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Coinbase se lance Ă  son tour dans les tokens non fongibles (NFT)

October 13th 2021 at 09:00

AprĂšs Binance et FTX US, c’est au tour de la plateforme d’échange majeure Coinbase de se tourner vers les tokens non fongibles (NFT). Les utilisateurs peuvent dĂ©jĂ  s’inscrire sur liste d’attente.

L’article Coinbase se lance à son tour dans les tokens non fongibles (NFT) est apparu en premier sur Cryptoast.

FTX US lance une place de marché pour les NFT de Solana (SOL) et prochainement Ethereum (ETH)

October 12th 2021 at 09:00

FTX US a lancĂ© une nouvelle place de marchĂ© pour les tokens non fongibles (NFT) de Solana (SOL). Les NFT d’Ethereum devraient Ă©galement arriver prochainement. De quoi concurrencer OpenSea ?

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État des lieux des Tokens Non-Fongibles (NFTs)

April 27th 2021 at 10:15
Écosystùme Français des Tokens Non Fongibles, par Nathan Sexer pour Ethereum-France

En mars 2020, lors d’EthCC[3], la confĂ©rence annuelle au sujet d’Ethereum qui se tient chaque annĂ©e Ă  Paris, j’ai eu l’occasion de prĂ©senter “Un tour d’horizon des tokens non-fongibles (NFT)” au sein de la ‘French Track’ aux cĂŽtĂ©s de Nicolas Julia (Sorare), Nicolas Pouard (Ubisoft) et Pierre-Nicolas Hurstel (Arianee).

Depuis, les tokens non-fongibles connaissent un essor incroyable, portĂ© par celui de la blockchain, et plus particuliĂšrement par un intĂ©rĂȘt grandissant des institutions, grandes entreprises, cĂ©lĂ©britĂ©s et mĂ©dias qui ont largement repris le sujet (Ă  l’image de mon passage dans l’Express — “Pourquoi ces jetons numĂ©riques s’arrachent Ă  prix d’or?”)

La grande majoritĂ© de l’activitĂ© autour des NFTs se passant sur Ethereum, il apparaissait Ă©vident d’en faire une tribune avec Ethereum-France. Cet Ă©tat des lieux a pour objectif de rappeler les tenants et aboutissants de ces objets numĂ©riques, prĂ©ciser le contexte dans lequel leur essor s’inscrit, et proposer un aperçu de l’état actuel du marchĂ©, des applications le composant, un zoom sur le marchĂ© Français et quelques perspectives d’avenir.

Qu’est-ce qu’un Token Non-Fongible (NFT) ?

Un token est un actif numĂ©rique Ă©mis et Ă©changeable sur une blockchain. Trop souvent appelĂ©es « crypto-monnaies », ils n’ont pas tous vocation Ă  devenir une monnaie. Ce sont des actifs qui permettent la reprĂ©sentation et l’échange de valeur sur la blockchain.

Les tokens fongibles sont des tokens identiques entre eux et divisibles. Tout comme l’Euro ou le Dollar, un Bitcoin (BTC) ou un Ether (ETH) est fongible. Un BTC est Ă©gal Ă  un autre BTC et il est possible de diviser, d’acheter et d’échanger des fractions de BTC (0.002 BTC).

A l’inverse, les spĂ©cificitĂ©s principales des tokens non-fongibles (ou crypto-collectible, ou Non-Fungible Tokens aka NFT) sont qu’ils sont uniques et non individualisables. Un NFT est toujours diffĂ©rent d’un autre NFT, on ne peut Ă©galement pas les diviser ni en Ă©changer des fractions comme c’est le cas pour les tokens fongibles.

Principalement basĂ©s sur Ethereum, ces tokens non-fongibles hĂ©ritent des spĂ©cificitĂ©s de cette blockchain sous-jacente: une blockchain dĂ©centralisĂ©e, en accĂšs libre, transparente et immuable. Les caractĂ©ristiques des blockchains publiques comme Ethereum s’appliquent aux tokens non-fongibles, ils sont par consĂ©quent :

  • Infalsifiables : tout comme chaque Ă©vĂ©nement sur Ethereum ne peut ĂȘtre remis en question
  • Traçables : chaque transaction est publique et visible par tous (eg. via etherscan)
  • InteropĂ©rables: les NFTs se basent sur les mĂȘmes standards, ce qui rend possible et facile l’interopĂ©rabilitĂ© de ces actifs entre les projets
  • MonĂ©tisables : les standards de NFTs rendent facile leur incorporation dans des places de marchĂ©s qui permettent leur achat et vente. Un dĂ©tenteur de NFT est rĂ©ellement propriĂ©taire de cet actif et donc libre d’en faire ce qu’il souhaite; le vendre notamment. La mise en place de royalties est Ă©galement facilitĂ©e, entre autre grĂące Ă  leur traçabilitĂ©.

Spécificités des tokens non-fongibles :

  • UnicitĂ© : Un NFT est unique. Il ne peut pas ĂȘtre copiĂ© Ă  l’identique car la blockchain en garde une trace publique et immuable.
  • IndivisibilitĂ© : Il est impossible de diviser un NFT en plusieurs parties, ce qui n’est pas le cas d’autres tokens. Cette deuxiĂšme propriĂ©tĂ© renforce la premiĂšre.

La majorité des tokens non-fongibles fonctionnent via des smart-contracts (scripts automatisés) déployés sur la blockchain Ethereum. La plupart suit des standards bien établis tels que les ERC-721 & ERC-1155. 

Comment expliquer la fiĂšvre des NFTs ?

Les NFTs font l’objet d’un engouement mĂ©diatique sans prĂ©cĂ©dent, notamment liĂ© Ă  la participation de cĂ©lĂ©britĂ©s telles que Elon Musk, Jack Dorsey, Paris Hilton, Lindsay Lohan, Steve Aoki, Soulja Boy, Kings of Leon, Mike Shinoda, PelĂ©, Eminem, The Weekend qui vendent des morceaux de musique, des oeuvres d’art ou mĂȘme des tweets historiques sous forme de NFT. Des entreprises telles que McDonald’s France ou Taco Bell ont Ă©galement sautĂ© le pas en mettant en vente des Ɠuvres d’arts sous forme de NFT.

Mais c’est aussi et surtout grĂące aux ventes records de NFTs que l’on parle d’eux. L’artiste Beeple notamment, a realisĂ© une vente de $69M dĂ©but mars 2021 chez Christie’s ce qui a suscitĂ© de vives rĂ©actions dans la presse. TraitĂ© ici par The Verge, Techcrunch ou encore le NYTimes et son titre provocateur “JPG File Sells for $69 Million, as ‘NFT Mania’ Gathers Pace”. La vente de Beeple est historique car c’est la 3Ăšme plus grosse vente jamais rĂ©alisĂ©e par un artiste de son vivant. Sotheby’s a d’ailleurs rapidement emboĂźtĂ© le pas Ă  Christie’s en effectuant Ă  son tour des ventes de NFTs de plusieurs dizaines de millions de dollars. Ce sont donc les deux plus grandes maisons d’enchĂšres au monde qui ont misĂ© gros sur ces NFTs.

Les volumes globaux des NFTs ont explosĂ© et continuent leur ascension fulgurante. Ce sont dorĂ©navant des centaines de millions de dollars qui s’échangent chaque mois sur les plateformes de ventes publiques de NFT, comme le montre ce graphique publiĂ© par Messari :

Si ces ventes explosent, ce sont grùce à leurs émetteurs (ie. célébrités, marques, artistes) qui réalisent et exploitent cette technologie pour vendre leur art mais aussi bien évidemment grùce aux acheteurs (fans, collectionneurs, crypto-millionnaires) qui dépensent des fortunes dans ces objets digitaux.

En somme, les NFTs permettent Ă  des utilisateurs de possĂ©der et collectionner des biens digitaux en les achetant directement auprĂšs de leurs crĂ©ateurs. Cela permet aux marques et personnalitĂ©s d’interagir directement avec leur communautĂ©, en diversifiant leurs sources de revenus et d’interactions. PossĂ©der un NFT est un signe d’appartenance pour l’acheteur, qui peut montrer son bien et faire partie d’un club restreint et privilĂ©giĂ©. Le vendeur peut quant Ă  lui monĂ©tiser ses crĂ©ations tout en ciblant avec prĂ©cision sa communautĂ©.

“Les NFTs permettent de monĂ©tiser des actifs nativement digitaux.”

Dans quel contexte cet essor s’inscrit-il ?

Cet essor s’inscrit dans un contexte bien plus large. La technologie sous-jacente de la blockchain et notamment Ethereum est en forte croissance de popularitĂ© depuis quelques annĂ©es Ă  travers l’adoption par de nombreuses institutions (rĂ©gulateurs, banques), entreprises internationales (Paypal, Venmo, Visa ou mĂȘme Tesla qui autorise l’achat de voitures en Bitcoin) et l’investissement massif d’entreprises tels que Microstrategy ou Square qui intĂšgrent des cryptos Ă  leur bilan comptable. La semaine derniĂšre Coinbase a fait son entrĂ©e en bourse, propulsant une nouvelle fois la blockchain sous les projecteurs mĂ©diatiques. Le secteur de la blockchain gagne en attention et dans son sillon ses sous-jacents tels que Ethereum ou  les NFTs.

Depuis la vague de la “Decentralized Finance” (DeFi) sur Ethereum lors de l’étĂ© 2020, le marchĂ© crypto est en effervescence; les investisseurs particuliers et professionnels sont attentifs et Ă  la recherche du « next big thing ». La vague de NFTs est arrivĂ©e Ă  point nommĂ©.

En plus de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©rĂ© par la blockchain et la DeFi, les NFTs reprĂ©sentent un cas d’usage simple, concret et visuel, les rendant accessibles. L’arrivĂ©e des Cryptokitties en 2017 connut un succĂšs tel que la blockchain Ethereum s’était trouvĂ©e congestionnĂ©e Ă  cause d’ une sur-utilisation soudaine du rĂ©seau, mais le soufflet liĂ© Ă  ces chats tokenisĂ©s est retombĂ© par faute d’utilitĂ©, d’interopĂ©rabilitĂ© et d’accessibilitĂ©. Aujourd’hui, chacun peut crĂ©er, vendre, Ă©changer, collectionner et utiliser des NFTs de multiples maniĂšres. La technologie est arrivĂ©e Ă  un stade de maturitĂ© propice Ă  son expansion. De plus, les NFTs reprĂ©sentent un cas d’usage concret pour expliquer les tenants aboutissants (raretĂ© digitale, traçabilitĂ©, horodatage, monĂ©tisation, interopĂ©rabilitĂ©) des caractĂ©ristiques des blockchains publiques comme Ethereum. Ils sont donc largement montrĂ©s comme exemple par les acteurs et mĂ©dias blockchains.

L’écosystĂšme des Tokens Non-Fongibles

Voici un bon article rĂ©capitulatif de l’écosystĂšme NFT https://niftycryptonomad.com/nft-ecosystem-overview/, tirĂ© d’une Ă©tude de The Block.

Ce mapping, loin d’ĂȘtre exhaustif, permet de repĂ©rer les catĂ©gories d’utilisation qui Ă©mergent dans l’écosystĂšme NFT :

  • Gaming studio : studios de jeux vidĂ©os comme Ubisoft qui travaille sur le sujet des NFTs depuis quelques annĂ©es avec notamment les Lapins CrĂ©tins en NFT et plus rĂ©cemment l’annonce de OneShotLeague ; un jeu dĂ©veloppĂ© avec SoRare, cĂ©lĂšbre startup Française dans le secteur du gaming, football et NFT.
  • Domains : les noms de domaines sur Ethereum (aka “domains”) est l’un des cas d’usage le plus ancien des NFTs avec ENS qui permet Ă  chacun d’acheter un nom de domaine en ‘.eth’ qui permet de rendre lisibles les adresses Ethereum normalement constituĂ©es d’une suite hexadĂ©cimal type: 0x3942394(
)
  • Marketplaces : les places de marchĂ©s NFTs comme Opensea sont en vogue et Ă  l’épicentre de la “rĂ©volution NFT” car elles rendent possible l’achat et vente de ces objets digitaux, dont la liquiditĂ© est une des caractĂ©ristiques primordiales. C’est via ces plateformes que se passent la majoritĂ© des ventes, et parfois mĂȘme l’émission de NFTs, rendus simples grĂące Ă  certaines tel que Rarible (cf. tutoriel plus bas).
  • VR : Les mondes virtuels construits sur la blockchain qui ont pour but ultime de construire le metaverse utilisent quasiment tous les NFTs, tels que CryptoVoxels (qui manque au mapping ci-dessus)
  • DeFi x NFT : Applications qui mixent NFTs et Finance DĂ©centralisĂ©e (DeFi). comme Charged Particles, qui permet d’intĂ©grer aux NFTs des mĂ©canismes de finance ou encore Cometh, un jeu stratĂ©gique qui a pour but de construire un Ă©cosystĂšme DeFi autour d’un jeu centrĂ© autour des NFTs.
  • DAO : Des DAOs (Decentralized Autonomous Organizations) se forment autour des NFTs dans le but de rassembler des artistes, d’investir ou encore de prendre des dĂ©cisions collĂ©giales sur des projets liĂ©s aux NFTs. Ce sont des outils de coordination communautaires qui se forment spĂ©cifiquement sur cette verticale.
  • Collectibles : cas d’usage primaire des NFTs, exploitant parfaitement les caractĂ©ristiques principales de la technologie. Par exemple les  crypto-collectibles ou crypto-art qui sont des NFTs permettant la valorisation et possession rĂ©elle d’Ɠuvres d’art purement digitales.
  • Games : Beaucoup de jeux construits sur la blockchain utilisent cette technologie des NFTs. C’est un des cas d’usage les plus rĂ©pandus, pour plusieurs raisons : Les joueurs sont sensibles aux nouvelles technologies et comme avec les collectibles, ils permettent aux joueurs de possĂ©der des actifs du jeu qu’ils peuvent potentiellement monĂ©tiser et/ou utiliser dans d’autres jeux, ce qui rend les NFTs attrayant pour cette catĂ©gorie d’utilisateurs.
  • Infrastructure : (dĂ©taillĂ© dans la prochaine partie ie. layer 1 & layer 2)

Le mapping omet quelques autres catégories émergentes telles que: 

  • Agencies : Agence de crĂ©ation avec comme spĂ©cialisation la crĂ©ation et commercialisation de NFTs, tel que 6 agency
  • Media : mĂ©dias spĂ©cialisĂ©s en blockchain
  • Funds & Grants : Organismes de financement spĂ©cialisĂ©s autour des NFTs comme FlamingoDAO

Une bonne analyse de Messari classifie Ă©galement les diffĂ©rents acteurs de l’écosystĂšme NFT par “couche de technologie”:

  • Layer 5 : Les aggrĂ©gateurs, regroupant de multiples services autour des NFTs.
  • Layer 4 : Les couches financiĂšres adossĂ©es aux NFTs (p. ex.  Charged Particles) permettant de fractionner, prĂȘter/emprunter etc. des NFTs. 
  • Layer 3 : Les applications permettant d’émettre des NFTs
  • Layer 2 : Les sidechains, favorisant la rapiditĂ© Ă  la dĂ©centralisation 
  • Layer 1 : Les blockchains gĂ©nĂ©ralistes (Ethereum) ou spĂ©cialisĂ©es (Flow)

Cette classification invite au dĂ©bat car beaucoup de projets se situent Ă  plusieurs niveaux (comme Opensea) et il manque une couche entre “Layer 3” et “Layer 4”: celle des applications. Une autre analyse de Messari place ces applications au sein des catĂ©gories ci-dessous :

Dans les applications ; comme Messari le rappelle, se trouvent un certain nombre de cas d’usages, tels que:
“+ Digital Trading Cards
+ Art 
+ Provenance Tracking 
+ Gaming items
+ Domain names 
+ Content 
+ Tokenized luxury goods
+ Financial Products
+ Event Tickets 
+ Tokenized Content”
et bien d’autres encore.

Écosystùme Français des Tokens Non Fongibles

Écosystùme Français des Tokens Non Fongibles, par Nathan Sexer pour Ethereum-France

(Listing d’entreprises dont le(s) fondateur(s) ou dirigeant(s) est(sont) Français, parfois francophone (ie. MagNFT) Ă©voluant dans le secteur des NFTs. Nous listons des projets suite Ă  un appel public Ă  projet et ne garantissons pas ni la qualitĂ© de ceux-ci ni l’exhaustivitĂ© du mapping. Vous souhaitez en faire partie? Remplissez ce formulaire: https://xjh0am5b6o1.typeform.com/to/CrTl0GqM)

Communautés

Jeux

Collection

  • Legends of Cryptonia: ExpĂ©rience sociale sous forme de jeu de rĂŽle discord oĂč les propriĂ©taires de NFTs dirigent l’histoire
  • SolidNFT: Service d’impression de NFT pour “passer du digital au physique”
  • Poost: Des NFTs “poos”
  • HASHink: Des autographes en NFT

Marketplace

  • Ternoa: Marketplace de NFT (sur Polkadot)
  • Sushiswag:  NFT Ă  l’effigie de Sushiswap
  • Auctionity: Maison d’enchĂšres de NFT
  • Ultra: Plateforme de gaming permettant l’intĂ©gration de NFTs via SDK

Defi x NFT 

  • NFT20: Protocol de trading dĂ©centralisĂ© de NFTs
  • StakeDAO: Projet DeFi intĂ©grant des NFTs Ă  collectionner
  • BlackPool: Fonds d’investissement NFT

Luxe & Fashion

  • Arianee: NFT pour la traçabilitĂ© d’objets de luxe
  • Aura: NFT pour la traçabilitĂ© d’objets de luxe
  • Satoshi-studio: Produits haut de gamme soutenus par des NFTs
  • Exclusible: Marketplace pour NFTs de grandes marques de luxe.

MĂ©dias

Infrastructure

  • Aleph: NFT backup
  • Ownest: Technologie de suivi de supplychain via NFT

Artistes

Comment acheter des NFT

Nous en parlions à travers cet article. Acheter des NFTs peut s’effectuer de plusieurs maniùres :

  • A travers des plateformes d’échange telles que OpenSea, Rarible, SuperRare qui permettent aux Ă©metteurs de lister leurs NFTs et aux acheteurs de les revendre.

NB: Une propriĂ©tĂ© intĂ©ressante des NFTs est qu’ils permettent Ă  leurs Ă©metteurs de fixer, en partenariat avec ces places de marchĂ©s, des “royalties”, c’est-Ă -dire un pourcentage qui sera reversĂ© aux Ă©metteurs Ă  chaque revente des NFTs sur le marchĂ© secondaire. Leur traçabilitĂ© facilite grandement cela.

  • Directement auprĂšs de leurs Ă©metteurs, sur les plateformes des projets eux-mĂȘmes (voir projets ci-dessus)

Comment Ă©mettre des NFT

Émettre et vendre des NFTs est accessible à tous !

Une maniĂšre simple d’y parvenir est de passer par des plateformes telles que Rarible qui ont dĂ©mocratisĂ© le processus de crĂ©ation d’NFTs. Il suffit de suivre les Ă©tapes suivantes :

  1. Choisir son média :  (PNG, GIF, WEBP, MP4 or MP3 etc.)
  2. Connecter/Créer un crypto-wallet Ethereum (-> Metamask) 
  3. Y transfĂ©rer de l’ETH afin de pouvoir effectuer des transactions (depuis n’importe quelle plateforme d’échange tel que Coinbase ou Kraken)
  4. Se connecter Ă  une plateforme telle que Opensea, Rarible etc.
  1. Uploader son média via la section création, exemple avec Rarible: https://rarible.com/create 

Si vous ĂȘtes dĂ©veloppeur(e), regardez ces ressources par OpenZeppelin, ce superbe article ou encore ce tutoriel Youtube qui expliquent comment “coder” un NFT.

Émettre un NFT a actuellement un coĂ»t important car il est nĂ©cessaire de payer des frais de gaz lors de l’utilisation du rĂ©seau Ethereum. Ce dernier Ă©tant actuellement en hyper-demande, les frais peuvent ĂȘtre trĂšs Ă©levĂ©s.

Quelles sont les perspectives ?

Les NFTs sont-ils en train de vivre leurs 15 minutes de gloire ou sommes-nous specta(c)teurs d’une nouvelle aventure d’applications inĂ©dites offertes par la technologie de la blockchain? L’attrait pour les NFTs par des segments de population de plus en plus diversifiĂ©s et s’éloignant des archĂ©types classiques, nous laisse imaginer que l’engouement pour ces actifs numĂ©riques continuera de grandir. Comme d’habitude, les chiffres actuels sont probablement exagĂ©rĂ©s, tout comme l’hyper mĂ©diatisation est thĂ©Ăątrale , mais ces effets provoquant des bulles sont nĂ©anmoins symptomatiques d’une vague de fond que nous pensons persistante. 

La technologie des NFTs a pour vocation Ă  Ă©voluer et notamment Ă  se spĂ©cialiser par sous catĂ©gories (art, jeux etc.) et cas d’usages. InĂ©dite, elle fait beaucoup parler d’elle aujourd’hui, mais comme toute technologie, son implantation et sa pĂ©rennitĂ© seront assurĂ©es lorsque l’on en entendra plus parler. En effet, tels les protocoles internet aujourd’hui que tout le monde utilise sans en connaĂźtre l’existence (ie. TCP/IP), les NFTs se rĂ©pandront comme technologie sous-jacente pour toutes formes de mĂ©dias, de biens digitaux et physiques; que ce soit sous leur forme actuelle (ie. standards sur Ethereum) ou autre.

“Le concept d’unicitĂ© digitale est extrĂȘmement puissant et persistera Ă  travers les Ăąges.”

Nous vivons une rĂ©volution de la « Creator economy », l’économie digitale crĂ©Ă©e autour de l’économie de l’attention et des rĂ©seaux sociaux, oĂč la crĂ©ation de contenu est Ă  la portĂ©e de tous. En effet, tout le monde crĂ©e du contenu, mais personne ne le possĂ©dait rĂ©ellement jusqu’à aujourd’hui. Les crĂ©ateurs sont Ă  la merci des plateformes qui contrĂŽlent leurs crĂ©ations, revenus et fans.

Les NFTs offrent la possibilitĂ© aux crĂ©ateurs de rĂ©duire voire supprimer les intermĂ©diaires, multiplier et diversifier leurs sources de revenu ainsi qu’aux utilisateurs de rĂ©ellement possĂ©der du contenu digital. Les NFTs cristallisent un changement de paradigme dans la maniĂšre de crĂ©er, partager et monĂ©tiser nos actifs sur internet apportĂ© par Ethereum.


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Merci à Bettina Boon Falleur et Chloé Lautier pour la relecture.
Merci Ă  Gauthier Zuppinger, Gundam-Z et aux Collectionneurs pour leurs apports.

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Avant Bitcoin : l’amorçage des premiers systĂšmes d’argent liquide numĂ©rique

April 22nd 2021 at 16:44

Le concept de Bitcoin a fait son apparition dans le monde le 31 octobre 2008. Dans un court document technique de 9 pages, le livre blanc, le mystérieux Satoshi Nakamoto décrivait les principes de base de ce qui deviendrait par la suite un phénomÚne économique d'envergure mondiale. Le titre de ce livre blanc ? « Bitcoin : un systÚme d'argent liquide électronique pair-à-pair ». Ce projet s'inscrivait donc dans une lignée bien définie : celle des tentatives de créer une monnaie numérique fonctionnant de maniÚre indépendante sur internet.

L'idĂ©e de monnaie numĂ©rique n'est pas une idĂ©e particuliĂšrement nouvelle. Celle-ci remonte en effet au dĂ©veloppement des moyens de communication modernes et est Ă©voquĂ©e dans de nombreuses Ɠuvres de science-fiction, notamment sous la forme de « crĂ©dits ». Avec l'Ă©mergence d'internet dans les annĂ©es 1980, cette idĂ©e devenait rĂ©alisable. De mĂȘme qu'il existait un courrier Ă©lectronique (e-mail), il pouvait y avoir une monnaie Ă©lectronique (e-money). NĂ©anmoins, une interrogation subsistait : la question de savoir s'il Ă©tait possible de transposer les propriĂ©tĂ©s de l'argent liquide au cyberespace. Pouvait-on construire une monnaie entiĂšrement numĂ©rique qui pouvait se transmettre facilement, de personne Ă  personne et de maniĂšre anonyme ? Ou devait-on se rĂ©signer Ă  simplement Ă©tendre le fonctionnement du systĂšme bancaire Ă  internet ?

Le concept d'argent liquide numérique a été formalisé pour la premiÚre fois en 1982 par le cryptographe américain David Chaum dans son papier académique intitulé « Blind signatures for untraceable payments ». Dans ce papier il décrivait un procédé de signatures aveugles qui permettait théoriquement d'envoyer des paiements de maniÚre anonyme. David Chaum a par la suite étoffé cette idée et a travaillé à l'implémenter par le biais de sa société DigiCash, créée en 1989 pour l'occasion.

L'idée a ensuite été reprise par le mouvement cypherpunk, formé en 1992, dont le but était d'établir une forme d'anarchie dans le cyberespace grùce à la cryptographie et à la technologie. Pour réaliser leur objectif, un argent liquide numérique constituait un élément central, car c'était lui qui pouvait permettre le développement de marchés indépendants en ligne. Eric Hughes, l'un des fondateurs du mouvement, écrivait par exemple dans son Manifeste d'un cypherpunk en mars 1993 :

Nous, les cypherpunks, nous consacrons à construire des systÚmes anonymes. Nous défendons notre confidentialité avec la cryptographie, avec les systÚmes anonymes de transfert de courriels, avec les signatures numériques, et avec la monnaie électronique.

Cependant, pour qu'une telle monnaie soit vraiment indĂ©pendante, il fallait qu'elle possĂšde une valeur sans ĂȘtre adossĂ©e Ă  un autre bien. En effet, adosser sa monnaie Ă  des rĂ©serves prĂ©sentes Ă  un endroit donnĂ© revenait Ă  jouer le rĂŽle d'une banque, ce qui Ă©tait trĂšs peu compatible avec l'idĂ©al des cypherpunks. C'est dans ce contexte qu'ont eu lieu les premiĂšres tentatives d'amorçage de systĂšmes d'argent liquide numĂ©rique.

 

Le Hawthorne Exchange : un systÚme de réputation basé sur le Thorne

La premiÚre expérience que l'on peut citer n'est pas un systÚme de monnaie numérique à proprement parler puisque son rÎle initial n'était pas l'échange commercial. Il s'agit du Hawthorne Exchange, un systÚme de jetons de réputation utilisé pour la liste de diffusion extropienne.

Les extropiens Ă©taient des futuristes transhumanistes optimistes qui envisageaient l'Ă©volution technologique comme un moyen de libĂ©ration de l'individu. Ils avaient avait donc des centres intĂ©rĂȘts en commun avec les cypherpunks (le mouvement extropien avait Ă©tĂ© fondĂ© 4 ans aurapavant), et beaucoup de personnes faisaient partie des deux mouvements comme Timothy C. May, Nick Szabo ou encore Hal Finney. La liste de diffusion extropienne Ă©tait une liste de distribution de courrier Ă©lectronique privĂ©e, par laquelle les extropiens communiquaient sur internet et pouvaient discuter de nombreux sujets.

Logo extropianisme extropie

Le Hawthorne Exchange (couramment abrĂ©gĂ© en HEx) a Ă©tĂ© lancĂ© le 24 mars 1993 par un individu du nom de Brian Holt Hawthorne comme un marchĂ© de rĂ©putation pour les membres de la liste de diffusion. Le systĂšme se basait sur un serveur qui gĂ©rait les courriels de maniĂšre automatique. Chaque membre de la liste de diffusion pouvait s'incrire pour acquĂ©rir des parts liĂ©es Ă  son identitĂ©, ainsi que des parts de la plateforme possĂ©dant le sigle boursier HEX. Chaque part pouvait ensuite ĂȘtre Ă©changĂ©e sur le marchĂ© selon l'offre et la demande, ce qui permettait thĂ©oriquement d'Ă©valuer la rĂ©putation des membres de la liste. Le principe de base Ă©tait que si un membre considĂ©rait que quelqu'un avait contribuĂ© positivement Ă  la liste de diffusion, il achetait des parts de cette personne, et que dans le cas inverse il revendait ces parts.

L'unité native pour effectuer ces échanges était le Thorne, et avait pour symbole ð ou p. La quantité monétaire émise au tout début était d'un million de Thornes et était détenue par le serveur. La distribution initiale se faisait lors de l'inscription : au moment de leur entrée dans le systÚme, les participants recevait, en plus de leurs parts représentant leur réputation, 100 HEX chacun (les parts du systÚme d'échange) qu'ils pouvaient vendre au serveur pour un prix de 100 Thornes piÚce, et donc obtenir au moins 10 000 Thornes chacun.

Le systĂšme Ă©tait trĂšs expĂ©rimental et beaucoup de membres de la liste de diffusion Ă©taient sceptiques (Ă  raison) sur sa pĂ©rennitĂ©. NĂ©anmoins, certains se sont tout de mĂȘme inscrits comme Hal Finney (il Ă©tait l'un des premiers Ă  s'inscrire et possĂ©dait la part HFINN), Perry E. Metzger (P) ou Nick Szabo (N) qui disait essayer pour « le plaisir du jeu » malgrĂ© ses rĂ©ticences.

AprÚs une période de développement plus longue que prévue, les échanges ont pu débuter le 28 juin 1993. Les opérations étaient rares mais elles avaient lieu. Voici à quoi ressemblaient le cours des différentes parts dans le rapport du 22 juillet :

Cours parts Hawthorne Exchange 1993

Plusieurs problĂšmes ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s dĂšs le dĂ©but. Le premier Ă©tait le manque de liquiditĂ© du marchĂ©. Un groupe restreint de personnes possĂ©dait la majeure partie des Thornes et ne les faisaient pas bouger, ce qui n'aidait pas les autres Ă  s'en procurer. Des propositions ont Ă©tĂ© faites pour amĂ©liorer les choses. Ainsi, le 6 juillet, un membre de la liste nommĂ© Derek Zahn proposait d'augmenter drastiquement la quantitĂ© de Thrones en circulation. Suite Ă  cette proposition, Perry Metzger rĂ©torquait que les gens oubliaient que « la taille de la masse monĂ©taire [n'avait] pas d'importance » et que « les valeurs [pouvaient] augmenter indĂ©finiment mĂȘme avec une masse monĂ©taire fixe ». NĂ©anmoins, il fallait pour cela que l'unitĂ© soit rendu divisible, chose qu'a faite Brian Hawthorne le 16 juillet en ajoutant deux chiffres aprĂšs la virgule dans la reprĂ©sentation des Thornes.

Le deuxiÚme problÚme était la valorisation du Thorne et des jetons de réputation. Certaines personnes montraient en effet un certain scepticisme à propos de la mise en route du systÚme, à l'instar de Hal Finney qui déclarait le 27 juillet :

De nombreuses personnes ont observĂ© que les parts Hex ont peu ou pas de valeur intrinsĂšque. Cela remet en question toute la prĂ©misse de la place de marchĂ©, Ă  savoir que les valeurs des parts sont censĂ©es reprĂ©senter d'une maniĂšre ou d'une autre la rĂ©putation des gens. Mais il n'y a aucune raison pour que la valeur des parts corresponde de quelque maniĂšre que ce soit Ă  la rĂ©putation des gens, si ce n'est le fait qu'on se dit qu'il devrait en ĂȘtre ainsi. Il s'agit d'une tentative de crĂ©er une prophĂ©tie auto-rĂ©alisatrice, oĂč si tout le monde croit X, alors tout le monde agit comme si X Ă©tait vrai, et cela rend X vrai. [...] Il est important de comprendre que les Thornes ne sont pas comme les dollars. À moins que les parts HeX ne puissent recevoir une base autre que le caprice de leurs propriĂ©taires, le marchĂ© s'effondrera sĂ»rement, car il n'y a rien pour le soutenir.

Plusieurs personnes ont réagi à cette conception. Ainsi, Dave Krieger a répondu à Hal Finney que les dollars fonctionnaient déjà comme cela. Perry Metzger, lui, a été plus loin en invoquant la conception subjective de la valeur :

L'une des grandes avancĂ©es de la thĂ©orie Ă©conomique autrichienne est la notion que toute valeur est complĂštement subjective - c'est tout simplement ce que les gens sont prĂȘts Ă  payer pour la chose valorisĂ©e. [...] Toute monnaie est psychologique.

HEx n'a jamais rĂ©ellement fonctionnĂ© en tant que systĂšme de rĂ©putation car il n'y avait pas de sens Ă  Ă©valuer la rĂ©putation comme cela, et l'activitĂ© Ă©tait de toute maniĂšre trop timide. NĂ©anmoins, le Thorne lui a commencĂ© Ă  ĂȘtre utilisĂ© comme monnaie d'Ă©change. Par consĂ©quent, bien que Brian Hawthorne lui-mĂȘme avait dĂ©clarĂ© que HEx n'Ă©tait pas « un systĂšme d'argent liquide numĂ©rique » et n'avait « aucune prĂ©tention Ă  l'ĂȘtre », les personnes prĂ©sentes sur la liste se sont mises naturellement Ă  effectuer des Ă©changes contre du Thorne.

Le premier achat d'un service a eu lieu le 31 août 1993 lorsque Dave Krieger a proposé à John McPherson de lui donner 1000 Thornes s'il recopiait et publiait une présentation de Vernor Vinge réalisée par The San Diego Union-Tribune. John McPherson a accepté dans la soirée, heure de Californie, concluant ainsi l'échange.

Nick Szabo vendait quelques services contre du Thorne, et avait été jusqu'à mettre au point son propre catalogue de textes en tous genres, appelé « Nick's Catalog ».

Catalogue de Nick Szabo Thorne Hawthorne Exchange 1993

Quelques paris étaient réalisés sur la liste de diffusion. De son cÎté, Tim May mettait à disposition des dossiers d'informations contre des Thornes, dans le cadre de son projet de BlackNet.

Au cours du temps, le Thorne a aussi acquis un prix en dollars. Brian Hawthorne vendait du Thorne à un prix de 0,01 $ piÚce. Cependant, la demande pour le Thorne était moins forte que cela et la plupart des gens acceptaient d'acheter du Thorne un prix de 0,001 $. Tim May en particulier cherchait à se procurer plus de Thornes : il a par exemple acheté 10 000 Thornes à Edgar W. Swank pour 10 $ en liquide. Le but de Tim May était d'« accumuler plus de Thornes » dans l'espoir que le systÚme persiste et que Brian Hawthorne n'ait pas « l'intention de dévaloriser le Thorne en imprimant plus », chose que ce dernier confirmera :

Je vais répéter ce que j'ai déclaré publiquement auparavant. Il y a exactement un million de Thornes en circulation. Je n'en imprimerai pas plus.

Cet amorçage du Thorne a étonné certains membres de la liste, et ce d'autant plus que cette utilisation n'était pas la vocation initiale du systÚme. Ainsi, David Murray expliquait le 28 septembre :

Quand HEX a débuté, je ne pensais pas que le thorn[e] pouvait spontanément acquérir de la valeur. Je n'en suis plus si sûr maintenant. Les thorn[e]s offrent un avantage distinct par rapport aux dollars ici sur la toile : ils sont électroniques et échangeables électroniquement. Cette marge d'efficacité peut suffire à leur permettre d'acquérir de la valeur, avec un peu d'aide (spontanée).

Cela a Ă©galement inquiĂ©tĂ© Brian Hawthorne, qui voyait son systĂšme ĂȘtre utilisĂ© comme monnaie, et qui ne voulait pas subir les poursuites Ă©tatiques que subissait Ă  l'Ă©poque le crĂ©ateur de PGP, Philip Zimmermann :

Avertissement officiel, de sorte Ă  ce que je ne me retrouve pas dans la mĂȘme situation que Phil Zimmermann : Le Hawthorne Exchange est un marchĂ© de rĂ©putation, pas un marchĂ© d'actions, de matiĂšres premiĂšres, de devises ou d'obligations. Le Thorne est un jeton avec lequel Ă©changer des rĂ©putations. Le Hawthorne Exchange dĂ©cline toute responsabilitĂ© quant Ă  l'utilisation de Thornes comme monnaie rĂ©elle par ses clients.

Toutefois, cette expérience est lentement tombée dans l'oubli et l'activité a commencé à décliner vers la fin de l'année 1993. Le 21 janvier 1994, Brian Hawthorne a mis le Hawthorne Exchange en vente, n'ayant plus le temps de s'en occuper. Il avait en effet lancé la chose de maniÚre plus ou moins ironique et ne s'attendait pas à ce que les gens la prennent autant au sérieux. La plateforme a été rachetée par Bill Garland, qui a déclaré par la suite que « HEx [avait été mis] en sommeil et qu'il le resterait encore un peu » (HEx is now dormant and will be for a little while yet). Le Hawthorne Exchange n'a jamais réapparu et par conséquent le Thorne a fini par perdre sa valeur.

 

Magic Money et les Tacky Tokens

À l'instar de la liste extropienne, la mailing list cypherpunk a Ă©galement connu son expĂ©rience d'argent liquide numĂ©rique. Il s'agissait du protocole Magic Money qui permettait Ă  chacun de crĂ©er sa propre devise numĂ©rique. Celui-ci a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© sur la liste de diffusion cypherpunk le 4 fĂ©vrier 1994, par un anonyme qui utilisait PGP pour s'identifier. Le crĂ©ateur de Magic Money, Pr0duct Cypher, dĂ©crivait son systĂšme comme suit :

Magic Money est un systĂšme d'argent liquide numĂ©rique conçu pour ĂȘtre utilisĂ© par courrier Ă©lectronique. Le systĂšme est en ligne et intraçable. « En ligne » signifie que chaque transaction implique un Ă©change avec un serveur, pour Ă©viter les doubles dĂ©penses. « Intraçable » signifie qu'il est impossible pour quiconque de retracer les transactions, de faire correspondre un retrait avec un dĂ©pĂŽt, ou de faire correspondre deux piĂšces de quelque maniĂšre que ce soit.

Tout comme le Hawthorne Exchange, Magic Money nĂ©cessitait par un serveur qui analysait des courriels pour faire fonctionner la chose. Magic Money Ă©tait un protocole et par consĂ©quent nĂ©cessitait que la personne qui dĂ©sirait crĂ©er une nouvelle devise numĂ©rique fasse fonctionner son propre serveur. Pour ĂȘtre intraçable, le systĂšme se fondait sur les signatures aveugles de David Chaum, une technologie brevetĂ©e, ce qui faisait que Magic Money Ă©tait avant tout un prototype expĂ©rimental.

À la fin de sa prĂ©sentation initiale, Pr0duct Cypher ajoutait la remarque suivante Ă  propos de la valorisation des jetons crĂ©Ă©s avec son systĂšme :

Maintenant, si vous ĂȘtes toujours rĂ©veillĂ©, vient la partie amusante : comment introduire une valeur rĂ©elle dans votre systĂšme digicash ? Comment, d'ailleurs, faites-vous mĂȘme en sorte que les gens jouent avec ?

Qu'est-ce qui rend l'or précieux ? Il a quelques propriétés utiles : c'est un bon conducteur, il résiste à la corrosion et aux produits chimiques, etc. Mais celles-ci ne sont devenus importantes que récemment. Pourquoi l'or a-t-il été précieux pendant des milliers d'années ? C'est joli, c'est brillant et surtout, c'est rare.

Digicash est joli et brillant. Les gens en parlent depuis des années, mais peu l'ont utilisé. Vous pouvez rendre votre cash plus intéressant en donnant à votre serveur un nom provocateur. Le faire passer par un service de repostage pourrait lui donner une touche « underground » qui attirerait les gens.

Votre digicash devrait ĂȘtre rare. Ne le donnez pas en grande quantitĂ©. Demandez Ă  certaines personnes de jouer avec votre serveur, en vous faisant passer des piĂšces. Organisez un concours - la premiĂšre personne qui casse ce code, rĂ©pond Ă  cette question, etc. gagne de l'argent numĂ©rique. Une fois que les gens commenceront Ă  s'y intĂ©resser, votre monnaie numĂ©rique sera demandĂ©e. Assurez-vous que la demande dĂ©passe toujours l'offre.

 

Magic internet Money Bitcoin brouillon
Bitcoin n'est-il pas le digne héritier de Magic Money ?

 

Suite à cette présentation, les réactions ont été enthousiastes. Hal Finney a répondu dans la foulée : « Wow ! Génial ! ». Francis Barrett, lui, affirmait que c'était « la chose la plus géniale [qu'il avait] lue depuis longtemps ».

Le premier serveur a été mis en place par Mike Duvos le 25 février 1994. Ses piÚces étaient appelés les « Tacky Tokens », ou « jetons poisseux », et elles étaient émises en dénominations de 1, 2, 5, 10, 20, 50, et 100 unités. En guise d'incitation à essayer le systÚme, il distribuait 100 Tacky Tokens aux 10 premiÚres personnes qui envoyaient un courriel au serveur.

Quelques tentatives d'utiliser les Tacky Tokens comme monnaie d'échange sont apparues comme la proposition de vente d'un GIF de qualité contre 5 Tacky Tokens, mais cependant cela n'a pas pris comme les cypherpunks l'imaginaient. Cet échec a fait réfléchir certains d'entre eux sur le problÚme de l'amorçage.

Dans son essai Why Digital Cash is Not Being Used, Tim May relevait diffĂ©rentes raisons pour lesquelles Magic Money / Tacky Tokens ne gagnait pas en traction, dont les trois principales Ă©taient qu'il n'y avait quasiment rien Ă  acheter, que l'utilisation Ă©tait difficile techniquement et que le systĂšme n'offrait aucun intĂ©rĂȘt particulier. May recommandait donc une liste de marchĂ©s qui pourraient ĂȘtre avantageux pour les systĂšme d'argent liquide numĂ©rique comme les cartes de tĂ©lĂ©phone, les routes Ă  pĂ©age, les marchĂ©s illĂ©gaux, les marchĂ©s de paris et les services numĂ©riques de repostage.

Pr0duct Cypher, dans un texte intitulé Giving Value to Digital Cash, écrivait :

Quelqu'un m'a rĂ©cemment rappelĂ© mes mots de l'intro de Magic Money, dans laquelle j'ai prĂ©dit que l'argent liquide numĂ©rique pouvait prendre de la valeur par lui-mĂȘme. Je savais quand j'ai Ă©crit le programme que donner la valeur au systĂšme serait la partie la plus difficile. [...] La plupart des grandes Ă©conomies utilisent aujourd'hui une monnaie fiduciaire, il est donc clair que la monnaie fiduciaire fonctionnera. Mais vous ne pouvez pas crĂ©er une nouvelle Ă©conomie avec de la monnaie fiduciaire. La monnaie doit commencer par avoir une valeur et une convertibilitĂ© dans le monde rĂ©el. AprĂšs avoir Ă©tĂ© en circulation pendant un certain temps, elle peut ĂȘtre « dĂ©couplĂ©e » des Ă©talons extĂ©rieurs.

Il y a trois problĂšmes qui interviennent.

1> Faire en sorte que les gens s'y mettent, de l'ignorance totale à la présence d'un client Magic Money opérationnel sur leurs systÚmes.

2> Distribuer vos piÚces numériques.

3> Échanger vos piĂšces numĂ©riques contre quelque chose ayant de la valeur.

On note qu'il revenait alors sur sa position initiale, pour rejoindre la conclusion du théorÚme de régression de Mises : la valeur de la monnaie devait remonter à une valeur d'usage non monétaire, si besoin par le biais d'adossements successifs.

À la suite de ces discussions, d'autres implĂ©mentations de Magic Money ont vu le jour : les GhostMarks ou « marks fantĂŽmes » ; les DigiFrancs ou « francs numĂ©riques », prĂ©tendument adossĂ©s Ă  10 caisses de Cola-Cola Light conservĂ©s dans un coffre ; ou encore les NexusBucks ou « dollars de liaison », crĂ©Ă©s par un dĂ©nommĂ© Sameer qui souhaitait rĂ©munĂ©rer du travail de dĂ©veloppement informatique grĂące Ă  ces jetons.

Cependant, toutes ces unitĂ©s numĂ©riques Ă  l'utilitĂ© trĂšs limitĂ©e ont disparu progressivement. À la mi-aoĂ»t 1994, Mike Duvos, l'opĂ©rateur du serveur gĂ©rant les Tacky Tokens, dĂ©clarait :

Je n'ai pas vu de Tacky Token depuis des mois, bien qu'il y avait pas mal d'activité lorsque j'ai rendu mon serveur disponible au début.

La cause de cette désertion était l'apparition d'un autre systÚme d'argent liquide numérique : eCash et ses cyberbucks.

 

eCash : l'expérience des cyberbucks

Comme on l'a dit en introduction, David Chaum est l'un des fondateurs de l'argent liquide numérique. C'est donc tout naturellement qu'il a essayé de mettre en application son idée, par l'intermédiaire de eCash. AprÚs avoir fondé sa société (DigiCash) en 1989, et avoir travaillé sur le sujet pendant plusieurs années, il a fini par mettre au point un prototype et à le présenter au monde le 27 mai 1994 lors de la premiÚre conférence internationale sur le World Wide Web au CERN à GenÚve.

eCash a par la suite mis en route, sous la forme d'un essai réalisé avec la participation de volontaires. Cet essai a été annoncé en juillet et a débuté le 19 octobre. Les unités émises pour l'occasion étaient appelés les cyberbucks, ou « dollars d'internet », et avaient pour symbole cb$, c$ ou e$ selon les individus. Puisqu'il s'agissait d'un test, les cyberbucks ne bénéficiaient d'aucun adossement au dollar et possédait donc un prix flottant.

L'avantage que possédait eCash est que le systÚme était développé par une entreprise reconnue, qui savait communiquer et qui savait comment démarrer un nouveau projet. La distribution initiale a ainsi été mise à profit pour encourager l'utilisation du systÚme : 100 cyberbucks étaient en effet distribués à chaque nouvel utilisateur. Cela fait que l'expérience des cyberbucks s'est retrouvé avec des centaines d'utilisateurs et des dizaines de commerçants dÚs ses débuts.

Commerçants essai eCash cyberbucks

En janvier 1995, l'essai jusqu'alors rĂ©servĂ© aux États-Unis s'Ă©tendait au monde entier.

Le premier échange en cyberbucks aurait eu lieu dÚs octobre : ils s'agissait de l'achat d'une carte postale par Marcel van der Peijl, un employé de DigiCash, auprÚs de la société Global-X-Change.

eCash connaissait Ă©galement un certain succĂšs dans la communautĂ© cypherpunk, et Ă©tait souvent Ă©voquĂ© sur la liste de diffusion. Certains cypherpunks ont mĂȘme fini par travailler pour DigiCash, comme Nick Szabo.

Le cyberbuck a lui aussi acquis un prix. Il existait une liste de diffusion spĂ©cialisĂ©e qui servait Ă  rĂ©aliser des Ă©changes : appelĂ©e ECM (pour Electronic Cash Market), celle-ci avait Ă©tĂ© dĂ©marrĂ©e le 24 juin 1995 par Rich Lethin. Il y avait Ă©galement d'autres endroits oĂč Ă©changer des dollars contre des cyberbucks et inversement, comme l'Eshop de FireCloud Solutions (voir l'image ci-dessous). En 1995, le prix du cyberbuck Ă©tait de quelques centimes de dollar.

Place de marché eCash EShop FireCloud Solutions 1995

Bien que rare, l'utilisation des cyberbucks Ă©tait bien rĂ©elle. Hal Finney offrait un prix en cyberbucks pour son concours de programmation (problĂšme rĂ©solu par Damien Doligez). Adam Back proposait Ă  la vente des t-shirts sur lesquels Ă©tait imprimĂ© du code d'un algorithme de chiffrement (algorithmes alors considĂ©rĂ©s comme des munitions par l'État fĂ©dĂ©ral des États-Unis), dont un exemplaire a Ă©tĂ© achetĂ© par Mark Grant le 17 aoĂ»t 1995. Bryce Wilcox (devenu aujourd'hui Zooko Wilcox-O'Hearn) proposait de vendre son logiciel facilitant l'utilisation de PGP pour 10 cyberbucks.

Jim Crawley résumait l'état des lieux le 11 juillet 1995, dans une courte chronique pour la revue en ligne The Computists' Weekly :

Pouvez-vous crĂ©er de la valeur rĂ©elle sur la toile simplement en Ă©mettant une monnaie Ă©trange ? Apparemment oui. Digicash a distribuĂ© 1 M d'ecash, 100 e$ par utilisateur. Quelques marchands ont acceptĂ© les cyberbucks pour des partagiciels ou des produits d'information, et Adam Back en Grande-Bretagne vous vendra un T-shirt cryptographique "export-interdit" pour 250 e$ (ou 8 ÂŁ, qui met en place un taux de change diffĂ©rent). Le premier Ă©change connu vers la devise amĂ©ricaine a eu lieu lorsque Lucky Green a acceptĂ© le mois dernier de vendre ses 100 e$ pour 5 $. Cela Ă©tablit un prix de vente de 50 000 $ pour l'Ă©mission de Digicash, bien qu'il soit possible que l'Ă©dition limitĂ©e ait une valeur beaucoup plus Ă©levĂ©e en tant qu'article de collection. Selon l'analyste du commerce en ligne, Robert Hettinga, « le prix dont nous parlons ici est la valeur marginale du concept d'e$ lui-mĂȘme : anonymat, fluiditĂ© de transfert, commoditĂ©, ce que vous voulez. »

Cependant, tout n'était pas parfait pour les utilisateurs de cyberbucks et certains se posaient des question sur la pérennité du systÚme, à l'instar de Nathan Loofbourrow qui évoquait dans un courriel du 23 août la dépendance du systÚme vis-à-vis de DigiCash :

Je n'ai pas encore vu de date, mais Digicash déclare à plusieurs reprises dans ses communiqués de presse que les Cyberbucks ne sont qu'une monnaie d'essai et qu'à un moment donné dans le futur, l'essai prendra fin. Est-ce que cela signera le fin du marché pour les c$ à ce moment-là ? Sans Digicash pour authentifier la monnaie, il semblerait impossible d'échanger les piÚces de c$. [...] Afin de préserver la valeur de la nouvelle monnaie électronique, [...] nous avons besoin de l'assurance que la masse monétaire ne connaßtra pas une croissance déraisonnable. L'essai de ecash bénéficie de la promesse de Digicash d'un plafond de 1 million de c$ ; cette confiance a-t-elle un poids suffisant pour que le Cyberbuck ou son successeur garde une quelconque valeur pour l'utilisateur ?

Malheureusement, sa prĂ©diction est rapidement devenue rĂ©alitĂ©. En octobre 1995, la Mark Twain Bank lançait sa propre version de eCash en partenariat avec DigiCash, et, contrairement Ă  l'essai prĂ©cĂ©dant, l'unitĂ© Ă©changĂ©e Ă©tait adossĂ©e au dollar Ă©tasunien. Bien que l'expĂ©rience des cyberbucks ne se soit pas arrĂȘtĂ©e lĂ , leur valeur s'est effondrĂ©e Ă  cause de cette nouvelle. Le sort des cyberbucks a finalement Ă©tĂ© scellĂ© lorsque Digicash a fait faillite en septembre 1998.

 

Conclusion

Ainsi, que ce soit avec le Hawthorne Exchange, Magic Money ou eCash, on a pu voir des unitĂ©s numĂ©riques ĂȘtre valorisĂ©es sans ĂȘtre adossĂ©e Ă  une monnaie existante. Pourquoi ? Parce que leur fonction -- transfĂ©rer de la valeur sur internet -- Ă©tait trĂšs demandĂ©e, notamment par les cypherpunks dans le but de rĂ©aliser leur idĂ©al. NĂ©anmoins, toutes ces expĂ©riences reposaient sur un tiers de confiance, et se sont dĂ©finitivement arrĂȘtĂ©es lorsque le tiers en question a cessĂ© ses activitĂ©s. Le Thorne, le Tacky Token et le cyberbuck n'Ă©taient ni durables ni rares, et ne pouvaient donc pas devenir des monnaies plus largement acceptĂ©es.

Satoshi Nakamoto le reconnaissait lui-mĂȘme. Dans un courriel adressĂ© Ă  la liste de diffusion p2p-research, il rĂ©agissait Ă  la comparaison entre Bitcoin et eCash en disant :

Bien sûr, la plus grande différence est l'absence de serveur central. C'était le talon d'Achille des systÚmes chaumiens ; lorsque l'entreprise centrale fermait ses portes, la monnaie disparaissait.

À la suite des expĂ©riences des annĂ©es 1990, l'idĂ©e de crĂ©er un argent liquide numĂ©rique sans valeur intrinsĂšque s'est faite plus rare, pour laisser la place Ă  des systĂšmes oĂč les unitĂ©s Ă©taient indexĂ©es sur l'or (e-gold) ou le dollar (Liberty Reserve). Quelques cypherpunks ont bien tentĂ© d'imaginer des systĂšmes dĂ©centralisĂ©s, comme b-money, bit gold ou RPOW, mais ceux-ci ont Ă©tĂ© immĂ©diatement jugĂ©s trop peu robustes. Ce n'est qu'avec l'apparition de Bitcoin en 2008 que la malĂ©diction a Ă©tĂ© levĂ©e et qu'un vrai argent liquide numĂ©rique a pu voir le jour.

 


Sources

John Paul Koning, The bootstrapping of Thorne, Magic Money, and Cyberbucks: three pre-Bitcoin monetary experiments, 6 novembre 2017.
Extropians (mailing list), 1993 - 1994.
Cyperpunks (mailing list), 1992 - 1998.

WPO procĂšde Ă  l’émission de 4 millions de jetons GreenTokens

December 1st 2020 at 10:51

Temps de lecture : < 1 minute L’offre au public de jetons initiĂ©e par WPO, qui s’est dĂ©roulĂ©e du 8 septembre au 12 novembre derniers est dĂ©sormais close. ConformĂ©ment au document d’information de l’Offre, la sociĂ©tĂ© WPO procĂšde dĂ©sormais Ă  la crĂ©ation et Ă  l’émission de 4

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Doctor Who met le TARDIS sur la blockchain

August 19th 2020 at 09:30

Reality Gaming Group a confirmĂ© un partenariat avec la BBC pour le dĂ©veloppement d’un jeu de cartes Ă  collectionner. Il fera usage de tokens non fongibles (NFT) basĂ©s sur la sĂ©rie Doctor Who.

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