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Un ancien employé du KFC perd son empire de crypto-drogue

June 22nd 2020 at 23:52
By: Xavier

Paul Johnson, un ancien employĂ© de KFC, a montĂ© un marchĂ© noir de la drogue dans le grenier de sa maison. L’affaire a Ă©té  florissante que le trafiquant a accumulĂ© des gains colossaux de prĂšs de 2 183 304 livres sterling, soit de 2,77 millions de dollars. Mais l’intervention de la police a mis fin

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Le périple de Crypthomie vire au cauchemar

June 23rd 2020 at 00:26
By: Xavier

AprĂšs avoir perdu de l’argent dans des crypto-investissements, un utilisateur de Reddit ùgĂ© de 34 ans et surnommĂ© Crypthomie n’est pas au bout de ses peines. Incapable d’honorer le calendrier de remboursement de ses prĂȘts, il risque actuellement de lourdes peines de prison. Une perte engendrĂ©e par la pandĂ©mie A l’instar de nombreuses personne au cours de cette

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La preuve de travail rĂ©siste mieux Ă  la censure que la preuve d’enjeu

June 27th 2020 at 10:00

La vision que se fait Eric Voskuil des cryptomonnaies est probablement l’une des visions les plus claires et les plus pertinentes de tout l’écosystĂšme. Ayant identifiĂ© la proposition de valeur de Bitcoin, il cherche par ses courts textes Ă  nous dĂ©montrer, par le biais de raisonnements logiques, quels sont les mĂ©canismes qui permettent de satisfaire cette proposition de valeur.

Sur la preuve d’enjeu, Eric Voskuil a un avis tranchĂ© : contrairement Ă  la preuve de travail, elle ne rĂ©siste pas convenablement Ă  la censure. Dans un article intitulĂ© « Proof of Stake Fallacy », ou « Sophisme de la preuve d’enjeu » en français, il explique (je traduis) :

La sĂ©curitĂ© des confirmations requiert une autoritĂ© pour sĂ©lectionner les transactions. Bitcoin confie pĂ©riodiquement cette autoritĂ© au mineur qui produit la plus grande preuve de travail. Toutes les formes de travail se ramĂšnent nĂ©cessairement Ă  la consommation d’énergie. Il est essentiel qu’une telle preuve soit indĂ©pendante de l’historique de la chaĂźne. Celle-ci peut ĂȘtre appelĂ©e la preuve « externe ».

L’unique autre source d’autoritĂ© sĂ©lective dĂ©pend par consĂ©quent de l’historique de la chaĂźne, source qui peut ĂȘtre dĂ©signĂ©e comme « interne ». Il existe une thĂ©orie selon laquelle une telle preuve d’enjeu (PDE) constitue une alternative comparable Ă  la preuve de travail (PDT) en matiĂšre de sĂ©curitĂ© des confirmations. Il est vrai que la PDE et la PDT dĂ©lĂšguent toutes les deux le contrĂŽle sur la sĂ©lection des transactions Ă  une personne en charge de la plus grande rĂ©serve d’un certain capital.

La diffĂ©rence se situe dans la dĂ©ployabilitĂ© du capital. La PDT exclut le capital qui ne peut pas ĂȘtre converti en travail, alors que la PDE exclut tout capital qui ne peut pas acquĂ©rir des unitĂ©s de la monnaie. Cette diffĂ©rence a une consĂ©quence importante sur la sĂ©curitĂ©.

Dans le Principe des autres moyens, il est montrĂ© que la rĂ©sistance Ă  la censure dĂ©pend des personnes qui paient les mineurs pour vaincre le censeur. Vaincre la censure n’est pas possible dans un systĂšme de PDE, puisque le censeur a acquis la part majoritaire et ne peut pas ĂȘtre Ă©vincĂ©. De ce fait, les systĂšmes de PDE ne sont pas rĂ©sistants Ă  la censure et la thĂ©orie est par consĂ©quent invalide.

Voyons en dĂ©tail ce qu’Eric Voskuil veut dire dans cet extrait.

 

Qu’est-ce que la censure ?

La mot censure nous vient du verbe latin cēnseƍ signifiant « dĂ©clarer, juger », en particulier dans le cadre du cens de la Rome antique, le recensement quinquennal des citoyens romain et de leurs biens, ayant pour but de faciliter le recrutement militaire, la dĂ©limitation des droits, l’organisation des scrutins et le calcul de l’impĂŽt. Le censeur Ă©tait alors le magitrat en charge de gĂ©rer et d’évaluer toutes les informations relatives Ă  ce dĂ©nombrement.

Cet aspect de jugement se retrouve par ailleurs dans le sens critique qu’on porte parfois au mot censure qui s’apparente alors Ă  un blĂąme ou Ă  un reproche, notamment en matiĂšre littĂ©raire.

Au Moyen Âge, la censure se caractĂ©risait par la relecture et la correction des ouvrages rĂ©digĂ©s par les moines copistes pour s’assurer que tout Ă©tait conforme Ă  la foi et Ă  l’orthodoxie religieuse. NĂ©anmoins, l’apparition de l’imprimerie au XVĂšme siĂšcle a bouleversĂ© les choses : le nombre de livres a explosĂ©, et ce faisant, a retirĂ© le contrĂŽle que l’Église avait sur la publication des Ă©crits, contrĂŽle qui a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  l’État.

La censure a par consĂ©quent acquis son sens politique actuel, en dĂ©signant l’examen que le pouvoir gouvernemental fait prĂ©alablement des livres, journaux, piĂšces de thĂ©Ăątre, etc., pour en permettre ou prohiber la publication ou la reprĂ©sentation. Par la suite, le terme a fini par nommer toute atteinte Ă  la libertĂ© d’expression, quel que soit le support, que cette atteinte se fasse avant ou aprĂšs la diffusion.

Avec le dĂ©veloppement des mĂ©dias de masse et surtout des grandes plateformes de publication sur Internet, le terme dĂ©crit dĂ©sormais aussi tout choix d’édition qu’une entitĂ© privĂ©e prend vis-Ă -vis de ses clients ou de ses utilisateurs. Il ne s’agit pas d’une atteinte Ă  la libertĂ© d’expression au sens strict. NĂ©anmoins, il arrive que la volontĂ© de censure Ă©tatique se manifeste par la censure privĂ©e (on parle de censure indirecte) : un État peut sanctionner Youtube s’il constate que la plateforme hĂ©berge des vidĂ©os ayant un contenu inappropriĂ©, et par consĂ©quent la plateforme va supprimer prĂ©ventivement toutes les vidĂ©os susceptibles de causer problĂšme. C’est toute la perversitĂ© du pouvoir dans le monde actuel, oĂč l’État n’intervient directement que trĂšs rarement et oĂč les entreprises privĂ©es servent de mandataires (l’impĂŽt indirect en est un exemple).

Cela nous amĂšne au domaine financier oĂč la censure privĂ©e est Ă©galement prĂ©sente. Les banques, en ayant la capacitĂ© d’intervenir, peuvent choisir d’empĂȘcher le virement d’un client ou de suspendre son compte, si elles constatent un comportement « douteux » qui pourrait leur attirer des ennuis lĂ©gaux. De cette maniĂšre, les banques françaises interdisent rĂ©guliĂšrement Ă  leurs clients d’envoyer des fonds vers les plateformes d’échange de cryptomonnaies. Puisque le domaine financier est soumis Ă  des rĂ©glementations drastiques Ă©touffant la concurrence, et que l’usage de l’argent liquide est restreint (ce qui impose la possession d’un compte bancaire pour bien vivre), cette censure financiĂšre est l’un problĂšmes majeurs de notre Ă©poque.

C’est l’un des problĂšmes que Bitcoin cherche Ă  rĂ©soudre. En effet, l’une des caractĂ©ristiques primordiales de Bitcoin est sa rĂ©sistance Ă  la censure.

 

Preuve de travail et résistance à la censure

Par censure, Eric Voskuil entend une « confirmation subjective » des transactions, c’est-Ă -dire le fait pour un mineur ou un ensemble de mineurs de choisir les transactions sur une base qui n’est pas Ă©conomiquement rationnelle. Si la censure de certaines transactions n’est pas appliquĂ©e par la majoritĂ© de la puissance de calcul, cela ne pose pas de problĂšme parce que les mineurs concurrents finiront par valider cette transaction. Cependant, si un ensemble de mineurs dĂ©tient une majoritĂ© de la puissance de calcul, il peut imposer la censure en invalidant tous les blocs qui incluent les transactions indĂ©sirables.

C’est pourquoi Bitcoin n’est pas impossible à censurer.

Toutefois ce dernier est difficile à censurer, ou pour mieux dire, résistant à la censure.

Cette rĂ©sistance Ă  la censure est Ă  comprendre sur la durĂ©e, Ă  long terme. Tel que Eric Voskuil l’explique dans son essai intitulĂ© « Censorship Resistance Property » ou « PropriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă  la censure », son modĂšle concerne en effet un Bitcoin arrivĂ© Ă  maturitĂ©, utilisĂ© globalement, oĂč la rĂ©munĂ©ration des mineurs provient essentiellement des frais de transactions et non plus de la crĂ©ation monĂ©taire.

C’est ce mĂ©canisme des frais de transaction couplĂ© Ă  la preuve de travail qui crĂ©e la possibilitĂ© de combattre la censure dans Bitcoin. Ainsi que l’écrit Voskuil :

Dans le cas d’une censure active, les frais peuvent augmenter sur les transactions ne rĂ©ussissent pas Ă  ĂȘtre confirmĂ©es. Ce supplĂ©ment de frais crĂ©e un profit potentiel plus grand pour les mineurs qui confirment les transactions censurĂ©es. À un niveau suffisant, cette opportunitĂ© produit une concurrence supplĂ©mentaire et par consĂ©quent un taux de hachage total croissant.

Si la puissance de hachage qui ne censure pas outrepasse celle du censeur, l’imposition de la censure Ă©choue.

Puisque la preuve de travail est externe Ă  la chaĂźne, il est toujours possible d’ajouter de la puissance de minage afin de vaincre le censeur : les mineurs les moins regardants et les plus avides de profit se procureront du matĂ©riel afin de miner les transactions censurĂ©es et rĂ©cupĂ©rer les frais associĂ©s.

Ce mĂ©canisme s’applique jusqu’à la rĂ©sistance Ă  la censure de l’État, chose qui est primordiale. En effet, un Bitcoin arrivĂ© Ă  maturitĂ© serait une menace directe contre la pĂ©rennitĂ© l’État en lui retirant le contrĂŽle sur la masse monĂ©taire et le transfert de capitaux. C’est pourquoi l’État aurait tout intĂ©rĂȘt Ă  miner lui-mĂȘme, mĂȘme dans le cas oĂč il aurait rĂ©lĂ©guĂ© Bitcoin au marchĂ© noir. De plus, comme le dit Eric Voskuil, « seul l’État peut perpĂ©tuellement subventionner ses opĂ©rations, puisqu’il peut lever l’impĂŽt et profiter de la prĂ©servation de son propre rĂ©gime monĂ©taire. »

MĂȘme dans ce cas, il suffirait que le niveau des frais des transactions censurĂ©es atteigne le niveau des revenus de l’État, ce qui semble Ă©norme, mais pas infaisable dans le cadre d’une rĂ©elle guerre Ă©conomique entre l’autoritĂ© et la libertĂ©.

La preuve de travail est donc rĂ©sistante Ă  la censure, dans le sens oĂč il est toujours possible d’outrepasser le censeur.

 

Pourquoi la preuve d’enjeu n’est pas aussi rĂ©sistante Ă  la censure

Voyons maintenant pourquoi la preuve d’enjeu ne peut pas arriver Ă  un tel rĂ©sultat.

Le preuve d’enjeu se base sur la possessions de jetons ou sur une autre donnĂ©e interne de la chaĂźne qui en dĂ©rive. Pour ajouter un bloc, un validateur doit donc prouver qu’il est investi dans le systĂšme. Cela permet de dissuader un comportement du validateur qui irait Ă  l’encontre de l’utilitĂ© de la cryptomonnaie, car une mauvaise action (comme une attaque de double dĂ©pense par rĂ©organisation de la chaĂźne par exemple) pourrait provoquer une chute du prix et donc une baisse de valeur de son capital.

Cependant, toute censure n’aurait pas un impact nĂ©gatif sur le prix de la cryptomonnaie en question. En outre, comme on l’a dit, l’État aurait des intĂ©rĂȘts bien plus grands en jeu et supporterait les pertes liĂ©es Ă  une baisse du prix.

On peut arguer qu’il est trĂšs difficile pour un acteur ou un groupe d’acteurs de rĂ©unir plus de la moitiĂ© des unitĂ©s de la cryptomonnaie en question.

NĂ©anmoins, les validateurs sont des ĂȘtres humains influençables, et, bien qu’il puissent rester anonymes, il est raisonnable de penser que les plus gros acteurs seront dĂ©sireux de respecter la loi. Par exemple, les grandes plateformes d’échange (Kraken, Coinbase), qui concentrent le plus grand nombre de jetons et qui redistribuent les intĂ©rĂȘts Ă  leurs clients, sont clairement identifiĂ©es, et se plient Ă  toutes les rĂ©glementations (identification du client, lutte contre le blanchiment d’argent) pour continuer Ă  exercer.

La situation est encore pire dans la preuve d’enjeu dĂ©lĂ©guĂ©e qui rĂ©partit la charge de la validation entre un petit nombre d’acteurs qui sont pas anonymes la plupart du temps. Un exemple de censure est le gel des fonds de la Fondation Tron sur la plateforme Steem en fĂ©vrier 2020 : les validateurs (« tĂ©moins ») ont en effet appliquĂ© un soft fork (22.2) rendant ces fonds invalides. Cette censure n’était pas imposĂ©e par une majoritĂ© des jetons et il a Ă©tĂ© possible pour la Fondation Tron et quelques plateformes d’échange de rĂ©tablir la situation le 2 mars 2020. NĂ©anmoins, cette affaire nous Ă©claire trĂšs bien sur les mĂ©canismes en jeu et nous prouve que la censure est un problĂšme rĂ©el sur ces chaĂźnes.

Il est donc assez facile pour l’État de faire en sorte qu’une censure soit imposĂ©e, notamment si les transactions censurĂ©es sont considĂ©rĂ©es comme hautement immorales par une majoritĂ© de la population, telles que les transactions provenant d’un cartel de la drogue trĂšs violent, d’une organisation terroriste, d’un rĂ©seau pĂ©dophile, etc.

Ainsi, la censure est rĂ©alisable sur les chaĂźnes utilisant la preuve d’enjeu, tout comme elle l’est sur celles utilisant la preuve de travail. Cependant, si dans le cas de la preuve de travail, il est toujours possible de combattre la censure en rĂ©unissant une puissance de calcul supĂ©rieure au censeur, cette solution n’est en revanche pas toujours une option dans le cas de la preuve d’enjeu, qui est par nature interne. En effet, une fois que le censeur (qui peut ĂȘtre un ensemble d’acteurs) a rĂ©uni plus de 50 % des jetons, il est intouchable.

Dans cette situation, il reste toujours la solution du hard fork pour expulser sĂ©lectivement le censeur. Mais il s’agit gĂ©nĂ©ralement d’une mesure ayant des effets plus dĂ©lĂ©tĂšres que le statu quo : rĂ©partition de la valeur entre deux chaĂźnes, nouvelle distribution n’étant pas forcĂ©ment meilleure que l’ancienne, perte de confiance dans le protocole pour les validateurs, etc. Le hard fork n’est donc pas dĂ©sirable, notamment dans le cas d’une cryptomonnaie arrivĂ©e Ă  maturitĂ©.

C’est en cela que la preuve d’enjeu rĂ©siste moins bien Ă  la censure que la preuve de travail.


Eric Voskuil est le dĂ©veloppeur en chef de libbitcoin, un ensemble de bibliothĂšques permettant de construire des applications interagissant avec la chaĂźne de blocs de Bitcoin. Il participe aussi au dĂ©veloppement du protocole et en possĂšde une connaissance pointue. À cĂŽtĂ© de cela, il rĂ©dige de courts textes sur la crypto-Ă©conomie, c’est-Ă -dire sur ce qui fait que Bitcoin et ses dĂ©rivĂ©s parviennent Ă  exister malgrĂ© leur relation conflictuelle avec l’autoritĂ©.

Pay to Script Hash (P2SH) pleinement expliqué

July 14th 2020 at 10:00

Bitcoin est un systĂšme de monnaie programmable et constitue la premiĂšre implĂ©mentation de ce qu’on appelle les smart contracts ou contrats autonomes. À chaque transaction, des scripts sont exĂ©cutĂ©s pour vĂ©rifier que les fonds dĂ©pensĂ©s remplissent les conditions voulues par l’utilisateur prĂ©cĂ©dent. De nombreuses conditions sont peuvent ĂȘtre mises en place (divulgation d’un secret, verrou temporel, multisignature), mĂȘme si le plus souvent les fonds sont simplement dĂ©pensĂ©s grĂące Ă  la signature d’un utilisateur unique.

Bitcoin repose sur un modĂšle de piĂšces (UTXO), oĂč chaque piĂšce est verrouillĂ©e par un script incomplet Ă©crit sur la chaĂźne. Lors d’une transaction, les piĂšces de bitcoin en entrĂ©e sont dĂ©verrouillĂ©es par un script complĂ©mentaire. Puis, de nouvelles piĂšces sont crĂ©Ă©es Ă  partir des anciennes grĂące Ă  de naouveaux scripts de verrouillage, ce qui perpĂ©tue le caractĂšre programmable du systĂšme.

Transaction : UTXO et scripts

Lorsque j’ai dĂ©couvert comment les transactions fonctionnaient et ce qu’elles permettaient, j’ai Ă©tĂ© fascinĂ© par l’élĂ©gance de cette solution. NĂ©anmoins, en approfondissant ma recherche, j’ai Ă©tĂ© perturbĂ© par l’existence d’une chose qui diffĂ©rait des autres, une exception : le schĂ©ma Pay to Script Hash, qu’on abrĂšge couramment en P2SH.

 

Les différents schémas : P2PK, P2PKH, P2MS et P2SH

Des scripts sont impliquĂ©s dans chaque transaction du rĂ©seau Bitcoin. Le langage de script est constituĂ© de plus d’une centaine de codes opĂ©ration, de sorte qu’un large Ă©ventail de possibilitĂ©s s’offre Ă  nous vis-Ă -vis des conditions qu’on souhaite imposer.

Cependant, dans le but d’amĂ©liorer la communication entre les diffĂ©rentes applications et de limiter le risque de perte, certains standards de scripts, ou schĂ©mas, ont Ă©mergĂ©.

 

P2PK : Pay to Public Key

Le premier schĂ©ma s’appelle Pay to Public Key (P2PK), qu’on peut traduire littĂ©ralement en français par « payer Ă  la clĂ© publique ». Il s’agit d’envoyer des fonds vers la clĂ© publique (public key) d’un utilisateur, que lui seul pourrait dĂ©penser en signant avec sa clĂ© privĂ©e. Le script de verrouillage (parfois appelĂ© scriptPubKey) permettant ce type d’envoi est :

<clé publique> CHECKSIG

Au moment de la dĂ©pense, l’utilisateur doit utiliser un script de dĂ©verrouillage (parfois appelĂ© scriptSig) contenant simplement sa signature :

<signature>

Pour l’expliquer en français, l’exĂ©cution successive de ces deux scripts permet de vĂ©rifier que la signature fournie par l’utilisateur correspond Ă  sa clĂ© publique, auquel cas elle est valide.

Si le schĂ©ma P2PK Ă©tait utilisĂ© dans les premiers jours de Bitcoin, notamment pour recevoir les gains de minage, il est aujourd’hui tombĂ© en dĂ©suĂ©tude au profit d’un schĂ©ma rival : P2PKH.

 

P2PKH : Pay to Public Key Hash

Pay to Public Key Hash (P2PKH), littĂ©ralement « payer Ă  l’empreinte de la clĂ© publique », est le deuxiĂšme type de schĂ©ma apparu dans Bitcoin dĂšs le dĂ©but, grĂące Ă  la conception de Satoshi Nakamoto. Ce schĂ©ma permet non pas de rĂ©aliser un paiement vers une clĂ© publique, mais vers l’empreinte d’une clĂ© publique, et de faire en sorte que le systĂšme de script de Bitcoin vĂ©rifie quand mĂȘme que la signature correspond Ă  la clĂ© publique lors de la dĂ©pense des fonds. L’empreinte de la clĂ© publique est alors considĂ©rĂ©e comme la donnĂ©e essentielle de l’adresse, qui dans ce cas commence toujours par un 1, comme par exemple 1DzxhUphLFq8FZPGbFgLF8Ssz3hMX9EuMp.

Le script de verrouillage ici est :

DUP HASH160 <empreinte de la clé publique> EQUALVERIFY CHECKSIG

Et le script de déverrouillage est :

<signature> <clé publique>

Pour le dire en français, l’exĂ©cution des deux scripts permet de :

  • VĂ©rifier que le passage de la clĂ© publique fournie par la fonction de hachage HASH160 (l’empreinte) est Ă©gale Ă  l’empreinte qui est spĂ©cifiĂ©e dans le script ;
  • VĂ©rifier la signature fournie correspond Ă  la clĂ© publique fournie.

L’avantage de ce schĂ©ma est qu’il permet d’avoir des adresses plus courtes (l’information Ă  encoder n’est que de 20 octets au lieu de 65 octets pour une clĂ© publique), chose pour laquelle Satoshi Nakamoto l’a implĂ©mentĂ©. De plus, en ne rĂ©vĂ©lant la clĂ© publique qu’au moment de la dĂ©pense, ce schĂ©ma accroĂźt aussi la sĂ©curitĂ© contre la menace (trĂšs hypothĂ©tique) de l’ordinateur quantique.

 

P2MS : Pay To MultiSig

Le schĂ©ma Pay To MultiSig (P2SH), littĂ©ralement « payer Ă  la multisignature », s’est popularisĂ© dĂ©but 2012. Il s’agit essentiellement d’un schĂ©ma qui permet d’exiger la signature de M personnes faisant partie d’un groupe de N participants, via le script de verrouillage :

M <clé publique 1> ... <clé publique N> N CHECKMULTISIG

Le script de déverrouillage correspondant est :

<leurre (0)> <signature 1> ... <signature M>

Pour plus d’informations sur la multisignature, je vous invite à lire mon article sur les adresses multisignatures.

C’est ce schĂ©ma, particuliĂšrement exigeant au niveau de la mise en place, qui a motivĂ© la crĂ©ation du schĂ©ma P2SH.

 

P2SH

Pay to Script Hash (P2SH), littĂ©ralement « payer Ă  l’empreinte du script ». Ce schĂ©ma reprend l’idĂ©e derriĂšre P2PKH, Ă  la seule diffĂ©rence que la donnĂ©e hachĂ©e ici n’est pas une clĂ© publique, mais le script lui-mĂȘme ! Le script en question est alors appelĂ© script de rĂšglement (redeem script) et son empreinte est la donnĂ©e constituante de l’adresse, cette derniĂšre commençant toujours par un 3 Ă  l’instar de 3DyDCGSC59yYY46dnRH7Vw1iKbV8zeW36q.

Ce type de schĂ©ma a pour avantage de permettre Ă  un utilisateur d’y inclure n’importe quel script et de pouvoir recevoir des fonds de la quasi-totalitĂ© des portefeuilles existants. Le fardeau de la construction et du dĂ©verrouillage du script revient donc au dĂ©tenteur de l’adresse, non Ă  celui qui envoie les fonds, ce qui simplifie grandement la communication.

Le script de verrouillage pour le schéma P2SH est :

HASH160 <empreinte du script de rĂšglement> EQUAL

Et le script de déverrouillage est un script de la forme :

[éléments de déverrouillage] <script de rÚglement>

En français, cela veut dire que le systĂšme de script originel de Bitcoin va vĂ©rifier que le hachage du script de rĂšglement est Ă©gal Ă  l’empreinte inscrite dans le script. Et c’est tout.

Comment ça, « c’est tout » ? Le script de rĂšglement n’est pas exĂ©cutĂ© ? N’importe qui connaissant le script pourrait dĂ©penser les bitcoins ?

Comme on va le voir, ce n’est pas le cas et le script de rĂšglement est bien exĂ©cutĂ©, bien que ce ne soit pas indiquĂ© explicitement.

 

RĂšgles et exceptions : OP_EVAL et P2SH

Dans la vie, il y a souvent une maniĂšre Ă©lĂ©gante de faire les choses, qui demande parfois plus d’efforts initiaux mais qui prĂ©serve l’ordre et la simplicitĂ©, et une maniĂšre grossiĂšre, plus facile Ă  implĂ©menter mais qui complique les choses et crĂ©e le dĂ©sordre.

Ainsi, dans le systĂšme lĂ©gislatif d’un pays, il est plus facile de crĂ©er et de faire voter de nouvelles lois execeptionnelles que de rĂ©former en profondeur le systĂšme. Cette tendance Ă  l’inflation lĂ©gislative fait qu’on se retrouve avec des pays comme la France, qui cumule 73 codes juridiques en vigueur et qui vit de 214 taxes et impĂŽts ainsi que d’une myriade de cotisations sociales.

En informatique comme en droit, l’ajout de nouvelles exceptions crĂ©e de la dette technique, rendant le systĂšme plus complexe Ă  apprĂ©hender, plus difficile Ă  maintenir et plus susceptible de ne pas fonctionner comme attendu. P2SH fait partie de ces exceptions.

 

Le code opération mort-né : OP_EVAL

L’idĂ©e d’implĂ©menter un schĂ©ma de script qui utilise l’empreinte d’un autre script comme identifiant est nĂ©e en 2011, afin de reproduire ce qui est rĂ©alisĂ© dans la schĂ©ma P2PKH. Toutefois, cette idĂ©e n’a pas Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e initialement comme P2SH, mais Ă  travers OP_EVAL, un nouveau code opĂ©ration permettant l’exĂ©cution rĂ©cursive d’un script Ă  l’intĂ©rieur d’un autre script.

L’ajout de ce code opĂ©ration, proposĂ© le 18 octobre 2011 par Gavin Andresen, devait ĂȘtre implĂ©mentĂ© comme un soft fork, via le remplacement de l’instruction nulle OP_NOP1.

Un schéma standard aurait également été ajouté. Le script de verrouillage imaginé pour ce schéma était :

DUP HASH160 <empreinte du script de rĂšglement> EQUALVERIFY EVAL

Le script de déverrouillage correspondant était :

[éléments de déverrouillage] <script de rÚglement>

Pour le dire en français, l’exĂ©cution des deux scripts cĂŽte Ă  cĂŽte aurait permis de :

  • VĂ©rifier que le hachage du script de rĂšglement soit Ă©gal Ă  l’empreinte spĂ©cifiĂ©e dans le script de verrouillage ;
  • VĂ©rifier que l’exĂ©cution du script de rĂšglement combinĂ© aux Ă©lĂ©ments de dĂ©verrouillage soit bien valide.

NĂ©anmoins cette solution n’a pas Ă©tĂ© acceptĂ©e, celle-ci ayant Ă©tĂ© jugĂ©e trop dangereuse au niveau du pouvoir de rĂ©cursion. À la place c’est un autre modĂšle, plus restrictif, qui a prĂ©valu : le schĂ©ma P2SH.

 

Comment fonctionne P2SH ?

P2SH a Ă©tĂ© proposĂ© le 3 janvier 2012 comme alternative Ă  OP_EVAL et Ă  d’autres propositions. Il a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© au protocole Bitcoin le 1er avril sous la forme d’un soft fork activĂ© par les mineurs.

L’exĂ©cution de ce type de script fonctionne exactement comme le schĂ©ma liĂ© Ă  OP_EVAL, Ă  l’exception qu’une partie du script n’est pas explicitement indiquĂ©e. D’une part, la vĂ©rification de la correspondance entre l’empreinte indiquĂ©e et le script de rĂšglement est bien rĂ©alisĂ©e par le script de verrouillage. En effet, celui-ci devient (comme on l’a vu) :

DUP HASH160 <empreinte du script de rĂšglement> EQUALVERIFY EVAL

D’autre part, l’évaluation du script de rĂšglement est effectuĂ©e implicitement grĂące Ă  une exception ajoutĂ©e au code source. DĂšs que les nƓuds du rĂ©seau reconnaissent le schĂ©ma, ils l’interprĂštent diffĂ©remment. Ainsi dans Bitcoin Core, on peut observer la condition suivante au sein de la fonction VerifyScript de l’interprĂ©teur :

// Additional validation for spend-to-script-hash transactions:
if ((flags & SCRIPT_VERIFY_P2SH) && scriptPubKey.IsPayToScriptHash())
{
    ...
}

Cette exception permet l’exĂ©cution du script de rĂšglement aprĂšs l’exĂ©cution des deux scripts (dĂ©verrouillage et verrouillage). D’oĂč le fait qu’on indique les Ă©lĂ©ments de dĂ©verrouillage avant de pousser le script de rĂšglement dans le script de dĂ©verrouillage :

[éléments de déverrouillage] <script de rÚglement>

Si cette solution est pratique, elle crĂ©e une complexitĂ© et n’est pas trĂšs Ă©lĂ©gante. Comme l’a dit Gavin Andresen dans l’explication du BIP-16 :

ReconnaĂźtre une forme « spĂ©ciale » de scriptPubKey et rĂ©aliser une validation supplĂ©mentaire quand elle est dĂ©tectĂ©e, c’est laid. Cependant, l’avis gĂ©nĂ©ral est que les alternatives sont soit encore plus laides, soit plus complexes Ă  implĂ©menter, et/ou Ă©tendent le pouvoir du langage d’expression de maniĂšre dangereuse.

L’implĂ©mentation initiale de P2SH a donc compliquĂ© les choses. Mais cela ne s’est pas arrĂȘtĂ© pas lĂ , car l’activation de SegWit en 2017 a ajoutĂ© de la complexitĂ© au modĂšle.

 

SegWit, P2SH-P2WPKH et P2SH-P2WSH

En aoĂ»t 2017, la mise Ă  niveau SegWit a Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e Ă  Bitcoin (BTC) sous la forme d’un soft fork. Celle-ci avait pour objectif de corriger la mallĂ©abilitĂ© des transactions, d’augmenter la capacitĂ© transactionnelle, d’amĂ©liorer la vĂ©rification des signatures et de faciliter les modifications futures du protocole.

Pour ce faire, SegWit implĂ©mentait un nouveau modĂšle de transaction, oĂč les signatures sont situĂ©es dans une partie sĂ©parĂ©e de la transaction appelĂ©e le tĂ©moin (d’oĂč le nom de Segregated Witness). Afin d’implĂ©menter ce changement comme un soft fork, il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire d’introduire un moyen d’accĂ©der au nouveau type de transaction sans briser la compatibilitĂ© avec les anciennes adresses.

C’est ainsi que 4 nouveaux types d’adresse ont vu le jour : deux nouveaux types « natifs », P2WPKH (Pay to Witness Public Key Hash) et P2WSH (Pay to Witness Script Hash), incompatibles avec portefeuilles ne supportant pas SegWit ; et deux types « imbriquĂ©s » associĂ©s, P2SH-P2WPKH et P2SH-P2WSH, qui permettent la transition grĂące Ă  l’emploi de P2SH.

Pour ces deux derniers types d’adresse, le schĂ©ma utilisĂ© est P2SH avec un script de rĂšglement de la forme :

<version SegWit> <empreinte>

Dans la version 0 de SegWit (la seule qui existe pour le moment), l’empreinte est affectĂ©e Ă  une clĂ© publique ou Ă  un script selon sa longueur : si elle est de 20 octets, elle est interprĂ©tĂ©e comme une empreinte de clĂ© publique ; si elle est de 32 octets, elle est interprĂ©tĂ©e comme une empreinte de script. Cette empreinte est aussi appelĂ©e « programme ».

Ce script est anyone-can-spend puisque le script de rÚglement suffit à déverrouiller la piÚce :

<script de rĂšglement>

Comme pour P2SH, la connaissance du script de rÚglement ne suffit pourtant pas à dépenser les fonds, car une nouvelle exception est ajoutée au code de façon à ce que les éléments de déverrouillage soient transférées dans le témoin. Dans Bitcoin Core, cette exception se traduit par :

// P2SH witness program
if (flags & SCRIPT_VERIFY_WITNESS) {
    ...
}

SegWit a ainsi apportĂ© un nouveau lot de complexitĂ©, et notamment un deuxiĂšme niveau de rĂ©cursion. Dans le cas du schĂ©ma P2SH-P2WSH, on a en effet une sĂ©rie de 3 scripts imbriquĂ©s. Le premier script est le script de dĂ©verrouillage que l’on a prĂ©sentĂ© au dĂ©but de cet article :

HASH160 <empreinte du script de rĂšglement> EQUAL

Le deuxiÚme script est le script de rÚglement spécifique à P2SH :

<version SegWit> <empreinte du script SegWit>

Le troisiĂšme est le script SegWit, indiquĂ© dans le tĂ©moin avec les Ă©lĂ©ments de dĂ©verrouillage au moment de la dĂ©pense des fonds. Par exemple, il peut s’agir d’un script de multisignature comme vu prĂ©cĂ©demment :

2 <clé publique 1> <clé publique 2> 2 CHECKMULTISIG

qu’on complĂšte avec les Ă©lĂ©ments :

0 <signature 1> <signature 2>

 

Conclusion

Pay to Script Hash (P2SH) est donc une maniĂšre imparfaite mais trĂšs pratique de permettre aux utilisateurs de payer Ă  l’empreinte d’un script, c’est-Ă -dire Ă  une adresse simple qui correspond Ă  un script. La rĂ©cursion qui intervient dans l’exĂ©cution du script aurait pu ĂȘtre implĂ©mentĂ©e de maniĂšre plus Ă©lĂ©gante grĂące au code opĂ©ration OP_EVAL, mais ce dernier a Ă©tĂ© jugĂ© trop dangereux par la communautĂ© pour voir le jour.

En ajoutant une nouvelle exception au protocole pour ĂȘtre exĂ©cutĂ©, le schĂ©ma P2SH reprĂ©sente un vecteur de complexitĂ©. De plus, cette complexitĂ© est dĂ©multipliĂ©e par l’incorporation de SegWit, qui ajoute de nouvelles exceptions rigides Ă  P2SH et qui finit de dĂ©tourner complĂštement le fonctionnement originel du systĂšme de script de Bitcoin.

NĂ©anmoins, ce qui est fait est fait, et aujourd’hui ces changements commencent Ă  ĂȘtre connus dans l’écosystĂšme, et on peut donc espĂ©rer que cette complexitĂ© n’impacte pas trop les nouveaux dĂ©veloppeurs. En particulier, le schĂ©ma P2SH est rĂ©pandu dans tout l’écosystĂšme, par les protocoles associĂ©s Ă  Bitcoin tel que Bitcoin Cash, Litecoin ou Dash. Seuls les dĂ©veloppeurs de Bitcoin SV ont se sont opposĂ©s Ă  cette particularitĂ© de maniĂšre catĂ©gorique et ont choisi de dĂ©sactiver P2SH en fĂ©vrier 2020.

Ce qu’il faut retenir de tout ceci, c’est que Bitcoin, au-delĂ  de son aspect technique, est un systĂšme Ă©conomique et social. Il Ă©volue selon les exigences de ses utilisateurs, si bien qu’il est impossible de le comprendre sans apprĂ©hender les dynamiques sous-jacentes qui ont Ă©tĂ© Ă  l’Ɠuvre dans le passĂ©.

 


Sources

Gavin Andresen, BIP-11 (M-of-N Standard Transactions), 18 octobre 2011.
Gavin Andresen, BIP-12 (OP_EVAL), 18 octobre 2011.
Gavin Andresen, BIP-16 (Pay to Script Hash), 3 janvier 2012.
Mike Hearn, On consensus and forks, 12 août 2015.
Eric Lombrozo, Johnson Lau et Pieter Wuille, BIP-141 (Segregated Witness), 21 décembre 2015.

100- Le sang

September 15th 2020 at 21:38

Voici un billet dont le sujet m'avait Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© d'abord par une simple homophonie, ensuite par une rĂ©elle intuition. Il m'a conduit Ă  quelques recherches fĂ©condes. Le sang, liquide infiniment prĂ©cieux, que l'on versa bien avant de verser des sommes d'argent, le sang qui eut un prix des siĂšcles avant l'invention de la monnaie, que pouvait-il nous dire de la valeur que doit avoir une monnaie, surtout en ayant Bitcoin en tĂȘte ?

Est-ce que, pour suivre un simple jeu de mot initial, je ne m'aventurais pas dans une quĂȘte peut-ĂȘtre sacrĂ©e mais oĂč le sol allait se dĂ©rober sous mes pas ?

bitcoin graal.jpg, sept. 2020S'il me fallut plus de six mois pour Ă©crire ce billet n°100, c'est que je consacrais d'abord le temps de confinement Ă  me faire un sang d'encre, j'entends Ă  soigner mes angoisses par l'Ă©criture sur d'autres sujets. Ensuite, durant l'Ă©tĂ©, il me fallut rechercher dans tous les endroits oĂč je stocke du livre l'utile ouvrage de Jean-Paul Roux, Le Sang, trop superficiellement feuilletĂ© Ă  sa sortie en 1988 et depuis lors peut-ĂȘtre sottement prĂȘtĂ© Ă  quelque ami indĂ©licat (devenu de ce fait frĂšre de sang) et enfin Ă  le racheter et Ă  le relire. VoilĂ , pour le making of.

« Tu ne tueras pas »

Ce commandement est au fondement de notre civilisation, tout autant que son contournement dans les faits, mais aussi dans le droit, oĂč s'Ă©labore presque toujours une thĂ©orie distinguant ce qui est lĂ©gitime, ce qui est seulement excusable, et ce qui est interdit, voire punissable de mort, et ceci dans des conditions particuliĂšres pour Ă©chapper Ă  la vendetta. Bref l'effusion du sang, encadrĂ©e rituellement, l'est aussi politiquement.

Une violence légale, que l'on présente abusivement comme une « violence légitime », s'instaure au profit des seigneurs, puis du roi seul, et enfin du monstre froid.

symboles régaliens.jpg, aoĂ»t 2020

Le rapprochement entre le droit de battre monnaie et le droit de rĂ©pandre le sang (que ce soit Ă  cheval Ă  la guerre ou sur le trĂŽne du justicier, soit dans les deux postures que l'on retrouve sur les piĂšces mĂ©diĂ©vales) trouve son symĂ©trique dans la presque coĂŻncidence du moment oĂč nous, Français, trouvons le secret du premier « argent miracle » et de celui oĂč nous tranchons la tĂȘte du Roi des Français.

la tete du roi.jpg, août 2020

Le temps oĂč l'on chante les vertus du « sang impur » voit un effondrement de la valeur de la monnaie comme aucune catastrophe d'ancien rĂ©gime n'en avait suscitĂ©.

révolutions.jpg, aoĂ»t 2020La gĂȘnante ressemblance de la planche Ă  billet et de la « Veuve » illustre cette idĂ©e de façon troublante.

DĂ©sormais le « premier fonctionnaire de la Nation » pourra ĂȘtre plus ou moins clairement Ă©lu ou bien s'imposer par la violence et la ruse, mais plus n'est besoin que coule dans ses veines la moindre goutte de sang de saint Louis.

Certains présidents se sont donnés le frisson en allant, plus ou moins seuls ou nuitamment, visiter la basilique Saint-Denis : rien n'y fait, n'étant pas de la famille, ils n'y sont jamais que des touristes et cela n'abuse que les journalistes. En outre les tombeaux sont vides, la république, dans sa prime jeunesse, ayant poussé la désacralisation jusqu'au sacrilÚge, ce qu'elle n'aime pas voir rappeler, d'ailleurs.

Le choix du chef (caput, le mot qui donne « capital ») ne dĂ©pendant plus, dĂšs lors, que de la loi, fĂ»t-elle celle du plus fort, n'y a-t-il pas quelque risque de voir la mĂȘme loi rĂ©gir la monnaie ? NapolĂ©on, qui entendait bien crĂ©er une dynastie nouvelle et « succĂ©der Ă  Charlemagne » plutĂŽt qu'Ă  Robespierre ou Barras, voulut restaurer la valeur de la monnaie (5 grammes d'argent Ă  neuf dixiĂšme). MalgrĂ© la force de sa volontĂ© et la clairvoyance de ses intuitions, la rĂ©fĂ©rence au mĂ©tal prĂ©cieux ne devait pas rĂ©sister Ă  la modernitĂ© davantage que celle au « sang de France ». DĂ©sormais es papel.

La premiĂšre monnaie?

J'aime bien rappeler, en conférence ou en situation d'enseignement - et surtout avec les plus jeunes, les plus politiquement corrects - que « la premiÚre monnaie, ce sont les femmes ». Frissons ou froncements de sourcils garantis. J'embraye sur le regretté Graeber, et ce qu'il en dit dans Dette, pour faire passer... Mais , né à Rome, je pense naturellement aux vaillantes Sabines, dont l'enlÚvement finit d'ailleurs par créer des relations fructueuses. Tous les hommes sont beaux-frÚres ! De ce viol (à nos yeux) et de ce vol d'un sang étranger, n'est-il pas né le moins raciste de tous les Empires?

Enlèvement des Sabines par Poussin.jpg, sept. 2020

Le sang des femmes a, je crois, offert Ă  toutes les cultures connues de quoi forger mythes et reprĂ©sentations. Je n'Ă©voquerai ici que celui de la dĂ©floration, telle que se la reprĂ©sentaient nos ancĂȘtres. « Cette blessure que l'on inflige Ă  celle qui va devenir la mĂšre de ses enfants n'est pas sans Ă©veiller un trouble » Ă©crit JP. Roux. Il n'y a pas de vie, de perpĂ©tuation de la lignĂ©e et de la structure sociale sans ce premier saignement, traditionnellement interprĂ©tĂ© comme offrande, consĂ©cration et prĂ©mices.

Nous ne comprenons plus aujourd'hui les anciennes obsessions tournant autour de l'innocence ou de la sagesse des filles avant le mariage que comme un dispositif de contrĂŽle social et patriarcal, ce qui est tellement Ă©vident que peut-ĂȘtre faut-il aller voir un tout petit peu plus loin.

don du sang.jpg, sept. 2020Nous avons, sans doute, perdu ou totalement changé le sens du sang. La religion contemporaine nous impose plutÎt de le donner de façon anonyme, en le versant au pot commun sanitaire géré par les autorités, ce qui a un petit parfum de contributions volontaires comme on disait en 1789 pour désigner l'impÎt.

Signer avec son sang ?

Jadis, donner son sang (comme le faisaient la femme à son mari, le vassal à son suzerain, le croisé à son Dieu) avait tellement de sens que signer avec son sang devint un fantasme mythologique obligé, dÚs qu'apparurent au moyen-ùge les récits de diableries, avec leur commerce satanique. La goutte de sang est l'un des moments forts de la légende de Faust, en quoi Hegel voyait « le mythe philosophique par excellent » : le pacte signé de sang coulant de la main gauche y figure dÚs la premiÚre version littéraire.

VoilĂ , dira le moderne, une intĂ©ressante signature biomĂ©trique. Le cĂ©lĂšbre clown qui prĂ©tend ĂȘtre Satoshi et ne peut signer un satoshi suggĂšre que l'identitĂ© que confĂšre une clĂ© bitcoin ne s'usurpe pas davantage que le sang. VoilĂ , pensait en son temps l'ancien, un paiement en monnaie rĂ©elle : le sang c'est l'Ăąme. Une goutte suffit. La signature est irrĂ©versible, la transaction opĂ©rĂ©e ex opere operato.


Payer avec son sang?

Infiniment prĂ©cieux, le sang ne saurait, sans scandale, profanation ou prostitution, payer les dĂ©penses courantes. L'effusion de sang semble au contraire indispensable pour laver le sang versĂ©, mais aussi pour laver l'honneur bafouĂ©. « Presque tout, d'aprĂšs la Loi, est purifiĂ© avec le sang ; et sans effusion de sang, il n'y a pas de pardon » dit saint Paul (ÉpĂźtre aux HĂ©breux). Plus prosaĂŻquement, NapolĂ©on dira un peu la mĂȘme chose un jour qu'un soldat sortit du rang pour rĂ©clamer une croix de la LĂ©gion d'Honneur qu'on lui refusait malgrĂ© moult exploits. Son Colonel, interrogĂ©, reconnaissait les faits d'armes du brave, mais en ajoutant que c'Ă©tait « un ivrogne, un voleur, un...». Sans vouloir en connaĂźtre davantage, l'Empereur accorda la faveur en rĂ©pondant «Bah, le sang lave tout cela...». Le crĂ©ateur de la Banque de France et de la LĂ©gion d'Honneur Ă©tait attachĂ©e Ă  la valeur des choses, plus que des gens, sans doute.

le cid.jpg, sept. 2020En Europe, cette vieille idĂ©e a servi Ă  justifier une pratique nĂ©e du tournoi mĂ©diĂ©val, et transformĂ©e au 16Ăšme siĂšcle pour servir tant Ă  la vengeance du sang qu'Ă  la punition des offenses : « Ce n'est que dans le sang qu'on lave un tel outrage » comme le dit Don DiĂšgue dans Le Cid. C'est que l'honneur est une chose qui semble presque disparue, sauf peut-ĂȘtre dans « le milieu », chez ceux qui ont notamment le front de vouloir se faire justice eux-mĂȘmes.

duel henry picquart.jpg, sept. 2020

Comme l'honneur a été remplacé par le sentiment, les duels ont cédé la place aux centaines de procÚs intentés aujourd'hui par tous ceux qui s'estiment « choqués » par telle ou telle allusion (maligne ou innocente) à leur personne, à leurs origines, à leur orientation sexuelle etc. Ces procÚs apparaissent comme des avatars cheap des duels : on ne s'en tirait pas jadis à si bon compte, avec de la monnaie d'honneur constituée de parlottes judiciaires et de condamnations à l'euro symbolique.

suicide denfert rochereau.jpg, sept. 2020« Faut qu'ça saigne » comme disait Boris Vian : la corde c'est pour les dĂ©pressifs (ceux qui pensent ne pas avoir de valeur intrinsĂšque ?) alors que naguĂšre un homme d'honneur qui faisait faillite, loin de monter une nouvelle entreprise avec de nouveaux partners, se rĂ©volvĂ©risait proprement sur le sofa ou tapis dĂ©jĂ  rouge du grand salon. Dans l'affaire Madoff, un banquier français s'est significativement ouvert les veines. Le boursicoteur qui saute par la fenĂȘtre s'inscrit dans cette tradition, puisqu'il finit lui aussi dans une mare de sang, aprĂšs avoir rĂ©pĂ©tĂ© mĂ©taphoriquement la chute dramatique des valeurs spĂ©culatives qui l'a conduit Ă  cette issue fatale.

Une séance de krach boursier est d'ailleurs rituellement décrite comme un « bain de sang ». On voit bien, parmi les bitcoineurs, que ceux qui ont déjà vécu deux ou trois de ces épisodes constituent une noblesse de sang et se gaussent des effrois des nouveaux venus. Les grands seigneurs du trading ne sont-ils pas, d'ailleurs, un peu vampires, vivant la nuit, se reconnaissant entre eux, déplaçant instantanément et sans bruit sinon leurs corps du moins leurs actifs ?

Le Graal

Difficile de ne pas aborder, pour finir, le sang sous son aspect sacramentel : le vin que la transsubstantiation opérée pour le sacrifice de la messe change en sang du Christ. On est ici hors de tout commerce possible : une goute du sang précieux pour racheter les péchés de toute l'humanité.

La disproportion de la chose, et pour ĂȘtre franc son caractĂšre par trop abstrait, ont pour ainsi dire dĂ©portĂ© l'imagination des profanes du contenu au contenant. L'histoire du Graal est en elle-mĂȘme fascinante : ce possible avatar du chaudron magique qui nourrissait les hĂ©ros celtes ou ressuscitait les guerriers morts au combat est progressivement enchĂąssĂ© dans le rĂ©cit chrĂ©tien Ă  partir d'un auteur nommĂ©... ChrĂ©tien de Troyes. Qu'il ait contenu le vin de la CĂšne ou le sang de la Passion, il est dĂ©sormais vide, et ce qui narrĂ©, de poĂšme en poĂšme, outre l'Ă©numĂ©ration des prodiges qui l'entourent, c'est la quĂȘte des chevaliers partis Ă  sa recherche.

le calice de Dona Urraca.jpg, sept. 2020Bitcoin a parfois Ă©tĂ© comparĂ© Ă  un Graal, un peu parce que l'expression a percolĂ© dans le langage, cette sainte relique y rejoignant la pierre philosophale dans l'attirail des rĂȘves d'antan. On notera qu'il existe sans doute encore plus de forks que de calices rĂ©putĂ©s ĂȘtre le saint Graal par environ 200 cathĂ©drales, abbayes ou musĂ©es. Chacun le sien. Vieille histoire. Les revendications ne se sont pas arrĂȘtĂ©es: en 2011 la basilique de San Isidoro de Leon clamait, sur la foi de deux parchemins Ă©gyptiens Ă©tudiĂ©s durant trois ans par des chercheurs, qu'un vase dĂ©tenu depuis 1050 et connu jusqu'Ă  prĂ©sent comme le « calice de l'infante Doña Urraca » (au moins Ă©chappe-t-on au faux pour musĂ©e amĂ©ricain) Ă©tait le prĂ©cieux et vĂ©ritable Graal.

Si Bitcoin tient effectivement du Graal c'est plutĂŽt, selon moi par la multiplicitĂ© des prodiges. Loin de n'ĂȘtre qu'une relique, le Graal possĂšde, parmi ses innombrables pouvoirs, celui de nourrir, soit le don de vie, celui d'Ă©clairer en procurant des illuminations spirituelles, et celui de rendre invincible. Bitcoin, dont les incroyants disent qu'il n'est pas une vraie monnaie est dĂ©crit par ses Ă©vangĂ©listes comme not just a money, comme une mĂ©ta-monnaie offrant sinon des pouvoirs du moins des clĂ©s vers les pouvoirs qu'entend monopoliser le Pouvoir.

Bitcoin serait-il le sang du numérique ?

101 - Les Gafa et le pouvoir du Pouvoir

September 19th 2020 at 20:23

toledano gafa odile jacob.jpg, sept. 2020JoĂ«lle Toledano est une figure respectĂ©e du monde officiel. Elle est considĂ©rĂ©e comme une spĂ©cialiste de la rĂ©glementation des marchĂ©s, a siĂ©gĂ© plusieurs annĂ©es Ă  l’ARCEP, a enseignĂ© la gouvernance de la rĂ©gulation Ă  Dauphine.

C’est en mĂȘme temps une personne curieuse de la nouveautĂ©, active au board de plusieurs jeunes entreprises du monde numĂ©rique, qui a dirigĂ© en 2018 la mission de rĂ©flexion confiĂ©e Ă  France StratĂ©gie sur les enjeux des blockchains et qui a participĂ© aux Ă©changes cordiaux de plusieurs « Repas du Coin », sans forcĂ©ment partager toutes les convictions des bitcoineurs militants.

Son ouvrage est donc trĂšs bien informĂ©, Ă©quilibrĂ© et lucide, y compris quant aux limites des solutions possibles si l’on souhaite, comme elle-mĂȘme, astreindre des entreprises hors-normes aux normes rĂ©glementaires de l’État de droit et de la concurrence non faussĂ©e.

DĂšs les premiĂšres pages l’auteur ne nie pas une ancienne et profonde incomprĂ©hension de la part des dĂ©cideurs, une forme de gaucherie face Ă  des entreprises sophistiquĂ©es, agiles et opaques. On a envie d'abonder et de rappeler que, bien avant le rĂšgne de Google & Co, le cĂ©lĂšbre « J6M », pur produit de notre establishment, moitiĂ© haut-fonctionnaire moitiĂ© banquier d'affaires, Ă©talait dĂ©jĂ  en exhibant chĂ©quier et chaussettes percĂ©s, son arrogante inadaptation au monde qui Ă©mergeait.

AprĂšs une rituelle Ă©vocation de l’utopie perdue de l’Internet libertaire des origines, passage obligĂ© de toute littĂ©rature sur le cyberespace, l’auteur cite Wikipedia et les logiciels libres (mais omet Bitcoin) comme de rares exceptions au triomphe du Web commercial, univers impitoyable dont elle critique les limites de la prĂ©tendue autorĂ©gulation, sans ajouter que les mĂȘmes arguments pourraient servir contre l’autorĂ©gulation des banques ou de tous les industriels mis en cause dans telle ou telle dĂ©rive, et qui jurent toujours qu’ils vont produire eux-mĂȘmes les bonnes pratiques nĂ©cessaires.

IntĂ©ressante, la description des nouveaux empires commerciaux n’élude pas l’exceptionnelle qualitĂ© (au-delĂ  de la quantitĂ©) des services qu’ils rendent mais en dĂ©montent les malices. On ne peut s’empĂȘcher, parfois, de se demander pourquoi on reprocherait aux nouveaux venus ce qu’on a tolĂ©rĂ© durant des dĂ©cennies Ă  la grande distribution, ou en quoi la dĂ©pendance des mĂ©dias Ă  Google devrait nous chagriner plus que celle qui lie la presse classique Ă  une poignĂ©e de milliardaires dont les relations Ă  l’Etat Ă©chappent largement au contrĂŽle dĂ©mocratique.

JoĂ«lle Toledano reconnaĂźt avec Ă©lĂ©gance que la prophĂ©tie de Marc Andreessen s’est accomplie, et qu’en moins de 10 ans le software a effectivement « mangĂ© le monde ». Ironiquement, j’ajouterais bien qu’il est le seul a l'avoir trouvĂ© digeste, ce monde qui entre temps a mangĂ© le pangolin. Elle-mĂȘme note que ledit monde, en s’abreuvant au Coca-Cola tĂ©lĂ©visuel gratuit, s’était quelque peu prĂ©parĂ© Ă  son funeste sort.

Plus sĂ©rieusement il faudrait ajouter que le nouveau monde a largement Ă©tĂ© financĂ© par l’ancien. Bitcoin (celui-dont-on-tait-le-nom) reprĂ©sente une trĂšs notable exception, puisqu’il a crĂ©Ă© (par une sorte de fiat) sa propre valeur. Qu’Amazon poursuive sa croissance au dĂ©triment de ses profits courants n'est pas le fait d'un manque de tact ; la chose devrait ĂȘtre mieux replacĂ©e, dans une analyse globale, en perspective des mutations du capitalisme financier lui-mĂȘme.

Enfin j’aurais suggĂ©rĂ© ici qu’il fallait toute la sottise (ou la corruption?) des « serviteurs de l’État » et fonctionnaires nĂ©olibĂ©raux pour avoir dĂ©construit des monopoles assez naturels comme ceux des postes, des chemins de fer, etc. - la monnaie faisant ici derechef notable exception - au moment oĂč les seigneurs du numĂ©rique en reconstruisaient d’autres qui, Ă  leur façon, sont devenus sinon naturels du moins logiques.

Qui pourrait vraiment se passer de Google ?

la question .jpg, sept. 2020Le veut-on ? L'utilisateur lambda est bien plus souvent acharnĂ© Ă  enlever Bing, Search et autres concurrents qui s'installent malhonnĂȘtement et se cramponnent comme des tiques, sans que leurs procĂ©dĂ©s ne suscitent d'ailleurs d'imprĂ©cations officielles. Le voudrait-on qu'il resterait Ă  savoir si on le peut sans sinistre. Le risque ne serait-il pas que Google se passe de nous, caviarde la carte de France, brouille nos pistes ? On a vu face Ă  Amazon l'effet de nos vellĂ©itĂ©s, et avec StopCovid l'impossibilitĂ© de contourner totalement les Gafa. Tout juste tente-t-on d'avoir une roue de secours pour un possible dĂ©lestage du GPS...

J’aime bien la description des Gafa en termes d’empires, mĂȘme si Ă  ce niveau, celui du 4Ăšme chapitre, on se demande un peu comment nos petits royaumes entendent s’y prendre, si l’adversaire porte dĂ©jĂ  la pourpre. En gros, pour l’instant, ils nient, Ă©ludent ou finassent. Le livre donne Ă  cet Ă©gard quelques tirades savoureuses d’apologie de notre droit de la concurrence malgrĂ© son patent Ă©chec en l’espĂšce.

L’auteur ne cĂšle pas non plus que la grande force de ces empires tient (notamment pour Amazon) Ă  la satisfaction du client. Une chose que les royaumes ne savent ni ne veulent mesurer. Si l’on compte, par exemple, les « sorties de tunnel » on s’aperçoit que le site qui sait le mieux conserver ses visiteurs est celui des impĂŽts. Les clients sont-ils ravis pour autant ? Les administrations rĂ©galiennes n’ont nul souci des administrĂ©s, nulle considĂ©ration pour eux (ni souvent pour leurs propres agents). Chacun a pu mesurer, durant le confinement, hier avec la comĂ©die des masques aujourd'hui avec celle des tests, Ă  quel niveau d'efficacitĂ© on en Ă©tait arrivĂ© aprĂšs des dĂ©cennies Ă  entendre les politiques pĂ©rorer sur le « recentrage de l’État sur ses fonctions rĂ©galiennes ». Chacun a pu mesurer, symĂ©triquement, que les rĂ©seaux et leurs messageries maintenaient les liens scolaires et qu’Amazon s’inscrivait dans le tout petit nombre des acteurs efficaces.

Le vent a-t-il commencĂ© de tourner contre l’impunitĂ© dont ont joui de fait les Gafa ?

C’est ce qu’affirme JoĂ«lle Toledano, pointant quelques condamnations pĂ©cuniaires pour entrave au droit de la concurrence et pas mal de tirades des politiques contre la diffusion de contenus haineux. On peut cependant penser que les Gafa se moquent des amendes et que les surfeurs se moquent des contenus qui dĂ©plaisent tant aux Ă©lites, lesquelles ne sont pas, aux yeux de la masse, exemptes de tout soupçon en matiĂšre de diffusion de bobards ou de manipulations patentes de la vĂ©ritĂ©. Et pas seulement Ă  Washington ou Ă  Minsk.

Que le code privĂ© et opaque devienne la loi est un fait, surtout si l’on pense aux algorithmes. LĂ  encore, cependant, la grande distribution a toujours su organiser le parcours des clients, la disposition des gondoles et mĂȘme la musique d’ambiance au mieux de ses seuls intĂ©rĂȘts
 et les « conseils » donnĂ©s par les banquiers en matiĂšre de placement ne reflĂštent que la stratĂ©gie commerciale de cet oligopole.

Je trouve peu honnĂȘte le reproche formulĂ© en terme de productivitĂ© au niveau macro-Ă©conomique. Le « paradoxe » d’une faible contribution des ordinateurs Ă  la productivitĂ© a Ă©tĂ© Ă©noncĂ© par Robert Solow une grosse dĂ©cennie avant la naissance de Google, 7 ans avant celle d’Amazon. Il y a quand mĂȘme un bon bail qu’on ne peut plus dire que la productivitĂ© se diffuse progressivement « dans l’ensemble du tissu industriel » si tant est que ledit tissu n’ait pas, certes par endroit mais depuis bien longtemps, pris l’aspect d’une guenille. En faire un Ă©lĂ©ment de remise en cause du « cƓur de la lĂ©gitimitĂ© des Gafa » me paraĂźt donc Ă  la limite de la dĂ©fausse quand pourraient ĂȘtre examinĂ©es d’autres responsabilitĂ©s, ressortant pour le coup du monde officiel, dont celle du fardeau des normes sur la Cerfa-Nation, de la prĂ©dation du secteur financier ou de coĂ»t totalement improductif de la surveillance (AML, KYC et autres jeux stĂ©riles). Il m'est arrivĂ© de penser qu'avec ses bullshit jobs, Graeber avait apportĂ© une des rĂ©ponses possibles au paradoxe de Solow : les ordinateurs servent Ă  numĂ©riser tous les 2 ans ma carte plastifiĂ©e renouvelĂ©e tous les 10 ans (au mieux).

Ainsi donc, les pouvoirs publics seraient enfin murs pour passer Ă  l'offensive? On veut bien le croire mĂȘme si on ne peut s’empĂȘcher de sourire en lisant que face Ă  « un diagnostic commun, des prĂ©conisations partiellement diffĂ©rentes » sont Ă©mises par les divers auteurs de rapports des diffĂ©rentes autoritĂ©s nationales.

Le regulatory shopping tient sans doute autant au vice des Gafa qu’à nos propres tares congĂ©nitales, notamment en Europe : les bricolages de Renault aux Pays-Bas malgrĂ© la prĂ©sence de l’Etat français Ă  son capital sont antĂ©rieurs aux naissances d’Amazon ou de Facebook et ils n’avaient pas mĂȘme la fiscalitĂ© pour seule boussole. Le choix d'installer la gestion de nombreux fonds d'investissement des banques françaises Ă  Luxembourg, voire Jersey, tient aussi au caractĂšre de havres rĂ©gulatoires autant que fiscaux de ces paradis. Les effectifs des rĂ©gulateurs financiers de Saint-Helier, comme ceux en charge de l’application du RGPD Ă  Dublin ne doivent pas obĂ©rer la « productivitĂ© » de ces vertueux pays !

Que certains Gafa, Facebook en tĂȘte, soient aujourd’hui, comme l’affirme l’auteur, demandeurs de rĂ©gulation est bien possible. Pour restaurer leur capital de confiance, ils ont surtout intĂ©rĂȘt Ă  partager certaines responsabilitĂ©s. Il y a lĂ -dedans une bonne part de chiquĂ©. La chasse aux fake news est un Ă©pisode risiblement « sur-jouĂ© » par les Ă©lites politiques. Lors de l’élection française de 2002, l’emballement hystĂ©rique autour d’un fait divers n’ayant ensuite abouti Ă  aucune condamnation, ne saurait ĂȘtre imputĂ© aux dĂ©mons des Gafa. Quant aux « propos manifestement haineux » ciblĂ©s par la proposition de loi de Madame Avia, cette notion floue n’a Ă©videmment pas sautĂ© la barre au Conseil Constitutionnel. Tout ceci ne servira in fine qu’à augmenter l’emprise des rĂ©seaux, seuls Ă  mĂȘme (par leur technologie comme par leurs effectifs) de faire le mĂ©nage des plus grosses saletĂ©s. Que M. Trump ait Ă©tĂ© l’un des premiers Ă  en ressentir l’effet devrait donner Ă  penser. Les rĂ©seaux imposeront leurs valeurs avant celles qu’on dĂ©crit comme « les nĂŽtres » mĂȘme quand de large part de notre population ne les partage pas.

Il est par ailleurs dangereux de spĂ©culer sur la baisse de la confiance dont jouissent les Gafa, si celle dont pourraient se targuer les Etats est moindre, voire nulle, ce que l’auteur ne concĂšde, significativement, qu’à l'ultime page de son livre. L'invocation incantatoire du caractĂšre de « notre État de droit » est un Ă©lĂ©ment de langage relativement nouveau qui vise sans doute Ă  imposer le silence sur ce point, en en faisant une donnĂ©e de nature plus qu’une variable passible d’érosion.

Le bictoineur attend Ă©videmment le chapitre financier

Son attente n’est pas déçue : JoĂ«lle Toledano dĂ©nonce d’abord la cĂ©citĂ© du monde officiel, tombant de sa chaise face Ă  Libra, malgrĂ© des mises en garde de Madame Lagarde dĂšs septembre 2017. Avec une pointe de vanitĂ©, puis-je rappeler que j’en avais parlĂ©, moi, dĂšs mai 2016 ? Je suggĂ©rais, je me cite, de « tracer la perspective de ce qui pourrait ĂȘtre un rĂ©el use-case de la blockchain pour les banques centrales, quand elles en auront fini avec le stade du proof of concept : une blockchain banque centrale dont l'unitĂ© de compte serait une dĂ©clinaison digitale de sa propre monnaie (une e-fiat) ».

L’auteur embraye sur la double rĂ©action officielle (passĂ©e l’agitation sous le choc quand on a dĂ©couvert que l’élĂ©phant Ă©tait dans le bac Ă  sable) : se prĂ©parer Ă  adapter leur rĂ©glementation pour accueillir l’intrus, accompagner des rĂ©ponses industrielles aux projets des Big Tech. AprĂšs un coup de patte que nous ne dĂ©savouerons pas Ă  la « faible efficacitĂ© du systĂšme financier existant », elle expose le risque qu’une monnaie numĂ©rique de banque centrale ferait courir aux banques puis rĂ©vĂšle la solution dialectique : n’émettre que la monnaie utile Ă  la banque commerciale, pas celle qui serait utile Ă  ses clients. Il faut donc rappeler ici, ce qui a Ă©tĂ© dit plus haut par l’auteur elle-mĂȘme : la force des Gafa tient sur la satisfaction de leurs clients, bien plus que sur la contrainte. La force du systĂšme rĂ©gulĂ© est manifestement d’une toute autre nature. JoĂ«lle Toledano ne le cache pas ; elle semble mĂȘme douter de l’issue du projet.

Elle ne croit guĂšre au dĂ©mantĂšlement par les amĂ©ricains, « sauf peut-ĂȘtre pour Facebook » , ce qui selon elle, met la responsabilitĂ© de la lutte entre les mains des europĂ©ens. L’eurosceptique risque ici de dĂ©crocher.

Elle ne croit guĂšre, non plus, que l’attaque par le droit de la concurrence suffise, car l’attaque de l'empire est plus vaste, plus ambitieuse Ă  chaque Ă©tape, alors qu'aucune rĂ©sistance n'est exercĂ©e par la nature du terrain. Que Google soit en train de cartographier la terre est une chose, qu’elle vise Ă  prendre le contrĂŽle des Google cities pourrait certes priver les Ă©diles du contrĂŽle de la politique de leur propre ville » 
 si seulement ils en avaient une. On sait bien que la dĂ©sertification des centre-villes est antĂ©rieure Ă  Google, que la clochardisation de certains quartiers et la gentrification d’autres, ne sont pas dues Ă  Amazon ! La lecture de ce livre rappelle souvent, ce qui n’est malheureusement pas Ă©crit, que la nature a horreur du vide. Et que le vide politique, malgrĂ© un incessant bavardage, est sidĂ©rant.

JoĂ«lle Toledano propose donc de rĂ©guler plutĂŽt les entreprises de l’écosystĂšme, au niveau europĂ©en (Ă  suivre
) en renforçant nos capacitĂ©s d’analyse (si on peut aligner les salaires sur ceux qu’offrent les Gafa
) et en Ă©valuant les Ă©volutions du modĂšle Ă©conomique dans sa globalitĂ©. RĂ©guler les Ă©cosystĂšmes, pour les ouvrir Ă  la concurrence, imposer des codes de conduite empĂȘchant les abus de position dominante, taxer (dans quel pays ?) les investissements ne rĂ©pondant pas au « critĂšre de l’investisseur avisĂ© en Ă©conomie de marchĂ© » tout cela risque de s’enliser, dans le temps juridique (alors que l’envahisseur est agile) et dans l’espace bourbeux de l’Union EuropĂ©enne.

Enfin « introduire la concurrence » risque de nous emmener dans des aventures Ă  la Qwant, qu’il est inutile de dĂ©tailler tant elles se ressemblent toutes. Lutter contre la personnalisation des prix fera un bon sujet de conversation dans le train, oĂč personne ne paye jamais le mĂȘme prix. Mais au total presque toutes les mesures proposĂ©es par JoĂ«lle Toledano sont pertinentes
 sur le papier. Reste Ă  savoir de combien de courage politique et de quelle force de travail compĂ©tente et motivĂ©e, ce que l’auteur dĂ©signe comme « les moyens intellectuels et politiques » disposeront les vieux et impĂ©cunieux royaumes.

Reste aussi Ă  mesurer le soutien de l’opinion dont ils disposeront face au « pouvoir d’influence et pouvoir de sĂ©duction » de l’Empire.

Et c’est là sans doute que je peux commencer l’inventaire de ce qui me paraüt manquer à l’analyse, d’autant que la conclusion y invite trùs clairement.

Rien n’indique que les États jouiraient du moindre support concret de l’opinion face Ă  leurs adversaires. C’est parfois difficile Ă  articuler devant l’autoritĂ© qui parle de « nos institutions » ou de « notre Etat de droit ». L’argument rhĂ©torique opposant « notre Constitution » Ă  laquelle nous serions profondĂ©ment attachĂ©s aux conditions d'utilisation des Gafa, que nous approuvons effectivement d’un clic ignare, indiffĂ©rent et pressĂ© n’a pour moi que peu d'impact. Il y a, vis Ă  vis des Gafa, une sorte de servitude volontaire. Ce que j’entends par lĂ  est chose fort connue et depuis fort longtemps. Le problĂšme c’est que face aux États, la servitude n’est plus vraiment ressentie comme volontaire. Demandons aux gilets jaunes, demandons Ă  ceux qui sont verbalisĂ©s Ă  hauteur de 10% d’un mois de SMIC pour de simples balivernes. Ce qui, il y a prĂšs de deux ans, a Ă©tĂ© ressenti par des politiciens, des juristes et des journalistes bien en cour comme une profanation d’un symbole rĂ©publicain n’a soulevĂ© sans doute que peu d’émotion hors de leur cercle.

Faut-il s’en Ă©tonner ? L'opinion est saoulĂ©e d'injonctions contradictoires et absurdes. La gestion de la pandĂ©mie a Ă©tĂ© sinon une « étrange dĂ©faite » du moins un fiasco exemplaire, et ce sont pas des anarchistes ou des amish qui le disent, mais le trĂšs convenable Institut Montaigne. Et - soyons clairs - ceci n'est pas (seulement) un mal français. En Belgique ou en Suisse, on voit les mĂȘmes rĂ©sistances aux applications de traçage Coronalert ou SwissCovid, et l'une des premiĂšres raisons tient Ă  ce que ces solutions viennent du gouvernement.

DerriĂšre l’extĂ©nuation, de l’adhĂ©sion, du consentement, du respect, il y a l’ombre portĂ©e de tant d’échecs. Le philosophe italien Raffaele Alberto Ventura, dans un article intitulĂ© La chute de l’ordre dominant, soutenait en 218 que les diffĂ©rentes colĂšres populaires du moment manifestaient une forme de « rĂ©action aux rendements dĂ©croissants du paradigme en place ». Autrement dit le coĂ»t croissant des Ă©lites et le bĂ©nĂ©fice marginal dĂ©croissant que les gouvernĂ©s en retirent conduisent Ă  l’érosion du consentement.

Le clivage entre « nous » et « eux » est Ă  la fois excessif et imprĂ©cis. Il y a de la porositĂ©, ou de la corruption. J’ai lu ce livre le jour mĂȘme oĂč j’apprenais le recrutement d’un ancien patron de la NSA, apĂŽtre de la surveillance Ă©lectronique de masse, par le conseil d’administration d’Amazon. La plupart du temps, les puissants s’entendent fort bien entre eux et leurs « conflits » sont plutĂŽt des rĂ©glages hiĂ©rarchiques internes que des dĂ©bats de sociĂ©tĂ©, quelque soit la rhĂ©torique dĂ©ployĂ©e. Les honnĂȘtes gens le savent.

philo mag confiance.jpg, sept. 2020Le « nous » caché dans le titre du livre désigne-t-il le bon peuple naïf, les citoyens frustrés, les politiques désarmés ? Il pourrait ne désigner que les consommateurs abusés et les PME rackettées, si l'auteur n'expliquait pas, justement, les limites de l'approche par le droit de la concurrence.

On n'avancera pas sans un peu de philosophie débarrassée des convenances politiques. Plusieurs articles dans le dernier numéro de Philosophie Magazine évoquent la crise actuelle de la confiance. Celui du rédacteur-en-chef, Martin Legros fait - au rebours des discours officiels - l'apologie de la défiance. J'ai bien aimé sa référence à La société de défiance, publié en 2007 par Yann Algan et Pierre Cahuc (aux éditions de la rue d'Ulm) et cette citation prophétique :

« Le dĂ©ficit de confiance mutuelle nourrit la nĂ©cessitĂ© de l'intervention de l'État. Mais en rĂ©glementant et en lĂ©gifĂ©rant de façon hiĂ©rarchique, l'État opacifie les relations entre les citoyens. En court-circuitant la sociĂ©tĂ© civile, il entrave le dialogue social et dĂ©truit la confiance mutuelle. »

La confiance algorithmique est une réponse possible à cette situation aporétique.

Il manque donc, Ă  mes yeux, une perspective sur ce qui pourrait ĂȘtre reconstruit sur des architectures dĂ©centralisĂ©es. De mĂȘme, il me semble qu’il manque une vue sur le sujet de l’identitĂ© en ligne, d'autant que c'est un sujet typiquement rĂ©galien. S’identifier en ligne grĂące aux Gafa est plus aisĂ©, et on le fait vingt fois par divertissement. S’identifier avec les procĂ©dures Ă©tatiques (ou bancaires) est long, pĂ©nible, parfois kafkaĂŻen, et cela ne vous dote que d’une identitĂ© locale, hexagonale.

De telles vues auraient offert matiÚre à élargissement de la perspective, sinon pour l'extension du domaine de la régulation, du moins pour les possibilités de brÚche dans le dispositif de l'Empire. C'est ce qu'on avait lu chez Laurent Gayard, par exemple, mais aussi... dans les angles du rapport Toledano, que j'ai déjà commenté sur ce blog.

Attrape-moi si tu peux ! La SEC arrĂȘte John McAfee pour ses promotions d’ICO

October 6th 2020 at 11:11

Qui n’a jamais entendu parler de John McAfee ? Mais si, vous savez, le cĂ©lĂšbre crĂ©ateur de l’anti-virus du mĂȘme nom. Non ? Alors si je vous dis que c’est celui qui avait pariĂ© de manger ses parties gĂ©nitales en direct Ă  la tĂ©lĂ©vision avant de se rĂ©tracter ? Toujours pas ? Bon
 Et vous vous souvenez des ICO qu’il a allĂšgrement promues sans jamais en informer sa communautĂ© ? Dans tous les cas, la SEC semble s’en souvenir, elle. Et nous assistons peut-ĂȘtre Ă  un clap de fin pour la personnalitĂ© crypto la plus folle et parano de l’écosystĂšme ! Explications.

Un passé sulfureux

John McAfee fait parti de ces inconditionnels de l’écosystĂšme. Tout le monde l’a au moins vu une fois, que ce soit pour son concept “Coin of the Week”, ou ses ICO en tant que conseiller, ou encore la crĂ©ation de ses cryptomonnaies douteuses d’un point de vue plagiat (comme Ghost).

Ce personnage clivant a su faire fortune dans cet Ă©cosystĂšme, jouant de sa popularitĂ© pour soutirer de jolies sommes Ă  des projets en quĂȘte de visibilitĂ©.

Le problĂšme avec cela, c’est la transparence de ces opĂ©rations. En effet, vous n’ĂȘtes pas sans savoir qu’il est interdit de faire de la publicitĂ© dissimulĂ©e aux Etats-Unis (et en France aussi au passage, bien que ce soit parfois “oubliĂ©â€).

La SEC se paie un voyage en Espagne

La SEC en a eu marre de voir John McAfee agir ainsi au nez et Ă  la barbe de l’Oncle Sam. Elle a donc fait de l’arrestation du sulfureux personnage une prioritĂ©, et c’est dĂ©sormais chose faite !

En effet, l’information est rĂ©cemment tombĂ©e : John McAfee a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en Espagne et est dĂ©sormais en procĂ©dure d’extradition vers les Etats-Unis.

Coup dur pour ce dernier, surtout que les peines encourues sont assez consĂ©quentes
 En effet, il pourrait encourir jusqu’à 30 ans de prison !

Parmi les chefs d’accusation de la SEC envers John McAfee, ce sont notamment les 23.1 millions de $ gagnĂ©s grĂące aux ICOs qui ne passent pas.

John McAfee communique souvent sur le fait que jamais on ne pourra le faire taire. C’est peut-ĂȘtre vrai. NĂ©anmoins, s’il finit derriĂšre les barreaux, il ne restera que ses camarades de cellule pour l’entendre parler de son shitcoin prĂ©fĂ©rĂ© ! Pour rappel, la SEC n’en est pas Ă  son coup d’essai, puisque d’autres cĂ©lĂ©britĂ©s comme DJ Khaled ou Floyd Mayweather avaient dĂ©jĂ  eu des problĂšmes avec cette administration. Au final, peut-ĂȘtre que tout cela apportera un peu plus de transparence et d’honnĂȘtetĂ© dans cet Ă©cosystĂšme qui, parfois, en manque cruellement !

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Bitcoin deviendra le Standard pour les Générations Z et Alpha

October 6th 2020 at 14:00

L’annĂ©e 2020 a marquĂ© un tournant dans la perception du Bitcoin (BTC). Des grosses compagnies font du Bitcoin leur actif de rĂ©serve, et de plus en plus d’investisseurs institutionnels optent pour le Bitcoin pour se prĂ©munir de la grande inflation monĂ©taire que nous subissons. Dans les annĂ©es Ă  venir, la situation va s’accĂ©lĂ©rer car le Bitcoin deviendra le standard pour les membres des GĂ©nĂ©rations Z et Alpha. Dans cet article, je vous propose de dĂ©couvrir 3 raisons majeures qui soutiennent cette idĂ©e.

Préambule

Depuis le lancement officiel du Bitcoin le 3 Janvier 2009, l’adoption avance Ă  son rythme bloc aprĂšs bloc. A certains moments, l’adoption du Bitcoin s’accĂ©lĂšre. A d’autres, elle se ralentit et continue Ă  progresser lentement mais sĂ»rement.

L’annĂ©e 2020 est dĂ©finitivement un moment spĂ©cial oĂč l’adoption du Bitcoin s’accĂ©lĂšre fortement.

Avec l’annĂ©e que nous vivons actuellement, tout le monde s’est rendu compte de l’incertitude totale du monde dans lequel nous vivons. Ainsi, nul ne peut dire si l’annĂ©e 2021 continuera Ă  voir l’adoption du Bitcoin s’accĂ©lĂ©rer de plus en plus rapidement.

Les Ă©vĂ©nements actuels, avec MicroStrategy qui fait du Bitcoin son actif principal de trĂ©sorerie Ă  hauteur de 425 millions de dollars, me laissent penser que la courbe de progression ne s’inflĂ©chira pas. NĂ©anmoins, restons prudents. 

Quoi qu’il en soit, s’il demeure des incertitudes Ă  court terme, il semble en revanche Ă©vident que le Bitcoin sera de plus en plus adoptĂ© dans les 10, 20, ou 30 ans Ă  venir. Vous devez vous demander ce qui me rend aussi sĂ»r de moi pour vous affirmer cela.

C’est la dĂ©mographie qui me pousse Ă  ĂȘtre aussi confiant dans l’explosion de l’adoption du Bitcoin dans les annĂ©es Ă  venir.

Alors que les Millennials arrivent petit Ă  petit au pouvoir, c’est la GĂ©nĂ©ration Z qui pointe dĂ©jĂ  le bout de son nez derriĂšre. Et aprĂšs cette GĂ©nĂ©ration Z, nous aurons Ă  faire Ă  l’émergence de la gĂ©nĂ©ration suivante : la GĂ©nĂ©ration Alpha. Pour les membres des GĂ©nĂ©rations Z et Alpha, le Bitcoin sera le standard par rapport au systĂšme bancaire actuel.

A cela, je vois au moins trois grandes raisons que je vais vous détailler dans la suite de cet article.

1. Bitcoin est digital et simple d’utilisation

Les membres de la GĂ©nĂ©ration Z sont pratiquement nĂ©s avec un smartphone dans leurs mains. Ceux de la GĂ©nĂ©ration Alpha naĂźtront directement avec un smartphone dans leurs mains au rythme oĂč vont les choses.

Les membres des générations futures seront des utilisateurs voraces de smartphones.

Ils voudront pouvoir tout faire via leurs smartphones. Cela inclut donc le fait de pouvoir gĂ©rer leur argent sans avoir besoin d’échanger avec des humains. Le systĂšme bancaire actuel leur paraĂźt bien trop compliquĂ©.

Pour créer un compte bancaire, vous devez actuellement remplir tout un tas de formalités administratives :

  • Faire une photo d’identitĂ©.
  • Donner des informations sur votre vie, et celle de vos parents.
  • Faire un dĂ©pĂŽt initial afin de pouvoir ouvrir votre compte bancaire.
  • Prouver votre adresse avec des factures.
  • Donner votre numĂ©ro de sĂ©curitĂ© sociale afin que les services fiscaux puissent mieux surveiller vos activitĂ©s si nĂ©cessaire.

Toutes ces démarches pouvaient paraßtre normales aux Baby Boomers et aux membres de la Génération X.

Pour les Millennials, c’est devenu pĂ©nible, et beaucoup essaient de migrer vers des solutions avec beaucoup moins de formalitĂ©s administratives. Les membres de la GĂ©nĂ©ration Z et de la GĂ©nĂ©ration Alpha prĂ©fĂšreront opter pour des systĂšmes sans aucune formalitĂ© administrative tels que le Bitcoin.

Le Bitcoin se pose là en solution pour ces générations qui prendront le pouvoir dans le futur.

Pour accĂ©der au rĂ©seau Bitcoin, vous n’avez besoin que d’un smartphone, d’une connexion Internet, et de tĂ©lĂ©charger une application qui vous servira de Wallet.

Le 16 Septembre 2020, la plateforme d’échanges Kraken a reçu l’autorisation de devenir la premiĂšre crypto banque des Etats-Unis. Cette nouvelle peut vous paraĂźtre sans importance, mais elle rentre parfaitement dans ce qui attirera les gĂ©nĂ©rations futures.

Kraken va pouvoir dĂ©finir ce que sera la banque du futur en plaçant en son centre le Bitcoin. Une simplicitĂ© d’utilisation sera attendue pour les utilisateurs, mais Ă©galement la possibilitĂ© de pouvoir gĂ©rer ses revenus en dollar AmĂ©ricain ou en Bitcoin au sein d’un mĂȘme compte bancaire.

Les possibilitĂ©s sont immenses pour Kraken, et ce type de crypto banque pourrait sĂ©duire les membres des gĂ©nĂ©rations futures. Pourquoi pas imaginer Ă©galement des prĂȘts en Bitcoin pour acheter un bien immobilier ?

Le tout de maniĂšre simplifiĂ©e sans nĂ©cessitĂ© de remplir des tonnes de formalitĂ©s administratives. Cela a de quoi faire rĂȘver, mais avec un monde oĂč tout devient digital, c’est ce vers quoi nous allons tendre Ă  mon sens.

2. Bitcoin est disponible tout le temps

Vous savez ce que disent les “vieux” des plus jeunes : 

“Ils sont toujours pressĂ©s. Les jeunes ne savent pas attendre. La patience est une qualitĂ© qui s’est totalement perdue.”

Je pense qu’ils ont totalement raison.

Les jeunes n’ont pas de patience, car ils sont habituĂ©s Ă  ce que tout marche trĂšs vite. Ils n’ont pas connu les balbutiements d’Internet lorsqu’il fallait attendre plusieurs heures pour tĂ©lĂ©charger un MP3 sur Napster.

Ils n’ont pas jamais vu une page s’afficher petit Ă  petit de haut en bas Ă  mesure que les images se tĂ©lĂ©chargeaient.

Pour les membres de la GĂ©nĂ©ration Z, tout doit ĂȘtre instantanĂ©. La 5G les confortera dans ce mode de pensĂ©e. De fait, lorsqu’ils souhaitent faire un virement bancaire Ă  l’autre bout du monde, ils comprennent mal qu’ils doivent attendre de 2 Ă  5 jours avec le systĂšme interbancaire de paiement SWIFT.

Pire encore, les banques sont fermĂ©es le week-end. Vous ne pouvez pas envoyer de l’argent un dimanche Ă  11h du matin Ă  un ami dans le besoin qui se trouve Ă  l’autre bout du monde. Vous devrez attendre les heures d’ouverture de votre agence bancaire si le montant est trop Ă©levĂ©, ou bien attendre que votre banque fasse l’envoi via le systĂšme interbancaire de paiement SWIFT.

Le systÚme bancaire actuel me paraßt déjà anachronique. Et pourtant, je suis un Millennial.

Alors imaginez ce que pensent les membres de la Génération Z !

Ils n’accepteront jamais cela, et vont donc encore une fois aller vers des systĂšmes disponibles tout le temps. Le Bitcoin se posera ici en solution pour les GĂ©nĂ©rations Z et Alpha puisque son rĂ©seau fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et 365 jours par an.

Depuis la création du Bitcoin, son réseau affiche un uptime de 99.985%.

Le Bitcoin vous permet d’envoyer de l’argent Ă  l’autre bout du monde Ă  tout moment en quelques minutes. C’est ce niveau de disponibilitĂ© que les membres des GĂ©nĂ©rations Z et Alpha rechercheront dans le futur avec le Bitcoin.

Les banques ne pourront pas s’adapter Ă  ce que propose le Bitcoin. En revanche, un crypto banque comme celle que va crĂ©er Kraken pourra faire une diffĂ©rence Ă  ce niveau-lĂ .

3. Bitcoin donne la liberté à ses utilisateurs

Avec le systĂšme bancaire actuel, vous n’ĂȘtes pas libre. L’argent disponible sur votre compte bancaire peut ĂȘtre confisquĂ© Ă  tout moment par les banques ou les gouvernements.

Le dollar AmĂ©ricain, ou n’importe quelle monnaie fiat, ne vous appartiennent pas rĂ©ellement.

Lorsque vous souhaitez transfĂ©rer de l’argent durement gagnĂ© en travaillant, vous devez vous justifier. Si vous souhaitez envoyer $50,000 Ă  votre frĂšre situĂ© au Japon, vous allez devoir rĂ©pondre Ă  des questions qui vous seront posĂ©es par votre banque.

Pourtant, vous ne faites rien de mal. C’est votre argent que vous souhaitez utiliser.

Vous aimeriez pouvoir bĂ©nĂ©ficier de votre droit Ă  la vie privĂ©e. Vos banques ne l’entendent pas ainsi. Elles vous diront qu’elles ont le droit de vous poser toutes les questions de leur choix, car ce sont elles qui font les rĂšgles du jeu. Si vous n’ĂȘtes pas content, ces banques pourront vous mettre dehors.

Ce droit à la censure des banques ne sera jamais accepté par les membres de la Génération Z et de la Génération Alpha.

Ces personnes veulent avoir le droit de vivre leur vie comme elles l’entendent. LĂ  encore, elles dĂ©cideront naturellement d’opter pour le systĂšme le plus protecteur de ses utilisateurs. Ce systĂšme est le Bitcoin qui n’a aucun leader et appartient Ă  tous ses utilisateurs.

DÚs lors que vous possédez les clés privées associées à vos Bitcoins, vous avez une liberté totale. Vous pouvez mener votre vie suivant vos propres termes.

Enfin, la GĂ©nĂ©ration Z est dĂ©jĂ  bien consciente des dĂ©fauts du systĂšme monĂ©taire et financier actuel. Ses membres comprennent que les gĂ©nĂ©rations passĂ©es ont abusĂ© de ce systĂšme et que ce devrait ĂȘtre Ă  eux de payer les pots cassĂ©s.

Elles refuseront de faire cela, car elles veulent de la justice. Les gĂ©nĂ©rations Z et Alpha voudront avoir leurs chances d’épargner leur argent sans risquer de voir sa valeur diminuer inĂ©luctablement au fil du temps.

AprĂšs avoir compris que la valeur du dollar AmĂ©ricain ne cesse de diminuer depuis 1971, toutes ces personnes basculeront naturellement vers le Bitcoin qui leur donnera la libertĂ© d’opter pour le temps long.

Le Bitcoin est un systĂšme digital appartenant Ă  tous ses utilisateurs avec des attributs monĂ©taires uniques. Tout ceci en fait le meilleur choix pour des gĂ©nĂ©rations futures qui n’auront qu’une seule envie : vivre leur vie comme elles le souhaitent en bĂ©nĂ©ficiant des mĂȘmes chances que les Baby Boomers ont pu avoir. Le Bitcoin leur donnera la possibilitĂ© d’épargner leur argent tout en rĂ©sistant Ă  tout type de censure. En rĂ©pondant aux besoins des GĂ©nĂ©rations Z et Alpha, le Bitcoin verra tout naturellement son adoption augmenter fortement dans les annĂ©es Ă  venir. Le succĂšs du Bitcoin auprĂšs du plus grand nombre n’est qu’une question de temps.

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Le gestionnaire de fonds Grayscale détient maintenant 500 000 bitcoins!

November 18th 2020 at 05:00
Photo: Grayscale / Twitter Lundi 16 novembre 2020 le gestionnaire de fonds Grayscale a indiquĂ© via Twitter qu’il dĂ©tenait dĂ©sormais dans son Bitcoin Trust plus de 500 000 bitcoins (8,35 milliards de dollars), soit 2,69% de l'offre et de la capitalisation boursiĂšre totale de Bitcoin (BTC). Grayscale Bitcoin Trust now holds more than 500,000 $BTC. Yes, you read that right. Learn more about

Le prix du Bitcoin en pleine explosion. Attention, ça va secouer en 2021!

November 18th 2020 at 15:29
Photo: Adobe Au moment d’écrire ces lignes, le 18 novembre 2020, le Bitcoin est dans une forme olympique et son prix vient de dĂ©passer cette nuit la barre des 18 000$. Si 2020 est une annĂ©e bien pourrie pour beaucoup, pour Bitcoin, c’est tout le contraire. Il suffit de regarder sa courbe depuis le dĂ©but de l’annĂ©e pour s’en rendre compte. Il a commencĂ© autour des 7 000$ et

DĂ©couvrez la formidable histoire de la ruĂ©e vers l’or amĂ©ricaine

November 18th 2020 at 16:41
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Le nombre de nouvelles adresses Bitcoin explose en 24h...

November 19th 2020 at 17:39
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Comment acheter simplement des cryptomonnaies au Québec sur Bitbuy

November 20th 2020 at 07:00
S'inscrire facilement Ă  l'Ă©change rĂ©gulĂ© canadien Bitbuy / Photo: Capture d'Ă©cran Ça y est, vous vous ĂȘtes enfin dĂ©cidĂ© Ă  acheter vos premiĂšres cryptomonnaies. AprĂšs avoir bien lu sur le sujet, compris comment fonctionnent les crypto-actifs comme Bitcoin ou Ethereum, vous ĂȘtes prĂȘt Ă  franchir le pas et Ă  transformer vos dollars canadiens en cryptos. Ah oui, comme le titre de cet

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November 20th 2020 at 16:02
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Qu’est-ce qui sĂ©curise Bitcoin ?

November 14th 2020 at 10:30

Bitcoin est un concept de monnaie numĂ©rique fonctionnant sur Internet qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2008 par Satoshi Nakamoto. Mis en application Ă  partir du 3 janvier 2009, il a parcouru un long chemin qui l’a menĂ© Ă  devenir ce qu’il est aujourd’hui, Ă  la fois d’un point de vue technique, Ă©conomique et social. NĂ©anmoins, il existe toujours des incomprĂ©hensions Ă  son Ă©gard, y compris chez ceux qui pensent avoir saisi ses principes de base. C’est en particulier le cas de son modĂšle de sĂ©curitĂ© qui reste flou pour beaucoup de personens.

Dans Bitcoin, une foule de notions interviennent. Le systĂšme est fondĂ© sur un rĂ©seau public et dĂ©centralisĂ© de nƓuds qui font tourner un logiciel open source. Ces nƓuds vĂ©rifient des opĂ©rations cryptographiques et entretiennent un registre distribuĂ© et horodatĂ© appelĂ© la chaĂźne de blocs, registre oĂč sont enregistrĂ©es toutes les transactions d’une unitĂ© de compte, le bitcoin. Au sein de ce rĂ©seau, un certain nombre d’acteurs, appelĂ©s des mineurs, utilisent la puissance de calcul de leurs machines afin de valider les transactions effectuĂ©es par le rĂ©seau, et reçoivent en Ă©change une rĂ©munĂ©ration en bitcoins. Tout cela forme un tout harmonique qui permet Ă  Bitcoin d’exister depuis quasiment douze ans.

Cependant, ce qui sĂ©curise Bitcoin, ce n’est pas la cryptographie, la chaĂźne de blocs, le logiciel libre, la dĂ©centralisation ou la puissance de calcul. Ce qui sĂ©curise Bitcoin, c’est l’action combinĂ©e d’individus, de personnes de chair et d’os mues par leurs intĂ©rĂȘts, de gens qui prennent des dĂ©cisions et qui s’exposent Ă  des risques personnels. Bitcoin est en effet un systĂšme Ă©conomique et, en tant que tel, base sa sĂ©curitĂ© sur le comportement intĂ©ressĂ© des ĂȘtres humains1.

 

Qu’est-ce qui prĂ©serve la qualitĂ© de l’infrastructure logicielle ?

Bitcoin est un protocole de communication qui permet l’existence et la circulation d’une unitĂ© de compte numĂ©rique, le bitcoin. Ce protocole est un ensemble de rĂšgles et ne peut donc pas directement ĂȘtre utilisĂ© par un individu : il faut pour cela qu’il existe une implĂ©mentation logicielle, Ă  savoir un programme qui respecte et vĂ©rifie ces rĂšgles.

L’écosystĂšme autour de Bitcoin repose donc sur ces implĂ©mentations logicielles, qui peuvent ĂȘtre complĂštes (nƓuds du rĂ©seau) ou partielles (portefeuilles lĂ©gers). Bien Ă©videmment, les implĂ©mentations complĂštes sont les plus essentielles Ă  la sĂ©curitĂ© de Bitcoin, puisque ce sont elles qui servent Ă  valider les transactions et Ă  miner les blocs. En particulier, Bitcoin Core, l’implĂ©mentation de rĂ©fĂ©rence de Bitcoin (BTC), joue un rĂŽle central dans l’infrastructure du rĂ©seau.

Comme tous les programmes informatiques complexes, Bitcoin Core n’est pas exempt de faiblesses, ce qui au cours de son histoire s’est matĂ©rialisĂ© par deux incidents majeurs :

  • En aoĂ»t 2010, une faille dans le systĂšme des transactions (value overflow) avait permis Ă  une personne de crĂ©er plus de 184 milliards de bitcoins Ă  partir de rien ! Cet incident avait heureusement pu ĂȘtre corrigĂ© dans les heures qui avaient suivi grĂące Ă  la mobilisation des mineurs qui avaient appliquĂ© un patch correctif. À l’époque, cela n’avait pas Ă©tĂ© dommageable pour Bitcoin, qui ne gĂ©rait que peu de valeur.
  • En mars 2013, un dĂ©faut contenu dans la mise Ă  jour du code avait provoquĂ© la sĂ©paration accidentelle du rĂ©seau pendant plusieurs heures. Bitcoin Ă©tait alors beaucoup plus utilisĂ© et cette sĂ©paration momentanĂ©e avait notamment entraĂźnĂ© la rĂ©alisation d’une double dĂ©pense par un utilisateur.

C’est pour cela qu’il est crucial que le logiciel derriĂšre Bitcoin soit bien maintenu, optimisĂ©, amĂ©liorĂ©. Bitcoin reprĂ©sente aujourd’hui prĂšs de 300 milliards de dollars et dĂ©place des dizaines de milliards de dollars chaque jour, et par consĂ©quent il serait dĂ©sastreux qu’un dysfonctionnement majeur survienne.

Pour assurer la sĂ©curitĂ© du logiciel, il existe donc des dizaines de personnes, identifiĂ©es ou anonymes, qui s’attellent Ă  scruter et Ă  perfectionner le code, Ă  temps plein ou Ă  temps partiel. Puisque Bitcoin Core est un logiciel libre disponible en source ouverte sur Internet, n’importe qui peut consulter le code, vĂ©rifier qu’il est conforme au rĂ©sultat attendu ou mĂȘme proposer de le modifier pour l’amĂ©liorer ! Tel que l’expliquait Satoshi Nakamoto en dĂ©cembre 2009 :

Être accessible en source ouverte signifie que n’importe qui peut examiner le code de maniĂšre indĂ©pendante. S’il s’agissait d’une source fermĂ©e, personne ne pourrait vĂ©rifier la sĂ©curitĂ©. Je pense qu’il est essentiel pour un programme de cette nature d’ĂȘtre open source.

Cette ouverture, couplĂ©e Ă  une dette technique limitĂ©e, donne Ă  Bitcoin une sĂ»retĂ© plus grande que de nombreux systĂšmes informatiques. En effet, au vu des sommes en jeu, la rĂ©compense pour l’exploitation rĂ©ussie d’une faille dans le code serait Ă©norme, ce qui renforce la confiance qu’on peut avoir dans le logiciel au cours du temps (effet Lindy).

De plus, les failles dans le code sont, outre leur raretĂ©, le plus souvent trĂšs subtiles, ce qui fait que ce sont les dĂ©veloppeurs bienveillants qui les dĂ©couvrent et qui les rapportent. On peut par exemple citer le bogue d’inflation trouvĂ© et rĂ©vĂ©lĂ© en septembre 2018 par Awemany, dĂ©veloppeur pour Bitcoin Unlimited, ou la faille permettant des attaques par dĂ©ni de service rapportĂ©e en juin 2018 par Braydon Fuller, dĂ©veloppeur pour Bcoin, et rĂ©vĂ©lĂ©e publiquement plus deux ans plus tard, en septembre 2020.

Enfin, il faut spĂ©cifier que l’infrastructure logicielle n’est pas maintenue gratuitement et qu’elle est soutenue financiĂšrement par les organisations et les individus dont l’activitĂ© dĂ©pend de la qualitĂ© du fonctionnement du rĂ©seau. C’est ainsi que des entreprises impliquĂ©es dans Bitcoin acceptent de rĂ©munĂ©rer les principaux dĂ©veloppeurs de Bitcoin Core, pas par charitĂ©, mais parce qu’elles ont quelque chose Ă  gagner.

Tout ceci fait que la sĂ©cuitĂ© du logiciel s’amĂ©liore au cours du temps, que les vulnĂ©rabilitĂ©s sont dĂ©tectĂ©es et maĂźtrisĂ©es et que, en presque douze ans d’existence, seules deux d’entre elles ont provoquĂ© un incident majeur. Bitcoin ne repose donc pas sur des logiciels magiques qui fonctionneraient parfaitement bien, mais sur l’action des dĂ©veloppeurs qui maintiennent des implĂ©mentations faillibles et sur l’aide des mĂ©cĂšnes qui financent ce dĂ©veloppement.

 

Qu’est-ce qui assure le bon traitement des transactions ?

Bitcoin permet Ă  quiconque d’envoyer des fonds Ă  n’importe qui d’autre, quel que soit le moment, oĂč que se trouve le destinataire dans le monde pourvu qu’il dispose d’un accĂšs Ă  Internet. Il est ainsi rĂ©sistant Ă  la censure, c’est-Ă -dire qu’il est trĂšs difficile pour une entitĂ© d’empĂȘcher arbitrairement une transaction d’ĂȘtre rĂ©alisĂ©e.

La rĂ©sistance Ă  la censure est trĂšs importante car si Bitcoin n’avait pas cette propriĂ©tĂ©, il ne pourrait tout simplement pas survivre. Il deviendrait en effet un systĂšme bancaire comme un autre, soumis aux rĂ©glementations invasives des États : il devrait s’adapter Ă  l’instar de PayPal, ou mourir sous les coups des interventions Ă©tatiques, destin funeste qu’ont connu e-gold ou Liberty Reserve en leur temps.

Le bon traitement des transactions dans Bitcoin implique donc deux garanties qui le distinguent des systĂšmes bancaires traditionnels :

  • Toute transaction qui paie un montant correct de frais ne peut pas ĂȘtre dĂ©laissĂ©e (sĂ©curitĂ© a priori) ;
  • Toute transaction qui a Ă©tĂ© confirmĂ©e doit demeurer dans le registre et ne peut pas faire l’objet d’une double dĂ©pense (sĂ©curitĂ© a posteriori).

Ce bon traitement est assurĂ© par ce qu’on appelle le minage. Les mineurs, qui font partie du rĂ©seau, reçoivent les transactions des utilisateurs et les incluent dans des blocs. Ils rattachent ces blocs Ă  la chaĂźne par la rĂ©solution d’un problĂšme mathĂ©matique nĂ©cessitant une dĂ©pense d’énergie Ă©lectrique (preuve de travail) et sont en Ă©change rĂ©compensĂ©s par les bitcoins nouvellement crĂ©Ă©s (6,25 bitcoins par bloc actuellement) et par les frais payĂ©s par les transactions. Pour dĂ©terminer la chaĂźne valide les nƓuds suivent le principe de la chaĂźne la plus longue, c’est-Ă -dire qu’ils considĂšrent que la chaĂźne contenant le plus de preuve de travail (grosso modo celle avec le plus de blocs) est la chaĂźne valide. Cela permet au rĂ©seau d’arriver Ă  un consensus sur l’état du systĂšme.

Bitcoin repose donc sur la dĂ©pense d’énergie pour fonctionner, car c’est elle qui dĂ©termine le caractĂšre infalsifiable de la chaĂźne et des bitcoins crĂ©Ă©s. Le taux de hachage, qui dĂ©signe le nombre de calculs par seconde rĂ©alisĂ©s par le rĂ©seau, atteint aujourd’hui les 130 EH/s, Ă  savoir 130 milliards de milliards de calculs par seconde. Cette considĂ©rable force de calcul consomme aujourd’hui, selon certaines estimations, plus de 82 TWh par an, soit une dĂ©pense Ă©nergĂ©tique Ă©galant la consommation d’électricitĂ© de pays comme la Belgique ou la Finlande.

 

Taux de hachage Bitcoin BTC 2010 2020
Évolution du taux de hachage de Bitcoin entre 2010 et 2020 (Bitcoin.com Charts)

 

NĂ©anmoins, en dĂ©pit de son rĂŽle central, ce n’est pas sur cette Ă©nergie que se fonde la sĂ©curitĂ© du minage. En effet, la sĂ©curitĂ© vient de la concurrence entre les mineurs, et pas de l’énergie totale dĂ©pensĂ©e. Comme l’écrivait Satoshi Nakamoto dans le livre blanc de Bitcoin en 2008 :

Le systĂšme est sĂ©curisĂ© tant que les nƓuds honnĂȘtes contrĂŽlent collectivement plus de puissance de calcul qu’un groupe de nƓuds qui coopĂ©reraient pour rĂ©aliser une attaque.

L’important ce n’est pas que le taux de hachage de Bitcoin soit le plus haut possible, c’est que les mineurs disposant d’une puissance de calcul non nĂ©gligeable soient « honnĂȘtes », c’est-Ă -dire qui soient prĂȘts Ă  miner systĂ©matiquement toutes les transactions payant un montant correct de frais (pas de censure a priori) et Ă  toujours construire leurs blocs Ă  partir de la plus longue chaĂźne (pas de rĂ©organisation de chaĂźne).

Imaginons (cas pessimiste) que les États membres de l’ONU se mettent d’accord sur la dangerositĂ© de Bitcoin et dĂ©crĂštent l’interdiction de certaines transactions sur Bitcoin, les transactions de mĂ©lange de piĂšces au nom de la lutte contre le blanchiment d’argent par exemple. Dans ce cas, les mineurs pourraient ĂȘtre soumis Ă  de fortes pressions de la part de leurs autoritĂ©s respectives, et devraient faire le choix de continuer Ă  ĂȘtre honnĂȘtes en se dĂ©plaçant dans un pays non concernĂ© ou en minant illĂ©galement, ce qui constitue dans les deux cas un risque, ou de devenir des attaquants en suivant la loi. Cette rĂ©glementation des mineurs par les États permettrait, si leur matĂ©riel reprĂ©sentaient plus de la moitiĂ© de la puissance de calcul du rĂ©seau, d’empĂȘcher toute confirmation d’une transaction illĂ©gale par le biais d’une attaque des 51 % mondiale.

La solution au problĂšme proviendrait des individus et des groupes d’individus qui seraient prĂȘts Ă  miner des transactions dĂ©clarĂ©es comme illĂ©gales, et qui resteraient donc honnĂȘtes du point de vue de Bitcoin. Le risque pris par ces mineurs pourrait alors ĂȘtre compensĂ© par les frais des transactions censurĂ©es, qui pourraient s’avĂ©rer ĂȘtre trĂšs Ă©levĂ©s, surtout si des montants astronomiques Ă©taient en jeu.

C’est pour cela que la bon fonctionnement des transactions vient du comportement des mineurs, pas uniquement de la puissance de calcul du rĂ©seau. Pour que Bitcoin soit correctement sĂ©curisĂ©, il faut donc que les mineurs soient nombreux (partage du risque) et se trouvent Ă  des endroits diffĂ©rents du monde (dĂ©centralisation).

 

Carte de localisation des mineurs avril 2020
Répartition géographique des mineurs utilisant les coopératives BTC.com, Poolin et ViaBTC en avril 2020 (Cambridge Center for Alternative Finance)

 

 

Qu’est-ce qui garantit la limite des 21 millions de bitcoins ?

Lorsqu’on entend parler du bitcoin, il ne faut pas attendre longtemps avant que sa politique monĂ©taire singuliĂšre soit Ă©voquĂ©e. Le bitcoin suit en effet un processus d’émission trĂšs prĂ©cis qui limite sa quantitĂ© d’unitĂ©s en circulation Ă  21 000 000 : les fameux 21 millions de bitcoins.

Bien que le principe soit briĂšvement dĂ©crit dans le livre blanc, cette politique monĂ©taire n’a Ă©tĂ© dĂ©finie rigoureusement par Satoshi Nakamoto que le 8 janvier 2009 dans son annonce du lancement de Bitcoin :

La circulation totale sera de 21 000 000 de piĂšces. Elle sera distribuĂ© aux nƓuds du rĂ©seau lorsqu’ils crĂ©eront des blocs, le montant Ă©tant divisĂ© par deux tous les 4 ans.

les 4 premiÚres années : 10 500 000 piÚces
les 4 années suivantes : 5 250 000 piÚces
les 4 années suivantes : 2 625 000 piÚces
les 4 années suivantes : 1 312 500 piÚces
etc


Cela fait du bitcoin une monnaie dure Ă  produire Ă  l’inverse des monnaies fiat imposĂ©es par les États, comme l’euro ou le dollar, dont la gestion de la masse monĂ©taire est dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  des banques centrales. Bitcoin donne ainsi aux individus la possibilitĂ© d’épargner une monnaie qui ne perd pas en valeur au cours du temps, et qui empĂȘche au passage les acteurs financiers proches du pouvoir de profiter de l’effet Cantillon.

La politique monĂ©taire du bitcoin constitue donc une propriĂ©tĂ© rĂ©volutionnaire qui n’a mĂȘme pas Ă©tĂ© appliquĂ©e par le passĂ© et beaucoup la mettent en valeur comme une propriĂ©tĂ© gravĂ©e dans le marbre qui ne pourrait absolument pas ĂȘtre modifiĂ©e. NĂ©anmoins ce n’est pas le cas, et cette « rĂ©sistance Ă  l’inflation » doit ĂȘtre, tout comme la rĂ©sistance Ă  la censure, sĂ©curisĂ©e par des individus qui agissent en ce sens.

Bitcoin est un protocole de communication, un ensemble de rĂšgles qui permettent Ă  des gens de transfĂ©rer de la valeur entre eux, et en cela il peut Ă©voluer. Les rĂšgles de consensus qui dĂ©finissent Bitcoin ne sont en effet pas figĂ©es et peuvent faire l’objet de changements, comme l’ont montrĂ© les diffĂ©rentes amĂ©liorations qui ont jalonnĂ© l’existence de Bitcoin telles que P2SH, les verrous temporels ou SegWit.

De plus, l’évolution du protocole peut se faire dans un sens non prĂ©vu originellement, ce qui a eu lieu Ă  de multiples reprises dans l’histoire des cryptomonnaies.

En juin 2016, Ethereum a ainsi violĂ© l’immuabilitĂ© de sa propre chaĂźne en annulant le piratage d’un contrat autonome (TheDAO) oĂč 3,6 millions d’éthers, qui reprĂ©sentaient plus de 45 millions d’euros. Cette somme dĂ©robĂ©e reprĂ©sentait 4,4 % de la quantitĂ© totale d’éthers en circulation, et une majoritĂ© Ă©conomique (Ă  commencer par Vitalik Buterin) a donc dĂ©cidĂ© de revenir sur ce transfert le 20 juin. Un groupe dissident a refusĂ©, ce qui a crĂ©Ă© une autre chaĂźne oĂč le piratage Ă©tait toujours prĂ©sent, qui s’appelle aujourd’hui Ethereum Classic.

De mĂȘme, Bitcoin a changĂ© depuis ses dĂ©buts et n’est plus le mĂȘme qu’en 2011. Le principal changement n’est pas un modification du protocole en soi, mais un changement de vision : les visions d’une monnaie d’échange et d’un moyen de transfert anonyme, qui Ă©taient prĂ©dominantes aux dĂ©buts de Bitcoin, se sont estompĂ©es au profit de la vision d’un or numĂ©rique qui servirait de monnaie de rĂ©serve. MĂȘme si les premiĂšres visions subsistent au travers du projet Lightning et des logiciels dĂ©diĂ©s Ă  la confidentialitĂ© (Wasabi, Samourai, JoinMarket), elles sont devenues nĂ©anmoins minoritaires dans la communautĂ© de Bitcoin. En effet, les gens s’enthousiasment plus aujourd’hui pour les investissements de grandes entreprises comme MicroStrategy et Square, ou pour l’intĂ©gration 100 % custodiale du bitcoin dans PayPal, que pour l’échange commercial ou pour l’usage rĂ©alisĂ© sur le dark web.

 

Visions de Bitcoin Nic Carter Hasu
Visions de Bitcoin (Nic Carter et Hasu).

 

Ce changement de narration s’est accompagnĂ© d’un maintien conservateur du protocole, notamment par le biais d’une restriction de sa capacitĂ© transactionnelle. Cette restriction a pour effet de prĂ©server la dĂ©centralisation du minage donc la sĂ©curitĂ© de la chaĂźne, mais aussi d’accroĂźtre considĂ©rablement les frais de transaction payĂ©s par les utilisateurs, qui peuvent actuellement ĂȘtre de plusieurs euros en moyenne pour un traitement rapide par le rĂ©seau2.

Face Ă  ces changements, nous sommes donc en droit de nous demander quelle est la force qui empĂȘche la politique monĂ©taire de Bitcoin d’ĂȘtre modifiĂ©e, ce qui nous amĂšne naturellement Ă  la question plus gĂ©nĂ©rale de la gouvernance de Bitcoin, c’est-Ă -dire la maniĂšre dont il est dirigĂ©. Qui dĂ©cide de l’avenir du protocole ?

D’une part, certains pensent que la gouvernance est la prĂ©rogative des dĂ©veloppeurs du protocole, que ceux-ci sont en charge de ce qui doit ou non ĂȘtre intĂ©grĂ©. Pour Bitcoin, ce serait le cas de l’implĂ©mentation de rĂ©fĂ©rence, Bitcoin Core, et de son mainteneur principal, Wladimir van der Laan, qui possĂšdent les droits sur le dĂ©pĂŽt GitHub. Il est en effet vrai que les dĂ©veloppeurs ont une certaine influence sur le protocole en acceptant ou en refusant d’inclure une modification : par effet d’inertie, ils ont un poids dans les choix qui vont ĂȘtre faits, car tout changement non consenti par eux devrait ĂȘtre implĂ©mentĂ© par une nouvelle Ă©quipe peut-ĂȘtre moins expĂ©rimentĂ©e et moins bien financĂ©e. NĂ©anmoins, si un changement majeur et controversĂ© en venait Ă  ĂȘtre proposĂ© (comme le serait probablement une violation de la politique monĂ©taire du bitcoin), les dĂ©veloppeurs n’auraient aucune chance de voir leur modification ĂȘtre acceptĂ©e. C’est notamment ce qui s’est passĂ© pour Bitcoin ABC, l’implĂ©mentation principale du protocole Bitcoin Cash, qui se voit aujourd’hui ĂȘtre exclue pour avoir tentĂ© de rediriger 8 % de la rĂ©compense de bloc Ă  ses fins.

D’autre part, une opinion assez rĂ©pandue suppose que ce sont les mineurs qui doivent dĂ©cider de l’évolution du protocole, notamment par le biais de votes proportionnĂ©s Ă  leur puissance de calcul. Ces mineurs sont en effet garants de l’intĂ©gritĂ© de la chaĂźne de blocs et possĂšdent un rĂŽle majeur dans Bitcoin. Il est donc Ă©vident qu’une version de Bitcoin privilĂ©giĂ©e par les mineurs a plus de chances de prospĂ©rer qu’une version concurrente qui serait plus sensible Ă  la censure. Cependant, ce ne sont pas les mineurs qui possĂšdent le rĂ©el pouvoir sur le protocole, pour la simple et bonne raison que ce ne sont pas eux qui contribuent Ă  valoriser l’unitĂ© de compte. En raisonnant par l’absurde, on pourrait dire que si les mineurs Ă©taient rĂ©ellement en charge du protocole, le systĂšme Ă©conomique de Bitcoin serait vouĂ© Ă  l’échec : ils seraient en effet incitĂ©s Ă  augmenter leurs revenus par la crĂ©ation monĂ©taire Ă  l’instar des banques centrales.

Tout ceci nous amĂšne Ă  la troisiĂšme catĂ©gorie d’acteurs impliquĂ©s dans Bitcoin : les utilisateurs, ou plutĂŽt les marchands, c’est-Ă -dire les personnes qui acceptent le bitcoin comme moyen de paiement pour un bien ou un service. Cette catĂ©gorie des marchands est Ă  prendre au sens large et inclut, outre les commerçants classiques, les Ă©pargnants et les spĂ©culateurs qui Ă©changent de l’euro contre du bitcoin. Le fait est que ce sont ces utilisateurs qui, par l’usage direct ou indirect d’un nƓud complet, dĂ©cident rĂ©ellement de la direction dans laquelle Bitcoin doit aller, car ce sont eux qui apportent de la valeur au bitcoin.

Lorsqu’en novembre 2017 il a Ă©tĂ© question de doubler la capacitĂ© transactionnelle de Bitcoin par le biais d’une mise Ă  niveau appelĂ©e SegWit2X, les utilisateurs ont refusĂ©. Cette proposition, soutenue par la majoritĂ© des mineurs et par une grande part des entreprises du milieu, a Ă©tĂ© annulĂ©e avant son activation au vu de l’impopularitĂ© de celle-ci. Ainsi, c’est le sectarisme des utilisateurs et des dĂ©tenteurs de bitcoins, attisĂ© par un certain nombre d’influenceurs, qui a prĂ©valu dans l’affaire, chose que pressentait Satoshi Nakamoto dĂšs dĂ©cembre 2010 :

Les utilisateurs de Bitcoin pourraient devenir de plus en plus sectaires à propos de la limitation de la taille de la chaüne pour que son accùs reste facile pour beaucoup d’utilisateurs et pour les petits appareils.

Le modĂšle Ă©conomique de Bitcoin est ainsi protĂ©gĂ© par ces marchands qui, par le biais d’une conservation plus ou moins longue, sont incitĂ©s Ă  faire en sorte que la valeur du bitcoin ne baisse pas, et mĂȘme qu’elle augmente. Il est donc dans leur intĂ©rĂȘt de ne pas modifier la politique monĂ©taire dĂ©flationniste du bitcoin. De plus, la limite des 21 millions de bitcoins est un point de Schelling fort qui dĂ©vantagerait toute tentative de changement.

NĂ©anmoins, ce modĂšle n’est pas magique et, tout comme le minage, repose essentiellement sur la rĂ©sistance individuelle des marchands aux pressions, qu’elles soient intĂ©rieures (la proposition d’une Ă©mission monĂ©taire pour protĂ©ger la chaĂźne par exemple) ou extĂ©rieures.

Le cas d’une pression extĂ©rieure est le plus parlant. De maniĂšre pessimiste, on pourrait imaginer qu’un dĂ©cret appliquĂ© par les États membres de l’ONU impose par la loi une crĂ©ation monĂ©taire qui reviendrait Ă  une banque centrale mondiale, et qui rendrait illĂ©gale la version dĂ©flationniste de Bitcoin. Dans ce dernier cas, le destin de Bitcoin serait entre les mains aux marchands, qui devraient faire preuve de courage en refusant ce dĂ©cret et en acceptant le bitcoin interdit, soit en toute illĂ©galitĂ© dans leur pays, soit dans un pays non concernĂ©.

Ainsi, Ă  l’instar du bon traitement des transactions qui est garanti par les mineurs et renforcĂ© par la dĂ©centralisation du minage, la dĂ©fense de la politique monĂ©taire est assurĂ©e par les marchands et affermie grĂące Ă  leur degrĂ© d’indĂ©pendance : moins il y a de marchands capables de continuer leur activitĂ© dans l’illĂ©galitĂ© ou depuis des lieux non rĂ©glementĂ©s, notamment par la gestion de leur propre nƓud complet, moins le bitcoin est rĂ©sistant Ă  l’inflation.

 

Conclusion

Bitcoin est un systĂšme Ă©conomique basĂ© sur l’action d’individus libres. Sa sĂ©curitĂ© ne provient donc pas des concepts sous-jacents Ă  son fonctionnement comme la cryptographie, la chaĂźne de blocs, le logiciel libre, la dĂ©centralisation ou la puissance de calcul, mais de la volontĂ© humaine des personnes qui Ɠuvrent chaque jour Ă  sa survie. Bitcoin ne serait pas lĂ  sans ses dĂ©veloppeurs bienveillants, ses mineurs soucieux de la rĂ©sistance de la chaĂźne et ses marchands prĂȘts Ă  tout pour conserver un protocole sain.

Bitcoin peut ainsi ĂȘtre dĂ©nigrĂ©, rĂ©glementĂ©, interdit, attaquĂ©, combattu, mais il ne pourra pas ĂȘtre dĂ©truit dans son principe tant qu’il y aura des gens derriĂšre lui. C’est pourquoi sa communautĂ© est si cruciale : mĂȘme dans les pires moments de doute, il y aura toujours des personnes prĂȘtes Ă  programmer, Ă  miner et Ă  valoriser le bitcoin. Ainsi, malgrĂ© les restrictions imposĂ©es par les États et les efforts des banques centrales pour le singer, Bitcoin est lĂ  pour rester. Et c’est tant mieux.

 


Notes

1. ↑ Je tire cette rĂ©flexion de la thĂ©orie d’Eric Voskuil et en particulier de son texte sur le principe du partage du risque dans lequel il observe que le risque individuel d’accepter ou de miner le bitcoin dĂ©pend du nombre de gens qui le prennent.

2. ↑ Ces deux changements, relatifs Ă  Bitcoin et Ă  Ethereum, ne sont pas forcĂ©ment de mauvaises Ă©volutions : le monde a probablement besoin d’une rĂ©serve de valeur Ă  hauts frais trĂšs sĂ©curisĂ©e et trĂšs stable (surtout lorsqu’on constate les derniers agissements des États et des banques centrales) et d’une plateforme de contrats autonomes qui puisse ĂȘtre modifiĂ©e socialement dans le cas oĂč 5 % des fonds sont concernĂ©s. NĂ©anmoins, ces changements indiquent que certains principes peuvent s’éroder et que les protocoles peuvent effectivement Ă©voluer dans un sens non prĂ©vu originellement.

102 - L'incroyable prix de la Monnaie des Assassins

November 5th 2020 at 17:05

Un prix incroyable !

Et non, ce titre racoleur ne va pas me conduire, en ce 5 novembre, Ă  ne parler que de Bitcoin !

Je veux parler d'une piĂšce d'or vieille de plus de 2000 ans et dont le prix a atteint 2.700.000 ÂŁ pour 8 grammes d'or. Une piĂšce d'or assez Ă©tonnante, tant par son extrĂȘme raretĂ© que par son motif : la cĂ©lĂ©bration de l'un des plus cĂ©lĂšbres assassinats politiques de tous les temps.

Il s'agit du lot 463 de la vente menée le 29 octobre dernier par la maison ROMA NUMISMATICS, 20 Fitzroy Square, Londres (métro Warren Street). CÎté face le visage de l'assassin Brutus, cÎté pile son poignard et celui de son complice Cassius entourant le bonnet phrygien, antique symbole républicain, au-dessus de la légende EID MAR (Eidibus Martiis : AUX IDES DE MARS).

L'attention des non-numismates avait été attirée sur ce magnifique objet par le blog de Pierre Jovanovic avec une présentation spectaculaire, mais un peu expéditive.

« C'est totalement fascinant qu'une telle piÚce existe, qu'elle soit parvenue jusqu'à nous et qu'il existe dans le monde des passionnés capables d'y mettre des millions » s'extasiait P. Jovanovic. Sur le fait que des piÚces antiques parviennent jusqu'à nous, on a envie de dire que ce n'est pas la seule ! Le catalogue de la vente est bluffant, et il y a des centaines de ventes numismatiques chaque année dans le monde.

Les reliques du passĂ© sont non seulement en elles-mĂȘmes prĂ©cieuses, mais les rĂ©flexions qu'elles inspirent sont Ă©clairantes et peuvent susciter la mĂ©ditations des bitcoineurs : la valeur des piĂšces de monnaies antiques, comme des statues, des peintures et des autres oeuvres d'art est liĂ©e de façon inextricable Ă  leur valeur intrinsĂšque (souvent faible), Ă  leur raretĂ©, Ă  leur histoire et Ă  la longue « tradition » qui est la leur.

Ceux qui iront lire en dĂ©tail la rubrique 463 du catalogue de vente en ligne verront que cet exemplaire (qui n'est pas unique) a une histoire assez bien documentĂ©e depuis pas loin de 2 siĂšcles ; et surtout que l'examen minutieux de l'Ă©tat de la piĂšce permet de la situer dans une sĂ©rie qui est elle-mĂȘme ici plus que restreinte : on pense qu'il reste peut-ĂȘtre une centaine en argent (des denarii ou deniers) et sans doute pas plus de 3 exemplaires en or (des aurei). Il va sans dire qu'aprĂšs des siĂšcles de passion numismatique et d'ardeur archĂ©ologique, la dĂ©couverte de nouveaux exemplaires dans un tel Ă©tat de conservation reste assez faible pour conforter la raretĂ© de la chose !

Ce qui va fasciner, cependant, c'est l'idée d'une émission commémorative de l'assassinat de l'homme qui voulut, le premier à Rome depuis des siÚcles, se faire roi.

La monnaie, prérogative régalienne nous dit-on, pourrait célébrer ce genre d'acte séditieux ?

CĂ©sar est dictateur dans des formes ou plutĂŽt dans des apparences de formes lĂ©gales subsistant aprĂšs plusieurs guerres civiles. Ce n'est pas nous, grĂȘlĂ©s d'Ă©tats d'urgence et de lois d'exception pour bien moins que cela qui allons chipoter les entorses romaines. Ce qui semble Ă©tabli, en revanche, c'est qu'il jouit, lui, d'un solide appui des classes populaires. Et que les conjurĂ©s, de leur cĂŽtĂ©, sont des sĂ©nateurs, des privilĂ©giĂ©s. Ce qui n'interdit pas de leur supposer des intentions diverses, voire le goĂ»t de la libertĂ© antique.

Ceci posĂ©, la raretĂ© mĂȘme de la piĂšce amĂšne sans doute Ă  ne pas « trop » solliciter sa signification : Rome n'a pas cĂ©lĂ©brĂ© les assassins de CĂ©sar et cette piĂšce n'a pas Ă©tĂ© frappĂ©e dans les ateliers monĂ©taires du Capitole, dans le temple de Junon Moneta car lors de sa frappe (en -43 ou -42) la Ville Ă©ternelle est au pouvoir des hĂ©ritiers de CĂ©sar. Brutus et ses partisans ont pu se servir d'un atelier monĂ©taire militaire « de campagne », comme cela existait assez couramment, ou bien transporter avec eux les « coins » et faire main-basse sur un trĂ©sor de temple dans l'une des villes de GrĂšce ou d'Asie oĂč ils regroupĂšrent un temps leurs partisans.

Les vrais paradoxes de cette monnaie sont assez différents d'une simple apologie du tyrannicide.

Longtemps trĂšs strictement encadrĂ©es, les reprĂ©sentations figurĂ©es sur les piĂšces romaines s'Ă©taient considĂ©rablement enrichies dans les derniĂšres dĂ©cennies de la RĂ©publique, multipliant les allusions, ycompris pour cĂ©lĂ©brer tel haut fait ou telle famille. Mais un tabou demeurait : celui du portrait d'une personnalitĂ© vivante. Pour des raisons religieuses (dans l'antiquitĂ© la monnaie est « garantie » symboliquement par les divinitĂ©s de la citĂ©) mais aussi, Ă©videmment, politiques, car l'effigie d'un vivant ne pouvait ĂȘtre que celle d'un despote, comme cela Ă©tait patent en Orient, et contrevenait donc Ă  la vieille Ă©thique rĂ©publicaine.

Le tabou fut brisé par... le divin Jules, descendant direct de Vénus, comme chacun sait et que cette éthique-là n'étouffait pas trop. Il fut figuré couronné comme un roi et voilé, non par humilité mais à l'image de la déesse Vesta.

Le paradoxe est donc que sur la piĂšce cĂ©lĂ©brant clairement le geste du 15 mars -44 (les ides de mars) le tabou ait Ă©tĂ© pareillement brisĂ© par celui qui avait dĂ©pĂȘchĂ© le tyran ad patres. Tout au plus notera-t-on que ce bon rĂ©publicain est figurĂ© tĂȘte nue alors que celle de CĂ©sar s'ornait d'une couronne.

Les piĂšces en or, on le sait circulaient (beaucoup) moins que celles d'argent, ce qui nous prive d'un facteur assez prĂ©cieux d'Ă©valuation : leur usure. En revanche, les deniers d'argent frappĂ©s avec les mĂȘmes motifs semblent avoir beaucoup circulĂ©. Ce qui implique qu'ils aient inspirĂ© une certaine confiance (bon aloi) et qu'ils aient Ă©tĂ© assez nombreux pour ne pas intriguer. On a dit qu'il en restait peut-ĂȘtre une centaine. Mais un historien qui a Ă©tudiĂ© de prĂšs cette Ă©mission d'argent estime Ă  une trentaine le nombre de paires de « coins », diffĂ©rents. En comptant 15.000 piĂšces pour chaque paire, cela ferait 450.000 deniers, ou 1735 kilogrammes d'argent. Cela fait beaucoup de piĂšces, et, vu l'usure de celles que l'on a retrouvĂ©es, beaucoup de piĂšces qui ont rĂ©ellement circulĂ©. Mais en mĂȘme temps cela n'en fait pas tant que cela : en kilogrammes, c'est le trĂ©sor d'un temple, guĂšre plus.

Sic semper Tyrannis ?

La phrase attribuĂ©e Ă  Brutus, et traduite de maniĂšre elliptique par « mort aux tyrans » court de maniĂšre plus ou moins souterraine dans l'histoire, et pas seulement comme devise de l'État de Virginie. RĂ©gicides, tyrannicides, attentats... certains changĂšrent l'histoire, d'autres confortĂšrent la tyrannie. AprĂšs Brutus, Auguste. Et, comme chez nous, les sĂ©quences du genre Caligula, Claude, NĂ©ron...

Sur les monnaies, les effigies se succĂšdent. Aujourd'hui, certes elles ont disparu. Nul n'a besoin de connaĂźtre le visage de Big Brother ou celui des petits hommes gris.

D'autres alternatives existent. Bitcoin n'a pas pour rien été baptisée par de sulfureux auteurs « la Monnaie acéphale ».






NOTES

103 - Un virus « souverain »

November 9th 2020 at 09:00

A ceux qui, comme moi-mĂȘme, pensent que Bitcoin est fondamentalement une « monnaie souveraine » la lecture du petit livre de Donatella Di Cesare apportera, malgrĂ© tout ce qu'il contient de lueurs de fin du monde de nature Ă  rendre chagrin ses lecteurs, quelques pistes pour stimuler la rĂ©flexion.

Je n'entends pas tordre le propos de cette philosophe italienne qui, en se penchant sur les questions politiques et Ă©thiques Ă  l’ùre de la mondialisation, interroge des phĂ©nomĂšnes actuels comme celui de la terreur, face cachĂ©e de la guerre civile mondiale qu'elle perçoit, ou comme la souverainetĂ©, qu'elle examine Ă  la lumiĂšre de Spinoza. Mais il se trouve que bien des choses qu'elle dit de ce virus qui se rit des frontiĂšres et des vieilles souverainetĂ©s construites Ă  leur abri s'appliquent de façon trop troublante aux grandes cryptomonnaies pour que cela ne puisse pas ĂȘtre relevĂ©.

Donatella di Cesare note d'abord tout ce que le virus a dĂ©jĂ  provoquĂ© : instauration d'une « dĂ©mocratie immunitaire » rĂ©gie par la mesure des distances physiques et par le contrĂŽle Ă©lectronique des corps, d'un gouvernement d'experts hors contrĂŽle, d'Ă©tats d'urgence qui ne sont plus des Ă©tats d’exception. Pour elle, le virus et les choix faits pour le combattre ont mis en Ă©vidence non seulement l'autoritarisme (partout dĂ©noncĂ©, et me semble-t-il, Ă  juste titre) mais surtout ce qu'elle dĂ©crit comme l'intrinsĂšque cruautĂ© du capitalisme.

Contre la doxa qui, comme pour la précédente crise en 2008, assure sans vergogne qu'on ne pouvait rien prévoir, la philosophe assure que ce virus « était dans l'air depuis un moment » et elle en cite des preuves.

Elle rappelle qu'un Ă©vĂ©nement « n'est jamais une absolue singularitĂ©, ne serait-ce que parce qu'il s'inscrit dans la trame de l'histoire ». Cette derniĂšre rĂ©flexion je l'appliquerais volontiers Ă  la publication du 1er novembre 2008, tandis que Donatella di Cesare met les crises financiĂšres et sanitaires dans une mĂȘme perspective, celle d'une aube du troisiĂšme millĂ©naire qui « se caractĂ©rise par une difficultĂ© Ă©norme pour imaginer le futur ».

ça c'est paris.jpg, nov. 2020

Quand mĂȘme, ce n'est pas solliciter le texte que d'y voir des Ă©chos Ă  nos propres prĂ©occupations : « le temps semble dĂ©jĂ  consommĂ© avant mĂȘme qu'il ne soit accordĂ©. Nous sommes sur des escaliers roulants qui montent toujours plus vite ». DerriĂšre la proposition d'une monnaie non fondĂ©e sur de la dette, ne trouvons-nous pas la mise en cause de ce qu'elle critique : une « croissance devenue une excroissance incontrĂŽlable, sans mesure ni fin » et ce qu'elle appelle « l'extension du principe de l'endettement » ?

Si ce virus couronné est « souverain dÚs le nom », les souverainistes, eux, en prennent pour leur grade :

« Rien ne nous a protĂ©gĂ©s, pas mĂȘme les murs patriotiques, ni les frontiĂšres rogues et violentes des souverainistes ». Le virus « dĂ©masque partout les limites d'une gouvernance politique rĂ©duite Ă  l'administration technique ». Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, ajoute-t-elle, si les États se dĂ©lĂ©gitiment les uns les autres.


Sommes-nous en guerre?

Beaucoup de gens ont trouvĂ© le terme impropre, destinĂ© Ă  justifier des mesures odieuses dans une rhĂ©torique typiquement française d'exaltation de la puissance armĂ©e. Il est vrai aussi que la prise systĂ©matique des dĂ©cisions en « Conseil de DĂ©fense » offre un havre juridique aux dirigeants demi-courageux. Mais s'il faut le prendre au sĂ©rieux ce terme de guerre, c'est soit que le virus est souverain (la guerre est thĂ©oriquement un privilĂšge de souverain) soit qu'il Ɠuvre comme les terroristes avec lesquels nous sommes aussi « en guerre » et qui, eux, font allĂ©geance Ă  un État souverain fantasmĂ©. Dans les deux cas, qu'il me soit permis de penser que ladite guerre est mal engagĂ©e.

Clemenceau, si facilement invoquĂ© de nos jours, eĂ»t peut-ĂȘtre bougonnĂ© que la guerre au virus est chose trop sĂ©rieuse pour ĂȘtre pilotĂ©e par de supposĂ©s « savants », apparaissant et disparaissant, Ɠuvrant ou tranchant hors tout contrĂŽle dĂ©mocratique, mais pas forcĂ©ment hors des enjeux de carriĂšre et d'intĂ©rĂȘt. Bref ce qu'on a vu Ă©merger depuis des dĂ©cennies en matiĂšre de gestion des monnaies dites « souveraines ». Si au moins, a-t-on envie de persifler, cela s'avĂ©rait efficace !

Pourquoi faut-il indĂ©finiment rĂ©itĂ©rer nos erreurs stratĂ©giques ? Citons ici un autre philosophe, Jean-Loup Bonnamy : « le confinement n’est pas trĂšs efficace pour sauver des vies et dĂ©sengorger le hĂŽpitaux. C’est un remĂšde passĂ©iste et archaĂŻque, une sorte de ligne Maginot. Au dĂ©but du 19Ăšme siĂšcle, le grand Ă©crivain Pouchkine dĂ©crivait dĂ©jĂ  le confinement imposĂ© par les autoritĂ©s russes pour lutter (sans succĂšs) contre l’épidĂ©mie de cholĂ©ra. Je suis assez surpris qu’en 2020, Ă  l’époque d’Internet, dans un pays moderne qui se trouve ĂȘtre la sixiĂšme puissance mondiale, on utilise un remĂšde qui fait davantage penser au dĂ©but du 19Ăšme siĂšcle qu’à l’ùre du big data  ».

Pour moi, l'erreur est moins celle de Maginot avec sa « ligne » que celle de NapolĂ©on avec son  « blocus » : on peut ĂȘtre en guerre.. et se tromper de terrain, surtout si le combat se livre sur un terrain de nature diffĂ©rente.

Qui va la perdre, cette guerre ?

La philosophe ne prĂ©dit pas l'avenir avec certitude : « peut-ĂȘtre le virus souverain finira-t-il par dĂ©stabiliser la souverainetĂ© de l'État ». J'avais Ă©mis cette hypothĂšse, mais seulement Ă  titre d'hypothĂšse, dans un podcast publiĂ© par la Tribune en mai dernier et que l'on peut (rĂ©Ă©couter ici).

La souverainetĂ© europĂ©enne ne devrait, elle non plus, pas sortir magnifiĂ©e de l'Ă©preuve. Le cadre qui nous a Ă©tĂ© donnĂ© depuis des dĂ©cennies comme espace politique et rempart stratĂ©gique s'est rĂ©vĂ©lĂ© inconsistant, inopĂ©rant, inexistant : « une assemblĂ©e de copropriĂ©taires tumultueuse, un amas de nations qui se disputent l'espace Ă  coups de compromis chancelants pour dĂ©fendre leurs propres intĂ©rĂȘts. Aucun sens du commun, aucune pensĂ©e de la communautĂ© » dit Donatella Di Cesare. Et c'est sur ce mot creux (et sur un pacte militaire avec les USA et la Turquie) que repose, en derniĂšre analyse, la soliditĂ© de notre monnaie lĂ©gale... Notons en passant que, du point de vue des cryptomonnaies, cette cacophonie est une apprĂ©ciable aubaine !

Bien sĂ»r l'hypothĂšse inverse, celle d'une extension Ă  l'infini des « pleins pouvoirs » que s'arrogent les wartime presidents est Ă©galement possible. Selon l'auteur, cela tient Ă  ce que le pouvoir « ne sait plus parler Ă  une communautĂ© dĂ©sagrĂ©gĂ©e qu'en faisant appel Ă  la peur ». La rapiditĂ© un peu gĂȘnante avec laquelle, par exemple, un ministre français se saisit d'un attentat terrorisant pour demander une mesure de rĂ©gulation des cryptomonnaies (mesure dĂ©jĂ  prĂ©vue et que l'Ă©vĂ©nement permet juste de faire passer) est assez emblĂ©matique de la convergence de la gouvernance par la peur et de la gouvernance par la dette. Mais ça, ce n'est pas absolument nouveau...

Ce que le virus nous apprend du cyberespace comme terrain de guerre

Donatella Di Cesare ne s'en rĂ©jouit pas, mais elle perçoit un changement dans « le McMonde, l'espace Ă©norme du rĂ©seau, oĂč chacun a dĂ©sormais acquis une citoyennetĂ© supplĂ©mentaire », mĂȘme si pour elle (et je pense qu'elle se trompe pour partie) « ce n'est pas sur le scĂ©nario rĂ©ticulaire que se fonde le nous de la communautĂ© politique ». Seulement, si ce n'est pas lĂ , la lecture de son ouvrage ne laisse pas entrevoir de refuge ni de scĂ©nario alternatif.

Bien sûr, il y a toujours eu, moins avouable que le goût de la liberté ou que l'enthousiasme mathématico-technologique, un fond de noir pessimisme dans l'idéologie qui sert d'humus à Bitcoin. Et il faut bien dire que la lecture de ce petit ouvrage n'est pas de nature à dissiper nos humeurs sombres. Quand on a parcouru son chapitre sur ce qu'elle appelle le « lockdown des victimes », avec ses morgues et ses corps traités comme de purs déchets, il est bien difficile d'avaler la soupe servie à tous les repas par nos derniers hommes politiques, le potage de « valeurs républicaines ». Et ce ne sont pas les dessins tristes et sales du néoCharlie, instaurés en icÎnes de la Déesse Raison, qui nous rendront le sourire ou le courage.

Que le scénario soit seulement et techniquement « réticulaire », qu'il soit empreint d'une dose de survivalisme ou d'une pointe de millénarisme il s'y passe bien des choses. Que ce qui advient ne soit pas une « communauté politique » au sens moderne du terme est possible, mais quoi ? L'émergence de Bitcoin est selon moi la preuve que ce qui y germe n'est pas dépourvu de « souveraineté », puisque jusqu'à preuve du contraire, nulle puissance de ce monde n'a pu stopper Bitcoin, quoi que l'envie n'ait pas dû manquer.

Ce que le virus nous a appris, c'est d'abord que le cyberespace est un terrain particuliÚrement propre à la résilience, j'entends la résistance à ce type de choc. Et pas seulement parce que le virus (à la différence, par exemple, d'un bombardement) affecte peu les infrastructures matérielles du Cloud ou des entrepÎts robotisés. Mais parce que le cyberespace est mondial, ce qui s'y déroule n'est pas, ou est peu, suspendu aux inévitables contradictions locales, aux débats byzantins sur ce qui est essentiel ou pas (l'huile oui, les huiles essentielles non), interdit à Strasbourg ou permis à Kehl, aux atermoiements ou aux arbitrages du cher dirigeant bien-aimé. Bien sur il y a des problÚmes « à la sortie », au point de contact avec the real life. Mais la nature du cyberespace permet à ses champions de développer deux avantages en apparence contradictoires : la puissance du mastodonte et le caractÚre furtif de l'oiseau, caractéristiques auxquelles Andreas Antonopoulos ajoute, dans le cas de Bitcoin, la résistance immunitaire d'une horde de rats d'égout !

Amazon livre tout, peut-ĂȘtre ce qui est interdit, en tout cas mĂȘme ce qui n'est pas jugĂ© essentiel. Il le fait comme l'Ă©picier roulant de jadis, mais il le fait dĂšs le lendemain, parce qu'Ă  l'heure oĂč la FNAC n'a plus de livres en rayon, Amazon a mĂȘme une grammaire grecque ancienne en stock, et qu'il est aussi le seul Ă  avoir en stock la gamme de tous les cordons de connexion possibles. Personne ne songe vraiment Ă  l'empĂȘcher de livrer, avec sa flotte ou avec celle de ses innombrables et furtifs auto-entrepreneurs. Too big...

En regard, les États (qui semblent parfois mieux anticiper les achats de lacrymogĂšnes que ceux de masques ou de tests) ne sont pas puissants (ce dont attestent la litanie de ce qu'ils n'ont pas en stock disponibles avant de longues semaines mais aussi la petitesse et l'obsolescence de leurs infrastructures ) mais ils ne sont pas non plus furtifs. On l'a bien vu avec le navrant Ă©pisode StopCovid, oĂč l'on a attendu des semaines au pied de la montagne sainte l'inĂ©vitable souris, inutile, mal conçue, non compatible avec les applications de nos voisins, et finalement pas mĂȘme indĂ©pendante des GAFAM.

Aujourd'hui, une chose me frappe : tout le bien qui est dit de #TousAntiCovid est dit par des autoritĂ©s centrales, tout le mal qui en est dit, toutes les critiques sont sur les rĂ©seaux. C'est dire : fondamentalement l'État ne comprend pas la « viralitĂ© ». Dans le vocabulaire officiel « viral » reste un mot grossier, la rĂ©putation ne peut ne fonder que sur des cocardes tricolores (sur Twitter, elles ont quelque chose d'incongru) et ce que l'État ne perçoit pas, ne comprend pas, ne sait pas, est accusĂ© de « passer sous les radars », mĂ©taphore guerriĂšre et tout de mĂȘme un peu datĂ©e !

Et le souverain Bitcoin ?

Pourquoi monte-t-elle cette monnaie qui « passe sous les radars », ne suscite de communication bleu-blanc-rouge que pour dire « méfiez vous, n'en achetez pas » et n'est évoquée par les économistes stipendiés que comme « une folie complÚte » ?

Je ne répondrai pas ici à la question. Le virus en est-il responsable ? Je n'en sais rien et je n'y crois guÚre.

Mais d'une certaine façon si la presse mainstream qui avait si bien enterrĂ© Bitcoin n'hĂ©site pas Ă  attribuer sa remontada au virus, n'est-ce pas implicitement qu'aux yeux des noobs sidĂ©rĂ©s, seul le souverain virus peut ainsi donner valeur Ă  l'incomprĂ©hensible monnaie qui monte insolemment face aux monnaies de ces États qu'il tient en Ă©chec ? Bref cela nous en apprend plus sur eux que sur Bitcoin...

Post scriptum qui n'a rien Ă  voir (comme disait Delfeil de Ton, qui fut des fondateurs du vrai Charlie, et pour marquer un anniversaire qui n'est pas sans rapport)

Bitcoin, souverain, pourrait bien s'exprimer comme notre dernier grand monarque, du moins dans les mots que lui prĂȘtait un humoriste du temps ...

104 - SĂ©paration

December 16th 2020 at 20:05

(les illustrations proviennent toutes de l'album Nope en Stock)

Est-ce un effet du hasard si l’incroyable sĂ©quence laĂŻciste que nous vivons depuis des semaines, avec sa rĂ©affirmation emphatique de « principes rĂ©publicains » taillĂ©s sur mesure, coĂŻncide avec les dĂ©clamations ministĂ©rielles visant Ă  dĂ©fendre la monnaie de l’État en rĂ©glementant Ă  outrance tout ce qui de prĂšs ou de loin en menacerait son monopole absolu ? Je ne le crois pas.

Une rĂ©action superficielle aux derniers exploits rĂ©gulatoires de nos ministres consiste Ă  incriminer leurs hymnes hypocrites Ă  la Blockchain-Nation, dont la France serait un parangon, pour les mettre en rapport avec la cerfa-ration quotidienne de rĂšgles absurdes qu’ils nous imposent (1), mais aussi avec une prĂ©tentieuse inculture technologique, plaisamment rĂ©sumĂ©e par le nouveau hashtag #3615crypto.

Je propose ici de prendre un satanĂ© recul, jusqu’en novembre 1789, pour examiner les choses dans une perspective longue, et voir ce que la rhĂ©torique laĂŻque et la rĂ©gulation monĂ©taire nous disent toutes deux de « nos valeurs » comme disent ceux qui parlent pour les autres, mais aussi pour voir ce que la logique de « sĂ©paration » pourrait signifier.

Les séparations françaises

Il arrive Ă  l’occasion que certains de mes amis cryptos Ă©voquent la nĂ©cessitĂ© d'une « sĂ©paration de la Monnaie et de l’État », expression doublement dĂ©tournĂ©e de celle de 1905, parce qu'il ne s'agit plus de tracer une frontiĂšre avec les choses spirituelles mais aussi parce que le problĂšme, dĂ©sormais, serait... du cĂŽtĂ© de l'État. L'hypothĂšse que je vais prĂ©senter est que le problĂšme a toujours Ă©tĂ©, d'une certaine façon, du cĂŽtĂ© de notre État français, spĂ©cifiquement.

L’ordonnance prĂ©sentĂ©e le 9 dĂ©cembre par MM. Le Maire, Dussopt et Lecornu visant au « renforcement du dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme applicable aux actifs numĂ©riques » se distingue Ă  plusieurs Ă©gards des dizaines d’oukases antĂ©rieurs :

  • par la mauvaise foi, car il ne s’agit que de faire un peu de spectacle tout en se mettant en conformitĂ© avec des recommandations antĂ©rieures du GAFI, avant le prochain round d’évaluation de la France ;
  • par la sottise, puisqu’on ne trouve rien d’autre Ă  invoquer pour justifier cela qu’une bien mince affaire rĂ©cente de « financement terroriste » et prĂ©cisĂ©ment celle oĂč la traçabilitĂ© des opĂ©rations en Bitcoin a justement permis de dĂ©manteler la filiĂšre, comme le montre une belle enquĂȘte de 21 millions qui ramĂšne cette affaire mineure Ă  ses justes proportions ;
  • par la maladresse consistant Ă  exiger une authentification par virement SEPA qui enferme les plateformes françaises dans un mĂ©canisme rĂ©gional que les fonctionnaires europĂ©istes pensent universel, au moment oĂč la Suisse s'affirme comme la vraie nation crypto d'Europe, Ă  bien des Ă©gards et mĂȘme par l'attitude de ses banques.

On trouvera ici les liens vers les analyses de Bitcoin.fr, des responsables de Blockchain Partners ou de l’ADAN. MĂȘme un dĂ©putĂ© de la majoritĂ© a Ă©mis une pertinente critique de cette initiative incongrue qui, Ă  force de vouloir tout rĂ©gir, fait sans doute sortir la "Blockchain Nation" du jeu.

Est-il juste de mettre cela en parallĂšle avec l’offensive bruyamment menĂ©e pour dĂ©fendre notre conception de la laĂŻcitĂ© ?

Cette merveille unique est tellement incomprise Ă  l’étranger que M. Macron en vient Ă  se quereller publiquement avec la presse amĂ©ricaine comme avec le prĂ©sident Ă©gyptien. La sĂ©paration des Ă©glises et de l’État serait, nous dit-on, consubstantielle Ă  la forme rĂ©publicaine de notre pays (la loi ne date pourtant que de 1905) et ferait partie du socle de « nos valeurs ». Tant et si bien que ceux qui refusent cette sĂ©paration deviennent des... « sĂ©paratistes », ce qui implique une certaine gymnastique conceptuelle.

On peut s’interroger sur la gĂ©omĂ©trie du « nous » dont on parle, quand une part non nĂ©gligeable de citoyens français eux-mĂȘmes expriment des rĂ©serves sur lesdites valeurs. Mais surtout cette obsession franco-française rend intenable l’illusion d'une Nation auto-proclamĂ©e porteuse de valeurs universelles et nous enferme dans une singularitĂ© oĂč se complait le narcissisme hexagonal.

Aux racines de nos singularités

Ce serait, pour parler comme M. Macron « comme cela que la France s’est construite ». Je veux bien, mais Ă  condition de commencer par une Ă©vidence oubliĂ©e : l’État, en France, n’a pas eu Ă  livrer un combat de titan pour se libĂ©rer des puissantes serres de l’Église. C’est lui qui s’est introduit avec sa brutalitĂ© et sa dĂ©sinvolture ordinaires dans les affaires de celle-ci.

Le 2 novembre 1789, l’AssemblĂ©e constituante dĂ©crĂ©tait que « tous les biens ecclĂ©siastiques sont Ă  la disposition de la Nation, Ă  la charge de pourvoir, d'une maniĂšre convenable, aux frais du culte, Ă  l'entretien de ses ministres, et au soulagement des pauvres, sous la surveillance et d'aprĂšs les instructions des provinces ». Rappelons que les États-GĂ©nĂ©raux avaient Ă©tĂ© rĂ©unis pour rĂ©tablir les finances de la monarchie. La solution adoptĂ©e (Ă  l’instigation de Talleyrand) a le mĂ©rite de la simplicitĂ© : l’État a environ 4 milliards de dettes, les biens du ClergĂ© doivent bien valoir autant. Et voilĂ .

Seulement cette solution, qu’un Conseil constitutionnel contemporain serait peut-ĂȘtre gĂȘnĂ© de justifier, n’avait rigoureusement aucun autre mĂ©rite que son simplisme, et n’offrait que des dĂ©fauts :

  • elle augmentait la subordination (dĂ©jĂ  rĂ©elle sous les rois) de l’Église française Ă  un pouvoir nouveau, que l’on ne pouvait exonĂ©rer du soupçon de malveillance, accroissant le tiraillement permanent entre l’allĂ©geance au roi et celle qui est due par les catholiques au pape ;
  • elle suscita donc de ce cĂŽtĂ© une condamnation Ă©trangĂšre (on ne parle pas encore de sĂ©paratisme) qui, mettant Ă  mal la conscience de nombreux français, inaugurait un fossĂ© jamais totalement comblĂ© entre nous ;
  • en heurtant la conscience du roi Louis XVI elle portait le germe de l’échec de la tentative d’instaurer une monarchie constitutionnelle, ce qui Ă©tait pourtant le vƓu le plus large et le plus sage Ă  ce moment, nous condamnant Ă  deux siĂšcles d’errances politiques pour en arriver au rĂ©gime actuel, bien moins Ă©quilibrĂ© que ce que l’on souhaitait alors ;
  • enfin elle mit en branle un dĂ©sastre financier collectif. On ne monĂ©tise pas ainsi des murs, des champs ou des forĂȘts reprĂ©sentant peut-ĂȘtre 3 milliards de livres ou 10 fois le budget annuel du royaume. La planche Ă  billet, symboliquement incriminĂ©e dans le naufrage des assignats, fut moins coupable que la duplicitĂ© d’une bourgeoisie qui ne voulait pas payer d’impĂŽt mais ne rechignait pas Ă  se goinfrer de biens volĂ©s puis bradĂ©s.

Cinq ans plus tard la promesse faite au clergĂ© (« pourvoir d’une maniĂšre convenable... ») Ă©tait violĂ©e, les Assignats n’avaient plus de valeur depuis longtemps et la confiance du public dans quoi que ce soit Ă©tait Ă  zĂ©ro. Advint NapolĂ©on, qui rĂ©tablit la paix avec le pape, l’équilibre budgĂ©taire, y compris par l'impĂŽt, et enfin la valeur de la monnaie. Les Français du temps ont plutĂŽt apprĂ©ciĂ© ! Mais NapolĂ©on ne restitua pas pour autant les monuments confisquĂ©s : il suffit de se promener en France pour voir que prĂ©fectures, mairies, musĂ©es, lycĂ©es ou prisons sont souvent des bĂątiments religieux (2). Il se mĂȘla assez lourdement de la vie de l’Église, redessinant les diocĂšses, dĂ©plaçant les siĂšges Ă©piscopaux, rĂ©digeant le nouveau catĂ©chisme, etc. Il s’en alla enfin, mais le roi restaurĂ© ne se montra pas plus discret, ni aucun rĂ©gime aprĂšs lui, y compris les plus rĂ©cents qui se sont mis en tĂȘte l'idĂ©e absurde et largement contreproductive (3) de façonner un « islam de France », voire « des LumiĂšres ».

MĂȘme et surtout devenue « laĂŻque », la RĂ©publique est religieuse ; mais elle l’est trĂšs mal.

Il y a d'abord beaucoup de risible maladresse : entendre M. Hollande prĂŽner que « l’islam est une religion de paix » ou M. Castaner expliquer que « la priĂšre n'a pas forcĂ©ment besoin de lieu de rassemblement » illustre l’étendue des compĂ©tences que nos Ă©lites, pourtant peu instruites de ces choses, s’attribuent en matiĂšre religieuse.

Au-delĂ  de ces maladresses, la RĂ©publique est une DĂ©esse qui a perdu la Raison. RĂ©pĂ©ter en boucle que « la religion est une affaire privĂ©e » indique seulement que l’orateur n’a pas de religion, sinon peut-ĂȘtre une vague spiritualitĂ© new age. AssĂ©ner soir et matin que la loi de la RĂ©publique est supĂ©rieure Ă  la loi de Dieu, voire dans la variante Darmanin « plus forte que la loi des dieux » histoire d’intimider aussi les quelques terroristes polythĂ©istes qui se cacheraient encore parmi nous, ne dĂ©montre rien. Ce n’est qu’un principe hypothĂ©tique, rationnellement indĂ©cidable. Celui qui craint l'enfer se moque des amendes. Et rĂ©pondre aux fanatiques religieux par un fanatisme politique, idolĂątrer la RĂ©publique, de quoi est-ce le signe ? Comme pour tout fanatisme, c’est le signe d’un manque, d’un creux.

Car enfin, ces fameuses valeurs, quelles sont-elles ?

Il n’en existe pas de liste officielle, et on peinerait Ă  en faire un bouquet trĂšs garni. En gros, il y en a trois qui surnagent des mĂ©diocres discours actuels, mais ce ne sont pas celles qu'un homme de 1789 aurait attendues.

D'abord « l’égalitĂ© de l’homme et de la femme » alors que notre Constitution mentionne « l'Ă©gal accĂšs des femmes et des hommes aux mandats Ă©lectoraux et fonctions Ă©lectives, ainsi qu'aux responsabilitĂ©s professionnelles et sociales ». Que ce soit un bon angle d’attaque contre les islamistes, on en conviendra. Que cela rĂ©sume l’ñme de notre peuple et l’histoire du seul royaume dont les femmes ne pouvaient hĂ©riter et oĂč elles furent parmi les derniĂšres Ă  voter est une autre affaire.

Vient ensuite une laĂŻcitĂ© qui met dĂ©sormais Ă  l'honneur de dĂ©chirer le sage compromis de 1905 et d'oublier aussi tout ce qui devrait lui permettre de s'Ă©panouir autrement que dans la hargne (4). Les imprĂ©cations de petits-instruits comme Mme Schiappa ou M Valls peuvent-elles sĂ©rieusement rĂ©unir une large partie de l’opinion française pour « consolider » les « valeurs » de la « citoyenneté » ? PrĂ©tendre qu’une posture qui est aussi loin de faire l’unanimitĂ© (mĂȘme dans un seul camp politique) serait celle de toute une Nation est une imposture.

Et enfin il y a la tolĂ©rance, rebaptisĂ©e « Charlie ». Un mot qui dit tout. Charlie a Ă©videmment le droit de blasphĂ©mer mais nous aurions, en tant que citoyens, une sorte de devoir de regarder ses petites saletĂ©s. Ses caricatures sont projetĂ©es sur les façades, reproduites dans les manuels, brandies comme des icĂŽnes dont la seule vue devrait entraĂźner l’adhĂ©sion Ă  la philosophie voltairienne, diffuser la raison chez les adultes les moins instruits et provoquer dans les Ă©coles de fructueux dĂ©bats Ă  une voix. « Il faut surtout continuer, montrer cela et expliquer que c’est l’ñme de la France que d’autoriser le blasphĂšme » dixit Roselyne Bachelot. Ceux qui ont des doutes sur la mĂ©thode, qu’ils soient archevĂȘques ou professeurs de facultĂ©, se voient intimer le silence au nom de nos valeurs, voire traiter de collabos dans le cadre de l’état de guerre permanent. Le niveau de nos enfants en calcul (ou « en mathĂ©matiques » encore un grand mot) s'effondre, les Bac+5 font une faute d'orthographe par ligne, mais on doit passer des heures sur ces sottises.

En regard de ce bullshit politique, je n’ai pas entendu depuis des annĂ©es un seul gouvernant, parlant de « nos » sacrĂ©es valeurs, oser les trois grands mots qui ornent pourtant nos frontons. Chacun verrait trop bien, soudain, que notre libertĂ© est chaque jour rognĂ©e (5), que l’inĂ©galitĂ© ronge la sociĂ©tĂ© et que la fraternitĂ© n’est plus qu’un mot vide de sens, tant et si bien qu’on doit dĂ©sormais lĂ©gifĂ©rer « contre la haine ».

Aussi creux que le mot « valeurs », le mot « confiance » est invoqué pour à peu prÚs tout ce dont un homme avisé se méfierait.

Les mĂ©dias tournent autour du mot, Ă©voquant – notamment depuis les gilets jaunes - une « certaine forme de mĂ©fiance de certains citoyens vis Ă  vis de nos institutions ». Le pouvoir tourne autour du mot, parlant de « consolider le lien de confiance » entre « notre » police et les français. Les banques tournent autour du mot, invoquant notre confiance dans notre monnaie et dans nos banques, de façon presqu’hypnotique. L’affaire des vaccins, en ce qu’elle va permettre de mesurer rĂ©ellement la confiance des français dans tous ces prĂ©dicateurs, les fait dĂ©jĂ  frĂ©mir.

La proposition de valeur de Bitcoin et des cryptomonnaies appuie donc exactement lĂ  oĂč ça fait mal aujourd’hui dans le systĂšme rĂ©galien.

Bitcoin repose sur la confiance, mais sur une forme de confiance qui ressemble bien plus Ă  celle que l’on a dans un bon instrument qu’à celle qu’invoque le serpent Kaa. Bitcoin a une valeur qui tient Ă  sa raretĂ© et au caractĂšre onĂ©reux de son minage, non Ă  une supposĂ©e convention politique. Bitcoin est libre, son adoption se fait sans coercition, alors que plus rien de ce que propose le gouvernement ne tiendrait une journĂ©e sans coercition.

Bitcoin n’effraie pas encore les gouvernants. Il est mĂȘme assez commode pour eux, pour donner des coups de menton aprĂšs un attentat. En petit comitĂ©, les banquiers centraux avouent ne pas avoir la moindre peur de Bitcoin, et ne redouter sĂ©rieusement que Libra. Ils n’ont pas encore peur du JPM Coin, probablement du fait de douteuses connivences, ou parce qu’ils n’ont pas saisi la menace. Mais aprĂšs tout, la monnaie de Facebook comme celle de JP Morgan restent des formes privĂ©es du dollar, la seule vraie « fiat » du monde. La question qui se pose est justement celle du « fiat », un mot biblique faut-il le rappeler. Et elle commence Ă  se poser, mĂȘme chez Morgan Stanley.

C’est en rĂ©alitĂ© le vide et l’absence de base de leur systĂšme qui fait obligation aux dirigeants de mener leurs guerres.

Cela se voit trop cruellement au creux des arguments dont ils usent dans leurs combats.

Quand M. Darmanin nous affirme que « jamais en aucun moment Allah n’est supĂ©rieur Ă  la RĂ©publique (
) la RĂ©publique transcende tout » on a envie de demander si cette surĂ©minence est le propre de la RĂ©publique française, et par quel miracle si j’ose dire cette crĂ©ature somme toute rĂ©cente a pu se hisser Ă  un tel degrĂ© de majestĂ©.

Monsieur Darmanin, dont on nous dit par ailleurs qu’il est catholique, refuse donc l’idĂ©e que Dieu soit plus grand, ce que signifie exactement « ٱللَّٰهُ ŰŁÙŽÙƒÙ’ŰšÙŽŰ±Ù » mais qu’a-t-il alors en tĂȘte quand il rĂ©cite dans le Gloria : « Toi seul est Seigneur » ? Les croyants (tous) peuvent, et il me semble doivent aimer la France et prier pour elle (on le faisait dĂ©jĂ  du temps des rois) et mĂȘme pour la RĂ©publique (comme le font notamment les juifs Ă  chaque Shabbat, avec une priĂšre particuliĂšrement belle et Ă©mouvante) mais pas un seul, il faut le comprendre, ne mettra jamais l’objet pour lequel il prie au-dessus de Celui Ă  qui il adresse sa priĂšre, et qui n'est pas un compagnon tranquille du foyer, un petit dieu Lare de romain antique. On a le droit d’ĂȘtre croyant ou athĂ©e, on n’a pas le droit d’ĂȘtre idiot. En cas de conflit, s’imposerait Ă  l'esprit du croyant la rĂ©ponse de JĂ©sus Ă  Pilate : « tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait Ă©tĂ© donnĂ© d'en haut ».

Revenons Ă  Bitcoin : quand on entend dire qu'il ne sera jamais une monnaie car personne n’en garantit la valeur, c’est je crois le mĂȘme type de sottise qui est profĂ©rĂ©, par des gens qui hiĂ©rarchisent beaucoup mais qui analysent peu .

J’ai entendu un banquier expliquer gravement que « si vous perdez un bitcoin, personne ne pourra vous le rendre » : dans la salle nous Ă©tions quelques-uns tentĂ©s de lui demander ce qu’il ferait pour ceux qui avaient perdu un billet de banque dans le mĂ©tro. Fondamentalement, ce sont les piĂšces d’or qui font le banquier riche et lui permettent de garantir ce qu’il entend garantir. Ce n’est que parce que l’on fabrique aujourd’hui de la monnaie avec du vent que l’on a besoin d’une garantie, de nature un peu mystique au demeurant. Aux yeux du bitcoineur, ce n'est pas Bitcoin qui monte, ce sont les monnaies de papier qui s'effondrent. L'Ă©change avec les hommes du « fiat » peut rester courtois, mais il a peu de chance d'ĂȘtre trĂšs fructueux.

J'ai donc la conviction qu'on ne peut rien fonder de crĂ©dible, d’aimable, de durable sur des sottises et qu'il serait temps que les gens de pouvoir en France le comprennent.

Le terrorisme frappe hĂ©las de nombreux pays sans que l’on y parte en guerre idĂ©ologique, en se demandant si Dieu (pour l’appeler par son nom en notre langue) est au-dessus ou au-dessous de la RĂ©publique. Les difficultĂ©s financiĂšres n’épargnent pas non plus de nombreux pays qui s'assignent d'autres prioritĂ©s que de chasser les bitcoineurs comme Louis XIV chassa bien sottement des protestants.

L'un des principaux acquis de la loi de 1905 , mais aussi de celle de 1901 par-delĂ  leurs diffĂ©rences (6) a Ă©tĂ© de voir la RĂ©publique donner des cadres juridiques assez pratiques Ă  l'usage et, du moins Ă  l'origine, assez libĂ©raux. Pourquoi n'instaurerait-elle pas une telle libertĂ© d’association dĂ©centralisĂ©e, Ă©ventuellement assortie du droit d’émission dĂ©centralisĂ©e de jetons de valeurs par ces associations, les formalitĂ©s n'Ă©tant nĂ©cessaires que pour une Ă©ventuelle admission Ă  la cote officielle dans son ressort territorial ?

Ce que demandent la plupart des cryptos - ceux qui ne sont ni juristes en mal de fonds de commerce ni start-upers en levĂ©e de fonds- c’est qu’on les laisse en paix, exempts de soupçons, mais soumis au chĂątiment des crimes dans le cadre du droit applicable Ă  tous. Ils n'ont pas la moindre illusion de voir l'État amĂ©liorer quoi que ce soit par son action. Ils se rĂ©jouiraient de le voir borner son rĂŽle Ă  reconnaĂźtre le simple fait que Bitcoin existe en tant que tel, sans encombrer quiconque de son avis sur la chose et de son illusoire garantie : une sĂ©paration.

NOTES

(1) En France, durant le couvre-feu, il faut signer un bout de papier attestant que l'on promÚne son chien : la simple présence du chien ne suffit pas.
(2) Je ne résiste pas au plaisir de rappeler que le Centre des Finances Publiques place Saint-Sulpice à Paris est installé dans les murs de l'ancien séminaire, et que le projet de restitution fut abandonné en 1924.
(3) Bel article dans le Figaro sur cette illusion inutile.
(4) Intéressante mise au point sur la laïcité par l'universitaire Charles Coutel, dans une tribune chez Marianne.
(5) À tel point, comme le dit MaĂźtre Yann Padova, ex SG de la CNIL dans une tribune publiĂ©e par Les Échos, que « Telle une peau de chagrin, ce qui hier constituait la norme politique et notre identitĂ© culturelle subissent une attrition progressive et insensible gouvernĂ©e par la peur ». (6) sur les deux statuts fixĂ©s par ces deux lois, voir l'intĂ©ressant article paru dans LibĂ©ration.

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