La Fed surprend envisage des baisses de taux, tandis que la volatilité rÚgne sur les marchés cryptos.
Lâarticle Les marchĂ©s crypto en Ă©bullition : Cette semaine il y aura des remous ! est apparu en premier sur Cointribune.
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DâaprĂšs les principaux experts du secteur, la GameFi et le play-to-earn (P2E) devraient connaĂźtre une explosion en 2023-2025. Les nouveaux participants au marchĂ© dans ce secteur gagnent dĂ©jĂ une importante influence auprĂšs des investisseurs, souvent au dĂ©triment dâacteurs plus Ă©tablis sur le marchĂ© au sens large. La prĂ©vision du prix du Monero en 2025 illustre cette tendance. De nombreux investisseurs choisissent dĂ©sormais la star des jeux de crypto-monnaies Metacade plutĂŽt que Monero. Voici pourquoi.
En un rien de temps, Metacade, lâĂ©toile montante, est devenue lâun des acteurs les plus mĂ©diatisĂ©s du secteur de la GameFi. Metacade se distingue par le fait quâil se trouve Ă la rencontre de trois domaines clĂ©s : le mĂ©tavers, les jeux dâarcade et les crypto-monnaies. Lâobjectif de la sociĂ©tĂ© est de devenir le premier centre communautaire Web3 pour les joueurs, les dĂ©veloppeurs, les investisseurs et les fans de crypto-monnaies.Â
Metacade est trĂšs populaire auprĂšs des investisseurs, car il offre une vĂ©ritable valeur ajoutĂ©e Ă tous les joueurs de crypto-monnaies. Les joueurs de jeux blockchain bĂ©nĂ©ficient dâun choix inĂ©galĂ© de jeux avec un vĂ©ritable potentiel P2E. Les dĂ©veloppeurs bĂ©nĂ©ficient dâune plateforme oĂč ils peuvent tester et commercialiser leurs jeux, organiser des concours et trouver de nouveaux collaborateurs. Et les investisseurs et les fans de crypto peuvent gĂ©nĂ©rer des revenus grĂące Ă des opportunitĂ©s dâinvestissement et de staking rentables. Il y en a pour tout le monde !
Mark Twain a dit un jour : « Trouvez un travail que vous aimez faire, et vous nâaurez jamais Ă travailler un seul jour dans votre vie ». Ce sentiment sâapplique certainement aux joueurs de Metacade, qui peuvent percevoir des revenus grĂące Ă ses jeux Play2Earn, ses concours et tournois Compete2Earn, sa crĂ©ation de contenu Create2Earn et ses tests et emplois Work2Earn. Metacade met directement en relation les joueurs et les dĂ©veloppeurs, ouvrant ainsi des possibilitĂ©s dâĂ©tudes de marchĂ©, de nouveaux jeux et de recrutement.Â
Metacade, qui tĂ©moigne de son engagement envers ses membres, est Ă juste titre fier de son programme Metagrants. Les Metagrants fournissent des fonds aux crĂ©ateurs pour quâils dĂ©veloppent de nouveaux jeux passionnants sur la plateforme. Si lâon ajoute Ă cela le modĂšle communautaire de Metacade â qui aboutira Ă la crĂ©ation dâune DAO Ă part entiĂšre â il est clair que toutes les parties de la plateforme Metacade bĂ©nĂ©ficieront des effets de groupe.
Le principe de Monero (XMR) est simple : il permet dâeffectuer des transactions monĂ©taires de pair-Ă -pair qui sont secrĂštes, anonymes et intraçables. Cette fonctionnalitĂ© intelligente constitue la principale force de Monero (XMR) â et sa plus grande faiblesse. De nombreuses personnes ont des raisons lĂ©gitimes de vouloir prĂ©server la confidentialitĂ© de leurs affaires. Mais il y a aussi dâautres personnes qui veulent effectuer des transactions secrĂštes afin de dissimuler des activitĂ©s illĂ©gales comme le trafic de drogue, la corruption ou la fraude.
Ă la suite du crash de FTX, les personnes qui ont perdu de grosses sommes dâargent rĂ©clament la mise en place de rĂ©glementations de plus en plus strictes. Il est clair que si des organisations comme la SEC donnent suite Ă de telles demandes, cela pourrait rendre la position de Monero (XMR) difficile au mieux, et insoutenable au pire.
Bien que Monero doive sâinquiĂ©ter de lâimpact des nouvelles rĂ©glementations, Metacade ne craint rien de tel. Il peut se rĂ©jouir de faire partie dâun secteur du marchĂ© qui ne connaĂźt quâune direction. Le puissant modĂšle Ă©conomique de Metacade, qui relie toutes les parties de la communautĂ© des jeux crypto, a gagnĂ© la faveur des analystes experts, des dĂ©veloppeurs, des joueurs et des investisseurs. De plus, certains observateurs expĂ©rimentĂ©s prĂ©disent de grandes choses pour le prix de lâaction de la sociĂ©tĂ© lors de son lancement, surtout si on profite de la super offre de presale.Â
Tout compte fait, on comprend facilement pourquoi Metacade est clairement la meilleure opportunitĂ© dâinvestissement par rapport Ă Monero.
Il est encore possible dâacheter Metacade au prix bĂȘta de prĂ©-lancement de 0,02 $. Le prix de lancement prĂ©vu semble dĂ©jĂ garantir un retour favorable aux premiers investisseurs. Mais câest lorsque le marchĂ© du P2E commencera rĂ©ellement Ă se dĂ©velopper que les choses pourraient devenir intĂ©ressantes. Les investisseurs de The Sandbox (SAND) au lancement ont vu un retour sur investissement de 100x au plus fort du marchĂ©, et il y a une chance que Metacade puisse reproduire cette performance entre 2023 et 2025, ce qui en fait un meilleur pari que la prĂ©vision du prix de Monero.
Mais tu dois faire vite pour profiter au maximum de la presale de Metacade, car la premiĂšre phase sâĂ©coule trĂšs rapidement.
Pour rĂ©aliser une prĂ©vision du prix du Monero jusquâen 2025, il est important de prendre en compte plusieurs facteurs. PremiĂšrement, si les quantitĂ©s restent faibles, les gens nâauront pas besoin dâutiliser Monero. DeuxiĂšmement, si les rĂ©gulateurs font pression pour une plus grande transparence, cela pourrait causer des problĂšmes aux services cachĂ©s de Monero. Et troisiĂšmement, il y a toujours la possibilitĂ© que Monero soit hackĂ©, nuisant ainsi Ă sa rĂ©putation. Pour toutes ces raisons, la prĂ©vision du prix de Monero en 2025 ne prĂ©voit aucune augmentation par rapport au prix de fin 2022 de 145,38 $.Â
Choisir entre Metacade et Monero est une dĂ©cision facile Ă prendre. Le premier est un nouveau venu passionnant et innovant dans un secteur en plein essor. Lâautre offre un service qui pourrait trĂšs vraisemblablement ĂȘtre interdit par les rĂ©gulateurs qui cherchent Ă nettoyer lâindustrie crypto. Ce nâest pas Ă©tonnant que les investisseurs choisissent Metacade (MCADE) plutĂŽt que Monero (XMR). Tu peux les rejoindre en saisissant lâopportunitĂ© dâacheter au prix exceptionnel offert pendant la presale.
Tu peux acheter XMR chez eToro ici.
Tu peux participer à la presale de Metacade ici.
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On dĂ©finit souvent Bitcoin comme un protocole de transfert de valeur fonctionnant sans autoritĂ© centrale, qui rĂ©git lâĂ©mission et les Ă©changes dâune unitĂ© de compte numĂ©rique (appelĂ©e le bitcoin), protocole qui a Ă©tĂ© initialement dĂ©terminĂ© par Satoshi Nakamoto en janvier 2009 par le biais de son prototype et qui a permis de construire une chaĂźne Ă partir du bloc de genĂšse.
Néanmoins, cette définition, aussi informative soit-elle, n'est pas suffisamment précise. Elle fait de Bitcoin un protocole, c'est-à -dire un ensemble de rÚgles de consensus, mais elle ne spécifie pas les rÚgles en question (en dehors du bloc de genÚse) : celles-ci sont ne sont pas déterminées dans le temps et peuvent changer, chaque modification créant de facto un nouveau protocole.
Ce flou artistique a mené au cours des années à de nombreuses discussions enflammées à propos de ce qui constituerait le « vrai Bitcoin », notamment lors du débat sur la scalabilité, et a fini par créer au moins trois prétendants au titre, à savoir BTC (« Bitcoin »), BCH (« Bitcoin Cash ») et BSV (« Bitcoin SV »). Cette revendication, qui paraßt à premiÚre vue extraordinaire, cache en réalité une question philosophique profonde : comment définit-on correctement Bitcoin ?
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« Bitcoin » est un mot. Nom anglais issu de bit (« unité binaire ») et de coin (« piÚce de monnaie »), il évoque directement l'idée d'une monnaie numérique. Le terme est devenu trÚs populaire au fil des années, notamment grùce aux médias de masse, ce qui fait que de nombreuses personnes tentent de le récupérer ou de s'y associer d'une maniÚre ou d'une autre, à tort ou à raison.
De ce fait, le premier critÚre que nous pouvons examiner est le critÚre linguistique, qui détermine la définition d'un terme selon l'usage qui en est fait. En effet, en linguistique l'usage est roi : s'il peut exister des institutions ayant pour but d'orienter l'évolution d'une langue, cette évolution demeure libre et est soumise à ses locuteurs. Une langue est par essence un protocole de communication ayant pour but la compréhension mutuelle, et les termes qui la composent ont par conséquent tendance à acquérir un sens précis déterminé par la multitude, par effet de réseau. De cette maniÚre, si un grand nombre de locuteurs utilise un terme avec un sens particulier, celui-ci prédominera.
Selon ce critÚre, Bitcoin serait Bitcoin parce qu'une grande majorité de personnes l'appellent « Bitcoin » : il serait simplement défini par la masse, quelle que soit la chose qu'il désigne.
Bien évidemment, en tant que personnes attachées à l'idée de Bitcoin, cela ne nous satisfait pas.
Nous savons que le sens d'un terme peut dĂ©river jusqu'Ă ce que ce terme ne signifie plus la mĂȘme chose, voire dĂ©signe une chose fondamentalement opposĂ©e. C'est par exemple le cas du mot « liberalism » qui, en anglais amĂ©ricain, ne dĂ©signe plus principalement le libĂ©ralisme tel que nous l'entendons en français, mais un progressisme de gauche focalisĂ© sur les questions de justice sociale. Ainsi, dans le langage courant aux Ătats-Unis, les liberals sont des personnes favorables Ă l'intervention de l'Ătat dans le cadre de la redistribution de la richesse, la sĂ©curitĂ© sociale et l'Ă©ducation, tandis que les libertarians sont les libĂ©raux authentiques favorables au laissez-faire et Ă la rĂ©duction du rĂŽle de l'Ătat dans la vie des individus.
Ainsi, décrire Bitcoin de cette maniÚre crée une faille majeure dans tout ce qu'il représente. Si l'usage de la masse prime, alors on peut, si l'on a de l'influence, faire en sorte que Bitcoin change dans un sens qui ne le dépeint plus comme nous nous le représentons aujourd'hui. Il serait alors possible, par la propagande, de faire en sorte que le systÚme appelé Bitcoin n'utilise plus la preuve de travail (au nom de la lutte contre le changement climatique) ou qu'il soit privé de sa limite fixe d'unités (au nom de la protection du systÚme monétaire et financier).
De plus, dĂ©finir Bitcoin de cette maniĂšre ne tient pas compte du fait que la langue est Ă©lastique et tolĂšre de nombreuses incohĂ©rences : il peut exister de nombreuses polysĂ©mies pour un mĂȘme mot (c'est d'ailleurs le cas pour « Bitcoin »), et plusieurs utilisations de ce mot peuvent coexister, bien qu'elles soient opposĂ©es de maniĂšre inhĂ©rentes.
En fait, une langue est un champ de bataille permanent sur lequel s'affrontent les différents usages. Chaque locuteur fait à chaque instant un choix individuel pour soutenir des usages particuliers, sans forcément suivre le choix majoritaire, participant de ce fait à la construction de la langue. C'est précisément ce nous faisons dans cet article : un choix.
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Une deuxiÚme maniÚre de définir Bitcoin est de s'appuyer sur le logiciel Bitcoin Core. Bitcoin Core constitue en effet l'implémentation de référence du protocole dont le code sert de base pour les développeurs pour retrouver les rÚgles de consensus, et cela fait qu'il est aisé de confondre les deux. D'ailleurs pendant longtemps le logiciel était simplement appelé Bitcoin.
Le code du logiciel, écrit principalement en C++, est disponible en source ouverte sur internet, et sous licence libre, de sorte que quiconque peut copier et modifier le code à sa guise. Initialement hébergé sur SourceForge, il est aujourd'hui présent sur GitHub.
Le développement du logiciel se veut ouvert et « démocratique » : tout le monde peut proposer un modification du code, notamment par le biais des propositions d'amélioration de Bitcoin (BIP). Néanmoins, le dépÎt GitHub est soumis à l'autorité des mainteneurs, qui décident des changements qui sont apportés au logiciel, et en particulier à celle du mainteneur principal, qui peut nommer et révoquer les autres mainteneurs. Comme l'indique le guide de contribution de Bitcoin Core :
« Les mainteneurs prendront en considération un correctif s'il est en accord avec les principes généraux du projet ; s'il répond aux normes minimales d'inclusion ; et jugeront du consensus général des contributeurs. »
Définir Bitcoin comme le protocole lié à ce logiciel (ou bien à un autre) réintroduirait ainsi une autorité centrale, ce qui rentrerait en contradiction directe avec l'idée qu'on se fait de Bitcoin.
De plus, la pratique montre bien que le protocole n'est pas contrĂŽlĂ© par les mainteneurs de l'implĂ©mentation logicielle, mĂȘme s'il existe une certaine influence. Chacun est libre de copier le logiciel, de le modifier, et de le promouvoir aux nĆuds du rĂ©seau, qui se chargent d'appliquer les rĂšgles de consensus. Ainsi, le contrĂŽle du logiciel ne permet pas de modifier les rĂšgles arbitrairement : si par exemple Bitcoin Core intĂ©grait un changement controversĂ© (comme par exemple une violation de la politique monĂ©taire du bitcoin), alors une trĂšs grande majoritĂ© de nĆuds refuseraient probablement, en continuant de faire fonctionner une version antĂ©rieure de Core ou en se tournant vers une autre implĂ©mentation.
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Un troisiĂšme critĂšre pour dĂ©finir Bitcoin est la proximitĂ© avec le protocole originel, c'est-Ă -dire le protocole dĂ©terminĂ© par le biais du prototype publiĂ© par Satoshi Nakamoto le 8 janvier 2009. Le sous-entendu est que Bitcoin n'avait pas vocation Ă changer au-delĂ de la correction des failles prĂ©sentes Ă son lancement, et que par consĂ©quent il devrait ĂȘtre dĂ©fini comme l'itĂ©ration la plus proche de ce protocole.
Cette vision est notamment défendue par beaucoup de partisans de Bitcoin SV, qui se basent sur une citation (décontextualisée) de Satoshi Nakamoto datant du 17 juin 2010 :
« La nature de Bitcoin est telle que, dÚs la version 0.1 lancée, son fonctionnement de base était gravé dans le marbre pour le reste de son existence. »
D'aprĂšs eux, Bitcoin devrait ĂȘtre un protocole fixe, dont les mineurs seraient les dĂ©fenseurs.
Une variante de ce critÚre est l'argument de l'esprit originel de Bitcoin, parfois utilisé par les partisans de Bitcoin Cash comme Roger Ver, qui voudraient qu'un « systÚme d'argent liquide électronique » doive nécessairement offrir des transferts à bas coût et des temps de confirmations faibles. De ce point de vue, BTC ne représenterait pas Bitcoin.
Toutefois, mĂȘme si ces dĂ©finitions ont le mĂ©rite d'ĂȘtre plus prĂ©cises, elles sont purement arbitraires dans le critĂšre choisi. BTC constitue de toute Ă©vidence la principale version de Bitcoin, et on peut considĂ©rer qu'il est lui-mĂȘme proche du protocole originel sous un autre aspect : la compatibilitĂ©.
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Le quatriÚme critÚre de définition est celui de la compatibilité du protocole, critÚre défendu par de nombreux partisans de BTC, comme par exemple Michael Marquardt (alias theymos
) ou Francis Pouliot. Pour continuer Ă ĂȘtre Bitcoin, le protocole devrait ĂȘtre compatible avec les versions antĂ©rieures.
Cette vision repose sur l'exigence d'unanimité pour réaliser un changement, exigence qui a pour conséquence de conserver un seul et unique protocole et de préserver son effet de réseau.
Puisqu'une quasi-unanimitĂ© serait trĂšs difficile Ă atteindre dans le cas d'un hard fork (hors rĂ©solution d'un bogue ou changement vital), il est nĂ©cessaire de passer par des soft forks, Ă savoir des changement strictement restrictifs des rĂšgles de consensus. Ces soft forks ont la caractĂ©ristique de ne pas crĂ©er de scission de chaĂźne s'ils sont correctement appliquĂ©s. De ce fait, ils permettent une compatibilitĂ© ascendante du logiciel (parfois qualifiĂ©e de « rĂ©trocompatibilitĂ© ») qui fait que les nĆuds qui utilisent une ancienne version du logiciel continuent de considĂ©rer comme valides les blocs produits par la nouvelle version.
Cependant, cette conception cache un petit dĂ©tail, souvent omis : c'est que le soft fork doit ĂȘtre imposĂ© par la majoritĂ© de la puissance de calcul du rĂ©seau pour entraĂźner cette compatibilitĂ©. En effet, les nĆuds qui suivent les nouvelles rĂšgles de consensus peuvent ĂȘtre contraints de rejeter les blocs produits par les mineurs qui suivent les anciennes rĂšgles. Lorsque les nĆuds appliquant le soft fork ont la puissance de calcul majoritaire de leur cĂŽtĂ©, cela ne pose pas de problĂšme : les nĆuds suivant les anciennes rĂšgles sont contraints de suivre la chaĂźne la plus longue (c'est-Ă -dire celle ayant le plus de preuve de travail accumulĂ©e). Dans le cas contraire, la chaĂźne appliquant les nouvelles rĂšgles n'est pas la plus longue, ce qui peut mener Ă une scission permanente.
L'application d'un soft fork correspond donc Ă l'Ă©quivalent d'une attaque des 51 % ayant lieu sur le rĂ©seau, en interdisant aux nĆuds de refuser la modification du protocole sans avoir recours Ă un hard fork manuel. On ne saurait dĂ©finir Bitcoin comme cela, car cela voudrait dire qu'un attaquant pourrait imposer ses rĂšgles sur la chaĂźne, et cette conception est ainsi invalide.
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Le cinquiÚme critÚre permettant de définir est celui de la majorité économique. Selon cette conception, Bitcoin serait le protocole dont l'utilité monétaire est la plus grande. Cette majorité est parfois mesurée par certains par la capitalisation boursiÚre, c'est-à -dire le prix multiplié le nombre d'unités, bien que celle-ci ne soit pas forcément un bon indicateur de la santé économique du systÚme, notamment lorsque le volume d'échange (sur la chaßne et en dehors) est faible.
Un moyen plus efficace d'estimer la valeur d'une chaßne est la preuve de travail accumulée, qui est corrélée à moyen terme au revenu du minage, à savoir :
Ce critĂšre est ainsi bien plus Ă mĂȘme de nous fournir une idĂ©e de quel protocole est Ă©conomiquement majoritaire.
Cette vision a Ă©tĂ© dĂ©fendue par Gavin Andresen en fĂ©vrier 2017 dans un article oĂč il Ă©crivait :
« "Bitcoin" est le registre des transactions non précédemment dépensées, signées de maniÚre valide, contenues dans la chaßne de blocs qui commence par le bloc de genÚse (empreinte 000000000019d6689c085ae165831e934ff763ae46a2a6c172b3f1b60a8ce26f), suit le programme de création de 21 millions de piÚces, et possÚde la plus grande preuve de travail par double SHA-256 cumulée. »
La vision a perdurĂ© depuis, Ă©tant perpĂ©tuĂ©e par le concept de gouvernance, qui prĂ©suppose qu'il y a quelque chose Ă diriger. Cette conception a notamment jouĂ© dans la scission entre Ethereum (ETH) et Ethereum Classic (ETC) en juin 2016, oĂč le protocole modifiĂ©, majoritaire, a gardĂ© le nom et le sigle boursier initiaux, et oĂč le protocole originel, minoritaire, a dĂ» prendre un autre nom et un autre sigle. Cette attribution des noms et des sigles a Ă©galement eu lieu lors de la sĂ©paration entre Bitcoin Cash (BCH) et Bitcoin SV (BSV) en novembre 2018, puis lors de l'embranchement entre Bitcoin Cash (BCH) et Bitcoin ABC / eCash (XEC) en novembre 2020, alors que chacun se prĂ©tendait ĂȘtre le « vrai Bitcoin Cash ».
Dans le cas de BTC, le critĂšre de la majoritĂ© est souvent couplĂ© au critĂšre de compatibilitĂ© : le soft fork peut ainsi ĂȘtre imposĂ© par une majoritĂ© du taux de hachage, ce qui permet de conserver une seule et unique chaĂźne.
Cependant, cette vision pĂȘche elle-mĂȘme en ne requĂ©rant aucune caractĂ©ristique fondamentale et en offrant la possibilitĂ© d'une rĂ©cupĂ©ration du terme par le pouvoir en place.
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Cela nous amĂšne au point central de cet article : Bitcoin est un concept, pas un protocole. Bien que beaucoup de personnes fassent de Bitcoin un protocole, cette vision est impossible Ă soutenir correctement en raison du manque d'unicitĂ©. Il n'y a pas de « vrai protocole Bitcoin » dans le sens oĂč aucun protocole ne reprĂ©sente l'intĂ©gralitĂ© de ce qu'est Bitcoin1. Il ne s'agit pas d'une marque dĂ©posĂ©e dont certains individus auraient la propriĂ©tĂ© : personne ne possĂšde le brevet de Bitcoin et tout le monde peut l'implĂ©menter Ă sa convenance sans demander l'autorisation. Et en fait, cette libertĂ© conduit nĂ©cessairement Ă la mise en Ćuvre multiple de ce concept, sous la forme de scissions ou de « cryptomonnaies alternatives ». Qu'une version de Bitcoin soit dominante Ă©conomiquement ne change rien Ă cette considĂ©ration.
Avant de décrire un protocole, une chaßne, un réseau ou une monnaie, le mot « Bitcoin » a été utilisé pour désigner un concept. Ce concept a été défini dans le document fondateur écrit par Satoshi Nakamoto et auquel tout le monde se réfÚre à un moment ou à un autre : le livre blanc de Bitcoin, intitulé « Bitcoin : Un systÚme d'argent liquide électronique pair-à -pair », qui contient tous les éléments essentiels à sa constitution.
On peut dégager ainsi 5 caractéristiques fondamentales qui définissent Bitcoin :
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« Les nĆuds peuvent quitter et rejoindre le rĂ©seau Ă volontĂ©. »
Le systĂšme repose sur un rĂ©seau pair-Ă -pair ouvert dans lequel tous les nĆuds ont les mĂȘmes privilĂšges. Cette distribution du rĂ©seau permet de partager les risques d'accepter et de miner la monnaie.
Tous les systĂšmes dont les nĆuds sont soumis Ă une autorisation quelconque contreviennent directement Ă ce principe.
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« Les nĆuds considĂšrent toujours que la chaĂźne la plus longue est la chaĂźne correcte, et continuent Ă travailler pour la prolonger. »
L'ajout d'un bloc nĂ©cessite une dĂ©pense d'Ă©nergie mesurĂ©e de maniĂšre probabilistique par la rĂ©solution d'un problĂšme mathĂ©matique difficile. L'intĂ©gritĂ© de la chaĂźne repose sur l'algorithme de consensus de Nakamoto par preuve de travail, qui dit que la chaĂźne ayant le plus de preuve de travail accumulĂ©e doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la chaĂźne valide.
La preuve ne nĂ©cessite pas une fonction de hachage particuliĂšre, et le travail peut ĂȘtre obtenu d'une toute autre maniĂšre. En revanche, la sĂ©lection de la chaĂźne la plus lourde, les points de contrĂŽle ou l'intervention de masternodes dans le consensus sont des entorses plus ou moins importantes Ă ce principe. La preuve d'enjeu en constitue une violation entiĂšre.
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« Lâincitation peut Ă©galement ĂȘtre financĂ©e par les frais de transaction. Si la valeur de sortie dâune transaction est infĂ©rieure Ă sa valeur dâentrĂ©e, la diffĂ©rence correspond Ă une commission qui est ajoutĂ©e Ă la valeur dâincitation du bloc contenant la transaction. »
Le systÚme intÚgre un modÚle de frais de transaction qui sont reversés aux mineurs de maniÚre interne. Chaque transaction porte des frais pour inciter à sa confirmation. Ces frais forment la base de la résistance à la censure du systÚme.
Par exemple, l'ajout d'un mécanisme de brûlage des frais éloigne le protocole de sa nature de Bitcoin.
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« Une fois quâun nombre prĂ©dĂ©terminĂ© de piĂšces a Ă©tĂ© mis en circulation, lâincitation peut ĂȘtre entiĂšrement financĂ©e par les frais de transaction et ne plus requĂ©rir aucune inflation. »
Le but initial de la création monétaire est l'amorçage du systÚme : il s'agit du moyen de distribuer les unités de maniÚre juste. à terme, le systÚme doit se baser essentiellement sur les frais de transaction.
Cette offre limitée garantit le caractÚre déflationniste de la monnaie, et joue dans la sécurité économique du systÚme en incitant les commerçants à refuser tout changement inflationniste.
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« Nous dĂ©finissons une piĂšce de monnaie Ă©lectronique comme une chaĂźne de signatures numĂ©riques. [...] Pour permettre aux valeurs dâĂȘtre sĂ©parĂ©es et combinĂ©es, les transactions contiennent des entrĂ©es et des sorties multiples. »
Bitcoin utilise un modÚle de représentation par des piÚces pour gérer les unités échangées. Une piÚce est identifiée par un point de sortie de transaction, et est caractérisée par un montant en satoshis et un ensemble de conditions de dépense (typiquement l'exigence d'une signature numérique valide).
Ce modĂšle a pour avantages de prĂ©server la confidentialitĂ© (pas d'incitation Ă rĂ©utiliser la mĂȘme adresse), de faciliter l'implĂ©mentation logicielle et de permettre une meilleure scalabilitĂ© du systĂšme, contrairement au modĂšle de reprĂ©sentations par des comptes.
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Tout d'abord, cette dĂ©finition rĂ©sout le paradoxe du « vrai Bitcoin ». Bitcoin ne peut pas ĂȘtre un protocole fixe : modifier le protocole ne change pas sa nature fondamentale. Bitcoin ne peut pas non plus ĂȘtre un protocole changeant, car il n'existe pas de moyen satisfaisant de le dĂ©terminer comme on l'a montrĂ©.
Cette dĂ©finition a Ă©galement l'avantage d'apaiser les conflits. Bitcoin a connu des scissions et des copies par le passĂ©, ce qui a crĂ©Ă© une grande tension chez les partisans de tous les bords. Ainsi, BTC, BCH et BSV sont des mises en Ćuvre plus ou moins conformes de Bitcoin. De mĂȘme, Litecoin, Monero ou Zcash peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des Bitcoins plus ou moins authentiques : dans notre dĂ©finition, rien n'indique en effet que la chaĂźne doive commencer par un bloc de genĂšse particulier.
Bien Ă©videmment, les effets de rĂ©seau de ces cryptomonnaies diffĂšrent et il ne s'agit pas de les mettre au mĂȘme niveau, notamment en ce qui concerne la sĂ©curitĂ©. Aujourd'hui, BTC est le Bitcoin le plus populaire, le plus valorisĂ© et le plus sĂ©curisĂ©. On peut donc accepter la polysĂ©mie en continuant d'appeler ce Bitcoin « Bitcoin », tout en gardant en tĂȘte qu'il ne s'agit que de la version principale de ce concept.
Cette dĂ©finition permet enfin d'ĂȘtre Ă©galement mieux armĂ© contre les scissions futures. Il est possible que des Ătats tentent de s'approprier un protocole particulier, pour un jour le redĂ©finir grĂące Ă la contrainte lĂ©gale, peut-ĂȘtre trĂšs lĂ©gĂšrement au dĂ©but, dans le but de l'amener lentement vers la censure et le seigneuriage. Et alors il ne serait pas impossible que cette version Ă©tatique devienne majoritaire Ă©conomiquement.
Définir Bitcoin comme un concept permet ainsi d'éviter ce glissement en autorisant la concurrence saine entre les différentes versions de Bitcoin et en fixant des limites claire de ce qu'est Bitcoin et de ce qu'il n'est pas.
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1. â On peut se demander :
Si donc il n'y a pas de vrai christianisme, de vrai dollar, de vraie République de Chine ou de vraie langue française, comment pourrait-il y avoir un vrai protocole Bitcoin ?
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Eric Voskuil, Ătiquettes de Bitcoin, 2020.
Eric Voskuil, Usurpation de marque, 2020.
Eric Voskuil, Principes cryptodynamiques, 2020.
Eric Voskuil, Objectifs de Fedcoin, 2020.
Theymos, It's time for a break: About the recent mess & temporary new rules, 17 août 2015.
Gavin Andresen, A definition of "Bitcoin", 7 février 2017.
Gavin Andresen, Other definitions of Bitcoin, 8 février 2017.
Jameson Lopp, Who controls Bitcoin Core?, 15 décembre 2018.
Zcash, la plateforme crypto axĂ©e sur la confidentialitĂ©, vient de se faire pirater. La blockchain est victime dâune attaque de spam qui sature les blocs de transaction Ă une cadence folle. Alors que les investigations sont en cours pour identifier les commanditaires, la piste du sabotage pour ternir lâimage de Zcash prend de plus en [âŠ]
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Le FBI et le NCIS ont arrĂȘtĂ© samedi un ingĂ©nieur de la marine amĂ©ricaine et sa femme pour avoir tentĂ© de vendre des secrets nuclĂ©aires Ă une "partie Ă©trangĂšre".
Jonathan Toebbe, ingĂ©nieur nuclĂ©aire de l'US Navy, et sa femme Diana Toebbe ont Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ©s par les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales pour avoir prĂ©tendument tradĂ© des informations militaires confidentielles. Le couple a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© alors qu'il effectuait ce qui aurait Ă©tĂ© le troisiĂšme dĂ©pĂŽt de fonds dans le comtĂ© de Jefferson, en Virginie occidentale. Toebbe aurait reçu un total de 100 000 dollars de Monero (XMR) de la part d'un agent du FBI sous couverture qui se faisait passer pour le reprĂ©sentant d'une puissance Ă©trangĂšre cherchant Ă acheter des secrets militaires.
Ingénieur travaillant dans le cadre du programme de propulsion nucléaire de la marine, Toebbe vendait à la "puissance étrangÚre" des informations sur la conception de navires de guerre à propulsion nucléaire depuis environ un an. Son poste d'ingénieur nucléaire dans la marine lui a valu une habilitation de sécurité nationale par le ministÚre de la défense américain, ce qui lui a permis de mettre la main sur des informations confidentielles.
Il a envoyĂ© pour la premiĂšre fois des informations confidentielles Ă un gouvernement Ă©tranger en avril de l'annĂ©e derniĂšre. L'ingĂ©nieur nuclĂ©aire a utilisĂ© un e-mail cryptĂ© pour s'arranger avec l'autre partie, qu'il croyait ĂȘtre un pays Ă©tranger. L'Ă©change a durĂ© des mois avant qu'ils ne se mettent d'accord sur un accord qui lui permettrait de recevoir Monero pour les informations qu'il a volĂ©es.
Début juin, Toebbe a reçu le premier paiement, 10 000 dollars en crypto-monnaie, destiné à cimenter la relation. Il a ensuite livré une carte SD cachée dans un sandwich à un endroit convenu à l'avance en Virginie-Occidentale, sa femme faisant le guet le 26 juin. Il a ensuite envoyé la clé de décryptage de la carte SD, qui contenait des informations sur les réacteurs nucléaires sous-marins, par e-mail aprÚs avoir reçu un deuxiÚme paiement de 20 000 dollars en crypto.
Deux mois plus tard, il a effectuĂ© un dĂ©pĂŽt similaire, mais cette fois en Virginie orientale. Il a utilisĂ© un emballage de chewing-gum pour cacher la carte SD, et aprĂšs avoir envoyĂ© la clĂ© de dĂ©cryptage, il a Ă©tĂ© payĂ© 70 000 dollars. Ignorant que tout cet Ă©change Ă©tait un coup montĂ©, Toebbe a continuĂ© Ă livrer le troisiĂšme "paquet" samedi, mais il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© sur place par des agents du FBI qui l'avaient suivi. Les agents auraient suivi Toebbe et l'auraient identifiĂ© lors des deux premiĂšres livraisons.
On pense que le couple a eu recours Ă la monnaie Monero pour la transaction en raison de son haut niveau d'anonymat. Ce coin est connu pour ĂȘtre presque impossible Ă tracer car ses adresses ne sont pas visibles publiquement, sauf pour les parties impliquĂ©es dans la transaction. Son utilisation dans le cadre d'activitĂ©s criminelles a amenĂ© diffĂ©rents dĂ©partements du gouvernement Ă engager des experts pour mettre au point des outils et des systĂšmes permettant de suivre les transactions impliquant cette crypto-monnaie.
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Absence dâautoritĂ© centrale, pas de tiers de confiance, rĂ©sistance Ă la censure, aucune permission requise : voici des mots qui surgissent souvent lorsquâon parle de Bitcoin. Il sâagit en effet dâun concept de monnaie numĂ©rique indĂ©pendante des banques et des Ătats, et câest cette indĂ©pendance qui explique sa rĂ©silience et son succĂšs.
Dans le livre blanc fondateur, Bitcoin est dĂ©crit comme un « systĂšme dâargent liquide Ă©lectronique pair-Ă -pair » permettant aux paiements en ligne dâĂȘtre « envoyĂ©s directement dâune partie Ă lâautre sans passer par une institution financiĂšre ». En janvier 2010, le site web contrĂŽlĂ© par Satoshi Nakamoto prĂ©sentait Bitcoin comme une « devise numĂ©rique anonyme basĂ©e sur un rĂ©seau pair-Ă -pair ». Lâun des buts de Bitcoin est donc dâimporter les propriĂ©tĂ©s de lâargent liquide dans le cyberespace : possession souveraine, transactions de personne Ă personne et relatif anonymat.
Outre cela, le bitcoin est rare, Ă lâinstar dâun mĂ©tal prĂ©cieux : il ne peut ĂȘtre crĂ©Ă© que selon un plan dâĂ©mission prĂ©dĂ©fini qui limite la quantitĂ© dâunitĂ©s Ă 21 millions. Cette propriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă lâinflation (comme on lâappelle) est Ă©galement essentielle, et est en symbiose totale avec la propriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă la censure. En effet, le bitcoin nâest rare que parce quâil ne dĂ©pend pas dâune autoritĂ© centrale chargĂ©e de valider les transactions, et il nâest rĂ©sistant Ă la censure que parce que des spĂ©culateurs acceptent de lui donner de la valeur. Retirez lâune des deux propriĂ©tĂ©s et vous dĂ©truisez le tout.
Bitcoin est donc lâincarnation de la monnaie libre et souveraine. Cependant, si le caractĂšre incontrĂŽlable de Bitcoin passionne les amoureux de la libertĂ©, câest loin dâĂȘtre le cas des partisans de lâautoritĂ©. Les personnes dont le mĂ©tier consiste Ă renforcer le contrĂŽle sur la population (lĂ©gislateurs, administrateurs et politiciens en tous genres) ressentent ainsi toujours un certain malaise, voire un dĂ©goĂ»t profond, lorsquâils Ă©voquent Bitcoin, et se demandent comment ce dernier pourrait ĂȘtre intĂ©grĂ© au cadre lĂ©gal existant. Et ceci explique lâapparition des multiples rĂ©glementations ayant pour but de limiter la libertĂ© dâaction et la confidentialitĂ© des utilisateurs. Gouverner lâingouvernable : voilĂ lâobjectif que nos dirigeants se sont fixĂ©s.
Aujourdâhui, la tendance est claire : les restrictions autour des cryptomonnaies prolifĂšrent, que ce soit en France, en Europe, aux Ătats-Unis et dans le reste du monde. MalgrĂ© les avertissements des acteurs de lâĂ©cosystĂšme, les dĂ©cideurs politiques ne reculent pas, et il semble donc que nous nous dirigions vers une vĂ©ritable guerre rĂ©glementaire contre Bitcoin qui pourrait durer des annĂ©es, voire des dĂ©cennies.
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Lorsque jâai dĂ©couvert Bitcoin en 2013, je nâai pas Ă©tĂ© saisi par lâenthousiasme immĂ©diatement. Bien quâintĂ©ressĂ© par cette monnaie numĂ©rique innovante, je peinais Ă comprendre comment le systĂšme fonctionnait rĂ©ellement et en quoi cette chose pouvait ĂȘtre rĂ©volutionnaire. AprĂšs lâavoir essayĂ© rĂ©ellement en 2015, jâai lĂąchĂ© lâaffaire, me disant plus ou moins inconsciemment que ça ne marcherait jamais et que lâĂtat pourrait facilement intervenir de toute maniĂšre.
Puis est arrivĂ©e lâannĂ©e 2017 durant laquelle jâai pu consacrer plus de temps Ă cette chose Ă©trange quâon appelle la cryptomonnaie : câest alors que jâai compris que Bitcoin Ă©tait inarrĂȘtable par conception, quâil pouvait fonctionner hors de la lĂ©galitĂ© et quâil existait indĂ©pendamment des dĂ©cisions Ă©tatiques Ă son Ă©gard. NĂ©anmoins, Ă cette Ă©poque, jâĂ©tais naĂŻvement persuadĂ© que les Ătats renonceraient Ă mener un guerre contre Bitcoin et je nĂ©gligeais tout le mal quâils pouvaient rĂ©ellement lui faire. Il a fallu attendre plusieurs annĂ©es pour que je me rende Ă lâĂ©vidence : les Ătats ne laisseront jamais se dĂ©velopper une telle monnaie sans rien faire.
Il y a une raison pour laquelle toutes les monnaies privĂ©es et toutes les monnaies numĂ©riques prĂ©cĂ©dentes ont Ă©chouĂ© : câest que lâĂtat, lâautoritĂ© qui sâexerce sur un territoire dĂ©terminĂ© et sur un peuple quâelle prĂ©tend reprĂ©senter, nâaime pas la concurrence. LâĂtat impose en effet un monopole monĂ©taire, monopole qui lui permet de tirer son revenu. Par le contrĂŽle des capitaux et la surveillance financiĂšre offerts par sa monnaie, il sâassure de prĂ©lever lâimpĂŽt de maniĂšre efficace. Par le seigneuriage et lâendettement, il sâassure profiter de la crĂ©ation monĂ©taire. LâidĂ©e dâune monnaie qui Ă©chappe Ă son contrĂŽle est donc intolĂ©rable pour un Ătat, dont la tendance naturelle est de grossir le plus possible.
Lâhistoire des Ătats-Unis est peut-ĂȘtre lâillustration la plus parfaite de cette tendance que possĂšdent les Ătats Ă contrĂŽler la monnaie qui sâĂ©change sur leur territoire. Alors mĂȘme que la libertĂ© Ă©tait le concept central de la fondation de la nation1, lâĂtat fĂ©dĂ©ral Ă©tasunien nâa pas su rester un Ătat limitĂ© et a fini par consolider le contrĂŽle sur le dollar avec lâabandon du systĂšme des banques libres en 1863 et la fin de lâĂ©talon-or en 1971.
Cela sâest traduit par une intolĂ©rance envers les monnaies alternatives. La dĂ©tention dâor physique, longtemps utilisĂ© comme monnaie, a Ă©tĂ© tout simplement interdite pour les particuliers entre 1933 et 1974 par lâExecutive Order 6102. Le Liberty Dollar, une monnaie privĂ©e basĂ©e sur lâor et lâargent crĂ©Ă©e en 1998, a Ă©tĂ© bloquĂ©e en 2009 par la poursuite pĂ©nale de son crĂ©ateur, Bernard von NotHaus, condamnĂ© en 2011 pour frappe illicite de piĂšces de monnaie et pour faux-monnayage. Du cĂŽtĂ© dâInternet, les systĂšmes de monnaie numĂ©rique e-gold (1996-2008) et Liberty Reserve (2006-2013) ont tous les deux Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par le dĂ©partement de la Justice Ă©tasunien.
Câest pourquoi il est peu probable que les Ătats occidentaux laissent prospĂ©rer Bitcoin : il sâagit dâun systĂšme qui se propose de leur retirer leur contrĂŽle sur la monnaie et il serait antinaturel pour eux de lâaccueillir Ă bras ouverts. En rĂ©alitĂ©, ils ont dĂ©jĂ commencĂ© Ă lutter activement contre lui, et ceci par le biais de ce quâon appelle la rĂ©glementation.
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La rĂ©glementation, parfois dĂ©signĂ©e par lâanglicisme « rĂ©gulation », est lâacte dâassujettir une activitĂ© sociale Ă un rĂšglement, une prescription ou une loi. Cette rĂ©glementation est gĂ©nĂ©ralement le fruit dâune contrainte lĂ©gale appliquĂ©e par lâĂtat. La rĂ©glementation intervient dans de nombreux domaines, mais le domaine financier est probablement le plus concernĂ© que ce soit en France, aux Ătats-Unis ou dans dâautres pays.
Bitcoin nâĂ©chappe pas Ă la rĂšgle : tant quâil y aura des Ătats dĂ©sireux dâimposer un monopole monĂ©taire, ceux-ci tenteront de rĂ©glementer lâusage de Bitcoin et cette rĂ©glementation sera dâautant plus drastique que Bitcoin leur retirera leur possibilitĂ© de se financer, ce qui pourra dĂ©boucher sur une interdiction pure et simple. Peu importe lâeffort rĂ©alisĂ© pour nĂ©gocier des conditions plus libĂ©rales, lâĂtat cherchera naturellement Ă se protĂ©ger, sans hĂ©siter Ă invoquer au passage des prĂ©textes plus ou moins valides comme le blanchiment dâargent, le trafic de stupĂ©fiants, le financement du terrorisme, la consommation dâĂ©nergie, la spirale dĂ©flationniste ou la protection des Ă©pargnants.
Dans lâhistoire de Bitcoin, on constate dĂ©jĂ une tendance continue Ă la rĂ©glementation. Au dĂ©part, Bitcoin Ă©tait un projet de niche et ne faisait pas de bruit, mais Ă partir de 2010, il a commencĂ© Ă attirer lâattention des gens. Les agences gouvernementales sây sont probablement intĂ©ressĂ©es en 2011, soit Ă cause de lâintention de WikiLeaks dâaccepter les donations en bitcoin2, soit en rĂ©action au dĂ©veloppement de la place de marchĂ© Silk Road Ă partir de fĂ©vrier. Le 27 avril 2011, le dĂ©veloppeur principal Gavin Andresen a ainsi annoncĂ© avoir Ă©tĂ© invitĂ© par la CIA pour parler de Bitcoin, rĂ©union qui sâest dĂ©roulĂ©e le 15 juin de la mĂȘme annĂ©e.
Cet intĂ©rĂȘt des agences gouvernementales a coĂŻncidĂ© avec la disparition de Satoshi Nakamoto, un dĂ©part soudain quâon peut expliquer (au moins partiellement) par son avant-dernier message public, dans lequel il disait :
Il aurait Ă©tĂ© bon dâattirer cette attention dans un tout autre contexte. WikiLeaks a donnĂ© un coup de pied dans le nid de frelons, et lâessaim se dirige vers nous.
Deux annĂ©es plus tard, en 2013, le regain dâattrait de Bitcoin et lâexplosion de son prix a poussĂ© les autoritĂ©s rĂ©gulatrices Ă sây intĂ©resser plus en profondeur. Le 18 mars le FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network) a ainsi publiĂ© un document clarifiant sa position sur les monnaies numĂ©riques. Au sein de ce document, il Ă©tait spĂ©cifiĂ© que les plateformes dâĂ©change Ă©taient des entreprises de services financiers et devaient par consĂ©quent obtenir une licence et se soumettre aux rĂ©glementations correspondantes pour exercer aux Ătats-Unis.
Ce premier pas a permis lâintroduction de nombreuses rĂ©glementations autour des plateformes dâĂ©change. La plus connue de ces rĂ©glementations est la procĂ©dure de connaissance du client (appelĂ©e en anglais Know Your Customer ou KYC) qui impose aux plateformes supportant une monnaie traditionnelle de vĂ©rifier lâidentitĂ© de leurs clients pour quâils puissent accĂ©der Ă leurs services. En quelques annĂ©es, toutes les plateformes concernĂ©es se sont adaptĂ©es, Ă tel point quâil est devenu Ă ce jour trĂšs difficile de se procurer du bitcoin de maniĂšre anonyme. Cette obligation de connaissance du client crĂ©e une situation particuliĂšrement alarmante dans laquelle une majoritĂ© dâutilisateurs sont dĂ©sormais fichĂ©s et oĂč leurs bitcoins sont probablement liĂ©s Ă leur identitĂ© grĂące Ă lâanalyse de chaĂźne.
Une autre rĂ©glementation entravant aujourdâhui le fonctionnement de Bitcoin est la lĂ©gislation autour des plus-values. En France par exemple, lâutilisateur est lĂ©galement contraint de dĂ©clarer ses plus-values rĂ©alisĂ©es lors des « cessions Ă titre onĂ©reux dâactifs numĂ©riques » et de payer un impĂŽt de 30 % sur celles-ci, si le total reprĂ©sente plus de 305 ⏠sur lâannĂ©e. Ceci revient plus ou moins Ă une interdiction lĂ©gale de lâutilisation rĂ©guliĂšre du bitcoin en tant que monnaie dâĂ©change, puisque la volatilitĂ© (Ă la hausse) du cours ferait que beaucoup de personnes se retrouverait Ă devoir dĂ©clarer leurs plus-values (et leurs moins-values) lors de chaque achat rĂ©alisĂ© dans le commerce.
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LâenvolĂ©e du cours du bitcoin Ă la fin de lâannĂ©e 2020 a poussĂ© les autoritĂ©s Ă sâintĂ©resser de nouveau aux cryptomonnaies et Ă leur statut lĂ©gal, si bien quâelles parlent aujourdâhui de durcir la rĂ©glementation existante. Comme on lâa dit, plus Bitcoin prend dâimportance et nuit au financement public, plus lâintervention Ă©tatique se justifie, et le fait que les particuliers y investissent leurs Ă©conomies nâest pas bien vu par tout le monde.
Une bonne illustration de lâactuelle agitation des rĂ©gulateurs est la dĂ©claration du 13 janvier 2021 de Christine Lagarde, actuellement prĂ©sidente de la Banque centrale europĂ©enne (BCE) et ancienne directrice gĂ©nĂ©rale du Fonds monĂ©taire international (FMI). Dans une entrevue avec Reuters, elle a en effet appelĂ© de ses vĆux une rĂ©glementation mondiale de Bitcoin et des cryptomonnaies :
Il doit y avoir une rĂ©glementation. Elle doit ĂȘtre appliquĂ©e et convenue. Il sâagit dâun sujet sur lequel nous devons nous mettre dâaccord au niveau mondial, car sâil y a une Ă©chappatoire, cette Ă©chappatoire sera utilisĂ©e. [âŠ] Si cela montre quoi que ce soit, câest que la coopĂ©ration mondiale (lâaction multilatĂ©rale) est absolument nĂ©cessaire. Que celle-ci soit initiĂ©e par le G7, intĂ©grĂ©e par le G20 et Ă©largie par la suite, mais câest quelque chose qui doit ĂȘtre rĂ©solu.
La volontĂ© de restriction est claire et se retrouve dans les discours et les actes de tous les dirigeants politiques. En France par exemple, le ministre de lâĂconomie Bruno Le Maire a proposĂ©, le 9 dĂ©cembre dernier, une ordonnance visant à « renforcer la lutte contre lâanonymat des transactions en crypto-actifs » sous prĂ©texte dâassĂ©cher les circuits de financement du terrorisme. Il semble donc que la rĂ©glementation est inĂ©luctable et quâune raison justificative (valide ou non) pourra toujours ĂȘtre trouvĂ©e pour mystifier le grand public.
Ceci nous amĂšne donc Ă la question qui nous intĂ©resse : Quelles rĂ©glementations pourraient ĂȘtre mises en place par les Ătats dans les annĂ©es Ă venir ? La tĂąche prĂ©dictive nâest pas aisĂ©e, mais on peut nĂ©anmoins dresser une liste de ces potentielles mesures en regardant comment se sont comportĂ©s les Ătats au cours des annĂ©es passĂ©es. Notez que cette liste nâest pas exhaustive, car elle ne peut pas reflĂ©ter pleinement le gĂ©nie impĂ©nĂ©trable des lĂ©gislateurs quand il sâagit de mettre des bĂątons dans les roues de leurs compatriotes.
Tout dâabord, la connaissance du client (KYC) et les normes dâanti-blanchiment (AML) des plateformes dâĂ©change pourraient ĂȘtre renforcĂ©es. Une maniĂšre de faire serait dâappliquer la « rĂšgle du voyage » (« travel rule ») Ă la dĂ©tention de cryptomonnaie en imposant aux plateformes de vĂ©rifier lâadresse de retrait de leurs clients. PortĂ©e par le Groupe dâaction financiĂšre (GAFI), cette rĂšgle a dĂ©jĂ Ă©tĂ© reprise depuis quelques temps par la FINMA en Suisse. Fin 2020, elle a Ă©tĂ© poussĂ©e aux Ătats-Unis par le FiNCEN et par lâadministration Trump, ce qui a provoquĂ© lâindignation de la communautĂ©, et notamment de Brian Armstrong.
Puis, une taxe Ă taux fixe sur la cession de bitcoin pourrait ĂȘtre mise en place, dans le but dâannihiler sa propension Ă servir de monnaie dâĂ©change. Câest par exemple aujourdâhui le cas de lâor physique en France, qui est taxĂ© Ă 11,5 % Ă chaque revente. Ă cĂŽtĂ© de cette flat tax des Ă©changes, on pourrait Ă©galement voir dâautres prĂ©lĂšvement apparaĂźtre, comme un impĂŽt direct sur la fortune possĂ©dĂ©e en bitcoin.
Ensuite, une rĂ©glementation des diffĂ©rents services utilisant Bitcoin, y compris les commerçants, pourrait se faire. Les mĂȘmes conditions de conformitĂ© (compliance), comme la connaissance du client, seraient demandĂ©es Ă chaque processeur de paiement, Ă chaque plateforme de jeu en ligne, Ă chaque boutique physique, etc. Câest dâailleurs dĂ©jĂ le cas de BitPay qui, depuis le dĂ©but de lâannĂ©e 2021, demande Ă ses clients europĂ©ens de sâincrire et de vĂ©rifier leur identitĂ© avant de pouvoir effectuer un achat. On peut aussi le service BottlePay qui refuse de traiter les bitcoins « anonymisĂ©s » issus de mĂ©langes avec dâautres utilisateurs.
Enfin, la rĂ©glementation du minage pourrait ĂȘtre considĂ©rablement resserrĂ©e. Aujourdâhui, les mineurs sont assez libres et peuvent traiter toutes les transactions. NĂ©anmoins, Ă lâavenir, ils pourraient recevoir une liste noire de transactions Ă ne pas miner, comme les transactions qui bougent les bitcoins dits « sales », provenant dâactivitĂ©s illicites assimilĂ©es. Cette interdiction de miner certaines transactions pourrait par la suite se transformer en une interdiction dâaccepter les blocs contenant ces transactions, ce qui serait alors une censure active. On voit dĂ©jĂ les prĂ©misses dâune telle rĂ©glementation Ă©merger avec le « minage de blocs propres » proposĂ© par une association des mineurs nords-amĂ©ricains. Dans certains pays, cela va mĂȘme plus loin : le Venezuela a par exemple interdit le minage se faisant hors de sa coopĂ©rative nationale.
Ă terme cela pourrait mener les Ătats et les institutions internationales Ă mener une guerre directe contre Bitcoin. La dĂ©tention, lâutilisation ou le minage pourraient tout simplement ĂȘtre rendus hors-la-loi, tel que cela a dĂ©jĂ Ă©tĂ© fait dans plusieurs pays, dont lâĂgypte, le NĂ©pal ou la Bolivie.
Cette interdiction pourrait sâĂ©tendre Ă la plupart des pays dĂ©veloppĂ©s. Ces Ătats coopĂ©reraient par lâintermĂ©diaire du FMI, dont le but est dâassurer la stabilitĂ© du systĂšme monĂ©taire mondial, ou bien du GAFI, qui lutte contre le blanchiment dâargent et le financement du terrorisme. Les Ătats refusant dâappliquer les mesures pourraient devenir des « Ătats voyous » qui subiraient des sanctions Ă©conomiques de la part des premiers. Une telle coopĂ©ration sâest dĂ©jĂ vue, comme par exemple contre lâIran aujourdâhui : le 21 fĂ©vrier 2021, le GAFI a appelĂ© ses 39 Ătats-membres à « appliquer des contre-mesures » contre ce pays qui refuse dâappliquer les normes de lutte contre le terrorisme, ce qui a renforcĂ© au passage les sanctions dĂ©jĂ appliquĂ©es des Ătats-Unis.
En parallĂšle, une version « acceptable » du protocole pourrait voir le jour. Dâabord, cela se ferait de maniĂšre discrĂšte : lâĂtat pourrait par exemple prohiber les transactions de mĂ©lange (dites « CoinJoin ») au nom de la lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme. Puis, il lui viendrait peut-ĂȘtre lâidĂ©e de prĂ©lever lâimpĂŽt directement au niveau du protocole en imposant une taxe fixe sur toutes les transactions (sorte de TVA) et une taxe sur les montants ne bougeant pas (demeurage). Ă ce stade, ceux qui resteraient se diraient « pragmatiques » en se racontant quâau moins la politique monĂ©taire du bitcoin aurait tenu. NĂ©anmoins, jouissant dâune emprise totale, lâĂtat nâhĂ©siterait pas alors Ă transformer « Bitcoin » dĂ©finitivement en imposant que toute transaction nĂ©cessite sa signature (censure) et en sâautorisant Ă crĂ©er de nouveaux bitcoins (seigneuriage), brisant ainsi la rĂšgle des 21 millions et privant Bitcoin de sa substantifique moelle.
Ce scĂ©nario pessimiste est hypothĂ©tique, mais dĂ©coule des actions quâont rĂ©alisĂ© les Ătats par le passĂ©. Si lâon imagine parfois que certains Ătats ne tomberont pas dans la « rĂ©glementation punitive » et profiteront de cette « innovation technologique », on nâa pas conscience de ce que ceci implique : un Ătat faisant ceci perdrait non seulement sa capacitĂ© Ă se financer convenablement, mais aussi son aptitude Ă faire du commerce autour du monde, subissant alors les sanctions du conglomĂ©rat Ă©tatique opposĂ©.
Toutefois, cela ne veut pas dire que Bitcoin nâa aucune chance, au contraire. Bitcoin est spĂ©cifiquement conçu pour rĂ©sister Ă lâintervention des Ătats et constitue une tentative de construire une alternative robuste au systĂšme monĂ©taire actuel. Il faudra donc quâil se frotte Ă la rĂ©glementation lente et pernicieuse qui tentera de lâimmobiliser, et quâil sorte gagnant de la bataille qui se dĂ©roule aujourdâhui.
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Bitcoin est un concept qui permet de transfĂ©rer de la valeur « sans passer par une institution financiĂšre ». Il sâoppose donc par nature Ă la rĂ©glementation, qui nâest que lâintroduction de tiers de confiance dans le processus. La rĂ©glementation est lâantithĂšse de ce quâest Bitcoin et, en tant que telle, ne peut que lui nuire Ă long terme.
Il y a un jeu du chat et de la souris qui se dĂ©roule et ne sâarrĂȘtera probablement jamais. Les reprĂ©sentants de lâautoritĂ© Ă©tatique ne seront jamais satisfaits de la rĂ©glementation et en demanderont toujours plus ; et les partisans les plus zĂ©lĂ©s de la libertĂ© sâopposeront toujours aux restrictions et chercheront Ă les contourner par diffĂ©rentes mĂ©thodes. Puisque lâĂtat est une Ă©norme machine dotĂ©e dâune grande inertie, ses opposants auront toujours une longueur dâavance. NĂ©anmoins, lâĂtat peut frapper trĂšs fort et toute rĂ©sistance doit ĂȘtre dâautant plus ferme si elle veut triompher.
Bitcoin est un outil permettant aux individus de sâopposer Ă la tendance au contrĂŽle de la monnaie. Par des actions individuelles bien prĂ©cises, il est possible de faire en sorte que le systĂšme survive Ă toute tentative de rĂ©glementation : Bitcoin est conçu de telle sorte que les individus peuvent accepter et miner du bitcoin de maniĂšre anonyme. Le problĂšme est de faire comprendre la situation Ă ces individus et de les mobiliser : plus dâindividus participent, moins le risque de participer est grand.
Aujourdâhui, nous assistons malheureusement Ă un dĂ©litement de la communautĂ© dans la complaisance. Alors que le prix du bitcoin monte, son Ă©thos originel sâaffaiblit. Les mĂšmes sur la montĂ©e du prix pullulent (« to the moon », « number go up », « have fun staying poor »), tandis que ceux qui valorisent la rĂ©volution monĂ©taire de Bitcoin pĂ©riclitent, nâĂ©tant pas compris par la masse.
La rĂ©glementation a bonne presse et beaucoup y voient une maniĂšre de lĂ©gitimiser Bitcoin, dâamĂ©liorer son image auprĂšs du grand public. Michael Saylor, qui a achetĂ© prĂšs de 100 000 bitcoins par le biais de son entreprise, est prĂ©sentĂ© comme un hĂ©ros et est devenu en quelques mois un meneur idĂ©ologique trĂšs Ă©coutĂ© dans la communautĂ©, alors mĂȘme quâil sâoppose ouvertement Ă la rĂ©sistance Ă la censure et Ă lâanonymat3. De mĂȘme, il y a un enthousiasme autour des institutionnels qui achĂštent du bitcoin (millionnaires, fonds dâinvestissement, banques, Ătats), alors que ceux-ci mĂ©prisent en partie la proposition de valeur de Bitcoin, y voyant seulement un « actif financier non corrĂ©lĂ© », une « valeur refuge contre la dĂ©valuation de la monnaie » ou un « or numĂ©rique » devant rester dans des coffres sĂ©curisĂ©s.
Il ne sâagit pas dâune chose nouvelle : le tendance remonte au moins Ă 2012, annĂ©e durant laquelle les frĂšres Winklevoss ont investi Ă©normĂ©ment. Si elle pose souci aujourdâhui, câest Ă cause de son importance.
Il sâagit en effet dâune question dâĂ©quilibre. Tant quâune majoritĂ© de la communautĂ© reste fidĂšle aux principes de base de Bitcoin, il nây a pas de problĂšme Ă voir des gens investir des millions : au contraire, cela a apportĂ© de la richesse Ă ceux qui ont Ă©tĂ© assez fous pour se procurer du bitcoin Ă ses dĂ©buts. NĂ©anmoins, un dĂ©sĂ©quilibre trop grand pourrait mener Ă des perturbations majeures, ce qui nuirait Ă Bitcoin de maniĂšre considĂ©rable.
On peut ainsi tout Ă fait imaginer quâen cas de conflit les millionnaires et les fonds dâinvetsissement se rangeraient derriĂšre la lĂ©gislation, ceux-ci nâayant pas les mĂȘmes valeurs que les bitcoineurs authentiques. Dans le cas dâune scission entre un « Bitcoin » lĂ©gal (mais altĂ©rĂ©) et dâun Bitcoin illĂ©gal (mais prĂ©servĂ©), alors tous ces investisseurs institutionnels nâhĂ©siteraient pas Ă vendre leurs bitcoins illĂ©gaux durant la transition, rendant majoritaire la version lĂ©gale de « Bitcoin » au niveau du prix et du taux de hachage, qui pourrait alors devenir le « Bitcoin » valide aux yeux du grand public.
Si lâon veut que Bitcoin rĂ©siste Ă la rĂ©glementation, il faut cultiver la rĂ©silience des marchands et des mineurs et Ă©duquer la communautĂ© sur la question. Câest pour cela quâil est recommandĂ© aux utilisateurs de dĂ©tenir leur propre cryptomonnaie (« not your keys, not your coins »), de faire attention Ă leur vie privĂ©e, et si possible de faire tourner leur propre nĆud (« donât trust, verify »). Câest aussi pour cela que lâaccent est tant mis sur la dĂ©centralisation et la souverainetĂ©, et quâil existe tant de suspicion Ă lâencontre des plateformes dâĂ©change et des coopĂ©ratives de minage, qui forment des points dâagrĂ©gation trĂšs sensible aux directives imposĂ©es par les Ătats. Si lâon veut que Bitcoin reste dominant, les nouveaux arrivants doivent ĂȘtre convertis Ă lâesprit du projet originel.
Il est enfin nĂ©cessaire de bien dĂ©finir Bitcoin, au cas oĂč la corruption deviendrait trop importante. Il nâest en effet pas impossible que le Bitcoin que vous dĂ©fendez aujourdâhui soit un jour minoritaire du point de vue du prix. Le dĂ©finir Ă partir du protocole actuel (BTC) nâest pas une bonne solution : si une amĂ©lioration de Bitcoin est implĂ©mentĂ©e (Ă lâinstar de Taproot par exemple), ne reste-t-il pas Bitcoin ? Tout comme le bateau de ThĂ©sĂ©e reste lui-mĂȘme alors que toutes ses parties ont Ă©tĂ© remplacĂ©es, Bitcoin reste lui-mĂȘme par la prĂ©servation de ses propriĂ©tĂ©s principales, pas des dĂ©tails de son protocole.
Câest pourquoi Bitcoin gagnerait Ă ĂȘtre dĂ©crit comme un concept (ou un ensemble de principes) dĂ©fini dans le livre blanc, qui fait autoritĂ© dans le milieu et qui contient toutes les propriĂ©tĂ©s fondamentales comme la preuve de travail ou la quantitĂ© fixe dâunitĂ©s4. Une telle dĂ©finition attĂ©nuerait en effet toute capture du protocole par un Ătat, en donnant au grand public une dĂ©finition claire de Bitcoin pour quâil soit moins influencĂ© par la propagande Ă lâavenir.
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Ainsi, la tendance actuelle Ă la rĂ©glementation constitue un risque pour Bitcoin et il ne faut pas le nĂ©gliger. Si les Ătats nâont pas trop rĂ©agi pour le moment, câest que leur financement via lâimpĂŽt et lâinflation, nâa pas encore Ă©tĂ© assez menacĂ©. Câest pour cela que nous devrions nous prĂ©parer Ă la guerre rĂ©glementaire contre Bitcoin qui sâannonce.
Quoi quâil en soit, nous ne sommes pas aujourdâhui au point de non-retour et je reste persuadĂ© que Bitcoin peut sortir victorieux de cette guerre. MĂȘme si la tendance Ă tolĂ©rer la rĂ©glementation au sein de la communautĂ© est forte, il y a encore beaucoup dâindividus rĂ©silients prĂȘts Ă faire les efforts nĂ©cessaires pour que Bitcoin ne sombre pas dans lâapathie. Le rĂȘve de libertĂ© monĂ©taire, lui, ne mourra jamais.
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1. â Dans la DĂ©claration unanime des treize Ătats unis dâAmĂ©rique, il est Ă©crit :
Nous tenons pour Ă©videntes pour elles-mĂȘmes les vĂ©ritĂ©s suivantes : tous les hommes sont crĂ©Ă©s Ă©gaux ; ils sont douĂ©s par leur CrĂ©ateur de certains droits inaliĂ©nables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la libertĂ© et la recherche du bonheur.
La Constitution des Ătats-Unis dâAmĂ©rique, elle, a pour prĂ©ambule la phrase suivante :
Nous, Peuple des Ătats-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, dâĂ©tablir la justice, de faire rĂ©gner la paix intĂ©rieure, de pourvoir Ă la dĂ©fense commune, de dĂ©velopper le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral et dâassurer les bienfaits de la libertĂ© Ă nous-mĂȘmes et Ă notre postĂ©ritĂ©, nous dĂ©crĂ©tons et Ă©tablissons cette Constitution pour les Ătats-Unis dâAmĂ©rique.
2. â Ă partir de juillet 2010, les documents confidentiels rĂ©vĂ©lĂ©s de WikiLeaks ont commencĂ© Ă ĂȘtre relayĂ©s par les grands mĂ©dias et Ă impacter lâopinion publique. Suite Ă cela, lâorganisation a rencontrĂ© des problĂšmes avec PayPal et dâautres services financiers, problĂšmes qui ont conduit en dĂ©cembre 2010 Ă un blocus financier de la part de Bank of America, Visa, Mastercard, PayPal et Western Union. Il lui a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© dâaccepter le bitcoin pour les donations, ce quâelle a fait le 15 juin 2011, aprĂšs mĂ»re rĂ©flexion.
3. â Michael Saylor, le PDG de Microstrategy, a en effet exprimĂ© Ă de multiples reprises son mĂ©pris pour la rĂ©sistance Ă la censure et la confidentialitĂ©, notamment en dĂ©clarant que « câĂ©taient des mauvaises idĂ©es ». Il considĂšre ainsi le bitcoin comme une rĂ©serve de valeur et non comme une devise ou un moyen de paiement quâil faut rĂ©glementer.
Il nâest pas le seul investisseur dans ce cas, et Raoul Pal, PDG de Real Vision Group et Global Macro Investor, a par exemple tenu des propos similaires :
Si vous pensez que le secret vis-Ă -vis des Ătats et lâabsence de KYC est lâavenir des bitcoins, vous ne comprenez pas Ă quoi ressemble lâadoption. Ils le rĂ©glementeront. Vous allez le dĂ©clarer. Vous devrez procĂ©der Ă un KYC et câest trĂšs bien. Cela ne retire pas sa [fonction de] rĂ©serve de valeur, mais ne fait que lâintĂ©grer.
4. â Selon cette dĂ©finition, les protocoles alternatifs comme Litecoin, Monero, Bitcoin Cash ou mĂȘme Bitcoin SV sont des implĂ©mentations plus ou moins fidĂšles de Bitcoin. BTC reste bien entendu la version dominante du concept et peut donc ĂȘtre appelĂ©e Bitcoin sans quâil nây ait dâambigĂŒitĂ©.
Dustin Dreifuerst, The Coming Bitcoin War, 22 septembre 2020.
Eric Voskuil, Cryptoeconomics, 2021.
Je suis rĂ©cemment intervenu dans le podcast de Contrepoints pour parler de Bitcoin et de cryptomonnaie avec Pierre Schweitzer. Au-delĂ de lâĂ©volution du prix du bitcoin (prix qui se situait autour des 51 000 $ / 42 000 ⏠au moment de lâenregistrement), il y a en effet beaucoup Ă dire sur le sujet.
Les thÚmes suivants y sont abordés :
Voici lâĂ©pisode du podcast :
Est-ce la fin pour les cryptomonnaies anonymes ? La firme d'analyse blockchain CipherTrace a déposé des brevets faisant référence au suivi des transactions du réseau Monero (XMR).
Lâarticle Fin de l'anonymat pour Monero ? CipherTrace fait breveter le traçage des transactions en XMR est apparu en premier sur Cryptoast.