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Temps de lecture : 4 minutesOptions de dĂ©pĂŽt avec les cryptomonnaies dans les casinos en ligne Les cryptomonnaies, ces monnaies numĂ©riques dĂ©centralisĂ©es, ont fait irruption sur la scĂšne financiĂšre mondiale ces derniĂšres annĂ©es. Avec leur popularitĂ© croissante, il nâest pas surprenant que de nombreux casinos en ligne aient commencĂ© Ă les accepter comme moyen de dĂ©pĂŽt. Dans cet article, nous [âŠ]
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On dĂ©finit souvent Bitcoin comme un protocole de transfert de valeur fonctionnant sans autoritĂ© centrale, qui rĂ©git lâĂ©mission et les Ă©changes dâune unitĂ© de compte numĂ©rique (appelĂ©e le bitcoin), protocole qui a Ă©tĂ© initialement dĂ©terminĂ© par Satoshi Nakamoto en janvier 2009 par le biais de son prototype et qui a permis de construire une chaĂźne Ă partir du bloc de genĂšse.
Néanmoins, cette définition, aussi informative soit-elle, n'est pas suffisamment précise. Elle fait de Bitcoin un protocole, c'est-à -dire un ensemble de rÚgles de consensus, mais elle ne spécifie pas les rÚgles en question (en dehors du bloc de genÚse) : celles-ci sont ne sont pas déterminées dans le temps et peuvent changer, chaque modification créant de facto un nouveau protocole.
Ce flou artistique a mené au cours des années à de nombreuses discussions enflammées à propos de ce qui constituerait le « vrai Bitcoin », notamment lors du débat sur la scalabilité, et a fini par créer au moins trois prétendants au titre, à savoir BTC (« Bitcoin »), BCH (« Bitcoin Cash ») et BSV (« Bitcoin SV »). Cette revendication, qui paraßt à premiÚre vue extraordinaire, cache en réalité une question philosophique profonde : comment définit-on correctement Bitcoin ?
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« Bitcoin » est un mot. Nom anglais issu de bit (« unité binaire ») et de coin (« piÚce de monnaie »), il évoque directement l'idée d'une monnaie numérique. Le terme est devenu trÚs populaire au fil des années, notamment grùce aux médias de masse, ce qui fait que de nombreuses personnes tentent de le récupérer ou de s'y associer d'une maniÚre ou d'une autre, à tort ou à raison.
De ce fait, le premier critÚre que nous pouvons examiner est le critÚre linguistique, qui détermine la définition d'un terme selon l'usage qui en est fait. En effet, en linguistique l'usage est roi : s'il peut exister des institutions ayant pour but d'orienter l'évolution d'une langue, cette évolution demeure libre et est soumise à ses locuteurs. Une langue est par essence un protocole de communication ayant pour but la compréhension mutuelle, et les termes qui la composent ont par conséquent tendance à acquérir un sens précis déterminé par la multitude, par effet de réseau. De cette maniÚre, si un grand nombre de locuteurs utilise un terme avec un sens particulier, celui-ci prédominera.
Selon ce critÚre, Bitcoin serait Bitcoin parce qu'une grande majorité de personnes l'appellent « Bitcoin » : il serait simplement défini par la masse, quelle que soit la chose qu'il désigne.
Bien évidemment, en tant que personnes attachées à l'idée de Bitcoin, cela ne nous satisfait pas.
Nous savons que le sens d'un terme peut dĂ©river jusqu'Ă ce que ce terme ne signifie plus la mĂȘme chose, voire dĂ©signe une chose fondamentalement opposĂ©e. C'est par exemple le cas du mot « liberalism » qui, en anglais amĂ©ricain, ne dĂ©signe plus principalement le libĂ©ralisme tel que nous l'entendons en français, mais un progressisme de gauche focalisĂ© sur les questions de justice sociale. Ainsi, dans le langage courant aux Ătats-Unis, les liberals sont des personnes favorables Ă l'intervention de l'Ătat dans le cadre de la redistribution de la richesse, la sĂ©curitĂ© sociale et l'Ă©ducation, tandis que les libertarians sont les libĂ©raux authentiques favorables au laissez-faire et Ă la rĂ©duction du rĂŽle de l'Ătat dans la vie des individus.
Ainsi, décrire Bitcoin de cette maniÚre crée une faille majeure dans tout ce qu'il représente. Si l'usage de la masse prime, alors on peut, si l'on a de l'influence, faire en sorte que Bitcoin change dans un sens qui ne le dépeint plus comme nous nous le représentons aujourd'hui. Il serait alors possible, par la propagande, de faire en sorte que le systÚme appelé Bitcoin n'utilise plus la preuve de travail (au nom de la lutte contre le changement climatique) ou qu'il soit privé de sa limite fixe d'unités (au nom de la protection du systÚme monétaire et financier).
De plus, dĂ©finir Bitcoin de cette maniĂšre ne tient pas compte du fait que la langue est Ă©lastique et tolĂšre de nombreuses incohĂ©rences : il peut exister de nombreuses polysĂ©mies pour un mĂȘme mot (c'est d'ailleurs le cas pour « Bitcoin »), et plusieurs utilisations de ce mot peuvent coexister, bien qu'elles soient opposĂ©es de maniĂšre inhĂ©rentes.
En fait, une langue est un champ de bataille permanent sur lequel s'affrontent les différents usages. Chaque locuteur fait à chaque instant un choix individuel pour soutenir des usages particuliers, sans forcément suivre le choix majoritaire, participant de ce fait à la construction de la langue. C'est précisément ce nous faisons dans cet article : un choix.
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Une deuxiÚme maniÚre de définir Bitcoin est de s'appuyer sur le logiciel Bitcoin Core. Bitcoin Core constitue en effet l'implémentation de référence du protocole dont le code sert de base pour les développeurs pour retrouver les rÚgles de consensus, et cela fait qu'il est aisé de confondre les deux. D'ailleurs pendant longtemps le logiciel était simplement appelé Bitcoin.
Le code du logiciel, écrit principalement en C++, est disponible en source ouverte sur internet, et sous licence libre, de sorte que quiconque peut copier et modifier le code à sa guise. Initialement hébergé sur SourceForge, il est aujourd'hui présent sur GitHub.
Le développement du logiciel se veut ouvert et « démocratique » : tout le monde peut proposer un modification du code, notamment par le biais des propositions d'amélioration de Bitcoin (BIP). Néanmoins, le dépÎt GitHub est soumis à l'autorité des mainteneurs, qui décident des changements qui sont apportés au logiciel, et en particulier à celle du mainteneur principal, qui peut nommer et révoquer les autres mainteneurs. Comme l'indique le guide de contribution de Bitcoin Core :
« Les mainteneurs prendront en considération un correctif s'il est en accord avec les principes généraux du projet ; s'il répond aux normes minimales d'inclusion ; et jugeront du consensus général des contributeurs. »
Définir Bitcoin comme le protocole lié à ce logiciel (ou bien à un autre) réintroduirait ainsi une autorité centrale, ce qui rentrerait en contradiction directe avec l'idée qu'on se fait de Bitcoin.
De plus, la pratique montre bien que le protocole n'est pas contrĂŽlĂ© par les mainteneurs de l'implĂ©mentation logicielle, mĂȘme s'il existe une certaine influence. Chacun est libre de copier le logiciel, de le modifier, et de le promouvoir aux nĆuds du rĂ©seau, qui se chargent d'appliquer les rĂšgles de consensus. Ainsi, le contrĂŽle du logiciel ne permet pas de modifier les rĂšgles arbitrairement : si par exemple Bitcoin Core intĂ©grait un changement controversĂ© (comme par exemple une violation de la politique monĂ©taire du bitcoin), alors une trĂšs grande majoritĂ© de nĆuds refuseraient probablement, en continuant de faire fonctionner une version antĂ©rieure de Core ou en se tournant vers une autre implĂ©mentation.
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Un troisiĂšme critĂšre pour dĂ©finir Bitcoin est la proximitĂ© avec le protocole originel, c'est-Ă -dire le protocole dĂ©terminĂ© par le biais du prototype publiĂ© par Satoshi Nakamoto le 8 janvier 2009. Le sous-entendu est que Bitcoin n'avait pas vocation Ă changer au-delĂ de la correction des failles prĂ©sentes Ă son lancement, et que par consĂ©quent il devrait ĂȘtre dĂ©fini comme l'itĂ©ration la plus proche de ce protocole.
Cette vision est notamment défendue par beaucoup de partisans de Bitcoin SV, qui se basent sur une citation (décontextualisée) de Satoshi Nakamoto datant du 17 juin 2010 :
« La nature de Bitcoin est telle que, dÚs la version 0.1 lancée, son fonctionnement de base était gravé dans le marbre pour le reste de son existence. »
D'aprĂšs eux, Bitcoin devrait ĂȘtre un protocole fixe, dont les mineurs seraient les dĂ©fenseurs.
Une variante de ce critÚre est l'argument de l'esprit originel de Bitcoin, parfois utilisé par les partisans de Bitcoin Cash comme Roger Ver, qui voudraient qu'un « systÚme d'argent liquide électronique » doive nécessairement offrir des transferts à bas coût et des temps de confirmations faibles. De ce point de vue, BTC ne représenterait pas Bitcoin.
Toutefois, mĂȘme si ces dĂ©finitions ont le mĂ©rite d'ĂȘtre plus prĂ©cises, elles sont purement arbitraires dans le critĂšre choisi. BTC constitue de toute Ă©vidence la principale version de Bitcoin, et on peut considĂ©rer qu'il est lui-mĂȘme proche du protocole originel sous un autre aspect : la compatibilitĂ©.
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Le quatriÚme critÚre de définition est celui de la compatibilité du protocole, critÚre défendu par de nombreux partisans de BTC, comme par exemple Michael Marquardt (alias theymos
) ou Francis Pouliot. Pour continuer Ă ĂȘtre Bitcoin, le protocole devrait ĂȘtre compatible avec les versions antĂ©rieures.
Cette vision repose sur l'exigence d'unanimité pour réaliser un changement, exigence qui a pour conséquence de conserver un seul et unique protocole et de préserver son effet de réseau.
Puisqu'une quasi-unanimitĂ© serait trĂšs difficile Ă atteindre dans le cas d'un hard fork (hors rĂ©solution d'un bogue ou changement vital), il est nĂ©cessaire de passer par des soft forks, Ă savoir des changement strictement restrictifs des rĂšgles de consensus. Ces soft forks ont la caractĂ©ristique de ne pas crĂ©er de scission de chaĂźne s'ils sont correctement appliquĂ©s. De ce fait, ils permettent une compatibilitĂ© ascendante du logiciel (parfois qualifiĂ©e de « rĂ©trocompatibilitĂ© ») qui fait que les nĆuds qui utilisent une ancienne version du logiciel continuent de considĂ©rer comme valides les blocs produits par la nouvelle version.
Cependant, cette conception cache un petit dĂ©tail, souvent omis : c'est que le soft fork doit ĂȘtre imposĂ© par la majoritĂ© de la puissance de calcul du rĂ©seau pour entraĂźner cette compatibilitĂ©. En effet, les nĆuds qui suivent les nouvelles rĂšgles de consensus peuvent ĂȘtre contraints de rejeter les blocs produits par les mineurs qui suivent les anciennes rĂšgles. Lorsque les nĆuds appliquant le soft fork ont la puissance de calcul majoritaire de leur cĂŽtĂ©, cela ne pose pas de problĂšme : les nĆuds suivant les anciennes rĂšgles sont contraints de suivre la chaĂźne la plus longue (c'est-Ă -dire celle ayant le plus de preuve de travail accumulĂ©e). Dans le cas contraire, la chaĂźne appliquant les nouvelles rĂšgles n'est pas la plus longue, ce qui peut mener Ă une scission permanente.
L'application d'un soft fork correspond donc Ă l'Ă©quivalent d'une attaque des 51 % ayant lieu sur le rĂ©seau, en interdisant aux nĆuds de refuser la modification du protocole sans avoir recours Ă un hard fork manuel. On ne saurait dĂ©finir Bitcoin comme cela, car cela voudrait dire qu'un attaquant pourrait imposer ses rĂšgles sur la chaĂźne, et cette conception est ainsi invalide.
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Le cinquiÚme critÚre permettant de définir est celui de la majorité économique. Selon cette conception, Bitcoin serait le protocole dont l'utilité monétaire est la plus grande. Cette majorité est parfois mesurée par certains par la capitalisation boursiÚre, c'est-à -dire le prix multiplié le nombre d'unités, bien que celle-ci ne soit pas forcément un bon indicateur de la santé économique du systÚme, notamment lorsque le volume d'échange (sur la chaßne et en dehors) est faible.
Un moyen plus efficace d'estimer la valeur d'une chaßne est la preuve de travail accumulée, qui est corrélée à moyen terme au revenu du minage, à savoir :
Ce critĂšre est ainsi bien plus Ă mĂȘme de nous fournir une idĂ©e de quel protocole est Ă©conomiquement majoritaire.
Cette vision a Ă©tĂ© dĂ©fendue par Gavin Andresen en fĂ©vrier 2017 dans un article oĂč il Ă©crivait :
« "Bitcoin" est le registre des transactions non précédemment dépensées, signées de maniÚre valide, contenues dans la chaßne de blocs qui commence par le bloc de genÚse (empreinte 000000000019d6689c085ae165831e934ff763ae46a2a6c172b3f1b60a8ce26f), suit le programme de création de 21 millions de piÚces, et possÚde la plus grande preuve de travail par double SHA-256 cumulée. »
La vision a perdurĂ© depuis, Ă©tant perpĂ©tuĂ©e par le concept de gouvernance, qui prĂ©suppose qu'il y a quelque chose Ă diriger. Cette conception a notamment jouĂ© dans la scission entre Ethereum (ETH) et Ethereum Classic (ETC) en juin 2016, oĂč le protocole modifiĂ©, majoritaire, a gardĂ© le nom et le sigle boursier initiaux, et oĂč le protocole originel, minoritaire, a dĂ» prendre un autre nom et un autre sigle. Cette attribution des noms et des sigles a Ă©galement eu lieu lors de la sĂ©paration entre Bitcoin Cash (BCH) et Bitcoin SV (BSV) en novembre 2018, puis lors de l'embranchement entre Bitcoin Cash (BCH) et Bitcoin ABC / eCash (XEC) en novembre 2020, alors que chacun se prĂ©tendait ĂȘtre le « vrai Bitcoin Cash ».
Dans le cas de BTC, le critĂšre de la majoritĂ© est souvent couplĂ© au critĂšre de compatibilitĂ© : le soft fork peut ainsi ĂȘtre imposĂ© par une majoritĂ© du taux de hachage, ce qui permet de conserver une seule et unique chaĂźne.
Cependant, cette vision pĂȘche elle-mĂȘme en ne requĂ©rant aucune caractĂ©ristique fondamentale et en offrant la possibilitĂ© d'une rĂ©cupĂ©ration du terme par le pouvoir en place.
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Cela nous amĂšne au point central de cet article : Bitcoin est un concept, pas un protocole. Bien que beaucoup de personnes fassent de Bitcoin un protocole, cette vision est impossible Ă soutenir correctement en raison du manque d'unicitĂ©. Il n'y a pas de « vrai protocole Bitcoin » dans le sens oĂč aucun protocole ne reprĂ©sente l'intĂ©gralitĂ© de ce qu'est Bitcoin1. Il ne s'agit pas d'une marque dĂ©posĂ©e dont certains individus auraient la propriĂ©tĂ© : personne ne possĂšde le brevet de Bitcoin et tout le monde peut l'implĂ©menter Ă sa convenance sans demander l'autorisation. Et en fait, cette libertĂ© conduit nĂ©cessairement Ă la mise en Ćuvre multiple de ce concept, sous la forme de scissions ou de « cryptomonnaies alternatives ». Qu'une version de Bitcoin soit dominante Ă©conomiquement ne change rien Ă cette considĂ©ration.
Avant de décrire un protocole, une chaßne, un réseau ou une monnaie, le mot « Bitcoin » a été utilisé pour désigner un concept. Ce concept a été défini dans le document fondateur écrit par Satoshi Nakamoto et auquel tout le monde se réfÚre à un moment ou à un autre : le livre blanc de Bitcoin, intitulé « Bitcoin : Un systÚme d'argent liquide électronique pair-à -pair », qui contient tous les éléments essentiels à sa constitution.
On peut dégager ainsi 5 caractéristiques fondamentales qui définissent Bitcoin :
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« Les nĆuds peuvent quitter et rejoindre le rĂ©seau Ă volontĂ©. »
Le systĂšme repose sur un rĂ©seau pair-Ă -pair ouvert dans lequel tous les nĆuds ont les mĂȘmes privilĂšges. Cette distribution du rĂ©seau permet de partager les risques d'accepter et de miner la monnaie.
Tous les systĂšmes dont les nĆuds sont soumis Ă une autorisation quelconque contreviennent directement Ă ce principe.
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« Les nĆuds considĂšrent toujours que la chaĂźne la plus longue est la chaĂźne correcte, et continuent Ă travailler pour la prolonger. »
L'ajout d'un bloc nĂ©cessite une dĂ©pense d'Ă©nergie mesurĂ©e de maniĂšre probabilistique par la rĂ©solution d'un problĂšme mathĂ©matique difficile. L'intĂ©gritĂ© de la chaĂźne repose sur l'algorithme de consensus de Nakamoto par preuve de travail, qui dit que la chaĂźne ayant le plus de preuve de travail accumulĂ©e doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la chaĂźne valide.
La preuve ne nĂ©cessite pas une fonction de hachage particuliĂšre, et le travail peut ĂȘtre obtenu d'une toute autre maniĂšre. En revanche, la sĂ©lection de la chaĂźne la plus lourde, les points de contrĂŽle ou l'intervention de masternodes dans le consensus sont des entorses plus ou moins importantes Ă ce principe. La preuve d'enjeu en constitue une violation entiĂšre.
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« Lâincitation peut Ă©galement ĂȘtre financĂ©e par les frais de transaction. Si la valeur de sortie dâune transaction est infĂ©rieure Ă sa valeur dâentrĂ©e, la diffĂ©rence correspond Ă une commission qui est ajoutĂ©e Ă la valeur dâincitation du bloc contenant la transaction. »
Le systÚme intÚgre un modÚle de frais de transaction qui sont reversés aux mineurs de maniÚre interne. Chaque transaction porte des frais pour inciter à sa confirmation. Ces frais forment la base de la résistance à la censure du systÚme.
Par exemple, l'ajout d'un mécanisme de brûlage des frais éloigne le protocole de sa nature de Bitcoin.
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« Une fois quâun nombre prĂ©dĂ©terminĂ© de piĂšces a Ă©tĂ© mis en circulation, lâincitation peut ĂȘtre entiĂšrement financĂ©e par les frais de transaction et ne plus requĂ©rir aucune inflation. »
Le but initial de la création monétaire est l'amorçage du systÚme : il s'agit du moyen de distribuer les unités de maniÚre juste. à terme, le systÚme doit se baser essentiellement sur les frais de transaction.
Cette offre limitée garantit le caractÚre déflationniste de la monnaie, et joue dans la sécurité économique du systÚme en incitant les commerçants à refuser tout changement inflationniste.
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« Nous dĂ©finissons une piĂšce de monnaie Ă©lectronique comme une chaĂźne de signatures numĂ©riques. [...] Pour permettre aux valeurs dâĂȘtre sĂ©parĂ©es et combinĂ©es, les transactions contiennent des entrĂ©es et des sorties multiples. »
Bitcoin utilise un modÚle de représentation par des piÚces pour gérer les unités échangées. Une piÚce est identifiée par un point de sortie de transaction, et est caractérisée par un montant en satoshis et un ensemble de conditions de dépense (typiquement l'exigence d'une signature numérique valide).
Ce modĂšle a pour avantages de prĂ©server la confidentialitĂ© (pas d'incitation Ă rĂ©utiliser la mĂȘme adresse), de faciliter l'implĂ©mentation logicielle et de permettre une meilleure scalabilitĂ© du systĂšme, contrairement au modĂšle de reprĂ©sentations par des comptes.
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Tout d'abord, cette dĂ©finition rĂ©sout le paradoxe du « vrai Bitcoin ». Bitcoin ne peut pas ĂȘtre un protocole fixe : modifier le protocole ne change pas sa nature fondamentale. Bitcoin ne peut pas non plus ĂȘtre un protocole changeant, car il n'existe pas de moyen satisfaisant de le dĂ©terminer comme on l'a montrĂ©.
Cette dĂ©finition a Ă©galement l'avantage d'apaiser les conflits. Bitcoin a connu des scissions et des copies par le passĂ©, ce qui a crĂ©Ă© une grande tension chez les partisans de tous les bords. Ainsi, BTC, BCH et BSV sont des mises en Ćuvre plus ou moins conformes de Bitcoin. De mĂȘme, Litecoin, Monero ou Zcash peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des Bitcoins plus ou moins authentiques : dans notre dĂ©finition, rien n'indique en effet que la chaĂźne doive commencer par un bloc de genĂšse particulier.
Bien Ă©videmment, les effets de rĂ©seau de ces cryptomonnaies diffĂšrent et il ne s'agit pas de les mettre au mĂȘme niveau, notamment en ce qui concerne la sĂ©curitĂ©. Aujourd'hui, BTC est le Bitcoin le plus populaire, le plus valorisĂ© et le plus sĂ©curisĂ©. On peut donc accepter la polysĂ©mie en continuant d'appeler ce Bitcoin « Bitcoin », tout en gardant en tĂȘte qu'il ne s'agit que de la version principale de ce concept.
Cette dĂ©finition permet enfin d'ĂȘtre Ă©galement mieux armĂ© contre les scissions futures. Il est possible que des Ătats tentent de s'approprier un protocole particulier, pour un jour le redĂ©finir grĂące Ă la contrainte lĂ©gale, peut-ĂȘtre trĂšs lĂ©gĂšrement au dĂ©but, dans le but de l'amener lentement vers la censure et le seigneuriage. Et alors il ne serait pas impossible que cette version Ă©tatique devienne majoritaire Ă©conomiquement.
Définir Bitcoin comme un concept permet ainsi d'éviter ce glissement en autorisant la concurrence saine entre les différentes versions de Bitcoin et en fixant des limites claire de ce qu'est Bitcoin et de ce qu'il n'est pas.
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1. â On peut se demander :
Si donc il n'y a pas de vrai christianisme, de vrai dollar, de vraie République de Chine ou de vraie langue française, comment pourrait-il y avoir un vrai protocole Bitcoin ?
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Eric Voskuil, Ătiquettes de Bitcoin, 2020.
Eric Voskuil, Usurpation de marque, 2020.
Eric Voskuil, Principes cryptodynamiques, 2020.
Eric Voskuil, Objectifs de Fedcoin, 2020.
Theymos, It's time for a break: About the recent mess & temporary new rules, 17 août 2015.
Gavin Andresen, A definition of "Bitcoin", 7 février 2017.
Gavin Andresen, Other definitions of Bitcoin, 8 février 2017.
Jameson Lopp, Who controls Bitcoin Core?, 15 décembre 2018.
Absence dâautoritĂ© centrale, pas de tiers de confiance, rĂ©sistance Ă la censure, aucune permission requise : voici des mots qui surgissent souvent lorsquâon parle de Bitcoin. Il sâagit en effet dâun concept de monnaie numĂ©rique indĂ©pendante des banques et des Ătats, et câest cette indĂ©pendance qui explique sa rĂ©silience et son succĂšs.
Dans le livre blanc fondateur, Bitcoin est dĂ©crit comme un « systĂšme dâargent liquide Ă©lectronique pair-Ă -pair » permettant aux paiements en ligne dâĂȘtre « envoyĂ©s directement dâune partie Ă lâautre sans passer par une institution financiĂšre ». En janvier 2010, le site web contrĂŽlĂ© par Satoshi Nakamoto prĂ©sentait Bitcoin comme une « devise numĂ©rique anonyme basĂ©e sur un rĂ©seau pair-Ă -pair ». Lâun des buts de Bitcoin est donc dâimporter les propriĂ©tĂ©s de lâargent liquide dans le cyberespace : possession souveraine, transactions de personne Ă personne et relatif anonymat.
Outre cela, le bitcoin est rare, Ă lâinstar dâun mĂ©tal prĂ©cieux : il ne peut ĂȘtre crĂ©Ă© que selon un plan dâĂ©mission prĂ©dĂ©fini qui limite la quantitĂ© dâunitĂ©s Ă 21 millions. Cette propriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă lâinflation (comme on lâappelle) est Ă©galement essentielle, et est en symbiose totale avec la propriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă la censure. En effet, le bitcoin nâest rare que parce quâil ne dĂ©pend pas dâune autoritĂ© centrale chargĂ©e de valider les transactions, et il nâest rĂ©sistant Ă la censure que parce que des spĂ©culateurs acceptent de lui donner de la valeur. Retirez lâune des deux propriĂ©tĂ©s et vous dĂ©truisez le tout.
Bitcoin est donc lâincarnation de la monnaie libre et souveraine. Cependant, si le caractĂšre incontrĂŽlable de Bitcoin passionne les amoureux de la libertĂ©, câest loin dâĂȘtre le cas des partisans de lâautoritĂ©. Les personnes dont le mĂ©tier consiste Ă renforcer le contrĂŽle sur la population (lĂ©gislateurs, administrateurs et politiciens en tous genres) ressentent ainsi toujours un certain malaise, voire un dĂ©goĂ»t profond, lorsquâils Ă©voquent Bitcoin, et se demandent comment ce dernier pourrait ĂȘtre intĂ©grĂ© au cadre lĂ©gal existant. Et ceci explique lâapparition des multiples rĂ©glementations ayant pour but de limiter la libertĂ© dâaction et la confidentialitĂ© des utilisateurs. Gouverner lâingouvernable : voilĂ lâobjectif que nos dirigeants se sont fixĂ©s.
Aujourdâhui, la tendance est claire : les restrictions autour des cryptomonnaies prolifĂšrent, que ce soit en France, en Europe, aux Ătats-Unis et dans le reste du monde. MalgrĂ© les avertissements des acteurs de lâĂ©cosystĂšme, les dĂ©cideurs politiques ne reculent pas, et il semble donc que nous nous dirigions vers une vĂ©ritable guerre rĂ©glementaire contre Bitcoin qui pourrait durer des annĂ©es, voire des dĂ©cennies.
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Lorsque jâai dĂ©couvert Bitcoin en 2013, je nâai pas Ă©tĂ© saisi par lâenthousiasme immĂ©diatement. Bien quâintĂ©ressĂ© par cette monnaie numĂ©rique innovante, je peinais Ă comprendre comment le systĂšme fonctionnait rĂ©ellement et en quoi cette chose pouvait ĂȘtre rĂ©volutionnaire. AprĂšs lâavoir essayĂ© rĂ©ellement en 2015, jâai lĂąchĂ© lâaffaire, me disant plus ou moins inconsciemment que ça ne marcherait jamais et que lâĂtat pourrait facilement intervenir de toute maniĂšre.
Puis est arrivĂ©e lâannĂ©e 2017 durant laquelle jâai pu consacrer plus de temps Ă cette chose Ă©trange quâon appelle la cryptomonnaie : câest alors que jâai compris que Bitcoin Ă©tait inarrĂȘtable par conception, quâil pouvait fonctionner hors de la lĂ©galitĂ© et quâil existait indĂ©pendamment des dĂ©cisions Ă©tatiques Ă son Ă©gard. NĂ©anmoins, Ă cette Ă©poque, jâĂ©tais naĂŻvement persuadĂ© que les Ătats renonceraient Ă mener un guerre contre Bitcoin et je nĂ©gligeais tout le mal quâils pouvaient rĂ©ellement lui faire. Il a fallu attendre plusieurs annĂ©es pour que je me rende Ă lâĂ©vidence : les Ătats ne laisseront jamais se dĂ©velopper une telle monnaie sans rien faire.
Il y a une raison pour laquelle toutes les monnaies privĂ©es et toutes les monnaies numĂ©riques prĂ©cĂ©dentes ont Ă©chouĂ© : câest que lâĂtat, lâautoritĂ© qui sâexerce sur un territoire dĂ©terminĂ© et sur un peuple quâelle prĂ©tend reprĂ©senter, nâaime pas la concurrence. LâĂtat impose en effet un monopole monĂ©taire, monopole qui lui permet de tirer son revenu. Par le contrĂŽle des capitaux et la surveillance financiĂšre offerts par sa monnaie, il sâassure de prĂ©lever lâimpĂŽt de maniĂšre efficace. Par le seigneuriage et lâendettement, il sâassure profiter de la crĂ©ation monĂ©taire. LâidĂ©e dâune monnaie qui Ă©chappe Ă son contrĂŽle est donc intolĂ©rable pour un Ătat, dont la tendance naturelle est de grossir le plus possible.
Lâhistoire des Ătats-Unis est peut-ĂȘtre lâillustration la plus parfaite de cette tendance que possĂšdent les Ătats Ă contrĂŽler la monnaie qui sâĂ©change sur leur territoire. Alors mĂȘme que la libertĂ© Ă©tait le concept central de la fondation de la nation1, lâĂtat fĂ©dĂ©ral Ă©tasunien nâa pas su rester un Ătat limitĂ© et a fini par consolider le contrĂŽle sur le dollar avec lâabandon du systĂšme des banques libres en 1863 et la fin de lâĂ©talon-or en 1971.
Cela sâest traduit par une intolĂ©rance envers les monnaies alternatives. La dĂ©tention dâor physique, longtemps utilisĂ© comme monnaie, a Ă©tĂ© tout simplement interdite pour les particuliers entre 1933 et 1974 par lâExecutive Order 6102. Le Liberty Dollar, une monnaie privĂ©e basĂ©e sur lâor et lâargent crĂ©Ă©e en 1998, a Ă©tĂ© bloquĂ©e en 2009 par la poursuite pĂ©nale de son crĂ©ateur, Bernard von NotHaus, condamnĂ© en 2011 pour frappe illicite de piĂšces de monnaie et pour faux-monnayage. Du cĂŽtĂ© dâInternet, les systĂšmes de monnaie numĂ©rique e-gold (1996-2008) et Liberty Reserve (2006-2013) ont tous les deux Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par le dĂ©partement de la Justice Ă©tasunien.
Câest pourquoi il est peu probable que les Ătats occidentaux laissent prospĂ©rer Bitcoin : il sâagit dâun systĂšme qui se propose de leur retirer leur contrĂŽle sur la monnaie et il serait antinaturel pour eux de lâaccueillir Ă bras ouverts. En rĂ©alitĂ©, ils ont dĂ©jĂ commencĂ© Ă lutter activement contre lui, et ceci par le biais de ce quâon appelle la rĂ©glementation.
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La rĂ©glementation, parfois dĂ©signĂ©e par lâanglicisme « rĂ©gulation », est lâacte dâassujettir une activitĂ© sociale Ă un rĂšglement, une prescription ou une loi. Cette rĂ©glementation est gĂ©nĂ©ralement le fruit dâune contrainte lĂ©gale appliquĂ©e par lâĂtat. La rĂ©glementation intervient dans de nombreux domaines, mais le domaine financier est probablement le plus concernĂ© que ce soit en France, aux Ătats-Unis ou dans dâautres pays.
Bitcoin nâĂ©chappe pas Ă la rĂšgle : tant quâil y aura des Ătats dĂ©sireux dâimposer un monopole monĂ©taire, ceux-ci tenteront de rĂ©glementer lâusage de Bitcoin et cette rĂ©glementation sera dâautant plus drastique que Bitcoin leur retirera leur possibilitĂ© de se financer, ce qui pourra dĂ©boucher sur une interdiction pure et simple. Peu importe lâeffort rĂ©alisĂ© pour nĂ©gocier des conditions plus libĂ©rales, lâĂtat cherchera naturellement Ă se protĂ©ger, sans hĂ©siter Ă invoquer au passage des prĂ©textes plus ou moins valides comme le blanchiment dâargent, le trafic de stupĂ©fiants, le financement du terrorisme, la consommation dâĂ©nergie, la spirale dĂ©flationniste ou la protection des Ă©pargnants.
Dans lâhistoire de Bitcoin, on constate dĂ©jĂ une tendance continue Ă la rĂ©glementation. Au dĂ©part, Bitcoin Ă©tait un projet de niche et ne faisait pas de bruit, mais Ă partir de 2010, il a commencĂ© Ă attirer lâattention des gens. Les agences gouvernementales sây sont probablement intĂ©ressĂ©es en 2011, soit Ă cause de lâintention de WikiLeaks dâaccepter les donations en bitcoin2, soit en rĂ©action au dĂ©veloppement de la place de marchĂ© Silk Road Ă partir de fĂ©vrier. Le 27 avril 2011, le dĂ©veloppeur principal Gavin Andresen a ainsi annoncĂ© avoir Ă©tĂ© invitĂ© par la CIA pour parler de Bitcoin, rĂ©union qui sâest dĂ©roulĂ©e le 15 juin de la mĂȘme annĂ©e.
Cet intĂ©rĂȘt des agences gouvernementales a coĂŻncidĂ© avec la disparition de Satoshi Nakamoto, un dĂ©part soudain quâon peut expliquer (au moins partiellement) par son avant-dernier message public, dans lequel il disait :
Il aurait Ă©tĂ© bon dâattirer cette attention dans un tout autre contexte. WikiLeaks a donnĂ© un coup de pied dans le nid de frelons, et lâessaim se dirige vers nous.
Deux annĂ©es plus tard, en 2013, le regain dâattrait de Bitcoin et lâexplosion de son prix a poussĂ© les autoritĂ©s rĂ©gulatrices Ă sây intĂ©resser plus en profondeur. Le 18 mars le FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network) a ainsi publiĂ© un document clarifiant sa position sur les monnaies numĂ©riques. Au sein de ce document, il Ă©tait spĂ©cifiĂ© que les plateformes dâĂ©change Ă©taient des entreprises de services financiers et devaient par consĂ©quent obtenir une licence et se soumettre aux rĂ©glementations correspondantes pour exercer aux Ătats-Unis.
Ce premier pas a permis lâintroduction de nombreuses rĂ©glementations autour des plateformes dâĂ©change. La plus connue de ces rĂ©glementations est la procĂ©dure de connaissance du client (appelĂ©e en anglais Know Your Customer ou KYC) qui impose aux plateformes supportant une monnaie traditionnelle de vĂ©rifier lâidentitĂ© de leurs clients pour quâils puissent accĂ©der Ă leurs services. En quelques annĂ©es, toutes les plateformes concernĂ©es se sont adaptĂ©es, Ă tel point quâil est devenu Ă ce jour trĂšs difficile de se procurer du bitcoin de maniĂšre anonyme. Cette obligation de connaissance du client crĂ©e une situation particuliĂšrement alarmante dans laquelle une majoritĂ© dâutilisateurs sont dĂ©sormais fichĂ©s et oĂč leurs bitcoins sont probablement liĂ©s Ă leur identitĂ© grĂące Ă lâanalyse de chaĂźne.
Une autre rĂ©glementation entravant aujourdâhui le fonctionnement de Bitcoin est la lĂ©gislation autour des plus-values. En France par exemple, lâutilisateur est lĂ©galement contraint de dĂ©clarer ses plus-values rĂ©alisĂ©es lors des « cessions Ă titre onĂ©reux dâactifs numĂ©riques » et de payer un impĂŽt de 30 % sur celles-ci, si le total reprĂ©sente plus de 305 ⏠sur lâannĂ©e. Ceci revient plus ou moins Ă une interdiction lĂ©gale de lâutilisation rĂ©guliĂšre du bitcoin en tant que monnaie dâĂ©change, puisque la volatilitĂ© (Ă la hausse) du cours ferait que beaucoup de personnes se retrouverait Ă devoir dĂ©clarer leurs plus-values (et leurs moins-values) lors de chaque achat rĂ©alisĂ© dans le commerce.
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LâenvolĂ©e du cours du bitcoin Ă la fin de lâannĂ©e 2020 a poussĂ© les autoritĂ©s Ă sâintĂ©resser de nouveau aux cryptomonnaies et Ă leur statut lĂ©gal, si bien quâelles parlent aujourdâhui de durcir la rĂ©glementation existante. Comme on lâa dit, plus Bitcoin prend dâimportance et nuit au financement public, plus lâintervention Ă©tatique se justifie, et le fait que les particuliers y investissent leurs Ă©conomies nâest pas bien vu par tout le monde.
Une bonne illustration de lâactuelle agitation des rĂ©gulateurs est la dĂ©claration du 13 janvier 2021 de Christine Lagarde, actuellement prĂ©sidente de la Banque centrale europĂ©enne (BCE) et ancienne directrice gĂ©nĂ©rale du Fonds monĂ©taire international (FMI). Dans une entrevue avec Reuters, elle a en effet appelĂ© de ses vĆux une rĂ©glementation mondiale de Bitcoin et des cryptomonnaies :
Il doit y avoir une rĂ©glementation. Elle doit ĂȘtre appliquĂ©e et convenue. Il sâagit dâun sujet sur lequel nous devons nous mettre dâaccord au niveau mondial, car sâil y a une Ă©chappatoire, cette Ă©chappatoire sera utilisĂ©e. [âŠ] Si cela montre quoi que ce soit, câest que la coopĂ©ration mondiale (lâaction multilatĂ©rale) est absolument nĂ©cessaire. Que celle-ci soit initiĂ©e par le G7, intĂ©grĂ©e par le G20 et Ă©largie par la suite, mais câest quelque chose qui doit ĂȘtre rĂ©solu.
La volontĂ© de restriction est claire et se retrouve dans les discours et les actes de tous les dirigeants politiques. En France par exemple, le ministre de lâĂconomie Bruno Le Maire a proposĂ©, le 9 dĂ©cembre dernier, une ordonnance visant à « renforcer la lutte contre lâanonymat des transactions en crypto-actifs » sous prĂ©texte dâassĂ©cher les circuits de financement du terrorisme. Il semble donc que la rĂ©glementation est inĂ©luctable et quâune raison justificative (valide ou non) pourra toujours ĂȘtre trouvĂ©e pour mystifier le grand public.
Ceci nous amĂšne donc Ă la question qui nous intĂ©resse : Quelles rĂ©glementations pourraient ĂȘtre mises en place par les Ătats dans les annĂ©es Ă venir ? La tĂąche prĂ©dictive nâest pas aisĂ©e, mais on peut nĂ©anmoins dresser une liste de ces potentielles mesures en regardant comment se sont comportĂ©s les Ătats au cours des annĂ©es passĂ©es. Notez que cette liste nâest pas exhaustive, car elle ne peut pas reflĂ©ter pleinement le gĂ©nie impĂ©nĂ©trable des lĂ©gislateurs quand il sâagit de mettre des bĂątons dans les roues de leurs compatriotes.
Tout dâabord, la connaissance du client (KYC) et les normes dâanti-blanchiment (AML) des plateformes dâĂ©change pourraient ĂȘtre renforcĂ©es. Une maniĂšre de faire serait dâappliquer la « rĂšgle du voyage » (« travel rule ») Ă la dĂ©tention de cryptomonnaie en imposant aux plateformes de vĂ©rifier lâadresse de retrait de leurs clients. PortĂ©e par le Groupe dâaction financiĂšre (GAFI), cette rĂšgle a dĂ©jĂ Ă©tĂ© reprise depuis quelques temps par la FINMA en Suisse. Fin 2020, elle a Ă©tĂ© poussĂ©e aux Ătats-Unis par le FiNCEN et par lâadministration Trump, ce qui a provoquĂ© lâindignation de la communautĂ©, et notamment de Brian Armstrong.
Puis, une taxe Ă taux fixe sur la cession de bitcoin pourrait ĂȘtre mise en place, dans le but dâannihiler sa propension Ă servir de monnaie dâĂ©change. Câest par exemple aujourdâhui le cas de lâor physique en France, qui est taxĂ© Ă 11,5 % Ă chaque revente. Ă cĂŽtĂ© de cette flat tax des Ă©changes, on pourrait Ă©galement voir dâautres prĂ©lĂšvement apparaĂźtre, comme un impĂŽt direct sur la fortune possĂ©dĂ©e en bitcoin.
Ensuite, une rĂ©glementation des diffĂ©rents services utilisant Bitcoin, y compris les commerçants, pourrait se faire. Les mĂȘmes conditions de conformitĂ© (compliance), comme la connaissance du client, seraient demandĂ©es Ă chaque processeur de paiement, Ă chaque plateforme de jeu en ligne, Ă chaque boutique physique, etc. Câest dâailleurs dĂ©jĂ le cas de BitPay qui, depuis le dĂ©but de lâannĂ©e 2021, demande Ă ses clients europĂ©ens de sâincrire et de vĂ©rifier leur identitĂ© avant de pouvoir effectuer un achat. On peut aussi le service BottlePay qui refuse de traiter les bitcoins « anonymisĂ©s » issus de mĂ©langes avec dâautres utilisateurs.
Enfin, la rĂ©glementation du minage pourrait ĂȘtre considĂ©rablement resserrĂ©e. Aujourdâhui, les mineurs sont assez libres et peuvent traiter toutes les transactions. NĂ©anmoins, Ă lâavenir, ils pourraient recevoir une liste noire de transactions Ă ne pas miner, comme les transactions qui bougent les bitcoins dits « sales », provenant dâactivitĂ©s illicites assimilĂ©es. Cette interdiction de miner certaines transactions pourrait par la suite se transformer en une interdiction dâaccepter les blocs contenant ces transactions, ce qui serait alors une censure active. On voit dĂ©jĂ les prĂ©misses dâune telle rĂ©glementation Ă©merger avec le « minage de blocs propres » proposĂ© par une association des mineurs nords-amĂ©ricains. Dans certains pays, cela va mĂȘme plus loin : le Venezuela a par exemple interdit le minage se faisant hors de sa coopĂ©rative nationale.
Ă terme cela pourrait mener les Ătats et les institutions internationales Ă mener une guerre directe contre Bitcoin. La dĂ©tention, lâutilisation ou le minage pourraient tout simplement ĂȘtre rendus hors-la-loi, tel que cela a dĂ©jĂ Ă©tĂ© fait dans plusieurs pays, dont lâĂgypte, le NĂ©pal ou la Bolivie.
Cette interdiction pourrait sâĂ©tendre Ă la plupart des pays dĂ©veloppĂ©s. Ces Ătats coopĂ©reraient par lâintermĂ©diaire du FMI, dont le but est dâassurer la stabilitĂ© du systĂšme monĂ©taire mondial, ou bien du GAFI, qui lutte contre le blanchiment dâargent et le financement du terrorisme. Les Ătats refusant dâappliquer les mesures pourraient devenir des « Ătats voyous » qui subiraient des sanctions Ă©conomiques de la part des premiers. Une telle coopĂ©ration sâest dĂ©jĂ vue, comme par exemple contre lâIran aujourdâhui : le 21 fĂ©vrier 2021, le GAFI a appelĂ© ses 39 Ătats-membres à « appliquer des contre-mesures » contre ce pays qui refuse dâappliquer les normes de lutte contre le terrorisme, ce qui a renforcĂ© au passage les sanctions dĂ©jĂ appliquĂ©es des Ătats-Unis.
En parallĂšle, une version « acceptable » du protocole pourrait voir le jour. Dâabord, cela se ferait de maniĂšre discrĂšte : lâĂtat pourrait par exemple prohiber les transactions de mĂ©lange (dites « CoinJoin ») au nom de la lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme. Puis, il lui viendrait peut-ĂȘtre lâidĂ©e de prĂ©lever lâimpĂŽt directement au niveau du protocole en imposant une taxe fixe sur toutes les transactions (sorte de TVA) et une taxe sur les montants ne bougeant pas (demeurage). Ă ce stade, ceux qui resteraient se diraient « pragmatiques » en se racontant quâau moins la politique monĂ©taire du bitcoin aurait tenu. NĂ©anmoins, jouissant dâune emprise totale, lâĂtat nâhĂ©siterait pas alors Ă transformer « Bitcoin » dĂ©finitivement en imposant que toute transaction nĂ©cessite sa signature (censure) et en sâautorisant Ă crĂ©er de nouveaux bitcoins (seigneuriage), brisant ainsi la rĂšgle des 21 millions et privant Bitcoin de sa substantifique moelle.
Ce scĂ©nario pessimiste est hypothĂ©tique, mais dĂ©coule des actions quâont rĂ©alisĂ© les Ătats par le passĂ©. Si lâon imagine parfois que certains Ătats ne tomberont pas dans la « rĂ©glementation punitive » et profiteront de cette « innovation technologique », on nâa pas conscience de ce que ceci implique : un Ătat faisant ceci perdrait non seulement sa capacitĂ© Ă se financer convenablement, mais aussi son aptitude Ă faire du commerce autour du monde, subissant alors les sanctions du conglomĂ©rat Ă©tatique opposĂ©.
Toutefois, cela ne veut pas dire que Bitcoin nâa aucune chance, au contraire. Bitcoin est spĂ©cifiquement conçu pour rĂ©sister Ă lâintervention des Ătats et constitue une tentative de construire une alternative robuste au systĂšme monĂ©taire actuel. Il faudra donc quâil se frotte Ă la rĂ©glementation lente et pernicieuse qui tentera de lâimmobiliser, et quâil sorte gagnant de la bataille qui se dĂ©roule aujourdâhui.
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Bitcoin est un concept qui permet de transfĂ©rer de la valeur « sans passer par une institution financiĂšre ». Il sâoppose donc par nature Ă la rĂ©glementation, qui nâest que lâintroduction de tiers de confiance dans le processus. La rĂ©glementation est lâantithĂšse de ce quâest Bitcoin et, en tant que telle, ne peut que lui nuire Ă long terme.
Il y a un jeu du chat et de la souris qui se dĂ©roule et ne sâarrĂȘtera probablement jamais. Les reprĂ©sentants de lâautoritĂ© Ă©tatique ne seront jamais satisfaits de la rĂ©glementation et en demanderont toujours plus ; et les partisans les plus zĂ©lĂ©s de la libertĂ© sâopposeront toujours aux restrictions et chercheront Ă les contourner par diffĂ©rentes mĂ©thodes. Puisque lâĂtat est une Ă©norme machine dotĂ©e dâune grande inertie, ses opposants auront toujours une longueur dâavance. NĂ©anmoins, lâĂtat peut frapper trĂšs fort et toute rĂ©sistance doit ĂȘtre dâautant plus ferme si elle veut triompher.
Bitcoin est un outil permettant aux individus de sâopposer Ă la tendance au contrĂŽle de la monnaie. Par des actions individuelles bien prĂ©cises, il est possible de faire en sorte que le systĂšme survive Ă toute tentative de rĂ©glementation : Bitcoin est conçu de telle sorte que les individus peuvent accepter et miner du bitcoin de maniĂšre anonyme. Le problĂšme est de faire comprendre la situation Ă ces individus et de les mobiliser : plus dâindividus participent, moins le risque de participer est grand.
Aujourdâhui, nous assistons malheureusement Ă un dĂ©litement de la communautĂ© dans la complaisance. Alors que le prix du bitcoin monte, son Ă©thos originel sâaffaiblit. Les mĂšmes sur la montĂ©e du prix pullulent (« to the moon », « number go up », « have fun staying poor »), tandis que ceux qui valorisent la rĂ©volution monĂ©taire de Bitcoin pĂ©riclitent, nâĂ©tant pas compris par la masse.
La rĂ©glementation a bonne presse et beaucoup y voient une maniĂšre de lĂ©gitimiser Bitcoin, dâamĂ©liorer son image auprĂšs du grand public. Michael Saylor, qui a achetĂ© prĂšs de 100 000 bitcoins par le biais de son entreprise, est prĂ©sentĂ© comme un hĂ©ros et est devenu en quelques mois un meneur idĂ©ologique trĂšs Ă©coutĂ© dans la communautĂ©, alors mĂȘme quâil sâoppose ouvertement Ă la rĂ©sistance Ă la censure et Ă lâanonymat3. De mĂȘme, il y a un enthousiasme autour des institutionnels qui achĂštent du bitcoin (millionnaires, fonds dâinvestissement, banques, Ătats), alors que ceux-ci mĂ©prisent en partie la proposition de valeur de Bitcoin, y voyant seulement un « actif financier non corrĂ©lĂ© », une « valeur refuge contre la dĂ©valuation de la monnaie » ou un « or numĂ©rique » devant rester dans des coffres sĂ©curisĂ©s.
Il ne sâagit pas dâune chose nouvelle : le tendance remonte au moins Ă 2012, annĂ©e durant laquelle les frĂšres Winklevoss ont investi Ă©normĂ©ment. Si elle pose souci aujourdâhui, câest Ă cause de son importance.
Il sâagit en effet dâune question dâĂ©quilibre. Tant quâune majoritĂ© de la communautĂ© reste fidĂšle aux principes de base de Bitcoin, il nây a pas de problĂšme Ă voir des gens investir des millions : au contraire, cela a apportĂ© de la richesse Ă ceux qui ont Ă©tĂ© assez fous pour se procurer du bitcoin Ă ses dĂ©buts. NĂ©anmoins, un dĂ©sĂ©quilibre trop grand pourrait mener Ă des perturbations majeures, ce qui nuirait Ă Bitcoin de maniĂšre considĂ©rable.
On peut ainsi tout Ă fait imaginer quâen cas de conflit les millionnaires et les fonds dâinvetsissement se rangeraient derriĂšre la lĂ©gislation, ceux-ci nâayant pas les mĂȘmes valeurs que les bitcoineurs authentiques. Dans le cas dâune scission entre un « Bitcoin » lĂ©gal (mais altĂ©rĂ©) et dâun Bitcoin illĂ©gal (mais prĂ©servĂ©), alors tous ces investisseurs institutionnels nâhĂ©siteraient pas Ă vendre leurs bitcoins illĂ©gaux durant la transition, rendant majoritaire la version lĂ©gale de « Bitcoin » au niveau du prix et du taux de hachage, qui pourrait alors devenir le « Bitcoin » valide aux yeux du grand public.
Si lâon veut que Bitcoin rĂ©siste Ă la rĂ©glementation, il faut cultiver la rĂ©silience des marchands et des mineurs et Ă©duquer la communautĂ© sur la question. Câest pour cela quâil est recommandĂ© aux utilisateurs de dĂ©tenir leur propre cryptomonnaie (« not your keys, not your coins »), de faire attention Ă leur vie privĂ©e, et si possible de faire tourner leur propre nĆud (« donât trust, verify »). Câest aussi pour cela que lâaccent est tant mis sur la dĂ©centralisation et la souverainetĂ©, et quâil existe tant de suspicion Ă lâencontre des plateformes dâĂ©change et des coopĂ©ratives de minage, qui forment des points dâagrĂ©gation trĂšs sensible aux directives imposĂ©es par les Ătats. Si lâon veut que Bitcoin reste dominant, les nouveaux arrivants doivent ĂȘtre convertis Ă lâesprit du projet originel.
Il est enfin nĂ©cessaire de bien dĂ©finir Bitcoin, au cas oĂč la corruption deviendrait trop importante. Il nâest en effet pas impossible que le Bitcoin que vous dĂ©fendez aujourdâhui soit un jour minoritaire du point de vue du prix. Le dĂ©finir Ă partir du protocole actuel (BTC) nâest pas une bonne solution : si une amĂ©lioration de Bitcoin est implĂ©mentĂ©e (Ă lâinstar de Taproot par exemple), ne reste-t-il pas Bitcoin ? Tout comme le bateau de ThĂ©sĂ©e reste lui-mĂȘme alors que toutes ses parties ont Ă©tĂ© remplacĂ©es, Bitcoin reste lui-mĂȘme par la prĂ©servation de ses propriĂ©tĂ©s principales, pas des dĂ©tails de son protocole.
Câest pourquoi Bitcoin gagnerait Ă ĂȘtre dĂ©crit comme un concept (ou un ensemble de principes) dĂ©fini dans le livre blanc, qui fait autoritĂ© dans le milieu et qui contient toutes les propriĂ©tĂ©s fondamentales comme la preuve de travail ou la quantitĂ© fixe dâunitĂ©s4. Une telle dĂ©finition attĂ©nuerait en effet toute capture du protocole par un Ătat, en donnant au grand public une dĂ©finition claire de Bitcoin pour quâil soit moins influencĂ© par la propagande Ă lâavenir.
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Ainsi, la tendance actuelle Ă la rĂ©glementation constitue un risque pour Bitcoin et il ne faut pas le nĂ©gliger. Si les Ătats nâont pas trop rĂ©agi pour le moment, câest que leur financement via lâimpĂŽt et lâinflation, nâa pas encore Ă©tĂ© assez menacĂ©. Câest pour cela que nous devrions nous prĂ©parer Ă la guerre rĂ©glementaire contre Bitcoin qui sâannonce.
Quoi quâil en soit, nous ne sommes pas aujourdâhui au point de non-retour et je reste persuadĂ© que Bitcoin peut sortir victorieux de cette guerre. MĂȘme si la tendance Ă tolĂ©rer la rĂ©glementation au sein de la communautĂ© est forte, il y a encore beaucoup dâindividus rĂ©silients prĂȘts Ă faire les efforts nĂ©cessaires pour que Bitcoin ne sombre pas dans lâapathie. Le rĂȘve de libertĂ© monĂ©taire, lui, ne mourra jamais.
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1. â Dans la DĂ©claration unanime des treize Ătats unis dâAmĂ©rique, il est Ă©crit :
Nous tenons pour Ă©videntes pour elles-mĂȘmes les vĂ©ritĂ©s suivantes : tous les hommes sont crĂ©Ă©s Ă©gaux ; ils sont douĂ©s par leur CrĂ©ateur de certains droits inaliĂ©nables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la libertĂ© et la recherche du bonheur.
La Constitution des Ătats-Unis dâAmĂ©rique, elle, a pour prĂ©ambule la phrase suivante :
Nous, Peuple des Ătats-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, dâĂ©tablir la justice, de faire rĂ©gner la paix intĂ©rieure, de pourvoir Ă la dĂ©fense commune, de dĂ©velopper le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral et dâassurer les bienfaits de la libertĂ© Ă nous-mĂȘmes et Ă notre postĂ©ritĂ©, nous dĂ©crĂ©tons et Ă©tablissons cette Constitution pour les Ătats-Unis dâAmĂ©rique.
2. â Ă partir de juillet 2010, les documents confidentiels rĂ©vĂ©lĂ©s de WikiLeaks ont commencĂ© Ă ĂȘtre relayĂ©s par les grands mĂ©dias et Ă impacter lâopinion publique. Suite Ă cela, lâorganisation a rencontrĂ© des problĂšmes avec PayPal et dâautres services financiers, problĂšmes qui ont conduit en dĂ©cembre 2010 Ă un blocus financier de la part de Bank of America, Visa, Mastercard, PayPal et Western Union. Il lui a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© dâaccepter le bitcoin pour les donations, ce quâelle a fait le 15 juin 2011, aprĂšs mĂ»re rĂ©flexion.
3. â Michael Saylor, le PDG de Microstrategy, a en effet exprimĂ© Ă de multiples reprises son mĂ©pris pour la rĂ©sistance Ă la censure et la confidentialitĂ©, notamment en dĂ©clarant que « câĂ©taient des mauvaises idĂ©es ». Il considĂšre ainsi le bitcoin comme une rĂ©serve de valeur et non comme une devise ou un moyen de paiement quâil faut rĂ©glementer.
Il nâest pas le seul investisseur dans ce cas, et Raoul Pal, PDG de Real Vision Group et Global Macro Investor, a par exemple tenu des propos similaires :
Si vous pensez que le secret vis-Ă -vis des Ătats et lâabsence de KYC est lâavenir des bitcoins, vous ne comprenez pas Ă quoi ressemble lâadoption. Ils le rĂ©glementeront. Vous allez le dĂ©clarer. Vous devrez procĂ©der Ă un KYC et câest trĂšs bien. Cela ne retire pas sa [fonction de] rĂ©serve de valeur, mais ne fait que lâintĂ©grer.
4. â Selon cette dĂ©finition, les protocoles alternatifs comme Litecoin, Monero, Bitcoin Cash ou mĂȘme Bitcoin SV sont des implĂ©mentations plus ou moins fidĂšles de Bitcoin. BTC reste bien entendu la version dominante du concept et peut donc ĂȘtre appelĂ©e Bitcoin sans quâil nây ait dâambigĂŒitĂ©.
Dustin Dreifuerst, The Coming Bitcoin War, 22 septembre 2020.
Eric Voskuil, Cryptoeconomics, 2021.
Le bull run du Bitcoin (BTC) a permis aux altcoins de profiter dâune semaine plutĂŽt profitable. Mais parmi les cryptomonnaies les plus capitalisĂ©es, câest le Litecoin (LTC) qui mĂšne pour lâinstant la danse, avec un bond particuliĂšrement marquĂ© sur la semaine.
Lâarticle Bull run : le Litecoin (LTC) mĂšne la danse et prend +43% sur la semaine est apparu en premier sur Cryptoast.
Litecoin grimpe de 13% Ă 83,97$ mais se heurte Ă une forte rĂ©sistance Ă 84,34$ (niveau record de lâannĂ©e en cours)
Le prix de Litecoin a atteint un sommet de 83,97 $, avec une rupture haussiĂšre la semaine derniĂšre qui a fait monter lâaltcoin Ă son plus haut niveau depuis fĂ©vrier 2020.
LTC, qui se classe dĂ©sormais au 6e rang des plus grandes crypto-monnaies en termes de capitalisation boursiĂšre, est en hausse dâenviron 13 % sur la journĂ©e et de 32 % sur la semaine. Cependant, alors que les bulls pourraient encore atteindre un nouveau record depuis le dĂ©but de lâannĂ©e, les perspectives techniques pour LTC/USD suggĂšrent que les bears se prĂ©parent Ă une action Ă la baisse.
Au moment oĂč nous Ă©crivons ces lignes, les transactions LTC/USD sont Ă©valuĂ©es Ă environ 81,67 $, avec un ralentissement de la dynamique de hausse du coin et Ă quelques encablures du sommet de 84,34 $ atteint le 13 fĂ©vrier. Si cette correction Ă court terme prend de lâampleur, elle risque de faire Ă©chouer les plans des bulls pour une rupture Ă 90 $, puis les 100 $ psychologiques.
LTC est lâun des plus gros gagnants parmi les dix premiĂšres crypto-monnaie des derniĂšres 24 heures.
Mais le scĂ©nario pourrait facilement tourner Ă la baisse pour le prix de Litecoin si les bears se redressent pour confirmer un retournement Ă la baisse suggĂ©rĂ© par lâindicateur sĂ©quentiel TD.
Le graphique de 4 heures montre huit bougies vertes, ce qui suggĂšre que la dynamique haussiĂšre observĂ©e ces derniers jours risque de sâaffaiblir. La paire LTC/USD pourrait donc sâinverser si le signal de vente est confirmĂ© dans les prochaines heures.
Graphique du prix de Litecoin sur 4 heures. Source : TradingView
La prĂ©vision nĂ©gative est soutenue par le tableau rĂ©capitulatif In/Out of the Money Around Price (IOMAP) de IntoTheBlock. Selon les donnĂ©es, la zone des 84,00 $ prĂ©sente un bloc de rĂ©sistance solide et pourrait ĂȘtre responsable dâune baisse de la zone de support Ă 80,00 $.
Les bulls font face Ă une bataille Ă 84,00 $ comme le montre le tableau IOMAP. Source : IntotheBlock
Une rupture au niveau de prix ci-dessus augmentera la pression baissiĂšre et fera probablement baisser LTC/USD jusquâĂ 76,00 $ (le plus haut prĂ©cĂ©dent le 17 novembre). Le 200-SMA (64,01 $) offre un support supplĂ©mentaire si les bears renforcent leur emprise.
Graphique quotidien des prix de LTC/USD. Source : TradingView
Dâautre part, le prix de Litecoin doit rester au-dessus des 10EMA et 50-SMA (graphique journalier) pour laisser la configuration haussiĂšre intacte. Ce tableau est aidĂ© par le RSI et les indicateurs MACD, qui suggĂšrent que les bulls ont lâavantage dâentrer durant le week-end.
Sâils maintiennent les prix au-dessus de 80,00 $ et rĂ©ussissent Ă franchir la barriĂšre des 84,00 $, lâĂ©lan Ă la hausse pourrait pousser le prix de LTC Ă 86,00 $. Au-dessus de ce niveau, lâIOMAP suggĂšre que la prochaine barriĂšre se situe Ă 90,00 $, puis Ă 100 $.
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Bitcoin est un systĂšme de monnaie programmable et constitue la premiĂšre implĂ©mentation de ce quâon appelle les smart contracts ou contrats autonomes. Ă chaque transaction, des scripts sont exĂ©cutĂ©s pour vĂ©rifier que les fonds dĂ©pensĂ©s remplissent les conditions voulues par lâutilisateur prĂ©cĂ©dent. De nombreuses conditions sont peuvent ĂȘtre mises en place (divulgation dâun secret, verrou temporel, multisignature), mĂȘme si le plus souvent les fonds sont simplement dĂ©pensĂ©s grĂące Ă la signature dâun utilisateur unique.
Bitcoin repose sur un modĂšle de piĂšces (UTXO), oĂč chaque piĂšce est verrouillĂ©e par un script incomplet Ă©crit sur la chaĂźne. Lors dâune transaction, les piĂšces de bitcoin en entrĂ©e sont dĂ©verrouillĂ©es par un script complĂ©mentaire. Puis, de nouvelles piĂšces sont crĂ©Ă©es Ă partir des anciennes grĂące Ă de naouveaux scripts de verrouillage, ce qui perpĂ©tue le caractĂšre programmable du systĂšme.
Lorsque jâai dĂ©couvert comment les transactions fonctionnaient et ce quâelles permettaient, jâai Ă©tĂ© fascinĂ© par lâĂ©lĂ©gance de cette solution. NĂ©anmoins, en approfondissant ma recherche, jâai Ă©tĂ© perturbĂ© par lâexistence dâune chose qui diffĂ©rait des autres, une exception : le schĂ©ma Pay to Script Hash, quâon abrĂšge couramment en P2SH.
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Des scripts sont impliquĂ©s dans chaque transaction du rĂ©seau Bitcoin. Le langage de script est constituĂ© de plus dâune centaine de codes opĂ©ration, de sorte quâun large Ă©ventail de possibilitĂ©s sâoffre Ă nous vis-Ă -vis des conditions quâon souhaite imposer.
Cependant, dans le but dâamĂ©liorer la communication entre les diffĂ©rentes applications et de limiter le risque de perte, certains standards de scripts, ou schĂ©mas, ont Ă©mergĂ©.
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Le premier schĂ©ma sâappelle Pay to Public Key (P2PK), quâon peut traduire littĂ©ralement en français par « payer Ă la clĂ© publique ». Il sâagit dâenvoyer des fonds vers la clĂ© publique (public key) dâun utilisateur, que lui seul pourrait dĂ©penser en signant avec sa clĂ© privĂ©e. Le script de verrouillage (parfois appelĂ© scriptPubKey) permettant ce type dâenvoi est :
<clé publique> CHECKSIG
Au moment de la dĂ©pense, lâutilisateur doit utiliser un script de dĂ©verrouillage (parfois appelĂ© scriptSig) contenant simplement sa signature :
<signature>
Pour lâexpliquer en français, lâexĂ©cution successive de ces deux scripts permet de vĂ©rifier que la signature fournie par lâutilisateur correspond Ă sa clĂ© publique, auquel cas elle est valide.
Si le schĂ©ma P2PK Ă©tait utilisĂ© dans les premiers jours de Bitcoin, notamment pour recevoir les gains de minage, il est aujourdâhui tombĂ© en dĂ©suĂ©tude au profit dâun schĂ©ma rival : P2PKH.
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Pay to Public Key Hash (P2PKH), littĂ©ralement « payer Ă lâempreinte de la clĂ© publique », est le deuxiĂšme type de schĂ©ma apparu dans Bitcoin dĂšs le dĂ©but, grĂące Ă la conception de Satoshi Nakamoto. Ce schĂ©ma permet non pas de rĂ©aliser un paiement vers une clĂ© publique, mais vers lâempreinte dâune clĂ© publique, et de faire en sorte que le systĂšme de script de Bitcoin vĂ©rifie quand mĂȘme que la signature correspond Ă la clĂ© publique lors de la dĂ©pense des fonds. Lâempreinte de la clĂ© publique est alors considĂ©rĂ©e comme la donnĂ©e essentielle de lâadresse, qui dans ce cas commence toujours par un 1, comme par exemple 1DzxhUphLFq8FZPGbFgLF8Ssz3hMX9EuMp
.
Le script de verrouillage ici est :
DUP HASH160 <empreinte de la clé publique> EQUALVERIFY CHECKSIG
Et le script de déverrouillage est :
<signature> <clé publique>
Pour le dire en français, lâexĂ©cution des deux scripts permet de :
HASH160
(lâempreinte) est Ă©gale Ă lâempreinte qui est spĂ©cifiĂ©e dans le script ;Lâavantage de ce schĂ©ma est quâil permet dâavoir des adresses plus courtes (lâinformation Ă encoder nâest que de 20 octets au lieu de 65 octets pour une clĂ© publique), chose pour laquelle Satoshi Nakamoto lâa implĂ©mentĂ©. De plus, en ne rĂ©vĂ©lant la clĂ© publique quâau moment de la dĂ©pense, ce schĂ©ma accroĂźt aussi la sĂ©curitĂ© contre la menace (trĂšs hypothĂ©tique) de lâordinateur quantique.
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Le schĂ©ma Pay To MultiSig (P2SH), littĂ©ralement « payer Ă la multisignature », sâest popularisĂ© dĂ©but 2012. Il sâagit essentiellement dâun schĂ©ma qui permet dâexiger la signature de M personnes faisant partie dâun groupe de N participants, via le script de verrouillage :
M <clé publique 1> ... <clé publique N> N CHECKMULTISIG
Le script de déverrouillage correspondant est :
<leurre (0)> <signature 1> ... <signature M>
Pour plus dâinformations sur la multisignature, je vous invite Ă lire mon article sur les adresses multisignatures.
Câest ce schĂ©ma, particuliĂšrement exigeant au niveau de la mise en place, qui a motivĂ© la crĂ©ation du schĂ©ma P2SH.
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Pay to Script Hash (P2SH), littĂ©ralement « payer Ă lâempreinte du script ». Ce schĂ©ma reprend lâidĂ©e derriĂšre P2PKH, Ă la seule diffĂ©rence que la donnĂ©e hachĂ©e ici nâest pas une clĂ© publique, mais le script lui-mĂȘme ! Le script en question est alors appelĂ© script de rĂšglement (redeem script) et son empreinte est la donnĂ©e constituante de lâadresse, cette derniĂšre commençant toujours par un 3 Ă lâinstar de 3DyDCGSC59yYY46dnRH7Vw1iKbV8zeW36q
.
Ce type de schĂ©ma a pour avantage de permettre Ă un utilisateur dây inclure nâimporte quel script et de pouvoir recevoir des fonds de la quasi-totalitĂ© des portefeuilles existants. Le fardeau de la construction et du dĂ©verrouillage du script revient donc au dĂ©tenteur de lâadresse, non Ă celui qui envoie les fonds, ce qui simplifie grandement la communication.
Le script de verrouillage pour le schéma P2SH est :
HASH160 <empreinte du script de rĂšglement> EQUAL
Et le script de déverrouillage est un script de la forme :
[éléments de déverrouillage] <script de rÚglement>
En français, cela veut dire que le systĂšme de script originel de Bitcoin va vĂ©rifier que le hachage du script de rĂšglement est Ă©gal Ă lâempreinte inscrite dans le script. Et câest tout.
Comment ça, « câest tout » ? Le script de rĂšglement nâest pas exĂ©cutĂ© ? Nâimporte qui connaissant le script pourrait dĂ©penser les bitcoins ?
Comme on va le voir, ce nâest pas le cas et le script de rĂšglement est bien exĂ©cutĂ©, bien que ce ne soit pas indiquĂ© explicitement.
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Dans la vie, il y a souvent une maniĂšre Ă©lĂ©gante de faire les choses, qui demande parfois plus dâefforts initiaux mais qui prĂ©serve lâordre et la simplicitĂ©, et une maniĂšre grossiĂšre, plus facile Ă implĂ©menter mais qui complique les choses et crĂ©e le dĂ©sordre.
Ainsi, dans le systĂšme lĂ©gislatif dâun pays, il est plus facile de crĂ©er et de faire voter de nouvelles lois execeptionnelles que de rĂ©former en profondeur le systĂšme. Cette tendance Ă lâinflation lĂ©gislative fait quâon se retrouve avec des pays comme la France, qui cumule 73 codes juridiques en vigueur et qui vit de 214 taxes et impĂŽts ainsi que dâune myriade de cotisations sociales.
En informatique comme en droit, lâajout de nouvelles exceptions crĂ©e de la dette technique, rendant le systĂšme plus complexe Ă apprĂ©hender, plus difficile Ă maintenir et plus susceptible de ne pas fonctionner comme attendu. P2SH fait partie de ces exceptions.
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LâidĂ©e dâimplĂ©menter un schĂ©ma de script qui utilise lâempreinte dâun autre script comme identifiant est nĂ©e en 2011, afin de reproduire ce qui est rĂ©alisĂ© dans la schĂ©ma P2PKH. Toutefois, cette idĂ©e nâa pas Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e initialement comme P2SH, mais Ă travers OP_EVAL, un nouveau code opĂ©ration permettant lâexĂ©cution rĂ©cursive dâun script Ă lâintĂ©rieur dâun autre script.
Lâajout de ce code opĂ©ration, proposĂ© le 18 octobre 2011 par Gavin Andresen, devait ĂȘtre implĂ©mentĂ© comme un soft fork, via le remplacement de lâinstruction nulle OP_NOP1.
Un schéma standard aurait également été ajouté. Le script de verrouillage imaginé pour ce schéma était :
DUP HASH160 <empreinte du script de rĂšglement> EQUALVERIFY EVAL
Le script de déverrouillage correspondant était :
[éléments de déverrouillage] <script de rÚglement>
Pour le dire en français, lâexĂ©cution des deux scripts cĂŽte Ă cĂŽte aurait permis de :
NĂ©anmoins cette solution nâa pas Ă©tĂ© acceptĂ©e, celle-ci ayant Ă©tĂ© jugĂ©e trop dangereuse au niveau du pouvoir de rĂ©cursion. Ă la place câest un autre modĂšle, plus restrictif, qui a prĂ©valu : le schĂ©ma P2SH.
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P2SH a Ă©tĂ© proposĂ© le 3 janvier 2012 comme alternative Ă OP_EVAL et Ă dâautres propositions. Il a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© au protocole Bitcoin le 1er avril sous la forme dâun soft fork activĂ© par les mineurs.
LâexĂ©cution de ce type de script fonctionne exactement comme le schĂ©ma liĂ© Ă OP_EVAL, Ă lâexception quâune partie du script nâest pas explicitement indiquĂ©e. Dâune part, la vĂ©rification de la correspondance entre lâempreinte indiquĂ©e et le script de rĂšglement est bien rĂ©alisĂ©e par le script de verrouillage. En effet, celui-ci devient (comme on lâa vu) :
DUPHASH160 <empreinte du script de rĂšglement> EQUALVERIFYEVAL
Dâautre part, lâĂ©valuation du script de rĂšglement est effectuĂ©e implicitement grĂące Ă une exception ajoutĂ©e au code source. DĂšs que les nĆuds du rĂ©seau reconnaissent le schĂ©ma, ils lâinterprĂštent diffĂ©remment. Ainsi dans Bitcoin Core, on peut observer la condition suivante au sein de la fonction VerifyScript
de lâinterprĂ©teur :
// Additional validation for spend-to-script-hash transactions: if ((flags & SCRIPT_VERIFY_P2SH) && scriptPubKey.IsPayToScriptHash()) { ... }
Cette exception permet lâexĂ©cution du script de rĂšglement aprĂšs lâexĂ©cution des deux scripts (dĂ©verrouillage et verrouillage). DâoĂč le fait quâon indique les Ă©lĂ©ments de dĂ©verrouillage avant de pousser le script de rĂšglement dans le script de dĂ©verrouillage :
[éléments de déverrouillage] <script de rÚglement>
Si cette solution est pratique, elle crĂ©e une complexitĂ© et nâest pas trĂšs Ă©lĂ©gante. Comme lâa dit Gavin Andresen dans lâexplication du BIP-16 :
ReconnaĂźtre une forme « spĂ©ciale » de scriptPubKey et rĂ©aliser une validation supplĂ©mentaire quand elle est dĂ©tectĂ©e, câest laid. Cependant, lâavis gĂ©nĂ©ral est que les alternatives sont soit encore plus laides, soit plus complexes Ă implĂ©menter, et/ou Ă©tendent le pouvoir du langage dâexpression de maniĂšre dangereuse.
LâimplĂ©mentation initiale de P2SH a donc compliquĂ© les choses. Mais cela ne sâest pas arrĂȘtĂ© pas lĂ , car lâactivation de SegWit en 2017 a ajoutĂ© de la complexitĂ© au modĂšle.
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En aoĂ»t 2017, la mise Ă niveau SegWit a Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e Ă Bitcoin (BTC) sous la forme dâun soft fork. Celle-ci avait pour objectif de corriger la mallĂ©abilitĂ© des transactions, dâaugmenter la capacitĂ© transactionnelle, dâamĂ©liorer la vĂ©rification des signatures et de faciliter les modifications futures du protocole.
Pour ce faire, SegWit implĂ©mentait un nouveau modĂšle de transaction, oĂč les signatures sont situĂ©es dans une partie sĂ©parĂ©e de la transaction appelĂ©e le tĂ©moin (dâoĂč le nom de Segregated Witness). Afin dâimplĂ©menter ce changement comme un soft fork, il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire dâintroduire un moyen dâaccĂ©der au nouveau type de transaction sans briser la compatibilitĂ© avec les anciennes adresses.
Câest ainsi que 4 nouveaux types dâadresse ont vu le jour : deux nouveaux types « natifs », P2WPKH (Pay to Witness Public Key Hash) et P2WSH (Pay to Witness Script Hash), incompatibles avec portefeuilles ne supportant pas SegWit ; et deux types « imbriquĂ©s » associĂ©s, P2SH-P2WPKH et P2SH-P2WSH, qui permettent la transition grĂące Ă lâemploi de P2SH.
Pour ces deux derniers types dâadresse, le schĂ©ma utilisĂ© est P2SH avec un script de rĂšglement de la forme :
<version SegWit> <empreinte>
Dans la version 0 de SegWit (la seule qui existe pour le moment), lâempreinte est affectĂ©e Ă une clĂ© publique ou Ă un script selon sa longueur : si elle est de 20 octets, elle est interprĂ©tĂ©e comme une empreinte de clĂ© publique ; si elle est de 32 octets, elle est interprĂ©tĂ©e comme une empreinte de script. Cette empreinte est aussi appelĂ©e « programme ».
Ce script est anyone-can-spend puisque le script de rÚglement suffit à déverrouiller la piÚce :
<script de rĂšglement>
Comme pour P2SH, la connaissance du script de rÚglement ne suffit pourtant pas à dépenser les fonds, car une nouvelle exception est ajoutée au code de façon à ce que les éléments de déverrouillage soient transférées dans le témoin. Dans Bitcoin Core, cette exception se traduit par :
// P2SH witness program if (flags & SCRIPT_VERIFY_WITNESS) { ... }
SegWit a ainsi apportĂ© un nouveau lot de complexitĂ©, et notamment un deuxiĂšme niveau de rĂ©cursion. Dans le cas du schĂ©ma P2SH-P2WSH, on a en effet une sĂ©rie de 3 scripts imbriquĂ©s. Le premier script est le script de dĂ©verrouillage que lâon a prĂ©sentĂ© au dĂ©but de cet article :
HASH160 <empreinte du script de rĂšglement> EQUAL
Le deuxiÚme script est le script de rÚglement spécifique à P2SH :
<version SegWit> <empreinte du script SegWit>
Le troisiĂšme est le script SegWit, indiquĂ© dans le tĂ©moin avec les Ă©lĂ©ments de dĂ©verrouillage au moment de la dĂ©pense des fonds. Par exemple, il peut sâagir dâun script de multisignature comme vu prĂ©cĂ©demment :
2 <clé publique 1> <clé publique 2> 2 CHECKMULTISIG
quâon complĂšte avec les Ă©lĂ©ments :
0 <signature 1> <signature 2>
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Pay to Script Hash (P2SH) est donc une maniĂšre imparfaite mais trĂšs pratique de permettre aux utilisateurs de payer Ă lâempreinte dâun script, câest-Ă -dire Ă une adresse simple qui correspond Ă un script. La rĂ©cursion qui intervient dans lâexĂ©cution du script aurait pu ĂȘtre implĂ©mentĂ©e de maniĂšre plus Ă©lĂ©gante grĂące au code opĂ©ration OP_EVAL, mais ce dernier a Ă©tĂ© jugĂ© trop dangereux par la communautĂ© pour voir le jour.
En ajoutant une nouvelle exception au protocole pour ĂȘtre exĂ©cutĂ©, le schĂ©ma P2SH reprĂ©sente un vecteur de complexitĂ©. De plus, cette complexitĂ© est dĂ©multipliĂ©e par lâincorporation de SegWit, qui ajoute de nouvelles exceptions rigides Ă P2SH et qui finit de dĂ©tourner complĂštement le fonctionnement originel du systĂšme de script de Bitcoin.
NĂ©anmoins, ce qui est fait est fait, et aujourdâhui ces changements commencent Ă ĂȘtre connus dans lâĂ©cosystĂšme, et on peut donc espĂ©rer que cette complexitĂ© nâimpacte pas trop les nouveaux dĂ©veloppeurs. En particulier, le schĂ©ma P2SH est rĂ©pandu dans tout lâĂ©cosystĂšme, par les protocoles associĂ©s Ă Bitcoin tel que Bitcoin Cash, Litecoin ou Dash. Seuls les dĂ©veloppeurs de Bitcoin SV ont se sont opposĂ©s Ă cette particularitĂ© de maniĂšre catĂ©gorique et ont choisi de dĂ©sactiver P2SH en fĂ©vrier 2020.
Ce quâil faut retenir de tout ceci, câest que Bitcoin, au-delĂ de son aspect technique, est un systĂšme Ă©conomique et social. Il Ă©volue selon les exigences de ses utilisateurs, si bien quâil est impossible de le comprendre sans apprĂ©hender les dynamiques sous-jacentes qui ont Ă©tĂ© Ă lâĆuvre dans le passĂ©.
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Gavin Andresen, BIP-11 (M-of-N Standard Transactions), 18 octobre 2011.
Gavin Andresen, BIP-12 (OP_EVAL), 18 octobre 2011.
Gavin Andresen, BIP-16 (Pay to Script Hash), 3 janvier 2012.
Mike Hearn, On consensus and forks, 12 août 2015.
Eric Lombrozo, Johnson Lau et Pieter Wuille, BIP-141 (Segregated Witness), 21 décembre 2015.
La vision que se fait Eric Voskuil des cryptomonnaies est probablement lâune des visions les plus claires et les plus pertinentes de tout lâĂ©cosystĂšme. Ayant identifiĂ© la proposition de valeur de Bitcoin, il cherche par ses courts textes Ă nous dĂ©montrer, par le biais de raisonnements logiques, quels sont les mĂ©canismes qui permettent de satisfaire cette proposition de valeur.
Sur la preuve dâenjeu, Eric Voskuil a un avis tranchĂ© : contrairement Ă la preuve de travail, elle ne rĂ©siste pas convenablement Ă la censure. Dans un article intitulĂ© « Proof of Stake Fallacy », ou « Sophisme de la preuve dâenjeu » en français, il explique (je traduis) :
La sĂ©curitĂ© des confirmations requiert une autoritĂ© pour sĂ©lectionner les transactions. Bitcoin confie pĂ©riodiquement cette autoritĂ© au mineur qui produit la plus grande preuve de travail. Toutes les formes de travail se ramĂšnent nĂ©cessairement Ă la consommation dâĂ©nergie. Il est essentiel quâune telle preuve soit indĂ©pendante de lâhistorique de la chaĂźne. Celle-ci peut ĂȘtre appelĂ©e la preuve « externe ».
Lâunique autre source dâautoritĂ© sĂ©lective dĂ©pend par consĂ©quent de lâhistorique de la chaĂźne, source qui peut ĂȘtre dĂ©signĂ©e comme « interne ». Il existe une thĂ©orie selon laquelle une telle preuve dâenjeu (PDE) constitue une alternative comparable Ă la preuve de travail (PDT) en matiĂšre de sĂ©curitĂ© des confirmations. Il est vrai que la PDE et la PDT dĂ©lĂšguent toutes les deux le contrĂŽle sur la sĂ©lection des transactions Ă une personne en charge de la plus grande rĂ©serve dâun certain capital.
La diffĂ©rence se situe dans la dĂ©ployabilitĂ© du capital. La PDT exclut le capital qui ne peut pas ĂȘtre converti en travail, alors que la PDE exclut tout capital qui ne peut pas acquĂ©rir des unitĂ©s de la monnaie. Cette diffĂ©rence a une consĂ©quence importante sur la sĂ©curitĂ©.
Dans le Principe des autres moyens, il est montrĂ© que la rĂ©sistance Ă la censure dĂ©pend des personnes qui paient les mineurs pour vaincre le censeur. Vaincre la censure nâest pas possible dans un systĂšme de PDE, puisque le censeur a acquis la part majoritaire et ne peut pas ĂȘtre Ă©vincĂ©. De ce fait, les systĂšmes de PDE ne sont pas rĂ©sistants Ă la censure et la thĂ©orie est par consĂ©quent invalide.
Voyons en dĂ©tail ce quâEric Voskuil veut dire dans cet extrait.
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La mot censure nous vient du verbe latin cÄnseĆ signifiant « dĂ©clarer, juger », en particulier dans le cadre du cens de la Rome antique, le recensement quinquennal des citoyens romain et de leurs biens, ayant pour but de faciliter le recrutement militaire, la dĂ©limitation des droits, lâorganisation des scrutins et le calcul de lâimpĂŽt. Le censeur Ă©tait alors le magitrat en charge de gĂ©rer et dâĂ©valuer toutes les informations relatives Ă ce dĂ©nombrement.
Cet aspect de jugement se retrouve par ailleurs dans le sens critique quâon porte parfois au mot censure qui sâapparente alors Ă un blĂąme ou Ă un reproche, notamment en matiĂšre littĂ©raire.
Au Moyen Ăge, la censure se caractĂ©risait par la relecture et la correction des ouvrages rĂ©digĂ©s par les moines copistes pour sâassurer que tout Ă©tait conforme Ă la foi et Ă lâorthodoxie religieuse. NĂ©anmoins, lâapparition de lâimprimerie au XVĂšme siĂšcle a bouleversĂ© les choses : le nombre de livres a explosĂ©, et ce faisant, a retirĂ© le contrĂŽle que lâĂglise avait sur la publication des Ă©crits, contrĂŽle qui a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă lâĂtat.
La censure a par consĂ©quent acquis son sens politique actuel, en dĂ©signant lâexamen que le pouvoir gouvernemental fait prĂ©alablement des livres, journaux, piĂšces de thĂ©Ăątre, etc., pour en permettre ou prohiber la publication ou la reprĂ©sentation. Par la suite, le terme a fini par nommer toute atteinte Ă la libertĂ© dâexpression, quel que soit le support, que cette atteinte se fasse avant ou aprĂšs la diffusion.
Avec le dĂ©veloppement des mĂ©dias de masse et surtout des grandes plateformes de publication sur Internet, le terme dĂ©crit dĂ©sormais aussi tout choix dâĂ©dition quâune entitĂ© privĂ©e prend vis-Ă -vis de ses clients ou de ses utilisateurs. Il ne sâagit pas dâune atteinte Ă la libertĂ© dâexpression au sens strict. NĂ©anmoins, il arrive que la volontĂ© de censure Ă©tatique se manifeste par la censure privĂ©e (on parle de censure indirecte) : un Ătat peut sanctionner Youtube sâil constate que la plateforme hĂ©berge des vidĂ©os ayant un contenu inappropriĂ©, et par consĂ©quent la plateforme va supprimer prĂ©ventivement toutes les vidĂ©os susceptibles de causer problĂšme. Câest toute la perversitĂ© du pouvoir dans le monde actuel, oĂč lâĂtat nâintervient directement que trĂšs rarement et oĂč les entreprises privĂ©es servent de mandataires (lâimpĂŽt indirect en est un exemple).
Cela nous amĂšne au domaine financier oĂč la censure privĂ©e est Ă©galement prĂ©sente. Les banques, en ayant la capacitĂ© dâintervenir, peuvent choisir dâempĂȘcher le virement dâun client ou de suspendre son compte, si elles constatent un comportement « douteux » qui pourrait leur attirer des ennuis lĂ©gaux. De cette maniĂšre, les banques françaises interdisent rĂ©guliĂšrement Ă leurs clients dâenvoyer des fonds vers les plateformes dâĂ©change de cryptomonnaies. Puisque le domaine financier est soumis Ă des rĂ©glementations drastiques Ă©touffant la concurrence, et que lâusage de lâargent liquide est restreint (ce qui impose la possession dâun compte bancaire pour bien vivre), cette censure financiĂšre est lâun problĂšmes majeurs de notre Ă©poque.
Câest lâun des problĂšmes que Bitcoin cherche Ă rĂ©soudre. En effet, lâune des caractĂ©ristiques primordiales de Bitcoin est sa rĂ©sistance Ă la censure.
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Par censure, Eric Voskuil entend une « confirmation subjective » des transactions, câest-Ă -dire le fait pour un mineur ou un ensemble de mineurs de choisir les transactions sur une base qui nâest pas Ă©conomiquement rationnelle. Si la censure de certaines transactions nâest pas appliquĂ©e par la majoritĂ© de la puissance de calcul, cela ne pose pas de problĂšme parce que les mineurs concurrents finiront par valider cette transaction. Cependant, si un ensemble de mineurs dĂ©tient une majoritĂ© de la puissance de calcul, il peut imposer la censure en invalidant tous les blocs qui incluent les transactions indĂ©sirables.
Câest pourquoi Bitcoin nâest pas impossible Ă censurer.
Toutefois ce dernier est difficile à censurer, ou pour mieux dire, résistant à la censure.
Cette rĂ©sistance Ă la censure est Ă comprendre sur la durĂ©e, Ă long terme. Tel que Eric Voskuil lâexplique dans son essai intitulĂ© « Censorship Resistance Property » ou « PropriĂ©tĂ© de rĂ©sistance Ă la censure », son modĂšle concerne en effet un Bitcoin arrivĂ© Ă maturitĂ©, utilisĂ© globalement, oĂč la rĂ©munĂ©ration des mineurs provient essentiellement des frais de transactions et non plus de la crĂ©ation monĂ©taire.
Câest ce mĂ©canisme des frais de transaction couplĂ© Ă la preuve de travail qui crĂ©e la possibilitĂ© de combattre la censure dans Bitcoin. Ainsi que lâĂ©crit Voskuil :
Dans le cas dâune censure active, les frais peuvent augmenter sur les transactions ne rĂ©ussissent pas Ă ĂȘtre confirmĂ©es. Ce supplĂ©ment de frais crĂ©e un profit potentiel plus grand pour les mineurs qui confirment les transactions censurĂ©es. Ă un niveau suffisant, cette opportunitĂ© produit une concurrence supplĂ©mentaire et par consĂ©quent un taux de hachage total croissant.
Si la puissance de hachage qui ne censure pas outrepasse celle du censeur, lâimposition de la censure Ă©choue.
Puisque la preuve de travail est externe Ă la chaĂźne, il est toujours possible dâajouter de la puissance de minage afin de vaincre le censeur : les mineurs les moins regardants et les plus avides de profit se procureront du matĂ©riel afin de miner les transactions censurĂ©es et rĂ©cupĂ©rer les frais associĂ©s.
Ce mĂ©canisme sâapplique jusquâĂ la rĂ©sistance Ă la censure de lâĂtat, chose qui est primordiale. En effet, un Bitcoin arrivĂ© Ă maturitĂ© serait une menace directe contre la pĂ©rennitĂ© lâĂtat en lui retirant le contrĂŽle sur la masse monĂ©taire et le transfert de capitaux. Câest pourquoi lâĂtat aurait tout intĂ©rĂȘt Ă miner lui-mĂȘme, mĂȘme dans le cas oĂč il aurait rĂ©lĂ©guĂ© Bitcoin au marchĂ© noir. De plus, comme le dit Eric Voskuil, « seul lâĂtat peut perpĂ©tuellement subventionner ses opĂ©rations, puisquâil peut lever lâimpĂŽt et profiter de la prĂ©servation de son propre rĂ©gime monĂ©taire. »
MĂȘme dans ce cas, il suffirait que le niveau des frais des transactions censurĂ©es atteigne le niveau des revenus de lâĂtat, ce qui semble Ă©norme, mais pas infaisable dans le cadre dâune rĂ©elle guerre Ă©conomique entre lâautoritĂ© et la libertĂ©.
La preuve de travail est donc rĂ©sistante Ă la censure, dans le sens oĂč il est toujours possible dâoutrepasser le censeur.
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Voyons maintenant pourquoi la preuve dâenjeu ne peut pas arriver Ă un tel rĂ©sultat.
Le preuve dâenjeu se base sur la possessions de jetons ou sur une autre donnĂ©e interne de la chaĂźne qui en dĂ©rive. Pour ajouter un bloc, un validateur doit donc prouver quâil est investi dans le systĂšme. Cela permet de dissuader un comportement du validateur qui irait Ă lâencontre de lâutilitĂ© de la cryptomonnaie, car une mauvaise action (comme une attaque de double dĂ©pense par rĂ©organisation de la chaĂźne par exemple) pourrait provoquer une chute du prix et donc une baisse de valeur de son capital.
Cependant, toute censure nâaurait pas un impact nĂ©gatif sur le prix de la cryptomonnaie en question. En outre, comme on lâa dit, lâĂtat aurait des intĂ©rĂȘts bien plus grands en jeu et supporterait les pertes liĂ©es Ă une baisse du prix.
On peut arguer quâil est trĂšs difficile pour un acteur ou un groupe dâacteurs de rĂ©unir plus de la moitiĂ© des unitĂ©s de la cryptomonnaie en question.
NĂ©anmoins, les validateurs sont des ĂȘtres humains influençables, et, bien quâil puissent rester anonymes, il est raisonnable de penser que les plus gros acteurs seront dĂ©sireux de respecter la loi. Par exemple, les grandes plateformes dâĂ©change (Kraken, Coinbase), qui concentrent le plus grand nombre de jetons et qui redistribuent les intĂ©rĂȘts Ă leurs clients, sont clairement identifiĂ©es, et se plient Ă toutes les rĂ©glementations (identification du client, lutte contre le blanchiment dâargent) pour continuer Ă exercer.
La situation est encore pire dans la preuve dâenjeu dĂ©lĂ©guĂ©e qui rĂ©partit la charge de la validation entre un petit nombre dâacteurs qui sont pas anonymes la plupart du temps. Un exemple de censure est le gel des fonds de la Fondation Tron sur la plateforme Steem en fĂ©vrier 2020 : les validateurs (« tĂ©moins ») ont en effet appliquĂ© un soft fork (22.2) rendant ces fonds invalides. Cette censure nâĂ©tait pas imposĂ©e par une majoritĂ© des jetons et il a Ă©tĂ© possible pour la Fondation Tron et quelques plateformes dâĂ©change de rĂ©tablir la situation le 2 mars 2020. NĂ©anmoins, cette affaire nous Ă©claire trĂšs bien sur les mĂ©canismes en jeu et nous prouve que la censure est un problĂšme rĂ©el sur ces chaĂźnes.
Il est donc assez facile pour lâĂtat de faire en sorte quâune censure soit imposĂ©e, notamment si les transactions censurĂ©es sont considĂ©rĂ©es comme hautement immorales par une majoritĂ© de la population, telles que les transactions provenant dâun cartel de la drogue trĂšs violent, dâune organisation terroriste, dâun rĂ©seau pĂ©dophile, etc.
Ainsi, la censure est rĂ©alisable sur les chaĂźnes utilisant la preuve dâenjeu, tout comme elle lâest sur celles utilisant la preuve de travail. Cependant, si dans le cas de la preuve de travail, il est toujours possible de combattre la censure en rĂ©unissant une puissance de calcul supĂ©rieure au censeur, cette solution nâest en revanche pas toujours une option dans le cas de la preuve dâenjeu, qui est par nature interne. En effet, une fois que le censeur (qui peut ĂȘtre un ensemble dâacteurs) a rĂ©uni plus de 50 % des jetons, il est intouchable.
Dans cette situation, il reste toujours la solution du hard fork pour expulser sĂ©lectivement le censeur. Mais il sâagit gĂ©nĂ©ralement dâune mesure ayant des effets plus dĂ©lĂ©tĂšres que le statu quo : rĂ©partition de la valeur entre deux chaĂźnes, nouvelle distribution nâĂ©tant pas forcĂ©ment meilleure que lâancienne, perte de confiance dans le protocole pour les validateurs, etc. Le hard fork nâest donc pas dĂ©sirable, notamment dans le cas dâune cryptomonnaie arrivĂ©e Ă maturitĂ©.
Câest en cela que la preuve dâenjeu rĂ©siste moins bien Ă la censure que la preuve de travail.
Eric Voskuil est le dĂ©veloppeur en chef de libbitcoin, un ensemble de bibliothĂšques permettant de construire des applications interagissant avec la chaĂźne de blocs de Bitcoin. Il participe aussi au dĂ©veloppement du protocole et en possĂšde une connaissance pointue. Ă cĂŽtĂ© de cela, il rĂ©dige de courts textes sur la crypto-Ă©conomie, câest-Ă -dire sur ce qui fait que Bitcoin et ses dĂ©rivĂ©s parviennent Ă exister malgrĂ© leur relation conflictuelle avec lâautoritĂ©.