L'année 2023 dans Bitcoin a été marquée par l'émergence et le succÚs des métaprotocoles Ordinals et BRC-20. Ce ne sont en effet pas les demandes d'ETF qui ont animé le plus les discussions au cours de cette année, mais la création et l'échange de jetons fongibles et non fongibles (NFT) par l'intermédiaire de ces standards. Cela s'explique par la vague spéculative ayant eu lieu à propos de ces jetons, et par l'encombrement de l'espace de bloc qu'elle a entraßné, menant à une hausse des frais de transaction considérable. Une certaine tension s'est installée et fait ressurgir des questions comme celle de l'utilisation légitime du protocole ou celle de la censure. C'est ce dont nous parlerons ici, en guise de rétrospective.
Ordinals, le protocole d'inscription et de transfert de NFT
Le protocole Ordinals a Ă©tĂ© conçu par Casey Rodarmor, dĂ©veloppeur reconnu dans la communautĂ© de Bitcoin. Ce protocole permet l'Ă©mission et le transfert de jetons non fongibles, aussi appelĂ©s NFT pour non-fungible tokens. La particularitĂ© de ces « artĂ©facts numĂ©riques » est que toutes leurs donnĂ©es sont inscrites sur la chaĂźne de blocs et qu'ils sont suivis et transfĂ©rĂ©s via une numĂ©rotation des satoshis par nombres ordinaux, d'oĂč le nom du protocole. CrĂ©er des NFT sur la chaĂźne de BTC Ă©tait dĂ©jĂ possible depuis 2014 par le biais du mĂ©taprotocole Counterparty, mais le contenu liĂ© n'Ă©tait pas conservĂ© sur la chaĂźne.
Cette possibilitĂ© d'inscription, mĂȘme si elle existait antĂ©rieurement sous une forme plus indirecte, a Ă©tĂ© largement facilitĂ©e par la mise Ă niveau Schnorr-Taproot qui s'est produite le 14 novembre 2021. En effet, les inscriptions Ordinals sont rĂ©alisĂ©es au sein d'un script de dĂ©verouillage placĂ© dans le tĂ©moin de la transaction et Ă©crit Ă l'aide de Tapscript. Les inscriptions sont identifiĂ©es Ă l'aide de la structure particuliĂšre du script et en particulier par l'indicateur ord
.
Elles bĂ©nĂ©ficient du calcul des frais liĂ© Ă SegWit qui pondĂšre les donnĂ©es du tĂ©moin de façon quatre fois moins importante que les autres donnĂ©es de la transaction. Cette caractĂ©ristique donne a cette mĂ©thode un avantage par rapport au schĂ©ma d'inscription de donnĂ©es NULLDATA, qui utilise l'opĂ©rateur OP_RETURN pour stocker des donnĂ©es dans des sorties « classiques » indĂ©pensables. De plus, le fait de passer par Tapscript permettent Ă ces inscriptions de ne pas ĂȘtre limitĂ©es en taille par les restrictions des scripts classiques : celle des 3,6 ko standards, dont le respect est nĂ©cessaire Ă la bonne diffusion de la transaction sur le rĂ©seau (rĂšgle de mempool), et celle des 10 ko obligatoires, qui doit ĂȘtre respectĂ©e pour l'inclusion dans un bloc (rĂšgle de consensus). La taille d'une inscription Ordinals est donc plafonnĂ©e uniquement par la taille limite des blocs.
Le protocole Ordinals a été lancé officiellement le 20 janvier 2023 (UTC). Il a provoqué immédiatement le débat, comme en témoigne l'article de Pourtreaux publié le 25. Le 2 février, une image de prÚs de 4 Mo a été incluse dans le bloc 774 628, suscitant l'émoi dans la communauté. Il s'agissait d'une image des « Taproot Wizards », détournement du mÚme de la Magic Internet Money contenant notamment les lunettes de soleil usuellement arborées par Udi Wertheimer, l'un des instigateurs de cette tendance. Le bloc était le plus gros bloc jamais miné sur BTC et l'est toujours aujourd'hui.
Ordinals a connu un succÚs fulgurant. Présenté comme une nouveauté, ce modÚle a tout de suite plu aux artistes et aux spéculateurs en tous genres. Son succÚs a été tel que le sujet a été abordé par la presse généraliste, particuliÚrement friande de ce genre de phénomÚne. Mais il a vite été remplacé par un protocole autrement plus viral : la norme BRC-20.
BRC-20 : des jetons fongibles basés sur les inscriptions Ordinals
Le succĂšs d'Ordinals a donnĂ© des idĂ©es aux gens. Ă'a Ă©tĂ© le cas du dĂ©veloppeur et analyste domo qui a dĂ©voilĂ© le standard BRC-20 le 9 mars 2023 (UTC). Les jetons BRC-20, appelĂ©s comme tels en rĂ©fĂ©rence Ă la norme ERC-20 prĂ©sente sur Ethereum, sont des jetons fongibles, c'est-Ă -dire que chaque unitĂ© du jeton est interchangeable avec une autre.
Le principe du standard BRC-20 est d'inscrire des fichiers JSON sur la chaßne afin d'effectuer des opérations sur les unités de compte. Trois fonctions existent : deploy
, qui permet de créer un nouveau jeton sur le réseau, mint
, qui permet de forger de nouvelles unités, et transfer
, qui permet de transfĂ©rer les unitĂ©s en notre possession. Chaque jeton a son sigle boursier, son plafond d'unitĂ©s en circulation et sa limite d'Ă©mission par transaction. Ă titre d'illustration, voici le fichier de dĂ©ploiement du jeton ordi (le premier jeton crĂ©Ă© par domo lui-mĂȘme et leader actuel du marchĂ© des BRC-20) inscrit le 8 mars dans le bloc 779 832 :
{ "p": "brc-20", "op": "deploy", "tick": "ordi", "max": "21000000", "lim": "1000" }
Là encore, les jetons fongibles sur Bitcoin ne forment pas quelque chose d'entiÚrement nouveau. En 2013-2014, on pouvait déjà émettre et utiliser des piÚces colorées, qui ont d'ailleurs eu leur petit succÚs à l'époque, à l'instar des Open Assets de Coinprism, des CoinSpark assets de Coin Sciences, et des Colored Coins de Colu. Les BRC-20 nous rappellent aussi les user currencies qu'il était possible de créer sur le protocole Mastercoin (aujourd'hui appelé Omni), dont faisait partie notamment le stablecoin Tether USD (émis initialement sous le nom de Realcoin en 2014).
L'avantage de la norme BRC-20 est qu'elle est trÚs simple et qu'elle se fonde sur un protocole existant trÚs à la mode. Cependant, elle constitue aussi une piÚtre implémentation de jetons, non optimisée. Par exemple, les transferts nécessitent deux transactions : l'une pour autoriser le transfert par le biais d'un nouveau fichier JSON et l'autre pour effectuer le déplacement des satoshis à l'adresse souhaitée. Il est donc nécessaire de réécrire à chaque fois toutes les données liées au jeton (l'indicateur ord
, le format du fichier, et le fichier lui-mĂȘme) sur la chaĂźne. De plus, des clients d'indexation doivent ĂȘtre dĂ©ployĂ©s pour suivre la distribution des jetons, ce qui est une charge non nĂ©gligeable.
DĂšs le dĂ©but, domo lui-mĂȘme expliquait dans un avertissement prĂ©cĂ©dant la description technique de son protocole :
« Il s'agit uniquement d'une norme expĂ©rimentale amusante dĂ©montrant qu'il est possible de crĂ©er des Ă©tats de solde en dehors de la chaĂźne Ă l'aide d'inscriptions. Elle ne doit en aucun cas ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme LA norme pour la fongibilitĂ© sur Bitcoin avec Ordinals, car je pense qu'il est trĂšs certainement possible de faire des meilleurs choix de conception et des optimisations. Par consĂ©quent, il s'agit d'une expĂ©rience extrĂȘmement Ă©volutive, et je dĂ©conseille fortement de prendre des dĂ©cisions financiĂšres Ă partir de ce modĂšle. »
domo, brc-20 experiment, 10 mars 2023
La réelle particularité des BRC-20 est leur procédé d'émission. En effet, les jetons sont forgés par des transactions Bitcoin, contenant l'inscription liée à l'instruction mint
. Une limite d'Ă©mission par transaction est dĂ©terminĂ©e dĂšs le dĂ©but (pour l'ordi il s'agit de 1000 unitĂ©s) ainsi qu'un plafond total (21 millions pour l'ordi). N'importe qui peut donc participer Ă la crĂ©ation initiale des jetons. Une fois qu'ils ont tous Ă©tĂ© forgĂ©s, il n'est plus possible d'en crĂ©er de nouveaux, Ă moins de modifier la norme BRC-20 elle-mĂȘme.
Cette particularité donne une certaine rareté aux unités et c'est ce qui semble plaire. à ma connaissance, aucun BRC-20 n'a de cas d'utilisation revendiqué. Il s'agit essentiellement de memecoins servant de support à la spéculation.
L'envolée des frais de transaction
Comme on le sait, la taille des blocs de BTC est limitĂ©e par un paramĂštre appelĂ© la limite de poids. Le poids d'une transaction est dĂ©fini comme Ă©tant la moyenne pondĂ©rĂ©e de la taille des donnĂ©es de base et de la taille du tĂ©moin contenant les signatures, cette derniĂšre impactant quatre fois moins la mĂ©trique. Le poids d'un bloc est la somme du poids des transactions qu'il contient. Le total est limitĂ© Ă 4 millions d'unitĂ©s, ce qui correspond Ă environ 1,8 Mo pour un bloc contenant des transactions « normales » et qui peut aller jusqu'Ă 4 Mo pour un bloc incluant des transactions « atypiques ». MĂȘme si cette limite est complexe Ă apprĂ©hender, elle rend l'espace de bloc rare, ce qui peut soumettre les utilisateurs Ă une rude concurrence pour la confirmation de leurs transactions et conduire Ă une hausse significative des frais.
Le succĂšs des Ordinals, et a fortiori des BRC-20, a eu pour effet de remplir l'espace de bloc disponible. DĂšs fĂ©vrier, les inscriptions ont abreuvĂ© les mempools des nĆuds et ont commencĂ© Ă prendre la place des transactions financiĂšres dans les blocs de la chaĂźne. Puis les jetons BRC-20 ont progressivement supplantĂ© les artĂ©facts numĂ©riques au sein des blocs, faisant monter les frais en flĂšche au dĂ©but du mois de mai.
Cette tendance s'explique par le fonctionnement particulier de ces jetons, décrit ci-dessus. Ces derniers sont forgés par les utilisateurs qui publient des transactions : quand leur prix monte sur le marché, il est rentable de publier de nouvelles transactions pour s'en procurer, ce qui mÚne in fine à un encombrement de l'espace de bloc.
Ainsi, c'est la spéculation autour de ces jetons qui est responsable de la montée record des frais qui a suivi. Cette spéculation a été nourrie par le déploiement de places de marché. DÚs avril, des services d'échange ont commencé à émerger, comme Ordswap OTC ou UniSat Marketplace. RelayX, un service de swap fonctionnant sur Bitcoin SV, s'est vite adapté pour prendre en charge les principaux BRC-20. Puis des plateformes de change reconnues sont rentrées dans la dance : Gate.io a commencer à intégrer les BRC-20 à son offre avec l'ordi le 8 mai, BitMart l'a fait le 9 mai, OKX le 20 mai et KuCoin le 1er juin. à l'automne, aprÚs quelques mois d'accalmie, la tendance est revenue. C'est alors que Binance a listé l'ordi le 7 novembre 2023, ce qui a lancé une nouvelle vague spéculative. Le cours du jeton ordi est passé de 0,10 $ en avril à prÚs de 20 $ en mai, puis est redescendu et est remonté pour atteindre 75 $ le 26 décembre.
Les frais de transaction sont montés en conséquence. Ils ont connu un premier pic en mai, mois durant lequel les frais médians ont pu atteindre 20 $ par transaction au maximum. Puis une nouvelle hausse à eu lieu durant l'automne, bien plus importante et durable que la précédente, et les frais médians ont ainsi effleuré les 25 $ le 16 décembre !
Ces épisodes de hausse de frais ont posé des problÚmes fondamentaux, non pas en raison de leur niveau mais de leur volatilité. AprÚs tout, les frais médians gravitaient autour des 50 centimes pendant toute l'année, et personne ne s'attendait à ce qu'ils descendent. C'est leur variation brutale qui vient perturber le bon fonctionnement du systÚme : du jour au lendemain, certains cas d'usage sont anéantis et certaines piÚces (UTXO) deviennent « indépensables ».
Ces périodes de congestion du réseau ont également montré les limites des solutions de seconde couche ayant pour but de résoudre le problÚme du passage à l'échelle. En effet, les hausses des frais ont perturbé l'usage du réseau Lightning, en décuplant parfois le coût d'ouverture et de fermeture des canaux. Les soldes trop petits et les canaux à la capacité trop faible perdaient leur caractéristique de minimisation de la confiance, ceux-ci étant à la merci d'une fermeture non coopérative par un tiers.
La tentation de la censure
Le succĂšs des NFT Ordinals et des jetons BRC-20 a dĂ©clenchĂ© un fort rejet, qui a Ă©tĂ© exprimĂ© sous sa forme la plus extrĂȘme par le dĂ©veloppeur luke-jr, contributeur de longue date Ă Bitcoin Core et mainteneur de l'implĂ©mentation alternative Bitcoin Knots. En effet, en limitant l'espace de blocs et en faisant augmenter les frais, ces Ă©pisodes ont rĂ©duit l'utilitĂ© de Bitcoin en tant que monnaie, ce qui n'a pas manquĂ© d'attiser les tensions. En raison de leur caractĂšre principalement spĂ©culatif, ces jetons ont Ă©tĂ© qualifiĂ©s de « spam », de « dĂ©ni de service » ou d'« attaque ». La possibilitĂ© d'inscription a Ă©tĂ© elle appelĂ©e un « bug » et une « vulnĂ©rabilitĂ© ».
Ce rejet a fait naĂźtre la tentation de procĂ©der Ă des actions concrĂštes pour limiter voire supprimer cette activitĂ© jugĂ©e indĂ©sirable. Ces actions prĂ©conisĂ©es ont Ă©tĂ© communĂ©ment appelĂ©es de la censure, mĂȘme si chacune d'entre elles s'appliquait Ă un niveau diffĂ©rent.
La premiĂšre action proposĂ©e Ă©tait le non-relai des transactions contenant des inscriptions Ordinals dans les mempools des nĆuds. Cette proposition s'est matĂ©rialisĂ©e par un « correctif » appelĂ© Ordirespector, publiĂ© par luke-jr le 1er fĂ©vrier pour Bitcoin Core et adaptĂ© pour Umbrel et Citadel deux semaines plus tard. NĂ©anmoins, la mesure s'arrĂȘtait au relai de ces transactions : il s'agissait d'une rĂšgle de gestion pratique, un filtrage au niveau de la mempool du nĆud, et les blocs contenant des inscriptions Ordinals continuaient Ă ĂȘtre acceptĂ©s. Une utilisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de ce « correctif » aurait permis de gĂȘner la diffusion des inscriptions jusqu'aux mineurs, sans pour autant l'empĂȘcher totalement : on peut parfaitement imaginer que les mineurs, ayant intĂ©rĂȘt Ă miner ces transactions en raison de leurs frais, auraient pu mettre en place un nĆud public spĂ©cial pour les recevoir.
La deuxiĂšme action prĂ©conisĂ©e et appliquĂ©e a Ă©tĂ© le dĂ©ploiement de ce rejet au sein d'une coopĂ©rative miniĂšre, menant Ă la production de blocs ne contenant pas d'inscription Ordinals. Le dĂ©ploiement a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© au sein de la coopĂ©rative Ocean, lancĂ©e le 28 novembre 2023 par luke-jr et Jack Dorsey (ancien PDG de Twitter), qui se voulait ĂȘtre l'hĂ©ritiĂšre de l'ancienne coopĂ©rative Eligius, gĂ©rĂ©e par le mĂȘme luke-jr entre 2011 et 2017. Ocean se basait initialement sur Bitcoin Knots, qui rejetait les inscriptions Ordinals : cela fait que les quelques blocs qu'elle a produit en 2023 ne contenaient pas ces inscriptions mais uniquement des « transactions financiĂšres rĂ©elles » (ce qui impliquait tout de mĂȘme les transferts de NFT). De plus, l'implĂ©mentation limitait aussi les sorties NULLDATA Ă 40 octets de donnĂ©es utiles, de sorte qu'elle ignorait aussi d'autres transactions comme les transactions de rĂ©partition (« tx0 ») du service de mĂ©lange Whirlpool de Samourai Wallet. Il s'agit ici d'une censure passive, qui consiste Ă confirmer des transactions selon une logique non strictement Ă©conomique. Depuis le 21 dĂ©cembre cependant, Ocean est revenu sur cette mesure et les hacheurs de la coopĂ©rative peuvent dĂ©sormais choisir la politique qu'ils appliquent Ă leurs blocs entre trois possibilitĂ©s (Knots, Core + Ordisrespector, Core par dĂ©faut).
Enfin, la troisiĂšme proposition d'action a Ă©tĂ© celle de procĂ©der Ă un soft fork pour remĂ©dier au problĂšme d'Ordinals, partiellement ou totalement. Ce soft fork aurait Ă©tĂ© appliquĂ© par les mineurs (vraisemblablement) suite Ă la demande d'une partie de l'Ă©conomie. Il s'agissait ni plus ni moins de rĂ©aliser une censure active des transactions contenant des inscriptions, en invalidant les blocs incluant de telles transactions. Ce soft fork aurait pu conduire Ă une scission dans le cas oĂč il n'aurait pas Ă©tĂ© appliquĂ© par la puissance de calcul majoritaire.
Heureusement, un tel soft fork n'a pas eu lieu et il est peu probable qu'on en arrive lĂ . Cependant, si cette solution peut paraĂźtre drastique et contraire aux principes de Bitcoin, elle n'est pas impossible et il est toujours enrichissant de voir comment elle peut Ă©merger, y compris au sein de la communautĂ© de Bitcoin elle-mĂȘme. Les gens trouvent toujours des raisons pour vouloir censurer l'autre. Ă titre d'illustration, en janvier 2012, luke-jr avait rĂ©alisĂ© une attaque de censure complĂšte avec sa coopĂ©rative Eligius contre le systĂšme Coiledcoin, qui Ă©tait minĂ© en combinaison avec Bitcoin ; il n'est pas exclus qu'il recommence un jour si le besoin s'en fait ressentir.
Désapprouver et décourager, mais ne pas rejeter
Les protocoles Ordinals et BRC-20 ont donc marqué l'année 2023. Ils ont fait augmenter les frais de maniÚre drastique et fait surgir des discussions qui ne manqueront pas de réapparaßtre dans les années à venir. La censure a probablement été le sujet central, celle-ci trouvant des partisans plus ou moins zélés au sein de la communauté.
Rappelons que l'essence de Bitcoin est la rĂ©sistance Ă la censure. Se proposer de juger quelles transactions sont lĂ©gitimes ou pas en commençant Ă appliquer des mesures, c'est s'engager sur une pente savonneuse. MĂȘme si l'entrave de la diffusion sur le rĂ©seau et le filtrage des transactions au sein des blocs ne forment un problĂšme grave, ces actions prĂ©parent le terrain pour une forme de censure autrement plus menaçante : la censure active imposĂ©e par le rĂ©gulateur financier aux diffĂ©rentes coopĂ©ratives conformistes.
Cela Ă©tant dit, ne pas prĂŽner la censure des inscriptions ne veut pas dire qu'elles ne doivent pas ĂȘtre critiquĂ©es. Les jetons BRC-20 par exemple sont des objets spĂ©culatifs illustrant la dĂ©gĂ©nĂ©rescence du monde de la cryptomonnaie, dĂ©gĂ©nĂ©rescence qui a pour effet de perturber l'adoption durable et pĂ©renne des commerçants. Ne pas les empĂȘcher ne signifie pas les approuver : tout ce qu'un bitcoineur peut faire (si tant est qu'il doive faire quelque chose), c'est dĂ©courager cette tendance, en l'ignorant en premier lieu, puis en expliquant calmement Ă quel point elle est superficielle et sans fondement, et qu'elle a vocation Ă tomber dans l'oubli comme tous les autres engouements futiles avant elle. Bitcoin, de son cĂŽtĂ©, survivra.