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Venom Foundation et Iceberg Capital lancent un fonds d’un milliard de dollars

By: La Rédaction Cointribune
VVF

Le fonds investira dans des entreprises innovantes du Web3 qui résolvent des problèmes concrets à l'aide de la technologie blockchain.

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Bitget lance le service Fund Custody avec un portefeuille dédié pour renforcer la sécurité

By: La Rédaction Cointribune
Bitget Fund Custody

Les utilisateurs dont le total des actifs dépasse 100 000 USDT peuvent maintenant demander un portefeuille de garde séparé.

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Pourquoi rendre l’agrément PSAN obligatoire désavantage-t-il les sociétés crypto ?

By: Luc Jose Adjinacou
PSAN_AMF_Crypto

Après l’effondrement de FTX, les autorités et les régulateurs dans le monde ont décidé de renforcer la protection des investisseurs. Dans ce contexte, un amendement a été déposé au Sénat le 12 décembre 2022. Le document stipulait que les acteurs cryptos voulant exercer en France devraient obligatoirement être agréés par l’AMF. L’amendement a souligné que ce sera valable à partir du 1er octobre 2023. Il se trouve qu’actuellement au moins 59 acteurs se sont enregistrés auprès du régulateur français. Mais, aucun d’eux n’a encore obtenu un agrément. De nombreux acteurs de la nouvelle industrie soutiennent que rendre obligatoire l’obtention de l’agrément constituerait un frein pour l’essor du secteur.

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☐ ☆ ✇ Comprendre la cryptomonnaie

Bitcoin : un livre blanc, des livres blancs

By: Ludovic Lars

Le livre blanc (ou white paper en anglais) est le document fondateur de Bitcoin publié le 31 octobre 2008 par Satoshi Nakamoto. Il s'agit d'un court document de 9 pages, présenté comme un article scientifique, qui décrit le fonctionnement technique du système. Le titre en fait « un système d'argent liquide électronique pair-à-pair », c'est-à-dire une monnaie numérique pouvant être échangée sans nécessiter de tiers de confiance sur Internet.

La version généralement partagée du livre blanc est celle qui est disponible actuellement à l'adresse bitcoin.org/bitcoin.pdf, conformément au lien donné par Satoshi dans son premier courriel public sur la liste de diffusion de Metzdowd.com dédiée à la cryptographie. Celle-ci est citée partout sur la toile, dans les livres blancs des autres cryptomonnaies et jusque dans les articles universitaires. Sauf ce que ce n'est pas la bonne version.

Le 31 octobre dernier, à l'occasion du 14ème anniversaire du livre blanc, je me suis en effet rendu compte que cette version n'était pas celle distribuée par Satoshi Nakamoto en 2008. En réalité, il existe au moins deux versions ayant été distribuées antérieurement : l'une précédant la publication publique, et donnée à Wei Dai ; l'autre, correspondant a priori à la version partagée sur la liste de diffusion.

Livres blancs de Bitcoin

 

Une première version

La première version du papier a été donnée par Satoshi à l'ancien cypherpunk Wei Dai, créateur de b-money, un concept de monnaie numérique distribuée datant de 1998.

En août 2008, alors que son projet était en voie d'être concrétisé, Satoshi a contacté Adam Back, le cryptographe britannique à l'origine de Hashcash, la technologie utilisée pour calculer la preuve de travail. Adam Back l'a renvoyé vers Wei Dai, que Satoshi a contacté le 22 août en lui écrivant qu'il se préparait « à publier un document » qui étendrait ses idées « à un système complètement fonctionnel » et qu'il aurait besoin de « l'année de publication de [sa] page sur b-money » afin de citer le concept dans son papier.

Les courriels échangés ont été partagés par Gwern Branwen en mars 2014, qui les avait reçus de Wei Dai lui-même.

Le premier courriel de Satoshi à Wei Dai contenait un lien vers le livre blanc, ainsi que son titre et son résumé (abstract). Le titre du document était alors « Electronic Cash Without a Trusted Third Party » (« Un argent liquide électronique sans tiers de confiance ») et ne faisait pas mention du nom de Bitcoin. D'après le lien transmis, le nom du document était ecash.pdf et non pas bitcoin.pdf comme c'est le cas aujourd'hui. On suppose que Satoshi hésitait encore sur le nom de son invention, car il avait alors réservé (au moins) deux noms de domaine : netcoin.org le 17 août et bitcoin.org le 18 août.

Nous ne disposons néanmoins pas du document intégral, et n'en avons que le résumé, que je reproduis ici dans sa version originale (les passages en gras marquent les différences avec la version finale) :

« Abstract: A purely peer-to-peer version of electronic cash would allow online payments to be sent directly from one party to another without the burdens of going through a financial institution. Digital signatures offer part of the solution, but the main benefits are lost if a trusted party is still required to prevent double-spending. We propose a solution to the double-spending problem using a peer-to-peer network. The network timestamps transactions by hashing them into an ongoing chain of hash-based proof-of-work, forming a record that cannot be changed without redoing the proof-of-work. The longest chain not only serves as proof of the sequence of events witnessed, but proof that it came from the largest pool of CPU power. As long as honest nodes control the most CPU power on the network, they can generate the longest chain and outpace any attackers. The network itself requires minimal structure. Messages are broadcasted on a best effort basis, and nodes can leave and rejoin the network at will, accepting the longest proof-of-work chain as proof of what happened while they were gone. »

Ce qui peut être traduit par :

« Résumé : Une version purement pair-à-pair d'argent liquide électronique permettrait aux paiements en ligne d'être envoyés directement d'une partie à l'autre sans avoir à passer par une institution financière. Les signatures numériques offrent une partie de la solution, mais perdent leurs principaux avantages si une partie de confiance est nécessaire pour empêcher la double dépense. Nous proposons une solution au problème de la double dépense en utilisant un réseau pair-à-pair. Le réseau horodate les transactions en les hachant dans une chaîne continue de preuves de travail basées sur le hachage, formant un enregistrement qui ne peut être modifié sans reproduire la preuve de travail équivalente. La chaîne la plus longue sert non seulement de preuve du déroulement d'événements constatés, mais aussi de preuve qu'elle provient du plus grand regroupement de puissance de calcul (CPU). Tant que les nœuds honnêtes contrôlent la plus grande puissance de calcul du réseau, ils peuvent générer la chaîne la plus longue et devancer tous les attaquants. Le réseau lui-même ne nécessite qu'une structure minimale. Les messages sont transmis au mieux, et les nœuds peuvent quitter et rejoindre le réseau à volonté, en acceptant la plus longue chaîne de preuves de travail comme preuve de ce qui s'est passé pendant leur absence. »

On note que certains mots et certaines tournures de phrase divergent mais que le sens global est préservé.

 

Une deuxième version

La deuxième version du papier est la version partagée par Satoshi Nakamoto le 31 octobre 2008, comme le prouve le résumé reproduit dans son premier courriel public adressé à la liste de diffusion.

Cette version a été repartagée en janvier 2015 sur la liste de diffusion de Metzdowd.com, suite à une requête d'un dénommé James Evans qui écrivait :

« Quelqu'un dispose-t-il de la version originale de 2008 du livre blanc qui a été publiée sur cette liste de diffusion le 31 octobre 2008 / le 1er novembre 2009 ? La version actuelle du livre blanc téléversée sur Sourceforge date du 24-03-2009. Il s'agit de la deuxième version du livre blanc. La première version a été publiée le 31-10-2008. Elle a été téléversée sur www.bitcoin.org/bitcoin.pdf, où se trouve également la version actuelle. Est-ce que quelqu'un ici l'a téléchargée et enregistrée ? »

Un individu se faisant appeler StealthMonger a répondu le lendemain en disant :

« On dirait que je l'ai. Le texte ne contient pas de numéro de version ou de date, mais la date locale du fichier que j'ai est le 2 novembre 2008. »

Désirant rester anonyme, ce dernier a refusé de partager ce document directement, et l'a transmis à un certain David Johnson, qui l'a partagé publiquement sur son site web. L'empreinte donnée dans l'échange et sur le site (427c63b364c6db914cf23072a09ffd53ee078397b7c6ab2d604e12865a982faa) correspond au document hébergé par Gwern Branwen.

Aperçu du livre blanc de Bitcoin octobre 2008
Version du livre blanc de Bitcoin créée le 3 octobre 2008 et distribuée le 31

Ce document a été créé le 3 octobre 2008 à 13:49:58 UTC-7, si l'on en croit les métadonnées du PDF (que l'on peut retrouver avec la commande pdftk bitcoin-20081003.pdf dump_data sur Linux).

Il s'agit d'une version différente de la première version puisque le titre est cette fois-ci « Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System » (« Bitcoin : un système d’argent liquide électronique pair-à-pair ») et que son résumé ne contient plus le mot « offer » (offrent) mais « provide » (fournissent). Mise à part cette modification, le résumé reste le même.

Le reste du document (qui est alors disponible) se distingue de la version finale par les éléments suivants :

  • L'adresse de courrier électronique présente est satoshi@vistomail.com et non pas satoshin@gmx.com.
  • Le paragraphe sur l'ajustement de la difficulté se situe dans la section sur l'incitation des mineurs (Incentive) au lieu de se trouver dans la section sur la preuve de travail (Proof-of-Work).
  • Le terme broadcasted, variante incorrecte de broadcast (que je traduis ici dans les deux cas par « transmis »), est présent dans la section sur le fonctionnement du réseau (Network).
  • Dans la section sur la vérification de paiement simplifiée (Simplified Payment Verification), Satoshi fait mention de la vulnérabilité des nœuds complets à un « renversement » (reversal) et emploie le terme « reported transactions » plutôt que « alerted transactions » pour désigner les transactions signalées comme des doubles dépenses.
  • Le document ne mentionne pas les frais de transactions, ni la potentielle substitution de la création monétaire, éléments qui se trouvent normalement dans la section sur l'incitation (Incentive). Le code donné par Satoshi Nakamoto le 16 novembre à Hal Finney, Ray Dillinger et James A. Donald, contient cependant ces caractéristiques fondatrices de Bitcoin, même si les paramètres de la politique monétaire étaient différents. En effet, dans le code de 2008, la réduction de moitié de la subvention intervenait théoriquement tous les 2 ans et 312 jours et la limite d'émission maximale était de 2 millions de bitcoins (COIN), chacun étant divisible en un million d'unités de base.

 

Une troisième et dernière version

La version finale du livre blanc est apparue plus tard. Selon les métadonnées du PDF, elle a été créée le 24 mars 2009 à 11:33:15 UTC-6. On peut supposer que Satoshi l'a mise en ligne dans les jours qui ont suivi.

Aperçu du livre blanc de Bitcoin mars 2009
Version du livre blanc de Bitcoin créée le 24 mars 2009

L'empreinte du document par SHA-256 est b1674191a88ec5cdd733e4240a81803105dc412d6c6708d53ab94fc248f4f553. Une traduction est disponible ici.

Cette version a été lue et commentée par la grande majorité des personnes qui se sont intéressées à l'origine de Bitcoin, de sorte qu'elle constitue aujourd'hui la version de référence, largement citée dans la communauté. Elle contient notamment le passage relatif à la politique monétaire qui indique qu'« une fois qu’un nombre prédéterminé de pièces a été mis en circulation, l’incitation peut être entièrement financée par les frais de transaction et ne plus requérir aucune inflation ». À l'époque, cet aspect était déjà mis en avant par Satoshi par sa description de l'émission des nouveaux bitcoins dans le courriel de lancement du 8 janvier 2009 et par ses interventions sur la liste de diffusion et sur le forum de la Fondation P2P, et on imagine qu'il voulait que cette possibilité de monnaie à quantité fixe figure dans le livre blanc.

Toutefois, bien que ce document constitue la version finale du livre blanc, elle ne décrit pas toutes les caractéristiques de Bitcoin. Il manque d'abord l'aspect programmable des transactions (mis en œuvre au travers des « scripts » dans les entrées et les sorties), une fonctionnalité déjà présente dans le code de novembre 2008, au sujet de laquelle Satoshi a déclaré :

« La nature de Bitcoin est telle que, dès la version 0.1 publiée, sa conception de base était gravée dans le marbre pour le reste de son existence. C'est pourquoi je voulais le concevoir de manière à ce qu'il prenne en charge tous les types de transactions auxquels je pouvais penser. Le problème était que chaque élément nécessitait un code et des champs de données particuliers, que cet élément soit utilisé ou non, et ne couvrait qu'un seul cas particulier à la fois. Ç'aurait été une explosion de cas particuliers. La solution était script, qui généralisait le problème de sorte que les parties transactantes pouvaient décrire leurs transactions comme des prédicats que le réseau de nœuds évaluait. Les nœuds n'ont besoin de comprendre la transaction que dans la mesure où ils évaluent si les conditions de l'émetteur sont remplies. »

Il manque aussi des éléments économiques relatifs à Bitcoin comme la résistance à la censure, la détermination du protocole ou le modèle de sécurité. Bitcoin constitue donc un concept qui dépasse sa description dans le livre blanc, même si l'essentiel s'y trouve.

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132 - La soupe (bis repetita)

By: Jacques Favier

Immense émotion au MOMA de New York où des activistes crypto ont aspergé la célèbre toile d'Andy Campbell's Soup Cans (1962) avec une importante quantité de soupe à la citrouille. Les éditorialistes de BFMCrypto semblent les premiers à avoir tenté une réponse à la question qui a immédiatement agité les autres plateaux télé : le choix de cette cucurbitacée doit-il, en ce jour de fête d'Halloween, être considéré comme intentionnel ou accidentel ?

La dimension identitaire de cette soupe orange une fois éclaircie et la date du 31 octobre savamment replacée dans l'histoire du mouvement crypto, sans doute convient-il d'écouter les activistes eux-mêmes ?

Nous respectons la mémoire d'Andy Wahrol  ont d'abord tenu à déclarer les deux forcenés :  il a en effet inventé le caractère essentiel de notre époque, avec son quart d'heure de célébrité pour tous les couillons .

Alors ? Pourquoi tant de soupe ?

Il est clair que c'est la multiplication sans limite des boites de soupe à la tomate qui était dans le viseur de ces intégristes de la monnaie rare.  Rien n'interdit au système, aujourd'hui, d'émettre de nouveaux tableaux, de faire tourner la planche à posters ou à cartes postales de façon inflationniste, et ceci sans le moindre rapport avec la production réelle de tomates  ont-ils protesté.

Certes la technologie des NFT permettrait en théorie de mieux suivre cette dangereuse inflation de tomates. C'est d'ailleurs ce qu'a proposé Bruno Le Maire, nouvel apologète de ces tokens qui lui rappellent les cadeaux Bonux de son enfance.

Alors ? Les deux activistes ont semblé soudain beaucoup moins déterminés, car le choix de la blockchain sous-jacente divise manifestement cette communauté.

Christine Lagarde quant à elle a résumé la sidération de l'élite mondiale devant cet attentat :  The tomato soup has (euh euh) just pretty much come about from nowhere  a-t-elle expliqué avec sa concision coutumière.

Les bitcoineurs, faut-il le rappeler, entretiennent une relation ancienne avec le potage. Ils avaient d'ailleurs embrigadé l'iconique soupe à la tomate jadis.

Le mot de soupe avait d'ailleurs servi à décrire Bitcoin lui-même ! C'était il y a déjà cinq ans, du temps que l'éminent Pascal Ordonneau poursuivait une vaillante croisade contre une monnaie qui pour lui  ne doit son existence qu'à une soupe informatique de 0 et de 1 . Depuis lors, cet esprit distingué semble avoir arrêté d'écrire sur ce qu'il ne comprend pas pour en revenir à sa vraie passion : l'art. Il est à craindre cependant que le jet de soupe orange du MOMA ne réveille son obsession...

En attendant les prochaines polémiques, on célèbrera le 31 octobre en relisant mon billet sur la soupe et celui que j'avais intitulé Trick or Treat, deux textes tout en finesse et d'une infinie richesse culturelle.

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131 - Un surprenant Maximaliste

By: Jacques Favier

Le 1er avril dernier (l'avait-il fait exprès ? c'est un point discuté en commentaires) Vitalik Buterin, qui est comme chacun sait le concepteur d'Ethereum, avait publié sur son blog un texte étonnant, En défense du Bitcoin Maximalisme que je n'avais pas vu passer avant qu'un ami ne me le signale, un peu trop tard pour pouvoir le commenter à chaud. Après le printemps, l'été s'est passé dans l'espoir, la crainte ou la curiosité du Merge. On s'est enivré des antiques prophéties de flippening, remises au goût du jour et désormais dotées d'un instrument de mesure en temps réel.

Mais au cours du dernier Repas du Coin plusieurs échanges (cordiaux) ont eu pour thème le  maximalisme  bien que ce soit évidemment un sujet qui risque à tout moment de conduire à violer la troisième règle de ces repas ( on ne s'engueule pas ) parce que si certains supporteurs d'altcoins sont au mieux des fantaisistes et au pire des escrocs, certains défenseurs de Bitcoin only sont au mieux bornés et au pire toxiques. Verre en main, nous en étions donc arrivés à nous dire que le maximalisme était fait d'un mix d'ignorance et de méchanceté. Dans le second degré qu'autorise l'amitié, et pour analyser le soupçon de maximalisme qu'on m'impute parfois, je notai que je choisissais en ce qui me concernait l'hypothèse de la méchanceté.

C'est alors que j'ai repensé à Vitalik et me suis dit qu'il fallait publier sur mon blog ce texte magnifique dont la VO se trouve ici et que je n'ai fait que traduire ci-dessous, renvoyant mes propres ajouts en commentaires.

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En défense du Bitcoin Maximalisme
(Vitalik Buterin, 1er avril 2022)

Cela fait des années que nous entendons dire que l'avenir est à la blockchain, et non au bitcoin.

L'avenir du monde ne sera pas constitué d'une seule grande cryptomonnaie, ni même de quelques-unes, mais de nombreuses cryptomonnaies - et les gagnantes auront un leadership fort sous un toit central pour s'adapter rapidement aux besoins d'échelle des utilisateurs. Le bitcoin est truc de boomer et l'Ethereum lui succèdera bientôt ; ce seront des actifs plus récents et plus énergiques qui attireront les nouvelles vagues d'utilisateurs de masse. Ceux-ci ne se soucient pas de l'idéologie libertaire bizarre ou de la  vérification auto-souveraine , sont rebutés par la toxicité et la mentalité anti-gouvernementale des bitcoineurs et veulent simplement des défis et des jeux de blockchain qui soient rapides et qui fonctionnent.

Mais que dire si ce récit est faux et que les idées, les habitudes et les pratiques du maximalisme Bitcoin sont en fait assez proches de la réalité ?

Que dire si Bitcoin était bien plus qu'une Pet Rock dépassée et seulement liée à un effet de réseau ? Que dire si les maximalistes de Bitcoin comprenaient en fait profondément qu'ils opèrent dans un monde très hostile et incertain, où il faut se battre pour certaines choses et que leurs actions, leurs personnalités et leurs opinions sur la conception des protocoles reflétaient profondément ce fait ? Que dire si nous vivions dans un monde de cryptomonnaies honnêtes (il y en a très peu) et de cryptomonnaies malhonnêtes (il y en a beaucoup) et qu'une bonne dose d'intolérance était en fait nécessaire pour empêcher les premières de glisser vers les secondes ? C'est l'argument qui sera développé dans ce billet.

Nous vivons dans un monde dangereux et la protection de la liberté est une affaire sérieuse.

J'espère que cela est beaucoup plus évident aujourd'hui qu'en février 2022, lorsque beaucoup de gens pensaient encore sérieusement que Vladimir Poutine était un gentil incompris qui essayait simplement de protéger la Russie et de sauver la civilisation occidentale de la gaypocalypse. Mais cela vaut la peine de le répéter :

Nous vivons dans un monde dangereux, où il y a beaucoup d'acteurs de mauvaise foi qui n'écoutent pas la compassion et la raison.

Une blockchain est au fond une technologie de sécurité - une technologie qui vise fondamentalement à protéger les gens et à les aider à survivre dans un monde aussi hostile. Elle est, comme la Fiole de Galadriel, une lumière pour vous dans les endroits sombres, quand toutes les autres lumières s'éteignent . Il ne s'agit pas d'une lumière à bas prix, ni d'une lumière fluorescente hippie économe en énergie, ni d'une lumière à haute performance. Il s'agit d'une lampe dont la conception a fait des sacrifices sur tous ces plans afin d'être optimisée pour une seule et unique chose : être une lampe qui fait ce qu'elle doit faire lorsque vous êtes confronté au défi le plus difficile de votre vie et qu'une araignée de vingt pieds vous regarde en face.

Source: Black Gate

Les blockchains sont utilisées chaque jour par des personnes non bancarisées ou sous-bancarisées, par des activistes, par des travailleurs du sexe, par des réfugiés et par de nombreux autres groupes qui ne sont pas intéressants pour les institutions financières centralisées à la recherche de profits, ou qui ont des ennemis qui ne veulent pas qu'ils aient accès au service bancaire. Elles sont utilisées comme une ligne de survie essentielle par de nombreuses personnes pour effectuer leurs paiements et stocker leurs économies.

À cette fin, les blockchains publiques sacrifient beaucoup à la sécurité :

  • Les blockchains exigent que chaque transaction soit vérifiée indépendamment des milliers de fois pour être acceptée.
  • Contrairement aux systèmes centralisés qui confirment les transactions en quelques centaines de millisecondes, les blockchains exigent que les utilisateurs attendent entre 10 secondes et 10 minutes pour obtenir une confirmation.
  • Les chaînes de blocs exigent que les utilisateurs soient entièrement responsables de leur authentification : si vous perdez votre clé, vous perdez vos pièces.
  • Les blockchains sacrifient la privacy et nécessitent des technologies encore plus folles et plus coûteuses pour récupérer cette privacy.

À quoi servent tous ces sacrifices ? À créer un système capable de survivre dans un monde hostile et d'être une lumière dans les ténèbres, quand toutes les autres lumières s'éteignent.

Pour exceller dans cette tâche, il faut deux ingrédients clés : (i) un empilement technologique robuste et susceptible d'être défendu et (ii) une culture robuste et également susceptible d'être défendue. La propriété qui est la clé d'un empilement technologique robuste et défendable est l'accent mis sur la simplicité et sur la profonde pureté mathématique : une taille de bloc de 1 Mo, une limite de 21 millions de pièces et un mécanisme simple de preuve de travail, celui du consensus de Nakamoto que même un élève du secondaire peut comprendre. La conception du protocole doit être facile à justifier dans les décennies et les siècles à venir ; la technologie et les choix de paramètres doivent être une œuvre d'art.

Le deuxième ingrédient est la culture d'un minimalisme intransigeant et inébranlable. Il doit s'agir d'une culture capable de se défendre fermement contre les entreprises et les gouvernements qui tentent de coopter l'écosystème de l'extérieur, ainsi que contre les mauvais acteurs de l'espace cryptographique qui tentent de l'exploiter à des fins personnelles, et ils sont nombreux.

Maintenant, à quoi ressemble la culture de Bitcoin et Ethereum ? Eh bien, demandons à Kevin Pham :

Vous ne croyez pas que c'est représentatif ? Eh bien, demandons encore à Kevin Pham :

Vous pourriez dire qu'il s'agit simplement de gens d'Ethereum qui s'amusent, et qu'en fin de compte ils comprennent ce qu'ils doivent faire et ce à quoi ils ont affaire. Mais le comprennent-ils ? Regardons le genre de personnes que Vitalik Buterin, le fondateur d'Ethereum, fréquente :

Et ce n'est qu'une petite sélection. La question immédiate que toute personne regardant cela devrait se poser est : bon Dieu, quel est l'intérêt de rencontrer publiquement toutes ces personnes ? Certaines de ces personnes sont des entrepreneurs et des politiciens très décents, mais d'autres sont activement impliquées dans de graves violations des droits humains, violations que Vitalik ne soutient certainement pas. Vitalik ne réalise-t-il pas à quel point certaines de ces personnes sont géopolitiquement engagées dans des combats mortels ?

Maintenant, peut-être qu'il est juste un idéaliste qui croit qu'il faut parler aux gens pour aider à apporter la paix dans le monde, et un adepte du dicton de Frederick Douglass enjoignant de  s'unir avec quiconque pour faire le bien et avec personne pour faire le mal . Mais il y a aussi une hypothèse plus simple : Vitalik est un globe-trotter hippie en quête de plaisir et de statut, et il aime profondément rencontrer les gens qui sont importants et se sentir respecté par eux. Et il n'y a pas que Vitalik ; des entreprises comme Consensys sont tout à fait heureuses de s'associer à l'Arabie saoudite. L'écosystème dans son ensemble essaie toujours de se tourner vers des figures dominantes pour obtenir une forme de validation.

Maintenant, posez-vous la question suivante : quand, le moment venu, des choses réellement importantes se produiront sur la blockchain – des choses réellement importantes qui offenseraient les gens puissants – quel écosystème sera le plus disposé à se tenir fermement debout et à refuser de les censurer, quelle que soit la pression exercée sur lui pour le faire ? L'écosystème des nomades globe-trotters qui veulent vraiment être les amis de tout le monde, ou l'écosystème des gens qui se prennent en photo avec un AR15 et une hache comme violon d'Ingres ?

La monnaie n'est pas  juste la première application . C'est de loin la plus réussie.

De nombreuses personnes qui brandissent l'argument  La Blockchain oui, Bitcoin non  soutiennent que la cryptomonnaie est la première application des blockchains, mais que c'est une application très ennuyeuse et que le véritable potentiel des blockchains réside dans des choses plus grandes et plus excitantes. Passons en revue la liste des applications figurant dans le livre blanc d'Ethereum :

  • Émission de jetons
  • Dérivés financiers
  • Stablecoins
  • Systèmes d'identité et de réputation
  • Stockage décentralisé de fichiers
  • Organisations autonomes décentralisées (DAO)
  • Jeux d'argent de pair à pair
  • Marchés prédictifs

Beaucoup des catégories de cette liste ont des applications qui ont été lancées et qui ont au moins quelques utilisateurs. En regard, les adeptes des cryptomonnaies accordent une importance particulière à l'autonomisation des personnes sous-bancarisées dans le  Sud . Lesquelles des applications précédentes ont réellement beaucoup d'utilisateurs dans le Sud ?

Il s'avère que le stockage de richesses et les paiements sont de loin les applications les plus populaires. 3 % des Argentins possèdent des cryptomonnaies, tout comme 6 % des Nigérians et 12 % des Ukrainiens. Les dons en cryptomonnaies au gouvernement ukrainien qui ont récolté plus de 100 millions de dollars ( en six semaines) si l'on inclut les dons à des initiatives non gouvernementales liées à l'Ukraine, constituent de loin l'exemple le plus important d'utilisation des blockchains par un gouvernement pour accomplir quelque chose d'utile aujourd'hui.

Quelle autre application est proche de ce niveau d'adoption réelle et concrète aujourd'hui ? La plus proche est peut-être ENS. Les DAO existent et se développent, mais aujourd'hui, un nombre beaucoup trop grand d'entre elles attirent les gens des pays riches dont l'intérêt principal est de s'amuser et d'utiliser des profils de personnages de dessins animés pour satisfaire leur besoin d'expression personnelle du premier monde, et non de construire des écoles et des hôpitaux ou encore de résoudre d'autres problèmes du monde réel.

Ainsi, nous pouvons voir les deux camps assez clairement : d'un côté l'équipe  Blockchain , avec des personnes privilégiées des pays riches qui aiment exhiber des preuves de vertu comme le fait de  dépasser l'argent et le capitalisme  et qui ne peuvent s'empêcher d'être excités par  l'expérimentation de la gouvernance décentralisée  comme un passe-temps ; de l'autre côté l'équipe  Bitcoin , c'est à dire un groupe très diversifié de personnes riches ou pauvres, dans de nombreux pays du monde y compris du Sud, qui utilisent réellement l'outil capitaliste de l'argent libre et auto-souverain pour fournir une réelle valeur aux êtres humains aujourd'hui.

Se concentrer exclusivement sur le fait d'être de l'argent permet d'obtenir de l'argent de meilleure qualité.

Une idée reçue très répandue sur la raison pour laquelle Bitcoin ne permet pas d’avoir des contrats autonomes  avec des ensembles d’états complexes  est la suivante : Bitcoin accorderait une grande importance à la simplicité et en particulier à une faible complexité technique, afin de réduire les risques de dysfonctionnement. Par conséquent, le protocole ne peut pas ajouter les fonctions et opcodes plus compliqués qui sont nécessaires pour pouvoir prendre en charge les contrats autonomes plus compliqués d'Ethereum.

Cette idée reçue est bien sûr erronée. En fait il existe de nombreuses façons d'ajouter des ensembles d'états complexes à Bitcoin ; recherchez le mot  covenants  dans les archives du chat Bitcoin et vous verrez de nombreuses propositions discutées. Et nombre de ces propositions sont étonnamment simples. La raison pour laquelle les clauses restrictives n'ont pas été ajoutées n'est pas que les développeurs de Bitcoin ont vu la valeur des ensembles d'états complexes mais ont trouvé intolérable un protocole un peu plus complexe. C'est plutôt parce que les développeurs de Bitcoin s'inquiètent des risques de complexité systémique que la possibilité d'ensembles d'états complexes introduirait dans l'écosystème  !

Un article récent des chercheurs de Bitcoin décrit certaines façons d'introduire des clauses restrictives pour ajouter un certain degré de richesse d'état à Bitcoin.

La bataille d'Ethereum contre la valeur extractible par les mineurs (MEV) est un excellent exemple de ce problème dans la pratique. Il est très facile dans Ethereum de construire des applications où la prochaine personne à interagir avec un certain contrat obtient une récompense substantielle, ce qui amène les parties prenantes et les mineurs à se battre pour l'obtenir et contribue grandement au risque de centralisation du réseau et nécessite à la fin des solutions de contournement compliquées. Dans Bitcoin, il est difficile de créer de telles applications à risque systémique, en grande partie parce que Bitcoin n'a pas d'état riche et se concentre sur le cas d'utilisation simple (et sans MEV) consistant à être simplement de l'argent.

La contagion systémique peut également se produire de manière non technique. Le fait que le bitcoin soit simplement de l'argent signifie que Bitcoin nécessite relativement peu de développeurs, ce qui contribue à réduire le risque que les développeurs commencent à demander à s'imprimer de l'argent gratuit pour construire de nouvelles fonctionnalités du protocole. Le fait que le bitcoin soit simplement de l'argent réduit la pression exercée sur les développeurs de base pour qu'ils ajoutent sans cesse des fonctionnalités afin de  rester dans la course  et de  répondre aux besoins des développeurs .

À bien des égards, les effets systémiques sont réels et il n'est tout simplement pas possible pour une monnaie de  permettre  un écosystème d'applications décentralisées hautement complexes et risquées sans que cette complexité ne se retourne contre elle d'une manière ou d'une autre. Bitcoin est un choix sûr. Si Ethereum poursuit son approche centrée sur la couche 2, ETH-la-monnaie peut prendre une certaine distance par rapport à l'écosystème d'applications qu'elle permet et ainsi obtenir une certaine protection. En revanche, les plateformes dites de couche 1 à haute performance n'ont aucune chance.

En général, les projets les plus anciens dans une industrie sont les plus  authentiques .

Nombre d'industries et de domaines suivent un schéma similaire. Tout d'abord, une nouvelle technologie passionnante est inventée, ou bien elle est améliorée au point d'être réellement utilisable pour quelque chose. Au début, la technologie est encore maladroite, elle est trop risquée pour que presque tout le monde s'y intéresse en tant qu'investissement et il n'y a pas de  preuve sociale  que les gens peuvent l'utiliser pour réussir. Par conséquent, les premières personnes impliquées sont les idéalistes, les geeks et les personnes qui sont véritablement enthousiasmées par la technologie et par son potentiel d'amélioration de la société.

Cependant, une fois que la technologie a fait ses preuves, les gens qui suivent la norme entrent en scène - un événement qui, dans la culture Internet, est souvent appelé le  le septembre sans fin . Et il ne s'agit pas simplement de gentils normaux qui veulent faire partie de quelque chose d'excitant, mais de businessman normaux portant des costumes et qui commencent à scruter l'écosystème avec des yeux de loup pour trouver des moyens de gagner de l'argent - avec des armées de capital-risqueurs tout aussi désireux de se tailler leur part du gâteau et qui les encouragent depuis le banc de touche. Dans les cas extrêmes des bonimenteurs hors-la-loi entrent en scène, créant des blockchains sans valeur sociale ou technique monayable et qui constituent pratiquement des escroqueries. Mais la réalité est que l'espace entre  idéaliste altruiste  et  escroc  est vraiment large comme spectre. Et plus un écosystème se maintient, plus il est difficile pour tout nouveau projet situé du côté altruiste du spectre de se lancer.

Un indice significatif du lent remplacement, dans l'industrie de la blockchain, des valeurs philosophiques et idéalistes par celles de la recherche de profit à court terme est la taille de plus en plus grande des préminages : les allocations que les développeurs d'une cryptomonnaie se donnent à eux-mêmes.

Source for insider allocations: Messari.

Quelles communautés blockchain valorisent-elles profondément l'auto-souveraineté, la vie privée et la décentralisation, et font de gros sacrifices pour l'obtenir ? Et quelles autres communautés essaient simplement de gonfler leur capitalisation boursière et de faire de l'argent pour les fondateurs et les investisseurs ? Le graphique ci-dessus devrait rendre la chose assez claire.

L'intolérance a du bon

Ce qui précède montre clairement pourquoi le statut de Bitcoin en tant que première cryptomonnaie lui confère des avantages uniques qui sont extrêmement difficiles à reproduire pour toute cryptomonnaie créée au cours des cinq dernières années. Mais nous en arrivons maintenant à la plus grande objection contre la culture maximaliste du bitcoin : pourquoi est-elle si toxique ?

L'argument de la toxicité du bitcoin découle de la deuxième loi de Conquest. Dans la formulation originale de Robert Conquest, la loi dit que  toute organisation qui n'est pas explicitement et constitutionnellement de droite deviendra tôt ou tard de gauche . Mais en réalité, il ne s'agit que d'un cas particulier d'un modèle beaucoup plus général, qui, à l'ère moderne des médias sociaux implacablement homogénéisants et conformistes, est plus pertinent que jamais :

Si vous voulez conserver une identité différente du courant dominant (mainstream), alors vous avez besoin d'une culture vraiment forte qui résiste activement et combat l'assimilation au courant dominant chaque fois qu'il tente d'affirmer son hégémonie.

Les blockchains sont, comme je l'ai mentionné plus haut, très fondamentalement et explicitement un mouvement de contre-culture qui tente de créer et de préserver quelque chose de différent du courant dominant. À une époque où le monde se divise en blocs de grandes puissances qui suppriment activement les interactions sociales et économiques entre elles, les blockchains sont l'une des rares choses qui peuvent rester mondiales. À une époque où de plus en plus de personnes recourent à la censure pour vaincre leurs ennemis à court terme, les blockchains continuent résolument à ne rien censurer.

La seule façon correcte de répondre aux  adultes raisonnables  qui essaient de vous dire que pour  devenir mainstream , vous devez faire des compromis sur vos valeurs  extrêmes . Parce qu'une fois que vous avez fait un compromis, vous ne pouvez plus vous arrêter.

Les communautés blockchain doivent également lutter contre les mauvais acteurs de l'intérieur. Les mauvais acteurs comprennent :

  • Les arnaqueurs, qui créent et vendent des projets qui sont finalement sans valeur (ou pire, positivement nuisibles) mais qui s'accrochent aux marques  crypto  et  décentralisation  (ainsi qu'à des idées très abstraites sur l'humanisme et l'amitié) pour se légitimer.
  • Les collaborationnistes, qui brandissent publiquement et bruyamment comme preuve de leur vertu le fait de travailler avec les gouvernements puis tentent activement de convaincre les gouvernements d'utiliser la force coercitive contre leurs concurrents.
  • Les corporatistes, qui essaient d'utiliser leurs ressources pour s'emparer du développement des blockchains et poussent souvent à des changements de protocole qui permettent la centralisation.

On pourrait s'opposer à tous ces acteurs avec un visage souriant, en disant poliment au monde pourquoi on est  en désaccord avec leurs priorités . Mais c'est irréaliste : les mauvais acteurs s'efforceront de s'intégrer dans votre communauté et à ce stade il deviendra psychologiquement difficile de les critiquer avec le niveau de mépris suffisant qu'ils méritent en vérité : les personnes que vous critiquerez seront les amis de vos amis. Ainsi, toute culture qui valorise l'amabilité pliera simplement devant ce défi et laissera les escrocs se promener librement au milieu des portefeuilles des innocents newbies.

Quel type de culture ne pliera pas ? Une culture qui est disposée et désireuse de dire aux escrocs à l'intérieur et aux adversaires puissants à l'extérieur d'aller se faire voir à la manière d'un bateau de guerre russe.

Les croisades bizarres contre les huiles de graines sont bonnes

Un puissant outil pour aider une communauté à maintenir sa cohésion interne autour de ses valeurs distinctives et éviter de tomber dans le marais du courant dominant, est offert par les croyances et les croisades étranges qui sont dans un esprit similaire, même si elles ne sont pas directement reliées à la mission de base. Idéalement, ces croisades devraient être au moins partiellement correctes, en s'attaquant à un vrai angle mort ou à une véritable incohérence des valeurs dominantes.

La communauté Bitcoin est douée pour cela. Leur croisade la plus récente est une guerre contre les huiles de graines, des huiles dérivées de graines végétales riches en acides gras oméga-6 qui sont nocifs pour la santé humaine.

Source : POS Pilot Plant Corporation

Cette croisade des bitcoiners est traitée avec scepticisme lorsqu'elle est examinée par les médias, mais ces derniers traitent le sujet beaucoup plus favorablement lorsque des entreprises technologiques  respectables  s'y attaquent. La croisade permet de rappeler aux bitcoiners que les médias grand public sont fondamentalement tribaux et hypocrites, et que les tentatives les plus criantes des médias pour calomnier les cryptomonnaies en les présentant comme principalement destinées au blanchiment d'argent et au terrorisme devraient être traitées avec le même niveau de mépris.

Sois maximaliste !

Le maximalisme est souvent tourné en dérision dans les médias comme étant à la fois une dangereusement toxique secte de droite et un tigre de papier qui disparaîtra dès qu'une autre cryptomonnaie arrivera et prendra le relais de l'effet de réseau suprême de Bitcoin. Mais la réalité est qu'aucun des arguments en faveur du maximalisme que je décris ci-dessus ne dépend en rien des effets de réseau. Les effets de réseau sont réellement logarithmiques et non pas quadratiques : une fois qu'une cryptomonnaie est  assez grosse , elle a suffisamment de liquidités pour fonctionner et les processeurs de paiement multi-cryptomonnaies l'ajouteront facilement à leur collection. Mais l'affirmation selon laquelle Bitcoin est une Pet Rock dépassée et que sa valeur provient entièrement d'un effet de réseau de zombies ambulants et que tout ceci n'a besoin que d'un petit coup de pouce pour s'effondrer est de même complètement fausse.

Les crypto-actifs comme le bitcoin présentent de réels avantages culturels et structurels qui en font des actifs puissants et qui méritent d'être détenus et utilisés. Le bitcoin est un excellent exemple de cette catégorie, bien qu'il ne soit certainement pas le seul ; d'autres cryptomonnaies honorables existent et les maximalistes sont prêts à les soutenir et à les utiliser. Le maximalisme ce n'est pas seulement Bitcoin pour le plaisir de Bitcoin ; il s'agit plutôt d'une prise de conscience très sincère que la plupart des autres cryptomonnaies sont des escroqueries et qu'une culture d'intolérance est inévitable et nécessaire pour protéger les nouveaux venus et s'assurer qu'au moins un petit coin de cet espace continue d'être un coin où il fait bon vivre.

Il vaut mieux égarer dix débutants de telle manière qu'ils évitent un investissement qui s'avèrerait être bon que de permettre à un seul débutant d'être ruiné par un escroc.

Il est préférable de rendre ton protocole trop simple quitte à échouer à servir dix applications de jeu de faible valeur qui n'attireront l'attention que peu de temps plutôt que de le rendre trop complexe et d'échouer à servir le cas d'usage central de l'argent sain qui sous-tend tout le reste.

Et il vaut mieux offenser des millions de personnes en défendant agressivement ce en quoi tu crois que d'essayer de satisfaire tout le monde et de ne rien défendre du tout.

Sois courageux. Bats-toi pour tes valeurs. Sois un Maximaliste.

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Bitcoin, principe de la chaîne la plus longue et preuve de travail accumulée

By: Ludovic Lars

Satoshi Nakamoto a conceptualisé Bitcoin en 2008 et a inventé au passage un algorithme de consensus novateur fondé sur la preuve de travail. Ce dernier permet aux nœuds du réseau pair-à-pair d'arriver à un accord sur le registre de propriété et d'assurer le traitement décentralisé des transactions.

Mais cet algorithme est parfois le sujet d'une certaine confusion. D'un côté, il arrive qu'on le confonde avec le mécanisme de preuve de travail lui-même, ou bien avec la fonction de hachage SHA-256 qui intervient dans le procédé. De l'autre, une erreur répandue est de penser qu'il repose sur une application naïve du principe de la « chaîne la plus longue », tel que décrit dans le livre blanc de Bitcoin. Voyons ce qu'il en est réellement.

 

La preuve de travail

Contrairement à ce que l'on pense, la preuve de travail n'est pas un moyen d'arriver au consensus sur le réseau, même si elle joue un rôle essentiel dans ce processus.

La preuve de travail est en effet un mécanisme de résistance aux attaques Sybil, qui empêche un acteur de multiplier les identités à l'excès pour prendre le contrôle du réseau, ici la confirmation des transactions. Une attaque Sybil est une attaque intervenant au sein d'un réseau ouvert basé sur un système de réputation qui consiste à se dupliquer à moindre coût pour en altérer le fonctionnement. C'est un problème particulièrement présent sur les médias sociaux par exemple, où les comptes de robots sont utilisés en masse pour augmenter la visibilité d'un contenu donné.

La preuve de travail résout ce problème en demandant aux utilisateurs de démontrer de manière objective et quantifiable qu’ils ont dépensé de l’énergie et en discriminant ainsi les participants entre eux1. Dans le cas de Bitcoin, elle sélectionne le mineur qui choisit le nouveau bloc de transactions étant ajouté à la chaîne. Comme l'écrivait Satoshi :

« La preuve de travail résout [...] le problème de la détermination de la représentation dans la prise de décision majoritaire. Si la majorité était basée sur le principe de vote par adresse IP (une adresse IP, une voix), elle pourrait être détournée par toute personne capable de s'octroyer de nombreuses adresses IP. La preuve de travail est essentiellement basée sur la puissance de calcul : un processeur, une voix. La décision majoritaire est représentée par la chaîne la plus longue, sur laquelle le plus grand effort de preuve de travail a été investi. »

L'idée est de requérir une dépense d'énergie externe pour ajouter un bloc à la chaîne, en échange de quoi le mineur reçoit une récompense composée de bitcoins issus de la création monétaire et des frais de transaction.

Plus précisément, la preuve de travail est réalisée par les hachages successifs de l'entête du bloc candidat via la double application2 de la fonction de hachage SHA-256, qui produit des empreintes de 256 bits, soit 32 octets. La preuve consiste à trouver une empreinte qui soit inférieure à une valeur cible déterminée par le protocole, ce qui constitue une collision partielle de la fonction de hachage et rappelle Hashcash. En termes mathématiques, il s'agit de trouver un nonce (n) tel que :

SHA256d( ENTÊTE( n ) ) ⩽ valeur_cible

Puisque la fonction de hachage est supposée impossible à inverser algorithmiquement, le mineur doit se contenter d'essayer un grand nombre de possibilités au hasard pour trouver une empreinte satisfaisant cette inégalité. La probabilité de tomber sur un résultat correct étant connue, cela permet d'estimer une quantité moyenne de travail effectué pour arriver à la solution.

L'empreinte résultante commence nécessairement par un grand nombre de zéros et constitue l'identifiant du bloc. Par exemple, le bloc 630 000 de la chaîne de BTC a pour identifiant :

000000000000000000024bead8df69990852c202db0e0097c1a12ea637d7e96d

Ainsi, la preuve de travail est le bloc lui-même et chaque membre du réseau peut la vérifier facilement en calculant son identifiant.

 

Le principe de la chaîne la plus longue

Un algorithme de consensus est un mécanisme permettant de parvenir à un accord au sein d'un réseau distribué, qui résout de ce fait le problème des généraux byzantins. Dans le cas des cryptomonnaies, il s'agit de se mettre d'accord sur le registre de propriété qui décrit qui possède quoi. L'algorithme de consensus de Bitcoin s'appelle l'algorithme de consensus de Nakamoto par preuve de travail, en hommage à son créateur, Satoshi Nakamoto.

Dans la section 5 du livre blanc, Satoshi décrivait son algorithme en se basant sur le principe de la chaîne la plus longue. Si ce principe est faillible comme on va le voir, il est néanmoins utile pour se représenter le fonctionnement général du consensus. Voici le processus.

 

Coordination

« Les nœuds considèrent toujours que la chaîne la plus longue est la chaîne correcte, et continuent à travailler pour la prolonger. »

Tout d'abord, le réseau se comporte de manière attendue : les nœuds se coordonnent en sélectionnant la chaîne la plus longue et les mineurs travaillent à la prolonger. Tout se passe bien et il n'y a qu'une seule branche.

 

Embranchement

« Si deux nœuds transmettent simultanément des versions différentes du bloc suivant, certains nœuds peuvent recevoir l'une ou l'autre version en premier. Dans ce cas, ils travaillent sur la première version qu'ils ont reçue, mais conservent l'autre branche au cas où elle deviendrait plus longue. »

Puis, un conflit a lieu. Celui-ci peut être créé par un acteur malveillant, mais est généralement engendré de manière accidentelle, à cause de la latence du réseau : deux mineurs valident un bloc à peu près au même moment ce qui fait que les nœuds ne reçoivent pas le même bloc en premier.  On assiste alors à un embranchement (appelé fork en anglais) : deux branches différentes également correctes coexistent et il est impossible de déterminer laquelle il faut prolonger.

Embranchement commun : conflit

Notez que ce type d'embranchement accidentel est commun et se produit de temps en temps sur le réseau pour des raisons de latence.

 

Recoordination

« L'égalité est rompue lorsque la preuve de travail suivante est trouvée et qu'une branche devient plus longue ; les nœuds qui travaillaient sur l'autre branche passent alors sur la chaîne la plus longue. »

Le conflit est enfin résolu lorsqu'une chaîne plus longue (contenant une plus grande quantité de travail accumulée) est partagée sur le réseau. Il se produit alors ce qu'on appelle une recoordination (ou reorganization en anglais) qui réconcilie les nœuds du réseau entre eux.

Embranchement commun : recoordination

Les blocs de la branche minoritaire (dits « orphelins ») sont rejetés.

 

Le fonctionnement de cet algorithme de consensus a deux conséquences :

  • La sécurité de confirmation du réseau repose sur la supposition qu'une majorité de la puissance de calcul (« 51 % ») est honnête, et donc sur la concurrence entre les mineurs ;
  • La sécurité d'une transaction est statistique, son degré de finalité dépendant de la profondeur à laquelle elle se trouve dans la chaîne (un segment plus long sera plus difficile à récrire pour annuler la transaction).

Bien que l'algorithme de Nakamoto ait des défauts, il est important que ce critère objectif reste en place car il fait partie des éléments qui donnent à Bitcoin sa robustesse. Si un cloisonnement persistant du réseau venait à avoir lieu, par exemple dans le cas extrême où « un pays se [couperait] délibérément et totalement du reste du monde », alors il serait possible pour les deux parties du réseau de se réconcilier une fois la connexion rétablie.

 

L'ajustement de la difficulté et la quantité de travail accumulée

Dans le livre blanc, Satoshi supposait que la chaîne la plus longue, était nécessairement celle sur laquelle « le plus grand effort de preuve de travail [avait] été investi ». C'est pour cela qu'il a implémenté naïvement le principe de la chaîne la plus longue dans le protocole originel. Ce n'est que le 25 juillet 2010, dans la version 0.3.3 du logiciel, qu'il a redéfini l'algorithme de consensus pour prendre en compte la notion de travail.

Le principe strict de la chaîne la plus longue est bien valide lorsque la difficulté de minage est constante, car alors la quantité moyenne d'énergie dépensée est fonction du nombre de blocs minés. Néanmoins, la difficulté dans Bitcoin n'est pas fixe et subit un ajustement régulier pour faire en sorte que le temps de bloc moyen reste de 10 minutes et que la politique monétaire établie soit respectée.

La difficulté du minage est définie comme une quantité évoluant de manière inversement proportionnelle à la valeur cible du protocole3. Quand la valeur cible diminue, la difficulté à trouver une empreinte satisfaisant l'inégalité augmente. À l'inverse, quand la valeur cible augmente, la difficulté diminue.

Lorsqu'ils minent un bloc, les mineurs incluent dans le bloc un horodatage (timestamp). Cela permet au réseau d'avoir une idée du temps qui passe. Depuis 2016, le temps réseau est le temps médian passé (MTP), qui est défini comme la médiane des horodatages des 11 derniers blocs et qui retarde donc d'environ une heure (6 blocs) sur l'heure UTC. Notez aussi qu'un horodatage ne peut pas se trouver plus de deux heures dans le futur par rapport au temps subjectif du nœud.

L'ajustement de la difficulté se produit tous les 2016 blocs, c'est-à-dire (hormis grosse variation du taux de hachage) toutes les 2 semaines dans le monde réel. L'algorithme d'ajustement est simple : si le temps mesuré dans la période de 2016 blocs est inférieur à 20 160 minutes (temps attendu), alors la difficulté augmente pour se conformer à la puissance de calcul supposée ; s'il est supérieur, alors la difficulté diminue4. Le reciblage est limité à un facteur 4 (multiplication comme division) pour éviter les instabilités. La difficulté de BTC est aujourd'hui 29 570 milliards de fois plus élevée qu'au lancement du réseau en janvier 2009.

Puisque la difficulté a subi une considérable hausse, il aurait été possible d'exploiter le principe de la chaîne la plus longue. Un attaquant disposant d'une certaine puissance de calcul aurait pu générer une branche partant d'un point de la chaîne où la difficulté était très basse5 (typiquement le bloc de genèse), en réécrivant les horodatages pour avoir des intervalles de 10 minutes, et miner une quantité énorme de blocs à la fin pour rattraper la chaîne principale, la difficulté ne pouvant que quadrupler tous les 2016 blocs. L'attaque n'aurait pas été gratuite, mais aurait suffi à détruire Bitcoin dans le cas où une autre solution n'aurait pas été trouvée (ce qui est improbable).

C'est pour cela l'algorithme de consensus a été revu pour prendre en considération le travail, qui est défini comme le nombre moyen de hachages nécessaires pour miner un bloc ou une chaîne de blocs6, plutôt que la longueur de la chaîne pour arriver à un accord sur le réseau. Depuis le 25 juillet 2010, la chaîne à suivre est ainsi déterminée par sa quantité de travail (ou de « preuve de travail ») : la chaîne correcte est la chaîne possédant le plus de travail accumulé. Aujourd'hui le travail de la chaîne de BTC représente plus de 15 000 yottahachages, soit 15 milliards de milliards de milliards de hachages.

 

Conclusion

Pour que les nœuds du réseau se mettent d'accord sur son registre de propriété, Bitcoin dispose d'un algorithme de consensus appelé l'algorithme de consensus de Nakamoto par preuve de travail. Cet algorithme est à différencier du concept de preuve de travail qui sert de mécanisme de résistance aux attaques Sybil pour sélectionner les mineurs, de sa mise en œuvre qui consiste à produire une collision partielle d'une fonction de hachage et de la fonction de hachage elle-même.

Le consensus se base sur la sélection d'une chaîne de blocs selon sa quantité de travail accumulée, et non strictement de son nombre de blocs comme on l'entend parfois. En effet, si le principe de la chaîne la plus longue tient la route dans une certaine mesure, il ne suffit pas à garantir la robustesse de Bitcoin.

 

Notes

1. Il existe d'autres mécanismes de résistance aux attaques Sybil dans les systèmes cryptoéconomiques, ces derniers reposant soit sur l'identification (auquel cas on parle de « preuve d'autorité »), soit sur une quantité d'unités internes au système (auquel cas on parle de « preuve d'enjeu »). La « preuve d'espace » constitue une variante de la preuve de travail, qui repose également sur une énergie externe au système.

2.  Dans le minage, la fonction de hachage SHA-256 est toujours appliquée deux fois, supposément pour éviter les attaques par extension de longueur. La véritable fonction de hachage considérée est donc le double SHA-256.

3. La difficulté est définie comme diff = cible_max / cible où la valeur cible maximale du réseau est :

cible_max = 0x00ffff × 256(0x1d - 3)
          = 0x00000000ffff0000000000000000000000000000000000000000000000000000

4. La formule d'ajustement de la difficulté est :

nouvelle_cible = ancienne_cible × temps_réel_écoulé / (14 × 24 × 60 × 60)

Le temps réel écoulé est mesuré à partir des horodatages des 2016 derniers blocs, ce qui correspond à 2015 intervalles de temps. L'algorithme est donc défectueux et surestime la puissance de calcul déployée.

5. Une telle réécriture de chaîne ne pourrait réalistiquement pas être faite aujourd'hui, car des points de contrôle ont été introduits manuellement dans le code pour empêcher une recoordination trop profonde (pratique initiée par Satoshi le 17 juillet 2010). Puisque le dernier point de contrôle est le bloc 295 000 miné le 9 avril 2014, la difficulté est trop haute (6 119 726 089) pour pouvoir rattraper le retard pris sur la chaîne principale.

Il semble également infaisable d'abaisser la difficulté (en espaçant les blocs sur la branche concurrente) pour procéder à la même technique par la suite : le retard pris pour réduire la difficulté serait trop grand.

6. Le travail d'un bloc est le quotient du nombre d'empreintes possibles (2256) par le nombre d'empreintes satisfaisant le problème :

travail_du_bloc = 2256 / (cible + 1)

Le travail d'une chaîne est la somme des travaux de tous les blocs la composant.

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Le bloc de genèse de Bitcoin

By: Ludovic Lars

Lorsqu'il a conçu le prototype de Bitcoin en janvier 2009, Satoshi Nakamoto a dû construire un premier bloc à partir duquel la chaîne s'est allongée. Ce bloc il l'a appelé le bloc de genèse (« genesis block » en anglais) en référence au premier livre de la Torah et de la Bible, qui raconte la création du monde par Dieu.

Par convention, on considère qu'il s'agit du bloc de hauteur 0 (ou « bloc 0 ») au-dessus duquel les autres blocs sont successivement empilés. Examinons plus en détail ce que contient cet élément fondateur de Bitcoin en procédant à une dissection minutieuse !

 

Un bloc fondateur

Le bloc de genèse est une donnée essentielle du protocole Bitcoin car il constitue la base à partir de laquelle on peut déterminer la chaîne la plus longue (c'est-à-dire celle ayant le plus de preuve de travail accumulée) et par conséquent la validité des transactions du registre. Il est théoriquement le seul bloc à devoir être inscrit en dur dans le protocole, même si d'autres l'ont été par la suite.

Tel que l'écrivait Satoshi Nakamoto :

« La chaîne de blocs est une structure en forme d'arbre qui a pour racine le bloc de genèse, chaque bloc pouvant avoir plusieurs candidats à sa suite. »

Bloc de genèse embranchements

Le code de novembre 2008 (fourni par Satoshi à Hal Finney, Ray Dillinger et James A. Donald notamment) contenait déjà une première version du bloc de genèse, horodatée au 10 septembre 2008, 18:02:08 UTC. Néanmoins, un nouveau bloc a été construit en janvier 2009 spécialement pour le lancement du prototype.

Le bloc de genèse que nous connaissons est ainsi présent dans la version 0.1 du logiciel de Bitcoin, publiée le 8 janvier 2009. Un commentaire au sein du code le décrit :

Genesis Block:
GetHash()      = 0x000000000019d6689c085ae165831e934ff763ae46a2a6c172b3f1b60a8ce26f
hashMerkleRoot = 0x4a5e1e4baab89f3a32518a88c31bc87f618f76673e2cc77ab2127b7afdeda33b
txNew.vin[0].scriptSig     = 486604799 4 0x736B6E616220726F662074756F6C69616220646E6F63657320666F206B6E697262206E6F20726F6C6C65636E61684320393030322F6E614A2F33302073656D695420656854
txNew.vout[0].nValue       = 5000000000
txNew.vout[0].scriptPubKey = 0x5F1DF16B2B704C8A578D0BBAF74D385CDE12C11EE50455F3C438EF4C3FBCF649B6DE611FEAE06279A60939E028A8D65C10B73071A6F16719274855FEB0FD8A6704 OP_CHECKSIG
block.nVersion = 1
block.nTime    = 1231006505
block.nBits    = 0x1d00ffff
block.nNonce   = 2083236893
CBlock(hash=000000000019d6, ver=1, hashPrevBlock=00000000000000, hashMerkleRoot=4a5e1e, nTime=1231006505, nBits=1d00ffff, nNonce=2083236893, vtx=1)
  CTransaction(hash=4a5e1e, ver=1, vin.size=1, vout.size=1, nLockTime=0)
    CTxIn(COutPoint(000000, -1), coinbase 04ffff001d0104455468652054696d65732030332f4a616e2f32303039204368616e63656c6c6f72206f6e206272696e6b206f66207365636f6e64206261696c6f757420666f722062616e6b73)
    CTxOut(nValue=50.00000000, scriptPubKey=0x5F1DF16B2B704C8A578D0B)
  vMerkleTree: 4a5e1e

Ce bloc pèse très exactement 285 octets. Le voici représenté en hexadécimal brut :

0100000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000003ba3edfd7a7b12b27ac72c3e67768f617fc81bc3888a51323a9fb8aa4b1e5e4a29ab5f49ffff001d1dac2b7c0101000000010000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000ffffffff4d04ffff001d0104455468652054696d65732030332f4a616e2f32303039204368616e63656c6c6f72206f6e206272696e6b206f66207365636f6e64206261696c6f757420666f722062616e6b73ffffffff0100f2052a01000000434104678afdb0fe5548271967f1a67130b7105cd6a828e03909a67962e0ea1f61deb649f6bc3f4cef38c4f35504e51ec112de5c384df7ba0b8d578a4c702b6bf11d5fac00000000

Le bloc de genèse est composé d'un entête de 80 octets et d'une unique transaction, la transaction de récompense. Son identifiant (le résultat du hachage de l'entête par double SHA-256) est 000000000019d6689c085ae165831e934ff763ae46a2a6c172b3f1b60a8ce26f. Les zéros qui débutent cet identifiant indiquent qu'une preuve de travail a été réalisée.

Notez que les différentes informations contenues dans le bloc sont souvent transmises avec un ordre des octets inverse (dit « little-endian » ou « petit-boutiste »). Nous donnerons ici les informations dans l'ordre ordinaire (qu'on appelle « big-endian » ou « gros-boutiste ») à l'aide du préfixe 0x.

 

L'entête

Comme tous les blocs dans le protocole, le bloc de genèse possède un entête donnant 6 informations différentes. Voici cet entête en détail :

01000000 - version
0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 - identifiant du bloc précédent
3ba3edfd7a7b12b27ac72c3e67768f617fc81bc3888a51323a9fb8aa4b1e5e4a - racine de Merkle
29ab5f49 - horodatage
ffff001d - valeur cible
1dac2b7c - nonce

 

La version du bloc

0x00000001

La version du bloc indique l'ensemble des règles respectées par le bloc. Cette version 1 indiquait un respect des règles du protocole originel défini par Satoshi. D'autres versions ont été introduites plus tard : la version 2 pour l'application du BIP-34 en mars 2013, la version 3 pour l'activation du BIP-66 en juillet 2015, et la version 4 pour celle du BIP-65 en décembre 2015. Le champ de version a par la suite été utilisé pour que les mineurs signalent leur intention d'appliquer un soft fork (conformément au BIP-9).

 

L'identifiant du bloc précédent

0x0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000

Puisqu'il s'agit du premier bloc de la chaîne, le champ utilisé pour donner l'identifiant du bloc précédent est fixé à zéro par convention.

 

La racine de Merkle

0x4a5e1e4baab89f3a32518a88c31bc87f618f76673e2cc77ab2127b7afdeda33b

La racine de Merkle correspond à l'empreinte finale de l'arbre de Merkle des transactions. Puisqu'il n'y a qu'une seule transaction dans le bloc de genèse, il s'agit simplement de l'identifiant de cette transaction.

 

L'horodatage

0x495fab29

L'horodatage indique la date et l'heure à laquelle le mineur a trouvé le bloc. Il est donné par le nombre de secondes depuis le 1er janvier 1970 00:00:00 UTC. Ici, le nombre correspond à 1 231 006 505 secondes : le bloc de genèse est donc horodaté au 3 janvier 2009 à 18:15:05 UTC.

Toutefois, il ne faut pas croire que cet horodatage indique l'instant précis du lancement effectif du réseau. Ce dernier a en effet été réalisé un peu plus tardivement : le bloc 1 est ainsi horodaté au 9 janvier 2009 à 02:54:25 UTC, soit 5 jours, 8 heures, 39 minutes et 20 secondes plus tard.

 

La valeur cible

0x1d00ffff

La valeur cible est la valeur minimale que l'identifiant du bloc peut avoir pour que ce dernier constitue une solution au problème de preuve de travail de Bitcoin. Moins cette valeur cible est haute, plus il est facile de trouver une solution et de miner un bloc. Elle est donc inversement proportionnelle à la difficulté du réseau.

La valeur cible du bloc de genèse correspond à la plus grande valeur possible dans Bitcoin, ou la difficulté la plus basse pour le dire autrement. Elle est encodée comme un nombre flottant où le premier octet représente un exposant et où la mantisse est déterminée par les 3 octets suivants. Ici, elle est égale à 0x00ffff × 256(0x1d - 3) c'est-à-dire 0x00000000ffff0000000000000000000000000000000000000000000000000000.

La preuve de travail du bloc est valide car l'identifiant est effectivement (largement) inférieur à cette valeur cible :

0x000000000019d6689c085ae165831e934ff763ae46a2a6c172b3f1b60a8ce26f ≤
0x00000000ffff0000000000000000000000000000000000000000000000000000

On définit la difficulté du minage comme l'inverse de la valeur cible multipliée par la valeur cible de base :

difficulté = cible_de_base / cible

La difficulté du bloc de genèse est donc de 1.

Après le lancement du réseau, la difficulté a stagné à ce niveau pendant près d'un an avant d'enfin commencer à augmenter le 30 décembre 2009.

Au sein du code, le champ de la valeur cible est appelé nBits, car ce paramètre désignait (avant que Satoshi n'en modifie le sens) le nombre de bits de tête à mettre à zéro pour que la solution soit valide. Dans la version de novembre 2008, le champ était en effet fixé à 20, ce qui correspondait à 5 zéros de tête en représentation hexadécimale, soit une valeur cible de 0x00000fffff....

 

Le nonce

0x7c2bac1d

Le nonce (mot qui provient de l'expression anglaise « for the nonce » signifiant « pour la circonstance, pour l'occasion ») désigne le nombre que le mineur fait varier pour calculer la preuve de travail. Il n'a aucune signification particulière, étant déterminé au hasard.

 

L'ensemble des transactions

L'ensemble des transactions forme la seconde partie du bloc. Le voici en détail :

01 - nombre de transactions
01000000 - version
01 - nombre d'entrées
0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 - identifiant de transaction de la sortie précédente
ffffffff - index de la sortie précédente
4d - taille du script de déverrouillage
04ffff001d0104455468652054696d65732030332f4a616e2f32303039204368616e63656c6c6f72206f6e206272696e6b206f66207365636f6e64206261696c6f757420666f722062616e6b73 - script de déverrouillage
ffffffff - numéro de séquence
01 - nombre de sorties
00f2052a01000000 - montant
43 - taille du script de verrouillage
4104678afdb0fe5548271967f1a67130b7105cd6a828e03909a67962e0ea1f61deb649f6bc3f4cef38c4f35504e51ec112de5c384df7ba0b8d578a4c702b6bf11d5fac - script de verrouillage
00000000 - temps de verrouillage

 

Le nombre de transactions

0x01

Le bloc contient une seule transaction : la transaction de récompense qui rémunère le mineur (ici Satoshi) pour la preuve de travail réalisée. Le bloc ne comporte ainsi aucune autre transaction, tout comme les blocs minés dans les premiers jours. Il a fallu attendre le 12 janvier et le bloc 170 pour voir la première transaction effective du réseau être confirmée : celle entre Satoshi et Hal Finney.

Toutes les données restantes du bloc appartiennent à la transaction de récompense.

 

La version de la transaction

0x00000001

La version de la transaction indique comment celle-ci doit être interprétée. Elle est fixée à 1 conformément au protocole initial. Aujourd'hui, il existe également une version 2 qui autorise l'usage des verrous temporels relatifs (voir BIP-68).

 

Le nombre d'entrées de la transaction

0x01

La transaction contient une seule entrée : la base de pièce, ou coinbase, qui permet de créer ex nihilo les nouveaux bitcoins et de recueillir les frais de transaction. Cette entrée est donc purement superflue, mais permet de conserver une certaine cohérence dans l'implémentation logicielle. Elle est constituée des champs identifiant la sortie précédente (théorique), d'un script de déverrouillage et d'un numéro de séquence.

 

L'identifiant de transaction de la sortie précédente

0x0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000

Ce champ est utilisé dans les transactions pour dire à quel sortie transactionnelle correspond une entrée, en donnant l'identifiant de la transaction qui a créé la sortie. Puisqu'il s'agit d'une transaction de récompense qui ne fait pas référence à une sortie transactionnelle précédente, ce champ est fixé à 0 par convention.

 

L'index de la sortie précédente

0xffffffff

Ce champ est utilisé dans les transactions pour dire à quel sortie transactionnelle correspond une entrée, en donnant la position de la sortie dans la transaction qui l'a créée. Puisqu'il s'agit d'une transaction de récompense qui ne fait pas référence à une sortie transactionnelle précédente, ce champ est fixé au maximum par convention.

 

Le script de déverrouillage (scriptSig)

0x04ffff001d0104455468652054696d65732030332f4a616e2f32303039204368616e63656c6c6f72206f6e206272696e6b206f66207365636f6e64206261696c6f757420666f722062616e6b73

Dans Bitcoin, le script de déverouillage est combiné à un script de verrouillage précédent et détermine la validité d'une dépense. Il contient généralement les signatures nécessaires à la dépense d'une pièce et est par conséquent souvent appelé scriptSig. Dans le cas d'une transaction de récompense, l'entrée ne fait référence à aucune sortie transactionnelle existante et ce script peut donc contenir des données arbitraires.

Ici, le script se présente de la manière suivante :

<valeur cible> <nonce supplémentaire> <chaîne de caractères>

Ainsi, il est constitué de trois informations :

  • Tout d'abord, la valeur cible du bloc, donnée en sens inverse, conformément à la façon dont elle est représentée dans le code : 0xffff001d
  • Ensuite, un nonce supplémentaire (0x04), ou extra nonce, mis en place par Satoshi dans le code du logiciel. Le nonce supplémentaire du bloc de genèse a pour valeur 4, et ceux des blocs suivants sont croissants : celui du bloc 1 est aussi égal à 4, celui du bloc 2 à 11, celui du bloc 3 à 14, etc. La variation de ce nonce supplémentaire au sein des blocs a permis de mettre en évidence un motif particulier, appelé le « Patoshi Pattern », qui détermine précisément les blocs minés par Satoshi et qui démontre que sa fortune s'élève à plus de 1 125 150 bitcoins.
  • Enfin, une chaîne de caractères aujourd'hui emblématique, encodée en UTF-8, qui est :
    The Times 03/Jan/2009 Chancellor on brink of second bailout for banks

    Cette courte phrase correspond à la une du Times du 3 janvier 2009, qui annonçait que le ministre des finances du Royaume-Uni était sur le point de renflouer les banques pour la deuxième fois. Le Times étant un quotidien anglais, cela a mené à des spéculations quant à l'identité de Satoshi, qui écrivait également dans un anglais britannique.

The Times 3 janvier 2009 chancelier ministre des finances renflouement des banques

Cette phrase présente dans le script de la transaction de récompense possède un rôle double :

  • Premièrement, elle prohibe l'antidatage : sa présence dans le premier bloc, à partir duquel toute la chaîne est construite, prouve que le réseau de Bitcoin n'a pas été lancé avant le 3 janvier 2009. Cependant, cela ne veut pas dire que le bloc de genèse date bien du 3 janvier : en effet, il a pu être construit entre le 3 janvier (date de l'horodatage déclaré) et le 8 janvier (date de publication du code).
  • Deuxièmement, elle indique symboliquement ce à quoi Bitcoin s'oppose en faisant référence au contexte monétaire et financier de l'époque : le renflouement des grandes banques d'investissement par les États et par les banques centrales suite à la crise financière de 2007-2008. Il est d'ailleurs possible que Satoshi ait choisi cette date précisément pour sélectionner cette une.

Ce script de la base de pièce est encore utilisé de nos jours par les mineurs pour de multiples raisons. À l'instar de Satoshi, ils peuvent inclure des informations arbitraires dans le bloc et faire passer un message public au monde. Ç'a été le cas de la coopérative F2Pool qui, le 11 mai 2020, a évoqué l'injection de liquidité de la Réserve Fédérale en réaction à la crise du covid-19 au sein du bloc 629 999 (le bloc précédant le troisième halving) :

NYTimes 09/Apr/2020 With $2.3T Injection, Fed's Plan Far Exceeds 2008 Rescue

Les regroupements de mineurs peuvent également s'identifier en indiquant leur nom, ce qui permet de juger de la décentralisation du réseau, même si cette pratique reste purement déclarative.

Enfin, les mineurs se servent encore de ce champ pour faire varier un nonce supplémentaire, le nonce de l'entête ne permettant plus depuis 2012 d'essayer suffisamment de possibilités par rapport à la difficulté élevée du réseau.

 

Le numéro de séquence (nSequence)

0xffffffff

Le numéro de séquence de l'entrée est maximal, ce qui fait que la transaction est considérée comme finale.

À l'origine, le numéro de séquence dans les entrées avait pour objectif de permettre les échanges répétés au sein de contrats, tels que les canaux de paiement. Ce modèle imaginé par Satoshi n'était pas suffisamment sécurisé et a par conséquent été abandonné. Cependant, la règle de finalité, qui fait que la transaction est considérée comme finale (pas de temps de verrouillage) si les numéros de séquence de toutes les entrées sont maximaux (comme ici), a été conservée.

Aujourd'hui, ce numéro de séquence est utilisé pour déterminer le temps de verrouillage relatif d'une entrée et pour signaler Replace-by-Fee.

 

Le nombre de sorties de la transaction

0x01

La transaction contient une seule sortie, celle créditant Satoshi de son revenu de minage. Cette sortie est constituée d'un montant et d'un script de verrouillage.

 

Le montant

0x000000012a05f200

Le montant de la sortie est donné dans la plus petite unité du système, unité qu'on a appelé le satoshi en hommage au créateur de Bitcoin. Ce montant correspond ici à 5 milliards de satoshis, soit 50 bitcoins. Il s'agit de la limite maximale du taux de création monétaire de l'époque (50 bitcoins par bloc).

 

Le script de verrouillage (scriptPubKey)

0x4104678afdb0fe5548271967f1a67130b7105cd6a828e03909a67962e0ea1f61deb649f6bc3f4cef38c4f35504e51ec112de5c384df7ba0b8d578a4c702b6bf11d5fac

Le scrpt de verrouillage est l'ensemble des conditions à fournir pour pouvoir dépenser la pièce correspondante. Ici, il possède la forme :

<clé publique> CHECKSIG

où la clé publique est 04678afdb0fe5548271967f1a67130b7105cd6a828e03909a67962e0ea1f61deb649f6bc3f4cef38c4f35504e51ec112de5c384df7ba0b8d578a4c702b6bf11d5f. Il s'agit donc d'une sortie transactionnelle de type Pay to Public Key (P2PK), un schéma utilisé dans les débuts de Bitcoin, qui demande une simple signature pour débloquer les fonds. Cela explique le nom donné couramment à ce script : scriptPubKey.

Bien souvent, cette sortie est rétrospectivement attribuée à l'adresse 1A1zP1eP5QGefi2DMPTfTL5SLmv7DivfNa, obtenue en prenant l'empreinte de la clé publique. Cela est néanmoins purement esthétique car c'est bien la clé publique elle-même qui a servi à recevoir les bitcoins, pas l'adresse.

Fait intéressant : cette sortie transactionnelle n'est pas considérée comme dépensable par le protocole en raison de la façon dont le bloc de genèse est exprimé dans le code. Cette erreur de programmation pourrait être corrigée par un hard fork, mais cela ne serait ni utile (Satoshi n'a pas touché à ses bitcoins depuis qu'il a disparu), ni même souhaitable (incompatibilité du protocole). Les 50 premiers bitcoins créés sont donc probablement brûlés à tout jamais.

 

Le temps de verrouillage (nLocktime)

0x00000000

Le temps de verrouillage (donnée globale appartenant à la transaction) détermine la date à partir de laquelle cette transaction pourra être confirmée. En étant fixé à zéro, celui-ci est désactivé.

 

Les autres chaînes

Si le bloc de genèse constitue un fondement du protocole Bitcoin, il sert également de base aux différentes branches minoritaires de Bitcoin qui possèdent le même historique jusqu'à leurs scissions respectives : Bitcoin Cash, Bitcoin SV, Bitcoin Gold ou encore eCash/XEC. D'autres protocoles possèdent leur propre bloc de genèse et certains d'entre eux ont également incorporé la une d'un journal ou d'un magazine pour garantir que le lancement du réseau ne s'est pas réalisé avant la date donnée. Ainsi, le bloc de genèse de Litecoin (datant du 7 octobre 2011) contient la phrase suivante :

NY Times 05/Oct/2011 Steve Jobs, Apple’s Visionary, Dies at 56

Celui de Dash (datant du 19 janvier 2014) inclut la une suivante :

Wired 09/Jan/2014 The Grand Experiment Goes Live: Overstock.com Is Now Accepting Bitcoins

 


Source

Bitcoin Wiki, Genesis block

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Rugby : Essai transformé pour OVAL3 !

By: La Rédaction Cointribune
Cartoon background of rugby stadium.

OVAL3 est une marque spécialisée dans le Web3 et le rugby, et elle vient de remporter la consultation lancée par la Ligue Nationale de Rugby (LNR). Elle se voit donc attribuer l’offre globale NFT Cards pour le rugby professionnel, dès la saison 2022/2023. Cette attribution des licences du TOP 14 et de la PRO D2 va permettre à OVAL3 et la LNR de faire entrer le rugby dans le monde des NFT et du Play & Own et partir à la conquête de nouveaux publics férus d’expériences immersives et de Web 3.0. 

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Forum Dakar Bitcoin Days : Le premier évènement crypto du Sénégal

By: Claude Bernardini
Dakar Bitcoin Days

Le premier évènement crypto du Sénégal bitcoin (BTC), le Forum Dakar Bitcoin Days, se tiendra les 2 et 3 décembre prochains à Dakar.

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Bitcoin – Semaine 41

By: Nicolas Teterel
bitcoin market

Guerre, envolée du prix du baril, planche à billets, hyperinflation… Face au chaos ambiant, Bitcoin semble enfin tirer son épingle du jeu. Bitcoin – bilan du troisième trimestre Après avoir abandonné 58 % au cours du second trimestre, le bitcoin s’est relevé de 4 % au T3. Sa capitalisation de marché atteignait 383 milliards de […]

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Crypto : Découvrez le BGB de Bitget !

By: La Rédaction Cointribune
bitget, social trading, copy trading, derives, derivatives

Bitget est désormais la cinquième plus grande plateforme de produits dérivés au monde et la plus grande plateforme de copy-trading en cryptomonnaies au monde. Dans cet article, découvrez le BGB, le token de Bitget.

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Les pertes latentes colossales des banques centrales

By: Nicolas Teterel
banques centrales

Le marché obligataire mondial a perdu 12 000 milliards de dollars. Les pertes latentes abyssales des banques centrales vont plomber les budgets gouvernementaux.

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Erdogan : L’agent double au service de Bitcoin (BTC) ?

By: La Rédaction Cointribune

Le président turc Erdogan a récemment annoncé qu’il continuerait à réduire les taux d’intérêt tous les mois tant qu’il serait au pouvoir. Pourtant, l’inflation a atteint en septembre un nouveau record depuis plus de 20 ans, approchant les 83 %. Alors que les banques centrales ont globalement fait le choix de durcir leur politique monétaire […]

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Le metaverse éducatif de Winkyverse fait fureur !

By: La Rédaction Cointribune
gaming, metaverse, web3, winkyverse, nft

Mainbot, la strat-up française à l'origine du robot ludo-éducatif Winky, vient d'annoncer que 75% des premiers terrains de son metaverse, The Winkyverse, ont été vendus en 3 jours !

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Crypto : Vers un réseau mondial de CBDC ?

By: Luc Jose Adjinacou
crypto-cbdc-swift

La plateforme SWIFT est utilisée par au moins 11 000 institutions, avec 4 milliards de comptes dans 200 pays. Elle est considérée comme le plus grand système de messagerie financière au monde. Il y a quelques mois, elle est intervenue pour soutenir l’Ukraine dans le conflit qui l’oppose à la Russie. En effet, SWIFT avait décidé d’empêcher la Russie de liquider des actifs et de transférer des fonds via son réseau. Parallèlement, la plateforme a lancé un programme pour évaluer la possibilité de relier différents systèmes de CBDC. Découvrez les conclusions de l’expérience CBDC de SWIFT.

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Lancement de la première sidechain publique Tezos (XTZ) ultra rapide !

By: La Rédaction Cointribune
Tezos, Marigold, Deku-c, Layer-2

Marigold offre une blockchain  nativement interopérable avec Tezos, grâce à sa solution Layer-2, qui permet une vitesse de transaction augmentée, de faibles frais d’utilisation et un haut niveau de sécurité.

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☐ ☆ ✇ La voie du ฿ITCOIN

114 - Avec Snowden

By: Jacques Favier

Je ne publie ici qu'une traduction, celle d'un article publié le 9 octobre sur son blog par Edward Snowden sous le titre Votre argent ET votre vie, Les monnaies numériques de banques centrales vont rançonner notre avenir.

Nul besoin de souligner qu'il est un homme dont la parole compte.

Compte tenu de la longueur de son texte, bien peu de gens feront réellement l'effort de le lire en anglais même si chacun jurera le contraire, comme on jure n'avoir aucun problème à tenir une réunion de travail en anglais, en plein Paris, dès qu'on a cru devoir inviter un néo-irlandais, et avant que chacun ne bredouille lamentablement.

D'autre part comme la Banque de France ne communique pratiquement plus qu'en anglais, autant en prendre là-aussi le contrepied !

C'est tout ce que j'ai à dire ; la suite (que l'on peut aussi entendre en lecture sur Grand Angle Crypto) est la traduction de son article, avec ses illustrations, sans commentaires de ma part. J'en aurais bien faits quelques-uns, mais marginaux, notamment sur des points de chronologie. D'autre part certains liens sont restés pointés vers des sources en langue anglaise. Tout cela parce que mes journées n'ont que 24 heures.

1

Les nouvelles, ou nouvelles, de cette semaine concernant la capacité du Trésor américain, ou sa volonté, ou simplement sa tentation d'essayer un troll : frapper une pièce de monnaie en platine d'un trillion de dollars (1 000 000 000 000 $) afin de repousser la limite de la dette du pays m'ont rappelé d'autres lectures monétaires que j'ai faites cet été sous le dôme de chaleur, lorsqu'il est devenu évident pour beaucoup que le plus grand obstacle à tout nouveau projet de loi sur les infrastructures américaines ne serait pas le plafond de la dette, mais le plancher du Congrès.

Cette lecture, que j'ai effectuée tout en préparant le déjeuner à l'aide de mon infrastructure préférée, savoir l'électricité, était la transcription d'un discours prononcé par un certain Christopher J. Waller, gouverneur fraîchement nommé du 51ème et plus puissant État des États-Unis, la Réserve fédérale.

Le sujet de ce discours ? Les CBDC - qui ne sont malheureusement pas une nouvelle forme de cannabinoïde qui vous aurait échappé, mais plutôt l'acronyme de Central Bank Digital Currencies - le tout dernier danger qui se profile à l'horizon public.

Avant d'aller plus loin, permettez-moi de dire qu'il m'a été difficile de déterminer ce qu'est exactement ce discours - s'il s'agit d'un  minority report  ou simplement d'une tentative de plaire à ses hôtes, l'American Enterprise Institute.

Mais étant donné que Waller, un économiste nommé à la dernière minute par Trump à la Fed, exercera son mandat jusqu'en janvier 2030, nous, lecteurs de midi, pourrions y voir une tentative d'influencer la politique future, et plus précisément d'influencer le  document de discussion de la Fed , tant attendu et toujours à venir - un texte rédigé par un groupe - sur le thème des coûts et des avantages de la création d'une CBDC.

Précisons : sur les coûts et les avantages de la création d'une CBDC américaine, car la Chine en a déjà annoncée une, tout comme une douzaine d'autres pays, dont récemment le Nigeria, qui lancera début octobre l'eNaira.

À ce stade, le lecteur qui n'est pas encore abonné à ce Substack peut se demander ce qu'est une monnaie numérique de banque centrale.

Lecteur, je vais vous le dire ou plutôt je vais vous dire ce qu'une CBDC n'est PAS. Ce n'est PAS, comme Wikipedia pourrait vous le dire, un dollar numérique. Après tout, la plupart des dollars sont déjà numériques, n'existant pas sous la forme d'un objet plié dans votre portefeuille, mais sous la forme d'une entrée dans la base de données d'une banque, interrogée puis restituée fidèlement sur l'écran de votre smartphone.

(notez que dans tous ces exemples, l'argent ne peut vivre autrement que sous la surveillance de la Banque centrale.)

Une monnaie numérique de banque centrale n'est pas davantage une adoption de la cryptomonnaie au niveau de l'État - du moins pas de la cryptomonnaie telle que la comprennent actuellement la plupart des personnes qui l'utilisent dans le monde.

Au lieu de cela, une CBDC est plus proche d'une perversion de la cryptomonnaie, ou du moins des principes et des protocoles fondateurs de la cryptomonnaie : une monnaie cryptofasciste, un jumeau maléfique entré dans les registres le jour opposé, expressément conçu pour refuser à ses utilisateurs la propriété fondamentale de leur argent et pour installer l'État au centre d'intermédiation de chaque transaction.

2

Pendant les milliers d'années qui ont précédé l'avènement des CBDC, l'argent - l'unité de compte conceptuelle que nous représentons par des objets généralement physiques et tangibles que nous appelons monnaie - a été principalement incarné sous la forme de pièces frappées dans des métaux précieux. L'adjectif  précieux  - qui fait référence à la limite fondamentale de la disponibilité établie par la difficulté de trouver et d'extraire du sol la marchandise intrinsèquement rare - était important, car tout le monde peut triche : l'acheteur sur le marché peut rogner sa pièce de métal et en remiser les restes, le vendeur sur un marché peut peser la pièce de métal sur des balances déloyales, et le monnayeur de la pièce, qui est généralement le roi, ou l'État, peut abaisser l'aloi du métal de la pièce en y mêlant des matériaux de moindre qualité, sans parler d'autres méthodes comme le seigneuriage.

(Contemplez la loi dans toute sa gloire !)

L'histoire de la banque est, à bien des égards, l'histoire de cette dilution. En effet, les gouvernements ont rapidement découvert que, par le biais d'une simple législation, ils pouvaient déclarer que tout le monde sur leur territoire devait accepter que les pièces de cette année soient égales à celles de l'année précédente, même si les nouvelles pièces contenaient moins d'argent et plus de plomb. Dans de nombreux pays, les peines encourues pour avoir mis en doute ce système, voire pour avoir signalé la falsification, étaient au mieux la saisie des biens, au pire la pendaison, la décapitation ou la mort par le feu.

Dans la Rome impériale, cette dégradation de la monnaie, que l'on pourrait décrire aujourd'hui comme une  innovation financière , allait servir à financer des politiques auparavant inabordables et des guerres éternelles, pour aboutir finalement à la crise du IIIème siècle et à l'Édit de Dioclétien sur le maximum, qui a survécu à l'effondrement de l'économie romaine et de l'empire lui-même d'une manière tout à fait mémorable :

Fatigués de transporter de lourds sacs de dinars et de deniers, les marchands après la crise du troisième siècle, et en particulier les marchands voyageurs, ont imaginé des formes plus symboliques de monnaie, et ont ainsi créé la banque commerciale - la version plébéienne des trésors royaux - dont les premiers instruments et les plus importants furent les billets à ordre institutionnels, qui n'avaient pas de valeur intrinsèque propre mais étaient garantis par une marchandise : il s'agissait de morceaux de parchemin ou de papier qui représentaient le droit d'être échangé contre une certaine quantité d'une monnaie ayant plus ou moins de valeur intrinsèque.

Les régimes qui ont émergé des incendies de Rome ont étendu ce concept pour établir leurs propres monnaies convertibles, et de petits bouts de chiffon ont circulé dans l'économie aux côtés de leurs équivalents en pièces de monnaie de valeur symbolique identique, mais de valeur intrinsèque distincte. En commençant par l'augmentation de l'impression de billets de banque, en continuant par l'annulation du droit de les échanger contre de la monnaie, et en culminant avec la dépréciation de la monnaie elle-même par le zinc et le cuivre, les villes-États et plus tard les États-nations entreprenants ont finalement obtenu ce que notre vieil ami Waller et ses copains de la Fed décriraient généreusement comme une monnaie souveraine  : une belle serviette de table.

(La monnaie souveraine, telle qu'on peut la rencontrer dans l'histoire)

Une fois que la monnaie est comprise de cette manière, il n'y a qu'un pas à franchir entre la serviette de table et le réseau internet. Le principe est le même : le nouveau jeton numérique circule aux côtés de l'ancien jeton physique de plus en plus absent. Au début.

Tout comme le vieux certificat d'argent américain en papier pouvait être échangé contre un dollar d'argent brillant d'une once, le solde de dollars numériques affiché sur l'application bancaire de votre téléphone peut encore être échangé dans une banque commerciale contre une serviette verte imprimée, tant que cette banque reste solvable ou conserve son assurance-dépôt.

Si cette promesse de rachat vous semble un maigre réconfort, vous feriez bien de vous rappeler que la serviette en papier dans votre portefeuille vaut toujours mieux que ce contre quoi vous l'avez échangée : une simple créance sur une serviette en papier pour votre portefeuille. De plus, une fois que cette serviette en papier est bien rangée dans votre sac à main ou votre porte-monnaie, la banque n'a plus le droit de décider, ni même de savoir, comment et où vous l'utilisez. Enfin, la serviette en papier fonctionnera toujours en cas de panne du réseau électrique.

C'est finalement l'accessoire idéal pour le déjeuner de tout lecteur.

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Les partisans des CBDC affirment que ces monnaies strictement centralisées représentent la réalisation d'un étalon nouveau et audacieux - pas un étalon d'or, ni un étalon d'argent, ni même un étalon fondé sur une blockchain, mais quelque chose comme un étalon de feuille de calcul, où chaque dollar émis par une banque centrale est détenu par un compte géré par une banque centrale, enregistré dans un vaste registre d'État qui peut être continuellement examiné et éternellement révisé.

Les partisans de la CBDC affirment que cela rendra les transactions quotidiennes à la fois plus sûres (en éliminant le risque de contrepartie) et plus faciles à taxer (en rendant presque impossible de cacher de l'argent au gouvernement).

Les opposants à la CBDC, cependant, citent ces mêmes prétendues  sécurité  et  facilité  pour affirmer qu'un e-dollar, par exemple, n'est qu'une extension ou une manifestation financière de l'État de surveillance qui ne cesse de s'étendre. Pour ces critiques, la méthode par laquelle cette proposition éradique tant les risques de la faillite que les fraudeurs fiscaux dessine une ligne rouge vif autour son défaut mortel : cela ne se fait qu'au prix de l'installation de l'État, désormais au courant de l'utilisation et de la détention de chaque dollar, au centre de toute interaction monétaire. C'est le modèle chinois, s'écrient les chantres de la serviette en papier. Or en Chine, la nouvelle interdiction du bitcoin ainsi que la mise en circulation du yuan numérique, ont clairement pour but d'accroître la capacité de l'État à servir d'intermédiaire - à s'imposer au milieu de la moindre transaction.

L'intermédiation et son contraire, la désintermédiation, constituent le cœur du sujet, et il est remarquable de constater à quel point le discours de Waller s'appuie sur ces termes, dont les origines ne se trouvent pas dans la politique capitaliste mais, ironiquement, dans la critique marxiste. Ce qu'ils signifient, c'est le point de savoir qui ou quoi se tient entre votre argent et vos intentions à son égard.

Ce que certains économistes ont récemment pris l'habitude d'appeler, avec une emphase péjorative suspecte, les  cryptomonnaies décentralisées  - c'est-à-dire Bitcoin, Ethereum et autres - sont considérées par les banques centrales et commerciales comme de dangereux désintermédiateurs, précisément parce qu'elles ont été conçues pour assurer une protection égale à tous les utilisateurs, sans privilèges spéciaux accordés à l'État.

Cette crypto - dont la technologie même a été créée principalement pour corriger la centralisation qui la menace aujourd'hui - était, est généralement, et devrait être constitutionnellement indifférente à qui la possède et pour quoi faire on l'utilise. Pour les banques traditionnelles, cependant, sans parler des États dotés de monnaies souveraines, c'est inacceptable : ces concurrents cryptographiques représentent une perturbation historique, promettant la possibilité de stocker et de déplacer une valeur vérifiable indépendamment de l'approbation de l'État, et plaçant ainsi leurs utilisateurs hors de portée de Rome. L'opposition à un tel libre-échange est trop souvent dissimulée sous un vernis de préoccupation paternaliste, l'État affirmant qu'en l'absence de sa propre intermédiation affectueuse, le marché se transformera inévitablement en tripots illégaux et en repaires de chair où règnent la fraude fiscale, le trafic de drogue et le trafic d'armes.

Il est toutefois difficile de soutenir cette affirmation lorsque, selon nul autre que le Bureau du financement du terrorisme et des crimes financiers du Département du Trésor américain,  bien que les monnaies virtuelles soient utilisées pour des transactions illicites, le volume est faible par rapport au volume d'activités illicites réalisées par le biais des services financiers traditionnels .

Les services financiers traditionnels, bien sûr, étant le visage et la définition même de l'intermédiation - des services qui cherchent à extraire pour eux-mêmes une partie de chacun de nos échanges.

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Ce qui nous ramène à Waller, que l'on pourrait qualifier d'anti-désintermédiateur, de défenseur du système bancaire commercial et de ses services qui stockent et investissent (et souvent perdent) l'argent que le système bancaire central américain, la Fed, décide d'imprimer (souvent au milieu de la nuit).

(Vous seriez surpris de savoir combien de faiseurs d'opinion sont prêts à admettre publiquement qu'ils ne peuvent pas faire la différence entre un tour de passe-passe comptable et l'impression de monnaie.)

Et pourtant, j'admets que je trouve toujours ses remarques fascinantes, principalement parce que je rejette son raisonnement mais que je suis d'accord avec ses conclusions.

L'opinion de Waller, ainsi que la mienne, est que les États-Unis n'ont pas besoin de développer leur propre CBDC. Pourtant, si Waller pense que les États-Unis n'ont pas besoin d'une CBDC parce que leur secteur bancaire commercial est déjà robuste, je pense que les États-Unis n'ont pas besoin d'une CBDC malgré les banques, dont les activités sont, à mon avis, presque toutes mieux et plus équitablement accomplies de nos jours par l'écosystème robuste, diversifié et durable des crypto-monnaies non étatiques (traduction : crypto ordinaire).

Je risque de perdre fort peu de lecteurs en affirmant que le secteur bancaire commercial n'est pas, comme l'affirme Waller, la solution, mais en fait le problème - une industrie parasite et totalement inefficace qui s'est attaquée à ses clients en toute impunité, soutenue par des renflouements réguliers de la Fed, grâce à la fiction douteuse qu'elle est  trop grosse pour faire faillite .

Mais même si le complexe industriel bancaire s'est agrandi, son utilité a diminué, surtout par rapport à la cryptomonnaie. Autrefois, les banques commerciales étaient les seules à sécuriser les transactions risquées, en assurant le dépôt fiduciaire et la réversibilité. De même, le crédit et l'investissement n'étaient pas disponibles, et peut-être même inimaginables, sans elle. Aujourd'hui, vous pouvez profiter de tout cela en trois clics.

Pourtant, les banques ont un rôle plus ancien. Depuis la création de la banque commerciale, ou du moins depuis sa capitalisation par la banque centrale, la fonction la plus importante du secteur a été le mouvement de l'argent, remplissant la promesse de ces anciens billets à ordre en permettant leur remboursement dans différentes villes ou dans différents pays, et en permettant tant aux détenteurs qu'aux payeurs de ces billets d'effectuer des transactions en leur nom et au nom d'autres personnes sur des distances similaires.

Pendant la majeure partie de l'histoire, le déplacement de l'argent de cette manière nécessitait son stockage en grande quantité - ce qui nécessitait la sécurité concrète des coffres et des gardes. Mais à mesure que l'argent intrinsèquement précieux a cédé la place à nos petites serviettes de table, et que les serviettes de table cèdent la place à leurs équivalents numériques intangibles, cela a changé.

Aujourd'hui, cependant, il n'y a pas grand-chose dans les coffres. Si vous entrez dans une banque, même sans masque sur le visage, et que vous tentez un retrait important, on vous dira presque toujours de revenir mercredi prochain, car la monnaie physique que vous demandez doit être commandée auprès de la rare succursale ou réserve qui en dispose. Quant au gardien, malgré la place mythologique qu'il occupe dans vos représentations avec le granit et le marbre qu'il arpente, ce n'est plus qu'un vieil homme aux pieds fatigués, trop peu payé pour utiliser l'arme qu'il porte.

Voilà à quoi les banques commerciales ont été réduites : des services intermédiaires de commande d'argent qui profitent des pénalités et des frais, sous la protection de votre grand-père.

En somme, dans une société de plus en plus numérique, il n'y a pratiquement rien qu'une banque puisse faire pour donner accès à vos actifs et les protéger qu'un algorithme ne puisse reproduire et améliorer, si ce n'est qu'à l'approche de Noël, les cryptomonnaies ne distribuent pas des petits calendriers de bureau.

Mais revenons à l'agent de sécurité de la banque, qui, après avoir aidé à fermer la banque pour la journée, va probablement exercer un deuxième emploi, pour joindre les deux bouts - dans une station-service, par exemple.

Une CBDC lui sera-t-elle utile ? Un e-dollar améliorera-t-il sa vie, plus qu'un dollar en espèces, ou qu'un équivalent en bitcoin, ou en un stablecoin, ou même en un stablecoin assuré par la Federal Deposit Insurance Corp ?

Disons que son médecin lui a dit que la nature sédentaire de son travail à la banque a eu un impact sur sa santé et a contribué à une dangereuse prise de poids. Notre gardien doit réduire sa consommation de sucre, et sa compagnie d'assurance privée - avec laquelle il a été publiquement mandaté pour traiter - commence maintenant à suivre son état prédiabétique et transmet des données sur cet état aux systèmes qui contrôlent son portefeuille CBDC, de sorte que la prochaine fois qu'il va à l'épicerie et essaie d'acheter des bonbons, il est rejeté - il ne peut pas - son portefeuille refuse tout simplement de payer, même si son intention était d'acheter ces bonbons pour sa petite-fille.

Ou bien, disons que l'un de ses e-dollars, qu'il a reçu en guise de pourboire à son travail dans une station-service, est ensuite enregistré par une autorité centrale comme ayant été utilisé, par son précédent détenteur, pour effectuer une transaction suspecte, qu'il s'agisse d'un trafic de drogue ou d'un don à une organisation caritative totalement innocente et, en fait, totalement favorable à la vie, opérant dans un pays étranger jugé hostile à la politique étrangère des États-Unis, et qu'il est donc gelé et doit même être confisqué à titre de  geste citoyen . Comment notre gardien assiégé pourra-t-il le récupérer ? Sera-t-il un jour en mesure de prouver que cet e-dollar lui appartient légitimement et d'en reprendre possession, et combien cette preuve lui coûtera-t-elle en fin de compte ?

Notre gardien gagne sa vie avec son travail, il la gagne avec son corps, et pourtant, lorsque ce corps tombera inévitablement en panne, aura-t-il amassé suffisamment d'argent pour prendre une retraite confortable ? Et si ce n'est pas le cas, pourra-t-il jamais espérer compter sur la bienveillance de l'État, ou même sur des dispositions adéquates, pour son bien-être, ses soins, sa guérison ?

C'est la question à laquelle j'aimerais que Waller, que la Fed, le Trésor et le reste du gouvernement américain répondent :

De toutes les choses qui pourraient être centralisées et nationalisées dans la vie de ce pauvre homme, est-ce que ce devrait être son argent ?

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