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Robinhood reçoit une notice de la SEC – Bientôt des poursuites pour son activité autour des cryptomonnaies ?

By: Maximilien Prué

La Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis a transmis une notice Wells à la plateforme Robinhood concernant ses activités relatives aux cryptomonnaies. Que s'est-il passé exactement ?

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COSMOS corrige juste à temps une faille menaçant 126 millions de dollars

By: Joachim PIRARD
L’écosystème de blockchains interconnectées de Cosmos a failli perdre plus de 126 millions de dollars suite à une faille dans son protocole de messagerie inter-chaines, heureusement corrigée à temps. Cette histoire met en lumière l’importance de la sécurité dans le monde des cryptomonnaies. En savoir plus sur ce sujet : Smart Contract : la méthode [...]

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Ethereum (ETH) : la SEC appelle à des commentaires pour les ETF spot de Grayscale, Bitwise et Fidelity

By: Vincent Maire

Tandis que les ETF spot Ethereum (ETH) se font attendre aux États-Unis, la SEC a fait appel cette semaine à des commentaires publics concernant les candidatures de Grayscale, Fidelity ainsi que de Bitwise.

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L’Élégance de Bitcoin : un ouvrage singulier

By: Ludovic Lars

En mars 2022 j'ai décidé d'écrire un livre sur Bitcoin. Cela faisait quelques temps que l'idée me trottait dans la tête, ayant accumulé un certain nombre de connaissances sur le sujet et voulant exposer clairement ce que j'avais compris. Vingt-et-un mois plus tard, non sans difficulté, celui-ci était terminé. Il est sorti officiellement le 31 janvier 2024 et connaît depuis un lancement encourageant !

Cet article est une présentation de cet ouvrage. Il en retrace sa longue conception, en expose le contenu général et dévoile quelques-uns des sujets abordés. J'espère ici convaincre les quelques personnes qui hésiteraient à se le procurer.

Un projet de longue haleine

L'idée de ce projet de livre m'est venue progressivement, mais elle s'est imposée dans mon esprit au cours de l'hiver 2021. La France était alors en proie à la dure restriction du passe vaccinal, ce qui m'avait un peu ouvert les yeux sur les possibilités d'évolution de notre société. Bitcoin représentait pour moi une sorte d'espoir, un outil de liberté sur lequel focaliser mon attention, et je voulais partager cette vision de manière claire et complète. Ayant écrit plus d'une centaine d'articles sur le sujet et ayant traduit l'ouvrage Cryptoeconomics d'Eric Voskuil, j'estimais avoir la légitimité pour écrire ce livre. J'ai annoncé ma décision début mars, quelques semaines à peine après l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'application de sanctions économiques drastiques contre les résidents russes.

J'ai mis au point une campagne de financement participatif en bitcoins qui permettrait de payer pour le lancement du livre et de me rémunérer pour quelques mois d'écriture. Celle-ci a été mise en place sur mon propre nœud grâce à Umbrel et BTCPay Server, et relayée via un VPS loué (en BTC) chez BitLaunch. La campagne a été financée principalement en BTC, mais quelques contributions ont été aussi faites en XMR et en BCH, cryptomonnaies que j'acceptais manuellement. Diverses contreparties ont été promises aux contributeurs et ont depuis à peu près toutes été honorées.

Le plan de l'ouvrage était déjà cohérent et il ne changerait pas significativement tout au long de la rédaction. L'idée était de décrire l'origine avant la destination, le pourquoi avant le comment, le général avant le particulier, pour former un ensemble clair et complet. Le contenu n'était pas destiné aux nouveaux venus, mais devait tout de même rester compréhensible pour le lecteur intéressé. Le propos devait se différencier du contenu produit par les « influenceurs » qui, en général, reste souvent à la surface et se limite parfois au prix et à l'investissement... Il était ainsi nécessaire que les sujets soient traités en profondeur, y compris d'un point de vue technique.

J'ai mis toute mon âme dans ce livre. J'y ai placé tout ce qui avait de l'importance pour moi, tout ce qui m'avait fasciné dans Bitcoin, même si certains sujets pouvaient être controversés ou complexes. J'ai essayé d'être le plus sincère dans ma démarche, en indiquant d'où venait ce que j'avançais : l'ouvrage contient ainsi une multitude de références disséminées au sein de centaines de notes (à tel point que des notes supplémentaires ont dû être extraites et être hébergées en ligne). Cet ouvrage est aussi un témoignage de ma relation avec Bitcoin, notamment dans la conclusion (chapitre 15) où je donne un avis plus personnel et où j'émets quelques prospectives sur Bitcoin.

Au cours de la rédaction, le contenu a pu être amélioré grâce aux diverses relectures bénévoles. Je remercie grandement ceux qui ont accepté de relire un chapitre ou deux pour me signaler ce qui n'allait pas, au niveau de la forme ou du fond. Ils sont cités au début du livre. Cet aspect m'a fait prendre conscience que l'écriture d'un livre n'était pas une tâche strictement individuelle : c'est un travail mené par une personne unique, certes ; mais celui-ci dépend du retour et du soutien d'autres personnes. Je n'aurais jamais pu écrire ce livre seul.

Assez rapidement, j'ai eu quelques contacts avec des éditeurs. J'ai finalement choisi la maison d'édition spécialisée Konsensus Network pour m'aider à publier l'ouvrage. Elle était constituée de bitcoineurs passionnés et proposait le paiement en bitcoins directement dans sa boutique, deux choses essentielles de mon point de vue. J'ai notamment été en communication avec Édouard Gallego qui m'a grandement aidé dans le processus (et que je remercie infiniment).

Enfin, il m'a été conseillé de trouver quelqu'un qui pourrait écrire une préface, car (on ne va pas se mentir) cet élément peut faciliter les ventes. La préface sert en effet de caution intellectuelle, garantissant une certaine qualité du propos auprès du public, une sorte de validation par un pair utile au discernement individuel. J'ai ainsi dû chercher un préfacier. C'était une chose délicate car, de mon point de vue, la personne devait à la fois m'avoir appris quelque chose (je devais lui être redevable) et apprécier le livre, au moins partiellement. Mon choix s'est porté vers Jacques Favier, historien et co-fondateur du Cercle du Coin, que j'avais découvert en 2017 par l'intermédiaire d'une vidéo de Raj de la chaîne Autodisciple, et dont j'avais lu l'ouvrage La Monnaie acéphale co-écrit avec Adli Takkal-Bataille. Jacques est quelqu'un que j'estime et dont j'apprécie les interventions orales comme écrites, ainsi que les multiples livres. Il a une culture historique que je n'aurais probablement jamais et est d'une finesse remarquable quand il s'agit de parler de Bitcoin.

En octobre 2023, je lui ai formulé ma demande, escomptant qu'il serait ouvert à la chose, et il a accepté de relire mon manuscrit. Je savais qu'il n'apprécierait pas tout le contenu du livre, et notamment ses penchants les plus « libéraux » et « autrichiens », mais j'espérais qu'il y trouverait des points qui lui plairaient. Il a finalement accepté. Il a rédigé une superbe préface, avec le talent d'écriture que ses lecteurs lui connaissent. Le fait que nous ayons des points de vue différents n'est à mon avis pas un défaut, d'autant plus que j'ai voulu m'adresser à tout le monde. Même s'il existe évidemment des opinions erronées au sujet de Bitcoin, la diversité des points de vue est une richesse qu'il convient de cultiver. Tout comme dans la célèbre fable indienne où des aveugles touchent chacun une partie différente d'un éléphant et décrivent l'animal d'une façon différente, nous avons tous notre perspective de Bitcoin qui peut être valable et complémentaire par rapport aux autres, à condition d'être de bonne foi.

Un contenu riche

Le livre a pour objectif de donner une vue d'ensemble de Bitcoin, à la fois sous des perspectives technique, historique, économique et politique. Tout d'abord, j'aborde l'histoire de Bitcoin de ses origines en 2008 à aujourd'hui (chapitres 1 et 2). Puis, j'évoque ses racines proprement dites en explorant ses fondements monétaires, politiques et techniques et en retraçant comment il s'inscrit dans une évolution déterminée (chapitres 3, 4, 5 et 6). Ensuite, je présente son modèle de fonctionnement général, qui est plutôt simple quand on y pense mais terriblement efficace, en décrivant tour à tour la signature numérique, le minage et la détermination du protocole (chapitres 7, 8, 9, 10, 11). Enfin, je rentre dans les détails plus techniques en m'attardant sur les rouages de Bitcoin et en abordant des thèmes tels que la confidentialité, la programmabilité et la scalabilité (chapitres 12, 13, 14).

Table des matières élégance de Bitcoin
Table des matières (cliquer pour agrandir)

Le contenu est donc très riche et saura contenter les plus curieux. Les sujets abordés dans le livre sont des sujets réels, profonds, et parfois complexes, qui sont rarement abordés dans les médias généralistes. On alterne entre les idéologies politiques, les solutions techniques, l'utilité du système, la censure des transactions, l'altération des règles de consensus ou les frais de transaction. Il ne s'agit pas de convaincre le lecteur d'« investir » dans le bitcoin, mais de lui faire prendre conscience des enjeux qui s'incarnent au sein même de Bitcoin et de la bataille de la monnaie numérique qui se joue aujourd'hui même.

Le titre de l'ouvrage – qui était à l'origine provisoire, mais qui s'est imposé comme définitif avec le temps – reflète l'élégance rare qui caractérise la conception de base de Bitcoin. Dans le propos, cette élégance est en filigrane : vous ne trouverez pas de grand discours philosophique sur la beauté ou de récit grandiloquent à propos d'une expérience mystique, mais vous pourrez ressentir cette élégance à travers la façon dont Bitcoin est agencé. Bitcoin tire sa force de cet aspect. Sa simplicité est à la base de sa robustesse : comme l'écrivait Satoshi Nakamoto dans le livre blanc, « le réseau est robuste du fait de sa simplicité non structurée ».

L'image de couverture (conçue par le talentueux ImTechnicolor) représente Bitcoin en tant qu'arbre dont les branches sont des pistes de circuit imprimé et dont les feuilles sont des pastilles. Elle combine ainsi la nature informatique du système, qu'on retrouve dans le réseau qui le supporte, et son aspect organique, lié aux êtres humains et à leurs interactions économiques et culturelles. De plus, cette illustration résumé particulièrement bien les différents thèmes abordés dans l'ouvrage : les racines techno-idéologiques de Bitcoin retraçant ce qui a pu mener à sa découverte ; son caractère essentiellement pluriel, qui se transcrit dans les différentes scissions et les versions alternatives du protocole ; sa chaîne de blocs, que Satoshi décrivait comme « une structure en forme d’arbre qui a pour racine le bloc de genèse, chaque bloc pouvant avoir plusieurs candidats à sa suite » ; et enfin les arbres de Merkle, qui interviennent dans les blocs pour agencer les transactions. J'en suis particulièrement satisfait.

Une perspective différente

Beaucoup de contenu sur Bitcoin se concentre sur les choses qui plaisent au grand public. Le nerf de la guerre numérique étant l'attention, il faut aborder les sujets de manière péremptoire et simpliste, qui parle au plus grand nombre sans trop le bousculer. Il convient ainsi bien souvent d'évoquer le pouvoir d'achat de nos monnaies qui s'érode et le prix du bitcoin qui monte en conséquence, dans une vision schématique du phénomène. En général, on ne cherche pas trop à revenir sur les racines cypherpunks de Bitcoin, ni à mettre en avant qu'il permet de contrevenir à la loi positive ou de s'adonner à certains vices. On évite également de parler de ses faiblesses et de ses limites, voulant convaincre autrui d'en acheter un peu.

Étant anticonformiste, je m'oppose à cette vision des choses, qui a ses mérites (je le concède) mais qui ne cadre pas avec ce que Bitcoin véhicule. Je pense qu'il est profitable de dire ce qui nous semble être la vérité de manière crue et directe, quitte à déplaire aux plus modérés. Cet ouvrage a été écrit dans cette optique et de multiples sujets polémiques sont abordés. En voici quelques-uns.

Bitcoin possède des racines idéologiques profondes. Bitcoin n'est pas un assemblage technique neutre, mais possède des valeurs qui sont inscrites dans le code du logiciel, qui peuvent être identifiées dans les écrits de son fondateur et qui se retrouvent au sein de sa communauté. La valeur principale est bien entendu la liberté, le but de Bitcoin étant, comme l'écrivait Satoshi, de « conquérir un nouveau territoire de liberté pour plusieurs années ». Parmi les mouvements qui ont influencé la découverte de Bitcoin, on peut citer le libertarianisme américain moderne initié par Murray Rothbard dans les années 60, l'agorisme de Samuel Konkin III, le mouvement libriste débuté par Richard Stallman dans les années 80, l'extropianisme transhumaniste de Max More, et le mouvement cypherpunk des années 90 représenté par Tim May. Les expériences de monnaies numériques forment aussi une indication de la longue quête qui a mené à la cryptomonnaie. Je ne suis évidemment pas le premier à parler de cette « préhistoire » de Bitcoin : des livres ont été écrits à ce sujet – dont notamment Digital Cash de Finn Brunton et The Genesis Book d'Aaron van Wirdum, sorti très récemment – et des épisodes de podcast y ont été consacrés – et en particulier les premiers épisodes de celui d'Urbantech.

L'argent liquide physique va disparaître. Tout comme la monnaie a transitionné de la monnaie métallique au papier-monnaie, celle-ci subit une transformation similaire en devenant peu à peu une monnaie entièrement numérique. Cette évolution est aujourd'hui en cours en Occident et devrait se finaliser dans les décennies à venir, sauf dans le cas d'une prise de conscience massive. Nous nous retrouverons dans un monde utilisant principalement de la monnaie numérique de banque centrale et ses dérivés privés, dans lequel le rôle de l'argent liquide papier aura été rendu obsolète et négligeable. La surveillance et la censure financières pourront se déployer comme jamais auparavant. Dans ce monde aux aspects dystopiques, Bitcoin formera une alternative cruciale pour la liberté.

Bitcoin est une monnaie de désobéissance. Bitcoin n'a d'utilité propre par rapport au dollar et à l'euro que dans la mesure où il existe en dehors des lois et de l'intervention des banques. Par sa résistance à la censure (aspect largement mis en valeur dans le livre), cet outil est fait pour désobéir aux autorités en charge, chose qui peut être jugée légitime ou non. Il garantit la liberté de transaction pour des activités sensibles comme la liberté d'expression, l'opposition politique dans les pays, l'envoi de fonds à l'étranger, et plus généralement l'économie parallèle.

L'adoption de masse n'aura pas lieu. L'adoption de masse du bitcoin est désirable dans la mesure où elle permettrait à tous de disposer d'une monnaie libre, et empêcherait les diverses manipulations monétaires réalisées par les États et par les banques. C'est pour cela qu'elle est souvent présentée comme un objectif à atteindre, comme si les monnaies fiat pouvaient disparaître dans une hyperbitcoinisation fulgurante. Cependant, il est illusoire de croire qu'une telle adoption pourrait survenir du jour au lendemain, et tous ceux qui ont travaillé sur le terrain peuvent en témoigner. L'utilisation de Bitcoin suppose des contraintes variées (comme la volatilité du pouvoir d'achat, les frais de transaction, le manque de scalabilité et la réglementation dissuasive), ce qui crée une barrière à l'entrée que tout le monde n'est pas prêt à franchir. La sobriété du discours pourrait ainsi être bénéfique.

Le passage à l'échelle se fera (aussi) par le recours aux mises en œuvre alternatives de Bitcoin. Comme tout le monde le sait, Bitcoin ne passe pas à l'échelle en tant que système unique : le nombre de transactions pouvant être incluses dans un bloc est restreint par une limite de poids de blocs, et les solutions de seconde couche censées améliorer cette capacité de traitement, comme le Lightning Network, sont par essence imparfaites, puisque reposant sur le règlement des litiges sur la chaîne. Toutefois, il existe une troisième voie pour accroître le nombre de transferts : c'est l'utilisation de monnaies de substitution, c'est-à-dire de cryptomonnaies alternatives libres et décentralisées possédant des caractéristiques proches de BTC (propriété entière, résistance à la censure, résistance à l'inflation) mais n'offrant pas la même sécurité. Cet effet peut déjà être observé lors de la hausse de frais sur le réseau lorsque les utilisateurs ont recours à d'autres cryptomonnaies (2023 en a été un bel exemple avec Ordinals). En parallèle, certaines boutiques en ligne focalisées sur Bitcoin ont compris le phénomène à l'instar de Bitrefill, qui accepte le litecoin (LTC) et d'autres cryptomonnaies, et de ShopInBit, qui accepte le monero (XMR). De manière générale, cette solution pourrait s'imposer à long terme de la même manière que l'argent a pu être le complément de l'or pendant des siècles avant d'être démonétisé en 1873, à condition bien sûr que la demande pour Bitcoin ne soit pas trop faible et qu'une solution de scalabilité révolutionnaire ne soit pas découverte entretemps.

Où se procurer l'ouvrage

Vous retrouverez ainsi, dans cet ouvrage qui présente une vision profonde et cohérente de Bitcoin, du contenu qui n'a pas forcément été abordé dans la langue de Molière. Ce sera, je l'espère, une lecture qui saura se démarquer des autres.

Vous pouvez vous procurer l'ouvrage sur la boutique de Konsensus Network, où il est possible de payer en BTC et en euros. Il est aussi disponible à la vente sur Amazon à un prix plus élevé et dans un format légèrement différent : l'objet est plus grand et plus lourd, et le papier un peu plus blanc. Les évaluations positives sont bien évidemment les bienvenues si vous avez effectué un achat sur la plateforme récemment ; cela aidera à améliorer la visibilité du livre. Le livre peut également être retrouvé sur le site de la FNAC. Un format numérique (epub) devrait être proposé prochainement, sur toutes les plateformes.

Enfin, précisons que vingt-et-un jetons non fongibles (NFT) liés au livre ont été forgés via le protocole Ordinals, dont la liste des identifiants a été incluse dans le livre. Ils sont en voie d'être distribués aux contributeurs et aux relecteurs.

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34- Les convulsionnaires

By: Jacques Favier

Ils sont quelques-uns. Puissants et impérieux, mais pourtant désemparés. Les princes de ce monde souhaiteraient plier la cryptograpie à leurs convenances. Or ce n'est pas possible.

Obama on computer

Ce n'est pas la première fois que les princes de la terre veulent commander ailleurs que dans leur domaine de compétence. Cela prête toujours un peu à rire.

Je voudrais raconter ici l'histoire des convulsionnaires, qui fut sérieuse à l'extrême et finit pourtant par un fou-rire.

Au début, il y avait en France une importante querelle religieuse (la controverse janséniste) qui portait sur des questions fort abstraites, comme la prédestination des élus et le rôle de la grâce divine dans leur salut. Pas de quoi troubler le royaume du vieux Louis XIV ? Si, car la querelle s'élargit et se démocratisa après la mort du roi (1715).

Le petit peuple de Paris prit fait et cause pour les thèses que rejetaient tant l'autorité royale que celle du pape : il avait une foi simple, assez austère, et il était porté à condamner le luxe des puissants et leurs accommodements avec le Ciel. La moitié du clergé parisien partageait les thèses dites jansénistes : Dieu aime qui il veut. Et il le fait savoir.

Or Dieu se manifestait par dessus la tête des papes et des rois par des miracles. Le peuple en était friand... et les miracles se multiplièrent à partir de 1720, presque tous liés à des prêtres appartenant au mouvement protestataire.

Le 1er mai 1727, François de Pâris, un simple diacre de la paroisse Saint-Médard rue Mouffetard, mourut en odeur de sainteté. Il avait légué tous ses biens aux pauvres. Je ne cite pas le détail pour émouvoir : la dimension économique n'est jamais loin, pour l'historien, des émotions religieuses populaires. Les miracles commencèrent le jour même de son enterrement, et se multiplièrent. On venait, on touchait la tombe on se couchait dessus la nuit, on emportait de la terre, on était secoué de saintes convulsions.

les convulsions de la demoiselle HardinEn 1731, on ne comptait plus les miracles. L'archevêque de Paris proclama qu'ils étaient faux. Les médecins du roi les déclarèrent faux. Mais le peuple n'a pas attendu le 21ème siècle pour faire fi de l'opinion des puissants et des doctes.

La police s'inquiétait de ce trouble à l'ordre public. Le cimetière de Saint-Médard était devenu un territoire perdu du Royaume, si l'on en croit ce rapport de police. Ce qu'il y a de plus scandaleux c'est d'y voir des jeunes filles assez jolies et bien faites entre les bras des hommes, qui, en les secourant, peuvent contenter certaines passions, car elles sont deux ou trois heures la gorge et les seins découverts, les jupes basses, les jambes en l'air… Effectivement !

ordonnance de 1732Le 27 janvier 1732, le pouvoir royal passa en force. Le cimetière fut fermé, gardé par un piquet.

C'est alors qu'un plaisantin (il y en a toujours eu en France) apposa un petit écriteau avec ce distique que tout le royaume allait répéter en gloussant :

De par le Roy, Défense à Dieu
de faire miracle en ce lieu...

Mais les convulsions reprirent de plus belle, et se firent désormais en cachette. Le roi dut réitérer son ordonnance : ce n'est jamais bon signe !

Nos gouvernants semblent aujourd'hui moins décidés à interdire les miracles divins qu'à ordonner des miracles mathématiques. Est-ce moins risible ?

Après les films pour les jeunes et l'Internet, ce sont en effet ces jours-ci la cryptographie et les monnaies cryptographiques qui leur paraissent responsables des maux du pays. Seulement on ne peut guère interdire l'Internet, même si M. Trump est élu, et on ne peut faire un trou dans un procédé cryptographique en en réservant l'accès à la police.

la clé des pompiersDe même que le roi ne pouvait raisonnablement commander à Dieu, M. Obama, Mme Clinton, MM Cameron, Hollande et Cie ne peuvent demander aux mathématiques un miracle particulier. Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. La clé des pompiers, si elle est placée à l'extérieur, peut servir aux cambrioleurs. Le patron du FBI est sûr qu'on peut lui trouver un truc. Mais cela fait rire. Il semble qu'Obama aussi attende un miracle. Mais cela fait rire.

Monsieur Hollande n'a pas encore donné son avis. Dans son beau bureau, il n'a guère les moyens de se forger une opinion en matière informatique. Pour cela (aussi) il suivra les américains.

un joli bureau

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25 - L'écriture du diable et les mangeurs de navets

By: Jacques Favier

En se faisant traiter de fou, le glaisier d'Auteuil qui confondait la pyrite et l'or s'en tira plutôt bien. D'autant que ses petits cubes sentaient bien le souffre, et pas de façon métaphorique. Bien d'autres furent inquiétés pour moins que cela... 

Il est assez éclairant de comparer les accusations proférées par nos irréprochables dirigeants démocrates contre le sulfureux bitcoin ou les messageries secrètes du terrorisme et ce qui se disait en d'autres temps, quand les infâmes monarques de jadis avaient vent de procédés financiers échappant à leur contrôle ou d'exploits cryptographiques permettant d'échapper à leur surveillance. 

Il n'y a pas grand chose de nouveau sous l'implacable soleil des pouvoirs. 

Quand M. Cameron demande benoitement voulons-nous permettre un moyen de communication entre les gens que nous ne puissions pas lire ?  et que sa réponse est négative, ce qu'il demande porte un nom. 

Quand M. de Kerchove, le Monsieur anti-terrorisme de Bruxelles, regrette que depuis les révélations d'Edward Snowden, les entreprises d'Internet et de télécommunications ont commencé à utiliser souvent du chiffrement décentralisé qui rend de plus en plus difficile techniquement l'interception légale par les autorités nationales compétentes, ou même impossible, que demande-t-il? 

Ce que demandent nos dirigeants, c'est une Inquisition généralisée. Et comme, naturellement, c'est pour la défense de la civilisation et en vérité pour notre propre bien, on peut dire une Sainte Inquisition...

Mais l'examen du passé laisse à penser que, se tenant des deux côtés de la chose, cherchant autant à crypter qu'à décrypter, ils auront du fil à retordre...

Commençons par ce qui arriva au moine bénédictin allemand Jean Trithème (1462-1516). Vers 1499, il avait élaboré sa Stenographia, un art de chiffrer les messages. Mais comme il utilisait des signes étranges on crut qu'il composait un grimoire de magie et il dut rendre des comptes. Il est vrai que le bon moine avait des formulations un rien provocatrices : J'ai fait en sorte que pour les hommes de savoir et ceux profondément engagés dans l'étude de la magie, il pourrait être, par la grâce de Dieu, intelligible à un certain point, tandis que, d'un autre côté, pour les mangeurs de navets à peau épaisse, il pourrait rester un secret caché pour toujours et être pour leurs esprits bornés un livre fermé à tout jamais

Largement de quoi être accusé de sorcellerie, notamment par les mangeurs de navets à peau épaisse !

Le navet, (nom savant Brassica napus) est une plante herbacée de la famille des Brassicacées. Elle a souvent été considérée comme très propre à nourrir les pauvres. Rien à voir – évidemment ! - avec l’oignon (Allium cepa), qui est une plante herbacée bisannuelle de la famille des Amaryllidaceae et dont le symbolisme ne sera pas ici plus avant explicité. Revenons au savant bénédictin...

En 1505, les moines de sa propre abbaye jugèrent bon de brûler les 2000 ouvrages de sa bibliothèque. Ça ne l'empêcha pas de publier son ouvrage en 1506. Il se montra plus prudent ensuite, et sa Polygraphiae ne parut qu'en 1518... c'est à dire deux ans après sa mort. Et avec un frontispice qui montre une soumission de bon aloi à l'institution.

La première publication se fit en latin, la langue des white papers de l'époque, puis le livre fut traduit en français et en allemand, ce qui montre que les accusations de sorcellerie n'avaient point empêché l'extension du domaine du secret, largement au bénéfice des princes allemands il est vrai. Parce que les Etats n'avaient pas moins besoin de la diablerie cryptographique que les particuliers cachotiers. La chose n'a guère changé...

Sorcellerie? Peut-être pas (il ne fut pas brûlé avec ses livres) mais alchimie à coup sûr. Trithème ne fut pas le seul cryptologie à se tenir on the border... Il est rare que la recherche des secrets soit tout à fait licite aux yeux du pouvoir, mais il est rare que le pouvoir s'en désintéresse. Enfin il faut bien avouer que parmi les secrets recherchés figure souvent le mystère de la valeur des choses...

Sous le règne d'Henri III, le célèbre Blaise de Vigenère (1523-1596), dont le code allait résister plus de deux siècles aux efforts de toute l'Europe, était d'abord un savant humaniste, lisant latin, grec et hébreu. Et pas uniquement par amour des textes anciens. Pour Vigenère, faire de l'or n'était pas aussi difficile qu'on le croyait. Simplement, pensait-il, comme ceux qui le cherche n'ont pas d'autre but que de satisfaire leurs appétits déréglés, Dieu condamnait leurs efforts. Voici donc un sorcier moral. et prudent. Lui même le rappela dans son Traité du Feu et du Sel : quiconque se frotte de secret doit prendre bien des précautions si l'on ne veut quant & quant encourir le bruit d'estre un athéiste, sorcier et faux-monnayeur. 

Sorcier et faux-monnayeur : lumineux rapprochement !


Sous le règne suivant, François Viète (1540-1603), mathématicien et cryptographe du bon roi Henri IV, parvint à casser le chiffre espagnol, une sorte d'alphabet à cinq cents signes. Or il était au service d'un monarque suspect de protestantisme, et à une époque où comme l'écrivit un chroniqueur du siècle suivant l'algèbre passoit alors aux yeux des peuples pour une vraie magie. 

Les espagnols, de bonne foi ou non (disons... comme M. Cameron tentant aujourd'hui de distinguer la bonne et la mauvaise cryptographie) portèrent la chose à Rome : il y avait forcément sorcellerie puisque c'est eux que l'on décryptait !

Le diable, rien que cela ? C'était sans compter sur... le pape Clément VIII. 

Peut-être ce pape ne croyait-il pas aux sorciers. Ou ne mangeait-il pas de navets. Peut-être avait-il choisi son camp, car il trouvait la tutelle espagnole un peu pesante. 

Ce saint père n'était pourtant pas suspect de laxisme (Giordano Bruno fut brûlé à Rome en 1600 pour hérésie et magie noire) mais lui aussi avait ses cryptologues et il n'était pas mécontent que quelqu'un ait cassé le redoutable chiffre espagnol.

Quoiqu'il en soit, Clément VIII rit de l'affaire. Autant que la Cour de France.

S'il y a un diable dans la cryptographie, c'est généralement un diable assez farceur !

Depuis des siècles, toute forme d'écriture cryptographique, quand elle n'est pas au service exclusif du roi, est suspecte d'être l'oeuvre du diable. Cela n'a jamais empêché de nouvelles trouvailles. Depuis longtemps aussi, la "fausse" monnaie n'est jamais loin de l'écriture secrète. 

J'y reviendrai !

Pour aller plus loin:
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23 - à visage découvert ?

By: Jacques Favier

le rapport GaillyLe rapport sur les nouvelles monnaies signé par Pierre-Antoine Gailly, par ailleurs président de la CCI de Paris, en tant que rapporteur de la commission du Conseil économique, social et environnemental (CESE) n'a pas déchaîné les passions. Ce type de littérature n'est pas fait pour cela.

D'autre part le mélange systématique de deux sujets, les monnaies locales complémentaires et le bitcoin, rend la lecture un peu lourde pour ceux que n'aurait éventuellement intéressés qu'un seul des deux sujets, qui n'ont pas forcément grand chose en commun malgré les efforts déployés.

En ce qui concerne le bitcoin, le rapport Gailly se focalise presque exclusivement sur la question de son anonymat (au demeurant mal compris) et témoigne d'une hostilité presque viscérale. Je veux traiter ici de l'anonymat, présenté comme contraire à la responsabilité des acteurs et à la sécurité des transactions.

J'extrais ceci de la Préconisation n°1 : une machine, un système informatique, doivent être actionnés et monitorés par un ou plusieurs individus. La responsabilité doit reposer sur l’être humain et non sur la machine qu’il a créée dans le but de se dédouaner de toute responsabilité en cas de problème. Il est donc essentiel de pouvoir identifier les détenteurs de monnaies, ainsi que les personnes physiques à l’origine et/ou destinataires des opérations de flux.

On sait pourtant que les institutions ne manquent jamais de s'abriter derrière l'irresponsabilité de la machine. On remercie l'humain de sa compréhension quand l'erreur vient de la machine, on le sanctionne au nom du règlement quand l'erreur est de son fait.

les excuses de TepcoLa responsabilité de l'être humain c'est philosophiquement satisfaisant. Mais on s'en passe bien sur les marchés où règne désormais le trading algorithmique ! Et quand la machinerie est défaillante, au delà d'une certaine taille de catastrophe, les larmes du petit responsable et ses plates excuses (comme après Fukushima) ne servent plus de rien. La "responsabilité humaine" n'est donc pas une clé de voute en matière de sécurité.

La montée en puissance de l'Internet de l'objet aurait pu fournir l'occasion de dépasser l'éthique parole de scout et tenter de voir comment, à défaut d'une responsabilité de la machine, on pouvait bâtir des processus d'authentification de celle-ci, de fiabilité des transactions qu'elle engendre, etc. Au lieu de cela on a une série de questions dont on ne sait si elles sont vraiment ou faussement naïves :

Les monnaies numériques doivent également faire preuve de plus de transparence pour être crédibles. L’anonymat recherché suscite des doutes : Pourquoi se cacher ? Comment créer de la confiance sans relations humaines ? Comment faire confiance lorsque l’on ne sait pas à qui bénéficie le système ? Pourquoi considérer que sans anonymat, un système équivalent au Bitcoin ne serait pas efficient ?

à visage découvertUne monnaie numérique qui s’appuierait sur un système permettant d’identifier les parties concernées dans les transactions constituerait une avancée majeure. La révolution numérique en matière de sécurisation des transactions grâce à la cryptologie ne peut-elle pas poursuivre ses ambitions, en sécurisant les individus et en permettant une meilleure traçabilité́ ?

Passons sur cette étrange idée relative à la sécurité des transactions: On avait cru comprendre que la traçabilité concernait la viande morte, non les êtres vivants. Le paiement par bitcoin est sûr, irréversible, et peut être soldé en euro presqu'instantanément. Les individus contractants sont tout à fait sécurisés.

La question de l'anonymat (la seule réelle, derrière les fausses questions de responsabilité ou de sécurité) fait apparaître deux plans de clivage : le premier est philosophique, entre ce que ressentent certains citoyens et les pratiques sécuritaires croissantes des autorités, le second est technique, entre ce que perçoivent les législateurs-régulateurs et ce qu'imaginent les ingénieurs-développeurs.

IL EST DIFFICILE À CERTAINS DE TRANSIGER SUR LES LIBERTÉS (DE TOUS)

Pourquoi se cacher ?

Rousseau se cachait ?J'ai donné dans un précédent billet la réponse de Rousseau : taire une vérité qu’on n’est pas obligé de dire n’est pas mentir.

Que j'achète des rattes du Touquet plutôt que des primeurs de Noirmoutiers, que je lise Hayek ou Keynes, le maraîcher et le libraire ne sont pas censés s'en soucier, moins encore en garder mémoire, aucunement revendre cette information. Quand vers la fin des années 60 est apparue la carte de paiement, le commerçant a cessé de vérifier mon identité. Ce n'est que des années plus tard que l'idée lui vint de me fidéliser, en faisant appel à mon consentement d'abord, puis de moins en moins. Mais c'est une dérive fort récente et surtout elle n'a rien à voir avec un retour des valeurs de convivialité et un besoin d'authenticité dans les relations humaines.

la républiquePour me faire bien comprendre, je comparerais volontiers cette volonté de transparence des relations commerciales avec la non moins récente crispation sur l'exhibition de son visage en toute circonstance.

L'État a tiré à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires cette petite affichette d'une esthétique douteuse (une république ni sexy, ni glamour, un peu hommasse même, genre année 50) et d'une efficacité douteuse (essayez donc le lien affiché, c'en est drôle !). On y fait appel à de grandes valeurs humaines.

Mais la réalité, pas drôle du tout, c'est cela, ces photos de taulards tristes et soumis :

l'horreur

Il est aujourd'hui interdit de sourire face à la machine, demain il sera interdit de sourire dans la rue (et pourquoi pas chez soi) si cela gêne la machine. Et chose que l'on ne rapporte qu'en frémissant : les personnes à la peau noire se voient intimer l'obligation de n'être ni trop noires ni pas assez.

Pourquoi se cacher? La réponse est simple : pour ne plus être scannés, fichés, hachés à l'analyse comportementale et objectivement suspectés en violation des principes de 1789.

Nous pensons donc qu'en payant nos légumes ou nos bouquins via le protocole bitcoin, nous ne cacherions au maraîcher ou au libraire rien qu'il ait à savoir.

à lire...En vérité, les mots relations humaines sont délicieusement employés pour désigner non le commerçant, mais le tiers de confiance. Or c'est justement de celui-ci que nous nous méfions ! Aussi la question de savoir comment faire confiance lorsque l’on ne sait pas à qui bénéficie le système a un amusant effet boomerang. Car le système qui est l'alternative au bitcoin (le système bancaire) profite, lui, énormément, des transactions, des transferts, des sommes dormantes, des jours de valeur, des découverts, des données...

Il y a donc pour le particulier, contrairement à ce que suggère le document du CESE, beaucoup de bonnes raisons de cacher son identité, ses achats, ou ses comptes : éviter la publicité (c'est en principe un droit), se protéger des voleurs (la confidentialité est admise depuis longtemps dans les ventes aux enchères), garder une certaine discrétion quant à des achats qui peuvent être mal jugés par son entourage ou par son banquier. Car derrière la banque il y a un État à la fois tentaculaire et... maladroit. Le fisc français se veut rassurant tout en avouant jusqu'à 100.000 attaques par jour, mais il n'est pas le seul et le fisc américain vient d'être victime d'un piratage massif.

C'est ce que rappelle, face aux exigences de la nouvelle réglementation mise en place par l'Etat de New York, le patron de Shapeashift, Eric Voorhees: après tout, de très grandes sociétés et des gouvernements ont démontré qu'ils étaient incapables de résister à des attaques informatiques : on ne va pas espionner des milliers de clients juste pour rendre un peu plus facile leur job (cité par CNBC). J'ajoute que ce sont les Etats eux-mêmes qui imposent un peu partout les back-doors propices aux intrusions !

Loft StoryCeux qui voient dans la numérisation de nos visages et la surveillance de nos comportements un gage de perfection sociale ont-ils trouvé la télé-réalité exaltante ? Où est la différence ?

Il n'y a jamais eu de vrai débat sur ce thème, indépendant de la pression des lobbys du marketing et de ceux du renseignement. Il y a toujours une bonne raison de collecter, et pourquoi se gêner, si la question est désormais pourquoi vous cachez-vous, hein ?

SnowdenMais, dira-t-on, les gens tiennent-ils vraiment à la protection de leur vie privée ? Il faut bien avouer que l'examen des pages Facebook laisse rêveur : les mêmes jeunes gens qui tentent de se vendre avec des CV sans photo s'y exhibent nus ou éméchés, et n'y scellent point leurs opinions sur maint petit sujet.

Pourtant nombreux sont ceux qui pensent, avec Edward Snowden, que le fait de dire qu’on se fout de la vie privée parce qu’on n’a rien à cacher revient à dire qu’on se fout de la liberté d’expression parce qu’on n’a rien à dire ! Et j'ajouterais pour ma part et que l'on parle pour ne rien dire...

Trop d'inutiles, disait-ilMais chacun sait que beaucoup de gens n'ont rien à dire. On ne peut songer que le monde est plein d'inutiles et que l'Etat a été inventé pour eux. Ainsi parlait Zarathustra...

En réalité, les données sont contradictoires. Certes je me souviens avoir été bluffé par le nombre de français qui avaient accepté, pour des bons de réduction et des queues de cerises, de remplir des pages de questionnaire chez Bananalotto. Mais peut-être ne suis-je pas le seul à refuser cela, comme le suggère une récente chronique de Patrice Bernard, qui s'appuie lui-même sur une étude de 3 chercheurs de l'Université de Pennsylvanie qui montre nettement le contraire.

Pour conclure le débat de principe, je citerai Isabelle Falque-Perrotin qui s'était payé une minute de gloire, dans son rapport de la CNIL 2013 quand elle avait tiré un boulet (lire page 6) contre l'union sacrée de MM. Sarkozy et Valls sur ce "rien à cacher rien à craindre". Ce raisonnement simpliste est précisément celui qui était utilisé par les régimes totalitaires pour justifier la surveillance généralisée. Il associe le droit à l'intimité à la culpabilité, plutôt que de l'associer à une liberté fondamentale non négociable. On l'a citée à la radio, à la télévision, et puis on a voté deux ou trois lois liberticides de plus.

AU-DELÀ DE CE QUI TOUCHE AUX LIBERTÉS INDIVIDUELLES, IL Y A CE QUI CONCERNE LE BUSINESS

A cet égard, le rapport Gailly pose peut-être inconsciemment une bonne question : Pourquoi considérer que sans anonymat, un système équivalent au Bitcoin ne serait pas efficient ?

La vérité c'est que Bitcoin n'est peut-être pas assez anonyme !

La transparence garante de la confiance dans le système, c'est bien joli, mais en l'état premier des choses, un industriel ou un commerçant n'aurait certainement pas adopté le bitcoin. Car l'examen du Ledger aurait dévoilé ses coûts, ses marges, ses fournisseurs, ses clients, les salaires versés etc. Et pas seulement comme aujourd'hui à son banquier, mais à tous ceux qui, avec un peu d'intelligence artificielle et de capacité d'analyse des données du Ledger pourraient finir par en savoir beaucoup trop sur ses affaires.

Beaucoup de propos sur le bitcoin semblent tenus par des gens dont le niveau d'information daterait du Bitcoin 1.0, en clair de 2010. Tandis que les officiels, les banquiers et la presse grand public s'effrayaient de l'anonymat du bitcoin, bien des utilisateurs ou des développeurs découvraient avec embarras sa forme spécifique de transparence. A tel point qu'on en venait à douter de sa fongibilité, un point sensible en matière de monnaie.

Les développements des dernières années ont tendu à renforcer la sécurité des transactions par l'usage de clé à multi-signatures ou de clés à habilitations différentes, mais aussi leur discrétion par la création d'adresses dédiées (Pierre a une adresse pour ses transactions avec Paul et une autre pour ses transactions avec Jacques), ou par des wallets à rotation où le logiciel génère une nouvelle paire de clés à chaque transaction.

Mais ce dont on parle aujourd'hui va plus loin :

De nouvelles monnaies comme Monero utilisent des signatures de cercle et des adresses furtives : à chaque transaction un groupe (aléatoire ou non) met son empreinte à côté de celle de l'authentique signataire pour couvrir celui-ci, et comme chaque utilisateur se couvre également...

Du côté du Nxt on trouvera la possibilité de recourir à un système d'alias qui simplifie l'usage (mémorisation d'adresses plus simples) mais doit permettre une plus grande discrétion, au moins vis-à-vis des tiers.

Du côté des sidechains plusieurs développements tendent à un anonymat renforcé : on voit des projets tels que Confidential Transactions ou comme Moneta, implémentant la technologie Zero sur une sidechain. Il faut aussi citer le projet Lightning de création de tunnels de paiements off-chain, dans lesquels régnerait, entre autres choses, une confidentialité plus grande.

On le voit, il y a une année lumière entre les préconisations des autorités officielles et la recherche. Je reviendrai bientôt sur les conditions dans lesquelles se forge l'opinion des autorités. Je termine en souriant: mon lecteur a bien vu que j'avais usé de procédés illégaux pour masquer bien des visages. J'ai découvert en surfant qu'une institution financière en avait fait autant... certes elle est aujourd'hui en procédure de résolution suite à un gros scandale. Tiens, il y aurait des scandales ailleurs que dans les monnaies décentralisées?

les yeux fermés

Pour aller plus loin (en anglais le plus souvent, et en s'accrochant !)

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19 - Fausse monnaie et vraie finance, entre Genève et Neufchâtel

By: Jacques Favier

"Si vous voyez un banquier suisse sauter d'une fenêtre, sautez derrière lui, il y a sûrement de l'argent à gagner..."

Le mot serait de Voltaire, en tout cas Jean Ziegler le lui attribua jadis. Sans discuter l'authenticité de la citation, on notera qu'il y a mieux à faire au travers d'une fenêtre que de sauter : regarder. En latin cela se dit speculare.

En préparant un billet que je viens de consacrer sur le Cercle des Échos au "Réduit suisse" du bitcoin, je me suis penché sur quelques faits anciens concernant cet étonnant pays voisin.

Un chose me frappe, qui ne sera pas approfondie aujourd'hui, c'est la relative modestie des monnayages suisses anciens. A l'époque médiévale et moderne, la Suisse ou plutôt les Suisses vivent avec des monnayages féodaux, ecclésiastiques ou cantonaux de billon ou d'argent. Rien de comparable aux belles monnaies royales de France, d'Espagne ou d'Angleterre, ni même aux monnaies de grandes villes commerçantes des Pays-Bas ou d'Italie.

pièce de 1802

A l'aube de l'époque contemporaine, les premières monnaies "républicaines" sont encore bien modestes. De façon stupéfiante, on verra même en 1830 Vaudois ou Bernois se servir, en la contremarquant, d'une pièce française datant du temps des rois !

écu français marqué

le chapeau du bailliEn bref, ces Suisses moqués par Voltaire n'avaient point le culte de la belle et grosse monnaie.

Paradoxe?

Non, la Suisse fut longtemps un pays pauvre. Mais c'est aussi le signe d'une déconnexion helvétique entre la puissance régalienne et la figure du politique. Le mot de couronne désigne encore plusieurs monnaies nationales en Europe, même dans des états républicains, et y servit même à l'époque communiste ! Or point de roi et point de "Couronne" en Suisse, où le récit national se fonde sur le refus de la révérence due au souverain.

En revanche, l'histoire suisse rappelle que la finance c'est speculare d'abord au sens d'observer, comprendre, imaginer...

les demoisellesAinsi à la veille de la Révolution de 1789, la royauté française est mortellement débitrice et obligée des banquiers de Genève, mais aussi de Lausanne ou de Neufchâtel. Pour de nombreuses raisons, dont une cocasse : le roi émettait des obligations viagères, sans savoir construire des tables de mortalité. Mais les banquiers genevois possédaient le recueil de statistiques mortuaires établies par le médecin suisse Louis Odier à Genève. Ils faisaient donc souscrire les obligations viagères par des syndicats de ce que leur population offrait de plus rentable en matière de belle longévité : les fameuses "demoiselles de Genève", joliment appelées les "Immortelles".

Qu'une partie des banquiers suisses aient été des protestants français réfugiés après la Révocation de l'Edit de Nantes ajoute encore à l'ironie de la situation...

qu'y a-t-il sous la perruque?Conclusion défrisante pour un roi portant perruque poudrée et arborant une prétention désuète à l'absolutisme : Primo, rien ne sert de régner avec l'arrogance à la française si votre prétention à la régulation conduit à l'exil des gens malins dont on aurait en réalité le plus grand besoin.

Secundo, rien ne sert d'accumuler des données (il y avait des registres d'état civil en France) si on ne sait pas les traiter, parce qu'on ne se pose pas les bonnes questions. Ce qui me ramène une fois déplus à la question qui plait tant à mes lecteurs au sujet des big-data : y a-t-il une cervelle sous les perruques poudrées de nos princes et entre les grandes oreilles de leurs flics ?

Gouverner, aujourd'hui comme hier, est-ce encore et toujours se tenir derrière pour surveiller et punir ? Ou bien est-ce que ce sera enfin un jour se tenir devant pour comprendre et guider ?

On ne peut penser à la Suisse et à sa tradition politique sans songer au "Citoyen de Genève." Ma flânerie littéraire me l'a fait soudain redécouvrir sous un angle imprévu.

La première mention de la monnaie dans ses Confessions - où le terme revient bien moins souvent que celui d'argent concerne en effet... la fausse monnaie! Le petit Jean-Jacques, apprenti graveur, est tout occupé à se graver des médailles destinées à lui servir, ainsi qu'à ses camarades, d'ordre de chevalerie (curieuse idée pour le futur auteur du Contrat social...) et il se fait surprendre dans ce travail de contrebande par son maître qui le roue de coups, disant qu'il s'exerce à faire de la fausse monnaie, parce que nos médailles avaient les armes de la République. Ce détail savoureux (Confessions I, Livre I, ed. Pléiade page 31) me mit en appétit, et je poursuivis ma recherche.

Jean JacquesOn trouve bien des choses chez Rousseau sur l'argent, qu'il n'aime pas. Deux phrases, Donnez de l'argent, et bientôt vous aurez des fers. Ce mot de finance est un mot d'esclave... (dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ) ou ce n'est pas à prix d'argent que le vrai plaisir s'achète (dans le premier dialogue de Rousseau juge de Jean-Jacques) résument assez bien sa pensée.

Mais la fausse monnaie ( qui me passionne!) revient chez le Citoyen de Genève, dans les Rêveries du Promeneur Solitaire, et ici de façon bien plus philosophique que dans ses jeux d'enfants : Je me souviens d’avoir lu dans un livre de philosophie que mentir c’est cacher une vérité que l’on doit manifester. Il suit bien de cette définition que taire une vérité qu’on n’est pas obligé de dire n’est pas mentir ; mais celui qui non content en pareil cas de ne pas dire la vérité dit le contraire, ment-il alors, ou ne ment-il pas ? Selon la définition, l’on ne saurait dire qu’il ment. Car s’il donne de la fausse monnaie à un homme auquel il ne doit rien, il trompe cet homme, sans doute, mais il ne le vole pas. (début de la Quatrième Promenade, ed. Pléiade p. 1026).

Que veut dire Rousseau, dans ce subtil passage d'une rêverie consacrée au mensonge ? Ma propre "rêverie" m'a conduit à un texte bien curieux ! Taire une vérité qu'on n'est pas obligée de dire, n'est-ce pas cela que réclament toutes les personnes qu'excèdent les exorbitantes prétentions de l'Etat à se voir communiquer nos faits, dits, écrits, premenades, pensées en un mot. Allons plus loin : celui qui non content en pareil cas de ne pas dire la vérité dit le contraire ne pratique-t-il pas une forme de cryptage ?

Au premier temps du minage, Bitcoin n'a-t-il pu apparaître comme une machine qui donne de la fausse monnaie à un homme auquel il ne doit rien ?

rêverie

Je ne résiste pas au plaisir (un peu snob) de reproduire ces mêmes lignes, extraites d'un manuscrit précieusement conservé par... la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel. A trois kilomètres du tout nouveau siège de Bity et guère plus loin de celui du groupe Metalor, l'un des leaders mondiaux de l'industrie de l'or ! Voisinage qui me paraît hautement significatif.

Que tirer de ces troublantes coïncidences, sinon que ce petit pays n'est pas seulement celui du secret bancaire, mais aussi de l'imagination financière, et que le bitcoin devrait y trouver bien mieux qu'un refuge, un écosystème favorable. Ce que j'écris par ailleurs.

Quant au Citoyen de Genève, qui n'aimait pas l'argent, les banquiers lui préfèrent généralement Voltaire et sa tolérance propice aux bonnes affaires. Il n'est donc pas de ceux dont l'effigie orne les pièces et les billets. On ne la trouve finalement que sur une fausse monnaie ! Jean-Jacques apparait sur un Monneron, qu'un économiste un peu superficiel traitera bien plus tard de Bitcoin de la Révolution. Ironie de l'histoire !

Rousseau sur un Monneron

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17 - Des hiéroglyphes contre les grandes oreilles ?

By: Jacques Favier

Dans le climat suscité par le vote de la loi sur le renseignement, j'ai continué à me demander ce que les petites cervelles derrière les grandes oreilles pouvaient ou non comprendre de nos affaires. J'en étais à me demander si en écrivant ainsi le mot "b0mbe" on échappait aux algos ou au contraire si ça les excitait.

Je reviendrai une autre fois sur les algos. Car en vérité deux choses ont alors ramené mes pensées vers... mes (lointaines!) études d'égyptologie. La première c'est cette petite image un peu naïve qui traine partout sur Internet, et qui est réputée mesurer je ne sais quelle souplesse de votre cerveau. Il parait que certains ne parviennent jamais à lire ledit message "leet speak" . Dites-moi qu'ils ne travaillent pas pour les renseignements généraux...

le code de césar à l'oeil nu

J'ai lu cela comme le journal et ne crois pas être plus malin qu'un autre. J'ai donc regardé rapidement ce qui se disait à ce sujet sur Internet, mais (mis à part un commentaire pour dire que c'était plutôt plus facile que certains post d'adolescents sur Facebook, ce qui est une remarque féconde) je n'ai rien trouvé d'excitant.

Il s'agit en réalité d'un simple "code de César" dans lequel la suggestion subliminale (le 4 pour A, etc) est presque systématique ce qui augmente encore la vitesse d'acquisition. La prouesse du cerveau qui lit cela est moindre que celle que vous réalisez en lisant un message manuscrit. Vous parvenez à lire des milliers de formes de A plus ou moins similaires à des 4, des a typographiques ou manuscrits, des formes cursives ou non... Seulement vous ne le faites aisément dans votre langue. Essayez maintenant avec ce massage codé identiquement, et écrivez moi si vous l'avez lu à la même vitesse que le message français.

on fait moins le malin

Big Mother connaissant a priori l'allemand et l'urdū autant que l'anglais ou le français, il est peu probable cependant que ces petits jeux offrent un rempart au cassage... Plus amusants sont les exercices où l'on ôte des lettres (ce qui n'est pas de nature à rebuter un lecteur d'arabe ou d'hébreu, langues qui ne notent pas les voyelles) ou ceux où l'on en permute. Cela reste des jeux dignes du Journal de Mickey. En réalité, toute forme de grammaire est une béance pour le casseur. L'orthographe d'un illettré (et le T9 d'un ado!) offrent sans doute une plus grande résistance à la machine, comme s'en sont plaints certains moteurs de recherche (voir le cas de Bing) ... A moins que l'usage de la belle langue française, telle qu'établie par Vaugelas et codifiée par Grevisse, ne soit jugée inquiétante par les algos?

SalvatoreIl reste ce que j'appellerais volontiers le Code Salvatore. Changer de langue en permanence. Stupido ? Dans le monde actuel, où les réunions de travail se font dans les 800 mots d'anglais que chacun connaît, la pratique paraîtrait incongrue. Puis-je rappeler la fascination qu'éprouvait au contraire un Jules Verne, visionnaire progressiste, pour les personnages (Otto Lidenbrock et d'autres) polyglottes et même latinistes ? Evidemment changer de langue au milieu de la phrase vous fera détecter... mais les maghrébins (qui sont naturellement bi ou trilingues) le font en permanence, comme vous l'entendez aisément dans le métro et t les hommes d'affaires émaillent leur pauvre français d'un (non moins pauvre) anglais. Vous serez noyé dans la masse des faux positifs. Pas si stupido...

Quel rapport ont ces considérations avec Champollion ? J'y viens. Il connaissait (un peu) la langue dans laquelle était écrite l'inscription de Rosette. C'est pourquoi il a cassé le code plus vite que Young, l'un des meilleurs savants du temps, considéré comme l'égal de Vinci ( qui avait sa propre écriture !) ou de Leibniz (qui réfléchit aussi, en marge du projet de langue universelle, sur des problèmes de cryptographie)...

Deux mots suffisent

imitation game

Lors de la projection du film Imitation Game, le public rit lorsque le savant auquel on a reproché d'ignorer la langue de l'ennemi note finalement qu'il ne lui fallait pour percer le code que deux mots allemands seulement : Heil Hitler ! Ce qui m'a fait sourire alors, c'est que la découverte de Champollion fut, de même, permise par l'intuition que les deux noms en cartouche devaient fatalement se lire Ptolémée et Cléopâtre.

Passée cette intuition, les choses ne furent pas plus simples pour Champollion que pour Turing. Pourquoi?

alphabetParce que le codage hiéroglyphiques est infiniment plus complexe que ce que l'on présente aux touristes, avec des alphabets égyptiens tout juste bon à permettre de transcrire des prénoms de barbares sur des bijoux fantaisie. En sachant qu'il devait retrouver Ptolimaïs, Champollion lui-même eut pourtant bien du mal, comme en attestent ses notes pieusement conservées.

sur le nom de Pltolémée

En réalité, d'autres savants (dont Young) avait approché jusque là, c'est à dire pas bien loin. Il est instructif de voir comment Young et Champollion s'y prirent pour franchir les marches supplémentaires, vérifiant l'intuition fondamentale de la multivalence des hiéroglyphes, qui selon leur place dans le mot, voire dans la syllabe, peuvent être littéraux, bilittéraux, trilittéraux, idéographiques voire... sans signification.

Deux demi-clés qui ne se valent pas

Sur la pierre de Rosette, la même (a priori) inscription était répétée en 3 langues, dont une seule connue - le grec, sans rapport linguistique avec les deux autres- et deux alphabets, hiéroglyphique et démotique, signes inconnus d'une langue perdue. Le calcul montre vite à Young qu'il s'agit de deux alphabets pour deux langues proches (il voit juste), l'écriture démotique étant une forme simplifiée, cursive, mais évidemment étroitement liée à l'écriture sacrée et plus complexe. Certes le grec donne le sens.. du texte. Pas des mots.

Champollion, lui, parle le copte. C'est une langue encore plus tardive que le démotique (c'est pourquoi d'ailleurs elles s'écrit en caractères issus de l'alphabet grec) mais elle est également dérivée linguistiquement de la vieille langue. Son usage s'est perdu depuis des siècles, sauf pour quelques prières chez les chrétiens d'Egypte. Cette clé copte se révèlera plus féconde que la clé grecque. Connaitre le sens d'un texte ne suffit pas à le décoder, si l'on n'a pas accès à sa structure linguistique. Vieux problème des langues où le sens (où est le sujet? où est le complément d'objet dans la séquence le chat la souris mange) est donnée par l'ordre des mots et celles où il est donné par un suffixe (une déclinaison par exemple).

Incomplète victoire

Pyramide de OunasLe concept de lettres plurilittères à lui seul multiplie considérablement le nombre de signes. Dans l'état le plus simple de la langue égyptienne on en compte environ 600. C'est le cas des Textes des Pyramides (ici dans celle de Ounas mort en -2323) Compte-tenu de ce que la fantaisie orthographique (elle existe) est tout de même encadrées par des règles et des usages, un ordinateur percerait cela à jour sans trop de mal, repérant des séquences évidentes.

Mais les anciens égyptiens n'en restèrent pas là. Au lieu de simplifier (comme Mao le fit du chinois - pour des raisons politiques) ils complexifièrent.

inscription de Ramses IIILa particularité historique de la langue égyptienne vient de ce fait singulier: le cryptage a été augmenté avec le temps. Mille ans après les Pyramides, à l'apogée des Aménophis et des Ramsès, la même langue s'encode sur les murs de Karnak avec 1200 signes.

Mais encore dix à quinze siècles et dans les textes écrits alors que le pouvoir politique est désormais grec puis romain, on atteint les 12.000 signes! Indépendamment de l'évolution naturelle de toute langue, il s'agit bel et bien ici d'un encodage, d'une mystification.

Certains textes furent si bien codés qu'à ce jour... nul n'a pu les décoder.

Comme pour les cypherpunks, le codage était, chez les derniers prêtres d'Amon ou d'Osiris, une résistance politique alors que faisait belle lurette que l'on parlait une version internationale du grec, sorte de globish du temps.

texte tardif à Kom Ombo

Quelles leçons pourrions nous en tirer?

Pourquoi le code des prêtres d'Edfou ou de Philae a-t-il résisté plus longtemps que le chiffre de Vigenère?

fils de RâLa première raison est peut-être que la malice n'était pas dans la "longueur de la clé", mais de l'ordre de celle des cruciverbistes. De nouveau, il faut rappeler la présence à Bletchley park d'un égyptologue (dans la hutte 4) et de six cruciverbistes. Dès l'égyptien ancien, si le mot "fils" s'écrit avec un canard, c'est qu'il se prononce vaguement comme le canard (sa). On lira "Fils de Râ" ou "canard soleil" selon que cela fait sens ou non. Quant au canard il servira aussi de voyelle sa dans d'autres mots qui peuvent n'avoir rien à voir ni avec le canard ni avec le fils.

Au fil des temps, c'est pourrait-on dire la "bibliothèque de gags" qui s'est étoffée. De sorte que certains hiéroglyphes tardifs incompréhensibles sont sans doute des private joke dont le sens s'est perdu avec le petit groupe très fermé à qui il servait de code. Si je code le nom de M. Valls avec l'image d'un couple dansant, j'ai sans doute plus de chance d'être compris que si je le code 123. Et si (une fois de temps en temps, pour rire) je le code 13021867 parce que c'est la date de création du Beau Danube Bleu, vous allez avoir du mal à me suivre ! Et je peux multiplier les gags autour du nom de M. Valse. On entre dans la période "ptolémaïque".....

laisse aller

c'est une valseLa seconde raison est évidemment que le codeur égyptien n'est pas limité aux 26 lettres et 10 chiffres, ni même à la petite centaine de caractères en tous genres productibles avec un clavier. Ni même, on l'a vu, aux 600 signes de la langue classique.

Il les dessine lui-même et peut toujours introduire une nuance, une nouveauté, simplifier... ou compliquer.

Au fait, la décision envisagée un peu partout dans le monde de ne plus apprendre aux enfants à écrire à la main ne vous met point la puce à l'oreille? Vous avez vraiment cru que c'était un truc finlandais pour aider Nokia?

Puisque la loi 1984 va (sous le contrôle d'un juge) permettre à Gouda, Tango et tous leurs petits amis, dès que les algos vous auront identifier comme déviant, de pomper dès votre clavier, avec un logiciel mouchard ou sans (la NSA le faisait déjà depuis longtemps avec SurlySpawn, Keyloggers...), peut-on imaginer lui échapper en enlevant le clavier? en mettant un pavé tactile avec stylo électronique? en écrivant mal ? en communiquant (y compris avec soi même) par rébus et calembours? en stockant les choses sous forme de dessins plus que de discours ?

La recette égyptienne tourne autour de deux concepts forts : inventer sa langue (j'ai déjà évoqué la poésie!) et dessiner ses caractères. Elle est évidemment aux antipodes du globish typographié...

L'argent consacré par l'Etat aux machines est pris sur les budgets humains de la police... allez donc lire le commentaire de "Frédéric" sous mon billet précédent!

Pour aller plus loin :

... en égyptologie

  • Il existe des dizaines de sites où l'on peut télécharger des polices hiéroglyphiques. Voir ici aussi mais au total c'est évidemment très limité car un seul clavier ne permet guère plus de 100 signes...
  • Il faut donc télécharger plusieurs fontes par exemple ici : hommes, poissons, oiseaux etc
  • Sur le codage informatique des langues anciennes débuté des 1988, il est intéressant de voir combien la matière "résiste": on en reste le plus souvent au codage des 800 signes recensés par la grammaire de Gardiner (la langue classique) et non sans difficultés. Lire ici également.

... et aussi

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15 - Insaisissable ?

By: Jacques Favier

Je fonctionne comme tout un chacun par associations d'idées. Je relisais un article des Échos où l'on critiquait le caractère insaisissable, sinon impénétrable, de cette devise hybride de l'ère 2.0. Insaisissable, me suis-je dit, c'est une critique qui doit désormais s'entendre aussi à la lumière de l'inconcevable chypriation des comptes en banques, pratique inaugurée en avril 2013 et que la transposition d'une directive européenne va rendre progressivement commune (lire ici).

Insaisissables, (titre original Now you see me) c'est aussi un film qui fut un succès surprise de l'été 2013. Il met en scène non pas le fisc ou la troïka, mais quatre magiciens capables de dévaliser une banque à distance, de piller en public le compte en banque d'un millionaire qui se croyait plus malin qu'eux et de faire disparaître un coffre fort comme des prestidigitateurs feraient disparaître un lapin dans une boîte à malice.

Discover the secret

Tout cela est-il sans rapport avec le bitcoin ?

Aurait-il plus à craindre des prestidigitateurs que des agents du fisc ?

Peut-être est-ce une simple marotte de ma part. Cependant le film m'a interpellé par l'écho du mot de magic qui revient dans tant de moocs, tutos et autres vidéos qui prétendent expliquer Bitcoin (et le reste) en quelques minutes à grand renfort de its amazing how it works...

in 3 seconds

Le premier tour de magie des quatre artistes est spectaculaire. Mais ces quelques secondes, n'est-ce pas le temps qu'il faut pour expédier son bitcoin au bout du monde, ou bien aller l'y chercher, en sautant par dessus les frontières, peut-être en traversant le béton armé mais aussi le blindages des régulations ? C'est donc aussi le temps qu'il faut pour le voler. Surtout s'il est dans un coffre fort grand ouvert...

the mentalistCertes, peu de coffres restent grand ouverts. Mais si le second tour de magie, qui voit l'argent passer d'un compte en banque à d'autres, en public et devant la victime, a quelque chose de comique, c'est évidemment parce qu'une porte a été ouverte par la victime elle-même.

D'autre part, une actualité récente et tragique vient de rappeler que le blindage d'une porte n'est pas le seul élément de protection auquel il faille songer. Si les gens qui nous gouvernent avaient un peu de finesse et de littérature, ils y auraient songé avant le drame.

Mais le "mentaliste" ici n'est guère magicien. S'emparer des petits secrets de vos voisins est un jeu d'enfant. Tous les sites vous demandent le nom de jeune fille de votre mère et le nom de votre premier chien. Quelle blague... si je veux, avant dimanche prochain je saurai les vôtres !

Certes tout n'est pas dans le Who's who ou sur la page Facebook de vos enfants. Mais il n'y a rien de plus simple que d'appeler au téléphone, demander à une secrétaire le nom de jeune fille de la femme de son patron, demander aux gosses le nom de leur chien, et même de demander à un cadre de société cotée la parité finalement retenue pour l'opération financière confidentielle. Je ne conseille pas de se faire passer pour un flic (c'est un délit), au besoin, dire c'est pour la télé marche mieux et s'avère moins risqué.

Revenons au grand problème du bitcoin: où cacher sa clé? Après le billet que j'avais intitulé Licence Poétique, et dans lequel j'évoquais les possibilités de flesh-storage fournies par le cerveau humain, je me suis livré, plus ou moins volontairement, à diverses expériences. J'en ai tiré la matière d'un autre billet, publié sur le "coin-Coin" où je montrais comment une confiance trop naïve accordée au brain-wallet pouvait mener à se tirer une balle dans la cervelle. Des lecteurs m'ont envoyé des liens (voir ci-dessous) pour augmenter ma méfiance...

hide the secrets

Un dernier mot : "Insaisissables" est sorti bien avant l'effondrement de Mt Gox. On pourrait en conclure que ça n'a rien à voir.

Sauf que les cambrioleurs ici n'ont pas de pied-de-biche mais un cerveau pour percer le cerveau de leur victime. La phrase culte du film : Look closely, because the closer you think you are, the less you will actually see met le doigt sur l'une des failles classiques de la sécurité.

Dans une économie de plus en plus digitalisée, cognitive, conceptuelle, c'est à dire une économie où un cerveau, parfois le même, peut servir de mémoire, de portefeuille, de coffre, de serrure et de clé, la sécurité des mémoires informatiques dans leurs data-storages surprotégés est à la merci d'une faiblesse de ce cerveau humain incapable de garder un secret même au petit coin).

Je n'ose pas ajouter : "ne le répétez pas..."

Pour aller plus loin, rire ou frémir :

☐ ☆ ✇ La voie du ฿ITCOIN

11 - Licence poétique

By: Jacques Favier



J'ai déjà suggéré que Tintin s'était affronté au secret du bitcoin puisque, comme dans le Secret de la Licorne, il s'agit tout à la fois de coder (l'adresse du trésor) et de cacher (le message qui porte le message codé). Aujourd'hui ces deux activités impliquent d'un côté les mathématiques (coder) et de l'autre l'imagination ludique (cacher)
La cryptographie est - en soi - peu romanesque. Le lent travail de l'esprit tendant à percer le piège conçu par un autre esprit, et pire le travail de brute d'un programme acharné à casser un secret se prête moins à l'intrigue qu'une partie de chasse au trésor.
Alors que viendraient faire du côté du bitcoin la littérature ? la poésie ?


Dancing Men

Il y a bien un code dans les Hommes dansants, mais Sherlock Holmes l'élucide assez aisément et l’intérêt de ce code est moins sa sophistication que sa discrétion : utilisé dans des messages gribouillés sur des murs ou sur des bouts de papier, on peut le prendre (comme Watson) pour un dessin d'enfant. Il s'agit donc moins de cryptographie que de stéganographie, qui est l'art de rendre anodins les messages les plus secrets.
De même la lettre volée d'Edgar Allan Poe n'avait pas été codée, mais cachée...

The Purloined Letter

Avec le jeu de cache-cache en effet, l'imagination romanesque est bien plus à l'aise et il y a des exemples illustres dans l'art de cacher, des ferrets de diamants dans les Trois Mousquetaires au Bouchon de cristal de Maurice Leblanc. le bouchon de cristal
C'est peut-être cette forme d'imagination qui est nécessaire quand on aborde la question la moins débattue au sujet de Bitcoin : où doit-on cacher son paper-wallet, puisqu'à la grande confusion de l'esprit humain, rien n'est aussi sûr que de planquer sa monnaie digitale sous la forme d'un bout de papier?

Le plus sûr est sans doute de stocker cela chez soi. Mais cela n'assure pas contre l'incendie. Et puis le voleur aussi saura bientôt reconnaître un e-wallet d'un ticket de supérette.

physical bitcoinAu delà du cold-storage, il reste le coffre fort à 37°: situé entre les deux oreilles, le cerveau est a priori un endroit idéal et sûr pour stocker l'information. La plupart d'entre nous y stockons notre code PIN, celui de la Visa etc. Pourquoi ne pas y glisser aussi notre clé privée?

Certes il est peu aisé de mémoriser "5JRZZETcN3nTBk3nCtAGxLofsPCZzaw3UTyvgi2dJ2Ay3pYsnFf"
Mais avec un peu d'imagination, on doit y arriver. Edgar Allan Poe, déjà cité, est aussi l'auteur d'un poème amusant :

''Near a Raven
Midnights so dreary, tired and weary.
Silently pondering volumes extolling all by-now obsolete lore.
During my rather long nap - the weirdest tap!
An ominous vibrating sound disturbing my chamber's antedoor.
"This", I whispered quietly, "I ignore".''

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, voir ici sur les poèmes qui cachent le nombre π. Évidemment il sera plus dur de cacher ainsi une série alphanumérique (incluant des majuscules de surcroît) mais on doit pouvoir y arriver en répartissant noms (chiffres), verbes (lettres) et adjectifs (majuscules) ou quelque chose comme cela...

Il est sans doute plus simple de procéder dans l'autre sens.
C'est ce que permet de faire le site brain-wallet. À défaut de retenir par coeur "5JRZZETcN3nTBk3nCtAGxLofsPCZzaw3UTyvgi2dJ2Ay3pYsnFf", je peux retenir une phrase par coeur, et la taper sur ce site, qui va me la restituer identique à chaque fois. Je vous livre le début de ma phrase : le presbytère n'a rien perdu... Un petit effort, n'oubliez ni les accents ni la ponctuation et vous devriez pouvoir vérifier cela par vous-même.

Reste que la phrase en question, extraite d'un roman à succès, est dans toutes les bases de type Google Bookc.
Il faut inventer une phrase qui n'ait JAMAIS ENCORE été écrite.
Le site mentionné requiert a long original sentence that does not appear in any song or literature. En toute rigueur on devrait même dire that will never appear...

Faut le faire. Le mot grec ποιεῖν ("poiein"), qui signifie faire s'applique à toutes sortes d'opérations, depuis celles qui modèlent de la glaise jusqu'aux réalisations les plus hautes de l’artiste ou du poète. J'y suis : la poésie est le recoin du disctionnaire français où est allé s'échouer ce vieux mot grec.


Mais la plupart des détenteurs de bitcoin ne sont pas forcément poètes !

Qu'importe. Il y a des machines pour cela, et des adresses à connaître. C'est là qu'un bitcoiner littéraire peut rendre service à sa communauté.
Je ne mentionne que pour mémoire Raymond Queneu et ses Cent mille milliards de poèmes qu'il décrivait dans sa préface comme : une sorte de machine à fabriquer des poèmes, mais en nombre limité ; croyant rassurant d'ajouter il est vrai que ce nombre, quoique limité, fournit de la lecture pour près de deux cents millions d’années (en lisant vingt-quatre heures sur vingt-quatre). L'avez-vous remarqué, c'est le même genre de comparaison que l'on vous sert sur le temps nécessaire à casser tel ou tel code?


Queneau

De façon plus drôle, il raconta un jour : J'avais écrit cinq ou six des sonnets des cent mille milliards de poèmes et j'hésitais un peu à continuer, enfin je n'avais pas beaucoup de courage de continuer, plus ça allait, plus c'était difficile à faire naturellement .

On était au début des années 1960; De la rencontre de quelques personnes autour de Rayond Queneau et François Le Lionnais, allait naître l'OULIPO : l'Ouvroir de littérature potentielle.


Voilà l'idée : l'OULIPO !
Oulipo 1 Des écrivains comme Italo Calvino ou Georges Perec allaient y être rejoints par ... des mathématiciens. Sainte promiscuité, digne de la rue d'Ulm, qui s'explique assez bien par l'essence même du projet : montrer qu'une contrainte formelle (écrire sans la lettre a par exemple) pouvait être un puissant stimulant, qu'un procédé formel (remplacer dans un texte de Victor Hugo tous les noms par le 3ème nom suivant du dictionnaire, les verbes par le 7ème verbe etc) pouvait être un procédé fécond.

le ratUn auteur oulipien, dit-on est un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir . Et depuis un demi-siècle, le groupe a poursuivi la construction de labyrinthes, de machines imaginaires à fabriquer des textes absolument imprévus. Le rat doit pouvoir se débrouiller dans un QR Code, non ?

Oulipo 2J'encourage vivement mes lecteurs à visiter le site de l'OULIPO.

Il y a un truc simple, et que j'aime bien. Prenez une phrase, simple, facile à retenir, issue d'une chanson par exemple J'ai du bon tabac et, en la prononçant à voix haute, essayez de trouver une suite de motS qui reproduise à peu près la musique de la phrase. Cela donnera, par exemple Jade Aube Onde Abaque d'où la clé privée 5K4spBQdAyGnW9sF7wxSH2J5RmYvPxoZkJVjgdFdNzuf37Sb1Ze
(zut, je l'ai grillée)

L'autre est d'écrire une phrase absurde. Il y en a une que j'aime bien. J'avais lu cela au sujet de l'intelligence artificielle, où un auteur affirmait qu'aucune machine programmable n'écrirait jamais une phrase d'humour noir comme : mes parents, quoique d'origine modeste, étaient de parfaites honnêtes gens. Ça y est, elle est spoilée aussi.

Oulipo 4

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Les GAFAM s’unissent pour contrer Deepfakes électoraux générés par l’IA

By: Fenelon L.
Les GAFAM sont reunis pour parler de l IA

Une vingtaine des mastodontes de la tech, dont Google, Meta et Microsoft, viennent de signer un accord définissant des principes forts pour lutter contre les deepfakes et autres contenus trompeurs générés par IA, qui menacent l'intégrité des processus électoraux mondiaux. Examinons les engagements essentiels de ce texte historique.

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La SEC inflige une amende à VanEck au sujet de l’un de ses ETF — Pourquoi ?

By: Vincent Maire

Cette semaine, la SEC a annoncé que VanEck avait accepté de payer une amende s’élevant à 1,7 million de dollars vis-à-vis d’informations non divulguées lors du lancement de l’un de ces ETF. Quels sont les faits reprochés exactement ?

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Chainlink s'associe à l’une des plus grandes compagnies de télécommunications au monde pour protéger les utilisateurs du Web3

By: Marius Farashi Tasooji

Chainlink Labs s'unit à Telefónica, un géant espagnol de la télécommunication, pour améliorer la sécurité des utilisateurs du Web3 en intégrant le réseau d'oracles Chainlink à l'initiative GSMA Open Gateway. De quoi s’agit-il exactement ?

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La Chine au front : Crypto en ligne de mire de la lutte anti-blanchiment d’argent

By: Mikaia A.
Dragon tenant dans ses mains une loupe avec logo de bitcoin

Cryptomonnaies en Chine : malgré l'interdiction, la menace du blanchiment d'argent grandit, poussant à des révisions législatives cruciales.

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La SEC envisagerait d'abandonner les charges contre DEBT Box – Aveu d’échec pour le régulateur américain ?

By: Marius Farashi Tasooji

Au cœur des discussions sur la réglementation des cryptomonnaies, la Securities and Exchange Commission (SEC) a déposé un document annonçant son intention de suspendre toutes les charges contre DEBT Box. La question se pose désormais de savoir si cette annonce pourrait influencer d'autres affaires en cours de la SEC, notamment celles impliquant Coinbase et Binance.

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Crypto XRP : Les banques américaines embarquées dans un tourbillon inédit !

By: Mikaia A.
Un tourbillon se préparant à entrer dans une grande ville, logo du XRP

Les banques US s'immergent dans la magie du XRP de Ripple, accélérant les paiements internationaux pour un avenir financier enchanteur.

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Cryptomonnaies : une commissaire de la SEC dénonce « l’approche extrêmement dure » de l’agence

By: Vincent Maire

Vendredi, la commissaire de la SEC Heister Peirce a de nouveau critiqué publiquement la politique menée par sa propre agence. Cette fois-ci, cela fait écho à une plainte contre le projet LBRY en 2021, qui a conduit à la cessation d'activité de l'entreprise exploitant la blockchain la semaine dernière.

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Google Cloud ajoute 11 nouvelles Blockchains à son service

By: Fitah
Blockchain

Google Cloud annonce l'ajout de 11 blockchains à BigQuery. Cela promet de stimuler l'innovation dans le secteur crypto.

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