jeunes adolescents qui ne sont pas une cible appropriĂ©e pour des placements risquĂ©s ou non, mĂȘme si les enfants peuvent voir les publicitĂ©s automobiles diffusĂ©es par la tĂ©lĂ©vision sans prĂ©caution particuliĂšre Ă  l'Ă©gard de ceux qui n'ont pas l'Ăąge de rouler.

Certes elle fait la promotion d'un site Internet qui vend une formation pour les personnes intĂ©ressĂ©es par la cryptomonnaie, formation qui nĂ©cessite de souscrire un abonnement alors qu'elle assure que « c'est gratuit ». Mais si l'on doit compter tous les liens prĂ©tendant mener vers des tĂ©lĂ©chargements gratuits et qui en trois clics amĂšnent l'internaute Ă  la page payante, on va remplir un Bottin. Les internautes, mĂȘme jeunes, connaissent la vie...

Certes, la justice pourrait entamer une procédure pour publicité déguisée contre celle qui, dans sa vidéo, ne mentionne pas explicitement le caractÚre publicitaire de son message. Là encore, il y aurait un fort risque de paraßtre vouloir « faire un exemple » quand des centaines d'autres « influenceurs » oublient allÚgrement les recommandations de l'ARPP sur la communication publicitaire numérique malgré les foudres brandies depuis longtemps par la Répression des Fraudes. Est-ce propre au numérique ou à Nabilla ? Je n'ai jamais entendu un journaliste rappeler que tel ou tel grand expert économiste présenté à l'antenne comme professeur à Paris I ou à Paris II siÚge aussi, en toute indépendance et pour rendre service, sans doute, chez David de Rothschild ou chez son cousin Edmond,

Maintenant, redescendons sur terre. Quand Nabilla Benattia s'enlise dans ses explications (« Ils ont un site qui est sĂ»r (...) honnĂȘtement ils ont plus de 85% de taux de rĂ©ussite, donc en gros, ils ne se trompent pas, quoi ») quel est l'adolescent d'aujourd'hui, mĂȘme benĂȘt, qui n'a pas compris qu'elle fait de la pub ? MĂȘme les prĂ©-ados savent bien que si Norman et Cyprien gravitent aujourd'hui dans l'orbite de Webedia (Monsieur Ladreit de LacharriĂšre, qui ne possĂšde pas que la Revue des Deux Mondes et qui s'y connait en « relations ») cela n'est pas Ă©tranger Ă  des considĂ©rations de monĂ©tisation de l'influence qu'ils exercent. Je ne dis pas qu'ils approuvent. L'opĂ©ration de rachat de Mixicom par Wabadia avait au printemps 2016 suscitĂ© de vifs dĂ©bats. Mais ils savent !

Genre ?

Il y a dans La VĂ©nus Ă  la fourrure de Polanski (oui, je sais...) une scĂšne oĂč le metteur en scĂšne (Mathieu Amalric) qui n'en peut plus d'entendre Wanda ( Emmanuelle Seigner) balancer de maniĂšre compulsive le mot « genre » pris fautivement ici comme un adverbe Ă  chaque phrase, se fait moquer par elle. Parce que, lui, il Ă©grĂšne des « pour ainsi dire » lĂ©gĂšrement dĂ©suets. Il s'enquiert donc de ce qu'il faut dire aujourd'hui Ă  la place de « pour ainsi dire ».

Personne ne s'est gĂȘnĂ© pour signifier Ă  Nabilla qu'elle n'Ă©tait pas Ă  sa place. L'opinion de dizaines d'experts qui n'ont pas lu le quart de l'article Bitcoin sur Wikipedia, les rires de ceux qui pouffent sur les plateaux en assurant que l'on n'y comprend rien, coupant au besoin la parole de celui qui semblent savoir avec des « oh lĂ  lĂ  on n'y comprend rien! », l'arrogante paresse de ceux qui tranchent que « c'est une folie complĂšte ce truc », les comparaisons absurdes, les invectives, les bidouillages de ceux qui ne savent plus s'ils dĂ©tachent Bitcoin de la Blockchain ou la Blockchain du Schmilblick ... tout est lĂ©gitime, tout Ă  droit Ă  l'antenne. Mais pas la parole de Nabilla assurant que c'est genre la monnaie du futur.

Si elle le dit, c'est forcĂ©ment du grand n'importe quoi nous assure (dans un français, Ă  tout prendre, guĂšre diffĂ©rent de celui de la jeune personne) un vieux briscard de syndicat bancaire. « La vulgaritĂ© et la bĂȘtise en cadeaux additionnels » relance un banquier pourtant populaire. Ces gens lĂ  ne peuvent rien dire quand Bill Gates, Richard Branson, Marc Andreesen ou Al Gore leur expliquent que Bitcoin c’est rĂ©volutionnaire, et que c'est beaucoup mieux qu’une monnaie. En gĂ©nĂ©ral ils n'en sont pas informĂ©s, parce que les propos positifs ne sont pas relayĂ©s. Et si par hasard ils le sont, ça ne les convainc en rien. Mais un vieux fonds de servilitĂ© les maintient dans leur bouderie. Alors que si une jeune femme si diffĂ©rente des critĂšres de leur monde Ă  eux dit Ă  peu prĂšs la mĂȘme chose dans sa langue Ă  elle, ils peuvent se lĂącher.

Et l'illĂ©gitimitĂ© de cette jeune personne rebondit immĂ©diatement sur Bitcoin. Comme il s'agit de coller Ă  la phase ultime de la bulle, qui serait celle de l'arrivĂ©e des idiots (alors mĂȘme que tout annonce l'arrivĂ©e des fonds d'investissemens) Nabilla devient la preuve vivante de l'effondrement conceptuel et financier de « ce truc ». C'est dĂ©finitivement le moment de vendre. Qu'elle conseille d'acheter permet Ă  tout un tas de couillons de conseiller de vendre. A croire que des cartes de CIF ont Ă©tĂ© distribuĂ©es au petit matin dans leurs boites aux lettres. Nabilla c'est mieux que le cireur de chaussure de Rockefeller (ou de Joe Kennedy plus personne ne sait), mieux que le chauffeur de Joe Kennedy (ou de Rockefeller, tout le monde s'en fiche) mieux que le barbier (cette version existe aussi), mieux que toutes les petites gens qui, en se contenant au fond de rĂ©pĂ©ter ce qu'ont dit la veille les demi-instruits, offrent Ă  ces derniers l'occasion de rire un bon coup Ă  la santĂ© des travailleurs manuels et des classes populaires.

Tous les journaux se sont crus obligĂ©s de citer le twitte de l'AMF. Nabilla vivement critiquĂ©e, recadrĂ©e, taclĂ©e, j'en passe. Notez bien que le message de l'AMF n'Ă©tant pas destinĂ©e @nabilla (elle a un compte public) et ne faisant que citer #nabilla (j'imagine que celui qui a la main sur le compte twitter de l'institution comprend la diffĂ©rence) doit ĂȘtre destinĂ© aux ados accros Ă  Snapschat. Ils sont certainement trĂšs nombreux Ă  suivre l'AMF.

Venus au miroir Ă  Anvers, Rubens d apres TitienAu demeurant, au « Y'a pas besoin de s’y connaĂźtre » de Nabilla, l'AMF en rĂ©pondant par un « restez Ă  l’écart » aussi puissamment argumentĂ©, se met Ă  peu prĂšs au mĂȘme niveau, celui de gens qui usent de l'argument d'autoritĂ© que confĂšre notoriĂ©tĂ© ou position sociale mais qui n'ont pas le courage d'approfondir la question.

Depuis Monsieur Valls, on sait que nos Ă©lites ne souhaitent pas trop que les gens essayent de comprendre.

Venus

Sur les réseaux et messageries, la goujaterie vient renforcer le mépris de classe. En pleines séquelles de l'affaire Weinstein, on reste confondu de ce que l'on peut lire sur LinkedIn, dans le déluge d'articles et de commentaires que des responsables encravatés ont consacrés à ces 3 minutes de Snapschat. Il y en a qui comprennent certaines choses tellement lentement qu'ils feraient mieux de ne pas moquer Melle Benattia. Les riches assonances du mot bitcoin font merveille chez des consultants informatiques dignes de personnages de Houellebecq. Les plus délicats des cadres outragés par cette jeune femme sont ceux qui se contentent de demander si elle se croit dans un cabaret.

La VĂ©nus Ă  la fourrure

On sent quand mĂȘme vite une sourde saloperie de mĂąles rancuniers derriĂšre tout cela. Bien sĂ»r, on a compris que Nabilla, cette femme sans Ă©ducation, annonçait le jugement dernier d'un Bitcoin « qui n'en finit pas de mourir » (j'ai lu ça tel quel). Cela n'en fait pas la femme perdue du 17Ăšme chapitre de l'Apocalypse. Ce que rĂ©vĂšlent les rĂ©fĂ©rences plus ou moins discrĂštes aux usages que cette jeune femme pourrait faire de son corps, c'est, au-delĂ  d'une frustration charnelle un peu pathĂ©tique, la risible frustration du monsieur qui se dit qu'il est trop tard pour profiter de l'aventure. Il n'y a que ceux qui n'ont pas achetĂ© un bitcoin en 2014 ou 2015 pour calculer sordidement ce qu'ils auraient dans leurs poches s'ils en avaient achetĂ© mille en 2012. Comme s'ils avaient l'once de courage pour cela !

Pour ainsi dire

En conseillant Ă  ses fans l'achat de 1000 euros de bitcoin, elle mettrait donc la sociĂ©tĂ© française au bord du gouffre. C'est la moitiĂ© de la mise moyenne annuelle d'un français sur deux dans des jeux de hasard qui ne font pas honneur Ă  l'esprit humain, mĂȘme s'ils sont sous la coupe de l'Inspection des Finances. Est-ce qu'il n'y a ni drame social liĂ© au jeu d'argent, ni publicitĂ© pour y inciter ? C'est ce que semble soutenir un rapport d'enquĂȘte parlementaire (de 2005) : « votre rapporteur est parvenu Ă  la conclusion que jamais l'Etat ne pousse Ă  dĂ©velopper le jeu pour alimenter ses caisses, au terme de ses recherches et de ses recoupements dans ce domaine qui relĂšve de l'Ă©thique. L'Etat semble tenir, au moins dans ce secteur, un langage assez pondĂ©rĂ© et se placer en promoteur sincĂšre d'un dĂ©veloppement compĂ©titif, certes, mais responsable ». Rien Ă  voir, donc, avec le grossier tapinage (le mot n'est jamais employĂ© innocemment) de Melle Benattia.

Celle-ci n'aurait aucune capacité intellectuelle ? Est-on bien sûr que la personne qui débite des conseils dans les agences bancaires de quartier s'exprime dans une langue plus recherchée ou avec des arguments mieux étayés ? Aucune importance me dira-t-on,puisque c'est pour placer des produits maison, offrant toute garantie.

Quand il s'agit de séduire les petits bourgeois, la grande finance se prive-t-elle d'user du charme plus que du raisonnement ? Ceux qui ont vécu la fin des années 1980 se souviendront des procédés utilisés pour draguer « l'actionnariat populaire». Paribas exhibait l'Orangerie de la rue d'Antin sur fond de prouesses vocales de Barbara Hendricks : toutes choses mieux assorties aux goûts de la classe dirigeante que le peignoir rose de Nabilla, mais sans guÚre plus de rapport avec l'étude d'une opportunité d'investissement. Suez voulut alors montrer qu'il s'agissait de réfléchir. En faisant appel à une vraie star, pas à une starlette:

En quoi, mais en quoi, ce message est-il différent de celui de Melle Benattia?

Les actionnaires de Suez ont bu le bouillon. Un bide devenu un cas d'école. Le slogan « réfléchissez » revint comme un boomerang sur les stratÚges de l'argent et de la communication. Madame Deneuve, elle, alla jusqu'à se dire « choquée par la méchanceté des journaux, et surprise que les dirigeants de Suez ne réagissent pas pour la protéger ».

En 1993 (seconde vague de privatisation) les sociĂ©tĂ©s en quĂȘte de pigeons corrigeaient le tir, les experts en communication ayant le cuisant souvenir des dĂ©rapages antĂ©rieurs, comme le notait le journal les Echos eux-mĂȘmes. On n'avait pas encore songĂ© Ă  parler de « Blue Chips Nation », mais on n'allait pas tarder Ă  inventer le « placement de pĂšre de famille ». Aider les grands patrons, ça c'est du bon risque ! Financer les dĂ©couverts de fin de mois de l'Etat en collaboration avec des banquiers «SpĂ©cialistes en Valeur du TrĂ©sor », ça ce sont des choses nobles auxquelles on peut penser en se rĂ©veillant le matin.

Les propos de la classe dirigeante sur Bitcoin ne constituent pas un apport Ă  un dĂ©bat d'idĂ©es mais des sarcasmes de concurrents auxquels il convient peut-ĂȘtre parfois de rĂ©pondre comme tel. Genre VĂ©nus...

70 - In excelsis (les lauriers et les tulipes)

November 19th 2017 at 17:03

Aujourd'hui un bitcoin vaut un peu moins de 200 grammes d'or. Quels grammes d'or, alors, peuvent bien valoir prĂšs de 8 bitcoins chacun ?

La derniĂšre feuille de laurier de 1804

Les derniers jours ont été riches (c'est le mot) en révélations de trésors.

A Cluny, la dĂ©couverte de 2.300 deniers et oboles en argent, en majoritĂ© Ă©mises par l'abbaye de Cluny, mais aussi de 21 dinars musulmans en or, rappelle opportunĂ©ment quelques faits qui viennent rogner les Ă©ternelles prĂ©tentions rĂ©galiennes : l'abbĂ© de Cluny bat monnaie dans une premiĂšre moitiĂ© du XIIĂšme qui est pourtant celle de Philipe Auguste, non du roi Dagobert. Et les moines thĂ©sauriseurs ne dĂ©daignent point l'or que les Almoravides frappent bien avant que saint Louis ne puisse reprendre la frappe de l'or, interrompue en Occident durant plus de 2 siĂšcles. MĂȘme si ces dinars proclament que Muhammad est le ProphĂšte de Dieu, ce qui n'Ă©tait pas spĂ©cifiquement dans ce qu'on appellerait aujourd'hui "nos valeurs".

le dinar et l'Ă©cu

En revanche c'est la figure du Christ, Sauveur du Monde, qui vient de pulvĂ©riser toutes les estimations et toutes les enchĂšres antĂ©rieures. Un thĂšme assez commun en ce dĂ©but du XVIĂšme siĂšcle, et que Van Eyck et DĂŒrer ont dĂ©jĂ  exploitĂ©. Mais c'est le seul tableau du maĂźtre de Florence encore en mains privĂ©es. Qui peut jurer que ce petit tiers de mĂštre-carrĂ© peint il y a un peu plus d'un demi millĂ©naire ne vaut pas le double?

JĂ©sus devant ses juges ?

Enfin le dernier laurier rescapé de la couronne d'un demi-dieu vaut donc depuis ce dimanche 1500 fois son poids d'or, et je n'en suis pas étonné encore que l'objet ait dépassé 3 fois la fourche haute de l'estimation. No limit...

On connait l'Ă©pisode. Essayant le chef d'oeuvre de l'orfĂšvre Biennais, le jeune empereur la trouve trop lourde. " C'est le poids des victoires de votre MajestĂ©" lui rĂ©pond l'habile homme, qui enlĂšvera tout de mĂȘme quelques feuilles, les sauvant ainsi, au passage, de la destruction par les autoritĂ©s officielles, quelques annĂ©es plus tard.

Que nous disent ces anecdotes, sur la raretĂ©, la beautĂ©, la valeur... mais aussi sur la valeur des expertises ? Depuis qu'au mois de mai l'envol des cours de Bitcoin a pris un nouvel essor, on a fort naturellement assistĂ© Ă  de nouvelles imprĂ©cations d'experts. Cela va de Monsieur Trichet qui estime dans Le Temps qu'une monnaie doit porter sa signature ("J’ai signĂ© tous les billets de banque en euros, j’ai tendance Ă  considĂ©rer que cela veut dire quelque chose de garantir la crĂ©dibilitĂ© d’une monnaie") Ă  tous ceux qui ont mĂ©ritĂ© un "prix Tulipe" pour avoir brandi ce lieu commun de l'histoire financiĂšre sans la moindre compĂ©tence historique ni le moindre scrupule financier : d'autres princes d'Ancien-RĂ©gime comme Jamie Dimon ou Cyril de Mont-Marin (Rothschild & Cie) sur Les Echos, et puis leurs mousquetaires comme Marc Rousset sur Boulevard Voltaire oĂč il estime que Bitcoin est "un exemple type de la folie spĂ©culative contemporaine", Marc Touati qui tranche sur acdefi.com qu'on "nage en plein dĂ©lire", Jean-François Faure sur Challenges,... Sans compter le fĂ©cond Pascal Ordonneau qui rĂ©pĂšte tous les 8 jours et dans tous les sens ses trois ou quatre lazzi.

"Ça ne repose sur rien": tout est dit. MĂȘme si cela se rĂ©sume vite Ă  : "ce n'est pas mon systĂšme, je ne l'ai pas signĂ©, il n'y a pas de gens comme nous derriĂšre tout cela, vous n'avez mĂȘme pas la LĂ©gion d'Honneur". On peut imaginer que ce sont les mĂȘmes, des hommes d'Ancien RĂ©gime, qui ont fondu de rage la couronne de l'enfant prodigue de la gloire.

Et si Bitcoin devenait un objet de collection ? J'ai déjà écrit que l'art est dans la nature de Bitcoin... Celui qui aurait 21 bitcoins ( un peu moins que le prix du laurier napoléonien!) possÚderait un millioniÚme d'une chose qu'il peut (dans un régime de liberté d'opinion) considérer comme un trésor inestimable né de l'esprit d'un demi-dieu.

C'est cher ? Oui. C'est le poids des victoires...

la racine de 2Victoires sur qui? Sur les généraux byzantins, la nature réplicable des objets numériques, les centralisateurs, les puissants...

Victoire de qui ? D'un inconnu, certes.

Mais... Qui a calculé la racine de 2 ? Qui a écrit a Bible? Qui a fondé Rome ?

Le Louvre n'est-il pas rempli de trésors anonymes : qui a sculpté la Vénus de Milo ? qui a peint vers 1350 le portrait de Jean II (créateur du "franc")? Qui a peint un siÚcle plus tard la Crucifixion du Parlement de Paris ? Et encore 150 ans plus tard, qui a peint la troublante Gabrielle d'Estrées ?

Quand les descendants de Trichet, Dimon & Cie auront accumulĂ© des bitcoins, peut-ĂȘtre la valeur de ceux encore "en mains privĂ©es (et pseudonymes)" sera-t-elle propulsĂ©e Ă  des sommets ? La petite peinture de Vinci a vu son cours multipliĂ© par 3,5 en 4 ans, et par plus de 1300 en 17 ans. Qui peut jurer que le petit laurier s'il repasse en vente ne vaudra pas un million ?

Quel "expert" veut Ă©crire encore une bĂȘtise ? Il reste certainement des prix Ă  attribuer Ă  ceux qui confondront les tulipes et les lauriers...

69 - Une soupe de 0 et de 1 ?

November 14th 2017 at 08:28

Pour Laurent
Ce billet est inspiré par plusieurs échanges entre mon ami Laurent Benichou et moi. Je l'en remercie grandement.

Au dĂ©but, il y a eu un grand Ă©clat de rire. L'un des plus obstinĂ©s contempteurs du bitcoin venait de se livrer Ă  l'une des saillies dont il a le secret en Ă©crivant que le bitcoin « ne doit son existence qu'Ă  une soupe informatique de 0 et de 1 ». A vrai dire, comme l'individu rĂ©pĂšte en moyenne tous les 15 jours depuis deux ans le mĂȘme article, nous savions fort bien qu'il nous avait dĂ©jĂ  infligĂ© trois ou quatre fois cette image. Pourquoi avons-nous songĂ© cette fois-ci qu'il convenait de l'encadrer ?

Ce Monsieur n'aime pas Bitcoin, soit ! On avait compris. Mais je réalisais que la vraie question, que je posai immédiatement à divers amis, c'était : « est-ce qu'il déteste davantage la soupe ou l'informatique? ». Un fin connaisseur du bitcoin m'a immédiatement répondu. Comme moi, la "soupe" inspirait Laurent Benichou. Nous avons donc réfléchi ensemble...

la e-Sopa de Goya

Nous pensons tous deux que c'est en explorant les images que l'on découvre ce que cachent les raisonnements.

Disons d'abord quelques mots de l'informatique, parce que c'est ici la partie émergée, triviale, de sa haine. Comme toutes les inventions avant elle, la révolution dans l'art de numériser l'information pour la traiter de façon automatisée a laissé sur le bas-cÎté des visionnaires qui ne l'avaient pas vu venir, des concurrents qui n'ont pu lutter, des rentiers ruinés, des experts dépossédés du prestige que leur valaient leurs savoir-faire antiques. On nous dira que c'est vieux ? Pas pour ceux qui ont commencé une carriÚre bancaire dans les années 70... En 1984, celui qui entrait à l'Inspection d'une grande banque n'avait pas d'ordinateur personnel ; on auditait les comptes à fin de mois sur des microfiches photographiques. Les PC ne sont pas apparus dans les bureaux pour les patrons, mais d'abord pour les petites mains, ou dans les services techniques, pour faire des moyennes, non pour aider à réfléchir.

Vint Internet. LĂ  aussi, les plus ĂągĂ©s s'en souviennent, il est arrivĂ© dans les bureaux des jeunes avant de parvenir au sommet des hiĂ©rarchies. Et encore, en rusant, sous prĂ©texte d'intranet, cernĂ© de firewalls. MĂȘme aujourd'hui, des amis banquiers avouent ne pas avoir accĂšs Ă  telle ou telle information parce qu'elle circule sur un rĂ©seau social. Et lĂ  aussi, il y a eu des cadavres. Des banquiers d'affaires qui tiraient leurs connaissances d'un voyage annuel Ă  New-York, leur aura de trois ou quatre secrets Ă©changĂ©s Ă  la chasse ou au golf, leurs inspirations de quelques dĂźners... Sans compter la rancune devant les fortunes inouĂŻes que se sont construites les vainqueurs.

La meilleure description de ces révolutions profondes, sans lesquelles il n'y aurait jamais eu de Bitcoin, date en fait de ... 1848.

Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée texto : « Tous les rapports sociaux, figés et couverts de rouille, avec leur cortÚge de conceptions et d'idées antiques et vénérables, se dissolvent; ceux qui les remplacent vieillissent avant d'avoir pu s'ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. »

C'est dire si la haine des 0 et des 1 vient de loin !

Maintenant, qu'est ce que la soupe nous apprend ?
(de quoi est-elle le nom ? comme diraient les penseurs-poseurs).

l'enfance« Mange ta soupe ! » Cette injonction, le Contempteur du bitcoin l'a entendue, comme vous et nous, et elle est restĂ©e enfouie dans les terreurs de l'enfance. Le lait maternel a cessĂ© de couler tout seul, et son premier substitut, la bouillie, s'est vite muĂ©e en une chose dont ni l'aspect ni le goĂ»t ne sont bien rĂ©jouissants pour le tout-petit. Avant l'Ă©cole ou le service militaire, la soupe est la premiĂšre Ă©preuve de l'entrĂ©e dans l'Ăąge adulte. La plupart l'ont dignement surmontĂ©e. Mais pour le Contempteur, la Banque Ă©tait une mĂšre : elle l'a nourrie de l'argent qu'elle fabriquait elle-mĂȘme, et qui lui paraissait si naturel que tout changement de rĂ©gime le dĂ©goĂ»te. Bref notre homme est comme le vieux de la publicitĂ© qui dit « je n aime pas la soupe et ce n est pas Ă  mon Ăąge que cela va changer ».

On aurait ici un cas navrant de blocage au stade oral, au sein d'une profession financiÚre dont la majorité des membres ne restent pourtant bloqués qu'au stade suivant. Pardon de cette soupe-osition, c'est le billet 69 !

Soupe d'hiver Ă  Paris, Robert GoeneutteExplorons toutefois une autre piste. La soupe est populaire, on le sait. Les personnes bien nĂ©es ne trempent pas leur soupe (qui est Ă  l'origine le nom du bout de pain) dans le bouillon, le consommĂ© ou le potage. Elles y vont avec l'argenterie de famille. En outre, le potage c'est ce qui a cuit dans un pot, dans lequel il entre idĂ©alement autant de viande que financiĂšrement possible, selon le principe de la la poule au pot que le bon roi Henri IV nous souhaitait Ă  tous, gueux que nous sommes. La soupe c'est donc le veloute des pauvres, des non-bancarisĂ©s, de ceux que la Banque Hervet ou le groupe HSBC laissaient sur la touche... D'ailleurs que vendait-il jadis aux gens du tout-venant, le Contempteur du bitcoin, sinon la soupe bancaire habituelle, celle qui ne change jamais, servie identique Ă  elle-mĂȘme par les Ă©ternels dĂ©fenseurs de la banque de dĂ©tail Ă  la grand-papa, ces grosses lĂ©gumes ?

La « soupe de 0 et de 1 » pour ce bel esprit, c'est du rata pour codeurs, une sous-humanitĂ© Ă  la Houellebecq, des gens qui ignorent les beautĂ©s d'Aristote et n'ont peut-ĂȘtre lu ni Minc ni Attali, deux penseurs qui pourtant savent bien servir la soupe.

Au vrai, le spectacle de tous les spéculateurs encore plus ignorants que lui de Bitcoin et qui se ruent maintenant à la soupe est trop commun pour cet homme élégant, qui fait mine de les mettre en garde mais doit leur souhaiter secrÚtement de boire le bouillon. Ce n'est pas un mauvais homme, mais Bitcoin l'énerve, et cette histoire le rend un peu soupe-au-lait.

Mais s'il avait raison, néanmoins ?
Si Bitcoin Ă©tait effectivement une soupe de 0 et de 1 ?

Sur les 0 et les 1, cela va sans dire, c'est là notre univers. On a déjà commenté sur "La Voie du Bitcoin" ce que dit Mark Alizart sur le caractÚre philosophique de l'informatique.

Mais sur la soupe ? A ce niveau d'Ă©lĂ©vation, on ne peut que songer Ă  la soupe primitive, la soupe primordiale de l'expĂ©rience rĂ©alisĂ©e en 1953 par Stanley Miller qui, en mĂ©langeant gaz, rĂ©actions chimiques et dĂ©charges Ă©lectriques, se rendit compte qu'il avait fait apparaĂźtre des acides aminĂ©s primitifs. Autrement dit, une forme de vie ! De la mĂȘme façon, Satoshi Nakamoto assembla un peu de hashcash, un soupçon de SHA-256, un arbre de Merkle et une gĂ©nĂ©reuse rasade de proof-of-work et vit apparaĂźtre un nouveau systĂšme de paiement, la pulsation d'un coeur battant toutes les dix minutes...

Prosaïquement, la soupe montre comment un mélange bien dosé peut transformer de nobles saveurs individuelles en délice culinaire. La soupe est un assemblage, en somme, plus qu'une technologie. De sorte que serait immédiatement jugé ballot le premier qui parlerait d'une technologie légume derriÚre la soupe, ou prétendrait que l'idée géniale c'est seulement l'assiette creuse.

De plus, la soupe est un plat dont seuls les créateurs et les initiés peuvent détecter tous les éléments. Celui qui songe à cela éprouve une illumination en se souvenant des métaphores sur les fonctions mathématiques irréversibles, illustrées par le mélange (réitéré) des couleurs.

Le mélange des saveurs nous indique clairement que le hashage est un potage ! Rappelez-vous : dans notre enfance, la seule soupe amusante, c'était celle à l'alphabet, avec ses messages si riches en entropie ! Et, à la suite d'Andy Warhol, les artistes du bitcoin ne s'y sont pas trompés...

Andy Crypto Soup

Au total, en explorant un mot stupide, nous trouvons bien des choses en somme. Il faut fouiller. On ne trouve pas la vĂ©ritĂ© en restant Ă  la surface. Le Contempteur qui se rĂ©pand de billet en billet en rĂ©pĂ©tant invariablement les mĂȘmes imprĂ©cations n'est pas forcĂ©ment dĂ©muni d'esprit, mais il manque terriblement d'humilitĂ©. C'est ce qui le fait denigrer sans vraiment essayer de comprendre. On trouve dans les dĂ©bats des dĂ©veloppeurs et des usagers cent critiques plus pertinentes que ses moqueries. Et cela permet Ă  tous d'avancer.

Quelques jugements hautains et pompeux, égayés de boutades éculées, ne remplacent pas un peu de savoir-faire. C'est ce que dit Chrysale aux Femmes Savantes de MoliÚre :

« Je vis de bonne soupe, et non de beau langage.
Vaugelas n'apprend point Ă  bien faire un potage,
Et Malherbe et Balzac, si savants en beaux mots,
En cuisine peut-ĂȘtre auraient Ă©tĂ© des sots. »

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